Middle East Eye

Sur le papier Middle East Eye, c’est l’histoire d’une réussite.
Près de 30 000 pages vues par jour. 329 000 fans anglophones sur Facebook et 62 600 fans francophones.
20 permanents dans le bureau londonien.
Une dizaines de freelancers dans plusieurs pays.
Plusieurs sont des professionnels et leur carrière donne au media un vernis sérieux et professionnel. En tête : David Hearst. Il est le rédacteur en chef du Middle East Eye. Il a longtemps été grand reporter pour The Guardian à la section internationale. Il a travaillé sur les conflits en Yougoslavie, en Tchétchénie, en Irlande et en Russie.
En deux ans le site est devenu incontournable. Les Online Media Awards ont même récompensé Peter Oborne de Middle East Eye pour son reportage sur le siège de Damas. Middle East Eye a également été nommé pour le prix du meilleur site web d’actualité mondiale. Mais quel genre de journalisme Middle East Eye fait-il ?
« Ils entrent militants et sortent journalistes » #presswashing
De nombreux militants qui écrivent dans des organes de presse s’arc-boutent sur le fait qu’ils sont journalistes et donc objectifs. En déclarant que les collaborateurs de MEE entre « militants et sortent journalistes » David Hearst joue sur cette confusion. Comme si, des êtres humains, qui se battent passionnément pour une cause ou une idéologie éteignaient l’interrupteur de leur cerveau pour écrire.
Certains contributeurs de Middle East Eye sont engagés. Encore heureux.
En revanche faire croire qu’ils cessent de l’être en écrivant est une insulte à l’intelligence, des lecteurs et des contributeurs de Middle East Eye.
Le biais de l’islam politique
Hanan Chehata est une des contributrices régulières du site. A propos des laïcs elle n’hésite pas à parler « secular fanatics » (laïcs fanatiques) qui la prendraient en étau avec la « police religieuse ».
Basheer Nafi est chargé de recherche principal au Centre detudes d’Al Jazeera. Il a écrit plusieurs papiers pour Middle East Eye. Dans l’un d’entre eux il rappelle à l’ordre Rached Ghannouchi.
« Ennahdha peut changer son discours, mais pas la réalité de l’islam politique ».
« La relation entre Ennahdha et les Frères musulmans n’a pas résulté d’un effort missionnaire conspirateur mais était un choix purement tunisien. Il est tout à fait faux de prétendre aujourd’hui qu’Ennahdha a été prisonnier pendant plusieurs décennies d’une identité politique islamique qu’elle ne désirait pas ».
« Les forces du courant général de l’islam politique, menées par les Frères musulmans, ont lutté depuis près d’un siècle pour l’indépendance de leur État ; elles ont lutté pour la liberté des peuples et pour la mise en place d’un système juste de gouvernance qui exprime la volonté de la majorité du peuple et se porte garant de ses intérêts. Dès le moment où il faisait face au despotisme du leader tunisien Habib Bourguiba, Ennahdha n’était pas une exception. Il n’y a rien de honteux dans cette histoire et il n’y a rien qui justifie une condamnation. »
Et de lancer « la peur et la sensibilité ne doivent pas pousser un mouvement politique ayant une aussi longue histoire de luttes et de sacrifices à prendre des décisions hâtives et précipitées. »
Indépendante… des studios de Hollywood et de son arrière grand-oncle.
Dans la rubrique en anglais “about” on peut lire queMiddle East Eye est « une organisation d’infos en ligne financée de manière indépendante qui a été créée en Février 2014 ». Au fond que veut dire « financée de manière indépendante » ? Indépendante des gros groupes de presse ? Indépendante des studios d’Hollywood ? Indépendante des fonds de pensions des retraités américains ? La seule solution pour tenter d’y voir clair c’est de demander les documents légaux fournis par la société. On y lit que le directeur de la compagnie est Jamal Awami Jamal dit Jamal Bessasso. Il est directeur de 2 sociétés aux noms quasi similaires : MEE limited et Middle East Eyes limited.
Jamal Bessasso, d’origine palestinienne, est né en 1969 au Koweït. Il est néerlandais. Et vit en grande Bretagne. Jamal Bessasso, a été anciennement directeur du planning et des ressources humaines pour Al Jazeera. Il a aussi été le directeur de Samalink TV au Liban qui diffuse la chaine proche du Hamas Al Quds TV. Jamal Bassasso a également travaillé pour une société immobilière de Dubaï avec Anas Mekdad, un autre Palestinien lié à Al Islah, l’aile émiratie des Frères musulmans, aujourd’hui interdite et dont plusieurs membres purgent des peines de prison pour avoir tenté de renverser le gouvernement Anas Mekdad est le fondateur du forum web islamiste AlMakeem, qui a fait l’éloge du Hamas. Un forum auquel contribue Jamal Bessasso.
Interrogé par le site émirati, The National, David Hearst, le rédacteur en chef de Middle East Eye a complétement nié que Jamal Bessasso, ait de l’importance dans Middle East Eye. Au mieux a-t-il concédé que Jamal Bessasso était « un collègue, le responsable des ressources humaines et le directeur légal » ! Pourquoi nier qu’il soit aussi le représentant des propriétaires anonymes de Middle East Eye, voire son propriétaire puisque c’est le seul nom qui apparait sur les documents officiels fournis à l’l’administration britannique. Jamal Bessasso est le seul nom qui apparait pour la société Middle East Eye Limited qui est la propriétaire du site Middle East Eye.
Toujours dans la rubrique « indépendance », il faut souligner le prêt industriel qu’a représenté l’apport d’un coach : Jonathan Powell. Salarié d’Al Jazeera depuis 2009, il a passé 6 mois à Londres pour créer le site Middle East Eye.
Autre coincidenc, le site Middle East Eye a été déposé par Adlin Adnan. Incidemment employé comme Responsable des politiques de développement de l’organisation Interpal longtemps liée à l’Union du bien de Youssef Al Qaradhawi basée au Qatar.
Toujours un hasard sans doute, on retrouve dans le staff de Middle East Eye, Rori Donaghy directeur entre 2012 et 2014 de l’Emirates Center for Human Rights, une structure destinée à soutenir les Frères musulmans dans les Emirats. Rori Donaghy a reconnu que la structure avait été fondée grâce à Anas Al Tikriti, patron de la Cordoba Foundation et soutien des Frères musulmans.
David Hearst publie des vidéos sur internet oùu il continue à plaider son indépendance politique et financière, sans pour autant outer ses financiers. Pour un site de cet ordre, avec les bureaux spacieux, à Londres, 20 permanents et des dizaines de freelances dans plusieurs pays. Sans parler des traductions. Il faut compter environ 2 millions d’euros par an pour faire vivre le site par an.