
PJD – Parti de la Justice et du développement (Maroc)
05.12.2015 La rédaction
Le Parti de la justice et du développement existe depuis 1998, mais sa structure existe sous un autre nom depuis le milieu des années 60.
L’ancêtre du Parti de la justice et du développement a été créé avant 1967 par Abdelkrim El Khatib : le Mouvement populaire démocratique constitutionnel. Pendant longtemps ses activités ne sont pas connues, mais le parti se veut la vitrine respectable du Mouvement Unité et Réforme, un conglomérat d’individus ayant plus ou moins abandonné la lutte armée de la Chabiba Islamiya.

Abdelkrim El Khatib, fondateur du groupe est Frère musulman et fait référence à Hassan Al Banna mais il est aussi proche du palais. Ses membres ne sont pas inquiétés. Pourtant, comme le rappelle Mohamed Louizi, au lendemain de son décès en 2008, le bureau de la guidance-suprême de la confrérie en Egypte s’est empressé celui rendre un hommage appuyé. Le guide-suprême de l’époque, Mohamed Mahdi Akef, déplora la mort du fondateur de la branche des « frères » au Royaume Alaouite.
Le Parti de la justice et du développement naît en réalité de la protestation des militants du Mouvement populaire démocratique constitutionnel.
Aux élections législatives de 1997, le Mouvement populaire démocratique constitutionnel obtient neuf sièges. Protestant contre les fraudes électorales, les militants du Mouvement refusent de participer au gouvernement et changent de nom. C’est la naissance du « Parti de la justice et du développement » qui se place d’emblée comme un parti d’opposition. Le PJD se présente ainsi : « parti politique national qui œuvre, à partir de la référence islamique, dans le cadre de la royauté constitutionnelle établie sur la commanderie des croyants ».
Le changement de titre ne diminue aucunement les liens idéologiques avec la maison mère égyptienne. Benabdellah El Ouggouti cofondateur de la MPCD en 1967, est très clair avec les nouveaux députés :
« Chers frères, vous êtes les héritiers du mouvement salafiste qui est né du mouvement nationaliste qu’avait fondé les fouqahas (juristes musulmans) dans toutes les régions du Maroc […]. Ce qui était espéré derrière la bataille de la libération du pays, c’était l’établissement d’un état islamique. Néanmoins, la graine que le colonisateur avait laissée derrière lui – en parlant peut-être des forces de gauche – avait empêché cette construction. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle chance devant nous pour réessayer, à nouveau, la concrétisation de ce rêve, à travers l’engagement politique de nombreux fils du mouvement du renouveau islamique, que vous êtes. Vous êtes désormais à l’intérieur du ring politique. Une équipe parmi vous a réussi à se faire une place au Parlement. La responsabilité s’est élargie devant vous, je vous souhaite le succès dans ce que vous entreprenez »
Le Parti de la justice et du développement devient le premier parti d’opposition aux élections législatives de 2002, le (42 sièges).
Dans les discours des intellectuels du Parti comme Mohamed Yatim et Saâdeddine El Othmani commence à émerger le fait que l’état islamique n’est pas forcément le but de l’action politique.
Lors des élections législatives de 2007, le parti arrive en seconde place avec 46 sièges.
L’attentat du 28 avril 2011 à Marrakech met en évidence l’existence de cellules terroristes organisées sur le territoire. Dans les médias, les militants du Parti de la justice et du développement apparaissent comme les partisans du juste milieu. D’autant que depuis les attentats de 2003, le parti a arrondi son discours et cherché à gagner en respectabilité
En novembre 2011, le Parti de la justice et du développement gagne les élections législatives. Il obtient outre 11 portefeuilles sur 31.
- Abdel-Ilah Benkiran, chef du gouvernement.
- Saâdeddine El Othmani, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.
- El Mostafa Ramid, ministre de la Justice et des Libertés.
- Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres.
- Abdelaziz Rabbah, ministre de l’Équipement et du Transport.
- Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement.
- Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies.
- Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.
- El Habib Choubani, ministre chargé des Relations avec le parlement et la société civile.
- Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé des Affaires générales et de la Gouvernance.
- Idriss Azami Al Idrissi, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé du Budget.
Le 10 octobre 2013, le gouvernement Benkiran II est nommé suite au départ de l’Istiqlal de la Coalition.
La plupart des ministres PJD le restent, hormis Saâdeddine El Othmani, ministre des affaires étrangères .
Depuis la destitution de Mohamed Morsi en Egypte, les militants du parti insistent qu’ils sont plus Marocains que Frères musulmans afin d’éviter d’être pris pour des membres de l’organisation. Lors d’une réunion, le 15 novembre avec les membres de la jeunesse du PJD, le premier ministre Abdelilah Benkirane insiste pour que l’idéologie des Frères musulmans soit rejetée et «d’établir une barrière entre la méthodologie des Frères musulmans et celle du PJD et du Mouvement Unicité et réforme (MUR)». (Tel Quel, 17 novembre 2015 *)
Voir notamment:
Mohamed Louizi, Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans, Michalon. (à paraître en janvier 2016)
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