LES DENTS DU QATAR

Les dents du Qatar

16.06.2015 Mohamed Louizi

Abdellatif El Korchi, le traducteur du livre « Pour les musulmans », vient de publier un billet de « soutien » à Edwy Plenel, contre ce qu’il considère comme étant une « attaque islamophobe » et une « compagne malfaisante venue des milieux conservateurs » ! C’est bien en ces termes là qu’il présenta, « sans précaution et sans nuance »,  en introduction le billet du directeur de Mediapart : « L’art pour lutter contre l’intégrisme », sur sa page Facebook, le 12 juin 2015 (voir l’image ci-après).

Après une longue hésitation, et pour plus d’éclairage, j’ai décidé donc d’engager ce dernier billet, très cordialement, pour répéter et redire les choses autrement, avec d’autres formulations, d’autres rappels et d’autres faits incontestables. En effet, il va falloir répéter et se répéter. Mon père me disait en arabe, tout le temps, exactement ce que disait, en français, le papa Plenel à son fils Edwy : « L’enseignement, c’est la répétition ». Comme quoi deux papas, parlant deux langues différentes, l’arabe et le français, des deux côtés de la Méditerranée, peuvent dire, avec sagesse, exactement la même chose. Mais lorsque deux fils parlant la même langue, exprimant peut-être les mêmes idées et dans le même pays, n’arrivent plus à s’entendre et à se comprendre, cela devient symptomatique d’une « triste époque » où les principes sont vidés de leur substance et où la fin justifie, hélas, tous les moyens. Un adage marocain ancien, qui rappellera au traducteur quelques souvenirs d’enfance, dit : « A force de répétition, l’âne finit par apprendre ». Répétons-donc !

Dans sa dite « mise au point » (ici) – son seul et unique billet sur Mediapart ! – force est de constater que le traducteur, dans un prolongement presque naturel d’une certaine posture victimaire non assumée, considère les interrogations légitimes exprimées, ici ou là, et qui restent hélas sans aucune réponse convaincante, comme étant l’expression d’un « procès d’inquisition » et un « tourbillon dans une tasse ». Ainsi, il a fait le choix, lui-aussi, d’éteindre les lumières, autour de lui  et autour de sa raison, et de maudire, avec une impuissance manifeste, l’éclat des lumières de ses voisins, celles de ses contradicteurs sur qui il n’hésite pas de coller sur leurs fronts l’étiquette d’islamophobe.

Bizarrement, il semble être quelqu’un d’ouvert d’esprit, de cultivé, de fin et d’intelligent. Nous partageons de nombreuses références littéraires et artistiques arabes comme, par exemple, le grand poète irakien Ahmed Matar, vivant en exil en Angleterre et qui demeure un modèle de constance et de combat pour les libertés contre les tyrans pétrodollars et contre l’islamisme guerrier d’un certain Youssef Al Qaradawi (ici la traduction de l’un de ses poèmes publié sur mon ancien blog en 2007) ; ou le caricaturiste palestinien Naji al-Ali, qui fut assassiné à Londres en 1987, par le Mossad israélien, ou par l’OLP de Yasser Arafat ; ou le grand intellectuel marocain Mehdi el-Mandjra, que j’avais invité en mars 2003, pour animer une conférence dans le cadre des journées culturelles de l’université plurielle, lorsque j’étais président de l’association EMF-Lille, etc.

D’ailleurs, après les attentats de Paris, le traducteur publia sur sa page Facebook, le 19 janvier, une caricature montrant un « islam radical » prenant en otage, au moyen d’un sabre, un autre «islam » (voir ci-après). Je ne sais pas si, à ce moment précis, lui-même était « islamophobe » ? Car ce qu’il ne semble pas comprendre désormais, c’est justement cette différenciation nécessaire que Mediapart refuse, obstinément, de faire et de voir entre un islam humaniste pacifié, et un autre islam radical, dans toutes ses représentations extrémistes, politiques et jihadistes. Au lieu d’assumer un humanisme indépendant et affranchi, la rédaction de Mediapart préfère le déni – l’islamisme n’existe pas, écrivait Pierre Puchot – et de fréquenter des « preneurs d’otages », jugés fréquentables, ceux-là même qui revendiquent, ouvertement, la lettre et l’esprit d’un certain héritage islamiste, sous la bannière d’un Coran, pris en otage à son tour, par deux sabres !

Ce Monsieur vient, visiblement, de s’abonner à Mediapart. Les données statistiques de son blog, relevées ce matin à 8h30, sont édifiantes : 0 contact (Même pas Edwy), 0 édition, 0 article dedition, 0 commentaire. Cependant, et avec un tel score, la rédaction de Mediapart a jugé bon de mettre en valeur, en « une », son billet (voir ci-après) et de continuer d’ignorer délibérément, pour ne pas dire de « censurer », tous mes billets, sachant que je fais parti des abonnés fidèles à Mediapart depuis 2007/2008, et que mes « billets », surtout les deux derniers, devaient, à mon sens, dans le respect d’une certaine déontologie, être traités égalitairement. L’on ne doit pas – disait mon maître – censurer la question et publier la prétendue réponse.  Mediapart préfère-t-elle, à ce point là, la parole qui flatte l’égo à celle qui interroge le sens ?

Par conséquent, en ne pouvant pas accéder aux éditions payantes, si mon constant est toujours vrai – ce que je crois intimement – comment ce Monsieur pouvait-il avoir le recul nécessaire et la hauteur de vue semblable à celle des anciens abonnés ? Ce recul permettant de constater des dérives progressives et inquiétantes quant aux virages idéologiques et autres points d’inflexion inexplicables, dans la ligne éditorialiste de ce journal numérique participatif. Des inflexions que l’on pourrait situer relativement, premièrement, au lendemain de la réclamation du fisc français d’une somme de quelques millions d’euros à la rédaction de Mediapart (lire ici), et deuxièmement, au moment de la disparition étrange du vocable « islamiste » de certains articles consacrés, entre autres aux « Frères Musulmans » – comme ceux de Pierre Puchot ?

En mars 2008 (ici), ce dernier utilisait abondamment des termes comme « islamistes », « islam radical », « islam politique », « salafistes », « djihadistes », « extrémistes », « terroristes », etc. En décembre 2013, le fisc français réclama la somme d’un million d’euros à Mediapart (ici). En juin 2014, le parti tunisien « Frère Musulman » Ennahda n’est plus considéré, au moins par Pierre Puchot, comme étant un parti « islamiste » mais uniquement comme un parti « musulman » (ici). Comme si, il fallait le préciser dans une Tunisie à 144 partis politiques, tous musulmans sans exception. En septembre 2014, le fisc corrigea son calcul et réclama une somme de 4,2 millions d’euros à la rédaction (ici). En mai 2015, l’islamisme n’est plus (ici) !

La question à laquelle Mediapart, et Edwy Plenel en particulier, refuse de répondre, en toute simplicité et transparence, est le sens de cette inflexion constatée et de ce changement de discours. Y’aurait-il, ou pas, une adaptation du langage journalistique qui serait dictée par une probable dépendance financière à une manne barbue étrangère ?  En langage mathématique, y’aurait-il ou pas, une corrélation entre la situation fiscale d’un côté, et l’amalgame entretenu, depuis peu de temps, entre « islam » et « islamisme », entre « musulmans » et « Frères Musulmans » au sein de la rédaction ? Mediapart sait produire des preuves et faire son métier, je n’en doute point. Puisse sa déontologie impartiale se manifeste au grand jour. Je précise ici, que je n’accuse personne et que je ne diffame personne. Je pose juste quelques interrogations que se posent aussi de nombreux abonnés.

Non le traducteur du livre de Plenel ne peut pas constater ces changements, très subtils, sur une durée relativement longue. Il ne peut pas comprendre la profondeur des nuances du sens des interpellations exprimées par de nombreux anciens abonnés, qui accompagnent ce modèle numérique depuis presque sa création ; depuis les années des vaches maigres ; depuis l’ère où Mediapart s’autofinançait et s’auto-appliquait, courageusement, un taux de TVA de 2,1 % comme la presse papier ; lorsque « le combat pour une presse libre » avait encore un sens et lorsque « la liberté de la presse n’était pas un privilège des journalistes, mais un droit des citoyens ». Mais les temps ont, paraît-il, changé depuis.

Je ne vais pas pouvoir reprendre, point par point, les éléments d’un argumentaire très superficiel qui étouffe, au passage, toutes ces questions profondes, en les noyant, involontairement me semble-t-il, dans un amas de détails presque insignifiants. Je suis d’accords avec lui lorsqu’il décrit la situation calamiteuse de l’édition dans le monde arabe, j’en sais quelque chose. Mais de là à considérer le Ministère de la Culture et des Arts qatari, et sa revue Al-Doha Magazine, comme seuls et uniques vecteurs de diffusion de la pensée humaniste d’Edwy Plenel, cela me paraît tirer par des cheveux, somme toute, voilés.

A aucun moment, dans mon propos, je n’ai dit que ce magazine appartenait aux « Frères Musulmans ». A aucun moment, jusqu’à preuve du contraire, je n’ai confirmé que les membres du comité de la rédaction de ce magazine, ou ceux de la commission consultative était membres de la confrérie. Ce que j’ai confirmé c’est le lien entre cette revue littéraire et le gouvernement qatari qui la finance et la contrôle, et qui, lui, a depuis de nombreuses décennies des relations affichées et assumées avec la confrérie, ses symboles et ses leaders, là-bas comme ici. J’ai démontré simplement la dépendance symbolique, financière et politique de cette revue au gouvernement qatari. Si l’on pousse les investigations encore plus loin, peut-être l’on découvrirait d’autres facettes inconnues jusqu’à lors, mais cela n’a pas beaucoup d’intérêt à mes yeux.

Pourquoi le faire donc, lorsque l’on sait déjà qu’en plus de la diffusion gratuite par cette revue gouvernementale du plaidoyer « Pour les musulmans », la chaîne qatarie Al-Jazzera lui avait déjà consacré, le 24 septembre 2014 – moins d’une semaine seulement après sa parution ici en France – un article sur son site Internet http://www.aljazeera.net (ici) ?

En effet, Boualem Ramdani, journaliste et correspondant d’Al Jazeera à Paris, a publié une présentation très tendancieuse de ce livre, intitulée, je traduis de l’arabe, mot par mot : «Pour les Musulmans … Un cri contre l’islamophobie en France ». Les qataris, en général, et Al-Jazeera en particulier, sont donc au courant de ce plaidoyer, au moins à partir de cette date précise. Et ce, bien avant la date du 23 octobre 2014, matérialisant la première rencontre, décrite comme fortuite, entre le traducteur et Edwy Plenel à Grenoble, bien avant le 28 janvier 2015 et bien avant le 1 juin dernier, la date de parution du numéro 92 du magazine qatari en question. Celui-ci, pour information, afficha sur sa couverture le caractère gratuit de cette diffusion ainsi que le titre du livre offert.

En effet, pour le magazine le livre d’Edwy Plenel, sur cette couverture, s’intitulait : « Pour l’islam », et non pas : « Pour les musulmans » (voir l’image ci-après). Dans la tête d’Edwy Plenel, c’était « Pour les Musulmans » mais dans la tête du Qatar, c’était plutôt « Pour l’Islam », un certain islam bien évidemment. Moi, je n’y vois qu’une erreur de frappe qui a visiblement échappé à la vigilance de la commission de correction. En somme, ce n’est qu’un détail me dirait-on, même si mon maître ne cesse de me rappeler que le petit Qatar se cache toujours dans les détails !

Ainsi les islamistes trop présents au sein de la rédaction d’Al-Jazeera le savaient déjà. Ici, je ne vais pas prouver, encore une fois, les liens anciens et permanents entre cette chaîne et les « Frères Musulmans » depuis sa création. J’aborderai, en détails, ces liaisons dans mon prochain papier. Je précise juste, pour un avant-goût, que le leader stratège « frère musulman » qatari, nommé Jassim Sultan, qui fut l’architecte de la dissolution de la branche qatarie des « frères » en 1999, pour raisons géopolitiques et pour pouvoir faire de l’entrisme dans les sphères du pouvoir, sans risquer d’être étiqueté idéologiquement, était aussi l’un des principaux conseillers en planification stratégique de la chaîne, lorsqu’un autre « frère musulman », le palestinien Waddah Khanfar occupait le poste de directeur général de la chaîne, entre 2003 et 2011. Ce « frère » directeur général avait passé un temps en Afghanistan, en couverture médiatique d’un certain Oussama Ben Laden à côté d’un autre « frère » nommé Tayseer Allouni, le premier journaliste à avoir interviewé le « frèremoujahid » à la tête d’Al-Qaïda. En 2011, Waddah Khanfar a été démis de ses fonctions pour différentes raisons, liées, selon diverses analyses, à un léger changement dans la ligne de la chaîne satellitaire, après le début dudit « Printemps arabe », paraît-il. D’autres évoquent ses liens flous avec la CIA américaine, dévoilées par des révélations WikiLeaks, etc. J’y reviendrai dans mon prochain billet. En attendant, un article du journal Le Monde à son sujet ici.

Je ne sais pas si l’auteur et son traducteur ont vraiment péché par naïveté dans un milieu obscur. L’avenir apporterait son lot d’éclairages nécessaires. Le traducteur, d’origine marocaine, dit simplement que son « premier mouvement » était de prendre contact avec ce magazine qatari, en prétextant, au passage, la large diffusion assurée et le prix abordable. Mais 13.300 exemplaires pour des centaines de millions de lecteurs potentiels, dans le monde arabe, c’est un chiffre insignifiant. C’est presque un grain de sable dans un désert. D’autant plus, qu’il y a de nombreuses maisons d’édition au Maroc, en Algérie et dans d’autres pays d’origine de la plupart des citoyens français musulmans. Des maisons d’édition, relativement indépendantes des pouvoirs politiques en place, pouvaient publier ce plaidoyer sans problème. Aussi, Edwy Plenel pouvait rester fidèle à sa conception du numérique et mettre cette traduction gratuitement sur des sites d’information et d’autres plateformes de partage et de téléchargement. Cela n’aurait provoqué aucun « tourbillon » dans aucune « tasse ».

Cela n’aurait pas contraint le traducteur à se défendre en essayant, tant bien que mal, à s’accrocher à de faibles branches flottantes, ici où là, au risque de dire parfois des énormités sablonneuses. Je cite : « Et après tout, où est le mal – s’interrogeait-il – si une petite partie de l’argent du pétrole, qui est d’ailleurs argent public, finance le livre et la culture et contribue au développement humain, en déficit dans notre région ». Ainsi, il parla d’ « argent public » comme si l’on était dans un pays démocratique  et non  dans une monarchie oligarchique  où ni le concept démocratique d’ « argent public » ni sa réalité politique et sociale n’existent en vérité. Quant au soutien au développement humain, en déficit dans la région arabe, à travers l’art et la culture, l’on ne trouvera pas mieux qu’un « frère » qatari, le même qui conseilla, sur le plan stratégique Al-Jazeera, pour décrire ce que fait déjà le Qatar depuis 2003, en faveur de la jeunesse musulmane, arabe et occidentale, pour la préparer, dans des centres de formation aux exigences du Tamkine, pour assurer des fonctions de leadership et devenir influents dans leurs pays respectifs. Le prochain article apportera des éléments prouvant toutes ces actions ciblant une jeunesse dans différents pays arabes et européens.

Par ailleurs, en faisant fi de tout ceci, je répète que ce n’est pas l’odeur de « l’argent du pétrole » qui me bouche les narines, même si, au sein de Mediapart, une certaine conception verte – au sens écologique évidemment – serait plutôt adaptée avec l’idéal humaniste en faveur d’une action culturelle non polluante et sans emprunte carbone. Ce qui demeure mystérieusement en suspens dans toute cette affaire, c’est plutôt l’orientation du traducteur, comme par réflexe pavlovien, en présence de nombreuses alternatives insoupçonnables, et l’acceptation par l’auteur lui-même, sans précaution, de l’idée d’être diffusé par les deniers pétroliers, entre autres, qui se trouvent entre les mains de l’oligarchie qatari. Pourquoi ? Pourquoi ? Et encore pourquoi ?

Ce n’est pas moi qui expliquais, il y a quelque temps, que les médias et les organes de presse devaient être totalement indépendants des industriels, des financiers et des cartels de la drogues et des armes. L’on expliquait sur tous les plateaux TV que des organes de presse français ne seraient plus crédibles car ils seraient détenus par des industriels de l’armement, entre autres. Je sais, jusqu’à preuve du contraire, que Mediapart n’a pas été racheté par des fonds qataris. Toutefois, le choix de cet éditeur et de cet émirat, en particulier, me parait pour le moins suspect. Et ce, tant que toutes les questions posées restent non élucidées, par la rédaction,  et demeurent ignorées pour des raisons encore plus suspectes !

Enfin, il est de notoriété publique qu’une énormité peut toujours en cacher une autre. Le traducteur expliquait, je cite : « Je me suis donc dit que ce livre méritait d’être traduit dans la langue d’Al-Mutanabbî ».

La langue d’Al-Mutanabbî ?

Effectivement, le traducteur utilise ici une périphrase pour désigner la langue arabe. Il pouvait dire aussi la langue d’Ismaël, ou la langue du Coran, tout simplement. Un peu comme lorsque l’on dit la langue de Molière, la langue de Shakespeare, la langue de Tolstoï, etc. Why not ?

Sauf que cette périphrase, chargée de symboles, est terriblement mal choisie, au regard du contexte actuel et des interrogations formulées, au sujet de cette diffusion « gratuite » de ce plaidoyer, par l’émirat du Qatar. Car bien qu’Al-Mutanabbî (915 – 965) fut incontestablement grand poète arabe, grand homme de culture, doué d’une grande sagesse et d’une facilité poétique presque inégalée, à imposer le respect, il était, aussi et surtout considéré comme un poète du palais, à la solde des princes.

Il chantait les louanges au plus offrant.  Il commença à l’ombre du prince abbasside Sayf al-Dawla (سيف الدولة) en Syrie. Une fois frappé par la disgrâce, il le quitta pour aller flatter le prince Kaffûr l’ikhchidide (كافور الإخشيدي) en Egypte. De même, il partit jusqu’en  Perse, pour chanter, dans un premier temps, les louanges du prince Ibn al-Ameed (ابن العميد), et puis, dans un deuxième temps, le prince Adhoud al-Dawla (عضد الدولة).

Ainsi, Al-Mutanabbî monnayait ses vers contre de l’argent. Comme d’autres poètes dans son genre, il laissa tout un héritage connu dans la poésie arabe sous le titre de la « Poésie de la courtisanerie » (الشعر التكسبي). Selon une étude littéraire, 80% de la poésie d’Al-Mutanabbî était composée de flatteries poétiques adressées aux rois et princes. Cela n’enlève rien de la beauté de son verbe et de la profondeur de sa sagesse.

Ainsi, lorsque le traducteur du plaidoyer exprime que son intention était de traduire la voix d’Edwy Plenel dans la langue d’Al-Mutanabbî, je ne pense pas qu’il a fait attention à ce détail énorme et à la pertinence de l’exemple litteraire qu’il a pris. Car :

– La langue d’Al-Mutanabbî était vendue aux princes. La voix humaniste d’Edwy Plenel se veut une langue sans compromission ;

– Al-Mutanabbî passa son temps à faire l’éloge des guerres et de la bravoure armée de son prince adoré. Edwy Plenel, en humaniste pacifique assumé, veut éviter les guerres par son plaidoyer et il a raison de le faire.

– Al-Mutanabbî ne jurait que par l’épée, en chantant : « La gloire est pour l’épée, non pour la plume ». Edwy Plenel ne jure que par la plume et par la liberté d’expression.

– Al-Mutanabbî était un courtisan des princes, Mediapart, sous la direction d’Edwy Plenel, s’est construite dans l’indépendance totale aux séductions de la cour.

– …

Toutefois, l’une des belles sagesses que ce poète arabe pouvait enseigner, encore et toujours, à toute personne censée et à Mediapart en particulier, c’est lorsqu’il dit : « Si tu vois que les dents d’un lion surgir, ne crois pas que le lion te sourit »!

L’on pourrait remplacer le mot « lion » par le mot «Qatar », l’avertissement reste aussi valable.

Fin


Mise au point importante en six points :

1- Je suis absolument responsable de ce que j’écris. Je ne suis en aucun cas responsable de la compréhension et des interprétations des uns et des autres.

2- Par manque de temps, je réagirais uniquement aux commentaires que je juge « sérieux ». Ceux qui s’engagent dans le cadre d’un débat d’idée.  Je ne réagirais pas à toute « attaque personnelle » et tout commentaire ne traitant pas, uniquement, le thème abordé, les idées développées et les interrogations formulées.

3- J’avais réagis quelques minutes après la présente publication à quelques commentaires sans respecter l’engagement du deuxième point, je me permets, pour la cohérence d’ensemble, de supprimer mes propos. Je ne peux discuter avec une personne qui ne vise pas l’échange d’idées mais qui vise simplement à donner des noms d’oiseaux à leurs contradicteurs. Peut-on vraiment discuter avec des spécialistes des noms d’oiseaux ?!

4- Il est absolument indispensable de situer ce billet sur un plan dialectique (Thèses + Antithèses => Synthèse). Pour le rappel de certains faits. « Pour les Musulmans » est paru en français, en septembre 2014. Je l’ai lu. Je l’ai trouvé très intéressant et courageux. J’avais quelques réserves sur la manière comment « les musulmans » y sont essentialisés et décrits. Je n’avais pas jugé nécessaire, pour autant, d’écrire un quelconque papier à son sujet. J’étais engagé sur d’autres questions en parallèle, en plus des exigences de mon boulot et de mes études (sans parler de ma petite famille !).

Huit mois plus tard, j’apprends que le plaidoyer d’Edwy Plenel a été traduit en arabe. Dans un premier temps, j’ai trouvé cela intéressant et même indispensable. D’autant plus que l’Occident est essentialisé et décrit par la machine islamiste comme un monstre haineux et que « les musulmans » – parce qu’ils sont musulmans – essentialisés à leur tour, en seraient les victimes ! Mais lorsque j’ai vu que c’est le Qatar qui diffuse et, en plus, « gratuitement », ce n’était plus l’arabisation du livre qui m’intéressait mais plutôt le pourquoi de cette diffusion par le … Qatar ? Pourquoi le Qatar ?

Dès lors, je ne suis plus dans un débat au sujet des idées intéressantes du livre ou la pertinence de cette traduction. Absolument pas ! C’est la prise en charge « qatarie » de cette diffusion qui me pose problème. Si je rajoute à cela toutes les interrogations que j’ai posées, en public ou par messages privés, durant les derniers mois à la rédaction de Mediapart, à Edwy Plenel en particulier, et qui sont restées hélas lettres mortes, si je rajoute, enfin, l’inflexion pour le moins langagière dans le traitement de la question de l’islam politique et des « Frères Musulmans », il y avait, dans mon esprit, matière à se poser toutes les questions, toujours avec précaution et prudence.

A ce moment là, Edwy Plenel publia un premier billet au sujet de cette traduction. J’ai à mon tour publié un premier billet avec de nombreuses interrogations que j’estime légitimes. Edwy Plenel publia, à nouveau, un deuxième billet laissant penser que ses contradicteurs, en l’occurrence l’auteur de ses lignes, aurait un problème avec la langue arabe et qui serait animée par des sentiments de haine et d’islamophobie. Il a dit plein de belles choses mais n’a répondu à aucune question de fond et surtout « Pourquoi le Qatar ?« , sachant qu’il y a d’autres alternatives. J’ai publié un deuxième billet pour redire certaines convictions, rappeler des antécédents, recentrer le débat sur la question du Qatar et reformuler mes interrogations autrement. Ensuite le traducteur publia un billet pour soutenir Edwy Plenel, expliquer les détails de ce choix mais sans expliquer ses raisons et comment ce choix « politique », avant qu’il ne soit « financier », pourrait influencer négativement l’image et l’indépendance de Mediapart. J’ai décidé d’engager un dernier billet, vraiment le dernier au sujet de Mediapart – et non pas au sujet du Qatar (Il y a encore des zones à éclairer). Pour redire mes interrogations légitimes, en âme et conscience et en toute liberté … d’expression. Au total, si je ne me trompe pas, il y aurait au moins six billets (Thèses et antithèses) à ce sujet, mais, pour l’instant, aucune « synthèse » digne de ce nom et respectueuse du débat contradictoire.

Encore une fois, il est absolument indispensable de situer ce billet dans son contexte et sur un plan dialectique(Thèses + Antithèses => Synthèse). Il ne s’agit pas d’une chasse à l’homme, en tout cas, pas dans mon esprit.

5- Je rappelle que vous êtes entrain de lire un billet dans un blog tenu par une seule personne (un blogueur). Je rappelle que je ne suis pas journaliste au sens où je n’ai jamais été formé à ce métier et que je n’ai pas de « carte de presse » – Ah, si j’avais cette carte ! Un blog, pour ceux qui l’ignorent est presque un « journal intime » ouvert à la curiosité de tout public. Personne n’est obligé de le lire. Personne n’est obligé de le prendre au sérieux. Personne n’est obligé de croire à ce que je raconte. Chacun pourra lire et laisser un commentaire, une question, une antithèse, etc. Personne n’est forcé de se rabaisser, humainement, en usant son vocabulaire du registre de l’insulte. Si vous n’êtes pas d’accord, dites-le et exprimez-vous mais n’oublions pas que l’insulte ne sera jamais le témoin d’une intelligence. Une insulte est une insulte (La charte de Mediapart est à lire ici).

6- « Avoir des liens avec la Qatar » n’a jamais été un « sixième pilier de l’islam ». Tout le monde a le droit de questionner les raisons déclarées et même obscures de ce choix, sans risquer d’être taxé d’islamophobe. Traiter quelqu’un d’islamophobe, ce n’est pas répondre à ses interrogations, c’est juste le traiter d’islamophobe. Que cela soit entendu !

Mes amitiés !

Mohamed Louizi

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s