Égypte : savoir raison garder

19.12.2012 La rédaction

Les résultats du premier tour du referendum sur la Constitution en Égypte ont donné un léger avantage aux islamistes des Frères musulmans. Sauf surprise, le second tour s’inscrira dans la même veine. Malgré un faible taux de participation (moins du tiers des électeurs inscrits), ce résultat est déjà fortement significatif : le peuple égyptien est d’ores et déjà coupé en deux. C’est en cela que le président Morsi a échoué. Depuis des millénaires, le chef de l’État égyptien doit revêtir la stature de pharaon, avec la double couronne qui relie la Haute et la Basse Égypte, et la population rurale à celle des villes.

Il faut dire Mohammad Morsi n’a pas précisément brillé durant la première année de son mandat : preuve en sont les quolibets dont on l’affuble dans la presse égyptienne. Le dernier couac en date est sans aucun doute le plus significatif : le Fonds monétaire international avait enfin décidé d’accorder un prêt de 4,8 milliards de dollars à l’Égypte à condition que le gouvernement entame des réformes structurelles. Le chef de l’État a donc décidé d’imposer des taxes importantes sur les boissons alcoolisées, le tabac de narguilé (chicha) et autres denrées alimentaires de base, les taux de crédit, le logement, le matériel de construction et les téléphones mobiles, sans parler des augmentations d’impôts pour les revenus moyens. Ces mesures de premier ordre n’ont toutefois pas été annoncées par un communiqué officiel ou au cours d’une conférence de presse, comme tout gouvernement digne de ce nom l’aurait fait ; non, M. Morsi a choisi de les publier subrepticement dans le quotidien politique Al Ahram. Mieux : devant l’ampleur de la contestation populaire, à peine quelques heures plus tard– dans la nuit – c’est la page Facebook du président, relayant celle du parti Liberté et Justice (formation politique des Frères musulmans), qui a annoncé le report des dites taxes jusqu’à leur soumission devant le nouveau Parlement…

Car, dans le cas où la Constitution serait définitivement adoptée, il est prévu de prochaines élections législatives pour élire cette nouvelle Assemblée. Il est peu ou prou certain que les suffrages des islamistes et des salafistes (61 % en 2011) fondront comme neige au soleil ; cela démontre qu’il est difficile aux extrêmes de prétendre rester connectés aux réalités de la vie et à celles du pouvoir en ayant recours aux moyens utilisés lorsqu’ils étaient dans l’opposition. Il est plus malaisé de vouloir manger le raisin de la vigne que d’en tuer le gardien… il faut pour cela savoir raison garder, et non vouloir appliquer à la lettre une idéologie surannée.

Antoine Sfeir

Tribune

Le devoir de Pharaon

08.12.2012 Antoine Sfeir

Pour la première fois de leur histoire, les Frères musulmans font, à grande échelle, l’expérience du pouvoir. Comme beaucoup de partis extrémistes avant eux, ils sont passés sans transition du droit de contestation, souvent clandestin, au devoir indéniable de responsabilité. Par la position de leur représentant à la tête de l’État, Mohammad Morsi, ils sont enfin en train d’apprendre la difficile équation de l’autorité, en même temps que cette maxime de l’Égypte éternelle : le pouvoir n’est pas une fin en soi.

Dans le pays où elle est née, il y a 84 ans, la Confrérie, prenant en marche le train de la révolution de la place Tahrir – avant de la confisquer, faute d’autre parti assez structuré – a eu beau jeu d’utiliser à son avantage le jeu démocratique. À peine l’ancien président Moubarak évincé, à peine la victoire (serrée) de Morsi célébrée, à peine le projet de Constitution rédigé à la hâte par une assemblée déséquilibrée, voilà que l’ivresse du pouvoir est montée à la tête du nouveau président. Mohammad Morsi a commis la faute atavique de tous les zaïms arabes : se croire invincible, inébranlable, inattaquable. Il paraît plus pressé, par le décret du 22 novembre, de s’arroger impunément des pouvoirs démesurés que de répondre aux attentes d’un peuple miné par le chômage et la privation de libertés publiques. Parce que légitimement élu par la voie des urnes, Morsi ne peut une seule seconde s’imaginer éjectable à l’instar d’un Moubarak.

Las, il doit aujourd’hui essuyer les mêmes reproches, les mêmes manifestations, les mêmes slogans (« Dégage ! ») qui avaient ébranlé ce dernier il y a près de deux ans. En interdisant toute contestation judiciaire de la légalité de son assemblée constituante – déjà discréditée par l’omniprésence des islamistes et l’absence de femmes et de coptes – le chef de l’exécutif n’a réussi qu’à attiser les foudres de ses opposants, réunissant ainsi contre lui aux côtés des juges, outrés qu’on veuille outrepasser leurs fonctions, un aréopage allant des partisans de l’ancien régime aux jeunes révolutionnaires libéraux, des nostalgiques du nassérisme aux théologiens d’Al Azhar, pilier de l’islam sunnite en Égypte et au-delà.

anti-Morsi_palais (Nasser Nasser / Sipa)

Après s’être trouvé confronté à l’exercice périlleux qui consiste à devoir honorer, bien que les ayant longtemps contestés, les engagements de l’État que l’on préside, notamment face à Israël, Mohammad Morsi sous-estime à présent la puissance des foules. Quoique disparate et désorganisé, le peuple égyptien a pourtant déjà fait tomber un régime autoritaire. Il n’a que faire d’un report éventuel de referendum. Ayant pour lui le nombre et la jeunesse, il ne craint plus de camper dans la rue pour résister à la dictature.

À vouloir aller trop loin, trop vite, le président tout juste élu pourrait être, tout aussi vite, débordé par la force d’une houle assoiffée de droits et de libertés. Il a seulement oublié, dans sa précipitation, que le rôle de tout Pharaon est d’incarner le ciment national d’un peuple divisé.

Antoine SfeirTribune

Jacques Vergès à l’IFESI

02.12.2012 La rédaction

Jacques Vergès fera une conférence à l’IFESI le 2 décembre 2012.

Les liens entre Jacques Vergès et les Frères musulmans sont anciens.

Le mécène de Jacques Vergès, le banquier François Genoud était un ami de Saïd Ramadan, gendre de Hassan Al Banna.

verges

Le 26 avril 2011, pourtant, l’Institut français d’études et de sciences islamiques (Ifesi) a été fermé pour non respect des normes de sécurité.News

Égypte, le leurre de la transition

01.12.2012 Tewfik Aclimandos

L’auteur, chercheur associé au Collège de France, met en garde contre l’influence des Frères musulmans sur le président.

« Aux yeux des Frères, peu importe le score électoral islamiste : qu’ils fassent 25 % ou 65 % des voix. Tant qu’il n’y a pas de concurrent sérieux contestant leur hégémonie, ils avancent et prennent le contrôle de l’État et de la société civile, écartant leurs adversaires, tous décrétés d’ancien régime. Quand ils font l’unanimité contre eux, ils s’arrêtent. Dès que la pluralité de leurs adversaires reprend ses droits, ils poursuivent leur offensive. Le brio avec lequel ils ont utilisé, neutralisé, harcelé, lâché l’armée, les jeunes révolutionnaires, les anciens et nouveaux partis, mérite l’admiration. »

Egypteleurre

Égypte : la révolution en marche

28.11.2012 Antoine Sfeir

Lorsqu’un homme concentre entre ses mains les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, on appelle cela dans toutes les langues du monde : un dictateur.

Le président Morsi a tenté ce coup de force sans s’attendre, semble-t-il, à une telle réaction généralisée – non seulement de la part des libéraux, aujourd’hui bien divisés, mais également de l’Église copte et de l’Université Al-Azhar, véritable « Vatican de l’islam sunnite ».

Certes, les Frères musulmans peuvent aujourd’hui organiser une contre-manifestation aussi importante ; certes, leur slogan électoral « Votez pour nous, sinon vous votez contre l’islam » a fonctionné en 2011 ; mais seront-ils aussi écoutés cette fois-ci ? 

Le danger pour Mohammad Morsi est de se voir lâcher par les États-Unis, dont l’aide est indispensable à la survie économique du pays, mais aussi par l’Union européenne, qui ne peut accepter demain en Égypte ce qu’elle a combattu hier en Libye, et qu’elle combat aujourd’hui en Syrie.

Dans le même temps, l’attitude du président de la République égyptienne aura de probables conséquences régionales, notamment en Syrie, où la crainte de l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans pourrait faire perdre son soutien international au Conseil national syrien, représentant d’une large partie de l’opposition mais largement dominé par la Confrérie. Par ailleurs, en tentant le coup d’État, M. Morsi se pose en dirigeant sunnite, ce qui ne manquera pas de tendre les relations avec le « Vatican du chiisme », cette fois-ci : l’Iran, qui accentue son soutien au régime de Damas, véritable verrou de son statut de puissance méditerranéenne.

Le nouveau patriarche copte Theodoros II, qui est reconnu pour son calme et son pragmatisme et a déjà, dès ses premières déclarations, rompu avec le conservatisme de son prédécesseur Chenouda III, pourrait également se radicaliser vis-vis du pouvoir. Il est capable de mobiliser contre le président une communauté forte de 8 à 12 millions d’Égyptiens, malgré une émigration grandissante due aux persécutions anti-coptes.

Le plus grave serait de voir les hommes d’affaires, véritables groupes internationaux en Égypte, prendre eux aussi le chemin de l’exil, comme ils l’avaient fait du temps des séquestres et des nationalisations nassériennes.

Aujourd’hui, l’Égypte est l’un des pays les plus endettés de la région méditerranéenne, après la Grèce et l’Espagne ; le service de cette dette atteint à lui seul 110 % du PNB. Si deux des quatre mamelles égyptiennes sont toujours fonctionnelles – le canal de Suez et les revenus pétroliers – le secteur touristique et l’argent des expatriés ont du mal à redémarrer : en dehors du Caire, les hôtels égyptiens, même ceux des complexes balnéaires de la mer Rouge, sont quasiment vides ; les expatriés, pour la plupart des enseignants ayant exercé dans les pays de la péninsule arabique, sont dans leur majorité rentrés au pays pour grossir les rangs des Frères musulmans. Ils ne sont plus persona grata en Arabie séoudite, ni au Qatar ou ailleurs dans le Golfe, ni même en Afrique du Nord. Même sur le plan agricole, l’Égypte est dépendante à 85 % des États-Unis pour sa consommation céréalière. Dans ce cas, comment le régime des Frères pourra-t-il ne pas entraîner le pays à la faillite ?

Il faut également rappeler que l’Égypte se doit de maintenir de bonnes relations avec Israël : aujourd’hui, la situation chaotique et aléatoire dans le Sinaï vient régulièrement tendre ces relations. Le Caire n’a pas le droit, selon les termes des accords signés à Camp David en 1978, d’envoyer en force des troupes dans cette région. La nature ayant horreur du vide, ce sont donc les Bédouins et les islamistes jihadistes qui maîtrisent le terrain.

Il y a près de deux ans, les révolutionnaires de la place al Tahrir réclamaient un État de droit : on a depuis confisqué leur révolution, mais il n’ont désormais plus la peur au ventre et ont pris l’habitude de descendre dans la rue. La grande muette – l’armée – se contente pour le moment d’observer. Si l’affrontement s’avérait inévitable, une intervention militaire ne serait pas à écarter.

La révolution égyptienne est loin d’être terminée ; elle est encore en cours, sous nos yeux.

Antoine Sfeir

Le projet d’Ennahda selon Ali Larayedh

23.11.2012La rédaction

Lilia Ben Rejeb du site Tunisie-Secret a déterré un ancien entretien donné par Ali Larayedh au journal Le Temps le 16 avril 1990. Un document passionnant car il donne à voir la matrice idéologique de celui qui deviendra chef du gouvernement tunisien (décembre 2013- janvier 2014) Ingénieur, Ali Larayedh a rejoint Ennahda en 1977. Il a été président du conseil de de la Choura de 1982 à 1986. Emprisonné, puis condamné à mort par Bourguiba, il sera gracié par  Ben Ali. Dès sa sortie de prison, en 2004, il sera un intervenant régulier de la chaîne Al Jazeera.

Voilà ce qu’on peut lire dans l’entretien donné par Ali Larayedh :

 Etes-vous pour la fermeture des bars ?
«Oui, un pays musulman ne doit ni vendre, ni encourager la consommation d’alcool. Les savants de l’islam détermineront si les touristes étrangers peuvent consommer de l’alcool dans un pays musulmans ».

Etes-vous pour la fermeture des hôtels ?
« Oui, progressivement, pour nous orienter vers l’agriculture et l’industrie ».

Que pensez-vous du statut de la femme ?
« D’abord, qu’on ne vienne pas nous dire que ce statut est sans faille. Il a besoin d’être revu et discuté par des sociologues, des savants de l’islam, des juristes. Ensuite, on verra ses avantages et ses inconvénients ».

Etes-vous pour la liberté de la femme ?
« Comme principe oui, mais il faut le voir dans la dimension familiale » !

Une femme peut-elle avoir un passeport et voyager seule ?
« Les juges et les savants de l’islam détermineront les conditions » !

Et si les juges et les savants de l’islam sont contre ces droits ?
Réponse : « On appliquera alors l’islam dont on cherche d’ailleurs souvent à souiller l’image ».

Croyez-vous que le port du voile est obligatoire ? 
«Oui, toutefois les femmes qui ne le portent pas sont des musulmanes qui commettent des péchés…Nous sommes pour une conduite saine ».

Etes-vous contre le planning familial ?
« Oui, je suis contre le planning familial ».

Que pensez-vous des incidents en Algérie dont les auteurs semblent être des intégristes ?
« Il s’agit d’une campagne orchestrée par les médias tunisiens visant à porter préjudice à notre mouvement…Le Front islamiste algérien fait d’excellentes choses dont les médias tunisiens ne parlent pas… ». Ci-dessous, l’intégralité de l’interview. A chaque lecteur de se faire sa propre opinion.

Pour lire l’article complet.

Les Frères musulmans font leur foire

21.09.2012La rédaction

Discrète en Belgique, la mouvance des Frères musulmans va s’extérioriser à Bruxelles lors d’une foire commerciale et religieuse. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?

Du 28 septembre au 1er octobre, le site de Tours & Taxis accueillera la première foire musulmane de Bruxelles. Selon les estimations peut-être trop optimistes des organisateurs, 25 000 visiteurs sont attendus au détour de 100 à 150 stands à connotation islamique ou moyen-orientale : services financiers, littérature, nourriture, mode, déco, etc. Un but de sortie en soi, mais pas seulement.

Comme son aînée française qui se tient chaque printemps au Bourget, près de Paris, l’événement est organisé par la société Gedis. Celle-ci dépend de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), cataloguée Frères musulmans. Dans la partie « forum », les conférenciers ont été choisis par la Ligue des musulmans de Belgique, également d’obédience FM. Son vice-président, Karim Azzouzi, refuse pourtant d’assumer l’étiquette de son organisation. Peur de la légende noire des FM ? « Les musulmans se considèrent comme des citoyens normaux, ils veulent s’impliquer dans la société en mettant en avant les valeurs de solidarité, de liberté et d’égalité, tout en maintenant toujours le rapport à Dieu, à la foi, à la spiritualité. Il y a plusieurs courants chez les musulmans. Certains ont une lecture très rigoriste des textes. D’autres, comme le Conseil européen des avis juridiques [NDLR : fatwa] et de la recherche, cherchent à relire les textes à la lumière du contexte. »

Le coming out de l’islamologue Michaël Privot, directeur de l’Enar (lobby antiraciste européen) reste donc une exception. Il vient de faire le chemin inverse. Sous le titre de Getting out, il a annoncé sur son blog qu’il mettait « fin à tous ses liens avec la mouvance des Frères musulmans européens ». Trop lourd à porter. La nébuleuse FM est cependant loin d’être monolithique, tiraillée entre courants et obédiences nationales ou internationalistes (cette dernière tendance est coordonnée en Egypte, où la confrérie est née en 1928). Le printemps arabe a brouillé les repères. Certains FM, réfugiés en Belgique comme opposants, sont retournés dans leur pays sous l’habit d’hommes politiques. Ainsi, l’ancien n° 2 d’Ennahda en Europe, Walid Bennani, est devenu député en Tunisie après avoir longtemps vécu en région liégeoise. D’autres se sentent pousser des ailes, tel Bassem Hatahet. Il occupe la scène européenne au nom de l’opposition syrienne en exil. Les voilà soudain moins disponibles. Les organisateurs de la foire appar- tiennent, eux, au courant internationaliste. Ils sont destinés à rester.

Les Frères d’aujourd’hui – tout au plus quelques dizaines en Belgique, à bonne source – ont mûri. Ils ont eu des divergences, ont beaucoup débattu entre eux, peu recruté mais ils finissent par occuper le terrain à force d’entregent et de discours habiles (pas toujours les mêmes en privé qu’en public). Concurrencés auprès des jeunes des quartiers par les salafistes, ils peuvent s’appuyer sur leur réseau d’associations amies (peu de mosquées) et sur leurs connexions internationales. D’après le sociologue français Samir Amghar, on dénombre près de 500 regroupements liés aux Frères musulmans dans 28 pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada. Particularité : ils ne se reconnaissent pas comme une organisation orientée idéologiquement (conservatrice) et datée historiquement (l’influence totalitaire des années 1930). Ils sont les musulmans comme autrefois le Parti communiste se voulait l’avant-garde éclairée du prolétariat. A ce titre, ils recherchent l’exclusivité de la représentation des musulmans auprès des autorités, du niveau communal à l’Union européenne.

Les Frères musulmans, qu’ils soient adoubés ou sympathisants, sont-ils un frein à l’intégration des musulmans ? La réponse est affaire de timing dans la mesure où, minoritaires, ils défendent l’identité musulmane mais sans rejeter les élections ni la citoyenneté. A plus long terme, c’est une énigme. L’entrisme dans le milieu politique ou les instances de la société civile est l’un de leurs péchés mignons. Suite à des échecs individuels ici ou là, certains militants considèrent qu’ils arriveraient mieux à leurs fins par l’économie. D’où l’essor du halal, qui, de fait, sépare les musulmans des non-musulmans.

Le petit-fils du fondateur de la confrérie, Tariq Ramadan, est l’un des invités vedettes de la journée du 29 septembre. Il débattra du thème « Musulman entre texte et contexte », en duo avec le cheikh Issam Al Bachir. Ce dernier, théologien très prestigieux, a été ministre dans un gouvernement Frères musulmans au Soudan. Comme un autre FM célèbre, le cheikh Youssef Al Qaradaoui, il a justifié les attentats-martyrs dans les pays où l’islam était attaqué : Palestine, Irak, Afghanistan, etc. Aujourd’hui, Issam Al Bachir est membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR) basé à Dublin (Irlande). Deux autres membres du CEFR sont annoncés à Bruxelles : son vice-président, le théologien mauritanien Abdallah Ben Biyya, et le théologien tunisien Ahmed Jaballah, président de l’UOIF et vice-président de la Fédération des organisations islamiques en Europe, lui aussi partisan des attentats-martyrs. Les intervenants plus locaux sont les prédicateurs Yacob Mahi (Présence musulmane), Mustafa Kastit (mosquée du Cinquantenaire, de tendance salafiste mais proche des Frères) et le Français Hassan Iquioussen, conférencier de la mouvance FM très présent en Belgique.

La tonalité générale de la première foire musulmane de Bruxelles (ou de Belgique, selon les ambitions) est donc connotée islamiste. Sera-t-elle l’occasion de discours politiques ? Parmi les sujets d’actualité figure l’institutionnalisation de l’islam, toujours en panne suite aux divisions de l’Exécutif des musulmans de Belgique. « Les musulmans ont le droit de savoir ce qui s’y passe », affirme Karim Azzouzi, vice-président de la Ligue des musulmans de Belgique. Sans compter la récente affaire du film L’Innocence des musulmans qui risque de s’inviter dans les débats. Pour ces raisons, cette première édition de la foire fera date.

Marie Cecile Royen 

Source Le Vif

Discours d’Ahmed Jaballah à la Rencontre Annuelle des Musulmans de France (2012)

16.04.2012La rédaction

Lors de son discours Ahmed Jaballah, président de l’UOIF a abordé plusieurs points. Quelques semaines plus tôt, Mohamed Merah vient d’assassiner Imad Ibn-Ziaten,  Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Jonathan Sandler, Arié Sandler, Gabriel Sandler et Myriam Monsonego.

Extraits :

« Nous ne pouvons faire fi du fait que les musulmans se sentent touchés par ce climat de stigmatisation. Stigmatisation qu’ils vivent depuis déjà de longues années, et qui s’est renforcée particulièrement pendant cette période électorale. Nous avions exprimé, lors de la polémique autour du Halal, notre crainte de voir introduit dans la campagne électorale, encore une fois, le thème de l’islam et des musulmans, et ceci malgré les sondages d’opinion montrant bien que les préoccupations des Français sont d’ordre économique et social. La tragédie de Montauban et Toulouse, condamnée fermement par tous les musulmans, a malheureusement renforcé un discours politique qui ne fait qu’accroître la méfiance envers l’islam et confirmer l’amalgame. De nouveau, les récentes interdictions du territoire d’éminents savants, extrêmement populaires, n’ont malheureusement fait qu’accentuer le malaise. « 

« La famille est aussi une institution essentielle de notre société. En effet, l’UOIF considère que la famille est la cellule constituant le tissu de notre société. Si les familles françaises sont fortes, la France rayonnera aux quatre coins du monde. Les responsables politiques doivent s’investir pour que la famille soit le lieu d’épanouissement premier des individus. Il faut ainsi se donner les moyens de la renforcer par des mesures qui permettent d’harmoniser le rythme de travail avec celui de la famille, ce qui renforcera l’efficacité des travailleurs, de soutenir les femmes menant une activité professionnelle et celles qui souhaitent élever leurs enfants seules, afin de concilier l’épanouissement personnel et la productivité dans la société. Sans rien diminuer de la liberté individuelle, nous souhaitons que la famille soit issue de la réunion d’un homme et d’une femme. La famille doit aussi être le socle de l’égalité homme-femme à travers le partage des responsabilités. « 

François Hollande critique la “non-mixité” à l’UOIF

04.04.2012La rédaction

Lors de son meeting de Rennes, du 4 avril 2012, François Hollande a évoqué la question de l’Islam et de son instrumentalisation par le politique.

Quelques jours auparavant, Nicolas Sarkozy s’était opposé à la venue de prêcheurs radicaux au Congrès de l’UOIF.

François Hollande a rappelé que Nicolas Sarkozy critiquait peut-être l’organisation islamiste aujourd’hui mais qu’il n’avait hésité à se rendre à un congrès de l’UOIF « qu’il dénonce aujourd’hui où il s’est exprimé avec d’un côté  les hommes et de l’autre côté les  femmes« .

Une manière d’attaquer Nicolas Sarkozy mais aussi la non-mixité souvent de mise dans les conférences de l’UOIF.