Le CCIE, ex-CCIF (dissout avant de réapparaître en Belgique) vient de publier le résultat de son sondage en interne concernant les élections présidentielles. Ainsi, 81.1% des adhérents du CCIE annoncent voter pour Jean-Luc Mélenchon. Ces résultats prévisibles s’inscrivent dans la lignée des associations « décoloniales », plus ou moins proches de l’Islam politique, qui se sont rapprochées de LFI et qui soutiennent son candidat.
Le club de football de Lille, le LOSC (Lille Olympique Sporting Club) vient tout juste d’être sacré champion de France 2020-2021 en Ligue 1 après une saison remarquable. Alors qu’il était gravement endetté en 2017, le club a fait le pari d’emprunter plus de 220 millions d’euros auprès de fonds d’investissements américains. Ces opérations financières lui ont permis de construire une équipe compétitive avec le recrutement de plusieurs joueurs internationaux et notamment turcs, que l’on a pu apercevoir à la télévision le 23 mai 2021 lors du dernier match de Ligue 1 portant le drapeau turc sur leurs épaules. En 2018, Zeki Celik est ainsi recruté alors qu’il jouait au club Istanbulspor avant que Yusuf Yacizi ne le rejoigne en 2019 en quittant pour sa part le club Trabzonspor. En 2020 est recruté au LOSC un de leur coéquipier vedette en équipe nationale turque, Burak Yilmaz, en provenance du club de Besiktas. Puissant attaquant, il est rapidement surnommé au LOSC le « Roi Burak » et marque 16 buts en une année. Deux autres joueurs turcs, plus jeunes, intègrent également le club de réserve en 2020 pour un total de 5 joueurs turcs au LOSC. Dans un entretien au journal L’Equipe, Burak Yilmaz conseille même au LOSC le recrutement de deux nouveaux joueurs turcs, Dorukhan Tokoz et Abdülkadir Ömür. On estime en moyenne à environ 300-500 le nombre de supporters franco-turcs du LOSC dans le stade de Lille (hors période Covid-19), dans une région qui comporte une importante communauté turque d’environ 15 000 individus. Preuves de la dynamique du club, de nombreux groupes de supporters turcs du LOSC sont créés sur les réseaux sociaux et des séances de dédicaces sont également organisées avec les supporters turcs du club lillois.
Les réussites sportives et financières ne doivent cependant pas masquer un aspect plus politique. Interrogé par de nombreux médias nationaux et locaux sur ces footballeurs turcs, Ibrahim Alci, présenté comme un simple président d’une association franco-turque du Nord, se félicite : « On ne se rend pas compte à quel point le LOSC est suivi en Turquie. C’est lunaire. Quand Yusuf Yazici marque trois buts à Milan, il marque l’histoire de LOSC mais pas seulement. Toute la Turquie regarde le LOSC ». Ce qui pourrait paraître comme un enthousiasmant signe de rapprochement entre la Turquie et la France prend une tournure différente lorsque l’on sait que Ibrahim Alci est le président du… CCMTF. Le CCMTF (comité de coordination des musulmans turcs de France) est la branche française du DITIB, qui est lui-même organisé et financé par la direction des affaires religieuses du gouvernement turc d’Erdogan. Le DITIB, qui se définit lui-même comme une organisation politique, suit la ligne islamo-nationaliste du parti d’Erdogan et a récemment rejeté la charte des imams de France. Dans une logique de prise en main de la diaspora turque en France, Ibrahim Alci est décrit par la presse comme un proche de Burak Yilmaz depuis son arrivée au LOSC. Il reconnaît même avoir été directement sollicité : « j’ai été appelé par le consulat turc pour les aider à s’adapter à la vie en France ».
(Ibrahim Alci avec les joueurs turcs sur le terrain pour fêter la victoire en Ligue 1)
A 35 ans, l’attaquant vedette Burak Yilmaz est à la fois le plus expérimenté et le plus connu des nouvelles recrues. Ses prouesses sportives éclipsent pourtant une importante part d’ombre dévoilée depuis 2016 mais peu connue du grand public.
En juin 2016, sa femme, Istem Yilmaz, porte plainte pour des faits de violences conjugales et dévoile la proximité de son mari avec le président turc : « Le jour de notre mariage, le président, Recep Tayyip Erdogan, l’a appelé et lui a dit qu’il souhaitait que l’on ait trois enfants. Lui [Burak], a répondu qu’il en voulait quatre. Mais quand j’étais enceinte pour la deuxième fois, il ne voulait pas de l’enfant. Il m’a alors frappée ». Elle évoque également des scènes d’humiliation et de violences psychiques. Burak Yilmaz joue à l’époque dans un club chinois pour sa première expérience à l’étranger. Il reçoit la visite du président turc à l’occasion d’une visite officielle à Pékin. D’après le journal SoFoot, Erdogan lui aurait alors permis d’écourter son engagement en Chine suite à ses déboires familiaux. Par la suite, le président lui conseille même… le port de la barbe de 3 semaines : « le président m’a dit que ce nouveau style m’allait très bien et qu’il ne fallait surtout pas que je rase cette barbe ».
En juillet 2016, après la mystérieuse tentative de coup d’état en Turquie, Burak Yilmaz tweete en soutien à Ergodan : « dans la lutte pour la démocratie de mon beau pays, mon cher président, NOUS VOUS AIMONS, NOUS SOMMES AVEC VOUS JUSQU’A LA FIN ». Profitant de la tentative de coup d’état, Erdogan lance rapidement un référendum visant l’approbation de sa réforme constitutionnelle pour renforcer ses pouvoirs de façon drastique et affaiblir l’opposition. Yilmaz Burak fait alors partie des rares sportifs qui soutiennent l’initiative et poste une vidéo où il déclare qu’il votera de façon favorable. Après la victoire du « oui » s’ensuit une purge à grande échelle avec le limogeage et la suspension de plus de 140 000 personnes (notamment des fonctionnaires) et l’arrestation de plus de 50 000 personnes (dont de nombreux journalistes). La Fédération Turque de Football licencie alors 94 joueurs, cadres et arbitres. Certains joueurs turcs considérés comme des opposants au Président vivent toujours en exil aux Etats-Unis, comme Hakan Sükür. Ce footballeur star des années 2000 a quitté la Turquie où il risquait 4 ans ans de prison pour « insulte » au président et fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis la tentative de coup d’état de 2016. Son père, resté sur place, est incarcéré.
L’engagement politique ostentatoire de Burak Yilmaz dépasse les frontières le 14 juillet 2019 au Stade de France. Alors qu’il joue pour la sélection turque, il esquisse un salut militaire (aux côtés de plusieurs footballeurs turcs dont le joueur du LOSC Yusuf Yazici) pour soutenir l’offensive de la Turquie via des bombardements massifs contre les kurdes alliés des Occidentaux dans le Nord-Est de la Syrie. Au total, 10 joueurs turcs sont par la suite réprimandés par l’UEFA pour ce salut militaire.
Bien que plus jeune et moins médiatisé, Yusuf Yazici semble s’inscrire depuis ce salut militaire dans la logique pro-Erdogan de Burak Yilmaz. Le président du CCMTF, Ibrahim Alci, les décrit avec Zeki Celik comme un trio inséparable à Lille : « ils se côtoient au quotidien […] c’est une véritable famille ». Fin 2020, Yusuf Yazici pose aux côtés du président Erdogan qui vient l’accueillir à son arrivée avec son épouse à l’aéroport d’Istanbul. Il lui offre alors son maillot devant la presse turque, désormais largement ralliée au parti au pouvoir depuis les purges de 2016.
Le pari de recruter des joueurs turcs, performants même si affiliés à Erdogan, semble gagnant du côté du LOSC. En témoignent la victoire en championnat de Ligue 1, le beau spectacle donné aux supporters lillois et les retombées économiques pour le club en ventes de maillots et d’accessoires. Le club de Lille, moins connu que ses concurrents parisien ou marseillais à l’étranger, bénéficie également d’un coup de projecteur international et plus spécifiquement en Turquie où les matchs du LOSC retransmis sur BeIN Sport Turkey ont battu cette saison des records d’audience. Alors que les clubs turcs sont surendettés depuis la crise du Covid-19, il est nécessaire pour la plupart d’entre eux de se séparer de très bons joueurs. Ces footballeurs turcs, moins chers sur le marché que les stars internationales du ballon rond, ont assuré une bonne rentabilité et une bonne publicité au club lillois, dont le budget est 4 fois moins élevé que le Paris-Saint-Germain qui finit 2ème de la Ligue 1.
La stratégie de Soft Power turc initiée par Erdogan via le football semble elle aussi fonctionner. Elle lui permet de s’afficher régulièrement dans les médias en compagnie de joueurs populaires et appréciés de la jeunesse européenne. Sur place, ils sont gardés à l’œil par des d’organisations pro-AKP comme la DITIB. Dans des périodes de crises politiques, ces joueurs lui offrent leur soutien sur les réseaux sociaux lors des événements de 2016, sur les terrains via un salut militaire en 2019, ou encore grâce à des photographies quasi-officielles, parfois même en période électorale (comme le joueur turc Mesut Özil en 2018 lors de la campagne présidentielle turque où il pose avec Erdogan, avant de le choisir comme témoin de mariage en 2019). En Turquie, des proches du parti présidentiel, l’AKP, ont racheté en 2014 le petit club de football de Basaksehir, situé dans les quartiers conservateurs d’Istanbul. Depuis, le président du club n’est autre que le mari de la nièce d’Erdogan. Après une intense période d’investissements par des proches du président (le principal actionnaire, Medipol, est le détenu par le ministre de la santé), le Basaksehir finit par remporter le championnat turc en 2020. Il est cependant raillé par les supporters des autres clubs de la capitale turque, qui moquent son côté artificiel et ses liens avec l’AKP en le surnommant… le « FC Erdogan ». A quand la reconnaissance des « footballeurs de l’AKP » ?
Hassan Shibly était jusqu’à la mi-avril 2021 l’influent directeur exécutif de l’association islamiste américaine CAIR, dans son antenne en Floride. CAIR peut être considérée comme l’équivalent du CCIF en France, avec une dimension religieuse légèrement plus assumée. Hassan Shibly, par ailleurs avocat, a œuvré dans CAIR pour promouvoir un agenda politique proche des Frères musulmans en se présentant comme un défenseur des libertés civiles.
Hassan Shibly en compagnie d’Ilhan Omar, membre du Congrès Américain
Il a néanmoins du ce mois-ci se résoudre à démissionner de son poste. En effet, dans une vidéo récemment postée en ligne, sa femme Imane Sadrati appelle le public à l’aide. Elle évoque une relation abusive, faite de violences (gifles, bras tordu, bousculades…) et de harcèlement. Imane Sadrati affirme en parallèle vivre dans une détresse financière depuis que Hassan Shibly lui a coupé l’accès aux finances du couple alors qu’elle s’occupe de leurs trois enfants.
Dans la foulée, un grand nombre de femmes a brisé le silence en apportant elles aussi leur témoignage sur Hassan Shibly. Elles déclarent avoir vécu des « abus émotionnels » et avoir été victime de « mauvaise conduite à connotation sexuelle » de sa part. Aslam Abdullah, un dignitaire musulman californien reconnaît avoir recueilli le témoignage de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles au sein de CAIR national ou dans ses branches. Il rapporte que ces femmes savent par avance que s’il y a investigation interne, cela ne sera pas mené de façon « juste ». L’association texane de femmes musulmanes FACE affirme elle aussi depuis janvier enquêter sur Hassan Shibly suite à de nombreux témoignages.
Le service de radio national américain NPR, de sensibilité politique de gauche libérale, a enquêté et a retrouvé 6 de ces accusatrices qui maintiennent leurs accusations. NPR a également retrouvé et examiné des documents internes de CAIR sur Shibly ainsi que des échanges de mails et de communications sur les réseaux sociaux. Hassan Shibly y est dépeint comme un homme qui utilise sa position pour « séduire » les femmes et intimider toute voix qui serait ultérieurement critique. Les cadres nationaux de CAIR en sont informés dès 2016. Un système d’ « impunité » et de « culture du silence » se met en place, selon les mots du NPR.
D’autres témoignages sont édifiants. Laila Abdelaziz, qui a travaillé avec Shibly dans l’antenne de CAIR Florida, décrit des scènes de harcèlement sexuel. Elle évoque également des photos de femmes prises sans leur consentement. Elle démissionne en 2016, après avoir averti les leaders nationaux de CAIR. D’autres anciennes employées de CAIR à Washington confirment que peu, sinon rien, n’était fait pour répondre à ces problématiques de harcèlement sexuel.
Interrogé par le NPR, Shibly nie les faits et accuse son ex-femme de vouloir « profiter du système légal pour tirer des avantages du divorce ». Il affirme avoir uniquement contracté des « mariages religieux » avec d’autres femmes quand il a senti que son mariage avec Imane Sadrati était « fini ». L’antenne de CAIR en Floride tente elle-aussi d’étouffer l’affaire en présentant la démission de Shibly comme faisant partie d’un plan normal de succession de dirigeants.
Mais une brèche est ouverte et la loi du silence est en train de se briser. Deux plaintes ont été déposées contre l’antenne de CAIR en Californie. Elles évoquent des discriminations en raison du genre (tenue vestimentaire modeste imposée aux femmes) et de la religion (contre la minorité chiite). D’anciens membres du bureau national de CAIR parlent enfin et évoquent des différences de salaire significatives entre les hommes et les femmes, ainsi que des carrières de femmes mises entre parenthèse pour privilégier les hommes.
Suite à la vidéo postée par Imane Sadrati, une autre femme a réagi en écrivant son témoignage sur Facebook. Les faits rapportés sont édifiants. Kyla McRoberts raconte que lorsqu’elle s’est convertie à l’Islam, elle a été approchée par Shibly. Nous sommes en 2016. Il lui a alors proposé un « mariage secret » sans que sa femme n’en soit informée. Elle rapporte qu’une nuit, Shibly lui a coupé sa queue de cheval car elle avait postée des photos d’elle sans son hijab. McRoberts rapporte également que Shibly la forçait a avoir des relations sexuelles, car en tant que femme elle ne pouvait pas refuser. McRoberts a finalement supprimé son témoignage, après avoir dit-elle reçu de l’argent de Shibly pour effacer ces traces.
Le 14 janvier 2021, un compte Instagram a été ouvert pour permettre de recueillir des témoignages de violences sexuelles au sein de CAIR. Il s’agit de « CAIR Victims Forum ».
NB : Fin 2020, CAIR utilisait tous ses moyens de communication pour soutenir le CCIF visé en France par une procédure de dissolution. Marwan Muhammad se réjouissait même de la proposition de CAIR de faire migrer le CCIF dans leurs locaux.
Le 25 février 2021, le point presse de la Maison-Blanche a été tenu par une nouvelle recrue de l’administration Biden, Sameera Fazili. Sa prestation a été largement commentée. A gauche, certains se félicitent de l’ « inclusivité » de la nouvelle équipe gouvernementale américaine. D’autres, féministes, critiquent son port du voile islamique, symbole de l’impudeur des cheveux féminins. A l’extrême-droite, de nombreux twittos ont profité de l’occasion pour propager des messages racistes.
Au delà des commentateurs habituels, il est instructif de s’intéresser aux réactions de CAIR, l’organisation islamiste américaine directement liée aux Frères musulmans, accusée de terrorisme par les Emirats Arabes Unis. Dès le 14 janvier 2021, CAIR Georgia, l’antenne de CAIR en Géorgie, se félicitait du choix de Jo Biden d’intégrer dans son équipe la « sœur Sameera Fazili » de notre « propre communauté d’Atlanta ». Le 25 février, CAIR National multiplie logiquement les tweets pour congratuler leur « sœur en hijab » à la Maison-Blanche, et… par le biais de son directeur exécutif, critiquer la France par la même occasion.
Portée aux nues par une organisation islamiste comme CAIR, qui est exactement Sameera Fazili ?
Avocate de formation, elle s’est spécialisée dans l’activisme pour les libertés religieuses et les droits humains. Après un parcours plutôt brillant depuis des études de droit à Yale en 1996 et un passage à Harvard en 2000 en sciences sociales, elle trouve un poste au Trésor américain. Recrutée un temps par l’administration Obama, elle devient ensuite directrice de développement à la Federal Reserve Bank of Atlanta, avant d’être promue directrice adjointe du Conseil Economique National (NEC) sous l’administration Biden.
Originaire du Cachemire en Inde, elle s’est investie en parallèle au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), lors de missions en Palestine, au Cachemire et au Pakistan. En 2019, Sameera Fazili devient une des organisatrices des manifestations de l’association américaine Stand With Kashmir, en partenariat avec CAIR.
Stand With Kashmir (SWK) n’est pas qu’une organisation pro-Cachemire qui s’oppose à sa militarisation par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi. Son site internet et son comptes Twitter présentent des sympathies assumées avec des islamistes radicaux.
En mai 2020, SWK partage sur ses réseaux sociaux les appels à la violence armée de Riyaz Naikoo ainsi que les ruines de la maison où il a été tué par l’armée indienne, sans aucun aute commentaire. En effet, Riyaz Naikoo était le commandant du groupe islamiste armé Hizb-ul-Mujahideen, dont l’objectif est l’inclusion du Cachemire dans le territoire du Pakistan, responsable de nombreux attentats en Inde et reconnu terroriste par l’UE et les USA.
SWK, via sa campagne en ligne ReleaseKashmiriPrisoners, demande la libération d’Asiya Andrabi, présentée comme une simple activiste. Mariée à un membre fondateur de Hizb-ul-Mujahideen, elle est à la tête du plus grand réseau de femmes djihadistes au Cachemire. Dans la même lignée, SWK demande également la libération de Yasin Malik, Ataf Ahmad Shah, Peer Saifullah, ou encore Aftab Hilali Shah.
Sameera Fazili n’a à note connaissance jamais apporté d’explications concernant son soutien troublant à CAIR et à Stand With Kashmir.
Le 25 février 2021, le point presse de la Maison-Blanche a été tenu par une nouvelle recrue de l’administration Biden, Sameera Fazili. Sa prestation a été largement commentée. A gauche, certains se félicitent de l’ « inclusivité » de la nouvelle équipe gouvernementale américaine. D’autres, féministes, critiquent son port du voile islamique, symbole de l’impudeur des cheveux féminins. A l’extrême-droite, de nombreux twittos ont profité de l’occasion pour propager des messages racistes.
Au delà des commentateurs habituels, il est instructif de s’intéresser aux réactions de CAIR, l’organisation islamiste américaine directement liée aux Frères musulmans, accusée de terrorisme par les Emirats Arabes Unis. Dès le 14 janvier 2021, CAIR Georgia, l’antenne de CAIR en Géorgie, se félicitait du choix de Jo Biden d’intégrer dans son équipe la « sœur Sameera Fazili » de notre « propre communauté d’Atlanta ». Le 25 février, CAIR National multiplie logiquement les tweets pour congratuler leur « sœur en hijab » à la Maison-Blanche, et… par le biais de son directeur exécutif, critiquer la France par la même occasion.
Portée aux nues par une organisation islamiste comme CAIR, qui est exactement Sameera Fazili ?
Avocate de formation, elle s’est spécialisée dans l’activisme pour les libertés religieuses et les droits humains. Après un parcours plutôt brillant depuis des études de droit à Yale en 1996 et un passage à Harvard en 2000 en sciences sociales, elle trouve un poste au Trésor américain. Recrutée un temps par l’administration Obama, elle devient ensuite directrice de développement à la Federal Reserve Bank of Atlanta, avant d’être promue directrice adjointe du Conseil Economique National (NEC) sous l’administration Biden.
Originaire du Cachemire en Inde, elle s’est investie en parallèle au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), lors de missions en Palestine, au Cachemire et au Pakistan. En 2019, Sameera Fazili devient une des organisatrices des manifestations de l’association américaine Stand With Kashmir, en partenariat avec CAIR.
Stand With Kashmir (SWK) n’est pas qu’une organisation pro-Cachemire qui s’oppose à sa militarisation par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi. Son site internet et son comptes Twitter présentent des sympathies assumées avec des islamistes radicaux.
En mai 2020, SWK partage sur ses réseaux sociaux les appels à la violence armée de Riyaz Naikoo ainsi que les ruines de la maison où il a été tué par l’armée indienne, sans aucun aute commentaire. En effet, Riyaz Naikoo était le commandant du groupe islamiste armé Hizb-ul-Mujahideen, dont l’objectif est l’inclusion du Cachemire dans le territoire du Pakistan, responsable de nombreux attentats en Inde et reconnu terroriste par l’UE et les USA.
SWK, via sa campagne en ligne ReleaseKashmiriPrisoners, demande la libération d’Asiya Andrabi, présentée comme une simple activiste. Mariée à un membre fondateur de Hizb-ul-Mujahideen, elle est à la tête du plus grand réseau de femmes djihadistes au Cachemire. Dans la même lignée, SWK demande également la libération de Yasin Malik, Ataf Ahmad Shah, Peer Saifullah, ou encore Aftab Hilali Shah.
Sameera Fazili n’a à note connaissance jamais apporté d’explications concernant son soutien troublant à CAIR et à Stand With Kashmir.
Le Rassemblement Annuel des Musulmans de France est organisé par l’UOIF. L’UOIF est une organisation étiquetée comme terroriste dans plusieurs pays car faisant partie des Frères musulmans. En France, elle bénéficie d’une forme de tolérance et cherche à être considérée, avec ses rassemblements comme une interlocutrice incontournable.
Le rassemblement attire un public multiple pas forcément adhérent des Frères musulmans mais qui vient écouter des conférences, se renseigner sur des produits, des placements, acheter livres et cassettes. Les librairies occupent une place conséquente dans le bâtiment commercial de la foire, le centre névralgique de la propagande frériste. Les cadres de Frères musulmans en France se complaisent à répéter que leur méthode déradicalise, remet en perspective, cadre ceux qui pourraient dériver. Il y a quelques années les Frères Kouachi sont venus à la foire de l’UOIF. Ce n’est évidemment pas la faute de l’UOIF, tout le monde est le bienvenu. En revanche ce qui est de la responsabilité de l’UOIF ce sont les livres diffusés. Est ce qu’ils apaisent ? Est ce qu’ils permettent un vivre ensemble, une coexistence revendiquée sur les plateaux de télévisions par les cadres Frères musulmans de l’UOIF ou est ce qu’ils radicalisent, il séparent de la société. C’est ce que nous avons voulu savoir en regardant le fonds des libraires présent au Rassemblement Annuel des Musulmans de France est organisé par l’UOIF.
De la pensée des Frères musulmans à l’action armée
Les productions de Tariq Ramadan sont mises en avant. Le prédicateur controversé bénéficie d’une présence médiatique importante. Il y a encore quelques semaines, plusieurs portraits flatteurs lui ont été consacrés dans la presse. Pour être bien sûrs decouler le fond, les libraires ont parfois choisi de brader certains produits. Des DVD étaient même disponibles à 1 euro.
Car si Tariq Ramadan fait encore illusion dans de petits cercles parisiens, il est depuis longtemps dépassé. Ses livres ressassent systématiquement les mêmes thèmes, les même conseils stratégiques et les jeunes militants qu’il a formés trépignent de le remplacer. Tariq Ramadan a toujours répété pour ceux qui veulent comprendre la pensée (qu’il dit musulmane mais qui est en fait islamiste), qu’il fallait se référer à la source Youssef Qaradawi, Saïd Ramadan (son père) et Hassan Al Banna (son grand père).
Ces trois auteurs figurent évidemment en bonne place sur les rayonnages.
Youssef El Qaradhawi, théologien de référence des Frères musulmans, a légitimé les attentats-suicides, plaide pour la peine de mort pour les homosexuels, et qui considère le génocide d’Hitler comme une punition divine pour les Juifs à cause de leur « corruption ». Aujourd’hui recherché par Interpol, pour corruption et incitation au meurtre, nous lui avions consacré un portrait.
Hassan Al Banna, fondateur des Frères musulmans, présenté par son petit fils comme « réformateur », donc pour les oreilles occidentales exotisantes « progressistes » est l’homme qui écrivait ce genre de prose :
« interdire la danse et tout contact gestuel entre homme et femme
« réformer les lois pour qu’elles se conforment à la législation islamique et notamment les infractions et les sentences pénales »
« interdire les partis et orienter les forces de la nation vers la constitution d’un front unique »
Saïd Ramadan père de Tariq Ramadan, figure aussi en bonne place avec son livre sur la Sharia, son « équité » et sa necessaire application.
D’autres auteurs, encore plus radicaux sont disponibles.
Abel Ala Mawdudi, théologien pakistanais fondamentaliste, qui prône le le djihad pour la création d’un état islamique régi par la Charia. Il écrivait notamment :
« L’objectif du jihad islamique consiste à éliminer les systèmes non-islamiques et à les remplacer par un système islamique de gouvernement. L’islam n’entend pas limiter cette révolution à un seul état ou à quelques pays; le but de l’islam c’est de provoquer une révolution universelle. »
Faycal Mawlawi, qui venait souvent à l’UOIF et dans les centres de formation représente les Frères musulmans au Liban et dirige la Jamaa Islamiya, une organisation connue pour avoir orchestré plusieurs attentats et mené le djihad aux côté du Hezbollah.
Enfin Ibn Taymiyya, qui a légitimé le djihad armé et qui représente pour les jeunes djihadistes la caution intelectuelle. Notons qu’un des livres de Taymiyya les plus diffusé est celui sur le Levant (Sham) relu et annoté par Nassiruddine al Albani. Ce Cheikh d’origine albanaise a grandi en Syrie et fait figure de référence pour certains salafistes. Il a été dans les années 60 mis sous surveillance par le régime syrien et à trouvé refuge en Arabie Saoudite. Certaines de ses positions étaient jugées choquantes, notamment quand il a rappelé que le Niqab n’était pas une obligation. Ce qui lui vaudra une première expulsion du pays vers la Jordanie. Le personnage d’Albani est interessant, pour certains il représente un salafisme apolitique. Ce qui est un peu court. Certes, dans certains textes Albani refuse qu’on renverse un chef d’Etat. C’était le minimum pour continuer à vivre dans un pays. Mais il laisse la porte ouverte si les musulmans sont opprimés. Ce que les islamistes pensent qui leur arrive en Syrie. Nassiruddine al Albani expliquait notamment que Damas devait être la base du Djihad sur terre. « Après Médine, c’est la terre du Sham (Levant) qui a le plus de valeur ». Et rappelait Nassiruddine al Albani en se basant bien sur sur Taymiyya et un hadith : « Si vous refusez alors choissez le Yémen ».
Beaucoup de personnes pensent que les Frères musulmans sont opposés au régime iranien. En réalité, s’il existe de nombreux Frères musulmans anti-chiites une tendance prone le rapprochement. Rappelons que Khamenei traduisait les textes de Sayid Qotb en persan.
On pouvait aussi trouver aussi des ouvrages en arabe. C’est le cas des textes de Tareq Al-Suwaidan. Tareq Al-Suwaidan est un prédicateur vedette de plusieurs chaînes satellites arabes. Leader des Frères musulmans au Koweit, Tareq Al-Suwaidan est un soutien actif de son mouvement palestinien, le Hamas. Au sujet des juifs il écrit :« Notre lutte avec les fils de Sion nécessite plus que des pleurs et des dons. Notre lutte avec eux continuera jusqu’à ce que l’une des deux civilisations règne en maître. Ce sera soit la civilisation islamique, avec sa paix, sa compassion, son humanité et son respect de toutes les religions – une foi dépourvue d’insolence et de barbarie – soit la civilisation répugnante et sauvage, d’une barbarie dont le monde entier est témoin. Mais dans leur insolence, ils ne se soucient pas de ce que disent les autres. Notre lutte avec eux impose le djihad et non de simples efforts. « Invité à une foire belge, il sera interdit de territoire et expliquera que c’est une décision prise sous la pressions du lobby sioniste.Omar Abdelkaffy était l’invité d’honneur de la conférence. Suite aux révélation du site Ikhwan Info concernant ses déclarations sur les Illuminati qui dirigent le monde avec les sionistes, la direction de l’UOIF avait expliqué qu’il s’était fait porter pâle. Qu’importe, la profondeur de sa reflexion était elle, présente chez les libraires de la foire de l’UOIF.
Le must de l’antisémitisme européen
Les librairies présentes au salon de l’UOIF, diffusaient aussi des extrémistes européens. On pouvait trouver Nuremberg ou la terre promise, et Nuremberg ou les faux monnayeurs de Maurice Bardèche. Véritable plaidoyer en faveur de l’Allemagne nazie, référence en matière de négationnisme, ces ouvrages ont été interdit à la vente, et Bardèche condamné. Il y écrit, entre autre :
« Si la délégation française trouve des factures de gaz nocifs, elle se trompe dans la traduction et elle cite une phrase où l’on peut lire que ce gaz était destiné à “l’extermination”, alors que le texte allemand dit en réalité qu’il était destiné à “l’assainissement”, c’est-a-dire à la destruction des poux dont tous les internés se plaignaient en effet […]. Il résulte clairement des pièces du procès que la solution du problème juif, qui avait eu l’approbation des dirigeants nationaux-socialistes, consistait uniquement en un rassemblement de Juifs dans une zone territoriale qu’on appelait la réserve juive […] Et nous n’avons pas le droit d’en conclure davantage que le national-socialisme aboutissait nécessairement à l’extermination des Juifs : il proposait seulement de ne plus les laisser se mêler à la vie politique et économique du pays, et ce résultat pouvait être obtenu par des méthodes raisonnables et modérées. […] ».
Bardèche parle également de « mythe de la Gestapo », et accuse les Juifs d’être responsables de la Seconde Guerre Mondiale. Il se réclame explicitement du fascisme, et sa mémoire sera saluée par des figures de l’extrême-droite antisémite française comme Henry Coston ou Pierre Sidos.
Alain Soral est également présent, avec son livre Comprendre l’Empire, ou avec la présence de très nombreux ouvrages de Kontre Culture, société d’édition dirigée par Alain Soral. Ces ouvrages défendent des théories conspirationnistes, autour d’un complot américano-judéo-maçonnique en Occident. Alain Soral a été plusieurs fois condamné pour injure raciste et incitation à la haine raciste envers les Juifs.
On y retrouve aussi Jean-Marie, Marine et les Juifs, de Paul-Eric Blanrue, compagnon de route et soutien des négationnistes Robert Faurisson et Vincent Reynouard, et de Dieudonné.
Le Livre de Roger Garaudy, avec Le terrorisme occidental, fait aussi partie du RAMF. Cet écrivain soutient la thèse négationniste d’un « complot sioniste » qui aurait « inventé la Shoah » pour permettre l’immigration en Israël. Garaudy nie l’existence de chambres à gaz et le génocide commis par les nazis envers les Juifs, et a été condamné en 198 pour contestation de crimes contre l’humanité et diffamation raciale.
Werner Sombart, sociologue et économiste antisémite, avec Les Juifs et la Vie Economique est également présent sur les stands.
Les ouvrages de Harun Yahya, créationniste et négationniste turc très présent en Europe étaient diffusés.
Anne Kling, militante identitaire, avec le CRIF, un lobby au cœur de la République, qui a ironiquement des propos très virulents à l’encontre des musulmans : « « Si les musulmans sont aujourd’hui installés chez nous en nombre sans cesse grandissant, c’est bien parce que des politiques irresponsables et veules, sous la pression d’associations dites antiracistes, mais en réalité antinationales et anti-identitaires, leur ont ouvert toutes grandes les portes sans même leur demander en contrepartie de faire l’effort de s’adapter à notre société ». Un discours qui ne semble pas choquer les libraires.
On notera la présence d’autres complotistes :
Webster Tarpley avec La Terreur Fabriquée Made in USA, à propos du 11 septembre 2001
Daniel Vanhove, avec Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes, contributeur régulier de sites complotistes comme : Mondialisation.ca, LeGrandSoir.info, Réseau International,…
Christophe Oberlin, avec Chroniques de Gaza, ancienne tête de liste Europalestine avec Dieudonné, qui a le même éditeur que Webster Tarpley et le théoricien du complot professionnel Thierry Meyssan.
Israël Shamir, avec Le Pin et l’Olivier, considère les juifs comme des « virus », il s’est illustré par des propos négationnistes et qu’il est dénoncé comme antisémite même par les plus ardents défenseurs du mouvement national palestinien.
Des lectures toutes droit sortie des librairies antisémites de l’extrême-droite européenne. On se demande vraiment de quelle manière le corpus idéologique du rassemblement de l’UOIF va déradicaliser les participants. A moins de considérer que pour « bien vivre » et préparer le « futur » en France, il faut être d’extrême-droite.