QUAND RACHED GHANNOUCHI PARLAIT DE HASSAN AL-TOURABI

Quand Rached Ghannouchi parlait de Hassan al-Tourabi

12.05.2015 Michaël Prazan

A la fin des années 80, après la série d’attentats menée par la branche militaire et clandestine d’Ennahda, et une tentative de coup d’Etat, Rached Ghannouchi, le fondateur et le chef charismatique de branche tunisienne des Frères musulmans, doit fuir la Tunisie. A l’invitation du FIS, il s’installe en Algérie. Parachuté conseiller politique du parti islamiste, Ghannouchi se charge notamment des relations avec l’Arabie Saoudite et le Qatar. Mais, quand éclate la guerre civile, que les dignitaires du FIS sont arrêtés, le contexte ne lui permet pas de demeurer plus longtemps en Algérie. Il reprend le chemin de l’exil.

« Avec l’avènement de la démocratie au début des années 90, et le coup d’état perpétré contre elle durant cette même période, les centaines de cadres d’Ennahda qui résidions en Algérie et moi-même avons été contraints de trouver un autre pays où résider. Nous sommes allés au Soudan. Hassan al-Tourabi, chef des Frères musulmans soudanais, était l’un de nos amis. Nous étions très influencés par son mouvement lorsqu’il était opposant. Après son arrivée au pouvoir [en 1989 dans l’entourage du nouveau chef d’Etat le général Omar El Béchir], la donne a changé. Mais, dans les années 70, la mouvance islamiste soudanaise est l’une de celles qui a le plus inspiré la mouvance islamiste tunisienne. Ajoutons à cela la révolution iranienne, et le mouvement islamiste de Nadjm Eddine Arbakan en Turquie, qui ont également eu un impact important sur nous. »

Dans un entretien accordé au journal Al Shira au mois d’octobre 1994, alors installé à Londres, le chef d’Ennahda n’a pas de mot assez fort pour traduire son admiration pour Hassan al-Tourabi :

« Dr Tourabi est un « Mujaddid » (un réformateur). Il a inspiré toute une génération d’islamistes. Je suis l’un d’entre eux. Cela tient à l’engagement de son intelligence pour la tradition établie (Fikr Usuli), à son approche réaliste et pratique de l’islam. Cela ne signifie pas que son opinion sur certains problèmes ou cas particuliers soit admis par tous les islamistes. Je ne peux parler qu’en mon nom, et, pour ma part, je pense que Tourabi est le maître de notre génération. »

Cet article est également disponible en English.

Laisser un commentaire