L’UOIF ET L’HÉRITAGE IDÉOLOGIQUE D’« AL-TANZIM AL-KHAS » !

L’UOIF et l’héritage idéologique d’« al-Tanzim al-Khas » !

08.06.2015 Mohamed Louizi

Le courant qotbiste, aux manettes de la confrérie, à l’internationale comme ici en France, et bien qu’il soit assurément fidèle à l’idéologie de Sayyid Qotb, n’a pas tout oublié de celle d’Hassan Al-Banna. Il en garde effectivement quelques souvenirs nécessaires pour sa « légitimité » et reprend quelques idées, en parfaite accord avec celles de Sayyid Qotb.

En effet, lors de la préparation de cet article, et après la lecture attentive de nombreux témoignages surprenants, voire choquants, formulés par des cadres « frères » et d’ « ex-frères », se trouvant au cœur égyptien de cette organisation internationale tentaculaire, j’ai découvert cette chose cruelle, effrayante et monstrueuse : mon ignorance et leur fausseté authentique. J’ai compris que ma connaissance de cette entité islamiste, malgré mes quinze années de loyaux services, reste très limitée et parcellaire, à cause de tous ces voiles opaques superposés, les uns entourant les autres, rendant, par absence de lumière, quasi impossible la lisibilité de l’identité réelle et des véritables projections  d’un dessein ultrasecret.

Par conséquent, je me dis que tous ces alliés objectifs, tous ces autres compagnons de routes, tous ces idiots utiles de bonne foi, tous ces complices, inconscients ou intéressés, de l’islamisme, dénoncés dans le dernier numéro de « Marianne »[1], tous ceux qui déroulent le tapis rouge, sur le terrain de la République Française, à l’idéologie qotbiste sont, peut-être, de là où ils sont, dans la même ignorance que moi, voire pire.

Il est conseillé par des sages que dans le doute, la moindre des choses, serait de s’abstenir. Il est aussi conseillé par un prétendu « sage » islamiste, que dans le doute aussi, il faut décréter un … moratoire. D’ailleurs, il est urgent et vital, pour la survie de ce qui reste de la République, d’exiger un « moratoire républicain contre l’islamisme », de faire un état des lieux détaillé et exhaustif et d’allumer de puissants projecteurs pour éclairer, sur la base du peu que l’on sait, l’étendu des zones obscures que l’on ignore. Le salut de la France en dépend.

J’ai découvert, par exemple, que « l’épître des enseignements » (رسالة التعاليم) – se trouvant en seize pages en arabe – n’était autre que le programme spirituel spécifique qui, à l’époque d’Hassan Al-Banna, était exclusivement réservé à la préparation militaire des membres d’ « al-Tanzim al-Khas », pour les amener à rejoindre cette fraction violente. J’ai découvert que ce texte n’était pas destiné à tous les « Frères Musulmans » engagés au sein de la confrérie. Il n’était pas destiné non plus aux différentes catégories socioprofessionnelles qui se cherchaient un chemin et un cadre pour donner sens à leurs existences et leurs engagements associatifs respectifs.

Non, cette « épître » était destinée uniquement, aux membres de cette branche pour leur donner la matière adaptée au conditionnement militaire et à la préparation psychologique des jeunes candidats au Jihad armé. Dans l’esprit du fondateur, il y avait deux catégories de « frères » : les civiles et les militaires. Les civiles avaient un programme idéologique adapté. Les militaires avaient un autre programme idéologique, adapté aussi. Ces derniers devaient, en plus d’être « frères », être prédisposés, à l’issue d’un parcours initiatique très contraignant, à obéir aux ordres du commandement militaire et à y témoigner, sans hésitation, à tout moment, une totale confiance.  Ils devaient être prêts à obéir, sans discuter les ordres, et à considérer les décisions des supérieurs comme étant indiscutables.

Le soldat, dans toutes les armées du monde, obéit aux ordres. Le soldat « frère »,  ce « frère » militarisé, membre de cette branche armée devait obéir, en toute confiance, aux ordres militaires exigeant de porter des armes, de conduire des opérations commando, d’incendier des bâtiments, d’appuyer sur une gâchette pour éliminer des ennemis et autres adversaires politiques, de faire exploser des trains et des bateaux, etc. Les responsables de ce Tanzim secret avaient cette « épître » d’Hassan Al-Banna qu’ils transmettaient, à leur tour, aux nouvelles recrues !

LE QOTBISME AU CŒUR DE L’EUROPE !

J’ai appris aussi que le troisième guide-suprême, Omar Tilmisani, avait interdit définitivement l’usage de cette « épître » purement jihadiste, durant son mandat de guide. Il l’avait écarté de tout programme éducatif de la confrérie, car il la jugeait catastrophique et dangereuse, à bien des égards, et qu’elle était source de nombreuses difficultés qu’a traversé la confrérie, avant et après, l’assassinat de son fondateur.

J’ai appris aussi que le courant qotbiste, et dès le décès du troisième guide a réussi progressivement, à réintroduire à nouveau l’enseignement de cette « épître ». Aussi, avec l’arrivée au pouvoir du cinquième guide-suprême,  Mustafa Machhour, qui était, pour le simple rappel, membre dirigeant d’ « al-Tanzim al-Khas », dans les années quarante, en plus, qu’il était le principal suspect dans « l’affaire de la Jeep » susmentionnée, datant de 1948, et qu’il était le fondateur du Tazim international, et accessoirement de l’UOIF, cette « épître »  a été officiellement réintégrée, non seulement comme support idéologique d’endoctrinement militaire pour de jeunes jihadistes, mais surtout comme étant « la » base idéologique à enseigner, un peu partout dans le monde, y compris ici en France, à toute personne repérée par les « frères » chasseurs de têtes et sélectionnée pour s’asservir et servir  la confrérie. Cette récente découverte m’a bouleversé profondément car sa signification idéologique m’est juste insupportable, bien qu’elle ait le mérite d’éclairer ma lanterne sur d’autres sujets.

Le prédicateur qotbiste, qui m’avait repéré et chassé dans une salle de prière, lorsque j’étais étudiant au campus universitaire de Lille 1, en 1999/2000, me considérait, en réalité, tel un « soldat », obéissant, docile, et apte à défendre l’idéologie qotbiste.  Dans sa tête, il voyait en ma pauvre personne, peut-être un jeune guerrier, potentiellement capable de porter des « armes » idéologiques pour défendre son qotbisme, ou des armes tout court, si besoin est. Maintenant, que j’ai découvert tout ceci, je serais intéressé de connaître les raisons réelles qui l’ont poussées à s’intéresser à mon cas, et à me proposer d’intégrer le bataillon de l’UOIF !

Il nous expliquait les dix piliers de l’allégeance. Exactement les mêmes piliers, expliqués dans les années quarante, à tout jeune paramilitaire, lors de sa présence devant un maître d’armes, intégralement voilé, lors de la cérémonie d’allégeance, où ce jeune candidat avait une main posée sur le Coran et l’autre main sur le pistolet. Il nous disait que le « frère musulman » devait s’engager, une fois cette allégeance attestée, à observer ces dix piliers, qui sont : La compréhension (Fahm en arabe) ; la sincérité ; l’action ; le Jihad, y compris le recours aux armes ; le sacrifice ; l’obéissance totale ; la persistance ; la fidélité à l’engagement ; la fraternité et la confiance totale placée à l’endroit de la direction et du commandement.

Les cercles suivants, ce recruteur nous expliquait le sens de chaque pilier ainsi que ses principes fondamentaux. Il nous expliquait les vingt principes de la compréhension et insistait, bizarrement, sur deux piliers en particulier, à savoir : « l’obéissance » et « la confiance totale en la direction ». Il nous expliquait les trente huit devoirs que chaque « frère » devait accomplir, au quotidien, en nom de son allégeance à l’UOIF. Ce sont les mêmes trente huit devoirs qu’Hassan Al Banna exigeaient aux membres de son bras armé, et qui sont explicités dans cette fameuse « épître des enseignements », sur environ cinq pages.

ESPRIT D’UNE ALLÉGEANCE, ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI !

Cette découverte m’a fait plongée dans mes pensées. Car, que je le veuille ou pas, lorsque j’avais intégré l’UOIF, une organisation française visiblement civile, j’avais prononcé exactement les mêmes mots que prononçaient, jadis, uniquement les « frères soldats », les « frères moujahidouns » d’ « al-Tanzim al-Khas » !

J’avais prononcé les mêmes paroles que celles récitées par tous les « frères » assassins qui ont tué des hommes politiques égyptiens, brulé des bâtiments, saccagé des espaces publiques, explosé des bombes, etc. Une sorte de continuité et d’alliance symbolique, malgré moi, s’est matérialisée inconsciemment, au moment où j’ai serré la main de mon recruteur, et surtout d’un certain Amar Lasfar, pour lui exprimer mon allégeance et mon engagement de servir l’islam, fidèlement, à côté de mes autres « frères » et « sœurs » de l’UOIF. J’avais cru que j’étais un « simple frère musulman », je découvre aujourd’hui que cela n’était pas tout à fait le cas.

Car un simple « frère musulman », selon la propre littérature d’Hassan Al-Banna, devait juste exprimée une « allégeance générale », faite d’engagement de repentance et de bonnes actions pour servir les musulmans et soutenir la cause de l’islam. Force est de constater que cette « allégeance générale » ne suffisait pas, au début des années deux milles, pour adhérer à l’UOIF. L’UOIF préfère plutôt la version militaire de l’allégeance, en prenant le risque de contredire les recommandations de son guide fondateur et la différenciation, que celui-ci, faisait en son temps, entre des « frères musulmans » et des « frères moujahidouns » !

En introduction de cette « épître » – écrite dans un contexte de colonisation britannique et de guerre – Hassan Al Banna disait, je traduis :

« Voici ma lettre destinée aux « frères moujahidouns » parmi les « Frères Musulmans ». Ceux qui ont cru fermement en la suprématie de leur apologie, et en la sacralité de leur idée, et qui ont décidé véridiquement de vivre avec cette idée, ou de mourir pour sa cause.

A ces « frères moudjahidines », à eux uniquement, j’adresse ces quelques brèves paroles. Ce ne sont pas des leçons à apprendre par cœur, mais ce sont des instructions à exécuter.

Au travail, chers frères authentiques ! Dieu dit : « Dis leurs : Agissez ! Dieu appréciera vos œuvres, ainsi que le Messager et les croyants. Et quand vous serez ramenés vers Celui qui connait l’invisible et l’apparent, Il vous renseignera sur ce que vous aurez fait »[2]. Il dit aussi : « Telle est ma Voie dans toute sa rectitude. Suivez-là ! Ne suivez pas les pistes tortueuses qui ne feront que vous éloigner de la Voie du Seigneur ! Voilà ce que Dieu vous recommande de faire ! Peut-être serez-vous ainsi amené à le craindre ! »[3].

Par contre, les autres « frères musulmans » – poursuit Hassan Al-Banna – ils ont d’autres enseignements et conférences, des livres et des articles, des manifestations et des réunions.

A chacun sa direction vers laquelle il s’oriente. L’essentiel est de chercher à vous surpasser, les uns les autres, dans l’accomplissement du bien. Les promesses divines s’étendent aux uns et aux autres »[4] !

LA SIGNATURE DE MOSTAFA MACHHOUR ?

Ainsi, la différenciation entre les deux catégories, civiles et militaires, est plus qu’évidente. L’UOIF a choisit, elle, ce texte militaire pour engager de simples acteurs civiles, de différentes catégories socioprofessionnelles. Pourquoi ce choix ? Serait-il le choix d’un certain Mostafa Machhour, cet ultraqotbiste, ancien dirigeant d’ « al-Tanzim al-Khas », fondateur du Tanziminternational, qui encourageât en 1983, depuis Munich en Allemagne, son gendre à Nancy, pour créer et présider l’UOIF ? Je n’ai pas la moindre idée !

Ce qui est clair et limpide dans mon esprit, c’est que l’UOIF, minée par le qotbisme jusqu’à sa moelle épinière, n’a pas choisi de suivre les recommandations du fondateur. Elle suit depuis sa création, par des qotbistes, les injonctions des héritiers de Sayyid Qotb, les membres du fameux « Tanzim des dizaines ».

En vérité, ce ne sont pas des « frères musulmans » qu’elle recrute depuis le temps, mais ce sont des « frères moujahidouns ». Pire encore, cette épître prévue pour la branche paramilitaire est désormais enseignée à un public jeune, au sein de l’Institut Al-Qods, par le recteur de la mosquée de Villeneuve d’Ascq, en personne, qui est aussi professeur de mathématiques au « Collège-Lycée Averroès » !

La fidélité de l’UOIF à la lettre de cette « épître » ne s’arrête pas là. Elle se poursuit après l’expression rituelle de l’allégeance. Dès lors, chaque « frère » se doit d’observer les trente huit « ordres et devoirs » qui y sont annexés.  Parmi ceux-ci, le vingt-cinquième, dans l’ordre, par exemple, dit clairement, je traduis :

« Il faut que tu boycottes les tribunaux civils et toute justice non islamique. Il faut que tu boycottes aussi les clubs, les journaux, les associations, les écoles et les organisations qui s’opposent à ton idée islamique »[5] ! Le « frère moudjahid » de l’UOIF a apprit cela avant l’allégeance dans des cercles fermés. Par cet engagement, il/elle se doit d’observer les trente huit devoirs, y compris celui qui lui ordonne, sans équivoque, de boycotter les « écoles » qui s’opposent à l’idée islamique. La création d’un établissement privé musulman, comme le « Collège-Lycée Averroès », par les « frères moujahidouns » de l’UOIF est une forme d’exécution de cet ordre même si les prétextes exprimés, face caméra, ne s’y réfèrent pas !

L’UOIF ET LA JEUNESSE …

En octobre 2005, lors d’une assemblée générale élective des « Frères Musulmans » de la métropole lilloise, Amar Lasfar, et le bureau de sa « Ligue Islamique du Nord » (LIN), ont présenté le rapport « moral » de leur mandat précédent. Ce rapport dressait l’inventaire des priorités d’action de la LIN. L’on y trouve, par exemple, la vision claire des « frères » concernant l’école d’apprentissage du Coran et de la langue arabe.

A ce sujet, le rapport d’Amar Lasfar dit expressément, je cite : « Cette institution doit être une de nos préoccupations majeures. Elle est l’un des lieux de renouvellement de notre potentiel humain. Elle est le terrain de culture de nos idées et de notre pensée. Elle est l’institution qui héritera de nos acquis pour en faire un avenir meilleur » !

Ici, il faut comprendre que l’on parle bien d’enfants de cinq à quinze ans, considérés par les « frères moujahidouns » du Nord, comme un terreau fertile, où il est impératif de cultiver l’idéologie qotbiste de la confrérie, dès le jeune âge, pour assurer l’avenir.

Au sujet de la formation religieuse des jeunes, le rapport d’Amar Lasfar précise que: «  Ce secteur est très dynamique et affiche de grandes ambitions quant à l’encadrement d’une jeunesse qui a soif de savoir, et d’un public en besoin de langue arabe […]. L’institut doit continuer d’exister et constituer un des outils privilégiés dans la formation et l’éducation ».

A cette époque, la LIN avait un seul centre de formation : « L’institut Al-Imane ». Aujourd’hui, cet institut s’est beaucoup développé et diversifié. Il est très actif à la « Mosquée de Lille-Sud » et au « Centre Islamique de Villeneuve d’Ascq ». Mais de temps en temps, il déborde aussi sur le « Collège-Lycée Averroès », naturellement, avec la bénédiction de la direction actuelle. Et ce, pour deux raisons : D’abords, parce que certains formateurs, « frères moujahidouns », à « L’institut Al-Qods » sont aussi des enseignants au « Collège-Lycée Averroès ». Et ensuite, parce que certaines activités idéologiques de cet institut islamiste sont organisées au sein même de cet établissement privé, sous contrat d’association avec l’Etat !

La littérature idéologique et jurisprudentielle des « frères » y occupent une place centrale, comme en témoigne son programme éducatif et ses invités. Il ne s’appelle plus « L’institut Al-Imane » – Al-Imane, veut dire, selon une acception très répandue : la foi –  mais « L’institut Al-Qods » (Jérusalem) : Tout un symbole !

Reste à préciser, encore une fois, que l’idéologie dominante, au moins dans cette puissante baronnie nordiste, si ce n’est pas à l’échelle nationale, est celle d’un courant majoritaire d’obédience qotbistesalafistetakfiristetamkiniste et califaliste, défendant, si besoin est, ouvertement le recours à la violence, au nom de ladite résistance légitime. Un courant idéologique bien différent de celui des supposés « frères » réformistes séculiers, que pourrait représenter le très minoritaire, et le très médiatique aussi, l’imam Tareq Oubrou, sur l’échiquier national.

Ce courant qotbiste dominant ne se gêne point lorsqu’il s’agit de diffuser et de défendre, à travers tous les canaux, à sa disposition, et depuis plus de trente ans, les standards idéologiques de Sayyid Qotb, en plus de l’ensemble des épîtres d’Hassan Al-Banna. Plusieurs « frères » et « sœurs » participent activement à répandre l’idéologie qotbiste et ses pratiques takfiristes, à l’image de cette puissante « courroie de transmission » : Mon ancien recruteur !

Lorsque l’on sait que derrière le sourire vaurien, mécaniquement entretenu pour séduire les médias et autres interlocuteurs, d’un certain Amar Lasfar, se cache en vérité, un autre visage qotbiste grave et renfrogné, d’un certain Mohammed-Taïeb Saghrouni, de sérieuses inquiétudes devraient être exprimées. Cet homme est une mémoire vivante et très active du courant qotbiste. Il était aussi le « garde du sceau de l’allégeance » dans la région. Rien ne me permet de confirmer qu’il ne l’est plus. D’ailleurs, jusqu’en 2006, l’on ne pouvait pas être coopté pour adhérer à la confrérie qu’après sa totale bénédiction. En Egypte, derrière l’ex-guide-suprême Mohammed Badie, il y avait  Mahmoud Ezzat. En France, derrière Amar Lasfar, il y a naturellement, en arrière-plan idéologique, Mohammed-Taïeb Saghrouni, depuis toujours !

N.T.F.  : Première cible du « Collège-Lycée Averroès » !

Suite à la réélection d’Amar Lasfar, entouré du même noyau dur – du même arrière plan qotbiste – et de quelques autres « frères moujahidouns » très obéissants, celui-ci nous a réuni, le vendredi 18 novembre 2005, de dix-neuf heure trente à minuit, pour penser l’avenir des « frères », rêver ensemble à haute voix, formuler des propositions et définir des perspectives. La technique Brainstorming  a été privilégié et expliquée pour mener à bien cet exercice collectif de projection stratégique à long terme.

Ce soir là, nous étions trente-deux « frères ». Vingt-six ont exprimé diverses propositions et améliorations concernant tous les champs d’action de l’UOIF (Mosquées, CRCM, écoles, femmes, jeunes,…). Dix « frères » ont fait des propositions en lien direct avec la formation religieuse des jeunes et surtout avec le « Lycée Averroès ». Parmi ces dix intervenants, six assumaient, et assument toujours, des fonctions d’enseignement ou de direction au sein de cet établissement privé musulman. Amar Lasfar s’est chargé, à la fin de cette rencontre inhabituelle, de faire la synthèse, avec son bureau exécutif, et s’est engagé d’en faire sa feuille de route pour les années à venir.

Ici, je me permets de publier, pour la première fois, quelques extraits représentatifs d’un état d’esprit collectif, au sein de cette confrérie, et révélateurs de certaines convictions profondes, jamais avouées, surtout en ce qui concerne la raison d’être, le fonctionnement interne, un peu particulier, et les motivations réelles de la création même du lycée de la confrérie qotbiste.

Je ne vais pas respecter, hélas, l’ordre d’Amar Lasfar, qui, à la fin de la réunion, « nous » a interdit de parler de ces propositions en dehors de ce cadre, et par la même « nous » a interdit aussi de critiquer l’équipe dirigeante dans les couloirs ou dans les parkings des mosquées. Je ne respecte plus ce devoir de réserve. Parce que je ne fais plus parti de « ses » sujets. Et, parce que se taire et laisser prospérer l’infâme déni, dans de telles situations, c’est consentir et trahir la cause de la jeunesse française, musulmane en particulier, surtout en ces temps troubles !

Ci-après, je ne respecte pas l’ordre des citations tel qu’il s’est déroulé lors de cette soirée. Toutefois, j’atteste, en toute conscience et sur la base de preuves matérielles en ma possession, de l’authenticité de ces propos et j’assume totalement la responsabilité de les avoir rendus publiques. L’identité des auteurs ne sera pas révélée. La proximité avec le lycée le sera pour permettre au lecteur d’imaginer le degré d’influence, des uns et des autres, au sein de cet établissement. Les auteurs se reconnaîtront sans doute. Car bien que les années passent, le qotbisme idéologique reste sclérosé. L’essentiel n’est pas l’identité de la personne mais plutôt le contenu d’une pensée et les constances d’une stratégie qui, à partir d’un cotexte local, vise le Tamkine à long terme, avec des « armes » différentes de celles utilisées, jadis, par « al-Tanzim al-Khas » !

Pour commencer, je cite le propos d’un « frère », parmi les notables de l’UOIF, à l’échelle nationale, qui qualifia, d’entrée de jeu, la jeunesse française, de confession ou de culture musulmane, en utilisant l’abréviation : « N.T.F. » !?

En effet, bien que cette abréviation pourrait signifier quelque chose de particulièrement vulgaire, surtout lorsqu’elle serait prononcée par un jeune adolescent insouciant. Cette même abréviation, sortant de la bouche d’un « frère moudjahid» cumulard, qui a occupé des fonctions éducatives au sein du « Lycée Averroès » en plus de ses influences remarquées au sein de l’association EMF, est encore plus vulgaire et plus choquante !

« N.T.F. » signifie, pour ce « frère » les « Natifs en Terre Française », pour désigner – sourire aux lèvres pour cette trouvaille linguistique ! – des jeunes citoyens français, issues de familles musulmanes. L’identité de ces jeunes citoyens français est réduite à un territoire de naissance. C’est la terre qui serait française selon ce « frère », les jeunes, eux, ne sont que des « natifs » sur son sol, ce qui n’est pas faux, mais ô combien réducteur et révélateur d’une certaine conception.

« Il faudrait élargir l’UOIF pour qu’il soit profitable pour plus de monde. Il faudrait désigner une personne du bureau exécutif de la LIN, qui soit chargée exclusivement des N.T.F., de la formation et la préparation de ces jeunes », suggérait-il, avant de conclure son propos, en déplorant : « Nous sommes, chers frères, dans l’attentisme par rapport à la question des jeunes ».

Recrutement de jeunes : Comment redémarrer la machine ?

Un autre « frère » regrettait la même chose en disant : « Notre machine de recrutement est en panne, il faut aller davantage vers les jeunes ». Dans le même sens, un « frère » proposa de s’organiser plus, de sonder le terrain de la jeunesse en vue de sa conquête vitale : « Il nous faudrait une cartographie détaillée de la région. Notre esprit doit être un esprit de guerre ». Le propos ici, est celui d’un « frère moudjahid » !

« L’une de nos actions futures devraient-être la promotion de la pensée du « juste milieu » (الوسطية) » précisait un cadre, très intelligent, et l’un des rares à être nettement en dessous de la moyenne du qotbisme ambiant. Il faisait parti du premier cercle qui avait investi le projet de la mise en place du « Lycée Averroès ».

Un autre « frère », fin connaisseur de la littérature frériste – les « épîtres » – et de la pensée stratégique d’Hassan Al Banna, toujours professeur au « Collège-Lycée Averroès », et l’un des conseillers privilégiés de la direction, disait : « Il faudrait rappeler notre tâche principale : « une foi ancrée et profonde », « une formation spécialisée et qualifiante » et une « action ininterrompue ». D’où la nécessité de redéfinir de nouvelles compétences à atteindre. Il faudrait diffuser et promouvoir notre discours, tout d’abord dans les mosquées, et surtout auprès des jeunes » !

Ce « frère », en plus de son ciblage remarquable de la catégorie des « jeunes », utilisa délibérément, dans son propos, trois expressions qui ne sont pas neutres, ni idéologiquement, ni stratégiquement, je cite : « une foi profonde » (الإيمان العميق), « une formation précise » (التكوين الدقيق) et « une action ininterrompue » (العمل المتواصل). Pour comprendre la portée idéologique de ces trois expressions, il faudrait revenir un peu plus de soixante-dix ans en arrière. Ces trois expressions ont été utilisées, mot par mot, par Hassan Al Banna, vers les années 1940, dans une autre épître intitulée : « Entre hier et aujourd’hui » !

Il s’agissait, en effet, d’une épître d’évaluation d’étape et de rappel des idées essentielles du projet tamkiniste de la confrérie. Dans cette épître, le fondateur rappela que les deux buts principaux de sa mouvance islamiste sont : premièrement, libérer la patrie islamique de la colonisation étrangère, et deuxièmement, fonder un état islamique (un Califat), gouverné par les lois de l’islam, en Egypte, dans les pays arabes et sur toute autre terre qui connait le bonheur de la foi musulmane[6]. Le fondateur y explique ensuite les trois moyens généraux et synthétiques pour atteindre ces deux buts, en disant, je cite : «une foi profonde, une formation précise  et une action ininterrompue »[7].

Elite, leadership et Tamkine !

Hassan Al Banna avait, depuis la création des « Frères Musulmans » imaginait, pour mener à terme son projet stratégique d’islamisation, vers le Tamkine global, trois étapes : Premièrement, « présentation et diffusion de l’islam ». Deuxièmement, « sélection et formation » et troisièmement, « exécution ». Les échecs et obstacles qu’a connu la confrérie depuis l’assassinat du fondateur, ont convaincu des idéologues et stratèges contemporains de la confrérie – à l’image du libyen Ali Sallabi – d’intercaler une quatrième étape d’autoévaluation intermédiaire entre la phase dite « sélection et formation » et la phase « exécution » ou « Tamkine ». Par ailleurs, les trois expressions réutilisées par le professeur du « Collège-Lycée Averroès », dans le cadre de cette soirée de réflexion stratégique, au premier étage de la mosquée de Lille-Sud, s’intègrent parfaitement dans cette deuxième étape d’un processus à quatre marches et d’une main à quatre doigts. Les mots ont toujours un sens !

Ce professeur recommandait ensuite, je cite : « Il faudrait former nos cadres pendant les périodes des vacances et proposer aussi aux jeunes des stages de formation religieuse et spirituelle. L’objectif étant de faire émerger une élite pour garantir les besoins du leadership ». En effet, parler de la stratégie du Tamkine sans évoquer, naturellement, la notion et le rêve du leadership serait étonnant. Ainsi, les termes « élite » et « leadership » ont été lâchés, avec beaucoup d’assurance et d’espérances.

Ce même terme « élite » a été utilisé par un autre « frère », vieux routiers de la confrérie, à Lille et à Paris, totalement à l’aise avec la stratégie Tamkine, qui disait en arabe, je traduis : « En vue des prochaines élections présidentielles, parlementaires et municipales, il va falloir sélectionner et préparer une élite qui s’occupera de l’action politique. Il faudrait intégrer les partis politiques pour les influencer de l’intérieur » !

L’art de la guerre !

Toutefois, la stratégie Tamkine nécessite la prudence, recommande le secret et préconise la dissimulation. Sun Tzu, dans « l’art de la guerre », recommandait de joindre la ruse à la valeur, la sagesse à la force. « A quoi servent la bravoure sans la prudence ? La valeur sans la ruse ? » S’interrogeait-il.  Un « frère moudjahid » recommandait cette prudence nécessaire. Ainsi, l’image renvoyée au public et aux médias ne devrait pas refléter la réalité des faits, les faits de la réalité. Hassan Al Banna répétait toujours ce hadith, supposé authentique, attribué au Prophète : «la guerre est une ruse » !

Ce « frère moudjahid » semble avoir bien assimilé cette maxime stratégique. Lors de cette soirée, il avait juste murmuré : « Il faudrait assurer une indépendance [de façade] du Lycée Averroès et de l’Institut Al-Imane. Ces deux institutions ne doivent pas être présidées par un membre connu du bureau de la LIN ». Les présidents de ces institutions ne devraient pas « être connus » comme étant des « frères moujahidouns » !

D’ailleurs, la première directrice du « Lycée Averroès » fut Madame Sylvie Taleb Duchemin. Elle avait compris par la suite qu’elle n’était là que pour le décor. Elle a fini par démissionner. L’actuel directeur, Hassan Oufkir,  a été rapatrié du bastion valenciennois, d’un certain Hassan Iquioussen : son maître. Ce directeur, presque inconnu du microcosme islamiste de la métropole lilloise, est épaulé par un certain Eric Dufour, converti à l’islam, et conseillé par un certain Michel Soussan. Toutefois,  il est très difficile de ne pas apercevoir, en filigrane,  la main à quatre doigts d’Amar Lasfar !

Toujours au sujet de cet établissement privé musulman, un autre « frère » disait : « Nous devons parachever l’œuvre et la réalisation du Lycée » ! Quelques années plus tard, c’est chose faite. Cet établissement frériste à signer son contrat d’association avec l’Etat en 2008. Il s’est procuré de nouveaux bâtiments et a déménagé de la mosquée de Lille-Sud en 2012. Son exemple tente d’être exporté à d’autres baronnies, à d’autres bastions de « frères moujahidouns ».

Par ailleurs, le « frère moudjahid », fin connaisseur de la littérature d’Hassan Al Banna, que j’ai cité auparavant, toujours professeur dans cet établissement et élément incontournable de l’échiquier islamiste du Nord, après avoir expliqué certaines contraintes que rencontrait cet établissement depuis sa création, il déclarait : « Si aujourd’hui nous subissons les enseignants et les formateurs, demain nous devons les choisir. Il faudrait tout faire pour que nos cadres frères musulmans aient la mission de formation de nos jeunes, au sein du lycée et dans d’autres structures » !

Force est de constater que, désormais, l’Etat finance, avec l’argent du contribuable, et le soutien de l’UMP, plus de dix-sept postes d’enseignants au « Collège-Lycée Averroès ». Parmi ces dizaines de professeurs, il y a bel et bien des professeurs « frères moujahidouns ». Il y a aussi des professeurs, plus ou moins, proches de l’idéologie islamiste. Et il y a des professeurs lambdatiques, recrutés pour simuler l’ouverture et la diversité. Il est toujours conseillé de joindre la ruse à la valeur, dit-on.

Une interrogation me hante désormais : Si l’Etat peut, après la vérification du respect de certains critères, et au nom de la loi républicaine, prendre en charge les rémunérations des professeurs de l’enseignement privé, quel qu’il soit, l’Etat devrait-il continuer à financer des agents connus, qui ne se cachent plus, de l’islamisme et de nombreux héritiers d’Hassan Al Banna et de Sayyid Qotb ? Les fameux critères ne seraient-il pas appelés à évoluer ? Simples interrogations.

Pour le Tamkine, il faudra suivre le modèle juif !

Par ailleurs, puisqu’il est très rare que des « frères moujahidouns » traitent un sujet, un quelconque sujet, sans parler des juifs, les fils d’Israël,  ce « frère » recommandait d’étudier la [supposée] stratégie des juifs de France, qui selon ses dires, ont réussi leur Tamkine politique, ici en France et partout ailleurs.

Il disait : « Nous devons prendre l’exemple des juifs de France. Nous devons tirer des enseignements de leur expérience. Ils ont bien ciblé leurs besoins communautaires, en ce qui concerne les institutions et les domaines de spécialisation. Nous voyons le pouvoir qu’ils ont atteint depuis. Ils ont réussi à former des compétences. Nous devons étudier et suivre leur exemple ». Selon ses dires, si la communauté juive de France  a réussi à faire émerger une élite « juive » (!) avec des compétences diversifiées et spécialisées, qui influencerait (!) désormais toutes les institutions françaises, les « Frères Musulmans » n’ont qu’à reproduire ce modèle. Ainsi parla ce professeur, loin des caméras et des microphones.

Cette dernière citation résume, sans langue de bois, la visée politique tamkiniste de cet établissement scolaire, ses objectifs réels et le modèle – imaginé et imaginaire – qu’il souhaite produire en utilisant la jeunesse musulmane scolarisée – ces fameux N.T.F. – comme matière première à façonner, selon les standards idéologiques de la confrérie, et en sollicitant les deniers de l’Etat laïque pour financer des agents « d’usinage » islamiste, idéologiquement très « qualifiés » !

La recommandation de ce professeur « frère moudjahid » est parfaitement en phase avec le contenu de la plaquette de présentation[8] (en arabe) de cet établissement, rédigée par l’équipe d’Amar Lasfar, et adressée aux riches donateurs des pays du Golf (QatarKoweït, etc.). Celle-ci explique que l’un des objectifs de cet établissement est de : « mettre en place un nouveau prototype éducatif musulman, rivalisant avec les écoles françaises, et permettant de former, en son sein, des hommes musulmans et des femmes musulmanes qui, le moment venu, permettront d’atteindre le Tamkine, pour notre majestueux islam dans ces contrées » !

Quant au but ultime, cette plaquette explique clairement que ce lycée a l’obligation de : « former et préparer une élite, choisie parmi les enfants de la communauté musulmane, pour qu’ils puissent occuper des postes sensibles au sein de la société française comme : l’ordre des avocats, l’enseignement supérieur, la médecine, les médias, etc. » !

Hassan AL Banna, n’avait-il pas ordonné, dans son « épître des enseignements », à ses « frères moujahidouns » de boycotter, les « écoles » qui s’opposent à l’idée islamique ?

Le « Plan Tamkine » de 1992, découvert chez le qotbiste Mohamed Khayrat Chater en Egypte, ne préconisait-il pas comme recommandation stratégique d’utiliser l’élite des « Frères Musulmans » pour faire de l’entrisme politique et infiltrer les corps de « l’armée », des « médias » et de la « Justice », entre autres ?

Lorsqu’Hassan Al Banna menaça la France !

Je ne pourrais jamais décrire intégralement ce qui se trame réellement, dans le secret absolu, au cœur de ce véritable « nid de vipères ». Des vipères qui muent, certes, au gré des circonstances, des temps et des interlocuteurs, mais des vipères qui restent naturellement vipères. Chasser le naturel, dit-on, il revient en rampant ! Les « frères moujahidouns » n’oublient jamais leur identité, leur allégeance et leur projet. Ils n’oublient jamais les promesses et les menaces de leur guide-suprême. Ils n’oublient jamais cette « menace » directe d’Hassan Al Banna à l’adresse de la France en particulier. Ils la lisent dans le secret des cercles fermés, mais ne la traduisent jamais. Elle est là, écrite noire sur blanc, dans les « épîtres » qu’ils enseignent aux jeunes recrues, dans les cercles et dans les centres de formation religieuse.

En 1939, dans un discours très particulier traitant de la stratégie du Tamkine global, de ses trois étapes, de ses objectifs et de ses moyens, le fondateur adressa ces paroles dédiées à la France, à ses « frères », réunis au tour de lui, au cinquième congrès de la confrérie. Son propos est fidèlement transmis aux générations suivantes. Il disait, je traduis :

« … La France qui avait prétendu, pendant un temps, être l’ami de l’islam, elle devra rendre longuement des comptes aux musulmans. Nous n’oublierons jamais son honteux positionnement à l’encontre de notre chère Syrie. Nous n’oublierons jamais sa position vis-a-vis de la question marocaine et du Dahir Berbère[9]. Nous n’oublierons pas nos frères nombreux, tous ces jeunes de la patrie marocaine, libre et combative, jetés aux fonds des prisons et aux extrémités des exiles. Viendra le jour où ce compte sera réglé. C’est ainsi que nous faisons alterner les jours fastes et les jours néfastes parmi les hommes »[10], disait-il !

Ce compte sera réglé un jour, les « frères moujahidouns » le pensent vraiment. Certainement pas avec la force des armes mais au terme d’un processus stratégique, qui a commencé en 1983 et qui se poursuit. Un professeur du « Collège-Lycée Averroès » rappela la recette d’Hassan Al Banna, pour gravir chaque palier de la stratégie de règlement de ce différend historique. Je cite : «une foi profonde, une formation précise  et une action ininterrompue »[11]. (p. 108)

Pour Amar, l’ère de l’école est venue !

Les « frères moujahidouns » de l’UOIF poursuivent le chemin, petit-a-petit. Amar Lasfar expliqua, le 25 mai 2015, à une journaliste de l’Express qu’après la focalisation sur la construction des mosquées : « l’ère de l’école est venue »[12]. Et « après l’ère de l’école » ? Dommage, la journaliste ne lui a pas posé cette question. Dans la tête du guide français des « Frères Musulmans », à chaque ère, ses structures. « La présentation et la diffusion » de l’islamisme, exigent le contrôle des mosquées. « La sélection et la formation » des jeunes, exige des écoles, collèges et lycées. S’enchaînera, en parallèle, l’infiltration et l’entrisme, avant peut-être, l’assaut final, qui se produirait, ou pas, dans quelques décennies. La France devrait-elle se rappeler qu’elle a des comptes à rendre, tôt ou tard, aux islamistes d’Hassan Al Banna ?

La marche avance, à son rythme, mais elle avance tout de même. Dans le début des années 2000, il y avait une seule école privée musulmane en France. En 2015, la « Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman »[13] (FNEM), créée et dirigée par les « frères moujahidouns » de l’UOIF depuis 2014, dénombre trente cinq établissements. La presse de cette semaine révèle la création prochaine d’une cinquantaine d’autres établissements. En quinze ans, l’on est passé d’un seul établissement à plus de quatre-vingt, qui sont, soit en phase projet ou en cours d’exploitation … islamiste !

Complicités Nord-Sud !

Mais l’UOIF, bien qu’elle soit soutenue généreusement par des cheikhs pétrodollars et financée, en partie, par les deniers publics sous couvert de contrats d’association avec l’Etat, cette entité islamiste, très organisée et très active par ailleurs, ne peut strictement rien sans le soutien effectif d’hommes politiques, de gauche comme de droite, et la connivence d’autres acteurs associatifs et médiatiques. Dans le Nord, à Lille, c’est bien la droite de Jean-René Lecerf (UMP) qui déroule le tapis rouge aux qotbistes de l’UOIF. Dans le Sud, au quartier Nord de Marseille, c’est bien la gauche de Samia Ghali (PS) qui passe l’aspirateur[14]. Cette dernière se vante aujourd’hui, sur sa page Facebook d’avoir défendu, au nom de l’égalité et de la diversité, auprès du « Ministère de l’Education Nationale » la demande d’un certain Mohsen Ngazou, de signer le contrat d’association entre l’établissement scolaire Ibn Khaldoun de l’UOIF et l’Etat.

Je ne sais pas si cette élue PS a au moins une idée de ce que représente le directeur de cet établissement privé, Mohsen Ngazou pour ne pas le citer, sur l’échiquier européen et hexagonal des « Frères Musulmans » ? Cumulant, à la fois, plusieurs responsabilités éducatives au sein de l’UOIF, de la « Fédération des Organisations Islamiques d’Europe » (FOIE) à Bruxelles et de la FNEM, ce « frère moudjahid» est aussi l’une des rares « plumes » de la confrérie, surtout en langue arabe, qui diffuse sans gêne l’idéologie d’Hassan Al Banna. Je ne sais pas si l’élue marseillaise a déjà eu l’occasion de le lire, avant de le soutenir auprès du Ministère de l’Education Nationale ! Je la renvoie simplement vers un article, en particulier, publié en mai 2006, en arabe, intitulé : « Les défis éducatifs que rencontrent la jeunesse musulmane en Occident »[15].

Dès l’introduction, la couleur idéologique est affichée. La référence à l’épître qu’Hassan Al Banna avait adressée à la jeunesse est clairement assumée, au mot près, et sans l’ombre d’un doute. Ses références bibliographiques, indiquées en marge de l’article, sont toutes fréristes sauf une : Jocelyne Césari. Les autres sont : Hassan Al BannaIssam Al AttarTariq RamadanKamel Helbawi et Badr Al Mas. Cet article mérite d’être analysé en profondeur. J’y reviendrai, peut-être prochainement. Toutefois, je me permets de citer un seul passage, je traduis : « La base de notre vie, c’est de vivre musulmans et libres. Chaque institution, parmi les institutions musulmanes, n’est qu’un moyen qui doit servir le but visant à permettre aux musulmans d’atteindre le Tamkine, pour qu’ils puissent vivre libres, par la guidance de l’islam » !

Aussi, cette élue PS a-t-elle lu, un autre article en arabe, intitulé : « Dis : Agissez … et ne désespérez pas ! », du même auteur Mohsen Ngazou, paru dans la même revue AL EUROPIYA, numéro 34 en juin 2003 (cf. photo ci après) ? Dès l’introduction de cet article d’exhortation, le ton est donné. Après avoir expliqué les conditions difficiles que subit ladite « Oumma » islamique, « sous l’ombre d’une mondialisation envahissante et d’un matérialisme tyrannique » déplorait-il, il dit avoir trouvé dans le Coran et la sunna du Prophète la promesse divine du … Tamkine !

Pour appuyer son propos, il cita le verset suivant : « Allah a promis à ceux d’entre vous qui ont cru et fait les bonnes œuvres qu’Il leur donnerait la succession sur terre comme Il l’a donné à ceux qui les ont précédés. Il donnerait force et suprématie à leur religion qu’Il a agrée pour eux … » (Coran, 24, 55). Ensuite, l’actuel directeur du « Collège-Lycée Ibn Khaldoun » de Marseille, expliqua, toujours en se basant sur des versets coraniques, le sens donné au concept Tamkine : la force, avoir de l’importance, s’élever de grade et devenir puissant et majestueux, etc. Il détailla ensuite tout un programme d’action, prenant de la « jeunesse » la cible et la matière brute.

Ainsi, les constances idéologiques depuis Hassan Al Banna sont les mêmes. Le projet tamkiniste est toujours le même. Les méthodes s’adaptent. Des alliances incroyables sont désormais scellées. Les « frères » muent. La jeunesse N.T.F. reste la cible privilégiée pour assurer l’avenir de l’islamisme. Des établissements islamistes sont désormais soutenus par les deniers publics. Une part des impôts payés par de simples contribuables tombent, tous les fins de mois, dans des comptes courants de nombreux agents d’Hassan Al Banna.

Enfin, au-delà des aides financiers de l’Etat, l’UOIF compte beaucoup sur des soutiens idéologiques, d’autres acteurs agissant, activement, sur le terrain de la prédication salafiste, qui parlent parfaitement le langage de la jeunesse. Le dernier article de cette série en présentera un cas, qui est loin d’être un cas isolé. Cela permettra au recteur Bernard Toulemonde de diluer un peu son propos, dans l’Express d’hier, je cite : « Il existe une forme de suspicion à l’égard des établissements musulmans. Mais ceux qui demandent à passer sous contrat ne sont pas tenus par des salafistes »[16] .

A vérifier !


[1] Marianne, Dossier : « Les complices de l’islamisme », n°944, du 22 au 28 mai 2015

[2] Coran, 9, 105.

[3] Coran, 6, 153.

[4] Hassan Al BannaÉpîtres de l’imam martyr Hassan Al-Banna (en arabe), Dãr Al-Hadarah Al-Islamiyyah, p. 355.

[5] Hassan Al BannaIbid. p. 367.

[6] Hassan Al BannaIbid. p. 107.

[7] Hassan Al BannaIbid. p. 108.

[8] Citée et analysée dans mon témoignage-citoyen d’intérêt public publié le 19 mars 2015.

[9] Lire ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dahir_berb%C3%A8re

[10] Hassan Al BannaIbid. p. 151.

[11] Hassan Al BannaIbid. p. 108.

[12] http://www.lexpress.fr/education/education-le-long-chemin-de-l-ecole-musulmane_1681519.html#kJodPYBdVqOfUkob.99

[13] Ici, le site officiel de la FNEM : http://www.fnem.fr/

[14]https://www.facebook.com/page.samia.ghali/posts/710989915678328

[15] Paru dans la revue « Al-EUROPYA », numéro 45, qu’édite la FOIE

[16] http://www.lexpress.fr/education/education-le-long-chemin-de-l-ecole-musulmane_1681519.html#kJodPYBdVqOfUkob.99

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LE TAMKINE CHEZ LES FRÈRES MUSULMANS

Le Tamkine chez les Frères Musulmans

29.04.2015 Mohamed Louizi

Dans la littérature contemporaine des « Frères Musulmans », le Tamkine représente la finalité tant désirée par les « frères » et l’édifice politique que construisent obstinément leurs bras depuis bien longtemps. C’est le but ultime visé par toute action frériste plaidant la cause de l’islam pour que cette religion – telle qu’elle est comprise par les frères – domine toutes les autres religions et pour que sa Charia puisse gouverner l’humanité entière. Pour atteindre cette ultime finalité, les « Frères Musulmans » s’y acheminent progressivement à travers quatre étapes successives : Premièrement, « Présentation  et propagation de l’islam ». Deuxièmement, « Choix et sélection des individus ». Troisièmement, « Affrontement des faiblesses structurelles et corrections des imperfections constatées ». Quatrièmement, « le Tamkine » ou la domination politique globale.

Chez les « frères », le Tamkine rime avec le triomphe, l’autonomisation, la domination, la suprématie, la victoire et la possession, sans partage, du pouvoir politique, pour qu’enfin l’islam sunnite, asharite, salafiste, du haut de sa « grandeur », domine les cœurs et organise la société, selon les lois de Dieu et dans le strict respect de la tradition (sunna) du prophète Mohammad !

Ainsi, le mot Tamkine n’est pas un simple vocable qui serait neutre. En effet, dans la littérature des « Frères Musulmans », d’ici comme d’ailleurs, ce terme en particulier, renvoie sémantiquement à toute une construction idéologique, fondée sur des textes « sacrés », et à une planification stratégique – comme celle découverte en Egypte en 1992, dans l’affaire « Salsabîl » – conçue dans un but ultime d’atteindre le cœur même du pouvoir politique et de tous ses annexes, non pas en usant, comme avant, de la brutalité contre-productive des armes et de la violence, pour renverser l’existant et s’assoir à sa place, mais plutôt en prenant le temps, petit-petit, à marcher à petite allure sur un autre chemin « proactif », d’apparence démocratique et pacifique, certes long, mais avec une vision stratégique globale sur le long terme ; un cap bien défini ; un but clairement identifié ; des objectifs pour chaque étape ; des moyens évolutifs ; des ressources humaines renouvelées et formées ; des ressources matérielles et techniques modernisées ; des alliances pragmatiques avec diverses sphères et acteurs de la société ; des établissements structurés et embellis ; des centres spécialisés ; des sources de financements stabilisées, diversifiées et internationalisées ; des réseaux d’influence étendus et mis à jour selon les couleurs politiques de la saison ; des tableaux de bords de supervision systématiques ; des indicateurs de références mesurant les écarts à rattraper et les dynamiques à encourager ; des grilles d’évaluation périodiquement mise à jour et améliorées, etc.

La marche continue. Les marcheurs chantent en chœur : « Allah est notre ultime but ; le Messager est notre exemple et guide ; le Coran est notre constitution ; le Jihad est notre voie ; mourir dans le sentier d’Allah est notre plus grand espoir ». Ainsi, la marche avance suivant les pas de ses premiers initiateurs des années 1928. Elle gagne chaque jour quelques mètre-carré musulmans, ici et ailleurs.

Seule une lecture, dans sa langue arabe d’origine, de l’intégralité du livre d’Ali Sallabi, jamais traduit à aucune autre langue à ma connaissance, permettra d’apporter plus amples d’éclairage sur un sujet grave qui concerne notre futur proche et collectif.

Majoritairement, les musulmans n’adhèrent pas à cette vision de domination, que portent ces islamistes ultra-minoritaires mais chevronnés, que ce soit par la violence des armes ou par une sorte de « violence douce ». Cependant, il n’est pas difficile de constater que l’histoire des communautés, musulmanes entre autres, n’a jamais été écrite par la majorité mais plutôt par une toute petite minorité très active et extrêmement « proactive » – au sens d’Alain Paul Martin dans son livre « La gestion proactive », publié en 1983, l’année de la création de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF).

LA MAIN DU TAMKINE DES « FRÈRES MUSULMANS »

La main du Tamkine des « Frères Musulmans »

07.04.2015 Mohamed Louizi

Une signification de la « Main du Tamkine« , dite « R4BIA » (يد رابعة)  :

Etape 1 : Présentation de l’islam.

Etape 2 : Sélection des futurs « Frères musulmans« 

Etape 3 : Affrontement et spécialisation

Etape 4 : Domination et Tamkine

… Et enfin, la « main du Tamkine » du Directeur du « Collège Averroès » et Président de la « Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman » (FNEM) de l’UOIF :

Cet article est également disponible en العربية et English.

AVERROÈS : UN LYCÉE «DEMI-ÉCRÉMÉ»?

Averroès : un lycée « demi-écrémé » ?

01.04.2015 Mohamed Louizi

Depuis le 30 mars dernier, différents palmarès 2015 des lycées publics et privés sont disponibles. A partir de données statistiques fournies par le Ministère de l’Education Nationale, de nombreux quotidiens, hebdomadaires et journaux numériques ont établi des classements de ces établissements scolaires, en tenant compte de divers critères. Ces palmarès, et selon les critères de classement adoptés, arrivent à des conclusions relativement différentes. Pour ne citer que l’exemple du « Lycée Averroès », celui-ci occupe le 15ème rang dans le classement national du journal « Le Parisien », le 116ème rang dans celui du journal  « Le Point » et le 373ème rang dans le classement établi par « L’Express ». Les données brutes du ministère sont exploitées différemment d’un journal à l’autre. Ce qui explique, en partie, ces dissemblances relatives.

En 2014, le « Lycée Averroès » avait présenté 86 élèves aux examens du baccalauréat, toutes séries confondues (L, ES, S, STMG). 97% des candidats présents aux examens ont obtenu leur diplôme. Avec un tel taux de réussite, l’on est tenté de considérer cet établissement comme étant un lycée d’excellence. D’ailleurs, c’est bien l’argument de « l’excellence » qui a été le plus souvent utilisé par ses responsables pour discréditer les propos de Soufiane Zitouni, suite à sa deuxième tribune dans Libération. La direction, tout comme certains notables de l’UOIF et certains soutiens aussi, ont brandi cet argument pour alimenter l’idée de l’existence d’un « complot islamophobe » contre une expérience « musulmane » qui réussit. Mais qu’en est-il vraiment de « l’excellence » averroessienne ?

Suite à la publication de mon livre-témoignage, un ex-président de l’ « Association des Parents d’Elèves », qui a exercé ses fonctions pendant deux années au sein du « lycée Averroès », m’a contacté pour me féliciter et pour m’apporter son propre témoignage circonstancié et argumenté, validant, de part son expérience et son regard de l’intérieur, l’ensemble des thèses que j’ai développées dans mon livre-témoignage.

Ainsi, les thèses concernant l’instrumentalisation des élèves, et de certains professeurs aussi, dans un projet d’islamisation visant le fameux Tamkine, selon l’idéologie des « Frères Musulmans », et utilisant la « question palestinienne », en particulier, comme outil privilégié de renforcement du sentiment identitaire d’appartenance communautariste et d’endoctrinement idéologique précoce, financé hélas par l’argent du contribuable, toutes ces thèses sont validées sans l’ombre d’une hésitation.

Au cours de nos discussions, l’argument de « l’excellence » a été évoqué aussi. Cet ex-président m’a expliqué qu’au sein du « Lycée Averroès », il y a bel et bien une véritable première sélection, sur dossier, avant l’inscription. Ce que font de nombreux établissements privés. Mais il y a surtout une deuxième véritable sélection, quelques mois seulement avant les examens du baccalauréat, opérée parmi les élèves déjà scolarisés au sein de l’établissement pour ne présenter, sous les couleurs du « Lycée Averroès » que les élèves brillants ou très au-dessus de la moyenne. Ainsi, les dirigeants se débarrasseraient, sans état d’âme, des élèves considérés comme « déchets » !

En effet, cet ex-président de l’association des parents d’élèves, rapporte que le « Lycée Averroès » organise en début d’année des examens blancs. Après la correction des copies, certains élèves, qui n’ont pas eu des moyennes générales satisfaisantes, se voient convoqués par la direction de l’établissement. Lors de cet entretien, le directeur, ou son adjoint, expliquerait à l’élève qu’il ne pourrait pas faire  parti de la liste des candidats au baccalauréat du « Lycée Averroès ». Ensuite, le directeur, ou son adjoint, proposerait à l’élève de signer un papier – préparé préalablement par la direction – signifiant sa démission « volontaire » et sa sortie définitive des effectifs de l’établissement. On lui proposerait de s’inscrire dans un autre établissement ou de passer les examens en « candidat libre ». On lui suggérerait également un accompagnement éducatif pour mieux préparer ses examens. Cela permettrait à cet établissement de se débarrasser de certains élèves, à faibles moyennes générales, et de ne présenter aux examens nationaux que ceux qui ont la capacité de décrocher le bac sans difficulté, et d’assurer, surtout, un taux de réussite au baccalauréat avoisinant les 100 % !

Cet ex-président atteste que sa propre fille – inscrite, il y a quelques années, en série ES – était victime de cette procédure d’exclusion, voire de discrimination par la note aux examens blancs. Elle avait très mal vécu cette démission forcée et cette expulsion inhumaine à peine voilée, à l’aube du baccalauréat. Il y aurait, selon ses dires, une cinquantaine d’élèves, dans le même cas, qui, depuis la création du « Lycée Averroès » en 2003, se sont vus encouragés, par la direction, à démissionner, juste avant les examens du baccalauréat. Par ce procédé étonnant, la direction assurerait, à juste temps, un « demi-écrémage » parfait qui garantirait une apparente « excellence », mais à quel prix humain ?

Cet ex-président m’a expliqué que ce procédé a très bien servi et fonctionné durant, au moins, les cinq premières années de cet établissement. Et c’est, principalement, grâce à cette politique d’ « écrémage » systématique, qu’il aurait su affiché, habilement, d’excellents taux de réussite au baccalauréat, à la veille de la signature de son contrat d’association avec l’Etat. Serait-on désormais, en droit, de demander que toute la lumière soit faite autour de cette question ? Peut-on réclamer une enquête académique examinant les cas d’élèves qui au départ – et durant les années de seconde et de première – étaient scolarisés au sein de cet établissement mais qui se sont inscrits au baccalauréat comme « candidats libres » ? Si cette pratique inhumaine s’avère fréquemment utilisée, que reste-t-il de l’argument de ladite « excellence » ? Que sont devenus ces élèves poussés à la démission ? Comment ont-ils vécu cette séparation ? Quels impacts aurait eu cette discrimination sur leurs parcours ultérieurs ?

Michel Soussan, conseiller pédagogique de la direction du « Collège-Lycée Averroès », conseiller municipal au sein du groupe UMP d’opposition à Martine Aubry à la Mairie de Lille et rédacteur des statuts de la « Fédération Nationale des Etablissements Scolaires Musulmans » – domicilié au « Lycée Averroès » et présidé par un « frère musulman » Makhlouf Mamèche – avait justement écrit en 2010, sur son blog, un article intitulé « La violence à l’Ecole » dans lequel il dit, je cite : « Les jeunes ont à apprendre de la société les repères et les valeurs pour grandir, se structurer et se construire ».

L’on est pressé de savoir si Michel Soussan, de part son poids et son importance magistrale au sein de cet établissement, avait eu connaissance, ou pas, de ce procédé discriminatoire ? Si ce procédé est toujours adopté, sacrifiant l’honneur de certains élèves sur l’autel des chiffres de « l’excellence », quel repère et quelle valeur leurs apprend-t-on alors ? Cela ne peut-il pas être considéré comme une vraie violence produisant des dégâts insondables ? Que penserait l’Inspection Académique de cette pratique ?

J’ai vraiment du mal à croire que les choses se passeraient de cette façon, surtout lorsque les responsables ne jurent que par « l’éthique musulmane ». J’ai du mal à admettre qu’il y aurait au moins une cinquantaine d’élèves, filles et garçons, à qui l’on aurait demandé de signer un papier pour être « licencié » et lâché dans la nature, après des mois et des années de scolarité et des milliers d’euros payés par les familles. J’ai du mal à croire qu’un élève, qui serait jugé faible scolairement, puisse être mis à part et exclu sur la base du seul critère de sa note dans un examen blanc. J’ai du mal à croire que l’on pourrait sacrifier une part de la jeunesse, juste pour figurer parmi les premiers établissements dans des palmarès publiés à titre indicatif mais sans aucune autre valeur. J’ai envie de ne pas croire mon interlocuteur mais, hélas, force est de constater que pour atteindre le Tamkine, l’on peut se sacrifier soi-même, ou sacrifier d’autres, pourvue que la marche avance.

La République se doit de protéger ses enfants contre l’infamie. La République, sera-t-elle au rendez-vous ce vendredi 3 avril ?

Annexes :

Ci-après :

1- Un tableau récapitulatif de l’évolution des effectifs du « Lycée Averroès » selon les promotions, de l’année 2007/2008 à 2013/2014 ;

2- Un graphique représentatif de cette évolution ;

3- Quelques constats et interrogations.

Les chiffres sont issus des données statistiques du site du Ministère de l’Education Nationale.

Quelques constats et interrogations :

1- Toutes promotions confondues, le nombre d’élèves présentés aux examens du bac est toujours inférieur aux effectifs à la rentrée en classe de seconde.

2- Toutes promotions confondues, le nombre d’élèves présentés aux examens du bac est toujours inférieur aux effectifs à la rentrée en classe de première.

3- Promo A : Sur 45 élèves inscrits en seconde (en 2007), seulement 30 élèves sont présents, trois ans plus tard (en 2010), aux examens du baccalauréat. 15 élèves – c.à.d. 33 % – manquent à l’appel. Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage ? En somme, cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ?

4- Promo B : Sur 56 élèves inscrits en seconde (en 2008), seulement 34 élèves sont présents, trois ans plus tard (en 2011), aux examens du baccalauréat. 22 élèves – presque 40 % – manquent à l’appel. Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage ? En somme, cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ?

5- Promo E : Sur 118 élèves inscrits en seconde (en 2011), seulement 86 élèves sont présents, trois ans plus tard (en 2014), aux examens du baccalauréat. 32 élèves – presque 40 % – manquent à l’appel. Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage ? Cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ?

6- Promo D : Sur 100 élèves inscrits en première (en 2011), seulement 55 élèves sont présents, deux ans plus tard (en 2013), aux examens du baccalauréat. 45 élèves – c.à.d. 45 % – manquent à l’appel ! Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage intensif ? Cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ? Bizarrement, c’est en 2013 que cet établissement a été placé en tête de plusieurs palmarès, à l’échèle nationale.

Ces chiffres bruts, bien qu’ils renseignent, objectivement, sur l’évolution des effectifs, par promotion, depuis 2007/2008 jusqu’à 2013/2014, suscitent plutôt des interrogations quant à cette « excellence » fanfaronnée et peuvent éventuellement accréditer, en l’absence d’explications tangibles et argumentées, la thèse d’un « écrémage », plus ou moins, intensif depuis, au moins, la signature du contrat d’association avec l’Etat. Chacun tirera ses conclusions.

Mohamed Louizi

COLLÈGE-LYCÉE AVERROÈS DE L’UOIF : L’ARBRE QUI CACHE LE DÉSERT !

Collège-Lycée Averroès de l’UOIF : L’arbre qui cache le désert !

18.03.2015 Mohamed Louizi

Les islamistes des «Frères Musulmans » – dont je faisais parti durant une quinzaine d’années de ma vie – ne semblent pas être prêts à assumer leur part de responsabilité, dans le maintien et la consolidation de la très fragile « unité nationale », promise depuis les attentats de Paris, les 7, 8 et 9 janvier dernier. Comme d’habitude, ils préfèrent continuer à prendre en otage l’islam et les musulmans, citoyens français ou résidents.

En excellents illusionnistes de l’art de l’amalgame, ils ont réussi, jusqu’à présent, à convaincre des fidèles et autres citoyens, que toute critique, fondée, de leur idéologie islamiste anachronique, théologico-politique et expansionniste serait un dénigrement de « la » religion musulmane et une injure faite aux « musulmans ». Ainsi, il faut le reconnaître, ils ont réussi à installer dans de nombreuses têtes que l’idéologie d’Hassan Al Banna et l’islam originel prêché au temps du Prophète Mohammad seraient une même chose ; que « frère musulman » et « musulman » sont deux entités égales ; que l’entité politique UOIF et la communauté des musulmans de France se confondraient presque parfaitement. Ils ont même inventé, ou adopté, le terme « islamophobie », une arme juridique redoutable, pour faire peur et faire taire les critiques les plus justes, et les plus indispensables surtout pour le salut de toute la France. L’on peut même se poser cette question, avec Pascal Boniface en particulier : Est-il permis de critiquer l’islamisme et les « Frères Musulmans » ?

En effet, l’affaire du « Collège-Lycée Averroès », qui continue à nourrir et à passionner le débat national depuis le 6 février 2015, démontre un aspect de cette illusion grossière qu’opèrent éperdument les islamistes de l’UOIF. Aux interrogations légitimes et critiques nécessaires, exprimées par Soufiane Zitouni – ex-professeur de philosophie dans cet établissement – publiées dans une tribune dans le journal Libération, ils ont préféré à nouveau prendre en otage des élèves, des parents d’élèves, des professeurs et toute une part de la communauté et de ses lieux de culte. Même certains intellectuels respectables, par ailleurs, prêtent secours à l’UOIF et lui servent de caution morale, très utile politiquement, en ces temps où les limites entre l’intelligence et l’idiotie deviennent de plus en plus confuses.

Ces islamistes ont préféré le déni et les mensonges. Ils ont intenté des procès à l’encontre de ce professeur audacieux et ont encouragé d’autres personnes à l’attaquer, au moins, sur le terrain judiciaire. L’illusion réussit même au sein des services académiques de l’Etat qui ont presque blanchi, je ne sais sur quel critère, l’établissement des reproches justement formulés par Soufiane Zitouni. D’un plateau à l’autre, d’un microphone à l’autre, ces islamistes refusent le débat de fond et se complaisent dans leur statut préféré, de pseudo-victimes d’un supposé « complot » et d’une ambiance marquée par la montée de tous les extrémismes et les racismes. Jamais, ils ne se posent la question principale quant à leur responsabilité historique dans ce qui se passe, depuis maintenant quelques années, ici en France et partout dans le Monde. Jamais aucune remise en question de leur idéologie. Jamais aucune autocritique de ce qu’ils pensent et de ce qu’ils font. L’enfer, c’est – toujours – les autres, comme le disait Sartre ?

Témoin de cette attitude islamiste misérable ; témoin aussi de cet amalgame grossier entretenu mais illusoire ; et soucieux que la Justice de la République ne puisse condamner un innocent pour diffamation, comme l’espère l’UOIF, sans l’examen de toutes les preuves matérielles existantes, j’ai décidé de prendre ma plume et mon clavier en vue de donner de l’épaisseur et de la matière à ce que ce professeur courageux a su dénoncer, en prenant d’immenses risques.

L’UOIF d’Amar Lasfar, qui est aussi président de « l’association Averroès » s’occupant de cet établissement privé, a choisi le terrain judiciaire, entre autres, pour attaquer un homme, un professeur. L’UOIF a même imposé un calendrier pour, soi-disant, tourner rapidement la page de cet incident. Le professeur Soufiane Zitouni devra comparaître devant le Tribunal de Police de Lille le vendredi 3 avril prochain. Curieusement, cette date correspond à la date d’ouverture du 32ème congrès de l’UOIF, baptisée injustement « Rencontre Annuelle des Musulmans de France » (RAMF) à Paris-le-Bourget. Une simple coïncidence ? Peut-être.

Tout laisse à croire qu’en cas de condamnation de Soufiane Zitouni, le 3 avril, la RAMF de l’UOIF se transformerait en une fête, où l’islamisme le plus perfide s’érigerait en héros de la République après avoir su, habilement, se mettre dans la peau de la victime. Le professeur, quant à lui, sera considéré définitivement, au moins, comme un « traitre » et la suite pourrait être dramatique, car lorsque la frénésie islamiste et communautariste monte, l’on est plus à l’abri des attaques les plus folles et les plus dangereuses aussi. Le Tribunal devrait, par précaution peut-être et dans la mesure du possible, reporter ce jugement, au moins d’une ou de deux semaines, cela éviterait toute exploitation islamiste de cette affaire judiciaire : simple requête citoyenne.

Je suis conscient que ce témoignage intervient dans un contexte national marqué par l’approche des deux tours des élections départementales, les 22 et 29 mars prochain. Le risque que son propos soit instrumentalisé politiquement est plus que vraisemblable. Cependant, c’est bien l’UOIF du « Collège-Lycée Averroès » qui a choisi la procédure d’urgence et, indirectement,  fixé la date du procès au vendredi 3 avril, au lendemain des élections. Les citoyens, comme bien d’autres responsables de la chose publique, sont en droit de connaître le fond du sujet et d’examiner des éléments de preuves bien avant le procès. D’où l’impératif de le publier aujourd’hui nonobstant le contexte politique. L’UOIF assumera seule les conséquences de toute probable utilisation de son propos à toute fin électoraliste. La politique du déni systématique amène parfois vers l’imprévisible. Que serait donc la politique sans cette part de l’imprévisible ?

Personnellement, j’aurais aimé avoir plus de temps. La date du 3 avril voulue par l’UOIF, m’a imposé un rythme de travail infernal pour rédiger ce long témoignage citoyen indispensable et rassembler et analyser ses éléments de preuves. Par conséquent, les quelques cinq cents heures de travail, sans relâche, sur ce dossier, durant quatre semaines, en se déchargeant, momentanément, de mes obligations professionnelles, ne m’ont pas suffi pour l’argumenter davantage ou pour corriger ses erreurs d’orthographe, entre autres. Il n’a été relu par personne car j’ai voulu qu’il soit le plus naturel possible. Je le sais, j’ai pris un vrai risque. La relecture, par une tierce personne, pouvait induire naturellement la disparition de certains passages ou l’adoucissement d’autres formulations. Peut-être j’aurais dû faire ce choix. Mais je ne l’ai pas fait. Je ne me suis pas autocensuré. Je le jure. C’est le propre même d’un témoignage, non ? Il s’agit, par conséquent, d’un témoignage sincère et à l’état brut. Prière d’en tenir compte et de m’en excuser, le cas échéant !

Par ailleurs, après avoir lu le texte « Droit de réponse du lycée Averroès », dans Libération du vendredi 13 mars 2015, j’ai constaté que les « otages » et les islamistes de l’UOIF se posent conjointement toujours en victimes, d’un côté, et de l’autre côté, en garants des valeurs de la République contre l’obscurantisme, écrivent-ils. En conclusion de cette tribune, ils ont choisi cette sagesse d’Averroès : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence … voilà l’équation » !

Ce « témoignage citoyen d’intérêt public » s’inscrit dans la droite ligne de cette sagesse du philosophe andalou. Il tente de dissiper les épaisses et obscures couches de nuages entourant l’UOIF, et favorisant l’ignorance de ce qu’est réellement et idéologiquement cette entité politico-religieuse, agissante à travers de nombreuses institutions, et s’entourant de nombreux établissements pour assurer la marche vers son cap visé, et permettre la réalisation du rêve de domination par l’idéologie d’Hassan Al-Banna demain, ici et ailleurs. Le « Collège-Lycée Averroès » n’est qu’un établissement parmi d’autres. Ses élèves ne seraient qu’une réserve en ressources humaines à éduquer et à former pour assurer la relève d’une organisation, somme toute, vieillissante.

Enfin, j’espère que ce témoignage puisse ramener le lecteur de la supposé état d’ignorance à l’état d’une relative connaissance. Dès lors, l’équation d’Averroès sera reformulée autrement au moins lors du procès du 3 avril. Je l’espère vraiment !

Bonne lecture !

Ce livre-témoignage sera édité très prochainement.

Liens vers les vidéos utilisées pour argumenter les propos de mon témoignage citoyen:

1- Vidéo Youssef Al-Qaradawi lançant sa fatwa pour ordonner l’assassinat de Kadhafi :

2- Vidéo Amar Lasfar devant le public de l’institut Al-Imane, il y explique vers la fin la pyramide du Tamkine à sa façon :

3- Spot publicitaire « Institut Al-Qods » :

4- Vidéo Rachid Laamarti, administrateur UOIF, expliquant les raisons de s’associer à la « Manif pour tous » :

5- Vidéo Rachid Laamarti, candidat aux élections européennes :

6- Vidéo cheikh Omar Abdelkafi, sommité « frère musulman » satellitaire devant des élèves du « Collège-Lycée Averroès » pendant un cours de « Sciences physiques » :

7- Vidéo du même cheikh Omar Abdelkafi expliquant sur une chaine arabe que les filles/femmes non voilées seront suspendues par les cheveux, méritent les supplices de la tombe …

8- L’intégralité de la vidéo (arabe) de discussion entre les deux « frères » : Wadjdi Ghoneim et Abdelfattah Mourou. Les propos que j’ai traduits se situent au milieu de cet échange :

9- Vidéo du cheikh saoudien qui atteste que la Terre est immobile :

10- Vidéo du débat « Le Coran, la Bible et théorie de l’évolution » organisé entre autres par le site Oumma.com :

1ère partie :

2ème partie :

11- Vidéo de la conférence du représentant d’Harun Yahya au sujet de l’effondrement de la théorie de Darwin à la mosquée de l’UOIF :

1ère partie : 

2ème partie : 

12- Prêche du vendredi 29/08/2014 de M. Mohamed Karrat (enseignant au « Collège-Lycée Averroès ») à la mosquée de Villeneuve d’Ascq : « Victoire de Gaza », à écouter de bout en bout !

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Autres documents et éléments matériels à consulter et examiner :

1- Document secret du « Tamkine » découvert en 1992 par la police égyptienne dans le bureau de Mohamed Khayrat Al-Chater :

document Attamkine Egypte

2- Livre/Thèse au sujet du « Tamkine » d’ Ali Sallabi :

فقه النصر و التمكين محمد الصلابي

3- Rapport moral AGE de la Ligue Islamique du Nord 2005 :

1- LIN Compte rendu général AGE = Amar Lasfar

4- Plaquette de promotion – en arabe – du « Collège-Lycée Averroès » auprès de riches donateurs des pays du Golf, du Moyen-Orient, etc. On y découvre les vraies raisons de la création de cet établissement :

 1- Plaquette publicitaire Lycée Averroès (en arabe)

5- Programme de formation à l’idéologie des « Frères Musulmans » au sein de « l’Institut Al-Qods » à Lille et à Villeneuve d’Ascq :

 3- Institut ALQODs Programme des etudes 2014-2015

6- Fatwa du président de l’association des « Imams de France », Ahmed Miktar (CIV Villeneuve d’Ascq), à l’encontre du penseur syrien musulman Khales Jalabi:

 1- Texte complet de la fatwa inédite d’Ahmed Miktar en arabe

7- Texte intégral du prêche du vendredi 29/08/2014 du professeur Mohamed Karrat (professeur de Mathématiques au « Collège-Lycée Averroès ») au sujet de « La victoire de Gaza » :

 1- Prêche #Victoire de Gaza# 29-08-2014

8- Données statistiques concernant de la fréquence d’utilisation de 47 mots clefs dans le prêche « La victoire de Gaza » :

 2- Statistiques de quelques mots sectionnés et étudiés

9- Document secret des « Frères Musulmans » rendu public par la presse arabe concernant la stratégie d’islamisation et de domination du monde par la confrérie d’Hassan Al-Banna :

 6- Journal al-Watane document frères musulmans Tamkine (en arabe)

10- Le lien organique entre la Fédération des Organisations Islamiques d’Europe (FOIE) et les « Frères Musulmans » :

 7- Relation organique FOIE et Frères Musulmans

Mohamed Louizi

AMAR LASFAR : LE DÉNI

Amar Lasfar : le déni

11.02.2015 Mohamed Louizi

J’écris ces lignes et je formule ces interrogations, qui me paraissent nécessaires, car vitales, après avoir vu hier soir, au journal régional 19/20 du Nord Pas-de-Calais sur « France 3 »[1], un reportage sur le lycée de l’UOIF – baptisé grossièrement « Lycée Averroès » – donnant la parole à une élève, au directeur-adjoint, Monsieur Eric DUFOUR, et au président de l’UOIF, Monsieur Amar LASFAR, suite aux accusations portées par Monsieur Soufiane ZITOUNI, professeur de philosophie démissionnaire depuis trois semaines, à l’endroit de ce lycée et de ses dirigeants et publiées le vendredi 6 févier dernier dans le journal Libération, sous l’intitulé : « Pourquoi j’ai démissionné du lycée Averroès »[2].

J’ai trouvé que l’élève Sarah, élève en terminale L, se présentant ostensiblement sans voile devant la caméra, exprimait une indignation légitime face au contenu de l’article de son ex-professeur de philosophie.  Elle s’est défendue de tout antisémitisme. Elle a exprimé les cadres de ses échanges avec monsieur Zitouni au sujet des attentats de Charlie Hebdo. Elle s’est exprimée à sa manière, avec ses mots, et a relaté le contenu d’un ancien échange pour le moins étrange. Selon ses dires, celui-ci l’aurait traité de « malade mentale » et « qu’elle devait se faire soigner » … Ce sont ses paroles. Si c’est vrai, c’est naturellement condamnable et même grave venant de la bouche d’un professeur. Mais si c’est faut, elle en assumera seule la responsabilité.

Le témoignage du directeur-adjoint était très digne, très à la hauteur de ses fonctions et s’inscrivant dans une démarche pédagogique respectable. Son article, intitulé : « Pourquoi je suis engagé au lycée Averroès »[3] en témoigne sobrement. Un témoignage intéressant à lire. Néanmoins, son auteur, se tenant sur la défensive, exprime aussi le point de vue de la direction et ne répond pas sur le fond. Je ne crois pas que Zitouni a mis en cause la légitimité du lycée ou le sérieux de nombreux professeurs qui y travaillent. Ce n’est pas ce que j’ai lu en tout cas dans ses deux articles.

Maintenant libre à chacun de se défendre comme il peut. Zitouni témoigne, dénonce subjectivement une ambiance et exprime, avec beaucoup d’audace, un ressenti, de nombreux comportements insoutenables et surtout il met en perspective un jeu pernicieux et malin de la direction, la vraie direction, celle que j’ai connue auparavant et que le directeur-adjoint ne connaîtra jamais assez de là où il se situe aujourd’hui. Cette direction de l’ombre n’hésitera pas à le remercier, si besoin est, si elle sent qu’elle n’est plus maîtresse du temps, du projet et de l’espace. Je rappelle qu’il y avait une directrice bien avant lui, qui est partie sans faire de bruit et qui était traitée, disait-elle, telle une plante verte dans un décor sagement pensé et mis en place !

Quant au président de l’UOIF, il était juste, et comme d’habitude, l’égal de lui-même, ni plus ni moins. Certes, il est aussi en droit de se défendre. Il est en droit de s’exprimer librement. Il est en droit d’user d’un temps d’antenne pour apporter la contradiction ainsi que sa version des faits. Mais il n’a pas le droit d’être dans le déni permanent et dans le mensonge, ni face cachée, ni face caméra. Mais qu’est-ce que ce monsieur n’a-t-il pas dit ?! Il a dit simplement – sourire aux lèvres – que l’UOIF n’a aucun lien avec les « Frères Musulmans ». Mais de qui se moque-t-on ? Comment peut-il dormir l’esprit tranquille, après avoir confirmé ceci, lui et les cavaliers de sa minorité ?

Amar Lasfar

Amar LASFAR a dit, face caméra, les yeux dans les yeux, que l’UOIF n’a aucune espèce de lien avec les « Frères Musulmans ». Non, vous l’avez compris, strictement aucun. Il a dit, les yeux dans les yeux, qu’il se reconnaît pas dans ce courant de pensée et qu’il n’y adhère pas. Monsieur LASFAR ne peut pas dire une telle contre-vérité. C’est un mensonge. Ce n’est pas digne d’un imam. Ce n’est pas digne d’un recteur. Ce n’est pas digne d’un héritier autoproclamé de la prophétie et du message du prophète Mohammed qui était, de son vivant, surnommé le « véridique » et « l’authentique ».

Monsieur LASFAR passe à côté de la vérité, de sa vérité, et de l’authenticité, son authenticité. Monsieur LASFAR n’est pas en droit de proférer de telles affabulations. Il ne peut pas nier l’évidence. Il doit au contraire avoir le courage et la pudeur d’être vrai, de dire vrai et d’assumer un devoir d’exemplarité car il est « imam », qui guide la prière tous les vendredis, avant et après tout !

Oui, monsieur LASFAR, en niant tout lien de l’UOIF avec les « Frères Musulmans », en particulier, et avec l’islamisme dénoncé par l’ex-professeur du lycée en général, fait preuve d’une ignominie insupportable. Surtout, de là où il parle. Il le sait : La parole est un témoignage d’une responsabilité. Il l’apprend aux autres, aux fidèles, aux petits, aux jeunes, aux adultes, tous les vendredis : Peut-il simplement en assumer l’exemple ?

Comment peut-il sous la pression, certes, d’une  conjoncture, nationale et internationale très difficile, et au soir de sa vie, immortaliser devant un enregistreur de son et d’image, et sans sourciller, un déni de la réalité, un mensonge et une contre-vérité ? Comment ose-t-il infirmer l’existence de tout lien de son organisation avec sa maison-mère ?  A-t-il honte de son appartenance idéologique ? craint-il quelque chose en assumant simplement l’évidence ? Tout s’explique, tout se justifie, encore faut-il le dire et l’avouer !

Monsieur LASFAR est un adepte, à l’image de nombreux islamistes, d’un procédé langagier trompeur et assez révélateur : celui de dire la vérité certes,  mais … pas toute la vérité. Il me l’a dit et expliqué une fois à la marge d’une rencontre des « Frères Musulmans » de Lille, dans la salle de prière des femmes, au premier étage de la mosquée de Lille-sud, pour celles et ceux qui connaissent les lieux. Je porte  seul donc la responsabilité de cette confirmation, et nous avons eu une discussion que je garde en souvenir à ce sujet. Pour lui, comme pour de nombreux « frères » sunnites comme chiites, il n’est pas si grave, religieusement parlant, de masquer  et de dissimuler une partie de la vérité pour sauver ainsi certains intérêts et accréditer certaines apparences.

Ce procédé langagier porte un nom, celui de Al Tuqiya – en arabe (التقية) – qui veut dire: la dissimulation, ou comment dire la vérité mais pas toute la vérité, et si besoin, mentir pour la bonne cause. Ce procédé, dit-on, est religieusement permis, voire encouragé, en cas de conflit ou de guerre pour tromper l’ennemi. Monsieur Amar LASFAR, en infirmant cela, en usant de manière outrancière de ce procédé langagier, se considère-t-il d’ailleurs en état de guerre, face à des ennemis ?

L’ADN « Frères Musulmans » de l’UOIF : témoignage d’un repenti !

Maintenant, s’il est vrai, peut-être, que l’UOIF n’a pas de lien organique avec la confrérie des « Frères Musulmans », au sens où l’UOIF n’apparaît peut-être pas, expressément, dans les registres administratifs de la confrérie égyptienne ou sur les autres registres de son Tanzim – sa branche mondiale, il ne peut pas, par ailleurs, ni effacer ni nier les liens objectifs, factuels, historiques, spirituels, idéologiques, jurisprudentiels, affectifs, financiers, … établis depuis toujours avec la confrérie, avec son esprit « saint » (!), avec sa littérature, avec son discours, avec ses symboles, avec ses références, avec ses mouvements implantés, ici ou là bas, et avec ses financiers !

Il ne peut pas nier que jusqu’à récemment, l’ADN qu’injectait l’UOIF dans le sang neuf des personnes sélectionnées, recrutées et embringuées – et c’est peut-être toujours le cas dans les cercles fermés de la mouvance – est un ADN refermant des informations, des enseignements, des dogmes,  héréditaires issues directement des écrits de l’imam Hassan Al Banna, le fondateur de la confrérie et de sa littérature interprétée par Youssef Al Qaradawi, entre autres.

20 principes Hassan Al Banna

A titre personnel, lorsqu’en 2001/2002, j’ai été recruté au campus universitaire de Villeneuve d’Ascq (59) pour rejoindre l’UOIF – par un certain Mohamed Taib Saghrouni, actuellement membre de la direction de l’UOIF et délégué régional du Nord – au terme d’un parcours initiatique à l’idéologie et aux autres rites de la mouvance islamiste, la déclaration de mon adhésion, de mon pacte d’allégeance s’est faite, en présence effective de Monsieur Amar LASFAR avec d’autres notables de son noyau dur, la main dans la main, les yeux dans les yeux, en jurant fidélité et loyauté, non pas aux statuts de l’UOIF, ou à sa charte qui n’existait pas à l’époque, ni à son règlement intérieur, mais aux « dix piliers de l’allégeance », dix critères de l’engagement frériste, et aux vingt principes de la compréhension de l’islam[4], tels qu’ils étaient définis et rédigés par la main droite de l’imam Hassan Al Banna, et tels qu’ils étaient commentés par l’éminent cheikh Youssef Al Qaradawi. Monsieur LASFAR ne peut pas nier cela aussi !

De ma déclaration de ce pacte de loyauté et jusqu’à ma démission salutaire de l’intégralité de la mouvance islamiste en octobre 2006, celle-ci nous recommandait d’utiliser, pour l’encadrement des cellules fermées d’éducation des jeunes et des prochaines recrues de l’UOIF un livre en français, intitulée : « 20 principes pour comprendre l’islam »[5] de son auteur : l’imam Hassan Al Banna. Un livre développé et commenté par Al Qaradawi, traduit par Moncef ZENATI et édité en 2004 à Paris, chez MADIACOM, sous le numéro ISBN : 2-914175-31-0.

Pour précision, Monsieur Moncef ZENATI est actuellement membre du bureau national exécutif de l’UOIF[6], chargé de « l’enseignement et de la présentation de l’Islam » et aussi l’actuel responsable du site « Havre de Savoir »[7] qui se donne comme mission, comme l’indique sa présentation, d’étancher la soif des jeunes d’apprendre les principes et les enseignements de la religion musulmane – selon la conception des frères bien sûr – à travers la publication régulière de brochures, l’organisation de conférences et de forums, ayant pour thème la religion musulmane.

En effet, une simple visite de curiosité de ce site internet, précisément,  dans le menu déroulant « Histoire de l’islam », dans la catégorie « Hommes et femmes illustres de l’islam »[8], le lecteur neutre remarquera, sans aucune difficulté, la prédominance d’articles dont les intitulés suffisent pour appréhender l’ampleur de l’attachement viscéral et assumé à l’idéologie frériste. Pour exemples, je cite les intitulés suivants :

« Les frères Musulmans comme les définit l’imam Hassan al-Banna » ;

« Les fondateurs des Frères Musulmans » ;

« Hassan Al-Banna, un voyage inachevé » ;

« Celui qui me marqua le plus, c’est l’imam Hassan Al-Banna » ;

« Les savants musulmans rendent hommage à Hassan Al-Banna » ;

« Le génie de Hassan Al-Banna » ;

« Zaynab Al Ghazali, un exemple d’engagement » …

Monsieur LASFAR ne peut pas nier cela aussi. D’ailleurs, s’il n’y avait aucun lien entre l’UOIF et les « Frères Musulmans », pourquoi son chargé de l’enseignement et de la présentation de l’islam, au sein de la direction nationale de l’UOIF, abonde ledit site de références revoyant aux œuvres et à l’idéologie de l’imam Hassan Al Banna ?

Ce fantôme d’Hassan Al Banna qui veille sur la Ligue Islamique du Nord !

Par ailleurs, la Ligue Islamique du Nord (UOIF locale), que dirige Monsieur Amar LASFAR, éditait une revue trimestrielle baptisée « L’essence Ciel », destinée aux jeunes lycéens et étudiants, entre autres. Que pouvait-on lire par exemple dans l’éditorial de son numéro 3 du printemps 2004, si ce n’est cette référence explicite, à la pensée frériste, je cite : « … Tout ceci, nous rappelle la parole de l’Imam, Hassan AL Banna, qu’Allah illumine sa tombe : « Ô frères, sachez que votre témoignage (DA’WA) a trois fondements : la connaissance d’Allah, la vertu de l’âme et l’amour des gens … ».

L’essence Ciel

Dans ce même numéro, en page 26, une biographie du Cheikh Ahmed Yassine (1938-2004), cette figure de la résistance palestinienne, assassinée par l’armée israélienne à Gaza, et qui était le fondateur du mouvement du Hamas, la branche des « Frères Musulmans » en territoire palestinien. Dans le numéro 6 de la même revue, édité en hiver 2005, on trouve tout un dossier bilan sur le voile à l’école, sur le foulard et ses valeurs universelles …C’est exactement la diffusion allégorique, obscure, insidieuse, permanente de cette culture, à l’oral comme l’écrit, combinant dans un mélange de genres simplement inquiétant fait de religion et de politique ; de théologie et d’idéologie ; de spiritualité et d’activisme, … que reprochait le professeur Zitouni dans sa deuxième tribune. Cela n’est pas une fantaisie ou un caprice d’un esprit dérangé ou trompé dans la caricature, comme le laisse entendre monsieur LASFAR et ses lieutenants. Ce sont des éléments matériels et tangibles pour ceux qui réclament des preuves. Il s’agit juste du strict contenu d’une revue que la Ligue Islamique du Nord, sous l’égide de monsieur LASFAR, a fiancé, édité et mise à disposition à l’adresse de tout un public, jeune et adulte, y compris aux élèves du « lycée Averroès », créé déjà en 2003 dans les mêmes locaux de la mosquée de Lille sud !

L’UOIF, un pas en France et l’autre dans le Tanzim de l’internationale frériste !

Par ailleurs, l’UOIF ne se gêne pas à revendiquer, même à demi-mot, sa filiation idéologique assumée au Cheikh Fayçal Mawlawi (1941 – 2011)[9]. Cette figure frériste très engagée idéologiquement et politiquement, qui était aussi le vice-président du Conseil Européen des Recherches et de la Fatwa. Mawlawi  était surtout, entre 1992 et 2009, secrétaire général de la « Jamaa Islamiyah »[10], la branche des « Frères Musulmans » au Liban, et c’était lui qui a contribué à la fondation de l’UOIF et à l’Institut Européen des Sciences Humaines à Château-Chinon.

Fayçal Mawlawi

L’UOIF est toujours membre de la Fédération des Organisations Islamiques d’Europe (FOIE)[11]. Elle est toujours en relation intime avec le Conseil Européen des Recherches et de la Fatwa (CERF) et avec l’Union Internationale des Savants Musulmans (UISM)[12], présidée par Al Qaradawi, et regroupant toutes les sommités théologiques et jurisprudentielles, reconnues comme telles, par la confrérie et par ses satellites, en Orient comme en Occident. Le livre de Xavier Ternisien « Les Frères musulmans » éclairera le lecteur francophone sur la genèse de l’UOIF, de son évolution, de ses fondateurs ainsi que de ses rapports idéologiques incontestables avec la maison-mère.

Aussi, une simple analyse des listes des intervenants musulmans aux rassemblements annuels organisés par l’UOIF au Bourget, depuis maintenant 32 ans, montre la prédominance flagrante et incontestable de la pensée idéologique et théologique des « Frères Musulmans », ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Cette année, par exemple, le rassemblement du 3 au 6 avril 2015 s’offrira en tribune libre à de nombreux orateurs fréristes[13], venant du Qatar, de Suisse, de Soudan, de France et de Navarre, parmi lesquels : Tariq Ramadan, Hani Ramadan, Issam Al Bachir, Azzedine Gaci, Abdellah Ben Mansour, Ahmed Jaballah, Moncif Zenati

Sur le site de la mosquée Al Imane, dont le recteur n’est d’autre que Monsieur Amar LASFAR, on peut lire cet article intitulé : « vingt principes pour comprendre l’islam »[14], d’Hassan Al Banna, extrait du livre précité, traduit par Moncif Zenati. Monsieur LASFAR peut-il continuer à nier, après tous ces éléments, qu’il ne se reconnait pas dans le courant idéologique des « Frères Musulmans » ?

Incohérence de l’incohérence … ou comment LASFAR trahit AVERROES ! 

Par ailleurs, je ne partage pas totalement la vision et l’analyse de Soufiane Zitouni. Je ne considère pas très pertinents tous ces exemples, tâchés d’un peu de subjectivité, qu’il a cité pour appuyer son propos. Il me semble tout de même qu’il était en colère, très en colère, lorsqu’il a écrit et publié sa deuxième tribune sur Libération du 6 février. Cet état d’esprit est facilement perceptible, l’agitation de monsieur LASFAR et de ses lieutenants, d’un plateau à l’autre, d’un micro à l’autre, dévoile un aperçu de ce qu’a dû endurer ce pauvre Zitouni pendant deux semaines !

En ayant moi-même vécu une rupture difficile avec l’UOIF en 2006, et en ayant subi, comme conséquence directe suite à cette démission, des pressions psychologiques, des intimidations insupportables et des manœuvres d’isolement, orchestrés par des « sœurs » et des « frères », sur la base de rumeurs, d’excommunication même et de mise à mort « sociale », je suis en mesure de comprendre ce qu’il a dû endurer, par un entourage hostile à sa thèse et, j’ose dire, « génétiquement » incapable de contenir la divergence dans son cadre d’idées sans faire appel à des méthodes misérables frôlant le « zéro absolu » de l’indécence. Je relativise donc l’ensemble de son propos et je lui trouve mille et une excuses. Car, vraiment, il faut le vivre pour le savoir, il est très insupportable d’être mis à l’index de l’UOIF, je peux en témoigner !

Par ailleurs, le professeur lui-même avoue que son propos a pu choquer. Lui-même dit que son propos ne peut être généralisé sur l’ensemble des cadres éducatifs, ni sur l’ensemble des élèves, et c’est très bien qu’il le précise ainsi. Car, justement, et c’est le sens de mes interrogations du début de ce papier, il s’agit bel et bien d’une petite minorité perfide, d’une petite caste d’intouchables, se servant des services intéressés de quelques plumes organiques, qui tire simultanément sur de nombreuses ficelles et qui prend en otage les intérêts salutaires de toute une communauté de foi, tout âge compris.

Au fond, le professeur Zitouni ne dit pas autre chose que cela. C’est bel et bien cette minorité islamiste au pouvoir qui se sert de ce mélange explosif, fait de religion, selon une certaine conception frériste, et de politique en phase avec un rêve de domination inavouée, pour assoir, petit-a-petit, son autorité ; pour imposer sa vision du Monde, de l’Humain, de la République, tantôt par les prêches de vendredi, tantôt par tous les autres canaux culturels, électoraux, éducatifs, artistiques, sportifs, et j’en passe ; et pour matraquer et redire toujours les mêmes discours, génération après l’autre, et tenir en otage, éternellement, une communauté de foi par nature diverse, plurielle, indéfinissable, et qui, dans une large mesure, ne demande que de rendre pacifiquement, loin des calculs politiciens, ce qui est à Dieu à Dieu ; et ce qui est à César à César.

Cette communauté de foi est désormais dépossédée  de ses avoirs, de ses établissements et de ses édifices. Qui l’aidera pour se réapproprier à nouveau ce qu’elle a construit pour ses enfants ?  Qui lui permettra d’être dans ses édifices, comme une vraie propriétaire et non pas comme une simple spectatrice dans une sorte de cirque de la « parole confisquée » par tous ces notables, qui monopolisent tout, et qui lui réclament, à la fin de chaque mois, de payer les charges ? Qui l’aidera, en ces temps troubles, pour qu’elle ouvre ses édifices à la lumière, à la diversité, à la pluralité, à l’amour de son prochain et à la paix, d’abord comme exigence de survie collective et ensuite comme préalable à toute construction globale de vivre-ensemble ? Qui rendra à cette communauté de foi sa pleine souveraineté sur ses propres édifices cultuels et culturels ? Qui lui rendra les clefs, toutes les clefs, celles des salles de prières, comme celles des salles attenantes ou celles des bureaux fermés, là où une « minorité », une tout petite, s’isole pour prendre souvent en catimini de lourdes décisions, qui entraînent de lourdes responsabilités collectives ?

Les mots de Zitouni veulent dire cela et rien d’autres. Au sein même de l’UOIF, il y a bien des gens sincères, des imams aussi, qui pensent peut-être comme Zitouni, mais qui ne disent rien. Au sein même des cadres enseignants au lycée, il y a des personnes qui expriment, peut-être en silence, les mêmes craintes, les mêmes objections mais qui comptent, peut-être, réussir un exploit impossible à mes yeux, d’un changement de l’intérieur. J’en connais certains. Mais le temps prouve que la « minorité », la même, empêche et empêchera toujours tout changement de direction ou de projet. Seule son idéologie compte. La référence à l’idéologie des « Frères Musulmans » est une ligne de démarcation éternelle que l’on peut dissimuler mais que l’on ne peut casser ou trahir sous aucun prétexte. Celui qui la remettra en cause en payera le prix le plus cher.

Peut-être un jour viendra où cette masse silencieuse, complice par ailleurs, comprendra que lorsqu’une minorité idéologique est installée, c’est pour toujours. Les dirigeants de cette minorité, que dénoncent publiquement Zitouni et l’auteur de ces lignes aussi, ne quittent généralement un « carré musulman » que pour en occuper un autre. Soit au-dessus, soit en dessous. Et c’est à cela que faisait allusion Zitouni lorsqu’il parlait d’un territoire musulman sous contrat d’association avec l’Etat. Cela est une évidence. J’espère simplement que la communauté de foi ne perde pas ses acquis, ses édifices dans ce jeu de pouvoir et de domination, surtout en ces temps difficiles.

L’Histoire nous enseigne que la disparition des acquis d’une majorité est souvent causée par les aveuglements d’une toute petite minorité. L’Histoire nous enseigne aussi les regrets qu’expriment, après coup, la majorité soumise lorsqu’elle ne sait plus assumer ses  devoirs de veille et de souveraineté sur elle-même. L’Histoire peut-elle se reproduire sous nos yeux à nouveau ? Zitouni a bel et bien fait son travail d’alerter, aux fidèles français musulmans maintenant d’en tenir compte, ou pas.


[1] http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/emissions/jt-1920-nord-pas-de-calais

[2] http://www.liberation.fr/societe/2015/02/05/pourquoi-j-ai-demissionne-du-lycee-averroes_1196424

[3] http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/080215/pourquoi-je-suis-engage-au-lycee-averroes

[4] http://havredesavoir.fr/vingt-principes-pour-comprendre-lislam/

[5] http://www.muslimshop.fr/livres/foi-et-spiritualite/initiation-a-l-islam/20-principes-pour-comprendre-l-islam-hassan-al-banna-mediacom-2-914175-31-0-p-2383.html

[6] http://www.uoif-online.com/equipe-de-direction/

[7] http://havredesavoir.fr/

[8] http://havredesavoir.fr/articles/histoire-de-lislam/hommes-et-femmes-illustres-de-lislam/

[9] http://www.saphirnews.com/Adieu-Cheikh-Faysal-Mawlawi_a12583.html

[10] http://fr.wikipedia.org/wiki/Jamaa_Islamiya_%28Liban%29

[11] http://www.fioe.org/ShowCat_en.php?id=5&img=5

[12] http://iumsonline.org/fr/default.asp?MenuID=98

[13] https://www.ramf-uoif.fr/nos-intervenants/

[14] http://www.mosqueelille.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=521:vingt-principes-pour-comprendre-lislam&catid=1:articles&Itemid=29