LE QATAR À LA TÊTE DE L’UNESCO ?

Le Qatar à la tête de l’UNESCO ?

Le Qatar à la tête de l’UNESCO ?

11.10.2017Mohamed Louizi

Je l’ai cité en juin 2015 dans mon article «Mediapart, la qatarie ?»[1], non pas parce qu’il aurait une quelconque ressemblance physique avec Edwy Plenel, mais parce que c’était lui — en plus d’être ministre de la culture et des arts — qui était au commande du conseil consultatif de la revue «Doha magazine». Celle qui avait traduit en arabe et distribué gratuitement, en plusieurs milliers d’exemplaires, le plaidoyer «Pour les musulmans» du directeur de Mediapart. Son nom est Hamad Bin Abdulaziz al-Kawari. Depuis 2016, il est conseiller de l’émir du Qatar et très proche du régime des mollahs iraniens. Le monde entier risque de l’avoir à la tête du temple international de la culture à Paris : l’UNESCO (l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture).

Depuis lundi, se tient à Paris l’élection (à 5 tours au maximum) du nouveau directeur de cette instance onusienne très importante. 58 pays membres de son conseil exécutif[2] y participent. Le premier tour, qui s’est déroulé ce lundi à bulletin secret, a donné le candidat du Qatar en tête du scrutin, avec 19 voix, suivi de l’ex-ministre française de la culture Audrey Azoulay, 13 voix, puis la candidate égyptienne, 11 voix, puis la candidate libanaise, 9 voix et enfin le candidat chinois, avec 5 voix. Pour que le Qatar puisse prendre les commandes internationales de la culture, il lui faut 30 voix. 19 sont déjà acquis. Au deuxième tour, le candidat qatari a gagné une voix de plus [3] !

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La campagne électorale semble être très rude dans les coulisses. Elle se passe aussi sur les réseaux sociaux et dans les colonnes de la presse arabe et internationale. La couverture médiatique française de cette élection à enjeux reste modeste. «Qui sera le prochain directeur ? Poker menteur à l’UNESCO» [4], titre L’Obs. «Élections à la tête de l’UNESCO sur fonds de querelles diplomatiques»[5], titre France 24. «UNESCO : l’ex-ministre Azoulay coiffée au poteau par un qatari ?», titre Le Point. «L’UNESCO est-elle à vendre ?»[6], peut-on lire aussi dans le Huffpost. Sur Twitter, plusieurs Hashtag pullulent comme celui-ci : #Save_Unesco_from_Terrorism

La candidature du Qatar ne passe pas. Par-ci, on rappelle l’implication certaine du Qatar dans le financement du terrorisme islamiste. Celui-là même qui a déstabilisé bien des régions et causé la destruction de nombreux sites culturels et monuments historiques, patrimoine de l’Humanité, en Irak, en Syrie et au Sahel. Une implication que reproche de nombreux pays arabes à l’émirat, à tel point qu’ils ont décidé de lui infliger, depuis quelques mois, des pressions diplomatiques et des sanctions économiques pour qu’il se détache de l’islamisme et surtout des Frères Musulmans.

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Par-là, on rappelle la puissance financière de la diplomatie du carnet de chèques utilisée à outrance par le Qatar [7]. On craint que la machine à billet ne tourne à plein régime comme lors de l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar [8]. Le nom du nouveau directeur (ou de la nouvelle directrice) sera connu dans les jours à venir. Un nom qui sera validé (ou pas) par l’ensemble des 195 membres de l’ONU. D’ici là, alors que le slogan français de l’UNESCO est «Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes», avec une direction qatarie, on peut se demander légitimement que resterait-il de ce slogan ?

Si le Qatar est aux commandes de l’UNESCO, ce sont les Frères Musulmans et les Ayatollâhs iraniens qui inspireront la politique culturelle, scientifique et artistique de ce temple universel !

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#انقذوا_اليونسكو_من_الارهاب
#Save_Unesco_from_Terrorism
#Sauver_unesco_contre_le_terrorisme
#Salvar_la_Unesco_contra_el_terrorismo

Notes :

[1]- https://blogs.mediapart.fr/…/bl…/110615/mediapart-la-qatarie
[2]- http://www.unesco.org/new/…/executive-board/list-of-members/
[3]- https://www.lorientlejour.com/…/direction-de-lunesco-le-qat…
[4]- http://tempsreel.nouvelobs.com/…/qui-sera-le-prochain-direc…
[5]- http://www.france24.com/…/20171009-france-qatar-egypte-elec…
[6]- http://www.huffingtonpost.fr/…/l-unesco-est-elle-a-vendre_…/
[7]- https://www.lorientlejour.com/…/unesco-le-monde-arabe-divis…
[8]- https://www.lesechos.fr/…/030413907690_la-fifa-contrainte-d…NewsTribune

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TERREUR EN OCCIDENT : LA PROPHÉTIE DE RACHED GHANNOUCHI

Terreur en Occident : la prophétie de Rached Ghannouchi

Terreur en Occident : la prophétie de Rached Ghannouchi

19.10.2016Mohamed Louizi

Lui aussi est barbu mais il ne s’appelle pas Nostradamus (1503 – 1566). De ce dernier, il tient le sens d’une certaine prophétie de nouvelles alarmantes. A la différence de Nostradamus, qui était étranger aux prédictions qu’il annonçait à la cour, dans ses « Centuries », le Frère musulman tunisien Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste Ennahdha, est au cœur de l’idéologie panislamiste qui l’anime depuis sa jeunesse. Il est l’un de ses théoriciens les plus influents, les plus virulents, les plus connus et étrangement, les plus bien perçus par une certaine caste de la cour politico-médiatique parisienne. Pourtant, c’est lui qui disait dans les années 80 en Tunisie :

« Donnez-moi cent martyrs, je vous donne un état islamique » !

A l’aube du 21ème siècle, il a publié depuis son ex-exil britannique, un livre en arabe intitulé : Approches autour de la laïcité et de la société civile [1] (مقاربات في العلمانية و المجتمع المدني), préfacé par un autre frère musulman libanais Fayçal Mawlawi, cofondateur en 1983 de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), la branche française des Frères musulmans.

La résonnance de certains passages de cet essai islamiste avec le climat de terreur, qui règne en France et en Europe, est peu étonnant. Cet essai mérite d’être traduit intégralement de l’arabe au français, au moins pour que ceux qui ont reçu ce chantre du panislamisme en hôte de grande importance à Paris en juin 2016 [2], comprennent son vrai discours anti-laïcité, anti-démocratie et anti-libertés fondamentales. Au total, ce sont dix approches essentielles [3], détaillées sur plus de 200 pages, expliquant pourquoi l’islamisme doit gouverner et dominer des esprits, des corps et des territoires. Il y explique avec clarté et conviction pourquoi l’Etat Islamique rêvé, soumise à la loi des fouqahas (juristes religieux musulmans), doit être ressuscité de ses cendres pour accomplir sa fonction protectrice de la foi musulmane – y compris par le recours à la violence et par l’application anachronique des sanctions et châtiments corporels d’une charia moyenâgeuse – et pour faire face à l’Occident et à ses intérêts, y compris par la voie du jihad armé.

Cette traduction mérite d’exister surtout que Rached Ghannouchi risque fort d’être très probablement, et sous peu, le calife de la Tunisie, à proximité immédiate de l’Etat Islamique en Libye, et à presque 160 km seulement de la porte sud de l’Europe : Lampedusa. Les deux autres portes de l’Europe sont déjà « gardées » par deux Frères musulmans (!) : Le Sultan Erdogan, régnant autour du Détroit du Bosphore, et le vizir Benkirane gouvernant sur l’autre cote du Détroit de Gibraltar, à 15 km des cotes ibériques.

A présent, ce sont trois pages « prophétiques » terrifiantes résonnant étrangement avec ce climat d’horreur et de terreur qui s’installe dans les esprits, petit à petit, par-ci et par-là, au gré de la multiplication d’attentats et d’actes terroristes de massacre de masse : à Paris, à Nice, à Bruxelles, à Londres, à Munich, à Istanbul, à Tunis, à Orlando et ailleurs. En effet, ce « prophète » tunisien avait tout prédit depuis 1999, comme s’il regardait dans une boule de cristal, en feu et en sang. Il avait expliqué, bien avant le 11 septembre 2001, ce qui allait se passer une décennie plus tard. Ceux qui défendent, ici en France, l’idée d’une « islamisation de la radicalité », à l’image d’Olivier Roy [4], sont désormais désavoués par le propos même de Rached Ghannouchi qui défend justement l’idée contraire, celle de Gilles Kepel : « la radicalisation de l’islam »[5]. Il s’agit bel et bien d’attaques islamistes punitives, conduites au foyer même de l’Occident, motivées par son supposé refus pour que l’islam politique, dans sa version salafiste assumée, puisse gouverner ses terres au nom d’Allah. Rached Ghannouchi dit, je traduis :

« […] La persécution est le destin du musulman ainsi que sa quote-part de la civilisation. Le musulman paie le prix de sa décadence civilisationelle et de sa naïveté à répondre à l’appel de tout charlatan. Il paie le prix de son immobilisme ; ressassant les rêves du passé ; refusant le renouveau et l’évolution ; incapable d’acquérir les techniques modernes appliquées aux domaines de l’organisation politique, administrative et économique ; courant de façon effrénée et sans boussole vers l’imitation de l’autre, l’étranger et ses modes de vie. Nous avons détruit notre passé et nous n’avons pas su construire notre présent.

Tout démontre aujourd’hui la mise en place, à l’échelle planétaire, d’un nouvel ordre mondial qui ne se limite pas à marginaliser et à ignorer l’islam, mais il considère les musulmans comme un marché de consommation, une zone de pouvoir et un terrain d’influence [à dominer, ndlr]. Ce nouvel ordre mondial marginalisent les musulmans pour qu’ils restent en dehors de l’histoire, tournés vers le passé et étrangers à la modernité. Ce nouvel ordre est davantage plus dangereux. Il s’agit, en effet, d’une nouvelle phase de « Sykes-Picot » alimentant les divisions, les guerres fratricides et les séditions internes pour détruire l’islam une deuxième fois, de manière encore plus vigoureuse que les fois précédentes.

Il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte géographique du monde islamique et d’observer ce qui se passe sur son sol. L’on découvre l’existence d’un double-plan, en phase d’exécution, visant à résister contre l’islam :

La première partie de ce plan concerne la périphérie du monde islamique, c’est-à-dire les minorités musulmanes représentant un tiers des musulmans dans le monde. Concernant cette périphérie, le but est la destruction intégrale de toute existante islamique en son sein. L’objet est de tourner la page de l’islam définitivement, à travers l’intensification des animosités et de la xénophobie envers les musulmans en leurs déclarant une guerre génocidaire, détruisant leurs mosquées et monuments, spoliant leurs biens et argent, et intensifiant les tueries contre eux. L’exemple le plus criant de ce plan se passe au vu et au su du monde entier, au milieu de l’Europe, dans les Balcans (en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo). Le même plan est réédité en Inde, au Tadjikistan, en Azerbaïdjan et en Birmanie.

La deuxième partie de ce plan est exécutée au cœur même du monde islamique, là où les musulmans représentent l’écrasante majorité. Leur nombre empêche qu’on les expulse de chez eux ou que l’on détruise leurs lieux saints. Impossible de les pousser à l’exil, sauf dans le cas de la Palestine. Le but de ce plan, dans cette zone centrale du monde islamique, est donc d’empêcher l’islam,  par tout moyen, de gouverner ses terres et ses fidèles. Pour atteindre un tel but, l’on coopère même avec des dictateurs et des criminels et l’on fait tout pour assécher les sources de l’islam au sein des institutions éducatives, enseignementales, législatives et médiatiques. L’on s’attache à affaiblir financièrement les musulmans, en perquisitionnant leurs institutions, en les empêchant de participer à la vie politique et d’atteindre des postes sensibles au sein de l’état, lequel est conçu pour qu’il ait comme principale mission : la répression de l’islam et des musulmans. L’on empêche même cet état, malgré sa laïcité, sa subordination à l’Occident et sa répression de l’islam et des musulmans, d’atteindre un niveau raisonnable de développement économique et de progrès technique, notamment au niveau militaire où la possession de l’arme nucléaire est interdite au même titre à tous les musulmans, qu’ils soient vertueux ou pervers.

La conduite de ce plan, sur ces deux versants, suffit pour transformer les musulmans dans le monde, en entités affaiblies et guerroyantes. Pour l’Occident, le monde islamique deviendra son marché, sa poubelle et sa source d’énergie à bas coût. Un nombre croissant de musulmans deviendront affamés et sans toits. Le destin de ceux qui résisteront à la mort sera mis entre les mains d’organisations humanitaires, messianiques chrétiennes et entre les mains d’autres organisations s’occupant de l’exil politique.

L’Occident déploie tous ses efforts pour fermer ses portes face à l’immigration musulmane (80% des exilés dans le monde sont musulmans). Mais ce problème est assez suffisant, surtout en présence du mouvement islamique, pour transformer le monde musulman en un volcan explosif. Car ce comportement de l’Occident n’affaiblira pas ce mouvement. Il va simplement créer un déséquilibre en son sein, en faveur des courants extrémistes, qui eux, privilégient la force comme seul et unique moyen pour défendre l’islam et les musulmans et qui affirment que les prédicateurs modérés, représentant désormais le corps principal de ce mouvement, sont dupés. Leur argument : l’Occident qui a soutenu la démocratie et continue de le faire en Europe de l’Est, en Amérique Latine et en Afrique, est le même Occident qui, dans le monde musulman, soutient, dans sa guerre contre l’islam, les régimes les plus réactionnaires, les plus répressifs et les plus corrompus.

Si l’Occident parie sur la solution sécuritaire pratiquée en Tunisie, en Algérie et en Egypte, que lui dictent les sionistes, dans son comportement à l’égard des mouvements de l’islam politique, cela n’aboutira pas à l’anéantissement de l’islam. Mais bien au contraire, cela favorisera la radicalisation de l’islam. Ainsi, le jihad deviendra le mot clé du discours islamique. Le discours jihadiste et l’esprit du martyr ainsi que l’envie d’accéder au paradis, seront alimentés à la fois par les histoires des génocides, que subissent les minorités musulmanes de la périphérie, et aussi par les récits de la persécution que subissent les musulmans au cœur même du monde islamique. Et c’est parce que le niveau culturel et technique des membres des mouvements de l’islam politique est très élevé, la fabrication des armes et leurs utilisations deviendront une culture générale chez les musulmans. La résistance face aux intérêts occidentaux et la liquidation des traitres deviendront l’activité quotidienne des mouvements islamiques. Tout ceci trouvera racine et puisera son énergie dans le patrimoine historique du jihad ainsi que dans l’intolérance occidentale envers l’islam. Dans un monde où les peuples sont mélangés ; où les informations sont largement diffusées ; où les intérêts s’entrecroisent et où les musulmans sont présents partout, l’on peut imaginer son portrait futur comme le façonne, consciemment ou inconsciemment, les dirigeants de ce nouvel ordre mondial, sous l’influence des sionistes !

Il s’agit sans doute d’un portrait terrifiant. Mais quel diable, ennemi de l’humanité et de la civilisation, celui qui trouve son intérêt à façonner un monde sous un tel portrait ! Nous persistons à nous convaincre et à tenter de convaincre les autres que les forces islamiques raisonnables et modérées, reconnaissant l’altérite et cherchant les issus de la coexistence, gagneront la bataille, par la permission de Dieu, au sein du monde musulman comme à l’intérieur même de la structure occidentale, sur la base de nombreux dénominateurs communs, au lieu de parier sur l’exclusion de l’autre alimentée par ce qui semble être la fatalité du choc des civilisations […] »[6]. Fin de traduction.

Rached Ghannouchi recycle ici les standards idéologiques basiques de la rhétorique islamiste et de ses ingrédients habituels : le fourvoiement dans la posture victimaire ; l’errance calculée dans le délire de persécution ; l’infantilisation des musulmans ; l’absolution de l’islam salafiste historique ; l’exaltation de l’islam politique et du panislamisme ; l’affirmation de la prééminence du volet religieux de l’identité sur les autres volets ; la glorification du jihad armé et du martyr ; la diabolisation de l’Occident tenu pour fondamentalement islamophobe ; le rejet de la laïcité et de la modernité occidentale ; l’entretien du fantasme du complot sioniste ; le takfirisme sournois des états et gouvernements des pays arabes ; et surtout, l’entretien du rêve du rétablissement du califat islamique. Ainsi, l’évocation des accords secrets de « Sykes-Picot » de 1916, dans ce passage traduit, n’est pas anodine. Alors qu’Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans, justifiait la création de sa mouvance islamiste en 1928 par la nécessité de rétablir le califat après la chute de l’Empire Ottoman, Rached Ghannouchi préfère lui placer le curseur historique sur ces accords secrets qui avaient fragilisé davantage « l’homme malade » de l’Europe avant sa désintégration en 1924.

En toile de fond de ces passages traduits, il s’agit bel et bien d’un chantage menaçant que résume l’équation suivante : l’Occident doit composer avec la branche dite modérée de l’islam politique, sinon, il endurera les attaques violentes de sa branche jihadiste. Les deux branches sont donc très complémentaires, la limite entre elles étant inexistante, Rached Ghannouchi agite même la menace du basculement des islamistes modérés vers le jihadisme car leur « niveau culturel et technique » est très élevé. Ils sauront fabriquer des « armes » pour attaquer quotidiennement les « intérêts occidentaux » et « liquider les traitres », écrit-il !

Rached Ghannouchi est en phase avec l’identité bicéphale du panislamisme : mi-politique, mi-jihadiste. Alors qu’une certaine élite politico-médiatique française le présente imprudemment comme l’avenir de la démocratie tunisienne [7], lui demeure fidèle à son idéologie jihadiste de conquête, s’appuyant sur un Coran et sur deux sabres croisés. Devrait-on rappeler que son nom figure parmi le top 10 des islamistes qui ont signé le 13 juin 2013 au Caire, à côté de Youssef Al-Qaradawi,  l’appel mondial au jihad armé en Syrie, qui a donné naissance, directement ou indirectement, à l’Etat Islamique ? Comme l’UOIF, et pour se refaire une virginité en permanence, il édite pour la consommation médiatique des communiqués de presse condamnant les actes terroristes de Daesh. Toutefois, lorsqu’un journaliste tunisien lui a demandé son avis concernant Daesh, le 16 octobre 2016, il a dit clairement que les jihadistes de l’Etat Islamique représentent un « islam en colère »[8][9], un « islam radicalisé », comme ce qu’il avait déjà prédit en 1999. Une constance[10] !

Mohamed Louizi

[1] Rached Ghannouchi, Approches autour de la laïcité et de la société civile, Maghreb Center for Researches & Translation, Londres, 1999, 204 pages (en arabe).

[2] Lire ici un compte-rendu de sa visite officielle à Paris : http://www.jeuneafrique.com/336218/politique/tunisie-operation-seduction-rached-ghannouchi-a-paris/

[3] Ces dix approches sont, par ordre : 1)- Les libertés générales en islam ; 2)- Les droits de l’homme en islam ; 3)- Les fondements de la société civile en islam ; 4)- La notion de l’égalité entre la charia islamique et les conventions de l’Organisation des Nations Unies ; 5)- L’idée de la société civile entre l’Occident et l’islam ; 6)- La philosophie politique de l’islam ; 7)- La culture, l’autorité et les droits de l’homme ; 8)- Quelle modernité ?! ; 9)- « Un peuple au service de l’Etat » ou « un état au service du peuple » ? ; 10)- La laïcité nous est arrivée sur le dos d’un char et elle est restée sous sa protection.

[4] Lire le propos ici : http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html

[5] http://www.liberation.fr/debats/2016/03/14/radicalisations-et-islamophobie-le-roi-est-nu_1439535

[6] Rached Ghannouchi, Approches autour de la laïcité et de la société civile, Maghreb Center for Researches & Translation, Londres, 1999, p.191-194 (en arabe).

[7] Lire par exemple cet article du quotidien Le Monde : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/19/rached-ghannouchi-il-n-y-a-plus-de-justification-a-l-islam-politique-en-tunisie_4921910_3212.html

[8] Lire en arabe et écouter l’extrait de sa déclaration ici : http://www.mosaiquefm.net/ar الغنوشي-لا-يمكن-أن-نكف-ر-الدواعش-وهكذا-اصف-واقعهم/34321/ أخبار-سياسة-تونس.html

[9] Lire en français ici : http://www.dreuz.info/2016/10/18/le-chef-des-freres-musulmans-tunisiens-prend-la-defense-religieuse-de-letat-islamique/

[10] Lire ici le décryptage de la stratégie de communication de Rached Ghannouchi et de son parti Ennahda, par le directeur de rédaction du journal Le Maghreb : http://mlouizi.unblog.fr/2016/07/01/la-democratie-tunisienne-et-le-defi-islamiste/

POKISLAMISTES GO

Pokislamistes Go

14.08.2016Mohamed Louizi

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En 2001, le frère musulman Youssef Al-Qaradawi avait interdit dans une fatwa en arabe, au nom de sa vision obscurantiste de l’islam, le dessin animé japonais « Pokémon » ainsi que toutes ses dérivées ludiques et commerciales (Lire l’article de la chaîne Al-Jazeera). Cette fatwa a resurgit à nouveau dans la presse arabe après le 6 juillet 2016, la date de sortie du jeu « Pokémon Go », rappelant que Youssef Al-Qaradawi s’est appuyé sur cinq considérations pour conclure que le « Pokémon » est un interdit islamique, un « haram » (حرام) en arabe !

Le cheikh égypto-qatari – « la référence » suprême et absolue de l’UOIF d’Amar Lasfar – juge ce dessin animé dangereux pour la foi musulmane (telle qu’il la conçoit), par « sa banalisation » de la théorie de l’évolution darwinienne, que rejettent catégoriquement les Frères musulmans. Pokémon représente, à en croire le cheikh, d’autres dangers intellectuels et comportementaux. Pis, ces « monstres de poche » de Satoshi Tajiri sont « responsables » de la « normalisation » avec certains « symboles très significatifs », comme « l’Étoile de David » qui renvoie au « sionisme et à la franc-maçonnerie » et qui est « l’emblème de l’État de viol, nommé Israël » disait-il expressément.

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Depuis, des familles musulmanes suivent à la lettre cette étrange fatwa et privent leurs enfants de ce dessin animé et de ses dérivées ludiques. Cependant, le comportement politique des Frères musulmans montre bel et bien que les vrais « monstres », cachés dans les différentes « poches » des différents états, au Mashreq, au Maghreb et en Occident, ce sont ces « Pokislamistes », ces Frères musulmans, prêts à opérer toutes les « mutations » opportunistes pour atteindre à terme le pouvoir suprême, le Tamkine.

En mai dernier, le parti islamiste Ennahdha, après avoir été écarté du gouvernement, avait dit vouloir séparer « la prédication islamique » de « l’action politique » pour espérer retrouver une nouvelle place sous le soleil de Tunis. Une tactique. Après cette « mutation » purement médiatique, relayée en France par le journal Le Monde, le viel islamiste Rashed Ghannouchi a été reçu, presque en chef d’état, par la cour parisienne, dans des institutions de la République, par des personnalités de gauche et de droite. En 2014, un site francophone avait titré, je cite : « Tunis : Tel un serpent, Ennahda fait sa mue sans changer ! »

Des années plutôt, après la démission du premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan (1926 – 2011), les Frères musulmans ottomans avaient fait croire, à la face du monde, qu’ils avaient opéré une « mutation » laïque. Le « Parti de la félicité » fut fermé. L’AKP fut. Depuis, Erdogan, en fidèle élève d’Erbakan, est passé par-là. Inutile de décrypter la nature de cette mutation. Le sultan islamiste s’en charge tous les jours et démontre, de par son autoritarisme théocratique, que « l’islamiste », au fond, est un « Pokémon » qui mute continuellement, au grès des profits, mais sans changer véritablement de nature.

En France, l’on ne serait pas loin d’un scénario similaire. L’UOIF est classée organisation terroriste par les Émirats Arabes Unis depuis novembre 2014. Deux ans plutôt, Youssef Al-Qaradawi fut invité au RAMN de l’UOIF avant l’interdiction de son séjour par le Ministère de l’Intérieur. L’UOIF a galvaudé son propre nom par ses imprudences assumées et ses liens plus que formels avec l’internationale islamiste, de l’axe Doha-Ankara. L’après « Charlie » et « l’Hyper Cacher » n’arrange rien. Du « 13 novembre » à l’assassinat du Père Hamel, en passant par l’attentat de Nice et de « bien » d’autres attentats, le nom de l’UOIF est souvent cité, non comme responsable direct de cette terreur, mais comme vecteur puissant de diffusion de l’islamisme et de ses idées obscurantistes et violentes. Certains appellent à la dissolution pure et simple de l’UOIF.

Ainsi, face à ce déficit en terme d’image, les VRP de la branche frériste française seraient, en les connaissant, tôt ou tard, tentés de changer de nom, de siège social, de façade, de taille de la barbe, et de mettre de jeunes mignons « Pokislamsites » 3G au-devant de la scène. Les « requins » eux, et les autres « idéologues » resteront toujours actifs sur ledit terrain de la « représentativité », mais dans l’ombre. Peut-être, très prochainement, l’UOIF ne s’appellerait plus l’UOIF. Un peu comme lorsque « Le Crédit Lyonnais » avait changé de nom en 2005, pour devenir « LCL », en espérant faire oublier les scandales « Tapie » et « Exécutive Life ». Ou comme lorsque l’UMP de Nicolas Sarkozy est devenue « Les Républicains » en raison d’autres scandales concernant la … sarkozie.

Mon fils de neuf ans m’explique que la nature de l’évolution d’un Pokémon dépend de son dresseur. Un Pokémon gentil peut évoluer en Pokémon méchant, si son dresseur est méchant. Un méchant peut devenir gentil si le dresseur est gentil. La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on. Lorsque l’on connait la nature des dresseurs des « Pokislamistes » depuis toujours, toute mutation fort probable de l’UOIF, des Frères musulmans français, à l’image des « frères » turques, tunisiens, marocains et autres, sera un leurre. Les dresseurs barbus ne jouent pas.

Mohamed Louizi

Lien de la fatwa de Youssef Al-Qaradawi :
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http://www.aljazeera.net/…/القرضاوي-يصدر-فتوى-بتحريم-البوكي…News

SIX MOIS APRÈS LES ATTENTATS DE PARIS : L’UOIF RÉCIDIVE

Six mois après les attentats de Paris : l’UOIF récidive

13.05.2016Mohamed Louizi

Le vendredi 13 mai 2016, six mois jour pour jour après les attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, le 33ème RAMF (Rassemblement Annuel des Musulmans de France), organisé par les Frères Musulmans de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) ouvre ses portes au parc d’exposition à Paris-le-Bourget à Seine-Saint-Denis. Il se déroulera sur quatre jours. Le thème choisi cette année est : « Ensemble, construisons l’avenir » [1]. Le programme détaillé [2] vient d’être communiqué ainsi que la liste des intervenants [3]. Le président de l’UOIF, Amar Lasfar, avait déclaré récemment pour justifier le choix du thème du vivre-ensemble : « C’est notre réponse à la radicalisation »[4].

Capture decran 2016-05-13 à 08.06.29

Cependant le même Amar Lasfar avait tenté d’inviter dans son fief à Lille, lors du 9ème RAMN organisé le 7 février dernier, trois islamistes sulfureux issus de la frérosphère internationale : un marocain, un saoudien et un syrien[5]. Alerté, le Ministère de l’Intérieur avait adressé un avertissement[6] sans précédent à l’UOIF, habituée a sous-traité la radicalisation à des internationaux [7][8]. Le 28 mars 2016, Amar Lasfar devait s’associer au célèbre imam salafiste brestois Rachid Abou Houdeyfa, à la mosquée des Trois-ponts à Roubaix, pour donner une conférence commune autour du thème : « L’Union dans la diversité » et solliciter l’argent des fidèles. Lorsque l’information avait circulé sur les réseaux sociaux Amar Lasfar s’est fait remplacer, in extremis, par l’imam Ahmed Miktar [9][10]. Des quotidiens régionaux ont rendu compte de cette rencontre frérosalafiste [11]. Depuis, l’on apprend qu’une enquête judiciaire vise Rachid Abou Houdeyfa. Quant à Amar Lasfar, il semble avoir trouvé grâce aux yeux de la Place Beauvau, en témoigne ce selfie qu’il a réussi à avoir à côté de Bernard Cazeneuve [12], lors de la dernière réunion au Ministère de l’Intérieur de l’instance de dialogue. Mais qu’en est-il réellement du slogan de la lute contre la radicalisation que ne cesse de pérorer les Frères Musulmans de l’UOIF à chaque occasion ?

Pour y répondre sommairement, par manque de temps, il suffit d’analyser la liste des intervenants et l’univers idéologiques de certains parmi eux. Certes, le commun des mortels se perdrait facilement car les organisateurs se savent surveillés. Ils noient donc le poisson et élargissent l’assiette pour apparaître ouverts d’esprit et tolérants. Toutefois, comme le dit un proverbe portugais : « Une branche qui est née arquée, ne sera jamais droite ». Ainsi, depuis la branche soudanaise, l’on aura l’occasion decouter Issam El-Bachir. Depuis la branche libanaise, l’imam Khalid Zakaria. Depuis la branche égyptienne, le prêcheur Omar Abdelkafy, exilé quelque part dans le Golfe. Depuis la branche denaisienne, le prêcheur Hassan Iquioussen et son fils. Et depuis la branche parisienne, l’incontournable Ahmed Jaballah.

Au sujet d’Hassan Iquioussen et de son fils, il suffit de lire attentivement ma dernière enquête : De quoi la quenelle au Sénat est-elle le nom ?[13]. Concernant l’imam Khalid Zakaria, le choix n’est pas anodin. Cet imam est Frère musulman, membre de la Jama’a Islamiya (الجماعة الإسلامية بلبنان), la branche libanaise des Frères Musulmans dont l’ex-secrétaire général, entre 1992 et 2009, s’appelait Fayçal Mawlawi [14]. Le même Frère musulman qui a cofondé, avec d’autres, l’UOIF en 1983 et qui était ouvertement en faveur des « attentats suicides » – qu’il désigna par l’expression « Opérations de martyrs » – contre les israéliens[15]. Alors que l’UOIF revendiquerait la paternité du slogan « islam de France », le fait d’inviter à Paris l’imam frère musulman de la mosquée Al-Rawda [16], située à Tripoli au Liban (مسجد الروضة – طرابلس), laisse songeur. N’a-t-on plus d’imams français qui peuvent assurer ce créneau ?

Par ailleurs, le prêcheur égyptien Omar Abdelkafy, est un habitué du RAMF malgré ses propos dénoncés à plusieurs reprises. Dans une émission prosélyte, datant de mars 2013, diffusée sur la chaine émiratie Sharjah TV, que l’on capte en France via les paraboles, ce cheikh avait dit : « … Je rappelle que l’une des scènes que le Prophète Mohammad avait vue, lors du Voyage nocturne, rapportée dans des hadiths authentiques, des femmes suspendues par les cheveux. Il avait demandé à l’ange Gabriel : Ô Gabriel, qui sont-elles? Et l’ange de réponde : Ce sont des femmes de ta nation. Elles laissaient voir leurs cheveux aux étrangers ! »   Omar Abdelkafy rajouta : « Cela veut dire que celle qui sort les cheveux découverts au vu de tout le monde, celle-là aura commis un péché qui mérite le châtiment de la tombe et le châtiment au jour du jugement dernier … »[17]. Il considéra, dans cette même vidéo, comme « apostat, toute personne remettant en question l’islamité du voile ». Dans une longue vidéo en arabe, datant de décembre 2012, intitulée « Les traits de caractère des fils d’Israël »[18], et en se basant sur des versets coraniques, il a expliqué comment les « juifs sont maudits » et « exclus éternellement de la miséricorde d’Allah »[19] ! Omar Abdelkafy est interdit de résidence en Egypte. Il n’est plus non plus le bienvenu aux Emirats Arabes Unis depuis novembre 2014, depuis que ce pays a mis les Frères Musulmans, ainsi que l’UOIF sur la liste des organisations terroristes.

Dans une autre vidéo en arabe, datant du 18 janvier 2015, il laisse libre court à son consiprationnisme décomplexé pour disculper l’islamisme jihadiste de toute responsabilité, en expliquant que l’attentat de Charlie Hebdo, survenu dix jours avant, n’est qu’une « deuxième mise en scène complotiste »[20]. La première, selon lui, ce « sont les attentats du 11 septembre 2001 »[21]. Ce cheikh, défendant de tels discours moyenâgeux, concernant le voile, et ultra culpabilisant pour les jeunes filles et pour leurs mamans, ainsi que d’autres discours résolument anti-juifs et conspirationnistes est venu jusqu’à Lille pour professer « sa » parole face aux élèves séparés, filles d’un côté et garçons de l’autre au Collège-Lycée Averroès. Il était accompagné d’un traducteur fiable : Amar Lasfar[22] pour ne pas le nommer. Omar Abdelkafy aura l’occasion de discourir par deux fois, ce long week-end à Seine-Saint-Denis autour des thèmes : « Une foi qui transforme »[23] et « Ambassadeur de sa foi »[24] !

Un autre frère fait partie du casting 2016 de l’UOIF. Il s’agit d’un islamiste soudanais, habitué du RAMF. En Occident, il développe une image de modéré, de poète mais sur fond idéologique résolument frérosalafiste, jihadiste, pro-Hamas et contre l’existence d’Israël. Il s’appelle Issam Al-Bachir. Il occupe le poste de secrétaire général adjoint de l’UISM (Union internationale des savants musulmans) que préside Youssef Al-Qaradawi [25]. Le 7 février 2012, Issam Al-Bachir a signé un communiqué, à côté de 106 sommités islamistes et frérosalafistes, à l’échelle internationale appelant, entre autres, à la rébellion contre le régime syrien, encourageant la désertion, et interdisant, via une fatwa, aux forces de la police et de l’armée syrienne de continuer à travailler sous les ordres de Bachar Al-Assad. Ce communiqué avait appelé aussi à soutenir l’armée libre syrienne, par tous les moyens possibles, et les milices combattant le régime [26]. Aussi, un peu plus d’une année plus tard, en juin 2013, le même Issam Al-Bachir a signé le communiqué d’appel au jihad armé en Syrie, lors d’un congrès frérosalafiste [27] réuni au Caire, quelques semaines seulement avant la chute de Mohamed Morsi.

Par ailleurs, en août 2014, il a prononcé un prêche, durant environ 40 minutes, intitulé : « L’homme de la Palestine » (إنسان فلسطين), retransmis en direct par six chaînes satellitaires, rappelant les standards idéologiques fréristes concernant la Palestine. Il n’a cessé de glorifier le jihad armé du Hamas et ses roquettes Al-Qassam. Il a appelé à utiliser toute forme de jihad possible pour soutenir les palestiniens jusqu’à ce que la Palestine, toute la Palestine, soit libérée : « de la Mer jusqu’au Jourdain » disait-il. Et Israël, on en fait quoi ? Il rappela à son auditoire cette citation qu’il attribua au cheikh Amin al-Husseini, le mufti de Jérusalem qui avait rencontré Hitler en 1941 : « La Palestine n’est pas une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Il loua le courage des combattants fréristes qui « enseignent », selon ses dires, le vrai sens de « l’homme ». Son appétit pour l’usage des armes – normal pour un frère musulman évoluant sous l’ombre de deux épées croisées – trouva par moment une tonalité « poétique », lorsqu’il chanta ces vers du poète abbasside Abou Tammam (806 – 846) :

« L’épée est plus véridique que les livres

Son tranchant sépare l’important du frivole

C’est l’éclat de la lame et non le noir du parchemin

Qui dissipe le doute de l’incertitude »[28] !

Le frère musulman soudanais Issam Al-Bachir est appelé à la tribune, le vendredi 13 mai à 17h25, pour inaugurer le 33ème RAMN de l’UOIF avec un discours intitulé : « Radicalisation : Des concepts à corriger ». No comment !

Toutefois, les discours radicaux ne sont pas uniquement le propre d’islamistes internationaux. En février dernier, Rateb Nabulsi fut déprogrammé parce que l’on a prouvé qu’il avait appelé à tuer les homosexuels. Mais que pensent les frères musulmans de l’UOIF au sujet de l’homosexualité ? Quelle approche ont-ils à ce sujet ? Comment considèrent-ils les textes religieux sur lesquels Rateb Nabulsi basent ses fatwas ? Pour en savoir plus, il faut sonder les sous-sols et remonter le temps, quinze ans auparavant, jusqu’en 2001. Les frères musulmans français et européens avaient organisé un séminaire sur le thème : « Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? »[29], organisé par le département « Prédication et présentation de l’islam » de la FOIE (Fédération des organisations islamiques en Europe), la branche européenne du Tanzim international des Frères Musulmans. Ce séminaire avait rassemblé à Genève, autour du frère franco-tunisien Mohamed Karmous – le président de la LMS (Ligue des musulmans de Suisse) – d’autres islamistes comme Ahmed Jaballah.

Ce dernier avait présenté un exposé en arabe intitulé, je traduis : « Impacts du contexte européen sur l’éducation de nos enfants ». Dans un axe intitulé : « Défis du contexte européen » il a exposé sept défis majeurs qui représentent, selon ses dires « des facteurs de pression influençant négativement l’éducation des enfants ». Parmi ces défis, je cite le troisième dans l’ordre : « La consécration, au sein de la société, d’une conception de la liberté et du droit à la différence qui empêche la personne d’exposer, sans gêne, son opinion vis-a-vis de questions qui contredisent les valeurs et principes auxquelles cette personne croit ». Pour expliciter son propos, il dit : « Par exemple, la déviance sexuelle que certains défendent au nom de la liberté individuelle, ses opposants éprouvent, eux, une difficulté et une gêne pour exprimer ce qu’ils en pensent. Car ils seront taxés d’intolérance et de volonté d’imposer un autre cadre moral à la société »[30].

Par « déviance sexuelle », il faut entendre : homosexualité. Car le Frère musulman Ahmed Jaballah, ex-président de l’UOIF avant Amar Lasfar et directeur de l’IESH-Paris, n’utilise pas l’équivalent de l’homosexualité en arabe. En effet, l’équivalent de l’homosexualité en arabe est l’expression : « al-mthliya al-jinssiya » (المثلية الجنسية). Ahmed Jaballah préfère lui, quand il parla en arabe, à côté du Lac Léman, d’utiliser la même terminologie que Rateb Nabulsi et que Youssef Al-Qaradawi, à savoir l’expression : al-Shoudhoud al-Jinssi (الشذوذ الجنسي) que l’on peut traduire par « déviance sexuelle ». L’homosexualité est assimilée à une déviance. Lorsqu’il était encore président de l’UOIF en 2013, il avait expliqué les raisons qui motivent la position de l’UOIF à s’opposer à la loi « mariage pour tous » en ces termes au sujet de l’homosexualité : « Non seulement c’est contre nature, mais c’est aussi contre ce qui est écrit dans le Coran »[31]. A lire certaines déclarations récentes de son successeur à la tête de l’UOIF, l’on croirait vraiment à cette fable racontée par Amar Lasfar lorsqu’il a dit : « Notre charia, c’est la loi de la République »[32]. Qui croire donc au sein de l’UOIF ? Le frère fidèle à l’idéologie des Frères Musulmans et qui fait de sa compréhension salafiste du Coran un préalable à l’acceptation de toute loi républicaine ? Ou bien celui qui sort de son chapeau des « éléments de langage » marketing, au gré des saisons et des interlocuteurs ? Qu’est-ce qui diffère, au fond, la position d’Ahmed Jaballah et celle du syrien Rateb Nabulsi concernant la question de l’homosexualité ?

Ahmed Jaballah s’associera à Tariq Ramadan, ce vendredi à 19h35, pour répondre à une autre question : « Comment bien être ensemble ? Les conditions de la réussite ». Il exposera seul, le samedi à 15h, autour du thème : « La fraternité et l’unité : principes fondamentaux de l’islam ». Le samedi, à 17h, il s’assoira à côté de la sœur villeneuvoise Hela Khomsi pour discourir autour de : « La foi face aux épreuves ». Le dimanche, à 16h55, il donnera une conférence sur le thème de : « La jurisprudence de la famille musulmane dans notre contexte ». Un titre qui rappelle quelques notions du colloque suisse de 2001. L’on ne sait pas s’il a évolué (ou pas) depuis sur cette question. Peut-être l’on saura davantage en lui posant la question directement. Peut-être, il va falloir attendre le communiqué de l’UOIF qui serait daté le 17 mai, le lendemain de la fin du 33ème RAMN, correspondant à la Journée internationale contre l’homophobie et la transophobie[33].

Ainsi, le vendredi 13 mai, six mois jour pour jour après les attentats du vendredi 13 novembre – La France est toujours en état d’urgence – s’ouvre au parc d’exposition Paris-le-Bourget, le 33ème RAMF des Frères Musulmans de l’UOIF où de nombreuses branches sont représentées : La branche soudanaise par Issam El-Bachir. La branche libanaise par l’imam Khalid Zakaria. La branche égyptienne par Omar Abdelkafy. La branche denaisienne par Hassan Iquioussen et son fils. Et la branche parisienne par l’incontournable Ahmed Jaballah. Ils seront « ensemble », « tous », « frères », « sœurs » et « unis » pour avancer sous couvert de lutte contre la radicalisation, mais tout en se servant d’orateurs capables de prêcher la radicalité sous emballage séduisant et parfois poétique. Ces « animaux politiques » aguerris peuvent dire la chose et son contraire. L’habillage change mais l’essence est inchangeable. Tel un loup qui mue chaque année mais qui reste toujours gris, comme disent les russes. Mais qui arrêtera « la meute » ?

Mohamed Louizi

Pour voir la liste des intervenants. 

[1] https://www.ramf-uoif.fr/#section-uoif

[2] https://www.ramf-uoif.fr/programme-de-rencontre/

[3] https://www.ramf-uoif.fr/

[4] http://www.liberation.fr/france/2016/04/29/l-uoif-travaille-le-vivre-ensemble_1449614

[5] https://blogs.mediapart.fr/mohamed-louizi/blog/250116/7-fevrier-un-doigt-d-honneur-de-l-uoif-la-republique

[6] http://www.la-croix.com/Religion/Islam/Le-rassemblement-de-l-UOIF-a-Lille-fera-l-objet-d-une-totale-vigilance-2016-02-02-1200737058

[7] http://www.levif.be/actualite/belgique/les-freres-musulmans-sous-traitent-la-radicalisation/article-normal-458719.html

[8] http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/05/31003-20160205ARTFIG00415-uoif-freres-musulmans-salafisme-le-dessous-des-cartes.php

[9] https://www.facebook.com/mohamed.louizi/posts/10209271354125824

[10] https://www.facebook.com/mohamed.louizi/posts/10209311470528709

[11] http://m.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-un-imam-controverse-invite-d-honneur-de-la-ia50b12891n1080217

[12] http://lelab.europe1.fr/ce-selfie-de-bernard-cazeneuve-avec-le-president-de-luoif-et-un-imam-de-nice-qui-enerve-le-fn-2706025

[13] http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/10086

[14] http://www.saphirnews.com/Adieu-Cheikh-Faysal-Mawlawi_a12583.html

[15] Lire en arabe ici l’intégralité de la fatwa de Youssef Al-Qaradawi et de celle de Fayçal Mawlawi à ce sujet : (http://www.palqa.com /أسئلة-مهمة-جداً/هل-العمليات-الاستشهادية-ضد-الصهاينة-ف-2/) et en français ici :

[16] https://www.facebook.com /مسجد-الروضة-طرابلس-لبنان-255349917868050/timeline

[17] Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=ZA6D-AEy544

[18] https://www.youtube.com/watch?v=ovou16z7dVI

[19] Une vidéo de presque une heure et demi : https://www.youtube.com/watch?v=ovou16z7dVI

[20] https://www.youtube.com/watch?v=Zo5eZ0XJ9EM

[21] https://www.youtube.com/watch?v=Zo5eZ0XJ9EM

[22] https://www.youtube.com/watch?v=SpPpWkjj-n8

[23] https://www.ramf-uoif.fr/programme-de-rencontre/

[24] https://www.ramf-uoif.fr/programme-de-rencontre/

[25] http://iumsonline.org/ar/aboutar/laaad/lshykh-aasm-lbshyr/

[26] Lire en arabe ici : http://www.islamtoday.net/albasheer/artshow-12-162869.htm

[27] https://www.youtube.com/watch?v=kIsL6gGUxgY&feature=youtu.be

[28] Traduction trouvée sur Internet, extraite du livre : Les sources du muwaššaḥ andalou & traité sur le zağal: du chant mésopotamien, de son auteur Michel Nicolas.

[29] FOIE, Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? (en arabe), Editions FOIE, MEDIACOM, 2002, 141 page.

[30] FOIE, Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? (en arabe), Editions FOIE, MEDIACOM, 2002, p.33.

[31] http://www.courrierinternational.com/article/2013/05/30/la-mosquee-gay-friendly-n-a-pas-que-des-amis

[32] https://www.youtube.com/watch?v=o_NNbeRQxVc

[33] http://www.homophobie.org/

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DE QUOI LA QUENELLE AU SÉNAT EST-ELLE LE NOM ?

De quoi la quenelle au Sénat est-elle le nom ?

De quoi la quenelle au Sénat est-elle le nom ?

09.05.2016Mohamed Louizi

Ils l’ont fait, au sein du Sénat, en octobre 2013. Leur passage dans ce lieu symbolique de la République a été immortalisé, entre autres, par une « quenelle », en bonne et due forme, visiblement à l’honneur de Dieudonné M’bala M’bala. Cette quenelle au Sénat, était-ce un sacre de l’insolence ? Everest de l’insouciance ? Ou au contraire, un bras de déshonneur lancé à la face d’une République qui se rétrécit jour après l’autre ? Lorsque l’on sait que cette institution majeure de l’Etat, chambre haute du parlement, symbole du pouvoir législatif, et dont le président pourrait assurer, selon les articles de la Constitution en vigueur, la présidence de la République par intérim, cette quenelle prend le sens au moins d’une « profanation » préméditée de ce haut lieu de la République !

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Cette photo a défrayé la chronique, timidement somme toute, dans le territoire du denaisis lors des élections municipales de 2014. Une liste de l’opposition l’a utilisé contre la liste de la majorité. Le temps d’une campagne électorale. Mais seulement le temps d’une campagne électorale. Et puis, c’était tout. Du côté de la rue de Solferino, aucune sanction à ma connaissance. Car au moins trois personnes qui y figurent étaient candidates du parti socialiste et Divers Gauche à Denain, Escaudain et Haveluy pour devenir conseillers municipaux. Ils demeurent toujours très actifs au sein de l’instance de direction de la fédération nord du MJS (Mouvement de la jeunesse socialiste). L’un d’eux est Soufiane Iquioussen, fils aîné du frère musulman Hassan Iquioussen (UOIF), prêcheur de renommé mais aussi homme d’affaires très discret, fondateur de l’association frériste JMF (Jeunes musulmans de France) et qui se distingue par des propos sectaires et anti-juifs, diffusés sur la toile et accessibles à tous. De telles positions n’avaient pas empêché, pour autant, les dirigeants du Lycée Averroès de l’engager, durant quelques semestres, comme professeur de … l’éthique musulmane !

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Une quenelle est « conçue » pour faire mal. Là où cela pourrait faire mal. Celle exécutée au Sénat provoquerait chez tout républicain qui s’assume, quelque soit sa sensibilité politique, sa philosophie de vie ou sa religion, une douleur profonde indescriptible car révoltante. L’on ne sait pas si cette quenelle avait eu, au moment de son exécution préméditée, une signification particulièrement anti-juive. Le présent article n’examinera pas volontairement cette piste, même si des indices matériels concordants pourraient créditer cette hypothèse sérieuse. Car au-delà du caractère incontestablement condamnable, cette quenelle exprimerait un rejet global de tout un cadre institutionnel : République, Démocratie et Laïcité. Plus « profond » encore, elle serait, à elle seule, l’expression d’un « glissement » doux – sans jeu de mot et sans vulgarité aucune – qu’opère l’islamisme en infiltrant graduellement et en sous-main des formations politiques vieillissantes et qui, par absence de courage politique, de vision imaginative, et par crainte de disparaître, choisissent opportunément le clientélisme électoral, cautionnent le communautarisme et pactisent avec le frérisme islamiste conquérant.

La République souffre. Comprendre sa douleur, non pas au sens de constater simplement l’étendue de ses échecs, mais au sens de mettre la main sur les racines de ces échecs, pourrait l’aider à se relever et à opposer l’espérance laïque de Jean Jaurès, rédigée dans la douleur aussi en décembre 1905, à l’un des maux du siècle : l’islamisme, celui qu’avait promu Hassan Al-Banna depuis 1928 et qui trouve en France, étrangement, un terreau fertile et des connivences insoupçonnées.

Du projet « Garage solidaire » à la quenelle au Sénat

Denain, une commune dans le bassin minier du Nord de la France, est l’une des villes les plus pauvres de l’hexagone. Presque tous les voyants sociaux sont au rouge vif. En 2012, selon l’INSEE, le taux de chômage dans cette commune était de 31,2 % alors qu’il s’établissait à 9,9 % à l’échelle nationale. 42,3 % de la population denaisienne est pauvre, contre une moyenne de 13,9 % à l’échelle nationale. Le revenu médian annuel s’élevait à 12 940 € alors qu’au niveau national, ce revenu s’établissait, la même année, à 19 740 €[1].

Ali Janan, référent social au CCAS (Centre communal d’action sociale) à Escaudain, une commune voisine, constate depuis plusieurs années les effets désastreux de cette crise sur le marché de l’emploi et notamment chez les jeunes. Partant de ce constat alarmant, il décida de créer une association, loi 1901, avec quelques jeunes du bassin minier dont la plupart étaient au chômage et bénéficiaient du RSA (Revenu de solidarité active), pour les redynamiser et pour imaginer ensemble des projets créatifs d’emplois. L’association « Convergences plurielles », association loi 1901, fut créée le 21 janvier 2010[2]. Ali Janan a assuré la fonction de président jusqu’en 2014. En 2012, il a occupé le poste de trésorier de l’association « Iris Environnement », active dans l’insertion professionnelle. Soufiane Iquioussen a rejoint l’association « Convergences plurielles » en 2012 aussi, en qualité de secrétaire.

Le diagnostic systémique d’Ali Janan et de son équipe les amènent à identifier l’absence de la mobilité comme un facteur majeur handicapant pour trouver un travail. Cette mobilité est davantage fragilisée au regard des revenus très modestes des personnes sans emplois. Certains n’ont pas les moyens pour s’offrir une voiture. D’autres véhiculés, ont du mal à entretenir la mécanique de leurs véhicules aux prix proposés par les professionnels. Ils se tournent alors vers la mécanique clandestine proposant des tarifs dérisoires mais sans aucune garantie technique. Ali Janan et son équipe considéraient alors que le simple fait de pouvoir réparer sa voiture, ou d’en acheter une d’occasion et sans vice technique caché, devient un levier majeur de création d’emploi. L’idée de créer un « garage solidaire » est née. D’autres idées « solidaires » étaient sur la table : « Transport alternatif », « Maison communautaire », etc.

Fort de ses connaissances, de son expérience dans le social et de ses compétences professionnelles, le président de « Convergences plurielles » se pencha, des mois durant, sur la conception théorique du projet, sur la description et la formulation de son processus et sur sa budgétisation souhaitée par les différents acteurs publics. Le projet « garage solidaire », dont quelques expériences existent ailleurs, visait deux buts majeurs : Premièrement, créer des emplois directs, en faveur d’une dizaine de jeunes, qualifiés ou apprentis en mécanique automobile, qui porteront ce projet. Et deuxièmement, favoriser la création d’emplois indirects, en activant le levier de la mobilité et en aidant les personnes en difficulté, à acquérir des véhicules d’occasions pas chers, entre 1 000 € et 1 500 €, ou à réparer leurs véhicules, par des professionnels et avec des garantis techniques, à des prix bas, dans le cadre d’un dispositif non soumis à la concurrence, géré en amont par les services sociaux et Pôle Emploi. Dans la pratique, la personne se trouvant dans la difficulté contacte le CCAS et lui fournit des pièces justifiant sa situation. Après étude, il obtient une attestation justifiant la prise en charge de la réparation de son véhicule dans le « garage solidaire ». Soufiane Iquioussen assurait la mission de communication autour de ce projet.

Conscient des tentatives de récupération politicienne réelle de ce projet par quelques formations politiques à des fins électoralistes, Ali Janan avertissait souvent son équipe d’y faire très attention. Dans son esprit, fidèlement à la définition statutaire de l’objet de son association, « Convergences plurielles » devait se concentrer sur sa seule vocation socio-économique d’insertion professionnelle, et de rester totalement indépendante et à l’abri de tout parti politique, de droite comme de gauche.

Cependant, des administrateurs de l’association, proches idéologiquement ou familialement de l’islamiste Hassan Iquioussen, ne tenaient pas compte de cette ligne de conduite non partisane. En parallèle, ils ont développé une autre activité politique au sein d’une autre association dénommée « Actions citoyennes », qui a vu le jour le 31 janvier 2012[3], à quelques mois seulement des élections présidentielles. Des enfants d’Hassan Iquioussen, Soufiane et Loqmane, ainsi que d’autres parmi ses disciples religieux assidus, à l’image du jeune converti Murcia Baptiste – pour qui Israël est « un Etat terroriste »[4] – et d’un certain Laurent Yahyaoui, ont mis en place cette structure politique pour « sensibiliser les représentants locaux sur le potentiel électoral considérable de la jeunesse »[5]. Dès sa création, l’association « Actions citoyennes » s’est approchée principalement du parti socialiste. Plusieurs parmi ses membres, comme les fils du frère musulman Hassan Iquioussen, ont intégré la fédération Nord de la MJS.

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De son côté, Ali Janan, tel un soldat de l’ombre, totalement désintéressé du jeu politique auquel se livre Soufiane Iquioussen, poursuivait la mise en place du projet et sa promotion auprès des acteurs publics pour solliciter les partenariats et les financements nécessaires à sa mise en place. La communication et la promotion médiatique, elle, était assurée principalement par son secrétaire, Soufiane Iquioussen à côté d’une autre administratrice Nejma Lazregh, une institutrice. Mais Soufiane Iquioussen savait attirer vers lui les objectifs des caméras, à tel point que l’on ne voyait presque plus que lui dans la photo et que l’on croyait, à tort, que le « garage solidaire », c’est lui. Pire encore, que le garage solidaire était porté par « Actions citoyennes » – l’association politique – et non pas par « Convergences plurielles »[6] !

Le budget prévisionnel de ce projet social s’établissait à 353 525 €. 85 % du budget a été couverte par des aides, subventions et financements publics, à tous les étages des services et institutions de l’Etat. L’argent du contribuable a été sollicité pour amorcer le projet. Il l’est toujours, via la DIRECCTE, pour payer les salaires du personnel. Le tableau ci-après synthétise les différentes sources de financement[7] :

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Les services de l’Etat, à l’échelle locale, départementale, régionale et nationale, ont cru en ce projet ambitieux et l’ont subventionné. Ce projet a gagné « le premier prix de la catégorie du concours Jeunes Talents dans l’arrondissement »[8] de Valenciennes. Il a gagné ensuite le « premier prix, cette fois-ci régional, au concours Talents des Cités »[9]. Il a remporté enfin un trophée au Sénat !

La quenelle a été exécutée ce jour-là, le 19 octobre 2013, après toutes ces récompenses et ces soutiens politiques, financiers et médiatiques, de différents acteurs publics et institutions représentatives. Exécuter une quenelle collective à ce moment précis et en ce lieu symbolique, était-ce la célébration d’un aboutissement ? Une manière de dire merci ? Ou bien une manière de dire, dans un langage jeune : « Sheh ! »[10] ?

Et dire que le PS local a soutenu … la quenelle !

Le vendredi 28 mars 2014, entre les deux tours des élections municipales, le quotidien local « L’Observateur du Valenciennois » a publié un article intitulé : « Cette photo qui secoue la sphère politique du Denaisis ». Le sujet était ces mêmes photos prises au Sénat, montrant Soufiane Iquioussen, Anas Rifki, Baptiste Murcia et Aït Hassan Ouarab, ainsi que d’autres membres de l’association Actions Citoyennes exécutant, sourire aux lèvres et trophées des Talents des Cités à la main, une quenelle ostentatoire. Les photos avaient de quoi provoquer l’indignation de tout républicain, d’autant plus que les quatre jeunes précités figuraient bel et bien comme candidats pour siéger aux conseils municipaux de trois communes voisines : Denain, Escaudain et Haveluy.

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En effet, le jeune Anas Rifki était candidat sur la liste socialiste « Denain a de l’avenir »[11] conduite par Anne-Lise Dufour-Tonini, la maire actuelle de Denain et qui est aussi députée parlementaire. Les jeunes Aït Hassan Ouarab et Baptiste Murcia étaient candidats sur la liste socialiste « Un autre avenir pour Haveluy », conduite par le maire actuel Jean-Paul Ryckelynck. Quant à Soufiane Iquioussen, il figurait sur la liste « Divers Gauche », conduite par l’ex-conseiller municipal Francis Dufour, décédé en 2015.

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Interrogés au sujet de la signification exacte d’une quenelle exécutée au sein du Sénat, juste après une récompense républicaine, ces jeunes candidats plaidaient l’innocence. Il s’agirait, selon eux, d’une « photo prise dans un moment d’euphorie », rapporte le quotidien. Soufiane Iquioussen avait déclaré, je cite : « On ne peut pas nous punir pour quelque chose dont on ne connaissait pas encore la signification au moment des faits », c’est-a-dire, le 19 octobre 2013 !

Par conséquent, il est légitime d’examiner, si oui ou non, Soufiane Iquioussen disait vrai et ignorait à ce point la symbolique d’un geste largement connu, surtout chez les jeunes d’une frérosphère conditionnée pour aduler le Hamas et la Palestine et haïr les juifs et l’Etat d’Israël. En plus, lorsque l’on est le fils aîné d’un Hassan Iquioussen dont l’engagement pro-Hamas n’est un secret pour personne et dont ses propos anti-juifs, tenus par le passé – comme par exemple celui-ci « le Hamas, avec sa branche armée, fait du bon boulot », dixit Hassan Iquioussen  – avaient indigné toute une partie de la classe médiatico-politique nationale[12], sans parler de ses engagements dans les collectes d’argent pour le compte de l’organisme frériste CBSP (Comité de bienfaisance et de solidarité aux palestiniens), faire semblant d’ignorer la signification de la quenelle paraît d’autant plus impossible que de vouloir démontrer la quadrature d’un cercle.

Par ailleurs, c’est en 2005 que le geste de la quenelle a été exécuté, pour la première fois, dans un spectacle de Dieudonné M’bala M’bala. En avril 2006, Dieudonné avait fait son apparition au congrès annuel de l’UOIF au Bourget[13]. Lors des élections européennes de 2009, le Parti Antisioniste regroupant Dieudonné, Alain Soral et Yahya Gouasmi, entre autres, a choisi une célèbre affiche, qui a fait le tour de la toile, où Dieudonné exécutait une quenelle on ne peut plus expressive. En avril 2009, Dieudonné était reçu, une nouvelle fois, au congrès annuel de l’UOIF[14], accompagné d’Alain Soral. Lors des élections législatives de 2012, Dieudonné était candidat à la deuxième circonscription d’Eure et Loire. L’affiche choisie le montrait avec sa chèvre « biquette », exécutant, sourire aux lèvres, une quenelle insolente. Etait-ce possible que Soufiane Iquioussen pourrait ignorer à ce point la quenelle et sa symbolique ?

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Aussi, la chronologie têtue de certains événements survenus bien avant le 19 octobre 2013, concernant les Iquioussen, père et fils, laisse songeur. En septembre 2011, Alain Soral avait reçu de la main de Dieudonné son trophée : une « quenelle d’or » pour récompenser son roman « Comprendre l’empire ». Deux semaines plus tard, avant le 1er octobre 2011, Hassan Iquioussen s’est associé à Alain Soral, sur une affiche annonçant la tenue d’une conférence commune intitulée : « France/Banlieues : Le choc programmé ».

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En mai 2013, cinq mois avant la récompense du Sénat, le jeune Anas Rifki a publié sur son profil Facebook une photo de lui avec le rappeur Médine et … Soufiane Iquioussen. Anas Rifki avait accompagné cette publication par un commentaire : « Je vous présente notre nouveau membre d’Actions Citoyennes ! Vous l’aurez toutes et tous reconnu : Médine » !

Le même Médine[15] avait mis sur la toile, en juin 2013, un clip intitulé : « Freestyle Booska-Oracle »[16] où il chante, je cite : « … On sait plus où ça commence comme une querelle corse. Mais on sait qu’ça se finira, par une quenelle d’or ». Certainement, un petit clin d’œil au trophée espéré « la quenelle d’or » de Dieudonné. Car Médine connait très bien Dieudonné à tel point que ce dernier est presque le sujet principal de divergence entre Médine et Pascal Boniface, son co-auteur du livre : « Don’t Panick ». Alors que Pascal Boniface tente de marquer ses distances avec Dieudonné, Médine prend sa défense et relativise ses dérapages. Dans une vidéo datant de novembre 2012, Médine défendait Dieudonné en ces termes, je cite : « Dieudonné a plus contribué à désamorcer des sujets sensibles comme le racisme, plutôt que l’inverse. Plutôt que de créer du racisme »[17]. Le 13 octobre 2013, une semaine avant le trophée du Sénat, Médine posta sur son profil Facebook une photo de lui exécutant une quenelle et un message, je cite : « On sait qu’ça se finira, par une quenelle d’or ». Le 31 décembre 2013, deux mois plus tard, Médine posta une nouvelle quenelle sur sa page Facebook avec ce message : « L’année dernière à la Main d’Or. Cette année à Londres devant la réplique du mur de séparation de Bethlehem … » !

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Par conséquent, comment serait-il possible que Soufiane Iquioussen – en présence de tous ces éléments factuels concernant la proximité de son père avec Alain Soral, la proximité de l’UOIF avec Dieudonné et Alain Soral, et sa propre proximité avec Médine, dans le cadre de l’association Actions Citoyennes – puisse ignorer le sens, la signification et la symbolique de cette quenelle exécutée, sourire aux lèvres, au Sénat ? Peut-être « biquette » aurait une explication ! Quant à la section locale du PS, elle ne semblait pas tenir compte de tous ces antécédents. Pourquoi ?

Interrogé par la presse pour savoir « quelle sera l’attitude de la municipalité et du PS à l’égard d’Anas Rifki ? », candidat à Denain, Yoann Senez, l’actuel directeur de cabinet de la députée-maire socialiste Anne-Lise Dufour-Tonini avait répondu sèchement : « Le soutien est total », en évoquant à son tour son ignorance de la signification de la quenelle, et en plaidant en faveur de la « bonne foi » des candidats d’Actions Citoyennes, présents dans les listes socialistes entre autres. Mais Yoann Senez ne pouvait ignorer le contenu d’un courrier daté du 18 mars 2014, quelques jours avant le premier tour des élections, adressé par Ali Janan – président de l’association Convergences Plurielles jusqu’au 25 février 2014 et n’adhérant à aucun parti politique – aux élus locaux, dénonçant la posture de Soufiane Iquioussen, ses méthodes et sa quenelle, photo floutée à l’appui.

Dans ce courrier, la dénonciation de Soufiane Iquioussen est implacable. L’on peut y lire : « Il encourage et sublime ses troupes en utilisant le discours religieux : De la pure escroquerie spirituelle » ; « Il est capable de s’autoproclamer chef d’entreprise … alors qu’il n’est qu’un chômeur qui vient de bidouiller un poste de chargé de mission à la Mairie de Denain sans les compétences ni les diplômes pour ce poste par ailleurs » ; « Il mélange la politique, le religieux et l’action sociale ». Au sujet de la quenelle, Ali Janan écrit : « Comme vous pouvez le constater dans la photo et après avoir dupé bons nombres de collaborateurs, de partenaires et « d’amis », il s’en prend à un des symboles de la République : Le Sénat. Le lauréat talent de la quenelle : C’est bien lui … ». Le socialiste Yoann Senez ne pouvait ignorer aussi cette autre phrase : « Il va user de subterfuge pour se sortir de cette impasse par un mea culpa, dénoncer un complot, une conspiration ou autre ruse dont il a le secret » ni cette dernière conclusion : « Pour ces impostures, ces prétentions, ces mensonges, ces artifices, je tiens à mettre en garde tous les acteurs qui se trouveront sur son chemin ». Au lieu decouter cet avertissement sans complaisance, le PS local a préféré : « Le soutien total ». Pourquoi ?

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Selon « L’Observateur du Valenciennois », le Parquet de Valenciennes avait indiqué se réserver le droit « d’ordonner une enquête » et de « se poser la question de l’opportunité des poursuites au retour de celle-ci. Car s’il existe un flou juridique autour de la quenelle, le lieu et les circonstances dans lesquelles ce geste a été produit peuvent être déterminants de sanctions pour ses auteurs » avait ajouté son porte-parole. Deux ans plus tard, qu’en est-il de cette enquête judiciaire ? Qu’en est-il des sanctions ?

Le Monde du 10 janvier 2014 avait posé la question « Quelle sanction pour une quenelle ? » Dans cet article, l’on apprend, je cite : « Un éducateur de Seine-et-Marne a été licencié pour avoir posé pour une photo en faisant une « quenelle » en présence d’enfants. Deux militaires pris en photo faisant une « quenelle » devant une synagogue rue de Montevideo dans le 16e arrondissement de Paris ont été sanctionnés en septembre 2013. Quatre serveurs d’une boîte de nuit lyonnaise ont été mis à pied en décembre pour le même motif. Fin décembre, le PDG de la Compagnie des Alpes, société propriétaire du Parc Astérix, a condamné « avec la plus extrême fermeté », les photos montrant deux visiteurs, et apparemment deux employés du parc, faisant ce geste en costumes d’Astérix et Obélix. Le parquet de Toulouse a ouvert le 13 décembre 2013 une enquête après la diffusion sur Internet d’une photo d’un individu faisant une « quenelle » devant l’école juive où Mohamed Merah a assassiné un enseignant et trois enfants juifs. »[18].

Une quenelle devant une synagogue à Bordeaux a coûté 1.500 € à un homme de 28 ans[19]. Le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) avait mis en garde Canal+, en janvier 2014, suite à la diffusion du Petit Journal des images d’un « spectateur présent dans le public » et qui « a effectué à plusieurs reprises un geste qualifié de quenelle, lequel est communément interprété comme promouvant des comportements discriminatoires.»[20]. Le joueur international Nicolas Anelka, suite à sa quenelle, a été condamné par la Fédération anglaise de football à : « Cinq matches de suspension, une amende de 97.000 € et un stage éducatif »[21]. Le basketteur Tony Parker s’est excusé d’avoir publiée une photo de quenelle[22], etc.

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Au sujet de la quenelle au Sénat, qu’en est-il réellement de l’enquête promise par le Parquet de Valenciennes ? Pourquoi le PS n’a envisagé aucune sanction ? De quel droit n’importe qui pourrait être sanctionné et condamné à cause d’une quenelle, en présence de certaines circonstances atténuantes, alors que les « Iquioussen » et leurs acolytes, en présence de nombreuses circonstances aggravantes et des antécédents incontestables, ne semblent pas être inquiétés, bien au contraire, ils sont soutenus, récompensés et promus politiquement au sein de quelques formations politiques de gauche, principalement ?!

Certes Soufiane Iquioussen n’a pas été élu à Escaudain. Mais le jeune Anas Rifki a été élu conseiller municipal à Denain et promu « conseiller délégué chargé de la jeunesse »[23]. Le jeune Hassan Aït Ouarab a été élu conseiller municipal à Haveluy et promu « conseiller délégué au logement, l’hygiène et l’urbanisme »[24]. Le jeune converti Baptiste Murcia a été élu lui aussi à Haveluy et promu « 2ème adjoint au maire, chargé des travaux, environnement, sécurité et santé »[25]. Ou comment une quenelle rime, pour les uns, avec sanction, et pour d’autres, avec promotion !

Et si la quenelle au Sénat n’était, en vérité, que l’expression d’une situation encore plus révoltante dans le Denaisis ? Là où l’islamisme, version UOIF, prêché par Hassan Iquioussen, ses fils et ses adeptes, a pu trouver un « territoire » propice, sur lequel il a construit une « fontaine de jouvence », juste au-dessus des ruines des puits des mines de charbon. Là-bas quelque part au-dessus des vestiges rouges d’un socialisme nordiste moribond. Hassan Iquioussen, le deuxième homme fort de l’UOIF après Amar Lasfar, fructifie dans le silence total ses « affaires » et continue de bénéficier, étrangement, de protections invraisemblables et d’une couverture médiatique plutôt conciliante. La suite de la présente enquête tente d’en dévoiler quelques aspects que des officiels ne peuvent ignorer : Chez les Frères Musulmans de l’UOIF, derrière l’imam se cache souvent le marchand du temple. Derrière l’ermite se cache souvent l’affairiste. Le denaisis n’a certes pas livré tous ses secrets. Le fera-t-il un jour ? La suite.

« La chute de l’imam »[26] ?

Rachid Sahri est un éducateur médico-social, ex-proche des Frères musulmans de l’UOIF. Il est né en 1963 à Tourcoing. Issu des quartiers populaires, il emprunta le chemin de la mosquée vers l’année 1989. A la mosquée « Ibn Taymiyya », au 59 rue du Clinquet à Tourcoing, il a rencontré pour la première fois le jeune « prêcheur des cités »[27] nommé Hassan Iquioussen, son modèle à cette époque, attiré par un discours centré sur le conflit israélo-palestinien, conçu pour capter l’attention et l’adhésion d’une jeunesse très sensible aux souffrances des autres, et prônant ouvertement une approche décomplexée, un peu de la même tonalité que cette cassette audio intitulée : « La Palestine, histoire d’une injustice »[28] où Hassan Iquioussen dit : « Il y a eu beaucoup de prophètes chez les enfants d’Israël car ils oublient souvent. Ce sont des ingrats, un peuple qui a besoin d’être rappelé à l’ordre vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Et Hassan Iquioussen de dire un peu plus loin : « Les textes aujourd’hui le prouvent. Les sionistes ont été de connivence avec Hitler. Il fallait pousser les Juifs d’Allemagne, de France… à quitter l’Europe pour la Palestine. Pour les obliger, il fallait leur faire du mal ». Pour lui : « le Hamas, avec sa branche armée, fait du bon boulot ». Rachid Sahri conclut que ce prêcheur avait trouvé un « terreau fertile pour semer les graines de la haine dans les têtes » !

Toutefois, Rachid Sahri fait remarquer qu’Hassan Iquioussen après avoir « radicalisé des esprits jeunes n’éprouve aucune gêne à se désolidariser de ses propres propos ». En témoigne ce communiqué qu’Hassan Iquioussen publia le 29 octobre 2004[29] dans lequel il dit, je cite : « Je reconnais avoir tenu des propos déplacés, je reconnais mes torts. Je condamne mes propos déplacés » ou « L’antisémitisme est une horreur » ou « Je fais une centaine d’interventions par an. Ça m’arrive de déborder, je n’ai pas de scrupules ni de honte à reconnaître mes erreurs » … Sauf que ces jeunes endoctrinés ne connaissent, en vérité, que la moitié des positions du prêcheur. Celles contenues dans sa cassette « La Palestine, histoire d’une injustice ». Mais ils ignorent, jusqu’à aujourd’hui, qu’Hassan Iquioussen, le pro-Hamas, a condamné ses propos en 2004. Le double-discours et la manipulation opèrent ainsi : montrer aux uns ce que l’on cache aux autres. Et cacher aux uns ce que l’on montre aux autres !

En 1990/1991, Rachid Sahri croisa une nouvelle fois Hassan Iquioussen à l’institut idéologique frériste l’IESH (Institut européen des sciences humaines) à Château-Chinon. Durant les quatre années suivantes, Rachid Sahri était membre assidu du cercle idéologique frériste fermé qu’animait Hassan Iquioussen dans un appartement à Villeneuve d’Ascq. Il n’a jamais prêté allégeance à la confrérie. Selon lui, Hassan Iquioussen n’encourageait pas ses disciples, même lorsqu’ils sont prêts, à prêter allégeance aux Frères Musulmans. Et ce, pour garder sa prise sur eux, semble-t-il, leur permettre de ne pas être associés à l’UOIF, et de passer incognito dans les différentes sphères associatives et politiques, même s’ils portent en eux l’idéologie islamiste : « Jamais la souris ne confie à un seul trou sa destinée », disait justement un proverbe latin.

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Très actif dans le milieu associatif, notamment à JMF (Jeunes musulmans de France), Rachid Sahri créa, dès l’année 1994, l’association « Rencontres et Dialogue » qui demeure depuis cette date, le levier associatif principal sur lequel s’appuie le frère Tariq Ramadan dans les Hauts de France. A cette même époque il cofonda, avec Amar Lasfar, l’instance CIR (Conseil Islamique Régional). Un peu plus tard, en 1997, il cofonda avec Ahmed Miktar, l’actuel président des imams de France, le « Département d’action sociale » à la mosquée de Lille-Sud et y demeura très actif durant trois années consécutives. Entre 2008 et 2010, il a présidé le comité des parents delèves au Lycée Averroès, domicilié à cette époque, au deuxième étage de la mosquée de Lille-Sud dont le recteur se nommait Amar Lasfar. En 2010, il a cofondé le CIMR (Collectif des institutions musulmanes de Roubaix)[30] et a assuré la fonction de président et de porte-parole durant une longue période. Durant plusieurs années, il fut bénévole au Secours Islamique. Aujourd’hui, il se définit comme étant « acteur citoyen d’utilité publique et non partisan ».

Par ailleurs, sa relation avec Hassan Iquioussen est passée par plusieurs étapes. D’abord, charmé par son discours « branché », il lui témoigna de l’admiration. S’en suit une relation maître-disciple, entraînant dans son sillage d’autres jeunes aux profils similaires. Puis une relation fraternelle limite fusionnelle, doublée d’une fortification des liens familiaux. Ensuite une désillusion et une déception, débouchant, enfin, sur une dénonciation publique assumée, preuves à l’appui, de 2009 à 2012. Son témoignage est éclairant à plus d’un titre …

Rachid Sahri se souvient de cette « musique » que murmura Hassan Iquioussen aux oreilles de ses disciples : « Construire des projets ambitieux pour l’islam et l’Oumma islamique ». Le prêcheur se servit de ses connaissances religieuses pour assoir son autorité, collecter des fonds, endoctriner les jeunes et semer les graines islamistes et antijuives dans les têtes. Séduit par un discours d’apparence « courageux et sans concessions », Rachid Sahri succomba à son charme à tel point qu’il l’hébergea chez lui à Roubaix, lui et ses enfants, pendant plusieurs mois lorsque le frère prêcheur réaménageait un grand bâtiment, situé au 51 rue du Général Sarrail, divisé en une dizaine d’appartements, entre 13 et 17 au total.

Rachid Sahri, bien qu’il ignore totalement l’origine des fonds qui ont permis à Hassan Iquioussen d’acquérir, étrangement, un tel bâtiment, en plein centre-ville et à 300 mètres seulement de la Mairie de Roubaix, n’a ménagé, par ailleurs, aucun effort pour que ce projet locatif puisse prendre forme. Il a participé activement aux travaux de rénovation et a géré, par la suite, tel un syndic, le quotidien pas très gai de locataires bénéficiant des minimas sociaux. Un choix, semble-t-il, d’un Hassan Iquioussen qui « préférerait, aux actifs salariés, les précaires bénéficiant de l’aide personnalisée au logement, versée par la CAF » directement à Hassan Iquioussen. Rachid Sahri était au front lorsque ce bâtiment avait pris feu en 2007, car le prêcheur qui semblait « être en voyage à l’étranger » après l’incendie, lui a délégué le pouvoir de le représenter auprès des différents enquêteurs de la police et les experts des assurances.

Dans les archives de « La Voix du Nord », un article rappelle les conditions et les conséquences de cet incendie, en ces termes, je cite : « […] Dix personnes intoxiquées. Le feu a été allumé au rez-de-chaussée de l’immeuble. Il aurait pu avoir des conséquences dramatiques, si l’alerte n’avait pas été donnée très rapidement par un voisin éveillé malgré l’heure tardive. Les policiers de la brigade anticriminalité, arrivés les premiers sur place, ont alors déclenché leur sirène au maximum d’intensité afin de réveiller les occupants de l’immeuble. Certains de ces agents ont participé aux premières opérations d’évacuation de victimes tandis que les fumées envahissaient les cages d’escalier. Une dizaine de personnes, légèrement intoxiquées, ont dû être hospitalisées, dont trois policiers ayant participé aux évacuations. Les occupants du n°51 ont été pris en charge, mais les occupants des immeubles voisins, les numéros 53 et 55, ont également été évacués. Sept des victimes ont été transportées au centre hospitalier Victor-Provo, trois autres à l’hôpital Calmette de Lille. L’incendie a mobilisé une douzaine de véhicules de secours, des hommes venus des casernes de Roubaix, Tourcoing et Villeneuve-d’Ascq, et le renfort du SMUR […] »[31].

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« Ce n’était pas un léger incendie », se souvient Rachid Sahri qui avait été entendu par la police. « Les dizaine d’appartements locatifs considérés n’étant pas aux normes. Ils étaient presque insalubres » auraient conclu des experts des assurances. Une conclusion qui ne plairait certainement pas à la CAF qui versait quelques milliers d’euros au propriétaire tous les mois. Quelques années plus tard, Rachid Sahri s’est rendu au commissariat pour prendre des nouvelles de la suite de son audition. A sa grande surprise, il a découvert « qu’il n’y a aucun dossier en cours au sujet de cet incendie » tristement mémorable. Connaissant l’état des locaux et la précarité des locataires, il s’étonne que dix ans plus tard, aucune enquête judiciaire n’a été diligentée contre Hassan Iquioussen. Seul constat, le bâtiment est toujours fermé, condamné et interdit d’exploitation. Hassan Iquioussen a-t-il eu un comportement comparable à celui d’un « marchand de sommeil » ? Difficile à confirmer. L’on ignore la suite donnée à cette enquête.

Lorsqu’Hassan Iquioussen avait quitté « le bisness roubaisien » pour s’installer à Lourches, après avoir acheté d’anciens bâtiments et un grand terrain, appartenant jadis à EDF (Electricité De France), il va réussir à convaincre Rachid Sahri, qui lui témoignait une confiance hors pair, pour le rejoindre s’installer en famille dans une maison appartenant au prêcheur. Hassan Iquioussen voudrait offrir cette maison à son hôte. Ce que ce dernier a catégoriquement refusé. Les deux ont finit par cosigné un bail de location. Hassan Iquioussen demanda simplement le versement direct sur son compte de l’aide personnalisée au logement de la CAF. Mais Rachid Sahri a déboursé environs 20.000 € de sa poche pour aménager cette maison et la rendre habitable.

Par ailleurs, et à en croire une promesse de longue date d’Hassan Iquioussen, les deux devaient travailler d’arrache pieds pour créer un « centre d’accueil pour familles issues des quartiers populaires, durant les vacances et les week-ends, proposant des activités et des ateliers culturels et pédagogiques, à prix abordables ». L’idée étant séduisante, comme l’est le cadre retiré de cette commune semi-rurale, Rachid Sahri céda à la tentation et rejoint son ex-maître.

Dès son arrivée, il constata que la priorité d’Hassan Iquioussen n’était plus la construction de ce centre d’accueil mais plutôt la construction de la grande maison du prêcheur : environs 480 m² bâti et un terrain de presque trois hectares. Hassan Iquioussen ne se limitait pas à exploiter la force physique de son « disciple ». Ainsi, ses bras et mains ne suffisaient pas. Il lui demanda à chaque fois de lui prêter de l’argent, beaucoup d’argent, pour avancer vite dans la construction de sa grande maison et s’occuper enfin du projet pour lequel Rachid Sahri a dû quitter la métropole lilloise, loin de tout attachement familial, loin de sa mère. Rachid Sahri, faisant confiance à Hassan Iquioussen, comme lorsqu’un « adepte » fait confiance à son « gourou », il lui prêta, dans un premier temps, toutes ses économies : une somme de 20.000 €. Encouragé par Hassan Iquioussen, il sollicita le concours d’autres « jeunes frères » pour prêter de l’argent à ce projet ambitieux. Dans son réseau d’amis, Rachid Sahri réussit à collecter une somme de 30.000 € : C’était l’addition de petites économies de quelques jeunes. En l’espace d’environ une année, Hassan Iquioussen bénéficia d’un emprunt cumulé et sans intérêts de 50.000 € de liquidités pour ses travaux de construction. Une somme qui lui a été donnée, en mains propre, par son « disciple », son « ouvrier » !

Rachid Sahri se souvient de cette enquête diligentée conjointement, paraît-il, « par les services fiscaux et la police judiciaire au sujet du transit d’une somme de quelques centaines de milliers d’euros en liquide dans les comptes d’Hassan Iquioussen ». Interrogé, le prêcheur islamiste « s’est expliqué qu’il s’agissait d’emprunts contractés sans intérêts auprès de nombreuses connaissances et amis ». Il a même livré à la police judiciaire la liste des personnes concernées ainsi que les montants correspondants à chaque emprunt. De nombreuses personnes, dont le nom figurait sur cette longue liste, ont été interrogées par les enquêteurs. Le nom de Rachid Sahri y figurait bel et bien avec la mention de 50.000 € à côté. Mais, il n’a jamais été convoqué pour répondre aux questions. Il s’étonne. Il s’étonne davantage car « il n’a été soumis à aucune procédure judiciaire contrairement à d’autres personnes qui se sont retrouvées dans la difficulté face au enquêteurs». Hassan Iquioussen poursuit, depuis, la gestion de ses affaires immobilières sans encombre. « Même un basketteur de renommée internationale n’a pas échappé au piège d’Hassan Iquioussen » me confirme Rachid Sahri.

La maison du prêcheur étant construite et achevée, Rachid Sahri pensait qu’il était venu, enfin, le moment d’entamer la mise en place du fameux « centre d’accueil ». A sa grande surprise, plus aucun son, plus aucune image d’Hassan Iquioussen. Sollicitant des explications, « les réponses du prêcheur de l’UOIF furent évasives, imprécises, incertaines et moqueuses ». Au fur et à mesure, Rachdi Sahri commence à comprendre ce qu’il désigne aujourd’hui par des termes comme « manipulation » et « escroquerie ». Plus les mois passaient, plus son désarroi s’amplifiait. Que faire ? Quoi faire ? Rachid Sahri avait compris la supercherie à ses dépens. L’habit de l’imam l’avait trompé. La barbe du frère l’avait aveuglé. Hassan Iquioussen le flattait pour utiliser sa force physique et siphonner ses économies et celles de ses amis. « Tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute » : Le tourquennois valide amèrement la morale de La Fontaine dans … Le Corbeau et le renard ! Il décida alors de demander le remboursement de son argent et retourner vivre en métropole lilloise. La désillusion était à son summum : « … Confus, il jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus » !

S’engagea alors une longue bataille de dénonciation en interne, auprès des imams et responsables de l’UOIF de l’époque, il y a cinq ans. Rachid Sahri garde dans ses archives les copies de toutes les lettres, envoyées souvent par voie recommandée avec accusé de réception. De nombreux frères musulmans, tous en poste de responsabilité religieuse et associative, à tous les étages, étaient informés : « Amar Lasfar, Fouad Alaoui, Ahmed Jaballah, Tareq Oubrou (qui est aussi beau-frère d’Hassan Iquioussen), Ahmed Miktar, Hani Ramadan, Tariq Ramadan, etc. » Rien n’y fit. Hassan Iquioussen jouissait de « l’immunité islamiste ». Les responsables de la radio roubaisienne Pastel FM, où Hassan Iquioussen prêchait tous les vendredis soir, tout comme ceux de la mosquée Bilal (rue de l’Epeule) étaient prévenus. « Difficile de mettre à l’index une notoriété religieuse possédant une assise solide à l’échelle nationale », murmuraient certains « frères » à l’oreille de Rachid Sahri pour le décourager. Ce dernier demanda une confrontation avec le prêcheur islamiste. Amar Lasfar – très proche d’Hassan Iquioussen dans l’idéologie comme dans les affaires – se disait prêt pour la mettre en place et régler, enfin, ce différend à l’amiable.

Par trois fois, Rachid Sahri et sa femme répondaient présents, en présence d’Ahmed Miktar. Par trois fois, Hassan Iquioussen était abonné absent. Au bout d’un marathon, Rachid Sahri qui s’est saigné pour rembourser ses amis, n’a pas pu récupérer la totalité des 50.000 € prêtée. Plus tard, il s’est rendu compte que la porte d’Amar Lasfar n’était pas la bonne adresse. « Hassan Iquioussen est le poulain protégé d’Amar Lasfar et l’on ne peut être à la fois juge et partie » conclut Rachid Sahri.

Ainsi, de 1989 à 2009, il a fallu presque vingt ans pour que le tourquennois découvre enfin, au-delà du discours moraliste, la vraie nature d’un homme, d’un frère musulman nommé Hassan Iquioussen qui « semble bénéficier, étrangement, d’une double-protection, en interne de l’UOIF et en externe aussi … ». Cette mésaventure est vécue comme « une injustice, une trahison et une escroquerie ». Rachid Sahri ne désarma pas. Le « Un pour tous, tous pourris ! » de Coluche est devenu son leitmotiv qu’il répéta sans cesse. Il poursuivit une dénonciation publique du prêcheur islamiste, d’abord dans une salle de fêtes à Escaudain, devant plusieurs centaines de personnes en s’appropriant le microphone, et puis, par lettres simples ou recommandées adressées à de nombreux acteurs communautaires, publics et politiques. Ainsi, il a envoyé des courriers à Jean-René Bihet, maire de Lourches, à Jacky Laure, maire d’Escaudain, à Laurent Yahyaoui lorsqu’il était président de l’association Actions Citoyennes, demeurant très proche du PS Nord tout en étant un des disciples d’Hassan Iquioussen. Des lettres ont été adressées aussi à d’autres destinataires chargés de la sécurité départementale, à l’image de Franck Olivier Lachaud, sous-préfet de Valenciennes.

Presque un an et demi après que le sous-préfet ait reçu une lettre de dénonciation, datant du 4 avril 2010, Rachid Sahri a été convoqué par les services de la police judicaire, en octobre 2011, pour être auditionné, dans le cadre d’une instruction diligentée par le Parquet contre Hassan Iquioussen. Rachid Sahri a répondu à toutes les questions qui lui ont été posées concernant les différentes sociétés immobilières du prêcheur vedette de l’UOIF, ses affaires, son argent, ses emprunts mais aussi ses manipulations et comportements incompatibles avec ses discours moralisants. Dans le procès verbal, une phrase, qu’attribue Rachid Sahri à Hassan Iquioussen, résumerait ces comportements et ce sentiment d’impunité : « Je n’ai rien à craindre, qu’il aille voir la justice ». Presque cinq ans plus tard, Hassan Iquioussen est toujours loin d’être inquiété par une Justice qui se veut être intransigeante, équitable et simplement … juste.

En juin 2012, lorsque Rachid Sahri a été informé des liens que tentent detablir la députée-maire PS de Denain, Anne-Lise Dufour-Tonini, avec le clan Iquioussen, il a pris soin de la prévenir et de l’interpeller par lettre recommandée aussi. Dans son courrier, on lit : « Je me permets de vous interpeller quant à la relation que vous avez engagée avec un membre de notre communauté Monsieur Hassan Iquioussen. Il nous a été fait part que vous avez rencontré cette personne à son domicile, autour d’un repas » ! Avant de poursuivre un peu plus loin, je cite : « Je me permets de vous interpeller quant au soutien et reconnaissance que vous apportez par cette démarche, qui fait de cette personne votre interlocuteur pour les citoyens de confession musulmane du Denaisis ». Rachid Sahri a fait part à la députée-maire de ce qu’il a nommé « manipulation, abus de pouvoir, marchand de sommeil … » !

Une alerte, on ne peut plus claire, a été adressée à l’élue socialiste denaisienne, concernant les liens de « servitude » qu’entretient l’association Actions Citoyennes avec Hassan Iquioussen. Qu’a-t-elle fait, Madame Anne-Lise Dufour-Tonini, suite à ce courrier d’alerte ? Rien.

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Hassan Iquioussen est gravement « déprécié, décrié et déconsidéré » au sein même de son propre fief, en raison de ses incohérences désormais de notoriété publique, au sein de la communauté de foi musulmane à Lourches, là où il réside, et dans certaines communes voisines comme Escaudain. Car, au bout de trois ans de dénonciation écrite, preuves matérielles à l’appui, adressées par Rachid Sahri aux administrateurs de la mosquée d’Escaudain, ces derniers ont décidé « d’exclure Hassan Iquioussen alors qu’il occupait le plein pouvoir en cumulant la fonction de président de l’association de la mosquée et la fonction d’imam ». Même dans les mosquées de Denain, il n’est pas le bienvenu. « Nul n’est prophète en son pays » dirait-on. Hassan Iquioussen ne l’est pas. Mais pas pour les raisons habituelles.

Bizarrement, il semble avoir trouvé, lui et ses fils, un havre de paix à la mairie de Denain et quelques « apôtres » socialistes à l’ombre de la députée-maire Anne-Lise Dufour-Tonini, de son directeur de cabinet, Yoann Senez, et de la MJS Nord qui fait presque un seul corps avec l’association Actions Citoyennes, asservie au projet d’infiltration islamiste des sphères du pouvoir local et national, mené par les Iquioussen et leurs acolytes. Pas uniquement pour atteindre le Tamkine, au niveau local, mais aussi pour développer leur potentiel économique et fructifier leurs affaires dans le bâtiment, dans l’immobilier et dans les voyages religieux à la Mecque et les voyages idéologiques en Turquie, en Andalousie, en Malaisie et ailleurs, pour mieux servir la cause islamiste ici. Maintenant et demain.

Il était une fois une députée PS et un prêcheur UOIF …

Inutile de décrire la nature des liens forts qu’Hassan Iquioussen et ses enfants ont réussi à établir avec des figures du socialisme dans le Denaisis. La mairie de Denain leur est désormais acquise, entre autres mairies du bassin minier. Les soutiens d’Anne-Lise Dufour-Tonini sont désormais explicites. Son attaché parlementaire à l’assemblée nationale s’appelle Mehdi Chalah[32], ami intime des Iquioussen ainsi que de ceux qui ont exécuté ostensiblement une quenelle au Sénat, et très présent dans les activités d’Actions Citoyennes. Une amitié qui se traduit par une proximité troublante avec les Iquioussen, d’autant plus que Mehdi Chalah habite à Wattrelos, situé à plus de 60 kilomètres de Denain. Un parachutage ?

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En effet, Mehdi Chalah – qui ne me semble pas être un islamiste déguisé – s’affiche à côté des Iquioussen, toujours sourire aux lèvres, dans le cadre des activités Actions Citoyennes, mais pas que. Ça ne le dérangerait pas de s’afficher avec Soufiane Iquioussen, par exemple, et son entourage à Istanbul en Turquie, avec, comme arrière plan, la Mosquée Bleue, construite sous le règne du sultan ottoman Ahmet 1er au XVIIème siècle. Là où Hassan Iquioussen, le père, a ses repères, ses contacts et l’habitude d’accompagner, depuis des années consécutives, des jeunes français marcher « sur les traces des califes ottomans», en partenariat avec le site frériste « Havre du Savoir »[33], dirigé par le frère franco-tunisien Moncef Zenati, membre du bureau national de l’UOIF, chargé de l’enseignement et de la présentation de l’islam[34]. Un pèlerinage de courtoisie ? Certainement.

Par ailleurs, Mehdi Chalah n’a que vingt deux ans. Il suit toujours des cours de droit à Lille 2 et est devenu en très peu de temps le n° 1 de la MJS Nord. Anne-Lise Dufour-Tonini l’a recruté comme attaché à l’Assemblée Nationale dès juillet 2014. Il n’avait que vingt ans. Un job qui consiste, selon La Voix du Nord à « gérer l’agenda du député, sa communication. Rédiger les questions au gouvernement, répondre au courrier, faire des notes sur les dossiers parlementaires, notamment les sujets relatifs à la commission des affaires culturelles et de l’éducation (dont fait partie Anne-Lise Dufour, ndlr), assister aux rencontres avec les ministres, gérer la réserve parlementaire »[35]. Est-il qualifié pour gérer autant de choses sans avoir aucun diplôme universitaire ? « Aurait-il des qualités et qualifications absentes chez certains diplômés de Denain ? » Une question que se posent quelques denaisiens rencontrés lors de cette enquête.

A en croire l’article précité de La Voix du Nord, Mehdi Chalah gère aussi ladite « réserve parlementaire ». Une sacrée mission, semble-t-il. Car par ceci, l’on entend la gestion d’une enveloppe de 130.000 €, en moyenne, mise à la disposition des députés pour soutenir « des investissements de proximité décidés par des collectivités locales et des activités menées par des associations »[36]. En février 2014, le site Daily Nord s’est posé cette question : « Comment nos députés [nordistes, ndlr] ont-ils dépensés leur réserve parlementaire ? ». Parmi les réponses trouvées, je cite celle-ci : « La championne du « jamais-aussi-bien-servi-que-par-soi-même » reste sans aucun doute Anne-Lise Dufour-Tonini (SRC) à Denain : une seule subvention, celle pour la réhabilitation à 130.000 euros de la salle Baudin à Denain »[37]. Alors qu’Anne-Lise Dufour-Tonini est la députée de la dix-neuvième circonscription du Nord, composée de trois cantons et de 36 communes[38], un citoyen s’étonne qu’elle « a favorisé sa propre commune où elle exerce une fonction de première magistrate en laissant le reste de la circonscription orpheline ». Ce n’est pas la légalité en soi de cet octroi qui le gêne, mais plutôt le sens politique d’avoir attribué exclusivement à la réhabilitation d’une salle municipale denaisienne la totalité de sa réserve parlementaire[39][40].

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L’étonnement de ce citoyen est à son paroxysme lorsqu’il fait remarquer que le 28 septembre 2015, le conseil municipal de Denain a voté à l’unanimité (déclaration n° 17) la cession à un particulier d’un « ensemble immobilier » composé de trois parcelles cadastrales : n° 976 ainsi que les parcelles n° 974 et 1006, cumulant une surface totale de 633 m², pour un montant total de 160.000 €, prix net vendeur. Là aussi, il n’est point question de contester la légalité de la procédure de vente ou la correspondance du prix du m² avec la moyenne du secteur. Ce citoyen me confie que « la vente de ces immeubles par la ville s’est effectuée vraisemblablement dans le respect de la procédure de vente, à savoir en toute légalité ». Toutefois, poursuit-il : « est-ce être proche de la baronnie denaisienne permet d’être le premier dans les bonnes affaires » ? Car ce particulier qui était le seul à avoir fait une offre d’achat de ces bâtiments communaux s’appelle… Hassan Iquioussen !

Investir dans la brique rouge, mais avec quel argent ?

Par ailleurs, il est difficile de connaître le volume exact des acquisitions immobilières du clan Iquioussen dans le Denaisis, avec ou sans l’aide de la municipalité de Denain. Un simple tour de voiture à Lourches, à Escaudain et à Denain démontre l’étendu incroyable et insoupçonné des domaines, des terrains et autres biens immobiliers appartenant au prêcheur islamiste et à ses associés, issus presque tous du cadre familial. A-t-on le droit de s’intéresser à ce volet commercial d’Hassan Iquioussen ?

Effectivement, il parait « difficile d’appréhender pour quelles raisons on ne pourrait s’intéresser aux affaires commerciales d’un homme public », d’un prêcheur frère musulman de renommée nationale, mélangeant religion et politique, caritatif et investissements immobilières, prédication et affaires, guide religieux et guide touristique, collectes d’argent pour diverses causes ici et liens avec l’internationale frérosalafiste, dopée par l’argent pétrodollar.

S’il est normal que l’on puisse avoir accès, via les données de la HATVP[41] (Haute autorité pour la transparence de la vie publique), depuis octobre 2013, aux différentes « Déclarations d’intérêts et d’activités » des femmes et hommes élus, aux différents étages de l’Etat. Il paraît anormal de ne pas pouvoir avoir accès aux données relatives aux patrimoines et au train de vie des leaders islamistes et autres responsables religieux musulmans, surtout ceux qui s’activent dans les collectes d’argent dans les mosquées.

Ainsi, il est normal que l’on sache que la députée-maire de Denain a touché une rémunération cumulée de 11.823,87 €/mois jusqu’en février 2014[42] – pour ses différents mandats comme maire, députée et vice-présidente de la CPAH (Communauté d’Agglomération Porte du Hainaut). Et qu’elle toucherait désormais presque 13.800 €/mois, dont 5.770 €/mois au titre de l’IRFM (« Indemnité Représentative de Frais de Mandat », à ne pas confondre avec l’indemnité parlementaire[43]). Mais il est anormal que l’on ignore tout du train de vie de nombreux religieux, donneurs de leçons et moralisateurs alors que certains parmi eux amassent, par le biais de la religion musulmane, des biens dans des cavernes protégées. Le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), en partenariat avec les services de l’Etat, devrait peut-être penser à imposer aux responsables religieux, aux imams aussi, de déclarer leur patrimoine, avant et après la prise de leur fonction. A l’Etat aussi de surveiller les flux d’argent, entrants et sortants.

En attendant cette transparence qui ne viendrait jamais – laïcité oblige ! – il faut savoir que le prêcheur Hassan Iquioussen gère en même temps, au moins trois sociétés immobilières :

Premièrement, la SCI SMOLIN[44] associé à ses fils Soufiane Iquioussen et Othmane Iquioussen. Ce dernier, âgé de 29 ans, après une formation théologique à l’institut égyptien Al-Azhar[45], est devenu l’imam de la mosquée de Raismes[46]. J’y reviendrai.

Deuxièmement, la SCI SAINTE REINE[47] associé à sa nièce. Cette SCI a acheté l’école privée catholique « Sainte Reine », en plein centre-ville et à 100 mètres de la mairie de Denain, et s’apprête à la transformer en 19 logements locatifs : Comme celui de Roubaix !

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Troisièmement, la SCI IMMO59, associé à sa femme, à la jeune Izmaoune Ellhame[48], cofondatrice de l’association SOS GAZA et qui fut sa trésorière[49]. Ladite association « caritative », collaborant avec Baraka City, s’est transformée en SOS PEUPLE DU MONDE et ne cache pas sa proximité avec les Frères musulmans et le Hamas. Cela n’empêche pas La Voix du Nord de relayer ses activités et manifestations publics[50].

L’autre associé d’Hassan Iquioussen au sein de la SCI IMMO59, est Abdeladim Ben Haida, l’époux d’Izmaoune Ellhame, l’un des responsables de la mosquée de Liévin[51] – un autre foyer islamiste très actif des Frères musulmans de l’UOIF dans le Pas-de-Calais – membre du conseil fédéral d’EELV[52] (Europe Ecologie Les Verts) et candidat EELV[53] sur la liste « Le Rassemblement », composée des candidats écolos, Front de Gauche et d’autres, lors des élections régionales du mois de décembre 2015.

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Marchand du temple ?

Hassan Iquioussen est loin d’incarner l’image de l’ascète qu’il renvoie habilement à toute une frange de la jeunesse des quartiers populaires, en quête d’identification identitaire et religieuse. Ses propriétés immobilières se développent à Lourches, Escaudain, Denain, Liévin et Roubaix. Par ailleurs, il est aussi guide « spirituel » pour le petit-pèlerinage (Omra) à la Mecque et guide « touristique » pour des voyages « idéologiques », marchant en Turquie « sur les traces des califes ottomans », en Andalousie, sur les traces des califes omeyyades et en Malaisie, pour expliquer à la jeunesse française comment l’islam a dominé ce pays dans la douceur et sans armes !

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Ces voyages sont souvent organisés par une agence dénommée Bakka Tours [54], créée le 17 avril 2007[55] à Paris, domiciliée à Lille depuis mars 2015[56], par deux associés : Le premier s’appelle Ouail Zenati, cardiologue de nationalité française et d’origine syrienne, très proche du prince saoudien Fahd Ben Sultan Ben Abdelaziz, qui prend en charge le financement de ses recherches dans le domaine médical en partenariat avec des japonais[57]. Quant au deuxième associé, qui occupe le poste de gérant, il s’appelle Mehdi Berka : Le beau-frère de l’imam Othmane Iquioussen !

L’analyse des profils des « guides religieux » du petit pèlerinage (Omra), sollicités constamment par cette agence de voyage, montre son affiliation idéologique à un frérosalafisme dogmatique ultra puissant et structuré en réseau hyper-communicant. Car en plus d’Hassan Iquioussen et de son fils Othmane, d’autres noms célèbres et connus par des propos sulfureux viennent compléter le cortège. Ainsi, l’imam salafiste brestois Rachid Abou Houdeyfa – Rachid El Jay de son vrai nom – en fait partie[58]. Le même Abou Houdeyfa, qui devait s’associer à Amar Lasfar, le président de l’UOIF, pour donner une conférence commune à Roubaix le 28 mars 2016[59][60][61], est visé désormais par une enquête judiciaire, notamment pour son activité de « voyagiste »[62]. S’agit-il des retombés financiers de ladite « Omra » ? L’enquête est en cours.

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Par ailleurs, dans une vidéo publicitaire de l’agence Bakka Tours[63], datant de juillet 2015, le jeune imam Abdelmonaïm Boussenna, imam dans une mosquée roubaisienne et ancien lauréat du Lycée Averroès, présentait le bilan de la « Omra 2015 » et annonçait la liste des intervenants prévus pour la « Omra 2016 ». L’on apprend qu’en 2015, Bakka Tours a engagé, comme guides et intervenants, les frères musulmans Ahmed Miktar, Nabil Ennasri ainsi que Mohamed Benslimane. D’autres imams salafistes 2.0 ont été de la partie à l’image d’Ismaïl Mounir, de la mosquée de Longjumeau, ainsi que l’imam d’Aubervilliers, le salafiste Hassan Bounamcha[64][65], connu « par des propos homophobes » et « avait été menacé d’expulsion du territoire »[66]. Abdelmonaïm Boussenna avoue, sans gêne apparente, que les « pèlerins » étaient entrés en contact, en Terre Sainte, avec un cheikh saoudien nommé Abdallah Lasfar que le ministère de l’intérieur français avait interdit, en 2012, de participer au congrès annuel de l’UOIF. Ce dernier « aurait justifié le fait de battre son épouse si elle n’obéissait pas à son mari. Il aurait tenu ces propos justement au Congrès de l’UOIF en 2008 »[67]. Quant aux intervenants prévus pour ce petit-pèlerinage, dans sa version 2016, l’on trouve toujours Hassan Bounamcha, Abdelhakim Richi, Mohamed Benslimane et un certain Mohamed François, l’imam frérosalafiste de la mosquée de Jouy-Les-Tours.

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Au prix de plus de 1.000 € pour deux semaines (hors période du Ramadan[68]), l’agence Bakka Tours, organise ce voyage, plusieurs fois par ans. Les pèlerins sont pris en charge et encadré par des frérosalafistes qui, en plus de diffuser leur lecture islamiste, en sont rémunérés : Ou comment joindre l’idéologique et le pécuniaire.

« Voix de Femmes » musulmanes qui voteraient PS ?

Mais Hassan Iquioussen ne se limite pas qu’aux voyages religieux et idéologiques. A Lourches toujours, il a mis en place une dénommée « ferme pédagogique » qui a reçu, par le passé, des classes du Lycée Averroès et qui reçoit fréquemment les visites des élèves des écoles coraniques de certaines mosquées de la région, affiliées à l’UOIF. Les animaux de sa dite « ferme pédagogique » apparaissent sur des photos de « Denain Plage », organisé chaque année par la ville de Denain[69]. Ses poneys sont mis à la disposition des services de la mairie. Un denaisien me dit : « L’on ne sait pas si ses animaux sont vaccinés et s’ils subissent un examen vétérinaire avant qu’ils ne soient mis en contact des enfants ».

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La mairie de Denain est encore plus généreuse avec les Iquioussen, hommes et femmes. Pour preuve, s’il en faut encore d’autres, les services municipaux d’Anne-Lise Dufour-Tonini mettent à la disposition de l’énigmatique association « Voix de femmes », présidée par Rachida Iquioussen – Bachati de son nom de jeune fille et épouse de Soufiane Iquioussen – des salles municipales pour ses activités et relayent la publicité de cette énigmatique association sur la page Facebook de … la ville de Denain !

Pis, les affiches de « Voix de Femmes » portent la mention : « En partenariat avec l’association Actions Citoyennes et la ville de Denain » ainsi que les logos des deux partenaires. Depuis 2014, à chaque journée des femmes, cette association énigmatique bénéficie étrangement du soutien affiché de la mairie pour organiser une manifestation 100% femmes. « Vive la mixité ! » pourrait-on scander. Mais lorsque l’on se souvient de cette interdiction prêchée par Hassan Iquioussen : « Une mixité sans limite est haram puissance dix »[70], l’on est davantage interrogatif sur le sens de ce partenariat entre la mairie et l’épouse de Soufiane Iquioussen. Par ailleurs, hormis la mise à disposition de la « Salle Barbusse » ou de la « Maison de quartier Solange Tonini », l’on ignore la nature exacte et les raisons de ce soutien affiché. Cette association propose des activités sportives et des ateliers de beauté, soins de visage, massage, maquillage et des stands culinaires.

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La dernière soirée « 100% femmes : Soirée chic et glamour », organisée le samedi 23 avril 2016 proposait, en plus, un repas et affichait un prix d’entrée de 15 €. Et c’est bien là où réside le caractère éminemment énigmatique de cette association. Car tout simplement, et suite à mes propres recherches sur les annonces du Journal Officiel : L’association « Voix de Femmes », supposée être présidée par Rachida Iquioussen, n’existe pas[71] !

Le bureau des « Libertés publiques et des associations » – le Greffe des Associations de la sous-préfecture de Valenciennes – m’a confirmé le fait qu’il n’a pas « trouvé dans le registre national des associations (RNA) d’association portant le titre « Voix de Femmes » sur la commune de Denain ». Cette affaire suscite moult interrogations légitimes :

Comment se fait-il que la mairie de Denain met à la disposition d’une association inexistante, juridiquement parlant, des espaces municipaux pour organiser des activités réservées uniquement aux femmes ?

Sur quelles bases juridiques cette association a pu bénéficier de la réservation de ces espaces ?

Quels sont les documents officiels, y compris l’attestation des assurances, fournis par l’association « Voix de Femmes » aux services municipaux pour effectuer ces réservations ?

Comment se fait-il que la page Facebook de la Ville de Denain fait la promotion de cette association fictive, tout au long de ces trois dernières années ? …

Par ailleurs, bien qu’il ne soit pas illégitime qu’un groupe de personnes puisse créer une « association de fait » ou une « association non déclarée », la création de telle structure, de manière officieuse, ne permet pas à ce type d’association d’avoir les mêmes droits et devoirs qu’une association déclarée aux services préfectoraux. En effet, « l’association non déclarée ne bénéficie pas de la capacité juridique de la personne morale, donc elle ne dispose pas par elle-même de droits et d’obligations. Tous les actes effectués sont réputés faits par ses membres. Les actes que l’association aurait réalisés seraient réputés nuls et de nul effet. L’association ne peut pas ouvrir de compte bancaire à son nom, ni signer de contrat de location (bail) d’un local … Elle ne peut pas percevoir de subvention publique, ni recevoir des dons, ni recueillir des donations ou des legs. Elle ne peut pas non plus solliciter d’agrément. »[72].

Au regard de ces restrictions légales et la nature des activités proposées par l’association « Voix de Femmes », présentant des risques physiques et chimiques, comment la mairie a-t-elle pu autoriser à une association non déclarée d’organiser, dans un espace municipal, de telles activités ? Comment se fait-il qu’une association n’ayant aucun compte bancaire, ouvert en son nom, a pu faire payer 15 € aux participantes à la dernière « Soirée chic et glamour » ? Où est passée la recette des entrées ? Sur quel registre comptable peut-on consulter pour trouver des traces de cet argent ? Dans quelles conditions la mairie de Denain, en la personne d’Anne-Lise Dufour-Tonini, s’est elle permise de cautionner une association inexistante ? Une enquête s’impose.

Des médias au service du clan Iquioussen ?

Une affaire troublante. N’est-ce pas ? Mais cela ne semble pas avoir gêné pour autant le quotidien La Voix du Nord[73] qui, déjà le 10 mars 2014, avait titré un encart, je cite : « Denain : Les femmes à l’honneur, grâce à la future association Voix de Femmes ». Dès l’introduction, quelques informations piquent les yeux : « Rachida Iquioussen et quelques femmes de Denain se sont regroupées et dans les mois à venir, elles vont créer leur association, « Voix de femmes ». Dimanche, elles ont fêté la journée internationale des droits des femmes avec l’association Actions citoyennes. »[74] Ou comment l’on fait connaître une personne, comme Rachida Iquioussen, sur les pages d’un quotidien régionale sachant que l’association, qu’elle est censée présidée, n’existait pas encore officiellement et n’existe toujours pas depuis son annonce médiatique prématurée, il y a trois ans, à côté de l’association Actions Citoyennes, inféodée au PS (entre autres forces de gauche), à treize jours seulement du premier tour des élections municipales de mars 2014.

Cette légèreté journalistique de la presse papier locale rappelle une autre légèreté d’un quotidien national, et pas des moindres : Le Monde. Le 31 décembre 2013, presque deux mois après l’exécution de la quenelle au Sénat, et trois mois avant les dernières élections municipales, Frédecric Potet signa un portrait intitulé : « Soufiane Iquioussen, le garagiste solidaire qui veut « réparer » Denain »[75]. Un portrait plus qu’accommodant. Soufiane Iquioussen y est présenté comme « garagiste solidaire », « un ch’ti », « un patriote républicain qui aime son territoire », un « entrepreneur dans l’âme », « son rêve est de s’engager en politique », « tous les principaux partis l’ont sollicité », etc. A aucun moment ses engagements religieux et islamistes ne sont mis en avant. Pis, lorsque le journaliste parle de sa filiation, il l’a présente ainsi : « Le jeune homme est le fils d’Hassan, un prof d’histoire, né lui-même en France en 1964, reconverti dans le bâtiment et l’immobilier » !

« Le fils d’Hassan » ? Charge au lecteur averti de comprendre qu’il s’agit du frère musulman Hassan Iquioussen, prêcheur de l’UOIF. Ce dernier est présenté comme ayant été « prof d’histoire » mais sans préciser où et quand. S’il est établi désormais qu’il était professeur de l’éthique musulmane, au Lycée d’Averroès de l’UOIF, sa fonction supposée de professeur d’histoire ne l’est pas. Le journaliste va encore loin dans sa description de ce « fils d’Hassan » en expliquant ceci : « Cette fibre politico-sociale, Soufiane Iquioussen explique l’avoir héritée de ses dix années de scoutisme passées au sein d’associations différentes : les Eclaireuses et éclaireurs de France (laïque), les Scouts musulmans de France et les Scouts et guides de France (catholique). Difficile de faire plus œcuméniques ». Mais sans dire un mot de ses actions au sein des structures des Frères musulmans, en France et en Europe. Car les Frères musulmans de l’Europe, Soufiane Iquioussen les connait de très prêt à tel point qu’il a participé à un séminaire, organisé en Turquie[76],  pour former la jeunesse frériste européenne !

Concernant son expérience dans le scoutisme – qui est un mouvement non politique[77] par définition – son passage n’était pas si exemplaire que ça. En témoigne une correspondance écrite, datant du 10 mars 2012, envoyée par un commissaire général des SMF (Scouts Musulmans de France) à Soufiane Iquioussen mais aussi aux responsables de la mosquée d’Escaudain, dont le président à cette époque s’appelait : Hassan Iquioussen. Selon la correspondance, « le fils d’Hassan » a utilisé le logo des SMF et a démarché au nom des scouts pour organiser une « Omra » (petit-pèlerinage), au prix de 1.140 €, mais sans avoir pris l’autorisation des instances nationales. Cette « Omra » devait être organisée en partenariat avec l’agence Bakka Tours dont le gérant, pour le rappel, est le beau-frère de l’imam Othmane Iquioussen, l’autre « fils d’Hassan », et dont l’un des « guides » se nomme : Hassan Iquioussen.

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La correspondance dit, avec un ton ferme, je cite : « Cher Soufiane Iquioussen, nous avons appris avec certitude que tu organises une OMRA au nom des Scouts Musulmans de France !  Quel étonnement pour une « section » qui est sous tutelle du national ! Le bureau politique, le conseil cultuel, le centre de ressources Bourgogne, le pôle national formation développement, le pôle international  n’ont pas été informé de cette démarche qui doit être d’abord validée par le pôle formation développement et le district Bourgogne dans le cadre de l’accompagnement de la région Nord Pas de Calais et ensuite être validée par le pôle national spirituel et le pôle internationale. Nous sommes extrêmement surpris de prendre acte de ce fait. Comment pouvez-vous utiliser le logo S.M.F. et démarcher au nom des S.M.F. pour cette action non validée !? Nous t’invitons immédiatement à enlever le logo et tout intitulé concernant Les Scouts Musulmans de France sur cette opération. Dés aujourd’hui aucune action ne doit être entrepris au nom des Scouts Musulmans de France jusqu’à nouvel ordre. Une cellule d’urgence est en cours concernant cette situation. Nous te demandons un courrier officiel signé de ta part et envoyé par mail sous  les 24 heures confirmant : 1. L’arrêt de l’opération Omra au nom des SM.F,  2. L’arrêt de toutes les activités SMF Denaisis. Dans le cas contraire nous nous réservons le droit d’avoir recours à toutes les voies légales qui nous sont offertes ! ». C’est vrai : « Difficile de faire plus œcuméniques » dixit le Monde.

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Frédecric Potet est allé encore très loin en faisant, purement et simplement, la promotion d’une association politique, roulant ouvertement pour l’islamisme de l’UOIF et un certain socialisme de la députée-maire de Denain. Il dit : « Il l’aime tellement, son territoire, qu’avant de lancer ce projet de garage solidaire, il s’est appliqué pendant deux ans, avec quelques copains, à titiller la démocratie locale à travers Actions citoyennes ». Dans cet article, à aucun moment le nom de l’association « Convergences Plurielles » n’a été cité sachant que c’est elle qui porte le projet « garage solidaire ». Le Monde a préféré plutôt parler de l’association Actions Citoyennes en ces termes : « L’association se veut  « non partisane » et accueille dans ses rangs des jeunes de toutes sensibilités politiques ». En osant confirmer qu’elle contient des adhérents couvrant tout le spectre politique : « de l’extrême gauche au Front national » !

D’autres approximations peuvent être relevées comme lorsque le journaliste du Monde explique le retour du « fils d’Hassan » pour s’occuper politiquement et socialement de sa ville natale, après une virée supposée être réussie en région parisienne. Il dit : « Il revend alors les parts de sa société [Qantara, ndlr] ». Ce qui n’est hélas, pas très exact. Car il ne s’agit pas de vente de parts d’associés mais d’une liquidation pure et simple, au sens juridique du terme. La société « SARL Qantara », immatriculée au RCS de Paris le 21 juin 2010, sous le numéro : 523 035 514 RCS Paris a été radiée définitivement du registre le 3 septembre 2012[78], suite à la décision des trois associés, dont Soufiane Iquioussen, réunis en assemblée générale extraordinaire, datant du 30 juin 2012. Les trois associés ont décidé à l’unanimité de : « la dissolution rétroactive de la SARL QANTARA au 31 décembre 2011 » et « de nommer Monsieur DL […] en qualité de liquidateur et de fixer l’adresse de liquidation au […] à Paris »[79].

Alors que le Monde dresse le portrait d’un « entrepreneur dans l’âme » qui avait créé Qantara pour commercialiser « L’agenda le plus laïc de France » qui « va faire un carton dans les rayons papeterie des grandes surfaces », les chiffres d’affaires déclarés au titre des « Comptes de clôture de liquidation »[80] délivrent des informations à l’encontre du portrait dressé par Le Monde. Ces chiffres expliquent les raisons réelles de cette liquidation. En effet, du 21/06/2010 au 31/12/2010, Qantara a réalisé un chiffre d’affaires de 45.703 € sachant que les charges d’exploitation, elles, s’élevaient à 48.206 € : Donc, première année d’exercice déficitaire. Ensuite, du 1/01/2011 au 31/12/2011, le chiffre d’affaires s’élevait uniquement à 10.753 € et les charges étaient de 15.624 € : Donc, deuxième année d’exercice déficitaire. Les associés ont donc décidé, logiquement, de mettre la clé sous le tapis. Comment peut-on revendre les parts d’une société alors que l’on a décidé de sa liquidation ? Comment le quotidien Le Monde a pu publier un tel portrait flatteur, mais truffés d’approximations, en faveur de Soufiane Iquioussen ?

Toutefois, cela ne concerne pas uniquement les supports papier. L’audiovisuel assure lui aussi une part de la promotion du clan Iquioussen. Comme c’est le cas de la télévision publique France 2. En effet, le 17 novembre 2015, quatre jours seulement après les attentats du vendredi 13 novembre à Paris, au journal de 20h, la chaîne a consacré presque quatre minutes pour dresser le portrait d’un imam qui « milite pour une meilleur compréhension de la religion musulmane »[81]. Cet imam s’appelle Othman Iquioussen et paraissait à plusieurs reprises en compagnie de son frère : Soufiane Iquioussen.

Des séquences ont été tournées principalement à la mairie et à la mosquée de Raismes en plus d’une séquence dans une chambre. La voix off le présente ainsi : « Othmane Iquioussen est un enfant du pays, né dans le Nord-Pas-de-Calais comme ses parents ». Ce qui n’est pas très exacte car sa maman est née à Casablanca au Maroc en 1966. A aucun moment, le nom de son père n’est prononcé. Son lien avec l’UOIF est passé aussi sous silence !

Dans la suite du portrait, la voix off dit : « Après des études littéraires brillantes, il suit sa vocation. Neuf ans de théologie et le voilà imam de la mosquée de Raismes ». Aussi, à aucun moment, il n’est précisé que ses études religieuses les a suivi à l’institut universitaire sunnite Al-Azhar, au Caire en Egypte, au plus près de la guidance-suprême des Frères musulmans. Cet institut connait une infiltration frérosalafiste inquiétant le pouvoir égyptien depuis plusieurs décennies. L’on parle même de présence d’environs cinquante professeurs issus de la confrérie[82] qu’ils l’ont infiltrés. Des milices fréristes paramilitaires, dont la présence a été mise en évidence déjà en 2006 et qui s’est confirmée quelques années plus tard, rodent en son sein[83].

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Par ailleurs, la journaliste présente Othman Iquioussen comme un « imam ultra connecté ». Et comme pour démontrer la justesse de son descriptif, elle montre l’image de l’écran de son ordinateur portable, affichant sa page Facebook officielle. Mais elle ne prête aucune attention à la photo du profil choisie par cet imam : la « Main de Rabia », le signe de ralliement international aux Frères musulmans depuis la répression des membres de la confrérie, suite à la chute de Mohamed Morsi. Silence coupable ou méconnaissance des symboles des Frères musulmans de la part de France 2 ? Difficile à savoir. Au début du reportage, le réalisateur montre une scène où le jeune imam échange quelques mots avec la députée-maire Anne-Lise Dufour-Tonini et son directeur de cabinet Yoann Senez. Que doit-on décrypter ?

L’équipe de France 2 l’a suivi même le soir lorsqu’il a rencontré, dans une chambre, des personnes présentées par la journaliste comme étant, je cite : « des imams et membres d’associations » mais sans plus de détails. Mais lorsque l’on regarde bien ces images, l’on se rend-compte qu’il ne s’agit aucunement d’ « imams » mais tous, ou presque, sont des élèves et disciples d’Hassan Iquioussen. La personne que salua en premier Othmane Iquioussen dans cette pièce est son grand frère : Soufiane Iquioussen. L’on aperçoit un certain Ali Rahni, président de l’association « Rencontres et Dialogue », membre du CMF (Collectif des musulmans de France présidé par Nabil Ennasri) et d’EMN-France (European Muslim Network que préside Tariq Ramadan depuis l’axe Bruxelles-Doha). Ce même Ali Rahni[84] – que certain qualifient d’ « écolo-islamiste » et qui n’est pas imam par ailleurs – était candidat à plusieurs reprises sur des listes EELV à Roubaix[85][86][87].

Un autre jeune frériste était aussi présent. Il s’agit d’Hamza El-Kostiti, très proche de l’UOIF Nord[88], qui fut conseiller municipal à Halluin entre 2008 et 2014[89]. Le même était candidat EELV aux dernières élections régionales[90] et qui, entre les deux tours, a tracté en âme et conscience pour le compte de Xavier Bertrand[91] (Les Républicains). Hamza El-Kostiti avait dit lors de ce reportage : « […] et on doit assurer le service après-vente d’un événement qu’on regrette, qu’on condamne ». Par événement, il faut comprendre les attentats de Paris du 13 novembre. Quant à l’usage de l’expression « service après-vente », il est le seul, certainement, à pouvoir le justifier.

Que savait France 2 de l’identité réelle de ces jeunes fréristes qui ne sont pas des « imams » mais des islamistes guettant les occasions électorales sous l’impulsion idéologique d’Hassan Iquioussen et de Tariq Ramadan ? Entre plus de 2.500 salles de prières et de mosquées, de France et de Navarre, n’y avait-il que la mosquée frériste de Raismes, la tribune attitrée des frérosalafistes[92] comme Hani Ramadan, Abdallah ben Mansour, Hassan Iquioussen, Ahmed Miktar, Ismaïl Mounir, … ? N’y avait-t-il que le fief socialiste d’Anne-Lise Dufour-Tonini soutenue par les Iquioussen, père et fils ? Qui sert la soupe à qui ? Est-ce le rôle de France 2 de servir de canal de transmission de la propagande islamiste ?

Islamisme, ce mélange explosif au-dessus des mines de charbon !

Tout a commencé par une quenelle au Sénat. Mais celle-ci est loin de livrer tous ses secrets. Car derrière l’arbre, se cache la forêt. Derrière la quenelle, se cachent ses complices indéfinis et insoupçonnables. Ainsi, de nombreuses zones d’ombres demeurent. De nombreuses interrogations citoyennes légitimes méritent enquêtes, investigations et, s’il le faut, sanctions électorales et pénales sans accommodement aucun.

Si depuis au moins les attentats du 11 septembre, l’islamisme est montré du doigt et critiqué, ses soutiens, ses complices, ses « idiots utiles » et les charognards qui profitent du climat délétère qu’il installe volontairement, eux, n’apparaissent que très rarement sur la photo. Certainement, l’islamisme est une monstruosité même lorsqu’il porte les masques et les habits de la modernité. Cependant, ce monstre islamiste ne peut se nourrir que sur les terrains désertés. Il ne vit que sur le compte des renoncements individuels et collectifs. « L’hydre des Frères musulmans » – pour reprendre une expression d’Antoine Peillon dans Résistance ![93] – développe l’idée qu’il serait immortel et invincible. Une fatalité ? L’est-il réellement sans ses engraisseurs et protecteurs de l’ombre ? Il se joue des institutions pour les miner de l’intérieur, tel un VIH (Virus Islamiste Habile), s’attaquant aux « systèmes immunitaires » de la République pour s’y multiplier, à l’infini, et les détruire le moment venu après neutralisation de toute résistance. Mais ces « systèmes immunitaires » en ont-ils, au moins, conscience ? Soufiane Meziani, professeur de l’éthique musulmane au Lycée Averroès, propose lui d’ « En finir avec la démocratie française »[94] !

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La quenelle au Sénat démontre le contraire. Les « systèmes immunitaires » de la République, depuis la mairie de commune jusqu’à l’Hémicycle sont de moins en moins vigilant face à la prolifération du VIH islamiste. Cette quenelle a eu le mérite, ose-t-on dire, de le prouver par le fait, par le geste. Que découvre-t-on quelques années après son exécution ?

Eléments de réponse : Implantation de l’islamisme sur un large territoire nordiste marginalisé ; Infiltration depuis une dizaine d’année, d’un « lion du Tamkine et de ses lionceaux » dans différentes formations politiques, notamment de gauche ; Entrisme politique dans au moins trois municipalités du Denaisis ; Tentations électoralistes affichées de certains élus pour bénéficier d’un hypothétique « vote musulman » voilé et barbu ; Accommodements politiciennes et clientélistes pour assouvir des revendications communautaristes contraires à l’esprit de la République et de la Laïcité ; Opacité totale couvrant les affaires financières et immobilières d’un frère musulman radical jouissant étrangement de protections incroyables ; Conflits d’intérêts flagrants entre une députée qui se veut « républicaine » et un islamiste pur sang ; bienveillance médiatique à l’égard du « lion » barbu et de ses « lionceaux » presque imberbes, orientant les objectifs vers la seule direction de réalisations décrites comme sociales mais sans oser la question de savoir comment le social a toujours été instrumentalisé et mis au service du frérosalafisme pour élargir son assiette, ses influences et étendre son voile, etc.

Ce n’est pas un fantasme d’extrême-droite de dire que des politiques, à des fins électoralistes, font hélas le jeu de l’islamisme. Ceux-là mêmes qui donnent des leçons de Citoyenneté et de Laïcité à leurs concitoyens. Ceux-là mêmes qui s’affichent le matin à côté de Marianne et mangent le soir, lorsque la nuit tombe, sur les tables de ceux qui veulent la voiler. Ceux-là mêmes qui affichent la photo de Jean Jaurès dans leurs bureaux et « mangent dans la main » et chez des héritiers d’Hassan Al-Banna !

Par ailleurs, cette enquête a eu le mérite aussi de dévoiler certains secrets bien gardés d’un autre marchand du temple frériste, dans le Nord, mélangeant pêle-mêle les registres et multipliant les conflits d’intérêts, pourvu que le projet islamiste avance et gagne en capacité financière, en protection de toutes sortes, en soutien politique et en couverture médiatique. Hassan Iquioussen, à une différence près de son pendant lillois Amar Lasfar[95], n’aimerait pas apparaître trop sur la photo, même s’il a une chaîne de prédication sur Youtube[96], il préfère agir en sous-main pour le compte de l’UOIF, depuis les sous-sols obscurs du bassin minier, en téléguidant sa progéniture et ses acolytes, qui sont souvent des personnes fragiles, dans le besoin !

UOIF, membre de la constituante de 1789 ?

Pendant ce temps-là, le journal Libération, présent lors d’un « Dîner de presse » organisé le 28 avril dernier[97] par l’UOIF à Paris, titre ce 29 avril 2016, je cite : « L’UOIF peaufine son combat contre la radicalisation »[98]. Ou comment l’on présente comme « pompier » un néfaste « pyromane » récidiviste. Mais de qui se moque-t-on ? Le journal La Croix, plus mesuré, reprend lui cette déclaration d’Amar Lasfar, faite lors de ce dîner, je cite : « Nous ne comptons pas faire la révolution pour obtenir le pouvoir ! Notre Révolution, nous l’avons faite en 1789. Notre charia, c’est la loi de la République »[99]. Le journal Libération, étrangement bienveillant à l’égard de l’UOIF, ne semble pas avoir saisi la portée mensongère de cette déclaration : « Notre charia, c’est la loi de la République » et préfère présenter les Frères musulmans de l’UOIF comme de pauvres vulnérables ennemis menacés de Daesh. Un non-sens regrettable. Il devra relire ce que lui-même avait publié le 24 septembre 2009, en marge de l’affaire d’Amar Bergham[100]. Ce nordiste ayant souhaité être incinéré avant que l’UOIF n’émette son véto : Une fatwa interdisant l’incinération.

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A l’époque le ton journalistique de Libération était relativement courageux vis-a-vis des islamistes de l’UOIF. En témoigne un passage, en particulier, qui garde toujours un air de … maintenant. Je cite :

« […] Le fait est que les municipalités de Roubaix et Lille font preuve, pour des raisons électoralistes ou dans l’espoir d’acheter la paix sociale, d’une certaine complaisance à l’égard des musulmans fondamentalistes. Martine Aubry est au mieux avec Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille Sud, président de la Ligue islamique du Nord, une branche de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Or, dans l’affaire Bergham, Amar Lasfar s’est permis d’envoyer à la justice une fatwa selon laquelle «seule une autorité judiciaire musulmane dans un pays musulman doit définir et vérifier les causes de l’apostasie d’une personne» […] »[101]. En 2005, et non pas avant 1789, la charia d’Amar Lasfar n’était pas, totalement, la loi de la République. D’ailleurs, les fatwas du frère musulman Amar Lasfar sont-elles un héritage de 1789 ou l’expression de sa lecture idéologique du Coran et de la Sunna ? Les plaintes de l’UOIF contre ses contradicteurs et contre les caricaturistes de Charlie Hebdo sont-elles l’expression de la révolution de l’esprit de 1789 ou l’expression de sa lecture de la loi religieuse, telle qu’il la veut ?

Pour y réponde, il faudrait écouter plutôt le discours du frère musulman Hassan Iquioussen, l’un des générateurs habilités de la radicalisation frérosalafiste, dans une conférence donné à seulement deux ou trois mois des élections municipales de 2014. Vous savez ces élections qui ont connues l’infiltration de ses enfants et acolytes sur des listes de gauche dans le Denaisis. Elle portait le titre de « L’islam et la politique ». Son objet non avoué était d’instrumentaliser l’enceinte de la prière pour prêcher une vision politicienne de l’islam. Hassan Iquioussen, qui ne jouit pas du droit de vote de part, son statut detranger, car n’ayant pas la nationalité française[102], a tenté de mobiliser les fidèles musulmans pour aller voter. En qualifiant le frère musulman égyptien Mohamed Morsi de « the best »[103], il n’a eu de cesse de culpabiliser les fidèles présents en disant, par exemple : « Votre approche laïque de l’islam est criminelle » et « Si on a retiré le voile de ta fille, c’est parce que tu as laissé des députés voter une loi … La seule solution que tu as, c’est de faire pression sur eux pour qu’ils abolissent cette loi … Ce sont les citoyens musulmans qui n’ont pas fait leur devoir de citoyenneté , qui sont à l’origine de cette loi infâme »[104] !

Amar Lasfar, conseillé par ses communicants, peut toujours répéter ses éléments de langage, à l’adresse de qui voudrait encore les entendre et les relayer médiatiquement. Toutefois, son pendant denaisien, Hassan Iquioussen, exprime les choses fidèlement à l’idéologie frérosalafiste : « Islam et politique sont indissociables »[105] dit-il et rappelle cette vérité frériste immuable : « L’objectif de la religion [musulmane] est de nous permettre de vivre à l’ombre du Coran et de la Sunna »[106]. Sayyid Qotb, celui qui a laissé une grande partie de son testament idéologique écrite en arabe dans : « A l’ombre du Coran » (في ظلال القرآن), peut en être fier de ses héritiers actifs dans la « demeure de la mécréance et de la guerre » !

« Liberté, démocratie, laïcité vont permettre à l’islam de vivre une expérience inédite [en France] »[107] avait déclaré Amar Lasfar, lors de ce fameux « dîner » à l’honneur des journalistes. En disant cela, l’UOIF tente-t-elle d’adresser une nouvelle « quenelle » à la face de la République, toutes institutions confondues ? L’on est maintenant prévenu. Le territoire denaisien offre un spécimen de cette « expérience inédite » d’un Tamkine local s’organisant en réseau. L’on peut élargir davantage cette enquête pour y intégrer d’autres données troublantes. Des « adeptes » d’Hassan Iquioussen se trouvent disséminés partout, faisant la courte échelle à d’autres « adeptes ». A l’image d’un converti très actif, « le bras droit d’Hassan Iquioussen » à la mosquée frériste de Raismes, membre de Convergences Plurielles, occupant un post clé au sein du syndicat « Sud Transports Nord-Pas-de-Calais », salarié de Transvilles (ex SEMURVAL) et proche de la députée-maire Anne-Lise Dufour-Tonini qui occupe, elle, le poste de présidente élue du SITURV (Syndicats des Transports Urbains de la Région de Valenciennes)[108].

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Additionner l’expérience islamiste denaisienne à d’autres expériences locale, non moins significatives, dans d’autres villes des Haut de France (comme Liévin et Maubeuge, entre autres) et de l’hexagone (Ile-de-France, Mulhouse, Bordeaux, Marseille, etc.). Cela devrait encourager les décideurs à prendre conscience de l’avancée des Frères musulmans dans la stratégie douce et silencieuse du Tamkine global. L’Union fait la force. La tradition bouddhiste livre cette sagesse : « C’est réunis que les charbons brûlent. C’est en se séparant que les charbons s’éteignent ». Qui osera s’en approcher ?

Pas d’amalgames : La minorité islamiste est connue de tous, mais …

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, de nombreuses voix musulmanes s’élèvent, de plus en plus, contre l’instrumentalisation de la foi musulmane, à des fins idéologiques et politiques, par les Frères musulmans. Sur presque 2.500 salles de prières et de mosquées que compte l’hexagone, seulement 3 % sont estampillées, gérées, et influencées par l’UOIF. La majorité des mosquées de France, à l’image de la plupart des mosquées et salles de prière du Denaisis, ne se reconnaissent pas dans le projet islamiste tamkiniste et sont gérés, Dieu merci, par des responsables intègres qui ne font pas de politique là où l’on célèbre la prière.

Mais, force est de constater que certains élus et candidats, en manque de projet et de vision, encouragent, consciemment ou inconsciemment, le communautarisme et font le jeu de l’UOIF, en se mettant volontairement au service de son idéologie expansionniste, mais toujours avec l’espoir que cette communautarisation entretenue par une volonté politique, par un clientélisme coupable et par des subventions publiques, puissent faire bénéficier ces élus d’un hypothétique « vote musulman ». Comme si les citoyens musulmans votaient tous de la même manière et vers la même direction, ce qui est totalement faux.

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La majorité des responsables de mosquées sont conscients qu’il ne faut pas utiliser le minbar, les prêches, les conférences, les manifestations dites culturelles, pour parler politique intérieure ou étrangère, d’une manière ou d’une autre. Un lieu de culte, encore faudrait-il le rappeler avec insistance, est un lieu de recueillement, de prière et de concorde. Il n’est pas l’espace de diffusion des constances idéologiques et politiques d’une quelconque minorité de conquête. L’évocation dans l’espace consacré à la prière de toute question d’ordre politique – élections, projets de lois ou questions étrangères relatives notamment au conflit israélo-palestinien – devrait-être interdite. Que celui, ou celle, qui a des visées politiques aille exercer son droit constitutionnel là où cela devrait se faire et dans le respect des règles et des procédures. Qu’il aille rejoindre une formation politique existante, ou qu’il crée sa propre formation et se confronte aux autres sur le terrain électoral. Mais quelle lâcheté islamiste celle consistant à vouloir faire de la politique entre les rangs de la prière !

Par ailleurs, la République devra interdire à «ses candidats», dans différentes élections locales, régionales et nationales, de se rendre dans les mosquées et aux rassemblements de musulmans pour séduire le supposé «vote communautaire». Les mosquées ne doivent pas se transformer en une manne électoraliste, essentialisée et «moutonnisée» par des islamistes, livrée au plus offrant – à celui ou celle qui facilitera le projet islamiste – parmi les candidats de droite ou de gauche. Que vient faire un républicain avec son comité de soutien, dans une mosquée colonisée par des «frères» de l’UOIF, par exemple ? La République devra mettre un terme aux habitudes de certains candidats et élus lorsqu’ils empruntent, en pèlerins en quête de voix, le chemin des mosquées, prononçant, avec un drôle d’accent, un «salam’alykoum» intéressé. Au début était la « quenelle » et la « quenelle » était l’islamisme. La République est désormais prévenue.

Mohamed Louizi

Nota :

Dans le cadre de cette enquête, j’ai contacté Soufiane Iquioussen par messagerie. Je lui ai posé une série de questions relatives à l’année de son adhésion à l’association « Convergences Plurielles », ses fonctions au sein de cette structure et ses apports au projet « Garage solidaire ». Une précision est sollicitée quant à la paternité de ce projet : « Convergences Plurielles » ou « Actions Citoyennes ». Une autre question concerne le financement d’ « Actions citoyennes ». Une autre au sujet de « Voix de Femmes ». Et une dernière au sujet de sa participation à un séminaire des Frères musulmans en Turquie. Il a accusé réception, par écrit, de ce questionnaire. Je suis toujours dans l’attente de réponses écrites de sa part. Dès réception, je les intégrerai lors d’une prochaine mise à jour.

Notes      

[1] Sources : INSEE, données statistiques de 2012.

[2] Selon les statuts mis à jour, datant du 18 mai 2015, déposés auprès de la sous-préfecture de Valenciennes. L’actuel président de Convergences Plurielles est Baptiste Murcia et son trésorier est Anas Rifki.

[3] Selon les statuts de cette association, mis à jour, datant du 09/12/2014 et déposés auprès de la sous-préfecture de Valenciennes. L’actuel président d’Actions Citoyennes est Youssef Feddal. Deux Iquioussen sont membres du bureau exécutif : Soufiane Iquioussen et Nomane Iquioussen. Youssef Feddal et Soufiane Iquioussen sont aussi membres du CA de Convergences Plurielles.

[4] Voir et lire un post sur son profil Facebook, publié le 25/07/2014, alors qu’il est déjà adjoint au maire d’Haveluy, il a écrit, je cite : « Quelle honte ! Nos impôts servent à financer l’armée israélienne, un état terroriste ». Ici : https://www.facebook.com/photo.php?fbid=912097675485938&set=pb.100000571436280.-2207520000.1462600836.&type=3&theater

[5] Extrait de l’objet de la dernière version des statuts de l’association « Actions citoyennes », datant du 9/12/2014, déposé auprès du Greffe des associations à la sous-préfecture de Valenciennes.

[6] Le 21/06/2013, La Voix du Nord titrait, sous la plume de Pierre Rouanet : « Actions citoyennes récidive : un futur garage solidaire à Denain ? ». Dans cet article, il n’est mentionné nulle part le nom de l’association « Convergences plurielles », ni le nom de son président Ali Janan.

[7] Extrait du plan d’affaires du projet.

[8] Pierre Rouanet, Actions citoyennes récidive : un futur garage solidaire à Denain ?  La Voix du Nord, 21/06/2013.

[9] Pierre Rouanet. Même article.

[10] Cette expression, largement utilisé dans le langage des jeunes des quartiers pour se moquer d’autrui, est issue du dialecte arabe et signifie : « Bien fait pour toi ! ».

[11] Voir les listes ici : http://www.politiquemania.com/candidatures-municipales-2014-t1-ville-059172-denain.html

[12] Lire un article datant de 2004, rappelant quelques propos anti-juifs de ce prêcheur UOIF : (http://www.humanite.fr/node/298462) et aussi l’article du Figaro n°18733 du jeudi 28/10/2004 intitulé : « Le prêcheur vedette des banlieues professe un antisémitisme virulent, » signé Cécilia Gabizon.

[13] Lire ici : http://www.20minutes.fr/france/84922-20060509-france-boutin-et-dieudonne-guest-stars-du-congres-de-l-uoif-au-bourget

[14]Lire ici : http://bondyblog.liberation.fr/200904140001/congres-de-l-uoif-dieudonne-et-soral-en-vedettes-americaines/#.VyBhy3oTUaQ

[15] Médine est invité au « 33ème RAMF 2016 » de l’UOIF pour animer le Stand « Deen record ». Voir le programme du RAMF ici : http://tariqramadan.com/events/33e-rencontre-annuelle-des-musulmans-de-france-salon-du-bourget-2/

[16] Voir ici : http://www.booska-p.com/video-medine-freestyle-booska-oracle-v1059.html

[17] Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=h68ofqDB__U#t=04m25s

[18] Lire ici : http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/10/quelles-sanctions-pour-une-quenelle_4344749_823448.html

[19] Lire ici : http://www.leparisien.fr/faits-divers/bordeaux-1500-euros-d-amende-pour-une-quenelle-devant-une-synagogue-02-04-2014-3735123.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr

[20] Lire ici : http://www.csa.fr/Espace-juridique/Decisions-du-CSA/Images-d-un-spectateur-realisant-le-geste-de-la-quenelle-dans-Le-Petit-Journal-Canal-mise-en-garde

[21] Lire ici : http://www.eurosport.fr/football/premier-league/2013-2014/quenelle-pour-nicolas-anelka-l-addition-aurait-pu-etre-bien-plus-salee_sto4154581/story.shtml

[22] Lire ici : http://www.leparisien.fr/actualite-people-medias/anelka-renonce-au-geste-de-la-quenelle-a-la-demande-de-son-club-30-12-2013-3449737.php

[23] Télécharger en PDF le magazine de la ville de Denain ici (numéro spécial) : http://www.ville-denain.fr/sites/default/files/pdf/JVMV-23%20Basse%20Def.pdf

[24] Lire ici : http://www.haveluy.fr/joomla2/index.php?option=com_content&view=article&id=195:le-nouveau-conseil-municipal&catid=45:infos

[25] Lire ici : http://www.haveluy.fr/joomla2/index.php?option=com_content&view=article&id=195:le-nouveau-conseil-municipal&catid=45:infos

[26] La chute de l’imam (سقوط الإمام) est le titre d’un roman de l’intellectuelle et militante égyptienne Nawal Al-Saadawi. Ce roman avait fait grand bruit à sa sortie en 1987 dans une Egypte souffrante et prise en otage du régime corrompu de Moubarak et des discours et influences des frérosalafistes. En filigrane se profile une critique de tout pouvoir instrumentalisant la religion à des fins diverses (politiques, financiers, …). J’emprunte ce titre car il résume bien la situation décrite et quelques traits du personnage aussi.

[27] Lire une brève présentation ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_Iquioussen

[28] A Ecouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=SrEFAbwb-b4

[29] Lire ici : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20041029.OBS0354/un-precheur-musulman-reconnait-ses-torts.html

[30] Lire ici : http://www.nordeclair.fr/Locales/Roubaix/2011/09/20/le-collectif-tire-un-premier-bilan-posit.shtml

[31] V.B. « En Pleine nuit, un immeuble incendié par vengeance », La Voix du Nord, 9/12/2007.

[32] Ici sa page Facebook : https://www.facebook.com/mehdi.chalah

[33] Voir ici : http://havredesavoir.fr/

[34] Voir ici : http://www.uoif-online.com/equipe-de-direction/

[35] Valérie Aubert. Mehdi Chalah, de Wattrelos à Denain, en passant par l’assemblée nationale. La Voix du Nord (page Denaisis). 31/01/2016.

[36] Lire ici : http://www.assemblee-nationale.fr/budget/reserve_parlementaire.asp

[37] Lire ici : http://dailynord.fr/2014/02/comment-nos-deputes-ont-ils-depense-leur-reserve-parlementaire/

[38] Lire ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dix-neuvi%C3%A8me_circonscription_du_Nord

[39] Voir ici : http://www2.assemblee-nationale.fr/reserve_parlementaire/plf/2013?idDemandeur=607919&typeTri=dest

[40] Mehdi Chalah n’étant pas encore engagé comme attaché parlementaire à cette date. Sa responsabilité n’est pas engagée.

[41] Voir le site ici : http://www.hatvp.fr/

[42] Sa déclaration est à consulter ici : http://www.hatvp.fr/livraison/dossiers/dufour-tonini-anne-lise-dia-depute-59.pdf

[43] Lire ici : http://www.francetvinfo.fr/politique/cinq-questions-sur-l-irfm-l-indemnite-des-deputes-qui-fait-polemique_805195.html

[44] La SCI SMOLIN au capital social de 1000 €, immatriculée le 13/11/2014 sous le numéro de SIREN : 807 747 720 RCS Valenciennes et domiciliée à Lourches.

[45] Voir ici : http://www.hassan-iquioussen.fr/component/hwdmediashare/mediaitem/51-le-sens-des-epreuves-par-othmane-iquioussen

[46] Voir ici : http://www.mosquee-acmr.fr/page/discours-du-vendredi-a-la-mosquee-de-raismes_12

[47] La SCI SAINTE REINE au capital social de 1000 €, immatriculée le 7/04/2015 sous le numéro de SIREN : 810 669 580 RCS Valenciennes et domiciliée à Lourches.

[48] Lire ici un article de la Voix du Nord : http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Lens/actualite/Autour_de_Lens/Lievin_et_Alentours/2011/08/15/article_ellhame-izmaoune-s-est-investie-dans-l-a.shtml

[49] Lire ici : http://www.lavoixdunord.fr/region/lievin-l-association-lievinoise-sos-gazaa-un-projet-ia35b54067n1278060

[50] Lire ici : http://www.lavoixdunord.fr/region/lievin-sos-gaza-devient-sos-peuple-du-monde-pour-aider-ia35b54067n2605871

[51] Lire ici : http://www.lavoixdunord.fr/region/lievin-la-porte-de-la-mosquee-jules-guesde-incendiee-ia35b0n2700433

[52] Voir ici : http://eelv.fr/le-conseil-federal/

[53] Voir ici : http://lerassemblement-npdcp.fr/pdc/

[54] Selon les statuts de création de « Bakka Tours ».

[55] C’est la date de signature des statuts d’origine.

[56] Selon Extrait Kbis : Bakka Tours, capital social : 10.000€, siège social : 49 Bd de Strasbourg, 59000 Lille, SIREN : 497 646 919 RCS Lille Métropole.

[57] Lire en arabe un article du journal Al-Jazirah saoudien : http://www.al-jazirah.com/2012/20121007/fe13.htm

[58] Lire en l’encart en bas ici : http://www.letelegramme.fr/finistere/brest/islam-un-etat-des-lieux-brestois-09-01-2016-10913331.php#

[59] Lire ici : https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10209253531360266&set=a.10205857116892027.1073741826.1381176366&type=3&theater

[60] Lire ici : https://www.facebook.com/mohamed.louizi/posts/10209271354125824

[61] Lire ici : https://www.facebook.com/mohamed.louizi/posts/10209311470528709

[62] Lire ici : http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/04/l-imam-de-brest-vise-par-une-enquete-judiciaire_4913920_3224.html

[63] Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=pejIZlBLBeg

[64] Voir sa page ici : http://www.hassanats.com/

[65] A écouter ici une intervention d’Hassan Bounamcha : http://www.mosquee-lyon.org/forum3/index.php?topic=1419.0

[66] Lire ici : http://observers.france24.com/fr/20151118-photos-perquisition-mosquee-aubervilliers-attentats

[67] Lire ici : http://www.lavie.fr/actualite/france/la-france-interdit-des-predicateurs-etrangers-et-met-en-cause-tariq-ramadan-30-03-2012-25933_4.php

[68] Le forfait « Omra Ramadan », tourne autour de 2.000 € selon les opérateurs. Ce prix peut atteindre plus de 4.000 € selon la nature du forfait.

[69] Lire ici : http://ville-denain.fr/node/375

[70] Lire ici : http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/8683

[71] Pour rechercher la parution d’une association au JO, voir ici : http://www.journal-officiel.gouv.fr/association/

[72] Lire ici : http://www.associations.gouv.fr/1080-une-association-peut-exister-sans.html

[73] La rédaction de La Voix du Nord, en métropole lilloise, a publié une page entière le vendredi 26 février 2016 (n° 22693) sous le titre : « Des mosquées de la métropole tentées par l’islamisme ? ». La Voix du Nord dans le valenciennois devrait peut-être se poser cette question. Inutile de reprendre les éléments de langage d’Amar Lasfar qui avait déclaré, je cite : « Nous ne faisons pas de politique ». Car dans le Denaisis, les islamistes de l’UOIF font de la politique, sous l’œil bienveillant de la section locale du parti socialiste.

[74] Lire ici : http://www.lavoixdunord.fr/region/denain-les-femmes-a-l-honneur-grace-a-la-future-ia15b36964n2703907

[75] Lire ici : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/12/31/soufiane-iquioussen-le-garagiste-solidaire-qui-veut-reparer-denain_4341546_3224.html

[76] Cette information m’a été livrée par Soufiane Iquioussen, en personne, en marge de la conférence de Gilles Kepel à Lille le 16 mars 2016. Dans le cadre de cette enquête, j’ai reposé la question à l’intéressé pour connaître le sujet exact et la date de cette formation, je n’ai toujours pas reçu de réponse écrite de sa part.

[77] Lire une brève présentation ici : https://www.scout.org/fr/node/69

[78] Voir extrait Kbis de la société Qantara sur Infogreffe.

[79] PV d’AG extraordinaire de liquidation, déposée au RCS Paris le 03/09/2012 sous le numéro : 2012R080397.

[80] Comptes de clôture de liquidation, déposée le 3/09/2012 sous le numéro : 2012R080397.

[81] Lire et voir ici : http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/attentats-de-paris-la-communaute-musulmane-preche-contre-le-terrorisme_1180385.html

[82] Lire en arabe ici : http://anntv.tv/new/showsubject.aspx?id=52753#.Vy3rTOQTUaQ

[83] Lire ici en arabe ici : (http://www.alarabiya.net/articles/2006/12/11/29834.html), ici : (http://alwafd.org/أخبار-وتقارير) et voir ici : (https://www.youtube.com/watch?v=VMPpGR-Pc3k).

[84] Son profil Facebook : https://www.facebook.com/ali.rahni.1?ref=br_rs

[85] Lire ici : (http://www.nordeclair.fr/Locales/Roubaix/2009/05/12/ali-rahni-candidat-d-europe-ecologie.shtml)

[86] En 7ème position de la liste écolo conduite par Slimane Tir : http://www.politiquemania.com/candidatures-municipales-2014-t1-ville-059512-roubaix.html

[87] Lire ses résultats aux élections départementales de 2015 : http://election-departementale.linternaute.com/resultats/roubaix/ville-59512

[88] C’est lui qui a animé la conférence avec Ghaleb Bencheikh lors du fameux 9ème RAMN de l’UOIF à Lille Grand Palais le 7 février 2016 : https://www.youtube.com/watch?v=wMqcLyApVvM

[89] Lire ici : http://www.lavoixdunord.fr/region/halluin-hamza-el-kostiti-candidat-ecologiste-en-ia26b58805n3205937

[90] Lire ici : http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/10/pour-xavier-bertrand-il-y-a-la-grandeur-de-la-gauche-et-les-manipulations-du-fn_4828442_4640869.html

[91] Lire ici : http://www.lavoixdunord.fr/region/marcq-un-militant-eelv-qui-soutient-xavier-bertrand-suivi-ia22b49743n3210795

[92] Voir ici la liste des intervenants dans cette mosquée : http://www.mosquee-acmr.fr/page/conferences-organisees-par-l-acmr_1

[93] Voir ici : http://www.seuil.com/livre-9782021288643.htm

[94] Lire ici : http://www.saphirnews.com/En-finir-avec-la-democratie-francaise_a22213.html

[95] Lire ici « La caverne d’Amar Lasfar » : https://blogs.mediapart.fr/mohamed-louizi/blog/311215/caverne-d-amar-lasfar

[96] Voir ici : https://www.youtube.com/user/ProfHassanIquioussen/featured

[97] Lire ici : http://www.saphirnews.com/RAMF-2016-La-charia-des-musulmans-de-France-ce-sont-les-lois-de-la-Republique_a22319.html

[98] Lire ici : http://www.liberation.fr/france/2016/04/29/l-uoif-peaufine-son-combat-contre-la-radicalisation_1449375

[99] Lire ici : http://www.la-croix.com/Religion/Islam/L-UOIF-cherche-a-redorer-son-image-2016-04-29-1200756836

[100] Lire ici : http://www.liberation.fr/societe/2005/06/16/des-funerailles-qui-ont-mis-le-feu-a-la-famille-bergham_523564

[101] Lire ici : http://www.liberation.fr/societe/2009/09/24/un-voile-partialement-leve_583672

[102] Dans les différents statuts de ses SCI, déposés auprès du Greffe de Commerces, Hassan Iquioussen est déclaré comme ayant né à Denain mais n’ayant pas la nationalité française. Sa seule nationalité marocaine est mise en avant !

[103] A regarder ici : https://www.youtube.com/watch?v=YK5g57hPG-s

[104] Idem.

[105] Idem.

[106] Idem.

[107] Lire ici : http://www.saphirnews.com/RAMF-2016-La-charia-des-musulmans-de-France-ce-sont-les-lois-de-la-Republique_a22319.html

[108] Lire ici : http://www.ville-denain.fr/node/15

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FARIDA TAHAR : ENTRISME À MOLENBEEK

Farida Tahar : Entrisme à Molenbeek

Farida Tahar : Entrisme à Molenbeek

28.04.2016Mohamed Louizi

Farida Tahar est une conseillère municipale voilée, du groupe socialiste, élue en octobre 2012, sur la Liste du Bourgmestre, dans la célèbre commune belge : Molenbeek-Saint-Jean [1]. Sur son affiche électorale, sur fond rouge vif, elle afficha un sourire de charme, portant un foulard au couleur pourpre. En plus de son voile, dit islamique, elle multiplie les casquettes et les adhésions aux différentes structures associatives communautaristes et de lutte contre ladite islamophobie. Elle s’engage désormais contre le projet d’inscription du principe de la neutralité [laïcité] de l’Etat dans la constitution belge, et par la même, contre l’interdiction des signes convictionnels dans la fonction publique [2]. Elle dit avoir « peur qu’on arrive à une laïcité extrémiste [à la française, précise-t-elle] » [3]. D’un média à l’autre, elle prône la même approche de la laïcité que les faucons de l’islam politique, en Belgique, en France et partout ailleurs en Europe et dans le monde : Une laïcité au rabais, totalement effacée face aux multiples revendications islamistes. Le présent billet propose de remonter son passé récent pour tenter de percer des secrets d’un engagement citoyen et politique certes, mais avec, en arrière plan, la main invisible de l’islamisme et son réseau hyper actif et hyper structuré. Décryptage.

1

Parcours universitaire, associatif et professionnel

Farida Tahar est une jeune femme belge d’origine marocaine, née le 20 novembre 1977, diplômée en 1999 de l’ISFSC (Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication) [4]. En 2002, elle obtint une licence en science sociale à l’ULB (Université Libre de Bruxelles)[5]. En 2003, elle fut engagée comme conseillère sociale au CPAS (Centre Public d’Actions Sociales) [6]. Elle est membre du conseil d’administration de la MAIS (Molenbeek Agence Immobilière Sociale) et de la cellule LES (Lutte contre l’Exclusion Sociale) [7].

Farida Tahar est aussi une militante associative très engagée. En juin 2007, elle rejoint, non sans fracas, le MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) [8] – créé en 1966 – lors d’une opération décrite par « L’observatoire citoyen du MRAX », comme étant une opération de noyautage massif, ou de « putsch légal », lorsque Farida Tahar ainsi que 74 autres nouveaux arrivants, dont « l’ex-frère musulman » Mickael Privot, y avaient adhéré massivement une semaine seulement avant la tenue de l’assemblée générale élective [9], en augmentant l’effectif des adhérents de 50% en quelques jours ! Ladite assemblée générale avait reconduit, en son poste de président, pour une nouvelle mandature, le très contesté Radouane Bouhlal, soupçonné par le même observatoire d’être « instrumentalisé par certains milieux proches des Frères Musulmans, adeptes de l’entrisme »[10]. L’on a même parlé de « dérive islamiste et communautariste grave qui se manifeste de plus en plus chez le président du MRAX »[11].

Anne Morelli, directrice du « Centre interdisciplinaire detude des religions et de la laïcité » à l’ULB[12] avait tiré la sonnette d’alarme, en février 2008, au sujet de cette dérive. Dans un courriel adressé à la direction, elle dit, je cite : « Je vous avoue que je me sens de plus en plus détachée de ce Mouvement auquel j’ai tant donné car je ne me sens plus concernée par ses prises de position communautaristes, sa défense systématique de la religion musulmane et ses exagérations continuelles d’une soi-disant « islamophobie » menaçante ». Et de rajouter : « De plus en plus le MRAX apparaît à l’extérieur comme un groupement d’auto-défense utilisé par des musulmans avec quelques hommes liges extérieurs. » [13].

2

En 2010, Farida Tahar fonda l’association TETE (Toutes Égales au Travail et à l’Ecole) pour défendre le droit des femmes [voilées] à l’enseignement et à l’emploi[14]. Elle est aussi membre de l’ABPM (Association belge des professionnels musulmans) [15]. Depuis 2010, elle a rejoint le think-tank TAYUSH [16], situé à gauche, et a participé en 2014 à la rédaction d’un ouvrage collectif intitulé : Les défis du pluriel : Égalité, diversité, laïcité. Ouvrage publié aux éditions Couleur livres asbl. Farida Tahar y rend compte « des stratégies de jeunes musulmanes visibles qui se posent en actrices de leur vie et s’adressent collectivement à la société, alors que celle-ci continue – selon Farida Tahar – de les stigmatiser et de les considérer comme des victimes à protéger » [17]. Elle est aussi administratrice au CCIB (Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique) [18], adhérant au réseau ENAR (European Network Against Racism)[19] présidé par « l’ex-frère » Mickaël Privot[20].

Le 30 novembre 2013, elle a participé au forum « Quelle Europe voulons-nous en 2020 ? »[21] visant à « favoriser une cohérence dans nos actions communes pour avancer ensemble vers l’Europe que nous souhaitons pour 2020 ». Les « nos » et « nous » désignent « les membres d’European Muslim Network en provenance de toute l’Europe » ainsi qu’ « une vingtaine de membres de la société civile musulmane engagée »[22], tous ou presque ont un lien direct ou indirect avec le réseau européen des Frères Musulmans. L’organisateur de ce forum n’est autre que l’EMN (European Muslim Network), présidé par le « frère » Tariq Ramadan [23] !

3

En 2014, elle était l’invitée de la 4ème foire musulmane de Belgique, organisée par les Frères Musulmans de la LMB [24] en collaboration avec la société dedition GEDIS, détenue par les Frères Musulmans de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) [25]. Farida Tahar avait débattu avec la professeur Brigitte Marechal, professeur à l’UCL (Université Catholique de Louvain), autour des « Nœuds du dialogue entre musulmans et non-musulmans » [26]. Farida Tahar avait clôturé ce débat en relevant « trois impératifs pour un réel dialogue entre musulmans et non-musulmans : le respect, l’empathie et la volonté » [27]. Elle avait regretté que « malgré quarante ans de reconnaissance de l’islam en Belgique, le culte musulman n’est toujours pas visible dans l’espace public » [28]. Pour avancer, disait-elle : « il faut cesser de culturaliser les questions du vivre ensemble et mettre en application les mesures nécessaires. » [29] Serait-ce cela aussi le sens de son engagement politique ?

Elle est aussi coordinatrice au « Service Social Musulman Le Figuier », actif au sein de la commune de Schaerbeek [30]. « Le figuier » est officiellement arrosé, financé et soutenu par l’administration communale de Schaerbeek ; par la COCOF (Commission Communautaire Française) ; par le FIPI (Fond d’Impulsion à la Politique des Immigrés) et par Actiris (l’Office Régional Bruxellois de l’Emploi) [31] !

Talent d’Achille de Farida ?

Toutefois, sa présentation, sur différents sites, ne laisse apparaître que les éléments de sa formation et qualification universitaire ainsi que de son expérience professionnelle et associative. Mais il y a un élément fondamental qui n’apparaît presque nulle part, si ce n’est sur un site marocain (en langue française) presque inconnu du grand public belge et européen[32]. Il s’agit de sa formation « religieuse », voire idéologique, durant quatre années, de 1999 à 2003, au sein d’un établissement qui flirte sérieusement avec le salafisme et la mouvance des Frères Musulmans. Cet établissement est l’Académie Européenne des Sciences Islamiques et Culturelles de Belgique, connue auparavant sous le nom d’Alkhayria Belgica et qui, depuis juin 2015, à en croire une modification statutaire, se nomme désormais : « Al-Mizan : Académie Islamique de Bruxelles » [33]. Dans la suite de l’article, c’est l’ancienne dénomination sociale qui sera utilisée, à savoir : Alkhayria Belgica.

Cet établissement a été fondé le 24 juin 1995 dans la commune d’Anderlecht à Bruxelles par le tunisien Mohamed El Alouini, sa femme et ses enfants, entre autres [34]. Mohamed El Alouini fut aussi ancien directeur du CICB (Centre Islamique et Culturel de Belgique)[35], domicilié à la célèbre mosquée wahhabite du Parc du Cinquantenaire à Bruxelles qui est financée et gérée depuis 1967 [36], par l’Arabie Saoudite via la Ligue Islamique Mondiale, et inaugurée en présence du roi Fayçal Ibn Abdelaziz, l’ami des Frères Musulmans, qui a financé aussi le principal centre islamique en Europe : Le Centre islamique de Genève en 1961, géré depuis toujours par la famille Ramadan, père et fils [37].

4

Qui sort le chèque, impose sa loi

Dans l’Iris et le Croissant, Félice Dasseto précise qu’à partir de l’année 2006, Alkhayria Belgica s’est installée dans ses nouveaux locaux [38], au 17-23 de la rue Broyère à Bruxelles, achetés et transformés grâce aux financements des pays du Golfe. Une partie de ce financement a été assurée par les deniers de « The Zayd Bin Sultan Al Nahayan Charitable & Humanitarian Foundation ». Celle-ci laisse apparaître, sur son site arabe, une ligne de financement, en 2008, portant la mention « Travaux de réhabilitation de l’académie islamique à Bruxelles » [39]. Le site wikipédia en communique un montant total de presque un demi-million d’euros[40].

La présence à Abou Dhabi, de 1994 à 2011 et pour raison professionnelle, du chirurgien-pédiatre Souhaïl El Alouini, membre fondateur aussi d’Alkhayria Belgica et fils de Mohamed El Alouini, son premier directeur, avait peut-être facilité ce financement. D’autant plus que le docteur Souheil El Alouini était remarqué du fait qu’il dirigeait un hôpital très connu et a été élu président de la « Société Émirienne de Chirurgie Pédiatrique » [41]. Un rôle plausible qui reste, toutefois, à confirmer.

Cependant, un autre élément aurait joué un rôle facilitateur pour le déblocage des fonds. Il s’agit de la présence d’un frère musulman [42], de renommé internationale, au sein de la direction centrale de la fondation caritative émiratie, depuis sa création en 1992. Ce frère musulman a été nommé à son poste, par décret en 1993, par le cheikh Zayd Bin Sultan en personne [43]. Il a été reconduit au même poste par son successeur, à plusieurs reprises [44], par décret aussi, jusqu’à sa mort en février 2010 [45]. Il s’appelle Ezzedin Ibrahim (1928-2010), d’origine égyptienne, qui fut conseiller culturel du cheikh Zayd Bin Sultan et qui a reçu un prix en 2006 à « Abu Dhabi Awards » [46].

Depuis, les Emirats Arabes Unis, alertés des dangers que représentent l’idéologie et les activités des Frères Musulmans, ce pays a fini par classer la mouvance islamiste, ses personnalités et ses branches locales et internationales sur la liste des organisations terroristes. Et ce, depuis l’année 2014 ! [47]

5

Alkhayria Belgica ou le déni du « frérisme »

En mars 2015, dans son enquête « Comment les Frères Musulmans ont pris la Belgique en otage », la journaliste Marie-Cécile Royen avait cité Alkhayria Belgica parmi les organisations fréristes belges. Naturellement, elle a dû faire face à des intimidations mais sans se laisser intimider [48]. Ali Oubila, l’actuel président de cet établissement, avait usé de son droit de réponse en ces termes, je cite : « Nous tenons donc au travers de ce droit de réponse à restaurer notre innocence quant à cette soi-disant prise d’otage et à corriger cette allégation quant à notre appartenance frériste par une déclaration de non-appartenance absolue si ce n’est à Dieu » [49] ! Et de rajouter : « En effet, Alkhayria Belgica a la vocation d’être une institution scientifique islamique dont l’indépendance (intellectuelle, idéologique, politique, philosophique, doctrinale…) constitue l’essence même de son identité, une valeur fondamentale et nécessaire dans l’accomplissement de ses objectifs loin de tout esprit d’activisme ou de prosélytisme quelconque » [50].

En janvier 2016, Ikhwan Info, avait publié un article intitulé « Alkhayria Belgica » [51]. Ali Oubila a envoyé aux responsables du site un « droit de réponse » le 21 mars dernier dans lequel il dit, je cite : « Près de 90% de nos intervenants ne sont pas frères musulmans … ». Dans la foulée, le 26 mars, un communiqué officiel est publié sur le site Internet d’Alkhayria Belgica et sur sa page Facebook qui dit, je cite : « L’Académie Islamique de Bruxelles (Alkhayria Belgica) est une institution indépendante, financièrement et scientifiquement. Elle est libre de toute tutelle étatique et de toute appartenance doctrinale, idéologique ou politique. Elle n’est pas dans la propagande, le dogmatisme ou encore le prosélytisme. Elle serait plutôt attachée à des principes déontologiques et académiques comme l’intégrité, la transparence, la rigueur scientifique, l’objectivité, l’ouverture, l’approche descriptive, la critique, la cohérence … » [52][53]. La phrase « Elle serait … » usant du conditionnel présent, laisse planer le doute et l’incertitude et suffit, à elle seule, pour justifier les doutes à l’égard de cet établissement !

Cependant, avant d’examiner la véracité, ou pas, de ses propos, il ne serait pas inutile de préciser ce que voudrait dire le terme « frériste » dans mon usage. D’autant plus que moi-même j’étais « frère musulman » [54], et donc connaissant comment les Frères Musulmans et leurs proches tentent à limiter le rapport au « frérisme » à un bulletin d’adhésion, sans tenir compte de comment Hassan Al-Banna définissait sa mouvance comme étant d’abord une « idée ». En effet, dix après la création des Frères Musulmans, Hassan Al-Banna a rappelé cette évidence en 1938, lors du 5ème congrès de sa mouvance. Cette idée, il l’a résumé de son vivant. Les Frères musulmans ne l’ont jamais remise en question, je cite : « l’islam est dogme et adoration, patrie et nationalité, religion et état, spiritualité et action, Coran et épée »[55].

Plus qu’une idée, il s’agit d’une idéologie, au sens d’un système plus au moins ordonné d’idées, caractérisant la vision globale d’un groupe, concernant l’humain et ses relations verticales et horizontales, à partir duquel le passé est invité, le présent est approché et le futur est projeté. Ainsi, être « frériste » ne se limite pas au fait d’avoir un lien organique affiché et établi officiellement avec la guidance suprême égyptienne ou de posséder une sorte de « déclaration d’appartenance »[56]. Dire par exemple : « Nous n’avons pas de liens organiques avec … » n’engage que ceux qui y croient. D’ailleurs, tout est fait pour brouiller les cartes des filiations : Taqiya (dissimulation)[57], double-discours, et j’en passe et des meilleurs !

« Frérisme », quelques repères …

Est « frériste », toute personne, physique ou morale, porteuse presque dans ses gènes de l’idéologie islamiste d’Hassan Al-Banna et des autres idéologues de la mouvance après lui.

Est « frériste », en Belgique, en France ou en Europe, toute personne, physique ou morale, liée directement ou indirectement à des organisations telles que la FOIE (Fédération des Organisations Islamiques en Europe) [58], le CERF (Conseil Européen des Recherches et de la Fatwa) [59], l’UISM (Union Internationale des Savants Musulmans) [60], entre autres.

Est « frériste » aussi, toute personne, physique ou morale, qui, consciemment ou inconsciemment, sert le dessein politique des Frères Musulmans et fait avancer le processus stratégique du Tamkine [61].

Est « frériste » ne sont pas uniquement des personnes physiques issues de la mouvance islamiste en Égypte ou en Syrie. D’ailleurs, la plupart des frères musulmans français et belges sont des maghrébins, notamment des marocains et des tunisiens !

En somme, un « frériste » n’est pas uniquement celui qui s’intègre dans un schéma organisationnel pyramidal ancien et démodé (type spider) mais aussi celui ou celle qui occupe une place, dans un nouveau schéma dit « Etoile de mer à cinq bras » [62], se basant théoriquement et aussi de façon opérationnelle sur l’islamisme comme idéologie d’action et de conquête ; sur un ou plusieurs champions d’identification ; sur des cercles connectés indépendants et interdépendants ; sur des catalyseurs animant ces cercles ; et sur un réseau moderne et puissant drainant beaucoup d’argent, des ressources humaines et techniques et des leviers d’influences politiques et médiatiques.

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Force est de constater qu’en France, en Belgique, en Europe et dans le monde entier, lorsque les Frères Musulmans organisent une quelconque activité publique, ils prennent toujours des précautions tactiques pour « noyer le poisson », faire diversion, et ne pas paraître sectaires et isolés. Raison pour laquelle, ils invitent des personnalités « non-fréristes », de gauche, de droite, de l’interreligieux, du monde des médias, des chercheurs à l’université, souvent dont le nom n’est pas à consonance arabe et parfois ce sont des convertis n’affichant pas leur islamité, pour se donner cette image de « fréquentabilité », d’ouverture d’esprit et surtout d’avoir cette caution morale, en cas de reproches qui leur sont souvent adressées, à juste titre. Toutefois, la diffusion des standards idéologiques et doctrinaux de la mouvance a besoin de vrais propagandistes, noyautant le corps de l’administration, parfois sans que les autres membres de la direction ne se doutent de quoique que ce soit, et constituant la partie presque invariable de la liste des intervenants permanents ou occasionnels.

Ossature frériste d’Alkhayriya Belgica

A la lumière de cette approche du « frérisme » opérationnel sur le terrain de la prédication, il est quasi impossible de dédouaner Alkhayria Belgica de la présence de tout lien, direct ou indirect, avec au moins, le réseau frériste européen. Ceci étant dit, ce rapport peut évoluer, dans un sens comme dans l’autre sens, en fonction du ratio des « fréristes » parmi le collège des invités et aussi le collège directionnel. Si l’on n’analyse que l’évolution de la composition du conseil d’administration, presque stable depuis la création, ce conseil ne contient désormais presque aucun des membres fondateurs, qui seraient garants d’une certaine continuité. Souheil El Alouini, le fils de Mohamed El Alouini, a quitté définitivement le CA en juin 2013 [63]. Il est parti s’installer en Tunisie pour poursuivre une carrière politique, d’abord à l’UPL (Union Patriotique Libre) et ensuite à « Nidaa Tounes », en tant que député élu le 26 octobre 2014 [64].

Le seul membre fondateur, présent depuis toujours au sein du conseil d’administration, s’occupant au quotidien de la gestion des affaires courantes de l’établissement est un « frériste ». Il s’appelle Abderazak Sidhom [65]. C’est un peu le seul trait d’union entre l’équipe des fondateurs et la relève.

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Sur son profil Facebook [66][67], il ne cache pas son admiration pour Hassan Al-Banna. Son adhésion au mouvement islamiste tunisien Ennahda est plus qu’ostensible et ne fait presque aucun doute. Un jour, il regretta amèrement la chute du « frère » Mohamed Morsi et laissa s’exprimer son espérance pour une nouvelle victoire. D’autres jours, il multiplie les éloges à l’égard du président islamiste turc Recep Tayyip Erdogan. Son admiration pour des leaders islamistes tunisiens comme Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou est sans limites. Il n’hésite pas à diffuser sur son profil un appel à participer à un rassemblement islamiste, organisé par le bureau bruxellois de la mouvance Ennahda. Comme par mimétisme, son « frérisme » assumé l’amène à avouer clairement son refus à reconnaitre l’Etat d’Israël. Irait-il jusqu’à espérer sa disparition comme l’iranien Ahmadinejad ? Ou légitimer le « jihad armé » des frères du Hamas à son encontre ? Simples questions.

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Farida Tahar et le tandem Amdouni et Bouzouina

Farida Tahar a certainement connu Abderazak Sidhom durant ces quatre années de formation à Alkhayria Belgica. En plus, à l’époque où elle y suivait ses cours, entre 1999 et 2003, deux autres enseignants étaient présents au sein de l’établissement à cette époque : Hassan Amdouni et Abdelhamid Bouzouina.

Dans son livre : Les Frères Musulmans en Europe, racines et discours, Brigitte Maréchal consacre un paragraphe à ces deux frères en les présentant comme suit : « Le cheikh Hassan Amdouni, un théologien diplômé de la Zeitouna, assure des conférences sur la famille, les relations familiales et le bon comportement. Entre autres, notons encore le cheikh Abdelhamid Bouzouina décédé en 2005 : prêcheur de renom, d’origine algérienne, qui insiste notamment sur la responsabilité d’être musulman, la pratique religieuse au sens large et l’intention qui y est associée » [68].

Sur le site « www.Fatawas.be », dans un compte-rendu d’une journée d’hommage dédiée au frère algérien après sa mort, le rapporteur dit : « Le cheikh Abdelhamid Bouzouina était aimé par tous. Il était aimé par tous, car comme l’a décrit le Dr Hassan Amdouni, son compagnon de route, c’était un homme de cœur et de rassemblement » [69]. Preuve que les deux frères étaient très proches : Une proximité surtout idéologique.

Hassan Amdouni et l’héritage doctrinal d’Hassan Ayyoub

Pour exemples, Hassan Amdouni a collaboré à la traduction en français du livre Tabsith al-Aqa’id al-Islamiyah (تبسيط العقائد الإسلامية) de son auteur, le frère musulman égyptien Hassan Ayyoub (1918 – 2008) [70]. Le livre publié aux éditions Al-Qalam, dans sa version française, est intitulé : La foi musulmane : Dogme et dissidences [71] qui considère le seul dogme « ach’arite » [72] sunnite, comme seule foi authentique. A la fin du livre, dans sa version arabe, son auteur consacra dix-sept pages, pour décrire les différents groupes et tendances dogmatiques qui ont traversé et qui traversent toujours le monde arabo-berbère, depuis plusieurs siècles et qui ne sont pas reconnus par les Frères Musulmans.

Il cita les dissidents, attentistes, qadarites, chiites, zaydites, imamites, etc. Le frère Hassan Ayyoub écrit dans son livre, je traduis : « Le Qadianisme et le Bahaïsme sont les dogmes les plus dangereux pour les nations musulmanes. Qadianistes et bahaïsites sont encore plus mécréants que les juifs, les chrétiens et les zoroastriens » [73]. Il dit encore, je traduis : « Les nosaïrites [alaouites de Syrie dont est issue la famille des Assad, père et fils] sont plus dangereux pour l’islam que les juifs. Ainsi, Ibn Taymiyya avait décrété une fatwa, à son époque, rendant obligatoire [d’un point de vue religieux] le fait de les combattre [par les armes] et de combattre aussi les druzes » [74].

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Ce livre du frère Hassan Ayyoub est mentionnée aussi comme référence bibliographique de Tariq Ramadan dans son livre : De l’islam et des musulmans[75]. Pour rédiger son essai, le frère Tariq s’est appuyé sur l’ancienne version traduite et éditée par les éditions Okad en 1991. Cette ancienne traduction portait le titre de : Clarification de la foi musulmane [76]. Elle a été améliorée et rééditée ensuite, avec le concours d’Hassan Amdouni, aux éditions Al-Qalam en 2004, sous le nouveau titre : Foi musulmane : Dogmes et dissidences.

Par ailleurs, Hassan Ayyoub est cité dans le livre : Al-Qaida dans les textes [77], présenté par Gilles Kepel. L’on apprend que lorsque la figure frérojihadiste Abdellah Azzam – un frère musulman palestinien et l’un des principaux repères idéologiques et guides d’Oussama Ben Laden – avait rédigé une fatwa considérant comme « obligation individuelle » le jihad en Afghanistan, il l’avait présentée à de nombreux savants fréristes et wahhabites qui l’ont unanimement approuvée, validée et signée. Parmi ces savants, il y avait un certain Hassan Ayyoub qui était à cette époque professeur à l’université du roi Abdelaziz à Djeddah. Hassan Amdouni a donc participé, par cette traduction, à faire connaître la pensée dogmatique radicale, intolérante et sectaire du frère musulman Hassan Ayyoub auprès de la jeunesse francophone, de la jeunesse belge. Une responsabilité ? Certainement.

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Hassan Amdouni a aussi écrit d’autres livres puisant toute la matière première des écrits théologiques et jurisprudentiels des références fréristes connues, notamment au sujet dudit statut de la femme musulmane. Celle-ci se doit, par prescription religieuse dit-il, de se voiler tout le corps, excepté le visage et les mains. Dans son livre : Le Hijab de la femme musulmane : Vêtements et toilette [78], en plus des textes religieux qu’il interprète comme prescripteurs de cette obligation, il a même usé de son talent de dessinateur pour montrer aux femmes ce que devrait être une « mode islamique » conforme au textes « sacrés ». Hassan Amdouni n’a pas attendu à ce qu’on lui demande de faire un dessin. Il l’a déjà fait.

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Abdelhamid Bouzouina, persona non grata en France depuis 1994

Quant à Abdelhamid Bouzouina (1954 – 2005), son appartenance à la mouvance frériste ne fait aucun doute. Dès son arrivée d’Algérie pour rejoindre la France, il intégra l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) et est devenu son secrétaire général [79]. En parallèle, il composa le programme et la méthodologie de l’apprentissage de la langue arabe à l’institut idéologique frériste l’IESH (Institut Européen des Sciences Humaines) à Château-Chinon, créée en 1990, où il enseigna aussi i[80].

Un de ses élèves se souvient de lui, très récemment, en octobre 2014, en ces termes, je cite : «Un grand Hommage et Pensée à mon Professeur d’Arabe, Cheikh Abdelhamid Bouzouina qui nous a quitté en 2005 ! Il fut mon Professeur d’Arabe en 1992, à raison d’environ 20h/semaine à Château Chinon ! Ce Croyant était à lui seul un Livre, sa Modestie, son ouverture, il était un Puits de Science […]. J’ai vécu des moments intimes avec lui, ils sont encore dans mon cœur même 20 ans après ! » [81]. Cet élève n’est autre que l’imam salafiste Mohamed François [82], imam de la mosquée de Joué-Lès-Tours (ICM37 [83]), en Indre et Loire, qui fut citée à la marge de l’affaire Bertrand Nzohabonayo [84], alias Bilâl. Celui qui avait attaqué, le 20 décembre 2014, à l’arme blanche, trois policiers dans un commissariat!

Bernard Godard, Monsieur « islam de France » au Ministère de l’Intérieur de 1997 à 2014[85], valide l’information concernant la formation de l’imam Mohamed François à l’IESH et confirme son côté salafiste, branché sur les  ondes du wahhabisme saoudien. Il dit, je cite : « […] l’imam de la mosquée de Joué-Lès-Tours, Mohamed François, en Indre et Loire. De son nom originel François Bordenave, converti en 1989, il a suivi ensuite des cours à l’IESH (Institut Européenne des Sciences Humaines), le centre de formation de l’UOIF à Saint-Léger-du-Fougeret, dans la Nièvre. Infidèle à ces formateurs proches des Frères musulmans, il adopte la voie salafiste avant de s’installer près de Tours. Il est l’illustration d’un stricte rigorisme wahhabite en même temps qu’il ne néglige pas les problèmes de son temps ni de son environnement. Lié à ses imams de la même mouvance, fidèles disciples des oulémas saoudiens, il invite dans sa mosquée le Brestois Abou Houdeyfa … » [86]. Seul bémol, Mohamed François ne serait pas si infidèle que cela pourrait paraître à l’UOIF. Car premièrement, le témoignage qu’il rédigea en octobre 2014 démontre plutôt une fidélité et un grand respect pour son modèle, le frère musulman Abdelhamid Bouzouina. Et deuxièmement, parce qu’aujourd’hui Amar Lasfar, le président de l’UOIF, tente de réhabiliter l’image de l’imam salafiste brestois Abou Houdeyfa et n’éprouve aucune gêne à l’inviter, par l’intermédiaire d’un jeune imam dans une mosquée roubaisienne, à une conférence intitulée : « L’union dans la diversité » [87][88]. Ce qui prouve une chose : Frères musulmans et salafistes sont des … frères, certes divers, mais parfaitement unis !

C’est peut-être pour cela qu’en 1994, un arrêté ministériel français expulsa du territoire pour raison de radicalisme islamiste, semble-t-il [89], le frère Abdelhamid Bouzouina, qui s’installa, ensuite, en Belgique, le restant de sa vie et y joua un rôle majeur dans l’organisation officielle du culte musulman. Les liens de ce dernier avec la mouvance sont restés intacts. Le 19 et 20 mai 2001, il participa au premier séminaire européen : « Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? »[90], organisé par le département « Prédication et présentation de l’islam » de la FOIE.

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Ce séminaire avait rassemblé à Genève, autour du frère franco-tunisien Mohamed Karmous – le président de la LMS (Ligue des musulmans de Suisse) – d’autres islamistes comme Ahmed Jaballah (UOIF-IESH), entre autres, ainsi que le psychiatre franco-tunisien Ahmed Eleuch, clinicien installé à Seine-Saint-Denis, issu de la mouvance islamiste Ennahda. Ce dernier avait défrayé la chronique en 2009, après son arrestation en Tunisie, à l’époque de Ben Ali, et son inculpation pour « atteinte à la sureté de l’Etat ». Sa défense avait plaidé non coupable et avait nié tout lien du psychiatre avec le mouvement islamiste Ennahda depuis qu’il avait quitté la Tunisie en 1987. Le fait est qu’en mai 2001, il était bel et bien présent à une réunion islamiste, au plus niveau européen, à proximité du Lac Léman !

Lors de ce séminaire, le frère musulman Abdelhamid Bouzouina avait exposé, en langue arabe, sa vision et ses recommandations au sujet des : « Incubateurs éducatifs pour nos enfants en Europe »[91] – famille, mosquée, centre islamique, association, … – et leur rôle facilitateur dans la stratégie du « Tawtine »[92] (Territorialisation) poursuivie par la mouvance islamiste en Europe comme préalable du projet politique « Tamkine ». Les actes, en arabe, de ce premier séminaire révélateur d’une vision « islamisante » de l’Europe et de l’Occident, y compris la contribution d’Abdelhamid Bouzouina, ont été publiés en 2002 par la société dedition MEDIACOM, gérée à l’époque, depuis Amiens en France, par un autre islamiste franco-tunisien, Abdellah Benmansour, qui préside désormais la FOIE, la branche européenne des Frères Musulmans.

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Hassan Amdouni et Abdelhamid Bouzouina ont donc influencé la vision et la compréhension de Farida Tahar au point qu’elle s’en souvient aujourd’hui, après plus de dix ans de l’obtention de son diplôme à Alkhayria Belgica. L’on pourrait légitimement se poser la question sur le degré de l’influence des enseignements de cette structure sur ses engagements citoyens et politiques. Alors qu’elle est très combative médiatiquement pour s’opposer aux propositions concernant la laïcité et les signes convictionnels, l’on pourrait se demander si cette farouche opposition est dictée par une idée personnelle des droits humains ou bien par une volonté d’imposer une « Loi d’Allah » comme l’écrit Hassan Amdouni.

Le même Hassan Amdouni diffusa le 22 octobre 2015 une citation sur son profil Facebook, je traduis : « Embrasser la religion sans faire de la politique, c’est ressembler à un prêtre. Faire de la politique sans être dans la religion, c’est ressembler à un laïque. Embrasser la religion et faire de la politique, c’est posséder les clefs du Tamkine ». Une citation attribuée à Ahmed Raïssouni, l’islamiste marocain ancien président du MUR (Mouvement Unicité et Réforme), pressenti pour succéder à Youssef Al-Qaradawi à la tête de l’UISM (Union Internationale des Savants Musulmans). Farida Tahar semble avoir très bien assimilé cette vision politico-religieuse des choses. Son engagement en serait la parfaite synthèse.

Le frérisme, des visages et … un discours !    

Peu importe, l’auteur de L’Iris et le Croissant décrit l’enseignement au sein d’Alkhayria Belgica comme étant « très classique et conservateur »[93]. La longue liste des invités de cet établissement depuis l’année 2013/2014 confirme ce constat et montre une tendance à inviter davantage de fréristes que d’autres sensibilités : Un choix. Sur une liste de 33 intervenants, animant 23 séminaires, au moins 18 invités de renommé nationale ou internationale sont fréristes ou assimilés.

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Parmi lesquels, l’on cite :

            Ahmed Jaballah [94] (UOIF-IESH) ; Moncef Zenati [95], membre du bureau de l’UOIF, chargé de l’enseignement et de la présentation de l’islam et traducteur des 20 principes d’Hassan Al-Banna ; Tariq Oubrou (UOIF) ; Hani Ramadan, le directeur du centre islamique de Genève ; Tariq Ramadan, directeur du CILE qatari et président de l’EMN ; Tahar Mahdi [96], membre de l’UISM présidée par Al-Qaradawi ; Hassan Iquioussen (UOIF) ; Othman Iquioussen [97][98], son fils et imam à la mosquée de Raismes ; Mohamed Bajrafil [99][100][101], qui, tout en niant toute adhésion à la mouvance, il avoue que ses références sont Youssef Al-Qaradawi et Safwat Hijazi, entre autres ; Zakaria Seddik [102][103][104], ancien professeur à l’IESH et membre de l’UISM ; Shaqeel Seddiq [105][106][107], formé et diplôme à l’IESH ;  Mohamed Ramoussi [108], théologien formé à l’IESH ; Mehmet Saygin [109][110], soutenant sans réserve l’AKP et le président islamiste turc Erdogan ; Moataz Al-Khateeb [111], un frère syrien, écrivain et journaliste et qui était le préparateur de 2004 à 2014 de la fameuse émission « La charia et la vie » (الشريعة و الحياة) de Youssef Al-Qaradawi sur la chaîne qatarie Al-Jazeera ; Malika Hamidi [112][113], la directrice de l’EMN présidé par Tariq Ramadan ; Abdelhamid Temsamani Chebagouda, universitaire et professeur de religion islamique dans un lycée, qui s’est fait remarqué le vendredi 13 mars 2009 par des propos « révisionnistes » tenus devant des élèves, lorsqu’il a reproché à Henri Kichka, un juif survivant des camps d’Auschwitz, d’avoir « exagéré » et « romancé » son récit. Tamsamani évoqua comme référence Roger Garaudy [114] !

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D’autres invités flirtent avec le frérisme, directement ou indirectement, et soutiennent ses acteurs à l’image de : Farid Al-Asri [115][116] qui a soutenu par le passé Tariq Ramadan et Yacob Mahi ; Michael Privot [117] qui bien qu’il ait annoncé son départ de la mouvance semble en être toujours proche sur le terrain de l’action associative et de la lutte contre l’islamophobie, etc. Aussi, d’autres invités ne se revendiquent pas fréristes mais partagent avec le frérisme la matrice salafiste doctrinaire à l’image de Yaya Michot [118] (alias Nasredin Lebatelier), celui qui s’est rendu célèbre en 1997 en marge de l’assassinat des moines de Tibéhirine lorsqu’il a exhumé une fatwa d’Ibn Taymiyya (1263 – 1328). Un autre habitué d’Alkhayria Belgica est Mouhamed Balaye Ndiaye [119], qui n’est autre que l’actuel imam du Centre islamique de Bruxelles, au Parc du Cinquantenaire, dont la tendance wahhabite et le financement saoudien ne sont un secret pour personne.

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D’autres invités agrémentent un peu le cortège comme le célèbre Adnan Ibrahim ou Idris De Vos ou Eric Geoffroy. Ces deux derniers sont convertis à un islam spirituel et soufi. Leur présence peut être aussi interprétée comme une volonté de la part de l’équipe pédagogique de combler la dimension soufie chez les étudiants d’Alkhayria Belgica. D’autant plus qu’Hassan Al-Banna définissait aussi sa mouvance islamiste comme une « vérité soufie »[120].

Un autre prédicateur yéménite est passé à Alkhayria Belgica, par deux fois, pour délivrer un message prosélyte clair bien que très doux et souriant. Il s’appelle Al-Habib Ali Al-Jifri. Ses critiques occasionnelles du comportement politique des Frères Musulmans n’éclipsent point ses nombreuses convergences doctrinales, idéologiques et salafistes avec la mouvance. Il entretenait un lien particulier avec Mohamed El Alouini qu’il considère comme le père spirituel de l’action islamique en Belgique. Il s’est rendu à Alkhayria Belgica, une première fois en juin 2003. Mohamed El Alouini était alors le président de son conseil d’administration. Le cheikh yéménite a participé le samedi 14 juin à l’attribution des diplômes aux étudiants et aux étudiantes. La formation de Farida Tahar ayant pris fin en 2003. J’ignore si elle a reçu aussi son diplôme de la main droite de ce cheikh yéménite qui a animé ensuite des conférences et débats au sein de cette structure.

Lors de sa conférence du dimanche 15 juin, en présence du frère Mohamed Boulif, alors président de l’EMB (Exécutif des Musulmans de Belgique), il s’est adressé aux étudiants belges présents, en ces termes, je traduis : « La prédication et l’appel à Allah est la seule raison valable pour votre résidence dans ce pays. Sans prédication, il n’y a aucun prétexte qui pourrait motiver votre présence ici » ! Pour ce prédicateur, les étudiants formés se doivent d’accomplir un devoir prosélyte, sans violence certes, mais avec détermination en suivant l’exemple de la prédication dans des pays comme « la Malaisie et l’Indonésie »[121].

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En juin 2012, quelque temps avant le décès de Mohamed El Alouini, le prédicateur yéménite lui a rendu visite à l’hôpital et s’est rendu ensuite à Alkhayria Belgica pour animer une nouvelle conférence[122].

Alkhayria Belgica : islams ou islamisme ?

Ainsi, après cette courte analyse, lorsqu’Ali Oubila, l’actuel président d’ Alkhayria Belgica, dit : « Nous tenons donc au travers de ce droit de réponse à restaurer notre innocence quant à cette soi-disant prise d’otage et à corriger cette allégation quant à notre appartenance frériste par une déclaration de non-appartenance absolue si ce n’est à Dieu » ou : « En effet, Alkhayria Belgica a la vocation d’être une institution scientifique islamique dont l’indépendance (intellectuelle, idéologique, politique, philosophique, doctrinale…) constitue l’essence même de son identité, une valeur fondamentale et nécessaire dans l’accomplissement de ses objectifs loin de tout esprit d’activisme ou de prosélytisme quelconque », l’on est forcé de le contredire car tout un faisceau concordant d’indices et de preuves matérielles démontrent, par leur fréquence, leur similitude et leur répétition le caractère établi de l’inscription d’ Alkhayria Belgica dans un schéma idéologique d’un réseau frérosalafiste qui porte un nom depuis 1928 : Les Frères Musulmans.

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Farida Tahar, la conseillère communale voilée de Molenbeek-Saint-Jean a appris, dans ce cadre, les rudiments de « la religion » telle qu’elle est interprétée suivant les standards de l’idéologie frérosalafiste. En était-elle consciente ? En était-elle instrumentalisée ? Quoi que l’on puisse supposer, son engagement citoyen et politique et ses combats et revendications ne peuvent être différenciés des combats et revendications des sœurs musulmanes et des frères musulmans, en Belgique, en France, en Europe et dans le monde entier.

L’on pourrait croire qu’elle prendrait plutôt la marocaine Asma Lamrabet comme repère sur le chemin d’un certain engagement féministe. Seul bémol, elle n’est pas sur la même ligne qu’elle au moins sur la signification et la perception du « voile » dit islamique, en tant que signe convictionnel. Alors qu’Asma Lamrabet dit : « Pour les femmes musulmanes d’aujourd’hui le véritable défi c’est de retrouver le souffle libérateur du message spirituel de l’islam. Porter le foulard  n’est pas une finalité spirituelle en soi »[123] et : « Le port du hijab n’est pas révélateur de la religion musulmane, et que même la loi religieuse ne lui confère pas cette priorité que lui accorde l’islam politique »[124].

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Farida Tahar, elle, se trouve plutôt en phase avec la conception d’un Hassan Al-Banna, ou d’un Hassan Ayyoub, ou d’un Hassan Amdouni, et aussi d’un certain Tariq Ramadan. Ceux-là font du « voile » dit islamique, à l’image des Frères Musulmans d’hier et d’aujourd’hui, l’étendard même d’une stratégie d’islamisation globale, à tous les niveaux, par le haut et par le bas, par étapes et par étages : Dis-moi combien de têtes de fillettes et de femmes tu as réussi à voiler, je te dirais quel pourvoir tu as ici et maintenant et quel pourvoir tu auras demain.

Enfin, au-delà de l’idéologie frérosalafiste et des raisons, diverses et variées, qui ont permis ce communautarisme islamiste de la commune belge de Molenbeek, il serait intéressant de comprendre le fonctionnement de la mécanique de ce rouleau compresseur qu’est l’islam politique, et de décrypter, avec le recul nécessaire, comment il opère, un peu partout en Europe, depuis plusieurs décennies, dans une complémentarité entre les frères et les salafistes, lesdits modérés et les radicaux. Une complémentarité qui réussit grâce aux concours et aux connivences intéressées de certains femmes et hommes politiques et de certains acolytes et relais médiatiques.

20

En ce sens, l’exemple de l’engagement de Farida Tahar, qui est loin d’être un cas isolé, pourrait servir de repère. D’autres parcours pourraient livrer d’autres secrets avec des particularités insoupçonnables. L’erreur serait de soumettre l’analyse du cas Molenbeek, surtout après les attentats de Paris et de Bruxelles, à la seule grille de lecture jihadiste. Car la matrice doctrinale qui engendre le jihadisme, depuis toujours, est identique à celle qui alimente l’islamisme en général. Le jihadisme ne représente qu’un cas particulier de l’islam politique qui le couvre et le légitime. Celui-ci est à la fois divers et uni. Divers comme le sont les doigts d’une main à cinq ou à quatre doigts. Uni, lorsque les doigts se joignent mutuellement, au « juste milieu », pour former un coup de point, prêt à frapper là où l’on ne s’y attend pas. D’ailleurs, lorsque l’on critique l’islamisme frérosalafiste, ses connivences avec le jihadisme et les textes scripturaires dits « sacrés » qui valident et légitiment ses revendications, certains acteurs bien placés sur l’échiquier associatif et politique, national et européen, crient en une seule voix à l’islamophobie. Farida Tahar en sait quelque chose !

Mohamed Louizi

[1] http://www.ps.be/Pagetype1/PS/Vos-Elus/Farida-TAHAR.aspx#

[2] https://www.facebook.com/islamophobia.ccib.be/posts/970058256414490

[3] https://www.rtbf.be/video/detail_farida-tahar-j-ai-peur-qu-on-arrive-a-une-laicite-extremiste?id=2081550

[4] http://www.peacefullives.be/fr/2016/02/29/farida-tahar/

[5] http://e-taqafa.ma/dossier/farida-tahar-conseillere-communale

[6] https://www.linkedin.com/in/farida-tahar-5177a042

[7] http://e-taqafa.ma/dossier/farida-tahar-conseillere-communale

[8] http://mrax.be/wp/

[9] https://quandlemraxdesaxe.wordpress.com/2009/11/19/comment-le-mrax-a-ete-noyaute/

[10] https://quandlemraxdesaxe.wordpress.com/2009/11/19/comment-le-mrax-a-ete-noyaute/

[11] https://quandlemraxdesaxe.wordpress.com/page/2/

[12] Selon des observateurs, l’ULB elle-même serait victime de cet entrisme de mouvement religieux. Elle aurait commencé à rompre, petit à petit, avec sa tradition du libre examen et de la rationalité, presque à la même vitesse avec laquelle s’opère l’entrisme de mouvement exigeant qui demande que l’on respecte leur opinion.

[13] https://quandlemraxdesaxe.wordpress.com/page/2/

[14] http://e-taqafa.ma/dossier/farida-tahar-conseillere-communale

[15] http://e-taqafa.ma/dossier/farida-tahar-conseillere-communale

[16] http://www.tayush.com/

[17] http://www.tayush.com/#!les-dfis-du-pluriel—introduction/cts5

[18] Lire ici le discours de Farida Tahar au nom du CCIB après les attentats de Charlie Hebdo : https://www.facebook.com/islamophobia.ccib.be/photos/a.705759366177715.1073741828.701663443253974/770213119732339/

[19] http://fr.slideshare.net/CCIB/ccib-rapport-dactivits-2014-islamophobiebelgique

[20] http://www.enar-eu.org/Staff-221

[21] https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=697519946933503&id=128498273835676

[22] https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=697519946933503&id=128498273835676

[23] https://www.facebook.com/European-Muslim-Network-EMN-128498273835676/

[24] https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=757289930992891&id=383375715050983

[25] http://www.gedis.net/v3/content/4-a-propos

[26] http://lmbonline.be/wp-content/uploads/2014/11/quatrieme-jour-pdf.pdf

[27] http://lmbonline.be/wp-content/uploads/2014/11/quatrieme-jour-pdf.pdf

[28] http://lmbonline.be/wp-content/uploads/2014/11/quatrieme-jour-pdf.pdf

[29] http://lmbonline.be/wp-content/uploads/2014/11/quatrieme-jour-pdf.pdf

[30] http://lefiguierasbl.be/?page_id=12

[31] http://lefiguierasbl.be/?page_id=18

[32] Le site est : (http://e-taqafa.ma/dossier/farida-tahar-conseillere-communale), cette information est relayée aussi sur la page Facebook de KARAMH EU, un organisme musulman des droits humains, sur le lien : (https://www.facebook.com/KaramahEU/photos/a.985002261559794.1073741828.763921523667870/1021399731253380/?type=3)

[33] Selon un acte officiel déposé le 27/08/2015 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge. Acte n° 15127306 (n° d’entreprise : 456.303.044).

[34] Ibid.

[35] Félice Dasseto, L’Iris et le Croissant, Presse Universitaires de Louvain, 2011, p.95-96

[36] https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_mosqu%C3%A9e_de_Bruxelles

[37] http://www.cige.org/cige/historique.html

[38] Félice Dasseto, L’Iris et le Croissant, Presse Universitaires de Louvain, 2011, p.95-96

[39] http://www.zayed.org.ae/?page_id=253&lang=en

[40] Lire en arabe ici : https://ar.wikipedia.org/wiki/ مؤسسة_زايد_للأعمال_الخيرية_والإنسانية

[41] https://www.facebook.com/Dr-Souhail-Alouini-137180666364567- دسهيل-العلويني/info/?tab=page_info

[42] Lire sa biographie en arabe ici sur l’encyclopédie historique officielle des Frères Musulmans : http://www.ikhwanwiki.com/index.php?title= عز_الدين_إبراهيم

[43] http://www.zayed.org.ae/?page_id=208&lang=en

[44] http://www.zayed.org.ae/?page_id=208&lang=en

[45] Lire ici en arabe au sujet de la présence des membres de la famille royale dans les funérailles du frère Ezzedin Ibrahim en février 2010 : http://www.alittihad.ae/details.php?id=6539&y=2010

[46] http://www.abudhabiawards.ae/en/recipients/

[47] http://www.france24.com/fr/20141119-uoif-organisation-terroriste-emirats-freres-musulmans-islam-france-syrie

[48] Quatre associations (Vigilance musulmane, Empowering Belgian Muslim, l’Association belge des professionnels musulmans-ABPM  et Alkhayria Belgica) ont réagi par des demandes de droit de réponse après la publication du dossier : « Comment les frères musulmans ont pris la Belgique en otage » (6 mars 2015) et, surtout, à cause de l’encadré présentant « L’infrastructure FM ». Le Vif/L’Express a publié ces textes en Forum des lecteurs. Des procédures ont été lancées contre l’hebdomadaire et Marie-Cécile Royen. L’ABPM a agi par voie judiciaire (affaire en appel). Trois personnes individuelles (dont Hajib El Hajjaji) et quatre associations  (ABPM, Comité contre l’islamophobie en Belgique-CCIB, Empowering Belgian Muslims-EmBem et Vigilance musulmane ont également introduit des plaintes auprès du Conseil de déontologie journalistique. L’avis du CDJ a été rendu le 14 octobre 2015. http://lecdj.be/telechargements/CDJ-15-23-Divers-c-M-C-Royen-LeVif-avis-14-oct-2015.pdf. Cependant, le dossier « Comment les Frères musulmans ont pris la Belgique en otage »  a continué à circuler sur Internet après son retrait du site levif.be. Le Vif/L’Express a, depuis lors, publié deux nouvelles enquêtes, sans se laisser intimider : « La frérosphère à Charleroi » (15 janvier 2016) et « Le Qatar investit chez les Frères » (11 mars 2016), auquel la Ligue des musulmans de Belgique a réagi par un communiqué daté du 13 mars dernier : http://lmbonline.be/2016/03/13/communique-la-lmb-identite-financement-freres-musulmans/.

[49] http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/9623

[50] http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/9623

[51] Lire ici : http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/9623

[52] http://www.alkhayria.org/communiqu–042016.html

[53] https://www.facebook.com/alkhayria.belgica/posts/1123472071036567:0

[54] Lire : Mohamed Louizi, Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans : Retour éclairé vers un islam apolitique, Michalon, Paris, 2016, 330 pages.

[55] Hassan Al Banna, Épîtres de l’imam martyr Hassan Al-Banna (en arabe), Dãr Al-Hadarah Al-Islamiyyah, p. 119.

[56] http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/9623

[57] Sur son blog Mediapart « Qui tolère l’islamisme récolte le terrorisme », mon ami, l’universitaire tunisien Salah Horchani donne cette explication du terme « Taqiya » (= تقيّة, en arabe) que je reproduis ici : « Taqiya peut être traduit par « pratique de la dissimulation pour se prémunir» dont un corollaire immédiat est la pratique du double discours. Cette pratique a, principalement, deux utilisations dans les milieux islamiques. La première, qu’on pourrait appeler la Taqiya défensive ou positive et qui fut, historiquement, la plus répandue, a consisté à dissimuler ses convictions religieuses afin deviter les persécutions. Ce fut le cas, par exemple, de groupes minoritaires chiites vivant au sein d’une majorité sunnite ou bien des minorités musulmanes de l’Espagne et du Portugal de la Reconquista, en observant clandestinement leur pratique religieuse tout en se comportant cultuellement, publiquement, comme la majorité. La seconde utilisation, qu’on pourrait appeler la Taqiya offensive ou négative, fut théorisée à l’extrême par Hassan Al-Banna et a retrouvé sa réelle dimension avec la Confrérie des frères musulmans qu’il a fondée et dont le parti islamiste tunisien Ennahdha est la succursale tunisienne. Ainsi, Hassan Al-Banna exige de ses ouailles d’être capables de faire preuve de « patience, de dissimulation et de préservation du secret ». Cette théorisation, qui a mis Machiavel et ses théories échec et mat, a impliqué dans la pensée des frères musulmans plusieurs corollaires parmi lesquels on peut citer : garder secret ce que l’on prépare et dire et montrer le contraire ; pour les besoins de la cause, pour éviter les confrontations directes ou pour gagner en respectabilité, la pratique de la tromperie active est permise et même conseillée, par exemple, participer à des processus électoraux tout en étant, en son for intérieur, de farouches adversaires de la démocratie qu’ils incarnent, puisque le label de l’islamisme est constitué par l’axiome : La Sharia est Constitution et Codes » Source : https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/271015/dis-moi-les-islamistes-comment-les-reconnait

[58] http://www.fioe.org/

[59] http://e-cfr.org/new/

[60] http://iumsonline.org/fr/

[61] http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/7968

[62] Lire ici : https://blogs.mediapart.fr/mohamed-louizi/blog/071215/voila-comment-l-islamisme-se-diffuse-depuis-le-qatar-de-maniere-decentralisee-et-efficace

[63] Selon un acte officiel déposé le 22/11/2013 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge. Acte n° 13181734 (n° d’entreprise : 456.303.044), l’assemblée générale du 16 juin 2013 a procédé à la révocation du conseil d’administration de Souheil El Alouini. Toutefois, l’acte officiel déposé le 27/08/2015 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge, n° 15127306, le fait apparaitre à l’article 4.1 comme membre fondateurs parmi une liste contenant 19 noms dont 4 sont issus de la famille El Alouini.

[64] https://fr.wikipedia.org/wiki/Souhail_Alouini

[65] Selon un acte officiel déposé le 27/08/2015 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge, acte n° 15127306 (n° d’entreprise : 456.303.044), Abderrazak Sidhom est un membre fondateur (article 4.1), il a toujours été membre du conseil d’administration, réélu administrateur lors de l’AG du 16 juin 2013.

[66] Principal profil est ici : https://www.facebook.com/abderrazak.sidhom

[67] Son deuxième profil est ici : https://www.facebook.com/profile.php?id=100004337057596&sk=about

[68] Brigitte Maréchal, Les Frères Musulmans en Europe, racines et discours, Presses Universitaires de France, 2009, 336 pages.

[69] http://fatawas.be/biographie-Bouzouina.html

[70] Lire (ici : http://www.ikhwanwiki.com/index.php?title= حسن_أيوب) sur l’encyclopédie officielle des Frères musulmans (en arabe) une présentation de son parcours de frère parmi les frères. L’on apprend que parmi ses élèves il y a Khaled Mechaal, leader politique du Hamas vivant au Qatar et qui est considéré terroriste par l’union européenne.

[71] Hassan Ayyoub, La foi musulmane : Dogme et dissidences, traduction : Salaheddine Kechrid, Hassan Amdouni, Asmaa Godin, Editions Al-Qalam, 360 pages.

[72] Lire ici une introduction au « Acharisme » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Asharisme

[73] Hassan Ayyoub, Tabsith al-Aqa’id al-Islamiyah (en arabe), Dãr Al-Nadwa Al-Jadidah, 5ème édition, 1983, Liban, p.310.

[74] Hassan Ayyoub, Ibid., p.307.

[75] Tariq Ramadan, De l’islam et des musulmans, Presses du Châtelet, 2014, p.219.

[76] Hassan Ayyoub, Clarification de la foi musulmane, traduit par Salaheddine Kechrid, Okad, 1991.

[77] Gilles Kepel et autres, Al-Qaida dans le texte : Ecrits d’Oussama ben Laden, Abdallah Azzam, Ayman al-Zawahiri et Abou Moussab al-Zarqawi, Presses Universitaires de France, 2008, 474 pages.

[78] Hassan Amdouni, Le Hijab de la femme musulmane : Vêtements et toilette, Najah El-Jadida, Casablanca, 2001, 87 pages.

[79] http://fatawas.be/biographie-Bouzouina.html

[80] http://fatawas.be/biographie-Bouzouina.html

[81] https://www.facebook.com/ICM37.FR/posts/722157714540766

[82] https://www.facebook.com/Mohamed-Fran%C3%A7ois-37-Conf%C3%A9rencier-sur-lIslam-881375595267217/timeline

[83] http://www.icm37.fr/

[84] http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/attaque-du-commissariat-a-joue-les-tours/qui-etait-l-agresseur-des-trois-policiers-a-joue-les-tours_779225.html

[85] http://www.rfi.fr/emission/20151115-bernard-godard-ancien-consultant-ministere-interieur-islam

[86] Bernard Godard, La question musulmane en France, Fayard, 2015, 352 pages.

[87] http://www.lavoixdunord.fr/region/le-sulfureux-imam-de-brest-invite-d-honneur-d-une-ia24b58797n3416232

[88] http://m.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-un-imam-controverse-invite-d-honneur-de-la-ia50b12891n1080217

[89] http://fatawas.be/biographie-Bouzouina.html

[90] FOIE, Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? (en arabe), Editions FOIE, MEDIACOM, 2002, 141 page.

[91] FOIE, Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? (en arabe), Editions FOIE, MEDIACOM, 2002, p. 91-138.

[92] http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/02/05/31003-20160205ARTFIG00415-uoif-freres-musulmans-salafisme-le-dessous-des-cartes.php

[93] Félice Dasseto, L’Iris et le Croissant, Presse Universitaires de Louvain, 2011, p.95-96

[94] http://www.cilecenter.org/fr/news/cile2015-ahmed-jaballah-lautorite-religieuse-islamique-comment-se-definit-elle-et-est-elle-constituee/

[95] http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/tag/moncef-zenati

[96] http://www.lescahiersdelislam.fr/author/Dr-Sheikh-Tahar-MAHDI/

[97] http://www.mosquee-acmr.fr/page/discours-du-vendredi-a-la-mosquee-de-raismes_12

[98] https://www.youtube.com/watch?v=bYjnPe6KKnM

[99] http://www.jamaa.fr/wp-content/uploads/2012/02/BiographieMouhammedBadjarafil.pdf

[100] https://www.youtube.com/watch?v=uQP82ci8U_o

[101] https://www.youtube.com/watch?v=RjgW-GrW_sE

[102] http://monquranetmoi.fr/le-coran-un-livre-pas-comme-les-autres-par-sheikh-zakaria-seddiki/

[103] https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10202352832641005&set=pb.1198000789.-2207520000.1458927444.&type=3&theater

[104] https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10201176568635140&set=pb.1198000789.-2207520000.1458927446.&type=3&theater

[105] http://www.ahlymagazine.com/professeur-shakeel-siddiq/

[106] http://oummatv.tv/islam-aujourdhui

[107] Shaqeel Seddiq a été formé à l’IESH. Son mémoire, soutenu en 2000/2001 avait comme tuteur le « frère » Larbi Bechri (IESH, responsable Dar-Al-Fatwa de l’UOIF …).

[108] http://iqraa.com/fr/StarDetails.aspx?SID=13

[109] Lire ici sa tribune de défense de l’AKP d’Erdogan : http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-turquie-entre-information-et-desinformation-51bf6557e4b0ac68e0f92dfc

[110] De nombreux tweets de M. Saygin sont résolument pro-AKP : https://twitter.com/mehmetasaygin?lang=fr

[111] http://www.aljazeera.net/knowledgegate/authors/2014/4/6/ معتز-الخطيب

[112] http://www.lescahiersdelislam.fr/author/Malika-Hamidi/

[113] http://www.lexpress.fr/actualite/societe/ces-feministes-qui-defendent-le-voile_904685.html

[114] http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/03/19/un-professeur-de-religion-musulmane-accuse-de-negationnisme_1170076_3214.html

[115] http://www.lesoir.be/792864/article/debats/cartes-blanches/2015-02-12/l-integrite-du-chercheur-face-calomnie

[116] http://www.lacapitale.be/1210786/article/2015-02-11/la-circulaire-milquet-et-l-ombre-de-mahi-garaudy-et-ramadan

[117] Ici son texte d’annonce de son départ des rangs des Frères musulmans. Un texte pour le moins ambigu qui laisse croire que son départ ne serait motivé que pour une histoire de protection de son organisation ENAR des feux des critiques qu’il justifia par ladite islamophobie. Il a écrit : « … Pour couper court à tout amalgame qui nuirait à mon combat personnel pour la justice et l’égalité de toutes et tous – et par voie de conséquence à celui de l’organisation que je dirige – ainsi que par soucis de neutralité, j’ai mis fin à tous mes liens avec la mouvance des Frères Musulmans européens. » S’il n’y avait pas ces critiques et cet enjeux pour ENAR, serait-il encore frère musulman ? Simple question. Lire ici : http://xxiv-35.blogspot.fr/search?q=getting

[118] A télécharger ici la fameuse « Fatwa des moines » de Yahya Michot, basée sur des avis d’Ibn Taymiyya : http://www.scourmont.be/Armand/writings/michot.htm

[119] http://www.lavenir.net/cnt/dmf20151116_00736402

[120] Hassan Al Banna, Épîtres de l’imam martyr Hassan Al-Banna (en arabe), Dãr Al-Hadarah Al-Islamiyyah, p. 122.

[121] Lire un compte-rendu de cette visite (en arabe) ici : http://www.alhabibali.com/news/ رحلة-الحبيب-علي-الجفري-إلى-بلجيكا /

[122] Lire un compte-rendu de cette visite (en arabe) ici : http://www.alhabibali.com/news/ زيارة-الحبيب-علي-الجفري-بريطانيا-مايو /

[123] http://www.asma-lamrabet.com/articles/le-voile-dit-islamique-une-relecture-des-concepts/

[124] L’article en français est à lire ici : (http://www.asma-lamrabet.com/articles/le-hijab-n-est-ni-une-priorite-ni-un-pilier-de-l-islam/) L’article en arabe est à lire ici : (http://www.hespress.com/orbites/83379.html)

Ne ratez pas

• Les politiques commencent à s’activer face à la nébuleuse Frères musulmans de MC Royen

et le reportage de la RTBF le 4 mai à 20h 20EnquêteNews

L’ « ISLAMISATION », LE BIEN COMMUN DES « FRÈRES » SIAMOIS

L’  « ISLAMISATION », LE BIEN COMMUN DES « FRÈRES » SIAMOIS

L’  « islamisation », le bien commun des « frères » siamois

L’  « islamisation », le bien commun des « frères » siamois

12.02.2016 Mohamed Louizi

Le concept d’« islamisation » est un bien commun, dans sa dimension politique, partagé entre des frères siamois : La droite extrême (Front National, Pegida…), d’un côté, et les FM (Frères Musulmans), de l’autre. Les FM l’ont conceptualisé et en font le pilier de leur idéologie de domination des esprits et de conquête des territoires. Les extrémistes de droite le récupèrent pour servir leur idéologie de haine et de rejet de l’autre. L’on pense à tort que la paternité de ce concept est à attribuer à des idéologues frontistes ou des romanciers de la droite extrême. Non ! Le concept d’« islamisation » est le fils légitime de l’islamisme des Frères Musulmans. Il a presque mon âge. Il est né à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Son étude étendue et complexe exige beaucoup de rigueur. Ce n’est pas l’objet de cet article qui vise simplement à rétablir la vérité de sa filiation idéologique et en donner quelques exemples pratiques. Son étude ainsi que celles de ses projections feront l’objet d’un article détaillé, à suivre prochainement.

Ce concept est né d’abord dans le contexte contemporain du monde arabo-musulman. En effet, après l’échec des projets réformistes, du XIXe et du XXe siècle, et la chute de l’Empire Ottoman en 1924, le mouvement islamiste des Frères Musulmans a été créé en 1928, avec la prétention d’être l’héritier exclusif du mouvement réformiste, en axant son idéologie presque exclusivement sur l’aspect identitaire et religieux. Très vite l’idéologie d’Hassan Al-Banna a franchi les frontières, dopé par le sentiment d’injustice et l’envie de liberté, et a participé par un discours identitaire ultra mobilisateur à repousser militairement les colonisateurs occidentaux en dehors des nations arabo-musulmanes. La libération étant acquise, les islamistes n’ont pas eu ce qu’ils attendaient, à savoir le pouvoir, le rétablissement de la loi islamique et la reconstitution de l’unité du califat déchu. L’élite post-colonisation était presque toute marquée par un mélange de communisme et de libéralisme. L’islamisme fut repoussé une nouvelle fois. Le modèle moderniste occidental séduisait et marquait des points.

1er congrès culturel UISEF 1

Presque un demi-siècle plus tard, l’élite islamiste analysant la situation, elle arriva à la conclusion qu’il manquait une âme philosophique, culturelle, scientifique et intellectuelle à son action politique. D’analyse en analyse, de colloque en colloque, de livre en livre, cette âme a été enfin retrouvée : Il s’agit de « l’islamisation de la connaissance [1] » (أسلمة المعرفة). Certes l’un des objectifs étant toujours de rattraper le retard civilisationnel accusé face à l’Occident, mais le but ultime est d’atteindre le « réveil islamique » tant attendu, caractérisé par une puissance politique souveraine et conquérante et par un rayonnement culturel – comme jadis à l’époque des Omeyyades et Abbassides – qui serait différent, dans son contenu, du rayonnement moderniste occidental. L’on pourrait même parler d’antagonisme entre la philosophie de « l’islamisation de la connaissance » et la philosophie animant le champ de la connaissance occidentale plurielle.

Alors que cette dernière s’est forgée, après des siècles de conflit avec l’Eglise, une identité en dehors du champ religieux et dépendant entièrement aux sens et à l’expérience, la théorie de « l’islamisation de la connaissance », au sens le plus vaste de la connaissance, veut replacer le religieux au foyer même de la connaissance. Aucune connaissance, philosophique, scientifique ou autre, ne devrait être dissociée de la révélation coranique. Celle-ci, telle qu’elle est interprétée par les idéologues fréristes, prend le dessus sur la connaissance induite par les seuls moyens des sens et de l’expérience. Le texte religieux, quel qu’il soit, prend le dessus sur l’observation expérimentale. La modernité occidentale étant considérée comme une idéologie non-neutre par les islamistes, elle porterait selon eux, dans son ADN, la négation d’un Dieu unique et de la profession de l’athéisme. L’islamisme s’opposant à la philosophie de la modernité occidentale, il n’imagine sa relation avec elle que sous le prisme de la domination ultime, tôt ou tard. En attendant, il fait les yeux doux et prône l’échange interculturel, tout en poursuivant, en douceur son projet d’islamisation à tous les niveaux de la société.

Ibn Taymiyyah Islamiyat Al Ma'arifah

La théorisation de ce concept globalisant a été rendu public, en arabe, au moins depuis 1983, notamment dans un livre de référence, portant le titre : Islamisation de la connaissance : Principes généraux et plan d’action [2] (أسلمة المعرفة : المبادئ العامة و خطة العمل), de son auteur Ismaïl Raji El-Faroki [3] (1921-1986), frère musulman palestinien installé de son vivant en Pennsylvanie aux USA. Dès l’année 1981, un Think Tank islamiste a porté ce projet. Il s’agit de l’IIIT [4] (International Institute of Islamic Thought). Son premier président fut le frère Ismaïl Raji El-Faroki. Depuis, des centaines de publications, essais et thèses, sont venues étoffer le concept, le détailler et l’appliquer aux différents champs de la connaissance humaine et de la société : l’éducation, l’enseignement, la science, l’art, la médecine, la finance, etc. Une revue trimestrielle arabe portant le titre d’Islamité de la connaissance (إسلامية المعرفة) a vu le jour depuis plus de vingt ans. L’on décompte désormais 80 numéros édités [5] par l’IIIT.

« L’islamisation de la connaissance » est certes un concept idéologique mais elle est aussi une méthodologie et un plan d’action. Sa cible première demeure le domaine de l’éducation et de l’enseignement. L’élève à l’école, tout comme l’étudiant à l’université, ne doivent, selon les frères théoriciens, être laissés à l’abandon entre les mains de programmes, d’instituteurs et de professeurs laïques ou animés par une rationalité à l’occidentale. Tout devait être fait pour l’intégration du concept de « l’islamisation de la connaissance » dès les premières années de l’école et jusqu’à la fin des études supérieures. La rationalité dictée par la modernité occidentale, basée sur le sens et sur l’expérience, devait être remplacée par une autre rationalité dictée par le contenu de la foi islamique monothéiste, mettant la révélation coranique au-dessus des sens et de l’expérience.

Cette théorie islamiste[6], conçue au départ pour faire sortir, dit-on, le monde arabo-musulman de l’ornière postcoloniale, a connu dès le début des années 1990 une expansion en Occident, en Europe et en France. L’un des fondateurs de l’IIIT, Hisham Yahya al-Talib, est venu en 1993 assurer une formation méthodologique des étudiants de l’UISEF (actuellement EMF) à l’institut frériste l’IESH [7]. Ce frère avait ramené dans ses valises les publications de l’IIIT relatives au concept de « l’islamisation de la connaissance ».

Une année plus tard, les 28 et 29 octobre 1994, et en présence de Taha Jabir Al-Alwani [8], frère international responsable à l’IIIT, l’UISEF avait organisé son premier colloque culturel à Lille sous le thème : Différentes approches de la méthodologie musulmane. L’objet étant de montrer « la nécessité d’une méthodologie musulmane capable de penser la société à partir de notre cadre coranique pour rendre le verbe divin compréhensible et dynamique ». La question de « spiritualiser la connaissance scientifique » a été traitée par un professeur converti Abdelhamid Herbert. D’autres noms avaient pris la parole comme Fayçal Mawlawi, Roger Garaudy et Tariq Ramadan !

le rôle politique de l'élite

Dans son discours de clôture des travaux de ce colloque, le frère Fouad Alaoui, alors président de l’UISEF, et prochainement secrétaire général de l’UOIF, disait : « Notre message est adressé, d’autre part, au monde occidental, lorsque nous parlons de méthodologie musulmane dans l’élaboration de la pensée et le changement civilisationnel, ceci ne signifie aucunement que nous percevons cette méthodologie radicalement opposée à celle de l’occident, au contraire, nous sommes convaincus de l’existence des points communs qu’il faut montrer et qu’il faut expliquer et fructifier ». Un propos symptomatique du double-discours habituel des cadres de l’UOIF. Car Fouad Alaoui ne dit pas que la méthodologie accompagnant sa théorie islamiste se dresse par définition, selon les écrits de ses premiers concepteurs, « contre » les modèles épistémologiques occidentaux, évoluant en dehors du champ de la révélation divine. Les points communs ne seraient que conjecturaux et non principiels. Le pragmatisme des Frères est redoutable.

Fouad Alaoui disait aussi, à l’adresse des étudiants musulmans : « Vous étudiant et étudiante qui êtes dans les universités et surtout dans les laboratoires de recherches. Vous qui êtes les futurs cadres de la société, sachez qu’une maîtrise des bases fondamentales de l’approche scientifique, est nécessaire. Et ceci, pour deux raisons : Premièrement, cette maîtrise fera de votre travail scientifique et universitaire un œuvre d’art qui enluminera le chemin de la connaissance musulmane et universelle. Et deuxièmement, vous en tant que musulman et citoyen ayant une présence positive dans la société, faîtes connaitre votre façon de voir les choses, faîtes connaitre votre angle d’approche des phénomènes scientifiques, car vos collègues peuvent être attentifs à ce que vous dites, si vous le dites bien ». Où comment faire d’une méthodologie, d’apparence scientifique, un outil de prosélytisme à peine voilé pour un projet islamiste, au sein de l’université.

Quelques années plus tard, ces étudiants étrangers en France, profondément marqués par la théorie de « l’islamisation de la connaissance », sont devenus des « cadres de la société », animée par cette vision opposée à la rationalité occidentale et à ses résultats. Abdellah Benmansour, l’actuel président de la FOIE [9], avait publié en mai 2006, une tribune en arabe, dans le magazine Al-Europiya, intitulé : Cellule de la pensée (زنزانة الفكر), déplorant, selon ses dires, l’enfermement de la pensée occidentale dans une grande prison obscure, à quatre murs. Chaque mur a été construit, selon lui, par un savant occidental.

Ainsi, en 1859, à en croire Abdellah Benmansour, Charles Darwin a battu avec sa théorie de l’évolution « le premier mur voilant l’horizon de la pensée humaine désireuse de connaitre Dieu ». Le deuxième mur aurait été construit selon le chef de la FOIE en 1864, lorsqu’un Karl Marx a posé les bases de sa théorie du matérialisme dialectique, expliquant « le mouvement de l’histoire par la production économique ». Le troisième mur aurait été construit par Emile Durkheim en 1895, l’un des fondateurs de la sociologie moderne, qui selon le frère Benmansour « explique l’histoire par le besoin de l’homme de vivre en société » et considère que le but ultime de l’individu est de « tisser des liens avec autrui pour atteindre le bonheur » en dehors de Dieu. Quant au quatrième mur, il serait construit par Sigmund Freud qui a « expliqué le mouvement de l’histoire par l’instinct sexuel » ! Le président de la FOIE conclut en disant : « Avec la théorie de Freud, la pensée occidentale fut prisonnière. La civilisation des quatre murs est née. Son objet était de nier toute existence de Dieu dans l’univers pour que l’homme jouisse du bonheur dans la perversité ». Abdellah Benmansour pouvait dire aussi : La civilisation perverse !

C’est bien cela le sens de l’opposition, entre les deux théories, que n’avouait pas Fouad Alaoui en 1994 à Lille. Abdellah Benmansour l’expliquait en 2006, à sa façon, en toute fidélité aux standards idéologiques des Frères Musulmans depuis le guide-fondateur, jusqu’aux acteurs de l’islamisation frériste, actifs sur le terrain de l’éducation des jeunes et de l’enseignement privé, sur le sol français.

La même opposition est exprimée par Tariq Ramadan dans son livre : De l’islam et des musulmans, quant-il dit : « Nulle opposition entre le cœur et la raison, entre la révélation et l’intelligence en islam, théorie qui entre en contradiction avec celle de Camus, comme on l’a vu, ou encore avec celle Kant, figure emblématique de la tradition philosophique occidentale, qui se voit dans la nécessité d’affirmer : « J’ai dû laisser le savoir pour la croyance. » Il s’inscrit dans une conception de l’homme où le savoir a une limite et la croyance vient se placer au-delà de cette limite, elle en est le dépassement. Quand la raison n’est plus capable d’apporter des réponses, la croyance et la foi prennent le relais, théorie que l’on pourrait presque résumer en une phrase : « Je crois quand je ne sais plus. » La tradition musulmane invoque plutôt la croyance comme souffle qui précède une raison qui ne vient elle-même de renforcer, appuyer, confirmer la certitude brûlant au fond du cœur de tout homme »[10].

Le guide-fondateur Hassan Al-Banna, le grand-père du frère Tariq, qui avait consacré le 19ème principe de ses vingt principes de la compréhension de l’islam à : La religion et la science. Il disait au sujet du conflit entre une « vérité scientifique » et une « règle religieuse » : « Si l’une et l’autre ne sont pas des vérités formellement établies, la priorité est accordée au religieux, en attendant de confirmer ou de contredire ce qu’avance la raison »[11]. Dans son interprétation de ce principe, Youssef Al-Qaradawi écrivait : « La science comporte beaucoup de théorie qui n’ont pas atteint le degré de vérité établie. Par exemple, la théorie de Darwin. C’est une simple hypothèse qui n’a pas été prouvée par l’expérimentation. Elle ne peut donc être considérée comme une vérité établie … Il est donc interdit d’interpréter les textes religieux afin qu’ils concordent avec cette théorie qui n’est pas une vérité scientifique »[12]. Et Youssef Al-Qaradawi de rajouter : « On ne peut interpréter le Coran ou la Sunna afin que leurs textes concordent avec la théorie de Freud en psychologie, ou la théorie de Durkheim en sociologie, ou avec celle de Marx en économie, car toutes ces théories ne sont pas des vérités scientifiques exactes »[13]. L’on remarque au passage que les noms cités par Al-Qaradawi sont les mêmes cités par Abdellah Benmansour dans sa « Cellule de la pensée ». Inutile de savoir qui a copié sur l’autre !

Ainsi, le concept de « l’islamisation de la connaissance » redonne au religieux globalisant, tel qu’il est formalisé par les Frères Musulmans depuis toujours, une place d’hégémonie et de validation, ou pas, des résultats d’autres champs de la connaissance humaine. Le texte devient le « maître ». Et la raison, « l’esclave ». Le texte devient le « soleil ». Et la « science », la terre. Tariq Ramadan appelle ce modèle sa « révolution copernicienne » avec laquelle il aimerait révolutionner le champ du savoir et la réalité, en Orient comme Occident. Dans sa conception de sa dite « réforme radicale », c’est la réalité qui doit s’adapter aux constances des textes supposés sacrés, immuables, incontestables, définitifs et décisifs, et non pas l’inverse. Il faudrait donc agir, selon lui, sur la réalité à partir des textes sacrés. Il ne faudrait par agir sur les textes sacrés à partir de la réalité. C’est le soleil (des réalités occidentales transformables) qui tourne autour de la terre (des textes sacrés immuables) et non pas l’inverse. Sa dite révolution est en mouvement.

Force est de constater que cette vision nourrie tous les projets islamistes des Frères Musulmans en France, en Europe et en Occident. Depuis plus de 30 ans, ces islamistes s’attaquent à la jeunesse, d’abord par le biais des écoles coraniques et des associations de jeunes. Depuis plus d’une décennie, la cible étant l’enseignement privé musulman et la jeunesse scolarisée. « L’islamisation de la connaissance » préfère le formatage idéologique dès le bas-âge. D’autres structures diffusent ses standards idéologiques. D’autres supports aussi. L’idée est « d’apporter la lumière » pour chasser « l’obscurité occidentale » des cœurs et des esprits, dixit Abdellah Benmansour.

Et ce n’est pas dans un établissement public qu’un enseignant pourrait dire à ces élèves ce qu’a écrit, par exemple, le président de la FOIE en 2006, je cite : « La théorie de l’évolution a nié l’existence d’un créateur sage … Elle a considéré que l’homme descend du singe … Que le singe descend des reptiles … Que les reptiles descendent des plantes … Que les plantes descendent de la matière [organique] inerte … Et que cette matière est apparue par hasard … Cette théorie a eu une grande influence en légitimant la colonisation, le fascisme, le nazisme, le communisme, etc. … Nombreux sont ceux qui y croient toujours malgré que la science ait pu démolir les bases de cette théorie ridicule » ! Pour cela, les Frères Musulmans ont besoin de créer leurs propres établissements, sous couvert, du privé musulman pour ainsi former, en parti grâce à la générosité de l’argent du contribuable de la République laïque, toute une génération islamisée qui ne croient ni en la République, ni en la Laïcité. Une génération programmée pour transformer la France en République Islamique de France (RIF), annexée au califat islamique mondial.

C’est ce qu’a écrit un frère musulman, nommé Sayyid Mohammed Omar, en 1996, dans son livre : Le rôle politique de l’élite au premier temps de l’islam, édité par le Think Tank frériste américain, l’IIIT, je traduis : « Le premier pas dans chaque projet de réforme est de former une élite islamique armée d’une connaissance islamique authentique et dotée d’un esprit organisationnel exemplaire qui saurait mener une réflexion stratégique pour dépasser le cadre amer de contexte des pays musulmans et aller vers d’autres horizons. Une élite qui travaille en silence et qui n’informe son environnement que dans la mesure de ce que celui-ci pourrait supporter et que pour mobiliser les gens vers les buts tracés … »[14].

Ainsi, le terme « islamisation » est loin d’être une fabrication de ceux que les Frères Musulmans qualifient d’ « islamophobes ». L’islamisation est une industrie portant le label de l’idéologie frériste, depuis au moins une trentaine d’années. C’est le contenu philosophique de leur projet politique. Et c’est aussi une méthodologie, des plans stratégiques, une littérature globalisante et des institutions très actives. L’islamisation s’est aussi des personnes, des associations, un réseau, des « sous-marins », des infiltrés, des congrès, des colloques, des financements et des représentants autoproclamés de la communauté de foi musulmane. La première erreur serait d’abandonner l’usage de ce terme par peur de froisser la sensibilité des citoyens musulmans qui, plus largement, ne partagent pas cette vision politique et en sont les premiers otages. La deuxième erreur serait de penser que ce terme serait une fabrication du front national. La voie médiane, celle du « juste milieu », chère aux Frères Musulmans, est de se saisir de ce terme pour mieux le comprendre et pour désigner et identifier ses acteurs.

Dans l’art de la guerre, Sun Tzu écrivait : « Si vous connaissez vos ennemis et que vous vous connaissez vous-même, mille batailles ne pourront venir à bout de vous. Si vous ne connaissez pas vos ennemis mais que vous vous connaissez vous-même, vous en perdrez une sur deux. Si vous ne connaissez ni votre ennemi ni vous-même, chacune sera un grand danger. ». Les Frères Musulmans ont déjà étudié la République, ses forces, ses failles et ses faiblesses. Pour que la République puisse espérer gagner la bataille pacifique contre l’islamisation, elle n’a de choix que de connaitre son adversaire, selon sa littérature et sa terminologie. Sa connaissance et son usage décomplexé du concept « islamisation » est une manière aussi de s’affirmer, sans tabous, et de renvoyer, dos à dos, les frères siamois. Ces ennemis jurés de la République et de la Laïcité.

Mohamed Louizi

le rôle politique de l'élite

[1] Lire ici un article synthétique : https://www.cairn.info/revue-le-telemaque-2008-2-page-121.htm

[2] A télécharger le PDF en arabe ici : http://www.minbr.com/file/alfarogi.pdf

[3] Lire ici : https://en.wikipedia.org/wiki/Ismail_al-Faruqi

[4] Lire ici : https://en.wikipedia.org/wiki/International_Institute_of_Islamic_Thought

[5] Lire ici : http://iiitjordan.org/index.php/2013-10-08-10-55-01/اسلامية-المعرفة/الاعداد-الكامله

[6] « Islamiste » car elle sert une vision de domination politique.

[7] Lire ici : http://www.ikhwan.whoswhoblog/archives/9756

[8] Lire ici : https://en.wikipedia.org/wiki/Taha_Jabir_Alalwani

[9] FOIE : Fédération des Organisations Islamiques en Europe dont l’UOIF est membre.

[10] Tariq Ramadan, De l’islam et des musulmans, Presses du Châtelet, 2014, p.33-34

[11] Hassan Al-Banna, 20 principes pour comprendre l’islam, traduction Moncef Zenati, Mediacom, 2004, p.243.

[12] Ibid., p.242

[13] Ibid., p.243

[14] Sayyid Mohammed Omar, Le rôle politique de l’élite au premier temps de l’islam, l’IIIT, 1996, p. 498.

Ce article est également disponible en العربية.

POURQUOI JE VOTERAI NI-NI AU SECOND TOUR DES ÉLECTIONS RÉGIONALES EN NORD-PICARDIE

Pourquoi je voterai ni-ni au second tour des élections régionales en Nord-Picardie

10.12.2015 Mohamed Louizi

Ni Le Pen, ni Bertrand. Bertrand est le soutien des Frères Musulmans de l’UOIF. Quant au FN, il n’est que le reflet des islamistes sur le miroir brisé de la République.Le 13 novembre, des islamistes ont tenté d’assassiner la République. Le 13 décembre, la droite-extrême et l’extrême-droite vont-elles lui porter le coup de grâce ?

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Après les résultats du premier tour des élections de la région Nord-Picardie, « voter FN » ou « voter LR », au second tout, fera le jeu du communautarisme mené par l’UOIF d’Amar Lasfar. En effet, une victoire de Xavier Bertrand renforcera, matériellement, la « qatarisation » islamiste de la région. Xavier Bertrand, l’ami des Frères musulmans de Lille, comptant sur le dit « vote musulman », leur garantirait, entre autres, les moyens de la région, pour prospérer et continuer à endoctriner la jeunesse musulmane, en particulier au Lycée Averroès. Une victoire de Marine Le Pen pourrait, certes, menacer des ressources et des aides matérielles qu’assurerait la région aux établissements scolaires islamistes et mettrait, de fait, l’UOIF hors-jeu politicien durant six ans.

Cette situation de frustration pour les « frères » leur permettra de continuer à crier à l’islamophobie, d’actionner le levier de la victimisation, qu’ils maîtrisent parfaitement, et de gonfler davantage les rangs de la pleurniche islamiste et communautariste. Dans les deux cas, quel que soit le résultat des élections le dimanche prochain, le FN et l’islamisme sortiraient renforcés. Obscurité sur obscurité. La République perd le Nord !

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Par ailleurs, entre l’actuel LR, tel qu’il est conduit par Sarkozy, et le FN, il n’y a que très peu de différences. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Xavier Bertrand en sait quelques choses (lire : iciiciiciici et ici). Nicolas Sarkozy, le maître des LR, et de Xavier Bertrand au passage, a dit : « le vote FN n’est pas immoral ». Ainsi, ceux qui voteront Xavier Bertrand, investi officiellement par le parti de Sarkozy, pour des considérations dites « morales », ils apprécieront l’hommage sarkozyste rendu à Marine Le Pen, à la veille du second tour. En réaction à la déclaration de son chef, Xavier Bertrand n’a pas clarifié sa position « pour » ou « contre » le propos de Nicolas Sarkozy. Il a juste lâché, en étant visiblement très agacé du timing mal choisi : « Mais, attendez quelques jours ! » a-t-il suggéré aux responsables LR chassant toujours sur le terrain du FN. Ceux, parmi ladite communauté musulmane, qui sont mobilisés par des islamistes, dans les rangs de la prière, pour assurer et pérenniser leurs intérêts locaux, se réveilleraient dès le lundi 14 décembre, si « Bertrand » est élu, avec un autre discours droitier de « Xavier » !

Au-delà des islamistes, éternels abonnés de l’incohérence et de l’opportunisme barbu et voilé, un coup à gauche, un coup à droite, l’on ne pourrait que constater d’autres incohérences insolites. Lorsque l’on rencontre dans un marché à Lille un militant EELV et un militant CPNT, bras dessus, bras dessous, en train de distribuer « joyeusement » les tracts de Xavier Bertrand, l’on ne pourrait que s’interroger sur le sens même de la cohérence et de la crédibilité en démocratie. Si une biche apprend la nouvelle, elle va certainement voter pour une louve. Et ce « n’est pas immoral » dixit Sarkozy.

Par ailleurs, voter Xavier Bertrand, c’est oublier le discours « républicain » de Grenoble de Nicolas Sarkozy. Son discours de Dakar. C’est oublier la proposition de Xavier Bertrand, au Touquet, de fusionner la Justice et l’Intérieur, en créant le ministère de l’autorité. Dans un article sur Mediapart (ici), Hubert Huertas dit : « Bertrand veut en finir avec la séparation des pouvoirs théorisée par Montesquieu ». Dès le lundi 14 décembre 2015, les idées FN seront défendues par le FN traditionnel mais aussi par un parti LR, poursuivant sa mutation ultra droitière. Au lieu d’un seul FN, pauvre République en sera dotée de deux. Ceux qui voteront LR au deuxième tour, en pensant devoir et pouvoir contrer le FN, seront dupés, comme d’habitude, et se mordront les doigts.

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Comme au premier tour, bien que je sois tenté par l’abstention, j’irai voter, pour entretenir ce qui reste des ruines de notre démocratie souffrante, traversant hélas un épisode de très faible intensité, tel un hiver brumeux qui ne connaît pas de fin. Aller voter, c’est aussi ma manière d’exprimer un attachement à ce moment symbolique. Celui de glisser un bulletin dans l’urne : Un ni-ni. Un non-choix. Un désir. Une contestation. Une déception. Mais un espoir. Ce non-choix, même symbolique et souvent sans conséquences, car pas comptabilisé, ma citoyenneté me le permet. Des anciens ont lutté pour qu’il soit permis et protégé. Que ce jour soit un moment pour s’en rappeler et s’en souvenir. Oui, j’irai voter pour la mémoire. J’irai mettre dans l’urne mon vote ni-ni pour l’espoir. Ni Marine Le Pen, ni Xavier Bertrand. Bertrand est le soutien des Frères Musulmans de l’UOIF. Quant au FN, il n’est que le reflet des islamistes sur le miroir brisé de la République :

Le 13 novembre, des islamistes ont tenté d’assassiner la République. Le 13 décembre, la droite-extrême et l’extrême-droite vont-elles lui porter le coup de grâce ?

Mohamed Louizi

LES DENTS DU QATAR

Les dents du Qatar

16.06.2015 Mohamed Louizi

Abdellatif El Korchi, le traducteur du livre « Pour les musulmans », vient de publier un billet de « soutien » à Edwy Plenel, contre ce qu’il considère comme étant une « attaque islamophobe » et une « compagne malfaisante venue des milieux conservateurs » ! C’est bien en ces termes là qu’il présenta, « sans précaution et sans nuance »,  en introduction le billet du directeur de Mediapart : « L’art pour lutter contre l’intégrisme », sur sa page Facebook, le 12 juin 2015 (voir l’image ci-après).

Après une longue hésitation, et pour plus d’éclairage, j’ai décidé donc d’engager ce dernier billet, très cordialement, pour répéter et redire les choses autrement, avec d’autres formulations, d’autres rappels et d’autres faits incontestables. En effet, il va falloir répéter et se répéter. Mon père me disait en arabe, tout le temps, exactement ce que disait, en français, le papa Plenel à son fils Edwy : « L’enseignement, c’est la répétition ». Comme quoi deux papas, parlant deux langues différentes, l’arabe et le français, des deux côtés de la Méditerranée, peuvent dire, avec sagesse, exactement la même chose. Mais lorsque deux fils parlant la même langue, exprimant peut-être les mêmes idées et dans le même pays, n’arrivent plus à s’entendre et à se comprendre, cela devient symptomatique d’une « triste époque » où les principes sont vidés de leur substance et où la fin justifie, hélas, tous les moyens. Un adage marocain ancien, qui rappellera au traducteur quelques souvenirs d’enfance, dit : « A force de répétition, l’âne finit par apprendre ». Répétons-donc !

Dans sa dite « mise au point » (ici) – son seul et unique billet sur Mediapart ! – force est de constater que le traducteur, dans un prolongement presque naturel d’une certaine posture victimaire non assumée, considère les interrogations légitimes exprimées, ici ou là, et qui restent hélas sans aucune réponse convaincante, comme étant l’expression d’un « procès d’inquisition » et un « tourbillon dans une tasse ». Ainsi, il a fait le choix, lui-aussi, d’éteindre les lumières, autour de lui  et autour de sa raison, et de maudire, avec une impuissance manifeste, l’éclat des lumières de ses voisins, celles de ses contradicteurs sur qui il n’hésite pas de coller sur leurs fronts l’étiquette d’islamophobe.

Bizarrement, il semble être quelqu’un d’ouvert d’esprit, de cultivé, de fin et d’intelligent. Nous partageons de nombreuses références littéraires et artistiques arabes comme, par exemple, le grand poète irakien Ahmed Matar, vivant en exil en Angleterre et qui demeure un modèle de constance et de combat pour les libertés contre les tyrans pétrodollars et contre l’islamisme guerrier d’un certain Youssef Al Qaradawi (ici la traduction de l’un de ses poèmes publié sur mon ancien blog en 2007) ; ou le caricaturiste palestinien Naji al-Ali, qui fut assassiné à Londres en 1987, par le Mossad israélien, ou par l’OLP de Yasser Arafat ; ou le grand intellectuel marocain Mehdi el-Mandjra, que j’avais invité en mars 2003, pour animer une conférence dans le cadre des journées culturelles de l’université plurielle, lorsque j’étais président de l’association EMF-Lille, etc.

D’ailleurs, après les attentats de Paris, le traducteur publia sur sa page Facebook, le 19 janvier, une caricature montrant un « islam radical » prenant en otage, au moyen d’un sabre, un autre «islam » (voir ci-après). Je ne sais pas si, à ce moment précis, lui-même était « islamophobe » ? Car ce qu’il ne semble pas comprendre désormais, c’est justement cette différenciation nécessaire que Mediapart refuse, obstinément, de faire et de voir entre un islam humaniste pacifié, et un autre islam radical, dans toutes ses représentations extrémistes, politiques et jihadistes. Au lieu d’assumer un humanisme indépendant et affranchi, la rédaction de Mediapart préfère le déni – l’islamisme n’existe pas, écrivait Pierre Puchot – et de fréquenter des « preneurs d’otages », jugés fréquentables, ceux-là même qui revendiquent, ouvertement, la lettre et l’esprit d’un certain héritage islamiste, sous la bannière d’un Coran, pris en otage à son tour, par deux sabres !

Ce Monsieur vient, visiblement, de s’abonner à Mediapart. Les données statistiques de son blog, relevées ce matin à 8h30, sont édifiantes : 0 contact (Même pas Edwy), 0 édition, 0 article dedition, 0 commentaire. Cependant, et avec un tel score, la rédaction de Mediapart a jugé bon de mettre en valeur, en « une », son billet (voir ci-après) et de continuer d’ignorer délibérément, pour ne pas dire de « censurer », tous mes billets, sachant que je fais parti des abonnés fidèles à Mediapart depuis 2007/2008, et que mes « billets », surtout les deux derniers, devaient, à mon sens, dans le respect d’une certaine déontologie, être traités égalitairement. L’on ne doit pas – disait mon maître – censurer la question et publier la prétendue réponse.  Mediapart préfère-t-elle, à ce point là, la parole qui flatte l’égo à celle qui interroge le sens ?

Par conséquent, en ne pouvant pas accéder aux éditions payantes, si mon constant est toujours vrai – ce que je crois intimement – comment ce Monsieur pouvait-il avoir le recul nécessaire et la hauteur de vue semblable à celle des anciens abonnés ? Ce recul permettant de constater des dérives progressives et inquiétantes quant aux virages idéologiques et autres points d’inflexion inexplicables, dans la ligne éditorialiste de ce journal numérique participatif. Des inflexions que l’on pourrait situer relativement, premièrement, au lendemain de la réclamation du fisc français d’une somme de quelques millions d’euros à la rédaction de Mediapart (lire ici), et deuxièmement, au moment de la disparition étrange du vocable « islamiste » de certains articles consacrés, entre autres aux « Frères Musulmans » – comme ceux de Pierre Puchot ?

En mars 2008 (ici), ce dernier utilisait abondamment des termes comme « islamistes », « islam radical », « islam politique », « salafistes », « djihadistes », « extrémistes », « terroristes », etc. En décembre 2013, le fisc français réclama la somme d’un million d’euros à Mediapart (ici). En juin 2014, le parti tunisien « Frère Musulman » Ennahda n’est plus considéré, au moins par Pierre Puchot, comme étant un parti « islamiste » mais uniquement comme un parti « musulman » (ici). Comme si, il fallait le préciser dans une Tunisie à 144 partis politiques, tous musulmans sans exception. En septembre 2014, le fisc corrigea son calcul et réclama une somme de 4,2 millions d’euros à la rédaction (ici). En mai 2015, l’islamisme n’est plus (ici) !

La question à laquelle Mediapart, et Edwy Plenel en particulier, refuse de répondre, en toute simplicité et transparence, est le sens de cette inflexion constatée et de ce changement de discours. Y’aurait-il, ou pas, une adaptation du langage journalistique qui serait dictée par une probable dépendance financière à une manne barbue étrangère ?  En langage mathématique, y’aurait-il ou pas, une corrélation entre la situation fiscale d’un côté, et l’amalgame entretenu, depuis peu de temps, entre « islam » et « islamisme », entre « musulmans » et « Frères Musulmans » au sein de la rédaction ? Mediapart sait produire des preuves et faire son métier, je n’en doute point. Puisse sa déontologie impartiale se manifeste au grand jour. Je précise ici, que je n’accuse personne et que je ne diffame personne. Je pose juste quelques interrogations que se posent aussi de nombreux abonnés.

Non le traducteur du livre de Plenel ne peut pas constater ces changements, très subtils, sur une durée relativement longue. Il ne peut pas comprendre la profondeur des nuances du sens des interpellations exprimées par de nombreux anciens abonnés, qui accompagnent ce modèle numérique depuis presque sa création ; depuis les années des vaches maigres ; depuis l’ère où Mediapart s’autofinançait et s’auto-appliquait, courageusement, un taux de TVA de 2,1 % comme la presse papier ; lorsque « le combat pour une presse libre » avait encore un sens et lorsque « la liberté de la presse n’était pas un privilège des journalistes, mais un droit des citoyens ». Mais les temps ont, paraît-il, changé depuis.

Je ne vais pas pouvoir reprendre, point par point, les éléments d’un argumentaire très superficiel qui étouffe, au passage, toutes ces questions profondes, en les noyant, involontairement me semble-t-il, dans un amas de détails presque insignifiants. Je suis d’accords avec lui lorsqu’il décrit la situation calamiteuse de l’édition dans le monde arabe, j’en sais quelque chose. Mais de là à considérer le Ministère de la Culture et des Arts qatari, et sa revue Al-Doha Magazine, comme seuls et uniques vecteurs de diffusion de la pensée humaniste d’Edwy Plenel, cela me paraît tirer par des cheveux, somme toute, voilés.

A aucun moment, dans mon propos, je n’ai dit que ce magazine appartenait aux « Frères Musulmans ». A aucun moment, jusqu’à preuve du contraire, je n’ai confirmé que les membres du comité de la rédaction de ce magazine, ou ceux de la commission consultative était membres de la confrérie. Ce que j’ai confirmé c’est le lien entre cette revue littéraire et le gouvernement qatari qui la finance et la contrôle, et qui, lui, a depuis de nombreuses décennies des relations affichées et assumées avec la confrérie, ses symboles et ses leaders, là-bas comme ici. J’ai démontré simplement la dépendance symbolique, financière et politique de cette revue au gouvernement qatari. Si l’on pousse les investigations encore plus loin, peut-être l’on découvrirait d’autres facettes inconnues jusqu’à lors, mais cela n’a pas beaucoup d’intérêt à mes yeux.

Pourquoi le faire donc, lorsque l’on sait déjà qu’en plus de la diffusion gratuite par cette revue gouvernementale du plaidoyer « Pour les musulmans », la chaîne qatarie Al-Jazzera lui avait déjà consacré, le 24 septembre 2014 – moins d’une semaine seulement après sa parution ici en France – un article sur son site Internet http://www.aljazeera.net (ici) ?

En effet, Boualem Ramdani, journaliste et correspondant d’Al Jazeera à Paris, a publié une présentation très tendancieuse de ce livre, intitulée, je traduis de l’arabe, mot par mot : «Pour les Musulmans … Un cri contre l’islamophobie en France ». Les qataris, en général, et Al-Jazeera en particulier, sont donc au courant de ce plaidoyer, au moins à partir de cette date précise. Et ce, bien avant la date du 23 octobre 2014, matérialisant la première rencontre, décrite comme fortuite, entre le traducteur et Edwy Plenel à Grenoble, bien avant le 28 janvier 2015 et bien avant le 1 juin dernier, la date de parution du numéro 92 du magazine qatari en question. Celui-ci, pour information, afficha sur sa couverture le caractère gratuit de cette diffusion ainsi que le titre du livre offert.

En effet, pour le magazine le livre d’Edwy Plenel, sur cette couverture, s’intitulait : « Pour l’islam », et non pas : « Pour les musulmans » (voir l’image ci-après). Dans la tête d’Edwy Plenel, c’était « Pour les Musulmans » mais dans la tête du Qatar, c’était plutôt « Pour l’Islam », un certain islam bien évidemment. Moi, je n’y vois qu’une erreur de frappe qui a visiblement échappé à la vigilance de la commission de correction. En somme, ce n’est qu’un détail me dirait-on, même si mon maître ne cesse de me rappeler que le petit Qatar se cache toujours dans les détails !

Ainsi les islamistes trop présents au sein de la rédaction d’Al-Jazeera le savaient déjà. Ici, je ne vais pas prouver, encore une fois, les liens anciens et permanents entre cette chaîne et les « Frères Musulmans » depuis sa création. J’aborderai, en détails, ces liaisons dans mon prochain papier. Je précise juste, pour un avant-goût, que le leader stratège « frère musulman » qatari, nommé Jassim Sultan, qui fut l’architecte de la dissolution de la branche qatarie des « frères » en 1999, pour raisons géopolitiques et pour pouvoir faire de l’entrisme dans les sphères du pouvoir, sans risquer d’être étiqueté idéologiquement, était aussi l’un des principaux conseillers en planification stratégique de la chaîne, lorsqu’un autre « frère musulman », le palestinien Waddah Khanfar occupait le poste de directeur général de la chaîne, entre 2003 et 2011. Ce « frère » directeur général avait passé un temps en Afghanistan, en couverture médiatique d’un certain Oussama Ben Laden à côté d’un autre « frère » nommé Tayseer Allouni, le premier journaliste à avoir interviewé le « frèremoujahid » à la tête d’Al-Qaïda. En 2011, Waddah Khanfar a été démis de ses fonctions pour différentes raisons, liées, selon diverses analyses, à un léger changement dans la ligne de la chaîne satellitaire, après le début dudit « Printemps arabe », paraît-il. D’autres évoquent ses liens flous avec la CIA américaine, dévoilées par des révélations WikiLeaks, etc. J’y reviendrai dans mon prochain billet. En attendant, un article du journal Le Monde à son sujet ici.

Je ne sais pas si l’auteur et son traducteur ont vraiment péché par naïveté dans un milieu obscur. L’avenir apporterait son lot d’éclairages nécessaires. Le traducteur, d’origine marocaine, dit simplement que son « premier mouvement » était de prendre contact avec ce magazine qatari, en prétextant, au passage, la large diffusion assurée et le prix abordable. Mais 13.300 exemplaires pour des centaines de millions de lecteurs potentiels, dans le monde arabe, c’est un chiffre insignifiant. C’est presque un grain de sable dans un désert. D’autant plus, qu’il y a de nombreuses maisons d’édition au Maroc, en Algérie et dans d’autres pays d’origine de la plupart des citoyens français musulmans. Des maisons d’édition, relativement indépendantes des pouvoirs politiques en place, pouvaient publier ce plaidoyer sans problème. Aussi, Edwy Plenel pouvait rester fidèle à sa conception du numérique et mettre cette traduction gratuitement sur des sites d’information et d’autres plateformes de partage et de téléchargement. Cela n’aurait provoqué aucun « tourbillon » dans aucune « tasse ».

Cela n’aurait pas contraint le traducteur à se défendre en essayant, tant bien que mal, à s’accrocher à de faibles branches flottantes, ici où là, au risque de dire parfois des énormités sablonneuses. Je cite : « Et après tout, où est le mal – s’interrogeait-il – si une petite partie de l’argent du pétrole, qui est d’ailleurs argent public, finance le livre et la culture et contribue au développement humain, en déficit dans notre région ». Ainsi, il parla d’ « argent public » comme si l’on était dans un pays démocratique  et non  dans une monarchie oligarchique  où ni le concept démocratique d’ « argent public » ni sa réalité politique et sociale n’existent en vérité. Quant au soutien au développement humain, en déficit dans la région arabe, à travers l’art et la culture, l’on ne trouvera pas mieux qu’un « frère » qatari, le même qui conseilla, sur le plan stratégique Al-Jazeera, pour décrire ce que fait déjà le Qatar depuis 2003, en faveur de la jeunesse musulmane, arabe et occidentale, pour la préparer, dans des centres de formation aux exigences du Tamkine, pour assurer des fonctions de leadership et devenir influents dans leurs pays respectifs. Le prochain article apportera des éléments prouvant toutes ces actions ciblant une jeunesse dans différents pays arabes et européens.

Par ailleurs, en faisant fi de tout ceci, je répète que ce n’est pas l’odeur de « l’argent du pétrole » qui me bouche les narines, même si, au sein de Mediapart, une certaine conception verte – au sens écologique évidemment – serait plutôt adaptée avec l’idéal humaniste en faveur d’une action culturelle non polluante et sans emprunte carbone. Ce qui demeure mystérieusement en suspens dans toute cette affaire, c’est plutôt l’orientation du traducteur, comme par réflexe pavlovien, en présence de nombreuses alternatives insoupçonnables, et l’acceptation par l’auteur lui-même, sans précaution, de l’idée d’être diffusé par les deniers pétroliers, entre autres, qui se trouvent entre les mains de l’oligarchie qatari. Pourquoi ? Pourquoi ? Et encore pourquoi ?

Ce n’est pas moi qui expliquais, il y a quelque temps, que les médias et les organes de presse devaient être totalement indépendants des industriels, des financiers et des cartels de la drogues et des armes. L’on expliquait sur tous les plateaux TV que des organes de presse français ne seraient plus crédibles car ils seraient détenus par des industriels de l’armement, entre autres. Je sais, jusqu’à preuve du contraire, que Mediapart n’a pas été racheté par des fonds qataris. Toutefois, le choix de cet éditeur et de cet émirat, en particulier, me parait pour le moins suspect. Et ce, tant que toutes les questions posées restent non élucidées, par la rédaction,  et demeurent ignorées pour des raisons encore plus suspectes !

Enfin, il est de notoriété publique qu’une énormité peut toujours en cacher une autre. Le traducteur expliquait, je cite : « Je me suis donc dit que ce livre méritait d’être traduit dans la langue d’Al-Mutanabbî ».

La langue d’Al-Mutanabbî ?

Effectivement, le traducteur utilise ici une périphrase pour désigner la langue arabe. Il pouvait dire aussi la langue d’Ismaël, ou la langue du Coran, tout simplement. Un peu comme lorsque l’on dit la langue de Molière, la langue de Shakespeare, la langue de Tolstoï, etc. Why not ?

Sauf que cette périphrase, chargée de symboles, est terriblement mal choisie, au regard du contexte actuel et des interrogations formulées, au sujet de cette diffusion « gratuite » de ce plaidoyer, par l’émirat du Qatar. Car bien qu’Al-Mutanabbî (915 – 965) fut incontestablement grand poète arabe, grand homme de culture, doué d’une grande sagesse et d’une facilité poétique presque inégalée, à imposer le respect, il était, aussi et surtout considéré comme un poète du palais, à la solde des princes.

Il chantait les louanges au plus offrant.  Il commença à l’ombre du prince abbasside Sayf al-Dawla (سيف الدولة) en Syrie. Une fois frappé par la disgrâce, il le quitta pour aller flatter le prince Kaffûr l’ikhchidide (كافور الإخشيدي) en Egypte. De même, il partit jusqu’en  Perse, pour chanter, dans un premier temps, les louanges du prince Ibn al-Ameed (ابن العميد), et puis, dans un deuxième temps, le prince Adhoud al-Dawla (عضد الدولة).

Ainsi, Al-Mutanabbî monnayait ses vers contre de l’argent. Comme d’autres poètes dans son genre, il laissa tout un héritage connu dans la poésie arabe sous le titre de la « Poésie de la courtisanerie » (الشعر التكسبي). Selon une étude littéraire, 80% de la poésie d’Al-Mutanabbî était composée de flatteries poétiques adressées aux rois et princes. Cela n’enlève rien de la beauté de son verbe et de la profondeur de sa sagesse.

Ainsi, lorsque le traducteur du plaidoyer exprime que son intention était de traduire la voix d’Edwy Plenel dans la langue d’Al-Mutanabbî, je ne pense pas qu’il a fait attention à ce détail énorme et à la pertinence de l’exemple litteraire qu’il a pris. Car :

– La langue d’Al-Mutanabbî était vendue aux princes. La voix humaniste d’Edwy Plenel se veut une langue sans compromission ;

– Al-Mutanabbî passa son temps à faire l’éloge des guerres et de la bravoure armée de son prince adoré. Edwy Plenel, en humaniste pacifique assumé, veut éviter les guerres par son plaidoyer et il a raison de le faire.

– Al-Mutanabbî ne jurait que par l’épée, en chantant : « La gloire est pour l’épée, non pour la plume ». Edwy Plenel ne jure que par la plume et par la liberté d’expression.

– Al-Mutanabbî était un courtisan des princes, Mediapart, sous la direction d’Edwy Plenel, s’est construite dans l’indépendance totale aux séductions de la cour.

– …

Toutefois, l’une des belles sagesses que ce poète arabe pouvait enseigner, encore et toujours, à toute personne censée et à Mediapart en particulier, c’est lorsqu’il dit : « Si tu vois que les dents d’un lion surgir, ne crois pas que le lion te sourit »!

L’on pourrait remplacer le mot « lion » par le mot «Qatar », l’avertissement reste aussi valable.

Fin


Mise au point importante en six points :

1- Je suis absolument responsable de ce que j’écris. Je ne suis en aucun cas responsable de la compréhension et des interprétations des uns et des autres.

2- Par manque de temps, je réagirais uniquement aux commentaires que je juge « sérieux ». Ceux qui s’engagent dans le cadre d’un débat d’idée.  Je ne réagirais pas à toute « attaque personnelle » et tout commentaire ne traitant pas, uniquement, le thème abordé, les idées développées et les interrogations formulées.

3- J’avais réagis quelques minutes après la présente publication à quelques commentaires sans respecter l’engagement du deuxième point, je me permets, pour la cohérence d’ensemble, de supprimer mes propos. Je ne peux discuter avec une personne qui ne vise pas l’échange d’idées mais qui vise simplement à donner des noms d’oiseaux à leurs contradicteurs. Peut-on vraiment discuter avec des spécialistes des noms d’oiseaux ?!

4- Il est absolument indispensable de situer ce billet sur un plan dialectique (Thèses + Antithèses => Synthèse). Pour le rappel de certains faits. « Pour les Musulmans » est paru en français, en septembre 2014. Je l’ai lu. Je l’ai trouvé très intéressant et courageux. J’avais quelques réserves sur la manière comment « les musulmans » y sont essentialisés et décrits. Je n’avais pas jugé nécessaire, pour autant, d’écrire un quelconque papier à son sujet. J’étais engagé sur d’autres questions en parallèle, en plus des exigences de mon boulot et de mes études (sans parler de ma petite famille !).

Huit mois plus tard, j’apprends que le plaidoyer d’Edwy Plenel a été traduit en arabe. Dans un premier temps, j’ai trouvé cela intéressant et même indispensable. D’autant plus que l’Occident est essentialisé et décrit par la machine islamiste comme un monstre haineux et que « les musulmans » – parce qu’ils sont musulmans – essentialisés à leur tour, en seraient les victimes ! Mais lorsque j’ai vu que c’est le Qatar qui diffuse et, en plus, « gratuitement », ce n’était plus l’arabisation du livre qui m’intéressait mais plutôt le pourquoi de cette diffusion par le … Qatar ? Pourquoi le Qatar ?

Dès lors, je ne suis plus dans un débat au sujet des idées intéressantes du livre ou la pertinence de cette traduction. Absolument pas ! C’est la prise en charge « qatarie » de cette diffusion qui me pose problème. Si je rajoute à cela toutes les interrogations que j’ai posées, en public ou par messages privés, durant les derniers mois à la rédaction de Mediapart, à Edwy Plenel en particulier, et qui sont restées hélas lettres mortes, si je rajoute, enfin, l’inflexion pour le moins langagière dans le traitement de la question de l’islam politique et des « Frères Musulmans », il y avait, dans mon esprit, matière à se poser toutes les questions, toujours avec précaution et prudence.

A ce moment là, Edwy Plenel publia un premier billet au sujet de cette traduction. J’ai à mon tour publié un premier billet avec de nombreuses interrogations que j’estime légitimes. Edwy Plenel publia, à nouveau, un deuxième billet laissant penser que ses contradicteurs, en l’occurrence l’auteur de ses lignes, aurait un problème avec la langue arabe et qui serait animée par des sentiments de haine et d’islamophobie. Il a dit plein de belles choses mais n’a répondu à aucune question de fond et surtout « Pourquoi le Qatar ?« , sachant qu’il y a d’autres alternatives. J’ai publié un deuxième billet pour redire certaines convictions, rappeler des antécédents, recentrer le débat sur la question du Qatar et reformuler mes interrogations autrement. Ensuite le traducteur publia un billet pour soutenir Edwy Plenel, expliquer les détails de ce choix mais sans expliquer ses raisons et comment ce choix « politique », avant qu’il ne soit « financier », pourrait influencer négativement l’image et l’indépendance de Mediapart. J’ai décidé d’engager un dernier billet, vraiment le dernier au sujet de Mediapart – et non pas au sujet du Qatar (Il y a encore des zones à éclairer). Pour redire mes interrogations légitimes, en âme et conscience et en toute liberté … d’expression. Au total, si je ne me trompe pas, il y aurait au moins six billets (Thèses et antithèses) à ce sujet, mais, pour l’instant, aucune « synthèse » digne de ce nom et respectueuse du débat contradictoire.

Encore une fois, il est absolument indispensable de situer ce billet dans son contexte et sur un plan dialectique(Thèses + Antithèses => Synthèse). Il ne s’agit pas d’une chasse à l’homme, en tout cas, pas dans mon esprit.

5- Je rappelle que vous êtes entrain de lire un billet dans un blog tenu par une seule personne (un blogueur). Je rappelle que je ne suis pas journaliste au sens où je n’ai jamais été formé à ce métier et que je n’ai pas de « carte de presse » – Ah, si j’avais cette carte ! Un blog, pour ceux qui l’ignorent est presque un « journal intime » ouvert à la curiosité de tout public. Personne n’est obligé de le lire. Personne n’est obligé de le prendre au sérieux. Personne n’est obligé de croire à ce que je raconte. Chacun pourra lire et laisser un commentaire, une question, une antithèse, etc. Personne n’est forcé de se rabaisser, humainement, en usant son vocabulaire du registre de l’insulte. Si vous n’êtes pas d’accord, dites-le et exprimez-vous mais n’oublions pas que l’insulte ne sera jamais le témoin d’une intelligence. Une insulte est une insulte (La charte de Mediapart est à lire ici).

6- « Avoir des liens avec la Qatar » n’a jamais été un « sixième pilier de l’islam ». Tout le monde a le droit de questionner les raisons déclarées et même obscures de ce choix, sans risquer d’être taxé d’islamophobe. Traiter quelqu’un d’islamophobe, ce n’est pas répondre à ses interrogations, c’est juste le traiter d’islamophobe. Que cela soit entendu !

Mes amitiés !

Mohamed Louizi

MEDIAPART, LA QATARIE ?

Mediapart, la qatarie ?

11.06.2015 Mohamed Louizi

Il est de notoriété publique désormais que le Qatar achète des « voix » pour l’organisation des tournois sportifs internationaux ; finance des mosquées UOIF ; assure des fonds de roulement à des associations islamistes ; participe aux frais de gestion et de construction d’établissements scolaires privés, sous contrat d’association avec l’Etat ; accueille et finance un courant « Frère Musulman » très puissant depuis plus d’un demi siècle ; achète une chaire universitaire à Oxford, taillée sur mesure, pour y introniser un certain Tariq Ramadan ; abreuve les poulains qatarophiles de ce dernier – Nabil Ennasri & Co – dans l’Hexagone pour défendre des idées et projets islamistes sous couvert de lute contre l’islamophobie ; …  Le Qatar s’est offert désormais la « voix » d’Edwy Plenel. Son livre « Pour les Musulmans » vient d’être traduit en arabe (en accès libre ici), publié et offert « gratuitement » par la revue « Doha Magazine » ( مجلة الدوحة ) à ses lecteurs !  Mon maître disait que le « gratuitement » n’existe pas en vérité. Il doit y avoir toujours quelqu’un qui paie l’addition et efface l’ardoise.

Mais à quelles conditions ? s’interrogeait-il.  Je n’ai toujours pas compris certains « silences » de Mediapart. Des courriels que j’ai adressés à Edwy Plenel et à d’autres membres de la rédaction de Mediapart restent, pour l’instant, sans réponses. De nombreuses interpellations cordiales, sur certains fils de commentaires, ne semblent pas mériter l’attention des auteurs (Edwy Plenel, François Bonnet, Pierre Puchot …). Je ne sais pas si ces silences trouvent un début d’explication dans cette large diffusion gratuite du livre d’Edwy Plenel dans le monde arabe par un certain vecteur … qatari ?!

Par ailleurs, je ne sais pas si la rédaction de Mediapart a vraiment conscience de certains de ses choix, pour le moins incompréhensibles ?! Connait-elle les vrais desseins d’une politique culturelle qatarie faite de promotion d’un certain « modèle » pour le compte d’une certaine tendance visant à atteindre un certain « but ». Je ne sais pas si elle est au courant des tenants et des aboutissants de cette diffusion gratuite et qu’elles sont/seraient ses contreparties ?

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Pour que cela soit clair, je ne suis pas contre la traduction, la diffusion gratuite d’une littérature cosmopolite, dans un monde arabe où la crise de l’édition et celle des livres sont à l’image d’autres crises structurelles, dont souffre le monde arabe, depuis bien longtemps. Bien au contraire, je suis archi pour toute diffusion « gratuite » et surtout « inconditionnelle » et « non orientée », de toute sorte de littérature et pas seulement de celle qui est désormais « instrumentalisée » par des cheikhs pétrodollars conquérants, dans une course de déstabilisation et de « chaostisation » du monde arabe et d’ailleurs. Le livre de Plenel est le quarante-neuvième livre gratuit, édité et diffusé par cette revue du ministère de la culture et des arts qatari. Une série commençant par « Tabaîa Al-Istibdad wa Massariâ Al-Istiâbad» (طبائع الاستبداد و مصارع الاستعباد) – Les traits de la répression et le combat contre l’esclavage – d’Al Kawakibi. L’on y trouve aussi, dans le trente-quatrième rang, la traduction du magnifique texte d’Etienne de La Boétie : « Discours de la servitude volontaire » ainsi que d’autres essais traitant des conditions du renouveau arabe souhaité.  Bizarrement, aucun livre gratuit de cette série, ne traite du jeu trouble du Qatar et de son rôle dans ledit « printemps arabe » et dans le financement et le soutien permanent aux « Frères Musulmans » et aux groupes jihadistes. Aucun livre ne traite de la monarchie qatarie et de ses entorses aux droits de l’homme. Même un certain Tariq Ramadan n’a pas le privilège dont bénéficie désormais … Edwy Plenel !

Pour éclairer la lanterne de Mediapart, entre autres, je me chargerai prochainement et « gratuitement » de publier une enquête, en bonne et due forme, documentée et argumentée comme d’habitude, concernant l’historique incontestable de l’installation durable des « Frères Musulmans » au Qatar depuis les années cinquante du siècle dernier.  En effet, je proposerai au lecteur de remonter le temps, plus de cinquante années en arrière, pour expliquer les débuts de la confrérie sur ce désert qatari lorsque des « frères » ont fui la répression égyptienne à l’époque de Gamal Abdel Nasser. J’expliquerai comment ces « frères » s’y sont installés et comment ils ont misé sur « l’enseignement », la « culture », les « jeunes » pour préparer et endoctriner les futurs « agents » du Tamkine.  Je montrerai, en travaillant sur des documents historiques, que les « frères » sont à l’origine de la création du ministère de l’éducation et de la culture qui, aujourd’hui, diffuse « gratuitement » le livre d’Edwy Plenel. J’expliquerai comment ces « frères » se sont chargés de créer des établissements scolaires, de rédiger des programmes éducatifs officiels et de sélectionner et former les enseignants selon les standards idéologiques de la confrérie.  J’expliquerai comment ces « frères » ont réussi à atteindre un tel pouvoir aujourd’hui dont les efforts sont fournis, en permanence, depuis plus d’un demi-siècle. J’expliquerai aussi comment ces « frères » ont fini, vers l’année 1999, par dissoudre, pour des raisons sécuritaires et stratégiques, leur Tanzim qatari, affilié jusqu’à lors aux Tanzim international des « Frères Musulmans » égyptien. Et pourquoi ils ont opté pour une présence discrète, efficace et sans étiquettes, sous forme, disent-ils, d’un courant large de pensée et d’action, très puissant et intelligemment disséminé dans les sphères du pouvoir, à l’échelle de l’Emirat, comme à l’échelle internationale : Médias, Education, Culture, Politique, Economie, Justice, Associations, Instances internationales, etc.  Les agents de ce courant frériste, comme Al-Qaradawi et Tariq Ramadan, font toujours le boulot en Orient comme en Occident. Ils instrumentalisent quelques noms, quelques figures – comme celui d’Edgar Morin. Ils séduisent d’autres voix, d’autres alliés, par des procédés dont ils ont le secret : la victimisation à outrance !  La voix de Mediapart n’est plus à capter. Ici, Pierre Puchot nie l’existence de l’islamisme. Il ne qualifie plus, par exemple, le mouvement « Ennahda » tunisien, de Rached Ghannouchi, de parti « islamiste » mais uniquement de « parti musulman ». Comme s’il fallait rajouter le qualificatif « musulman » à un parti politique tunisien où tous les autres partis politiques, 144 au total, revendiquent, d’une manière ou d’une autre, une islamité – religieuse et culturelle – transcendant le jeu politique. L’on ne dit pas, par exemple, le « Parti socialiste … musulman ». Cela va de soit dans une Tunisie où 99 % de la population est considérée musulmane !

Là-bas, au Qatar, la « voix » d’Edwy Plenel est diffusée « gratuitement » et à grande échelle. Comme si les mécènes qataris voulaient primer Mediapart pour ses loyaux services. Si c’est cela l’objet de cette reconnaissance, qui en dit long, par ailleurs, sur certains « silences » assourdissants de Mediapart, maintenant c’est chose faite !

Mohamed Louizi

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