AMAR LASFAR S’EXPRIME SUR RFI

Amar Lasfar s’exprime sur RFI

20.04.2014 La rédaction

A l’occasion de la 31e Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF), son président est interviewé sur RFI. Extraits de certaines de ses déclarations.

« Vous vous êtes exprimé hier, et vous avez demandé à votre auditoire de « résister au bouleversement du modèle familial » . De quoi parliez-vous précisément ? 

Dans notre conception, nous les musulmans de France – et d’ailleurs nous la partageons avec nos amis catholiques et israélites de France aussi -, nous optons pour le modèle traditionnel de la famille, avec un papa, une maman et des enfants. Sûrement, d’autres ne partagent pas notre modèle, mais c’est un modèle universel, humain. La famille a toujours été définie comme ça.

D’autres définitions aujourd’hui sont défendues, soutenues par d’autres composantes de la société, que nous respectons bien sûr. Mais nous voulons dire, au nom de cette liberté qui permet aux autres de présenter des modèles voulant se substituer aux modèles traditionnels, que nous voulons contribuer et dire que non, nous la conception que nous soutenons de la famille, c’est celle-là : un papa, une maman, un époux, une épouse dans un cadre légal qui s’appelle le mariage, et des enfants issus de l’amour de ce couple. « 

« Quel est votre rapport personnel, et plus généralement celui de l’Union des organisations islamiques de France, avec les Frères musulmans ? Y a-t-il un lien idéologique voire financier, ou pas du tout ? 

Vous savez, côté financier, nous, on a un seul soutien qui est la communauté musulmane de France.

Au niveau de l’idéologie ? 

La pensée des Frères musulmans n’a pas un lieu donné. Elle se trouve partout dans le monde, et au niveau de la pensée qui se trouve dans les livres que l’on partage aujourd’hui, le mouvement de réformes auquel nous appartenons, nous musulmans de France, parce que nous voulons réformer de l’intérieur notre culte et notre pratique. Ce n’est pas la propriété exclusive de telle ou telle société. »

« Concernant l’islamophobie, moi ça fait trente-quatre ans que je suis ici en France. J’ai accepté de lier mon destin à mon pays que j’aime, qui est la France. Je ne vois pas d’islamophobie rampante dans notre pays. Elle se trouve dans la tête d’un certain nombre de personnes, notamment influentes, mais ce n’est pas une caractéristique, ce n’est pas quelque chose de généralisé au sein de la société française, qui reste encore une société très, très ouverte et très accueillante. »

Source : RFI

Contrairement à ce que soutient Amar Lasfar, les Frères musulmans français dépendent de dotations qui ne viennent pas des musulmans de France.

L’HIVER TURC

L’Hiver Turc

03.04.2014 La rédaction

Malgré un score électoral confortable et le fait d’avoir conservé ses principaux fiefs lors dernières élections municipales, le parti islamiste de l’AKP, au pouvoir depuis douze ans, est de plus en plus contesté et de moins en moins présenté comme un « modèle ». Longtemps, des observateurs y ont vu un exemple, la preuve qu’un gouvernement islamiste pouvait respecter la démocratie et la laïcité. Ce printemps cachait un hiver.

L’enquête de Caroline Fourest et de Fiammetta Venner est édifiante. Loin des promesses, la politique qui est menée est bien une politique visant à utiliser la démocratie pour faire reculer la laïcité et les libertés individuelles en Turquie.

Procès arbitraires contre des laïques et des journalistes, transformation de milliers d’écoles publiques en écoles religieuses, mise au pas des minorités comme les Alevi, répression de la jeunesse contestataire lors des manifestations de la Place Taksim, et plus récemment censure de Twitter pour faire taire les révélations sur la corruption lancées par les réseaux Gülen… L’illusion d’un pouvoir turc « islamiste modéré » est bel et bien en train de fissurer.

AMNESTY ET TERRORISME, LIAISONS DANGEREUSES

Amnesty et terrorisme, liaisons dangereuses

23.03.2014 La rédaction

Le retour en prison depuis trois semaines d’un collecteur de fonds au profit des djihadistes syriens a mis en lumière les ambiguïtés de grandes ONG des droits de l’Homme lorsqu’elles parrainent des terroristes présumés.

Elle a donc eu raison. Quatre ans après son éviction de la très sérieuse organisation des droits de l’Homme, Amnesty International, Gita Sahgal (voir encadré) a vu la justice britannique valider ce qu’elle n’a eu de cesse de dénoncer. L’Anglo-Pakistanais, Moazzam Begg, ex-combattant d’Al-Qaïda dans les montagnes de Tora Bora, libéré de Guantanamo en 2005, devenu porte-parole de CagePrisoners (une association de défense des musulmans) indemnisé par les autorités britanniques, a donc été remis derrière les barreaux le 1er mars dernier. L’homme est accusé d’avoir utilisé les fonds récoltés pour financer des groupes terroristes en Syrie. La preuve, selon Gita Sahgal, qu’Amnesty aurait dû prendre ses distances très tôt avec Begg.

L’instrumentalisation d’organisations caritatives ou d’associations qui prétendent défendre les droits de l’Homme, un concept nouveau pour les islamistes? « Pas du tout », rétorque le spécialiste des mouvements djihadistes, Jean-Charles Brizard, qui rappelle à juste titre, que ce modus operandi était prôné déjà dans le texte fondateur des chefs d’Al-Qaida. « S’ils ont, en effet pendant longtemps, et en priorité, privilégié les organisations caritatives pour cacher leurs véritables motifs, les islamistes et en particulier les Frères musulmans ont fait évoluer leurs actions en se servant depuis quelques années d’organisations des droits de l’Homme, plus compatibles avec ce que l’Occident attend ou veut entendre. »

Djihad normal à Bedford
Un fonctionnement de façade qui fonctionne à plein régime, en Angleterre. Comme à Bedford, à 90 kilomètres au nord de Londres. Ce dimanche 16 mars était consacré aux musulmans en prison. CagePrisoners (CAGE) organise la conférence. Celle-ci se tient dans le centre communautaire qui appartient à l’église anglicane All Saints du diocèse de Saint-Alban. Proche de la scène, les chaises occupées par les hommes. Au fond de la salle, celles attribuées aux femmes. Ces dernières sans qu’on leur impose, s’empressent de séparer les deux groupes par de grands panneaux. Puis font immédiatement passer une pétition en faveur de leur héros Moazzam Begg. Elles ne s’aventureront pas dans le carré masculin.

L’auditoire est peu nombreux. Sept femmes pour une vingtaine d’hommes bien barbus. Le discours des imams est de piètre qualité. « Les Anglais se convertissent à tour de bras en prison, affirme l’un d’eux, l’islam est une religion de paix et d’amour, le djihad n’est que le chemin qui mène à Dieu mais si l’islam est attaqué, il est normal qu’un musulman se défende ». Pas de faute dans la rhétorique mais toujours ce discours ambiant et malsain, basé sur une notion martelée et paranoïaque : « On veut la mort de l’islam, il est légitime de riposter ». L’islam qui défend les droits de l’Homme, quoi de plus ordinaire dans une ville presque ordinaire?

Ces petites réunions où, en apparence rien ne se passe ou ne se dit, sont en réalité conduites par de puissantes organisations des droits de l’Homme ayant pignon sur rue et reconnues par leurs homologues occidentales, comme CAGE, en Angleterre ou Al-Karama, en Suisse. Ces deux organisations sont néanmoins et désormais dans l’œil du cyclone. Le Premier ministre britannique David Cameron a crié au loup au mois de décembre dernier et demandé solennellement que les autorités passent au crible les discours de haine relayés par quelques associations et Internet. Il a été entendu puisque Moazzam Begg est a nouveau incarcéré en attente d’un jugement.

Human Rights Watch prend ses distances
En Suisse, le réveil est venu de l’Amérique. En montrant du doigt Al-Karama, le Département du Trésor public américain a fait trembler des associations comme Human Rights Watch (HWR) qui a immédiatement pris ses distances avec Al-Karama. L’association qui comptait encore, il n’y a pas si longtemps, une vingtaine de membres, a vu son personnel diminuer drastiquement. Il est apparu que le directeur était un financier actif d’Al-Qaïda, et que son adjoint était un ancien du Front islamique du salut en Algérie (Fis). Une découverte qui n’en était pas une, puisque les noms de ces hommes figuraient publiquement au conseil d’administration. Il aura fallu l’intervention américaine pour en prendre conscience.

Pour le journaliste et enquêteur algérien Malik Aït-Aoudia, il est clair que la stratégie des islamistes s’adapte en permanence. « Hier c’était le caritatif, aujourd’hui ce sont les droits de l’Homme. Les passerelles entre la confrérie des Frères musulmans et les mouvements salafistes sont en perpétuel mouvement, mais l’objectif reste identique : le califat et armer les djihadistes. » Il y a une semaine, c’est le très sérieux Wall Street Journal qui tirait la sonnette d’alarme en écrivant : « Le problème d’Amnesty International et le Jihad. » L’association, quant à elle, campe sur ses positions et rétorque : « Amnesty se soucie des droits de l’Homme et la souffrance qu’a subie Moazzam Begg relève de notre action ».

Gita Sahgal explique cette alliance avec le diable, comme une impossibilité en Occident de traiter l’islam comme n’importe qu’elle autre religion. « Amnesty réagit au quart de tour pour les chrétiens évangéliques par exemple en Ouganda avec le problème de l’homophobie. C’est comme si ces organisations, Amnesty ou d’autres, se sentaient le devoir de défier leur propre gouvernement sur le terrain des droits de l’Homme dès que l’on aborde l’islam ».

Karen Lajon – Le Journal du Dimanche

http://www.lejdd.fr/International/Amnesty-et-terrorisme-liaisons-dangereuses-658506

Ce article est également disponible en English.

QUÉBEC : LA CHARTE ET LA LAÏCITÉ

Québec : La Charte et la laïcité

30.03.2014La rédaction

Un important débat national a secoué le Québec à partir de 2006 : les accommodements raisonnables. Pour endiguer les réactions, les autorités ont mise en place une « Commission de consultation sur les pratiques d’accommodements relatifs aux différences culturelles » dirigée par Gérard Bouchard et Charles Taylor. Charles Taylor, un des artisans est pourtant controversé. Il vient alors de recevoir le prix Templeton, une fondation de la droite religieuse américaine. Malgré une débauche de moyens 5 millions de dollars, 59 experts, 4 forums nationaux, 22 forums régionaux, et 241 témoignages, beaucoup de québécois sont ressortis amers de cette expérience. Au lieu d’une véritable mise en plat des problèmes, ils ont eu le sentiment d’assister à une disqualification des témoignages non religieux. A l’automne 2013, le gouvernement de Pauline Marois a relancé le débat avec le dépôt du projet de loi. Sept mois de débats ou tous les camps ont pu s’exprimer. Et qui se concluront en avril par des élections anticipées destinées à donner au Parti québécois une confortable majorité.

20 Aout 2013

Les grandes lignes du projet filtrent dans la presse.

  • Modifier la Charte québécoise des droits et libertés de la personne,
  • Énoncer un devoir de réserve et de neutralité pour le personnel de l’État,
  • Prohiber le port des signes religieux ostentatoires par le personnel de l’État,
  • Rendre obligatoire le visage à découvert lorsqu’on donne ou reçoit un service de l’État,
  • Établir une politique de mise en œuvre pour les organismes de l’État.

Un des problèmes est qu’alors on parle de « Charte des valeurs québecoises ». Plusieurs personnes y compris chez les laïques s’inquiètent d’autant que le crucifix à l’Assemblée lui paraît immuable[1].

5 septembre 2013

La Fédération autonome de l’enseignement qui représente un tiers des enseignants déclare qu’elle usera de tous les recours, y compris légaux (sic), pour défendre le droit de ses membres de porter des signes religieux. Sylvain Mallette son président explique « On va prendre tous les moyens possibles pour défendre nos membres ». « On considère qu’il est normal qu’un enseignant ou une enseignante porte la kippa juive, porte la croix ou le hidjab » [2]

6 septembre

Sous le titre « Nos valeurs excluent l’exclusion », une centaine de professeurs d’universitaires et d’intellectuels signent une lettre ouverte contre le projet. Pour eux, la charte procède « d’une vision autoritaire de la laïcité ». « Il s’agit de normaliser des pratiques sociales à coups d’interdictions retirant des droits et produisant de l’exclusion et des discriminations ». « L’égalité qui nous tient à cœur inclut l’égalité et l’inclusion que désirent nos concitoyens et concitoyennes venus d›ailleurs ou dont les traditions culturelles et religieuses diffèrent des traditions historiques dominantes ».

Parmi les signataires : les professeurs Omar Aktouf, Diane Lamoureux, George Leroux, Abby Lippman et Michel Seymour, la doctorante Blandine Parchemal et le militant et documentariste Will Prosper

10 septembre

  • Le Projet est déposé.
  • Charles Taylor critique le projet.

« C’est une vision ethnocentrique de la religion. Les religions ne sont pas toutes les calques de la religion catholique. Si on est sikh, c’est l’essence même de la religion que de porter un turban. Du point de vue d’un sikh, l’État ne sera pas neutre. »[3]

Pour le responsable de la Commission sur les accommodements raisonnables, les signes religieux ne posent pas de problèmes et ne devraient être interdits au représentants de l’Etat.

« On ajoute une balise, qui est le refus de tous les signes religieux. Or, il n’y en avait pas, de problèmes, avec ces signes!». Pire selon lui, ce débat risque de faire fuir les religieux du Québec : «Dans certains secteurs, comme la santé, il y a des pénuries! On va avoir beaucoup de mal à remplacer ces gens-là.»

Charles Taylor ira même plus loin dans sa critique de la Charte en comparant l’interdiction des signes religieux et la situation des homosexuels en Russie : «Vous avez un peu ce genre d’exclusion en Russie, [même] si c’est beaucoup plus grave, parce que c’est une question de code criminel. Par exemple, en Russie, on a non seulement interdit l’homosexualité, ce qui est assez grave, on interdit même aux gens de préconiser ça » [4]

11 septembre

Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec donnent son appui au projet.

Lucie Martineau, la présidente explique : « L’idée selon laquelle c’est l’État qui est neutre et non les individus est fausse. Les fonctionnaires doivent refléter concrètement ces valeurs de neutralité. » Pour le SFPQ, il est clair et essentiel que les fonctionnaires qui sont aux services des citoyens n’affichent aucun signe religieux ou politique ostentatoire. S’il n’est pas jugé acceptable qu’un fonctionnaire arbore le symbole d’un parti politique ou appose dans son bureau l’affiche d’une organisation politique, le syndicat ne voit pas pourquoi les employés de l’État devraient davantage afficher leurs convictions religieuses.

Le SFPQ regroupe environ 42 000 membres au Québec dont 31 000 sont issus de la fonction publique québécoise.

14 septembre

Première manifestation contre le projet. La manifestation a été appelée par le Collectif québécois contre l’islamophobie et son porte-parole,  Adil Charkaoui. En 2003, il avait été incarcéré en vertu d’un certificat de sécurité puis remis en liberté en 2005 à condition de porter un bracelet électronique. Autre personnalité de ce Collectif l’imam Salam Elmenyawi qui avait fait des démarches auprès du ministère de la Justice en 2004 pour instaurer au Québec une cour islamique, soit un tribunal de médiation et d’arbitrage basé sur la charia. Malgré ce CV, plusieurs groupes d’extrême gauche et LGBT ont rejoint la manifestation.

Parmi les slogans on pouvait entendre : «Valeurs péquistes, valeurs racistes». Adil Charkaoui, organisateur de la manifestation a lors de sa prise de parole dénoncé la «Charte de la honte».

21 septembre

Une quinzaine d’organismes et d’une cinquantaine de personnalités s’organise autour du « Rassemblement pour la laïcité »[5] Parmi eux : l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité, LGBT pour la laïcité, le Syndicat de la fonction publique québécoise, Mouvement laïque québécois (MLQ). Claire l’Heureux Dubé, ex-juge à la Cour suprême du Canada, Martine Desjardins, ex-présidente de la Fédération étudiante universitaire, le cinéaste Bernard Émond et les Intellectuels pour la laïcité, dont fait partie le sociologue Guy Rocher : « Le port de signes ou de vêtements religieux ne fait par ailleurs pas partie de la liberté de religion telle que reconnue par la Déclaration universelle des droits de l’homme, soutient cette coalition. Plutôt que la croix, le Rassemblement pour la laïcité avance plutôt que c’est la laïcité qui fait partie du patrimoine, rappelant que la séparation de l’Église et de l’État figurait déjà dans la Déclaration d’indépendance de 1838 proclamée par les patriotes. »

22 septembre

Manifestation à Montréal, en faveur du projet de charte.

29 septembre

Manifestation contre la charte, la manifestation est organisée par le Rassemblement des citoyens engagés pour un Québec ouvert.

2 octobre

Trois Femen critiquent la présence du crucifix au salon bleu de l’Assemblée nationale du Québec en s’exposant torse nu lors de la période de questions.

14 octobre

Publication de la lettre Janette Bertrand appuyant le projet de charte et cosignée par une vingtaine de personnalité féminines telles que Denise Filiatrault, Denise Robert, Julie Snyder et Djemila Benhabib.

15 octobre

Une vingtaine de psychiatres de l’Université Mc Gill publient une lettre d’opinion contre le projet de charte dans The Gazette. Certains déclarent : «La preuve a été faite que ceux qui pratiquent une religion ou toute autre tradition morale ou spirituelle ont une meilleure santé mentale.»

17 octobre

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse prend position contre le projet. Selon son président Jacques Fremont, « Les orientations gouvernementales soulèvent de vives inquiétudes. Elles sont en nette rupture avec la Charte [des droits et libertés de la personne], cette loi quasi constitutionnelle adoptée par l’Assemblée nationale en 1975. Il s’agit de la proposition de modification de la Charte la plus radicale depuis son adoption. »

26 octobre

Plusieurs milliers de personnes manifestent en faveur de la charte des valeurs dans le cadre d’un grand rassemblement organisé par les «Janette».

Dépôt du projet

7 novembre 

Le projet de loi a été déposé à l’Assemblée nationale du Québec sous le nom de Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement. La plupart des dispositions sont conservée. En revanche, le texte propose que ce soit aux députés de retirer ou non le crucifix à l’Assemblée nationale. Le droit au retrait est remplacé par « une période de transition ».

12 novembre

Marc Tanguay, du Parti Libéral déclare : « Les candidates libérales pourront porter le tchador au prochain scrutin». « On ne peut jouer dans les limitations des libertés, et cette personne qui se fait élire (avec son tchador) aurait tout à fait le droit et la légitimité démocratique d’être assise à l’Assemblée nationale ».

14 novembre

La Coalition Avenir Québec (CAQ) propose au PQ de trouver un compromis et faire adopter la charte des «valeurs de laïcité». Elle propose d’interdire les signes religieux aux employés de l’État qui exercent une autorité coercitive (juges, policiers, gardiens de prison, procureurs de la Couronne) ou une autorité morale (directeurs d’école et enseignants au primaire et secondaire).

  • Fatima Houda-Pepin, députée libérale (fédéraliste) commence à se sentir isolée dans son parti. Dans une tribune elle répond à Marc Tanguay. « C’est la goutte qui a fait déborder le vase. Je suis sidérée, blessée et choquée de ce que j’ai lu. (…) Mais avant qu’une « libérale » portant un tchador puisse siéger à l’Assemblée nationale, il faut qu’elle soit candidate, et pour être candidate, il faut qu’elle y soit autorisée, par écrit, par le chef du parti libéral du Québec. Est-ce que c’est ça le modèle de l’égalité hommes-femmes que le parti libéral du Québec veut maintenant présenter à la face du Québec ? Est-ce que les Québécoises ont fait tout ce chemin pour en arriver à prendre comme modèle de l’égalité hommes-femmes celui de l’Arabie Saoudite ou de l’Iran des Ayatollahs ? Je me questionne. Suis-je encore dans le Parti libéral dont les élites politiques et intellectuelles se sont relayées pendant un siècle, pour mener un combat courageux pour la séparation de l’Église et de l’État au Québec ? (…) Suis-je encore au Parti libéral du Québec de la Révolution tranquille qui a fait élire la première femme députée à l’Assemblée législative, Marie-Claire Kirkland qui a mis fin à la tutelle des femmes en faisant adopter la loi sur la capacité juridique de la femme mariée ? Quand on connaît la signification du tchador et de sa variante afghane, le tchadri, comment peut-on justifier l’acceptation d’un tel symbole dans ce haut lieu de notre démocratie qu’est l’Assemblée nationale ?

Je suis libérale et fédéraliste et je refuse toute dérive vers le relativisme culturel sous couvert de religion, pour légitimer un symbole, comme le tchador qui est l’expression même de l’oppression des femmes, en plus d’être la signature de l’intégrisme radical. (…) Oui, en démocratie, il est permis d’interdire, quand l’intérêt public l’exige. L’égalité hommes-femmes est un droit fondamental qui demeure un acquis fragile à l’ère des intégrismes qui caractérise notre siècle, Il faut le protéger et le défendre et non le mettre en péril.« 

5 décembre

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui regroupe les syndicats d’une majorité des professionnels en soins infirmiers de la province, appuie le projet.

12 décembre

La CSN, qui représente quelque 300 000 travailleurs québécois, appuie l’interdiction de signes religieux dans certaines sphères professionnelles, mais estime que cette mesure ne devrait pas s’appliquer à l’ensemble des employés des organismes publics.

20 décembre

Près de 270 regroupements déposent des mémoires.

  • Mémoire du Collectif québecois contre l’islamophobie intitulé : « Un projet discriminatoire vecteur d’islamophobie ». Pour les signataires, le «projet se nourrit de craintes xénophobes, islamophobes et racistes qu’il alimente et renforce du même coup; ce qui laisse craindre une spirale inflationniste de craintes et de surenchères législatives se répondant les unes aux autres sans jamais s’apaiser.» C’est l’occasion pour le mouvement islamiste de diffuser sa propagande. En effet selon lui, quand on parle de laïcité le racisme contre les musulmans augmente. « on remarque que les lois laïcistes donnent prise à l’expression d‘un racisme décomplexé à l’endroit des musulmans. La France est passée d’une islamophobie politique à une islamophobie culturelle relayée médiatiquement et politiquement, nous dit le Collectif contre l’islamophobie en France

En Belgique, le rapport de Musliims rights Belgium (MRB) produit en association avec le European Muslim Initiative for Social Cohesion fait apparaître l’interrelation entre les différentes manifestations de l’islamophobie dans le temps. » A aucun moment les auteurs du texte ne rappelent que les mouvements qui décomptent « l’islamophobie » font partie de la mouvance islamiste. Et les rapporteurs de poursuivre : « MRB constate que le féminisme et la laïcité cache souvent des formes banalisées d’islamophobie, l’islam étant jugés par les uns comme une menace à l’identité, par les autres, comme un obstacle à l’émancipation ». Persuadés de la pertinence de leur démonstration, les auteurs expliquent que du «  15 septembre et le 15 octobre 2013, le Collectif Québécois Contre l’Islamophobie (CQCI) a reçu 117 plaintes pour des actes ou des propos islamophobes. (…) Pour l’année en cours, du 1er janvier au 31 juillet 2013, le CQCI a enregistré 25 plaintes. (…) Voilà une croissance exponentielle. » Afin d’aider les intégristes musulmans le site du Collectif Québécois Contre l’Islamophobie propose de noter les pires islamophobes. Sans surprise on remarquera la présence d’un journaliste et d’une féministe d’origine algérienne.

  • Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes n’est pas en reste. Le rapport évoque de « graves entorses au libertés fondamentales». Le Centre « refuse l’importation de l’intransigeante laïcité francaise». Et par avance déclare qu’il n’y a « aucun problème dans le système de santé. » Or comme le rappelle Caroline Fourest dans La denière utopie (Grasset) c’est souvent des juifs religieux qui font des demandes d’accommodements raisonnables notamment pour être traités en priorité par exemple pour arriver chez eux avant Shabbat. Ancien ministre Victor Goldbloom déclare même « Si un avocat porte la kippa et mérite d›être nommé juge, il ne devrait pas être obligé d’enlever sa kippa. » Et de poursuivre : « J’aimerais que les nouveaux arrivants se sentent obligés d’accepter la société telle qu’elle est et ne pas chercher à la modifier »
  • Le Club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec Libre rappelle lui que 61,5 % des écoles privées reçoivent des subventions. « Dans cette centaine d’écoles privées religieuses, on trouve huit confessions : catholique, orthodoxe grecque, apostolique arménienne, évangélique, adventiste, brethren, juive et musulmane.» Le club demande la suppression des subventions publiques aux écoles privées.

« Depuis plusieurs années des ajustements concertés pour des motifs religieux se font dans nos institutions publiques. (…) ». Pour le club il est important de ne pas céder à la rhétorique des intégristes et de leurs partisans qui voient dans le voile une unique tenue vestimentaire.

« Le Parti libéral du Québec parle du voile comme d’une simple tenue vestimentaire et prétend que le projet de loi, voulant notamment interdire le port de signes religieux ostentatoires, rate sa cible, puisque selon eux, le problème ce n’est pas le voile islamique, mais plutôt l’intégrisme. D’abord le voile n’est pas une simple tenue vestimentaire. 

Si c’était le cas, il n’occasionnerait pas autant de controverses et d’opposition partout dans le monde et surtout il ne serait pas à l’origine d’autant de violence vis – à- vis les femmes. Ce voile est un étendard politique. Il est l’emblème d’un islam qui veut imposer une théocratie et remplacer les droits humains par la charia. En l’imposant aux femmes et aux fillettes, les islamistes souhaitent donner un maximum de visibilité à l’islam et nous habituent ainsi à sa présence. C’est pourquoi il est essentiel pour eux de pouvoir introduire ce voile dans no s institutions publiques, particulièrement dans les garderies et les écoles qui sont le lieu de passage obligé de chaque citoyen. Refuser de voir dans ce voile une signification politique ne nous aidera aucunement à comprendre comment pensent et agissent les islamistes qui s’activent au Québec »

D’autres personnes et groupes plus folkloriques ont aussi déposé un mémoire comme la Communauté des druides du Québec.

14 janvier 2014

Les audiences publiques sur le projet de loi de charte des valeurs du gouvernement Marois commencent à l’Assemblée nationale. Avec plus de 270 mémoires il y aura plus de 200 heures d’audiences

20 janvier

Fatima Houda-Pepin, la seule élue de confession musulmane de l’Assemblée nationale, en faveur de l’interdiction des signes religieux ostentatoires pour les juges, les policiers et les gardiens de prison, quitte le Parti Libéral.

25 janvier

Le Conseil du statut de la femme du Québec se range dans le camp pro-charte.

7 février

  • L’ancienne juge de la Cour suprême Louise Arbour dénonce le projet laïque. « Il ne fait aucun doute que, telle que proposée, la Charte porte atteinte à la liberté de religion et que les justifications de cette atteinte à un droit fondamental protégé par le droit québécois, la Constitution canadienne et le droit international sont clairement insuffisants. Banaliser cette atteinte aux droits ne sert aucun objectif utile ; c’est aussi une tactique fréquemment employée par ceux qui nient les droits des autres »
  • Claire L’Heureux-Dubé, ancienne juge de la Cour suprême du Canada apporte son appui inconditionnel au projet de charte

26 février

Des directions d’école donnent un appui massif à la charte[6] 72 % des membres de l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires se disent globalement d’accord avec le projet de charte. Des directions d’école ont donné un appui sans équivoque à la charte de la laïcité. Elles réclament aussi un État neutre et des balises claires pour encadrer les accommodements raisonnables.

Les demandes d’accommodements raisonnables doivent aussi être mieux balisées. C’est le souhait de la presque totalité des membres (94,5 %). « C’est le principal constat, c’est ce qui ressort de notre consultation ».

7 avril

Des élections législatives anticipées vont avoir lieu. Avec à la clef la possibilité pour le Parti québécois d’obtenir une solide majorité pour appliquer la Charte.

Au moment de la dissolution de la Chambre, le Parti québécois (PQ) détenait 54 sièges, le Parti libéral du Québec (PLQ), 49, la Coalition avenir Québec (CAQ), 18, et Québec solidaire (QS), deux, tandis que deux députés étaient indépendants, Daniel Ratthé et Fatima Houda-Pepin.

Luc Heser

Prochoix, n°61, mars 2014

[1] Chronique de Caroline Fourest sur France Culture. Elle condamne l’emploi du terme Charte des valeurs québécoise http://www.franceculture.fr/emission-le-monde-selon-caroline-fourest-controverse-quebecoise-sur-les-accommodements-religieux-201

[2] Charte des valeurs – Conflit en vue entre Québec et les enseignants, Le Devoir, 5 septembre 2013

[3] Une neutralité truquée, La Presse, 10 septembre 2013.

[4] « L’interdiction des symboles religieux serait une erreur, selon Charles Taylor » Le devoir, 20 août 2013.

[5] http://www.ledevoir.com/documents/pdf/enoncefinal.pdf

[6] Lisa-Marie Gervais | Éducation

LE COLLECTIF CONTRE L’ISLAMOPHOBIE REÇU PAR FRANÇOIS LAMY MINISTRE DÉLÉGUÉ À LA VILLE

Le Collectif contre l’islamophobie reçu par François Lamy ministre délégué à la Ville

17.01.2014 La rédaction

Le Collectif contre l’islamophobie (CCIF) a  été reçu  par le ministre délégué à la Ville François Lamy. La discussion a tourné autour de la laïcité et de la circulaire Chatel sur les mères voilées accompagnant les sorties scolaires.

Ce article est également disponible en English.

TARIQ RAMADAN SERMONE ERDOGAN

Tariq Ramadan sermone Erdogan

02.01.2014 La rédaction

Après avoir été un des soutiens inconditionnels d’Erdogan, Tariq Ramadan semble prendre parti pour les gülenistes. Lors de son discours à la conférence «Faire revivre l’esprit de l’islam» (RIS) qui s’est tenue à Toronto (29/12/13)  il a recommandé au premier ministre de quitter le pouvoir.

«J’ai dit ce qu’Erdogan a dit à (l’ancien président égyptien) Moubarak. Un jour, vous devez savoir comment partir. (…) Le pouvoir c’est pour un temps et puis vous partez. Partez. Partez et laissez les gens venir.»

Voyant les effets de sa déclaration, Tariq Ramadan a, comme à son habitude, immédiatement tenu un discours inverse invoquant une mauvaise compréhension de ses propos.

Il n’empêche. La première partie de son discours a été abondamment reprise par la presse güleniste. L’avenir dira quels réseaux Tariq Ramadan décide d’investir.

Ce article est également disponible en English.

RACHED GHANNOUCHI AND THE RABIA SIGN

Rached Ghannouchi et la Rabia

31.12.2013 Fiammetta Venner

Rached Ghanouchi, a publié sur Facebook, une photo de lui faisant le signe de la Rabia.

Ghannouchi.R4bia

La Rabia et sa petite main jaune sont devenus le signe de ralliement des Frères musulmans et de leurs soutiens.Au delà de la solidarité avec les victimes de la repression, la Rabia a une signification mystique. Chaque doigt de la Main du Tamkine représente une étape de la prise de pouvoir.

Capture decran 2015-10-18 à 08.52.14

 Etape 1 : Présentation de l’islam.

Etape 2 : Sélection des futurs « Frères musulmans »

Etape 3 : Affrontement et spécialisation

Etape 4 : Domination et Tamkine

Ce article est également disponible en English.

ABULELAH SHYEA

AbulElah Shyea

12.12.2013 La rédaction

AbulElah Shyea a reçu le prix Alkarama pour les droits de l’Homme, le 10 décembre 2013.

La Fondation Al Karama, basée à Génève, se présente comme une organisation de défense des droits de l’homme.

Al Karama, lui a remit le prix pour avoir révélé que les drones américains faisaient des victimes civiles.  Et de fait, ce journaliste yéménite a dénoncé l’attaque le 17 décembre 2009 sur le village d’Al-Maajala qui a fait 55 victimes civiles dont 14 femmes et 21 enfants. Il est alors considéré comme un spécialiste des bavures américaines.

Sur son site AbulElah Shyea déclare qu’il a été emprisonné entre 2010 et 2013 « sur ordre du président Obama ». Le leader d’Al Qaida Anwar Al Awlaki (américain d’origine yéménite) tué par un drone américain en 2011 avait soutenu Al Shaey lors de son emprisonnement.

Quelques jours avant de recevoir son prix, AbulElah Shyea a posté un tweet sur les attentats de Fort Hood et de Boston et s’est réjouit de l’âge des terroristes.

Capture decran 2015-05-14 à 00.27.08

Dans la même lancée, il a déclaré sur sa page Facebook que les «gangs juifs qui contrôlent l’Amérique». Le journal Le Temps a essayé de savoir s’il était opportun de donner le prix Alkarama pour les droits de l’Homme à AbulElah Shyea.

Réponse de Mourad Dhina, porte-parole de la Fondation :

«Nous condamnons ces propos. Mais il est dans une situation psychologique très fragile. Nous nous sommes posé la question de lui retirer le prix, mais nous avons estimé que son combat contre les drones était plus important que ce post.»

Cet article est également disponible en English.

RECEP TAYYIP ERDOGAN ET LA RABIA

Recep Tayyip Erdogan et la Rabia

05.08.2013 La rédaction

Le 23 August 2013, Recep Tayyip Erdogan a fait le signe de la Rabia devant la mosquée Al Aqsa d’Ankara. Depuis cette date, il a régulièrement fait ce signe de ralliement.La Rabia et sa petite main jaune sont devenus le signe de ralliement des Frères musulmans et de leurs soutiens.Au delà de la solidarité avec les victimes de la repression, la Rabia a une signification mystique. Chaque doigt de la Main du Tamkine représente une étape de la prise de pouvoir.

Capture decran 2015-10-18 à 08.52.14

 Etape 1 : Présentation de l’islam.

Etape 2 : Sélection des futurs « Frères musulmans »

Etape 3 : Affrontement et spécialisation

Etape 4 : Domination et Tamkine

Cet article est également disponible en English.