Hassan Al-Banna : à l’origine d’une obsession
25.05.2015 Mohamed Louizi
Hassan Al-Banna (1906 – 1949) était professeur des écoles primaires durant presque dix-neuf ans. En parallèle avec ses fonctions dans l’enseignement, il commença sa prédication et fonda la confrérie des « Frères Musulmans » en 1928. Il quitta le chemin des écoles en 1946. L’éducation des enfants et des jeunes le préoccupait singulièrement. Cette préoccupation était excessivement manifeste chez ses « frères » contemporains. Elle l’est toujours chez ses successeurs, en Égypte, dans les pays arabes et en Occident. S’adresser à ces tranches d’âge, à travers les parents, les instituteurs, mais aussi de manière directe, lors de rassemblements ou durant les colonies de vacances, cela représentait l’une de ses priorités capitales. Il considérait, durant toute sa vie, la jeunesse, y compris la très jeune jeunesse, comme étant l’avenir de son mouvement et de son projet islamiste.

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En effet, dans ses différentes épîtres, nombreux sont les passages dans lesquelles il abordait, longuement, la question de l’éducation de la jeunesse selon les préceptes religieux islamiques, et surtout suivant les fondamentaux de sa vision idéologique et de sa doctrine politique. Il y a même une épitre, de presque dix pages, professée vers la fin des années trente du siècle dernier, dédiée expressément à la jeunesse. Celle-ci commence ainsi :
« Ô jeunes ! Une idée ne peut connaître le succès que si l’on y croit fortement ; que si l’on fait preuve de loyauté à son égard ; que si l’enthousiasme s’amplifie pour elle et que si l’on fait preuve d’aptitude à se sacrifier et à œuvrer pour la concrétiser. D’ailleurs, ces quatre éléments fondamentaux, à savoir : la conviction, la loyauté, l’enthousiasme et l’action sont des qualités qui sont presque spécifiques aux jeunes. Car la base de la conviction, c’est le cœur intelligent. La base de la loyauté, c’est l’esprit sain. La base de l’enthousiasme, c’est le sentiment fort. Et la base de l’action, c’est l’ardente détermination. Toutes ces qualités ne se trouvent que chez les jeunes. C’est pour cette raison que les jeunes ont toujours été, par le passé comme aujourd’hui, dans chaque nation, le pilier central de son renouveau. Et dans chaque renouveau, ils étaient le secret de sa force. Et pour toute idée, ils sont les porteurs de son étendard. Dieu dit : « C’étaient des jeunes gens [les gens de la caverne] qui croyaient en leur Seigneur et que Nous avons fortifiés dans la bonne voie »[1] (La caverne) »[2].
Dans cette même lettre historique, Hassan Al-Banna expliqua à cette jeunesse ses devoirs et obligations, pour sauver la nation musulmane des dérives et des échecs. Il exposa, en des termes clairs, l’essentiel de sa vision stratégique lointaine, ainsi que les missions que cette jeunesse devait accomplir, pour atteindre les buts politiques recherchés par la confrérie.

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Ici, il rappela l’un de ses crédos essentiels, je traduis : « Nous croyons fermement qu’il n’y a qu’une seule et unique idée qui est capable de sauver ce monde tourmenté, d’orienter l’humanité perdue et de guider les gens vers le droit chemin. Une idée qui mérite que l’on y sacrifie nos vies, notre argent et tout ce que l’on possède, que ce soit des choses dérisoires ou bien très chères, pour la proclamer et l’annoncer aux gens, afin de les entraîner à l’embrasser. Cette idée est l’islam »[3].
Un peu plus bas, il dit : « Nous allons faire le Jihad pour concrétiser notre idée. Nous allons lutter pour sa cause durant toute notre vie. Nous allons appeler tout le monde à y adhérer. Nous allons tout sacrifier pour elle. Deux choix nous sont offerts, ou bien nous vivront dignes grâce à cette idée, ou bien nous mourrons dignes pour sa cause. Notre devise sera toujours : Allah est notre ultime but ; le Messager est notre exemple et guide ; le Coran est notre constitution ; le Jihad est notre voie ; mourir dans le sentier d’Allah est notre plus grand espoir »[4].
[1] Coran, 18, 13.
[2] Hassan Al Banna, Épîtres de l’imam martyr Hassan Al-Banna(en arabe), Dãr Al-Hadarah Al-Islamiyyah, p. 173.
[3] Hassan Al Banna, Ibid. p. 175.
[4] Hassan Al Banna, Ibid. p. 176.
