QUI SONT LES BRIGADES DE DEFENSE DE BENGHAZI QUI MENACENT LA FRANCE

QUI SONT LES BRIGADES DE DEFENSE DE BENGHAZI QUI MENACENT LA FRANCE

QUI SONT LES BRIGADES DE DEFENSE DE BENGHAZI QUI MENACENT LA FRANCE

16.11.2016Hala Abdennour

Le 17 juillet 2016, deux (ou trois selon les autorités françaises) soldats français probablement de la DGSE ont été tués en Libye quand l’hélicoptère qui les transportait a été abattu. Un groupe connu sous le nom de Benghazi Defense Brigades (Brigades de défense de Benghazi) revendique l’attaque et poste des images du corps de celui qu’il identifie comme un soldat français, ainsi que la photo de l’hélicoptère abattu.

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Le président François Hollande a confirmé, le 20 juillet que trois soldats ont été tués en Libye dans un : « accident d’hélicoptère ». La France mène « des opérations périlleuses de renseignement » ajoute-t-il [1].

Le même jour et en représailles, la France a bombardé des positions de la BDB tuant plusieurs militants et obligeant le groupe à se replier vers la ville d’Ajdabiya. BDB publie immédiatement dans leur agence de Presse, Boshra News un communiqué menaçant la France « La Libye se transformera en un cimetière pour vous comme elle l’a été pour vos soldats».

Quelques jours plus tard, Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) fait un communiqué annonçant sa solidarité avec BDB et appelant les libyens à se battre contre ceux qu’elle a qualifié « d’oppresseurs » [2]. Voir annexe

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La plupart des media français ont relayé cet évènement [3]. Le Monde a publié un article sur le sujet [4] mais aucun media n’explique qui sont les alliés des Benghazi Defense Brigades. Seuls les media anglophone ont donné des détails sur les liens entre BDB, Al Qaida et AQMI. La presse française les a simplement qualifiés d’extrémistes.

Selon des articles de presse publiés en août 2016, près de 30 ou 40 combattants algériens et maliens d’AQMI ont rejoint BDB dans leurs guerres contre l’Armée Nationale Libyenne au sud d’Ajdabiya. Depuis la création des Benghazi Defense Brigades, des douzaines de combattants d’AQMI sont partis en Libye combattre aux côtés de BDB.

Qui sont les Brigades de défense de Benghazi

Les BDB sont une milice créée en juin 2016 qui se bat aux côtés du Conseil de la Shura des Révolutionnaires de Benghazi, le Benghazi Revolutionaries Shura Council (qui sont associés à Al Qaida) contre le Gouvernement d’Entente Nationale et l’Armée Nationale Libyenne, conduite par le général Khalifa Hiftar.

Le Benghazi Revolutionaries Shura Council est une coalition de miliciens djihadistes en Libye. Ansar Al Sharia en font partie. Ils ont été désignés par le gouvernement américain comme Organisation Terroriste Etrangère à cause de leurs liens avec Al Qaida et leur rôle dans l’attaque contre le complexe américain à Benghazi en 2012 [5].

Ils sont également considérés comme plus proche de Daesh que d’Al Qaida [6]. Même s’ils sont alliés avec Al Qaida dans certaines villes et avec Daesh dans d’autres, selon le spécialiste français des mouvements djihadistes, David Thomson [7].

Un ancien leader d’Ansar Al Sharia Mohammad Al Zahawi était un des principaux leaders du Conseil des la Shura des Révolutionnaires de Benghazi avant sa mort en 2015 [8].

Un des commandants du Conseil des la Shura des Révolutionnaires de Benghazi, Ismail Sallabi est un membre fondateur des Brigades de Défense de Benghazi.

Dans une interview datée d’octobre 2016 le commandant des BDB Mustapha Sharkasi a réitéré le soutien de son groupe au Conseil de la Shura des Révolutionnaires de Benghazi [9].

Le soutien du Qatar aux leaders des BDB

Ismail Sallabi un leader milicien basé à Benghazi a été identifié comme « un des plus important » chefs des BDB [10] Sallabi est filmé dans la vidéo de juin 2016 annonçant la formation officielle de BDB, depuis il a été cité dans les media comme chef des BDB et d’autres groupes de militants associés à Al Qaida en Libye [11].

Sallabi est un activiste islamiste de longue date. Il été arrêté et accusé de tentative de renversement du régime puis libéré en 2004 avec l’aide du Qatar. Dans les années 80 il a combattu en Afghanistan contre les forces Soviétiques et fut un des leaders de la Libyan Islamic Fighting Group (le Groupe de Combattants Islamiques de Libye) qui a été sanctionné par les Nations Unies et par le gouvernement des Etats Unis [12].

Après la révolte de 2011 contre le régime de Kadhafi, Ismail Sallabi est devenu un des leaders de la Brigade des Martyrs du 17 Février et du Regroupement des Compagnies Révolutionnaires (Revolutionaries Companies Gathering). Ces deux milices ont reçu de l’aide et des armes du Qatar durant la révolution libyenne selon des informations relayées par le media [13].

Dans une interview à Reuters Ismail Sallabi a confirmé que ses forces ont reçu des armes du Qatar au début de la révolution libyenne [14].

A ce moment-là ils étaient également soutenus par les services de renseignements occidentaux pour qu’ils renversent le régime et ce probablement avant de se rendre compte que ces groupes islamistes avaient des liens solides avec Al Qaida et AQMI.

En 2012 des responsables libyens ont demandé au gouvernement américain d’empêcher le Qatar d’envoyer de l’argent et des armes à des extrémistes libyens, selon des informations du New York Times.

L’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton a exhorté l’administration d’Obama d’aborder « le problème Qatar » sur l’armement des groupes d’opposition, « en espérant que cela persuaderait les Qataris d’arrêter d’envoyer des armes à des factions rebelles extrémistes » [15].

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La plus grande partie de l’aide de Doha à la rébellion libyenne a été orchestrée par un religieux basé au Qatar, Ali Sallabi, le frère d’Ismail. Ali Sallabi est le principal convoyeur d’armes qatariennes à la révolte des milices libyenne en 2011. Il est resté au Qatar où il coordonne activement les dialogues politiques. Il a supervisé la conférence à Doha de plus de 80 libyens qui ont discuté de réconciliation nationale et de développement politique en Libye. Selon les media qatari le gouvernement a organisé cette conférence [16] [17].

Ali Sallabi est également membre du conseil d’administration de l’Union des Savants Musulmans dirigée par Yusuf Al Qaradawi.

Le 23 juillet 2016 après les frappes françaises contre des cible des Brigades de Défense de Benghazi ; l’Union des savants musulmans a publié un article par le Grand Mufti de Libye, Sadiq Al Ghariani qualifiant l’attaque de « crime contre la patrie dans tous les sens du terme » [18].

Al Ghariani est considéré par les BDB comme le Marja (guide) spirituel du groupe [19][20]. Il a aussi fait les louanges d’AQMI qui a publié une déclaration dans laquelle elle soutient BDB suite aux attaques aériennes de juillet 2016. AQMI appela les révolutionnaires à attaquer les forces françaises et se rallier aux Oulémas comme Al Ghariani qui ajoute-t-elle « est le champion des savants en disant la vérité face au diable et ses cohortes ».

En octobre 2014 Sadiq Al Ghariani est interdit de séjour au Royaume Uni suite à des révélations indiquant qu’il soutenait directement la prise de pouvoir de Tripoli par Fajr Libya (l’Aube de Libye) [21]. Il est parti au Qatar avant de s’installer en Turquie.

En 2012 les réseaux sociaux ont montré une réunion entre le prince héritier du Qatar à l’époque, Tamim Bin Hamad Al Thani et le religieux radical Sadiq Al Ghariani [22].

Hala Abdennour

Annexe

Communiqué Al Qaida au Maghreb Islamique
24.07.2016

« Franchement, votre détermination a humilié la campagne flagrante de l’occident et l’intervention militaire française en Libye, quand les jeunes révolutionnaires, les Moudjahidine des Brigades de Défense de Benghazi ont tué trois officiers français, ces morts sur le territoire Libyen que le gouvernement français a reconnu plus tard. Ces événements ont montré la profondeur de la trahison de l’agent étranger Haftar, celui qui tue les enfants de Derna et les vieillards de Benghazi, contre lesquels il mène une guerre pour exterminer tous ceux qui ont quoi que ce soit à avoir avec la révolution….

Nous appelons les révolutionnaires en Libye, et tout le peuple libyen de poursuivre sa révolution contre les oppresseurs. Nous les appelons à se rallier autour de leurs Oulémas qui disent la vérité sur la campagne d’agression contre l’identité et la foi des musulmans. Nous apprécions également les positions courageuses du leader Cheikh Al Sadiq Al Ghariani, qu’Allah le protège, lui, qui a la connaissance et qui dit la vérité face au diable et ses cohortes.

Nous demandons à Allah de le garder ainsi que ces frères sur la voie de la justice, et en faire un rempart pour la charia. »

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[1] Reuters – 20.07.2016 – France says soldiers killed in Libya during intelligence operation

[2] L ibyas Channel – 24.07.2016 – “تنظيم قاعدة الجهاد ببلاد المغرب الإسلامي” يعلن تأييده لـ”سرايا الدفاع عن بنغازي”

[3] BFMTV – 21.07.2016 – Libye: le gouvernement d’union nationale accuse Paris de « violation » du territoire

[4] Le Monde – 20.07.2016 – Trois membres de la DGSE tués en Libye, le gouvernement libyen proteste

[5] U.S. Department of State – 02.01.2014 – Terrorist Designations of Three Ansar al-Shari’a Organizations and Leaders

[6] Rfi – 06.10.2014 – Aaron Zelin: en Libye, Ansar al-Charia n’a «pas subi de défaite»

[7] Twitter – 30.11.2015 – David Thomson

[8] Reuters – 23.01.2016 – Leader of Libyan Islamists Ansar al-Sharia dies of wounds

[9] Twitter https://twitter.com/Ghanem3Salem/status/784413510868537344

[10]  Al Jazeera – 07.06.2016 – سرايا بنغازي.. لغم جديد بطريق حفتر

[11]  YouTube – 02.06.2016 – بيان رقم ( 1 ) لسرايا الدفاع عن بنغازي

[12] Albawabh News – 25.03.2015 – التنظيمات المتربصة ببوابة مصر الغربية

[13] WSJ – 17.10.2011 – Tiny Kingdom’s Huge Role in Libya Draws Concern

[14] Reuters 04.09.2011 – مقابلة- اسلامي ليبي يطالب اللجنة التنفيذية بالاستقالة

[15] New York Times – 27.02.2016 – A New Libya, With ‘Very Little Time Left’

[16] Akhbar Libya – 03.05.2016 – من يقف وراء مؤتمر المصالحة الليبي في الدوحة ؟

[17] Raya – 04.05.2016 – مؤتمر المصالحة الليبي بالدوحة يدعو لنبذ العنف

[18] IUMS – 23.07.2016 – لمن يكتب تاريخ ليبيا.. يومُ العدوان الفرنسي على بنغازي

[19] Libya Herald – 25.06.2016 – PFG vows to fight new Benghazi militants

[20]  L ibyas Channel – 24.07.2016 – “تنظيم قاعدة الجهاد ببلاد المغرب الإسلامي” يعلن تأييده لـ”سرايا الدفاع عن بنغازي”

[21] The Guardian – 30.10.2014 – Libya’s highest spiritual leader banned from UK over support of Islamists

[22] [22] Facebook – 18.07-2012 – الشيخ تميم بن حمد آل ثاني ولي عهد قطر يقبل رأس الشيخ الصادق الغرياني مفتي ليبيا ..EnquêteNewsTribune

AL JAMAA AL ISLAMIYA AU CŒUR DE LA PRÉSIDENTIELLE LIBANAISE

LIBANAISE

Al Jamaa al Islamiya au cœur de la Présidentielle libanaise

Al Jamaa al Islamiya au cœur de la Présidentielle libanaise

27.10.2016La rédaction

«  Nous ne voterons pas pour le Général Aoun » martelait, haut et fort, le seul député d’Al Jamaa al Islamiya, Imad al Hout – élu sur la liste de Hariri- le 24 octobre après que Saad Hariri à la tête du Mouvement du Futur a fini, de guerre lasse, par se rallier au candidat du 8 Mars. Les réactions ne se sont pas fait attendre dans tous les milieux politiques, dès la déclaration solennelle de Hariri, provoquant des protestations au sein de la communauté sunnite et notamment d’Al Jamaa.

En effet, le secrétaire général d’Al Jamaa al Islamiya, Ibrahim al Masri – élu en décembre 2009 – a laissé la parole au responsable du bureau politique à Tripoli, Ihab Nafeh qui a déclaré à l’intention de Hariri : « …cette décision unilatérale a été prise sans consulter les leaders sunnites qui n’approuvent pas la candidature du Général Aoun à la Présidentielle… »

Il faut dire que la volte-face de Hariri qui, jusque-là, soutenait fermement la candidature de Sleiman Frangieh (autre figure politique du 8 Mars, allié de Bashar Al Assad) a surpris ses partisans dont certains s’en sont démarqués, et en particulier, son partenaire politique depuis 2012, Al Jamaa Al Islamiya. En effet, Al Masri soutenu par le Qatar – déçu de la politique laxiste menée par Hariri depuis le début de la guerre en Syrie – devait signer un « Memorandum de coopération »  avec le chef du Mouvement du Futur, afin de consolider les assises de la communauté sunnite. Ce Memorandum scellait leurs intérêts communs : l’Accord de Taef et le soutien aux opposants du Régime d’Assad en Syrie, et par conséquent, faisait d’Al Jamaa al Islamiya un partenaire politique du Mouvement du Futur, lui conférant ainsi un poids qu’elle n’avait pas.

Toujours est-il qu’Al Jamaa estime que le faux bond de Hariri, par son ralliement à Aoun, fera payer le prix cher à la communauté sunnite, et que celle-ci a exprimé son mécontentement et continuera à le faire même après l’élection présidentielle.

Seulement, la déconvenue d’Al Jamaa al Islamiya ne s’arrête pas là. Le leader du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a lui aussi, dans son discours prononcé dimanche 24 octobre, promis de voter pour le général Aoun, son allié politique. La décision du Hezbollah a certes, déplu à Al Jamaa, qui par la voix de son député avait affirmé mardi 18 octobre : « C’est illusoire de croire que le Hezbollah veut un Président pour le Liban. » Ce camouflet vient s’ajouter à celui infligé par Hariri, sachant que les relations cordiales entre Al Jamaa et Hezbollah remontent aux années 80, dans leur jihad contre l’armée israélienne. D’autant qu’un rapprochement entre les deux parties a eu lieu le 19 octobre 2016, afin de perpétuer les liens qui unissaient Mohammed Hussein Fadlallah et Faysal Mawlawi.

Alice Boustany

Sources :

http://www.al-Akhbar.com, mai 2012

www.al-Jamaa.org. Oct.2016

Le CCIF et sa référence à l’Allemagne des années 30, l’arroseur arrosé

 

27.10.2016 Naëm Bestandji

“Allah, soubhanahou wa ta’ala, nous dit dans le coran : on ne sera satisfait de nous que quand on aura abandonné notre religion pour suivre la leur. Il n’y a pas un degré d’acceptabilité de notre religion. C’est pour ça qu’on met en scène l’histoire du musulman modéré et du musulman extrémiste. Parce qu’on espère que, pour ne pas être pris pour un extrémiste, chacun d’entre nous va accepter de faire toutes les concessions pour qu’on nous donne le pin’s d’acceptabilité de « ça y est, c’est bon, tu es un modéré. » (…) Ce qu’ils appellent l’islam des Lumières, moi j’appelle ça l’islam du réverbère.”

Au moins, c’est clair… Ces déclarations ont été faites par Marwan Muhammad, à l’époque porte-parole du CCIF, à une conférence-débat qui s’était tenue à la mosquée de Vigneux le 30 avril 2011. Mosquée qui a vu défiler de nombreux prédicateurs intégristes de France et d’ailleurs. Organisée par l’association culturelle des musulmans de Vigneux, elle avait pour thème “islamophobie, notre responsabilité face à l’injustice”. L’ensemble des propos idéologiques qui ont été tenu lors de cette conférence sont courant et régulièrement répétés par l’ensemble des intégristes. Ce discours politique et religieusement radical est intéressant car il concentre une bonne part de la vision de l’islam politique.

Le CCIF, qui se présente comme grand défenseur de la laïcité et du vivre ensemble, n’est pas à une contradiction et un amalgame près. C’est une stratégie pensée et structurée pour perdre les français et les culpabiliser s’ils ont le malheur de critiquer les intégristes musulmans. Pour cela, deux outils sont utilisés par l’ensemble des islamistes : la victimisation et “l’islamophobie” (terme qui a pris son essor avec les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour stigmatiser les femmes refusant de se voiler). S’il existe effectivement des actes et propos anti-musulmans (et il faut les sanctionner), le CCIF inclus surtout dans son action la lutte contre toute critique de l’islam, de l’islamisme, et contre toute opposition laïque. Il considère les intégristes comme de simples musulmans. La lutte contre l’intégrisme se transformant ainsi en une lutte contre les musulmans en général. Et c’est tout cela qui serait de l’islamophobie, à leurs yeux un délit. Les musulmans modérés étant considérés comme les “musulmans de service” (cité également dans cette conférence). Le piège de ce terme inapproprié, et qui n’existe pas en droit français, a été mainte fois démontré.

D’un autre côté, Il ne fait aucune distinction entre ses adversaires : l’extrême droite est mise dans le même sac que les défenseurs de la laïcité et de l’égalité des sexes : tous des fachos ! Cette stratégie en dit long sur leur vision de la démocratie. Comme tout mouvement inspiré des Frères musulmans, il utilise les termes de nos valeurs (démocratie, valeurs républicaines, laïcité, liberté, …) pour en détourner le sens et les retourner contre nous. Rien de mieux pour culpabiliser les laïcs et les féministes. Et ça marche sur beaucoup d’entre eux.

Marwan Muhammad n’a jamais souhaité non plus donner son opinion devant le grand public sur l’instrumentalisation de la religion à des fins sexistes et misogynes, comme le voile par exemple. Pour ne pas montrer sa radicalité, il botte en touche en se présentant comme simple défenseur des opprimés et souhaite rester uniquement sur le terrain juridique (et politique). Mais quand il est face à son public, comme lors de cette conférence, c’est tout autre chose. Tout en restant dans le discours politique, il n’hésite pas à faire la leçon en citant Allah, le coran, le prophète. Il devient un imam devant ses fidèles. Il ne s’adresse plus à des hommes et des femmes, ou à des citoyen(ne)s, mais à des “frères” et “sœurs”. Comme tout bon islamiste, il a une lecture littéraliste du Coran, il distille l’idée de l’impudeur des femmes de culture française, il expose sa vision rétrograde du rôle de la femme musulmane, et il magnifie la suprématie de l’islam sur la France et sur le monde. Il n’a aucun état d’âme non plus à faire des comparaisons choquantes (et historiquement fausses) avec les juifs. Cette conférence, dont le thème et le discours dégoulinent de victimisation surréaliste, n’est pas différente des autres. A un moment, la mine grave et sur un ton solennel, il déclame :

“C’est l’histoire d’un pays qui chaque jour bascule un peu plus dans l’islamophobie. Ce pays, c’est pas l’Allemagne des années 30. C’est la France des années 2010. Cette façon de nommer un culte, cette façon de nommer des croyants, cette façon de les stigmatiser et de dire qu’ils posent problème et qu’ils mettent en péril l’identité du pays, c’est exactement la manière dont on stigmatisait les juifs au début du siècle dernier. C’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on mitraille des mosquées. C’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on dit à des enfants tu n’iras pas au centre de loisirs parce que tu ne veux pas manger du pâté et du jambon à l’école. Ce n’est pas dans l’Allemagne des années 30 qu’on viole des femmes le jour de l’Aïd. Qu’est-ce que nous, musulmans, on fait pour changer ça ? Et est-ce qu’on est responsable de changer ça ? La réponse est dans la question.”

Passons sur les énormités à propos du pâté et du jambon, et du viol des femmes le jour de l’Aïd. Ben oui, les violeurs aussi sont islamophobes : ils osent violer des femmes le jour de l’Aïd ! Ils pourraient quand même attendre le lendemain, par respect ! Les viols sont bien moins graves le reste de l’année (estimés à 75000/an). Ils n’ont vraiment aucun respect ces violeurs… Ou bien le viol serait plus grave si les victimes sont musulmanes ? Dans son propos, si le viol a lieu le jour de l’Aïd, ce n’est plus un crime commis sur une femme mais un acte islamophobe contre une musulmane…

Alors passons. A part ça, nous voyons ici une des rhétoriques les plus utilisées par les intégristes musulmans : l’analogie victimaire avec l’antisémitisme. Mais n’est pas historien qui veut. Cette analogie qui se veut historique n’a rien à voir avec l’Histoire. Les comparaisons sont hors sujet et il n’y a aucune mise en contexte. Mais comment lui en vouloir ? Comme tout bon intégriste qui se respecte, il aborde aussi le coran exactement de la même façon. De plus, la comparaison faite par les islamistes entre ce que subiraient les (intégristes) musulmans aujourd’hui et les persécutions des Juifs dans les années 30 est assez ironique, quand on connaît l’antisémitisme du monde musulman et chez une partie des français de confession musulmane.

Cette rhétorique islamiste commence d’abord par la création d’une figure raciale, celle de l’opprimé supposé. Le problème ne relèverait plus d’une idéologie religieuse choisie, mais d’un groupe racialisé persécuté. Il y aurait une race musulmane comme il y a un peuple juif. Cela rappelle les théories racialistes et racistes du Parti des Indigènes de la République. On comprend mieux les liens qu’ils entretiennent. C’est par cette stratégie que l’islamophobie, délit imaginaire, devient un racisme. La religiosité, et de surcroit la religiosité extrémiste, relève pourtant d’un choix, pas d’une origine ethnique. L’autre problème est qu’il y a une essentialisation qui piège les musulmans qui n’ont pas choisi le radicalisme, en les incluant malgré eux dans le système victimaire et racialisé par les islamistes.

Dans l’Allemagne des années 30, les juifs ne cherchaient pas à se distinguer et ne demandaient aucun aménagement pour leur religion, contrairement au CCIF et aux autres islamistes en France aujourd’hui. Ils ne demandaient pas à l’Allemagne des accommodements à leurs pratiques rigoristes sous la menace d’être accusée de judéophobie. La référence à l’Allemagne des années 30 concerne l’antisémitisme, pas l’anti-judaisme. L’anti-judaïsme est une opinion qui concerne une religion. L’antisémitisme est un racisme puisqu’il vise une ethnie. Comparer l’antisémitisme à « l’islamophobie », c’est mettre au même niveau la manifestation d’un racisme et l’expression d’une critique religieuse, dont la critique de l’extrémisme religieux.

Dans les années 30, les juifs ont été persécutés. Ils ne l’ont pas été pour leur religion, mais en tant que groupe racial. Un juif pouvait donc être non pratiquant, athée ou converti au catholicisme, il était quand même discriminé, harcelé, spolié puis plus tard déporté. Le juif était considéré comme faisant partie d’une race inférieure et impure. Sa judaïté n’était pas un critère. D’ailleurs, les nazis n’ont pas empêché les juifs pratiquants d’exercer leur culte.

En France aujourd’hui, les musulmans, y compris les intégristes, ne sont évidemment pas persécutés. L’islamisme politique s’exprime même sans difficultés (n’est-ce pas M. Muhammad ?). De nombreuses associations officiellement culturelles, qui sont en réalité cultuelles, reçoivent des subventions publiques (comme l’association culturelle des musulmans de Vigneux ?). Les musulmans, tout comme les croyants des autres religions, sont même protégés par notre laïcité. Le CCIF le sait bien puisqu’il n’hésite pas à se servir de ces lois et à attaquer en justice quand il estime qu’il y a eu un acte “islamophobe”. Et s’il y a vraiment eu discrimination, la justice de ce “pays islamophobe” leur donne raison. Les juifs avaient-ils toutes ces possibilités dans l’Allemagne des années 30 ? Bien-sûr que non. Bien au contraire, l’Allemagne des années 30 avait fait de l’antisémitisme un programme politique en promulguant des lois pour exclure totalement les juifs de la société : interdiction du mariage et des relations extraconjugales entre Juifs et citoyens de sang allemand, interdiction pour les Juifs d’exercer certains métiers, puis confiscation des biens juifs, etc.

S’il y a bien en France des lois d’interdiction, elles ne visent en aucun cas un groupe ethnique ni même les musulmans en tant que croyants. Elles visent à limiter l’expansion d’une idéologie totalitaire, du communautarisme et du sexisme au nom du religieux. Contrairement à ce que souhaite faire croire le CCIF, les lois ne concernent pas les musulmans, mais les dérives faites au nom de l’islam. Une musulmane modérée se fiche complètement de la loi sur le voile intégral ou de celle sur les signes religieux à l’école puisque cela ne la concerne pas. Elle peut pleinement vivre sa foi, et même être protégée contre les injonctions des intégristes. Rien de tel pour les juifs allemands des années 30.

C’est vrai que les actes et menaces anti-musulmans ont énormément augmenté en 2015. Mais leur nombre reste limité. Sachant qu’il y a eu en France plusieurs attentats et des dizaines de morts au nom de l’islam (par armes à feu, égorgement, écrasement). Sachant que les “représentants” des musulmans invités dans les médias sont presque toujours les militants de l’islamisme politique (UOIF, Tariq Ramadan, CCIF, etc.). Sachant que notre pays a une histoire et des acquis concernant la lutte pour l’égalité des sexes. Il est donc compréhensible que les français aient peur, et cela explique en partie la stupidité d’une minorité à commettre des actes anti-musulmans. Mais vu la gravité de la situation, la France en général a toutefois su rester digne. Quand on compare l’attitude de la France face à la barbarie qui la touche et l’islamisme qui se développe sur notre sol, cela n’a rien avoir avec l’attitude de nombre de musulmans à travers le monde pour quelques dessins caricaturant le prophète. De plus, pour revenir à la comparaison avec l’antisémitisme, il y a presque 2 fois plus d’actes antisémites alors que cette population est 6 fois moins importante en France que les musulmans. Et les actes et propos antisémites commis par des français musulmans sont en augmentation…

Il y a donc du racisme en France. Mais pas plus qu’ailleurs, et même bien moins que dans la plupart des pays du monde, surtout bien moins que dans bon nombre de pays musulmans. Les musulmans ne sont donc pas stigmatisés. Ce sont les dérives extrémistes et sexistes d’une partie d’entre eux qui sont dénoncées et combattues. En incluant volontairement l’ensemble des musulmans malgré eux, les islamistes contribuent à l’amalgame et à la peur de l’islam.

Alors pourquoi faire l’analogie entre “l’islamophobie” et l’antisémitisme de l’Allemagne des années 30 ? Car la référence à la persécution des juifs est la carte premium de la victimisation. D’autant plus qu’elle fait écho à notre traumatisme historique. Il n’y a donc rien de mieux pour culpabiliser la population, même si les persécutions des juifs allemands n’ont absolument rien à voir avec “l’islamophobie en France”. Cette analogie est également le moyen de diaboliser, culpabiliser et disqualifier tous ceux qui s’opposent à l’islamisme, en les comparant aux nazis. Les deux volets de ce stratagème sont particulièrement ignobles…

Mais allons quand même dans le sens de M. Muhammad, juste pour voir. Tentons de faire un parallèle avec le nazisme et l’Allemagne des années 30 qu’il aime tant évoquer. Voici la suite de son discours qui passe du statut victimaire à celui de communauté supérieure :

“Allah, soubhanahou wa ta’ala, nous dit : vous êtes la meilleure communauté qui ait surgi sur Terre. Pas la deuxième, pas une bonne communauté, mais la meilleure des communautés. Et juste après, Allah soubhanahou wa ta’ala dit : vous recommandez le bien et vous interdisez ce qui est blâmable, et vous croyez en Allah soubhanahou wa ta’ala. Ça veut dire que cette caractéristique est une caractéristique identificatrice des musulmans. Elle nous fait sortir du rang et elle fait de nous les premiers de la classe auprès d’Allah soubhanahou wa ta’ala. C’est pas une petite caractéristique, et c’est une responsabilité. C’est une responsabilité, pas que quand on s’attaque aux musulmans. C’est une responsabilité pour toutes les injustices qui frappent la terre sur laquelle Allah soubhanahou wa ta’ala nous a mis comme gérants, comme responsables de l’ordre public.”

Ce discours est surprenant pour n’importe qui, mais banal et tout à fait normal pour les islamistes. Il fait référence à la Sourate 3 verset 110 du Coran : “Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah. (…)”. Les musulmans modérés prennent le coran dans son esprit, pas à la lettre. Ils interprètent et adaptent l’islam en fonction du contexte, de l’époque, et de la société dans laquelle ils vivent. Ils estiment ainsi possible d’écarter des versets (sans pour autant les supprimer puisqu’ils existent) qui sont déconnectés de notre monde et ne sont plus applicable aujourd’hui. Tout ce que déteste le CCIF. Les intégristes, eux, considèrent que la parole de Dieu est éternelle et qu’il faut tout prendre à la lettre. Quitte même à extrapoler les écrits originaux dans un sens rigoriste et totalitaire qui les arrange. Le CCIF et l’ensemble des intégristes n’y voient aucun mal. Ce qui est d’autant plus terrifiant.

Ainsi, le porte-parole du CCIF affirme à ses fidèles que la communauté musulmane est supérieure à toutes les autres. Il revendique donc « une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains et que certaines catégories de personnes sont supérieures à d’autres ». Pourquoi je mets des guillemets ? Car je cite la définition exacte du racisme… Cette supériorité supposée donnerait aux musulmans la capacité de déterminer ce qui est bien ou mal pour tous. Cela rendrait cette communauté désignée par Dieu “gérante et responsable de l’ordre publique”. Cela porte un nom : le totalitarisme.

Cette pensée raciste et totalitaire est effrayante et choquante. Mais c’est si peu quand on connait celui qui a pensé et appliqué les mêmes idées, avec presque les mêmes termes, dans la fameuse “Allemagne des années 30” si souvent citée par M. Muhammad pour se poser en victime. Pour bien comparer, je le cite de nouveau : “Allah nous dit : vous êtes la meilleure communauté qui ait surgi sur Terre. Pas la deuxième, pas une bonne communauté, mais la meilleure des communautés. Et juste après, Allah dit : vous recommandez le bien et vous interdisez ce qui est blâmable, et vous croyez en Allah. Ça veut dire que cette caractéristique est une caractéristique identificatrice des musulmans. Elle nous fait sortir du rang et elle fait de nous les premiers de la classe auprès d’Allah. C’est pas une petite caractéristique, et c’est une responsabilité. C’est une responsabilité, pas que quand on s’attaque aux musulmans. C’est une responsabilité pour toutes les injustices qui frappent la terre sur laquelle Allah nous a mis comme gérants, comme responsables de l’ordre public.”

Voici maintenant la pensée d’un allemand qui était dans le même délire : “L’Aryen est l’étincelle divine du génie (…) ; il a toujours allumé à nouveau ce feu qui, sous la forme de la connaissance, éclairait la nuit et montrait ainsi à l’homme le chemin qu’il devait gravir pour devenir le maître des autres êtres vivant sur cette terre. (Tome I, chapitre 11) [La] mission donnée au peuple allemand sur cette terre consiste uniquement à former un État qui considère comme son but suprême de conserver et de défendre les plus nobles éléments de notre peuple, restés inaltérés, et qui sont aussi ceux de l’humanité entière. (…) La tâche qui consiste à conserver et à défendre une espèce humaine supérieure (la race aryenne), dont la bonté du Tout Puissant a gratifié cette terre, apparaît une mission vraiment noble. (Tome II chapitre 2) [Le nazisme] doit avoir conscience de ce que, gardiens de la plus haute humanité sur cette terre, nous avons aussi les plus hautes obligations. (Tome II chapitre 14)”. Adolph Hitler, Mein Kampf…

Pas mal pour une association qui prétend “défendre les droits de l’Homme”. Le CCIF a bien su inverser les rôles dans sa référence à l’Allemagne des années 30. Vous avez un peu la nausée ? C’est normal. A côté du CCIF, les idéologues fachos du FN passeraient presque pour des enfants de chœur.

Si cette conférence a eu lieu en 2011, la comparaison avec l’Allemagne des années 30, et la référence au verset cité, n’ont jamais cessé depuis.

Ainsi, le CCIF prétend défendre la laïcité mais la bafoue. Il prétend défendre les droits de l’Homme, et traite tous ses adversaires de fascistes, pour mieux défendre et véhiculer une idéologie raciste et totalitaire : le fascisme vert. On retrouve là, typiquement, la mécanique du Front National. Avec de tels défenseurs, les musulmans n’ont pas besoin d’agresseurs.

Loin de défendre les droits humains et les musulmans dans l’absolu, le CCIF, comme tous les islamistes, lutte pour une certaine idée de l’islam et la validation de l’intégrisme comme étant l’islam véritable. En cela, et en incluant les musulmans modérés malgré eux dans sa “communauté musulmane”, il entretien et développe volontairement ce qu’il prétend combattre : l’amalgame et “l’islamophobie”. Car ce qui crée la peur de l’islam chez nos concitoyens, ce qui aussi excite, donne des arguments et favorise l’extrême droite, c’est l’islamisme, dont le CCIF est idéologiquement la branche juridique en France. Cette stratégie peut fonctionner, mais seulement un temps, le temps de l’illusion.

Pour en finir avec la référence à l’Allemagne des années 30 si chère aux intégristes : si les démocraties s’étaient montrées faibles et parfois complaisantes avec le nazisme, il est vrai qu’il y a le même aveuglement et la même complaisance aujourd’hui avec une partie de la gauche et des féministes concernant l’islamisme. Mais nous, les féministes universalistes, les républicains démocrates et laïcs de gauche, de droite et de toutes confessions, ne commettrons pas la même erreur, dans “la France des années 2010”, avec ce nouveau totalitarisme qu’est l’islamisme. Ne l’oublions pas : “l’islamisme n’est pas une religion”, comme le disent très justement des musulmans laïcs. Les intégristes ne réussiront jamais à nous ramener au Moyen-Age, ni même à l’Allemagne des années 30, car ils ne peuvent rien contre le progrès des consciences.

Naëm Bestandji

ELECTIONS AU MAROC

Elections au Maroc

Elections au Maroc

07.10.2016La rédaction

Vendredi 7 octobre, les marocains sont appelés aux urnes.

Le Parti de la justice et du développement (PJD), issu de la Confrérie des Frères musulmans est arrivé au pouvoir depuis 2011. Le mouvement qui profite de chaque occasion pour marquer ses distances avec la matrice égyptienne a été créé dans les années 60, par un islamiste proche du palais. Le premier ministre Abdelillah Benkirane, gouverne sous l’oeil attentif du Palais.

Les partisans d’une « exception marocaine » rappellent avec raison que le Maroc est le seul cas ou les Frères musulmans gouvernent sans dérives. Ce n’est pas tout à fait exact. Les Malais ont tenté à plusieurs reprises l’expérience frériste. Mais surtout, la relative innocuité des Frères marocains est surtout due à la surveillance des autorités royales qui ont conservé la main-mise sur les Finances, l’Intérieur, la Défense. Malgré toutes ses demandes, le PJD n’est jamais parvenu a détenir le discours sur l’islam, chasse gardée du roi, commandeur des croyants et descendant du Prophète.

S’il n’a pas mis le pays a feu et a sang, le Parti de la justice et du développement n’a pas non plus brillé. Le chômage est toujours aussi élevé. Le taux d’endettement du Maroc atteint 88 %. La corruption reste un mal endémique. Même du côté des moeurs, bastion favori des islamistes, le PJD est en mauvaise posture. Il y a quelques semaines, deux prédicateurs proches du mouvement, mariés mais pas ensemble, ont été arrêtés par la police pour une relation sexuelle dans une voiture. Quand aux prédicateurs problématiques, ils sont courtisés dans tous les partis. Lors des derniers meetings Abdelillah Benkirane a systématiquement fondu en larmes comme s’il avait compris qu’il ne pourrait plus jamais apparaitre comme challenger.

Face au PJD, le Parti Authenticité et Modernité (PAM). Ce dernier est plus récemment co-opté par le Palais. Ilyas El Omari est social-démocrate-monarchiste et ouvertement anti-islamiste. Il parle d' »islamisation rampante de la société ». Comme tous les autres partis, le PAM n’hésite pas à approcher des prédicateurs violents comme le Cheikh Maghraoui favorable au mariage des fillettes des 9 ans, puis à reculer une fois le scandale public.

Beaucoup moins populaire que Abdelillah Benkirane (PJD), Ilyas El Omari aura néanmoins fait vivre pendant quelques semaine un discours de rupture avec l’idéologie islamiste.

Dans la soirée, le ministre de l’Intérieur Mohammed Hassad a annoncé les résultats provisoires (après 90 % du dépouillement) :

  • PJD : 99 sièges.
  • PAM : 80 sièges
  • Istiqlal : 31 sièges
  • RNI : 30 sièges
  • MP : 21 sièges
  • UC : 16 sièges
  • USFP : 14 sièges
  • PPS : 7 sièges
  • FDG : 2 sièges

Pour aller plus loin : Articles sur le MarocNews

TRISTE DE RETROUVER CES DÉRIVES EN FRANCE

Triste de retrouver ces dérives en France

Triste de retrouver ces dérives en France

06.10.2016Serenade Chafik

Entre 1992 et 1993 l’Egypte vivait au rythme des attentats quotidiens. Les islamistes avaient déclaré la guerre à la population. Et tous les jours nous déplorions la mort de nos concitoyens qui succombaient sous les bombes du terrorisme. Nous passions notre temps à prendre les nouvelles des uns et des autres avec la crainte qu’un proche soit parmi les victimes.

Un jour, dans la rue, j’ai été agressée, un homme avec son cutter, m’a tailladé mon pantalon en me promettant l’enfer dans l’au-delà, N’étais-je pas à ses yeux une mécréante ? Son cri me perce encore les tympans : tu ne respectes pas les préceptes de la religion ni les recommandations du Prophète.

Mais, le jour où mon fils, âgé alors de 5 ans m’a dit que je brulerai en enfer à cause de mes tenues vestimentaires, le jour où je l’ai surpris essayer de couvrir les bras de sa petite sœur âgée à l’époque de 18 mois, j’ai décidé de reprendre le chemin de l’exil.

Il fallait fuir, il nous fallait sauver nos vies. Je voulais élever mes enfants loin du spectre de cet islam politique devenu un danger pour notre mode de vie et notre pensée.

En juin 1992, ils ont assassiné l’écrivain progressiste Farag Foda parce qu’il était un libre penseur.

Début 1993, j’ai quitté mon pays. Fuir c’était survivre à l’obscurantisme qui se propagait dans la cité. Dans mon imaginaire, partir c’était survivre à la tyrannie du fondamentalisme. Partir c’était aussi retrouver mes droits de femme libre.

Dans le pays de mon enfance, on appelait ces forces obscurantistes : les Frères Musulmans, Jihad, El takfir wel Hegra, El Jammaa El Islameya. Quel ne fut pas mon désarrois en les retrouvant en France.

Pourtant en décidant de venir vivre en France, je croyais que nous étions à l’abri. La France dans notre imaginaire demeurait le pays des lumières.

En 1993 je n’avais pas imaginé un seul instant que les pouvoirs politiques allaient nous imposer une organisation telle l’UOIF, cette tribune des Frères musulmans.

Mais le 4 octobre 2016 mon désarroi a été immense. C’était comme si mon pays d’adoption me tournait le dos. Naïvement, je croyais que nous étions à l’abri.

À aucun moment je n’aurais pu imaginer que le parquet, le ministère public, aurait demandé la condamnation d’un intellectuel parce qu’il dénonce les dérives des frères musulmans ou de l’UOIF, Pourtant hier, mardi 4 octobre, le procureur a requis la condamnation de Mohamed Louizi. Je suis triste, très triste de ces dérives, triste de constater qu’un procureur valide par son réquisitoire les accusations formulées par les Frères Musulmans. Ne sait-il pas que leur unique objectif est celui de nous museler

Sérénade ChafikNewsTribune

AU PROCÈS DE MOHAMED LOUIZI ET DE SOUFIANE ZITOUNI

AU PROCÈS DE MOHAMED LOUIZI ET DE SOUFIANE ZITOUNI

Au procès de Mohamed Louizi et de Soufiane Zitouni

Au procès de Mohamed Louizi et de Soufiane Zitouni

05.10.2016La rédaction

Mardi 4 octobre se déroulait le procès de Mohamed Louizi et de Soufiane Zitouni au Tribunal de Nanterre. Soufiane Zitouni, a publié deux tribunes à la suite des attentats de janvier 2015 dans Libération. Mohamed Louizi lui, a écrit plusieurs papiers pour expliquer le contexte de l’islamisme dans le Nord.

Les nombreuses personnes venues écouter les arguments ont eu le sentiment d’un procès historique. Et regretté l’absence de retransmission des débats.

Premier témoin de la défense, Mohamed Sifaoui a rappelé à la barre que le Lycée Averroès a été créé pour servir de tribune à la pensée des Frères musulmans. Le second témoin est père de famille. Il a même été le représentant des parents d’élèves. Il raconte comment un jour sa fille se fait convoquer par l’administration. On lui explique qu’elle va ruiner la réputation d’excellence de l’établissement et on la force à démissionner.

Le procureur se permet des remarques très étranges. Il s’étonne de la différence entre la description du Lycée Averroès et les photos sur internet. Lorsque Mohamed Louizi rappelle l’UOIF est considérée comme terroriste au Emirats, le procureur soupire et marmonne.  Au père de famille, il demande si sa fille a été radicalisée par le Lycée !

Amar Lasfar s’est déplacé. Sans le moindre complexe, l’imam de Lille (depuis 36 ans), multi-entrepreneur, créateur du Lycée Averroès parle de lui à la 3ème personne. Il répète sans jamais se lasser : « Amar Lasfar dit », « Amar Lasfar pense », « Amar Lasfar a eu de la peine ». Ou encore « Ce double discours , cela aurait donc échappé à tous les responsables politiques avec qui Amar Lasfar travaillé pendant trente ans? » Une question pertinente à laquelle devraient répondre Nicolas Sarkozy qui a institutionnalisé l’UOIF ou Bernard Cazeneuve qui a continué à accepter les oukases de l’organisation, lors des réunions au Ministère. Et Amar Lasfar d’insister, aucun politique n’a jamais remis en cause le bien fondé de son action. La présidente du tribunal lui fait alors remarquer que malgré son soutien initial : »La maire de Lille, Martine Aubry, semble soutenir l’idée du double discours ».

Martine Aubry a effectivement longtemps soutenu Amar Lasfar. Mais a fini par comprendre le problème lorsqu’elle a vu les multiples invités problématiques. Comme par exemple Sheikh Salah Sultan, président du Haut Conseil islamique d’Egypte, membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche, et de l’Union internationale des savants musulman qui n’hésite pas à déclarer :

« J’appelle les jeunes à pratiquer des sports, et à renforcer leurs corps dans la préparation du Jihad. »

D’autres intervenants problématiques sont intervenus au lycée Averroès :

Omar Abdelkafi, longtemps interdit de résidence en Egypte a été invité à participer à un cours de sciences physiques, pas d’éthique musulmane. L’homme avait notamment déclaré sur une chaine satellite :

« celle qui sort les cheveux découverts au vu de tout le monde, celle-là aura commis un péché qui mérite le châtiment de la tombe et le châtiment au jour du jugement dernier »

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Hassan Iquioussen 

A propos d’Ataturk : « un Juif converti hypocritement à l’islam, toujours pour détruire l’islam et les musulmans de l’intérieur ».

« le Hamas, avec sa branche armée, fait du bon boulot ».

 « Les textes aujourd’hui le prouvent. Les sionistes ont été de connivence avec Hitler. Il fallait pousser les juifs d’Allemagne, de France… à quitter l’Europe pour la Palestine. Pour les obliger, il fallait leur faire du mal »

Ou encore Cheikh Mohamed Hassan qui est intervenu en septembre 2010 et qui explique que « la grippe porcine » ou « le sida » ne sont que les conséquences des choix des infidèles. «La communauté internationale n’est infectée que parce qu’elle s’est égarée de la voix d’Allah et du prophète. » Sur ce dernier intervenant, Amar Lasfar a nié sa présence malgré les multiples éléments.

Amar Lasfar est mal à l’aise lorsque Mohamed Louizi évoque les propos antisémites de certains intervenants du lycée Averroès, et se défend en évoquant l’existence d' »un ami » rabbin. A ce propos, les extraits où Soufiane Zitouni et Mohamed Louizi évoquent cet antisémitisme ne sont pas poursuivis par Amar Lasfar.

Autre personnalité qui a mis en cause le lycée : Bernard GODARD, islamologue en charge des questions relatives à l’islam au Ministère de l’Intérieur, ayant participé à la mise en place du Conseil Français du Culte Musulman. Il indiquait dans la presse concernant le Lycée Averroès, que « le cordon ombilical avec l’UOIF existe et qu’il y a une tradition antisémite chez les frères musulmans ».

Amar Lasfar a réussi à agacer la cour à plusieurs reprises en expliquant que « Amar Lasfar ne s’autorise pas à intervenir sur le religieux » ou encore que « Amar Lasfar n’a jamais reçu le rapport de l’inspection académique ». Rapport qui n’a pas été publié par l’éducation nationale parce que mettant en cause des individus comme l’a rappelé l’avocat de Libération. Seul un communiqué de presse a été rendu public. Le rectorat y déclare que si le lycée respectait « globalement » les termes de son contrat avec l’Etat, il existait une confusion entre l’enseignement d' »éthique musulmane » et la « philosophie ».

Questionné par l’avocat de Libération, Amar Lasfar a reconnu être fidèle aux « enseignements des pieux ancêtres », et ainsi s’inscrire dans le courant salafiste.

Après l’intervention d’Amar Lasfar, il semblait acquis pour la cour que l’homme jonglait avec les casquettes pour fuir toute responsabilité. Dans les couloirs, un des responsables des Frères musulmans dans le Nord entame une très discrète prière.

Viennent alors les témoins de l’association Averroès.

Tout d’abord François Burgat. Le compagnon de toujours impressionne la cour à qui il commence par expliquer que les musulmans non islamistes ne représenteraient que 2% du monde musulman. Puis il explique qu’il est contre la criminalisation des Frères musulmans, faisant comme si les accusateurs étaient en fait les victimes ! Alors que les victimes sont sur le banc des accusés.

Vient ensuite Eric Dufour, directeur adjoint du Lycée. Il se présente comme venu de l’enseignement catholique. Personne ne rappelle sa conversion pourtant publique à l’islam ce qui aurait pu un remettre en cause son statut de spectateur au dessus de la mêlée. Malgré un début de discours empli de compassion, il charge la jeune lycéenne exclue en expliquant qu’à sa connaissance elle ne venait plus en cours et qu’elle était radicale.

Le procureur a requis la relaxe pour Soufiane Zitouni et une condamnation pour Mohamed Louizi.

Verdict, le 6 décembre.News

LA RENTRÉE D’AMAR : TOUJOURS LE DÉNI !

La rentrée d'Amar : toujours le déni !

La rentrée d’Amar : toujours le déni !

15.09.2016Mohamed Louizi

Presque tous les 6 mois, Amar Lasfar a « pignon sur rue » chez Elkabbach (Europe 1). Ce matin, il était l’invité de la matinale. Je l’ai trouvé sur la défensive. Plus hésitant que d’habitude. Quelques éléments de langage, préparés à l’avance, ont eu beaucoup de mal à s’ insérer entre des réponses laborieuses. Ça sent la fatigue et la fin de regne !

A l’écouter, tout le monde est responsable : les politiques, les médias, les enseignants, les juges, les forces de l’ordre, les artistes, les agriculteurs, les femmes, les hommes, les terrestres, les extraterrestres … Tout le monde, sans exception, y compris Amar Lasfar lui-même. Un tout petit peu ! car il semblerait que grâce à lui, une dizaine de milliers de jeunes sont sauvés de « l’islamisation de la radicalité » : « Ouf ! On est sauvé ! Heureusement, il est là le Amar » comme dirait l’autre.

Mais à aucun moment, l’idéologie des Frères musulmans, que diffuse Amar Lasfar et ses « frères » et « soeurs » n’a été évoquée. Ni par lui (normal !) ni par Elkabbach (pas normal !) …

J’aimerais croire le « frère » Amar sur parole. Mais les faits sont les faits. Je ne vais pas refaire tout de même l’histoire du « frère » Amar, depuis que je le connais. Depuis 1999 ! Il y a de quoi écrire un deuxième livre au moins. Je rappelle simplement les faits de cette année :

– Qui a invité au RAMN de l’UOIF de Lille, en février 2016, des islamistes internationaux : jihadistes, homophobes et antisémites ? C’est … Amar Lasfar !

– Qui a récidivé, encore une fois, en invitant au RAMF de l’UOIF, en mai 2016, d’autres internationaux jihadistes et antisémites ? C’est … Amar Lasfar !

– Qui a dit, face à des journalistes en février 2016, au sujet de ces invités radicaux et sulfureux : « Ce sont des savants ! Je continuerai, je vous regarde dans les yeux à les inviter » ? C’est … Amar Lasfar !

– Qui a voulu faire « l’union », sous forme de conférence conjointe à côté de l’imam salafiste de Brest, Rachid Abou Houdayfa, en mars 2016 dans une mosquée à Roubaix ? C’est … Amar Lasfar !

– Qui élève Youssef Al-Qaradawi – celui qui a appelé au jihad armé en Syrie en juin 2013 et qui appelle dans son nouveau livre à appliquer ladite charia islamique – au statut de référence religieuse absolue et inégalée ? C’est … Amar Lasfar !

Enfin, qui continue à tendre le micro au « déni » personnifié pour « causer », de manière irresponsable, d’une triste réalité qu’il a contribué à envenimer, et à en entretenir le climat anxiogène ? C’est … Elkabbach et bien d’autres « éditocrates » … « fabricants du consentement  » ! Quant à Amar Lasfar, il peut prétendre que son organisation islamiste « immunise » les jeunes et les familles. La vérité est toute autre. Un exemple parmi tant d’autres, le fameux Sid Ahmed Ghlam, poursuivi pour assassinat et terrorisme enseignait la langue arabe dans une mosquée UOIF. Plus que ça, Le Canard Enchaîné avait même confirmé ses liens avec l’EMF (Étudiants Musulmans de France), la branche étudiante des Frères musulmans de l’UOIF à l’université ! D’autres exemples peuvent être cités qu’Amar Lasfar ne peut ignorer. A moins que …

Mohamed LouziNewsTribune

JAMAAT-E-ISLAMI (BANGLADESH)

Jamaat-e-Islami (Bangladesh)

13.09.2016La rédaction

Jamaat-e-Islami est un de plus important parti islamiste au Bangladesh .

Jamaat-e-Islami est actif et possède des succursales dans le monde entier d’ou il propage l’islam politique.

Ses membres coopèrent étroitement avec les Frères musulmans.

Une de leur principales campagnes a consisté à exonérer les responsable des massacres de 1971. 3 millions de civils, 200 000 viols et le déplacement en Inde de 8 à 10 millions de réfugiés ont été les victimes de la guerre menée par le Pakistan pour empêcher le Bangladesh d’accéder à son indépendance.

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Un Tribunal pour les crimes de droit international a été instauré en 2010 par le gouvernement bangladais pour enquêter sur les violations des droits humains de grande ampleur commises durant la guerre d’indépendance de 1971 dans le pays. Pour les islamistes, ces procès n’ont aucun lieu d’être. Amnesty International se félicite alors de ce tribunal et espère que personne en sera condamné à mort.

Maulana Motiur Rahman Nizami, le chef  of Jamaat-e-Islami, était aussi, pendant la guerre d’indépendance l’instigateur de la milice al Badr. Un groupe ultraviolent et pro-Pakistanais  responsable, entre autres du massacre d’intellectuels. Plusieurs dizaines d’écrivains, d’enseignants, de réalisateurs, de médecins et de journalistes ont été raflés par la milice le 15 décembre 1971 et exécutés. Ils ont ensuite été  retrouvés dans un marécage les yeux bandés et les mains attachées derrière le dos.

Condamné à mort pour crime contre l’humanité, Maulana Motiur Rahman Nizami bénéficié d’une campagne de soutien d’Amnesty International. Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. L’organisation milite en faveur de l’abolition totale de ce châtiment. Néanmoins, la déclaration de l’ONG, a été interprétée par Jamaat-e-Islami comme la preuve de l’innocence de leur leader.

Autre soutien du criminel contre l’Humanité,  Tariq Ramadan, qui reprend les éléments de langage l’organisation islamiste comme « soi-disant tribunal ». A aucun moment le prédicateur n’a un mot pour les 3 millions de civils, 200 000 viols et le déplacement en Inde de 8 à 10 millions de réfugiés. Il faut dire qu’il étaient considérés par les Pakistanais et leurs auxiliaires bengalis comme des sous hommes à éradiquer.

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En 2012 Jamaat-e-Islami publie un texte expliquant qu’il n’y avait aucun lien entre l’organisation et le terrorisme. Une déclaration tournée en ridicule par une génération de bloggeurs bangladeshi.

En marge du procès, Jamaat-e-Islami a été interdite au Bangladesh en 2013. Outre le fait que la plupart de ses cadres étaient responsables des massacre de 1971, plusieurs jeunes militants ont été impliqués dans des meurtres de bloggeurs.  Jamaat-e-Islami bénéficie toujours d’une assise importante grâce à son empire médiatique et peut déclencher de grandes manifestations qui peuvent bloquer le pays. En mai 2013, on assiste ainsi à des batailles rangées entre islamistes et forces de l’ordre.NewsOrganisations

Qui est Abdelfattah Rahhaoui, que défend tant le CCIF ?

Qui est Abdelfattah Rahhaoui, que défend tant le CCIF ?

07.09.2016

Le CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France) interpelle ses followeurs depuis le 30 août à propos du cas d’une école confessionnelle musulmane toulousaine hors-contrat, l’école Al-Badr, qui n’ouvrira pas ses portes à la rentrée. Le 20 juillet 2016, l’Education Nationale a mis en demeure les parents d’inscrire la centaine d’enfants dans un autre établissement. Le CCIF affirme :

« Aucun élément à charge valable ne justifie cette mise à l’index des autorités, si ce n’est que le directeur de l’école, Abdelfattah Rahhaoui, prend des positions critiques en direction des autorités locales, en tant que simple citoyen »

Le CCIF publie même une vidéo du directeur sur sa page Facebook. Le 5 septembre 2016, le CCIF demande à ses followers de mener une campagne de pression pour que l’école d’Abdelfattah Rahhaoui ouvre ses portes :

1) Relayez massivement cette information autour de vous, en partageant cet article.

2) Sur twitter, interpellez courtoisement et précisément l’académie de Toulouse (@actoulouse), l’Education Nationale (@EducationFrance) et la Ministre de l’Education Nationale , Najat Vallaud-Belkacem (@najatvb)

3) Contactez directement par téléphone le ministère de l’Education Nationale pour leur demander, dans un esprit constructif et de dialogue, des éclaircissements à ce sujet. (01 55 55 10 10)

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Un imam adepte des prêches sexistes et homophobes sur Youtube

A la fois directeur de l’école Al-Badr et Imam, Abdelfattah Rahhaoui est hyper actif sur les réseaux sociaux. Il multiplie les vidéos Youtube.

Abdelfattah Rahhaoui développe une vision ultra-conservatrice de la famille. Dans une vidéo de 2013, il fustige la « théorie du genre », qui permet de « choisir son orientation sexuelle », ainsi que le « lobby LGBT ». Avec des propos homophobes et transphobes, il accuse le gouvernement et même les non-musulmans de « pervertir les enfants », dans « un contexte social déjà pervers » et de présenter l’homosexualité comme une chose « normale », alors qu’ « Allah a détruit [les homosexuels] ». Il compare homosexualité et zoophilie, présente les ouvrages de Christine Boutin et Alain Escada. Il jure devant Allah de ne pas laisser faire le gouvernement, et invite ses auditeurs à en faire de même dans son prêche exalté.

Il intervient à la Rencontre Annuelle des Musulmans de France de l’UOIF au Bourget en 2015, dans une vidéo disponible en ligne, et est également présent à celle de 2016.

 Dans un sermon à la mosquée de Meaux en mai 2015, il affirme que les femmes sont obligées de se voiler :

« la femme [selon les autorités françaises] doit être épanouie, à l’école, mais puisque à l’école, on ne peut pas effectivement amener la femme avec son hijab, elle a le droit d’enlever son hijab. Quel droit puisque Allah lui avait donné cette [obligation] ? Et je le dis à tous ceux qui écoutent, à tous ceux qui regardent : le hijab est une obligation qui ne changera jamais ».

Il explique également que la seule religion qui n’a pas été inventée est l’Islam :

« Tout ce qui est christianisme ou judaïsme, comme beaucoup le disent, ce sont des religions qui sont descendues du haut des cieux, c’est faux, c’est faux. Ce sont des religions qui ont été inventées, qui n’ont pas été révélées. La seule religion qui a été, ou qui est, agréée par Allah c’est l’islam. C’est la première des choses avec laquelle je voulais commencer et entrer dans le sujet ».

Un imam surveillé pour des liens terroristes

L’une des raisons pour laquelle Abdelfattah Rahhaoui est surveillé, c’est qu’il est l’ancien professeur de religion de Souad Merah, sœur du terroriste Mohamed Merah, partie en mai 2014 avec son mari et ses enfants faire le djihad en Syrie. En 2012, elle se disait « fière » des actes de son frère Mohamed, et « penser du bien de Ben Laden ». D’après le Midi-Libre, sa radicalisation commence en 2001. Elle suit « assidûment » les cours de l’imam Abdelfattah Rahhaoui, qui la décrit en 2012 comme « une femme intelligente soucieuse d’apprendre sa religion, une mère attentionnée qui essaie de trouver sa place dans le pays dans lequel elle vit, préoccupée par l’éducation de ses enfants, et une grande soeur responsable ». Interrogé à propos des allusions à Ben Laden et à son frère, Abdelfattah Rahhaoui répond alors : «  Ces mots ne montrent que le côté noir de cette personne (…) c’est une femme d’une grande humanité, qui ne supporte pas les injustices. Elle est engagée pour la cause palestinienne et je suis d’accord avec beaucoup de ses engagements ». L’autre frère de Souad, Abdelghani Merah, dit voir en elle « une terroriste en puissance », qui lui a affirmé vouloir commettre un « attentat suicide dans le métro toulousain ».

L’ancien chef de la DCRI Bernard Squarcini indique que Souad et son autre frère Abdelkader Merah étaient perçus comme « plus dangereux que Mohamed » par les services de renseignement, avant qu’elle ne rejoigne la Syrie en 2014.

Abdelfattah Rahhaoui est mis en garde à vue du 30 au 31 mars 15 à la SRPJ de Toulouse pour « travail dissimulé dans son établissement » et « outrages aux inspecteurs du travail ». Il met cette garde à vue sur le compte de ses propos sur l’attentat de Charlie Hebdo qui déplairaient aux autorités, et annonce sa collaboration avec Alain Soral.

« Une interview sera réalisée très prochainement par ÉGALITÉ ET RÉCONCILIATION afin de mieux informer notre communauté et l’opinion publique sur ces différentes affaires en cours, et en la même occasion dénoncer des attitudes d’intimidation faites à l’encontre de beaucoup parmi les citoyens français de confession musulmane. Enfin de compte, et ceci reste mon intime conviction : Le citoyen musulman en France aujourd’hui a pris la place du juif d’hier ».

Le site d’Alain Soral publie alors son communiqué sur son site internet ainsi que son appel à un rassemblement devant le commissariat, non sans quelques accents complotistes « je vous invite tous chères sœurs, chers frères à diffuser très largement mon histoire pour la faire connaître à celles et ceux qui ne sont pas encore au courant car nous ne devons plus servir de bouc émissaire aux injustices électoralistes. Pour celles et ceux qui le peuvent, venez Allah y jazikum bil Kheyr affirmer votre indignation devant le commissariat de l’Embouchure à Toulouse et pour les autres invoquez ardemment le Tout-Puissant pour que je triomphe de cette oppression ».

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Abdelfattah Rahhaoui déclare à propos de Charlie Hebdo : « je reconnais la barbarie des attentats sans pour autant valider les ignobles caricatures fanatiques de ce journal. Par le Créateur, je ne me mettrai jamais à genoux, je ne céderai pas aux tentatives d’humiliation et je continuerai inchAllah à employer mes forces pour que les droits et l’expression des musulmans soient respectés ». Dans une vidéo Youtube, il interpelle « le recteur », qu’il décrit comme asservi, à condamner Charlie Hebdo :« quand Dieudonné a critiqué les juifs, il en a vu de toutes les couleurs ». Il prend également la défense de Siné : « quand on dessine contre les juifs c’est antisémite, mais quand on dessine contre les musulmans (…) c’est une liberté d’expression, avec les musulmans il n’y a aucune ligne rouge (…) le fait de dessiner [le prophète] c’est des kuffars, ce que a fait Charlie est condamnable ». Il continue dans sa rhétorique d’un deux poids, deux mesures : « allez dire aux historiens s’ils peuvent remettre en cause le chiffre de 6 millions de juifs massacrés ? ».

Fin 2013, Abdelfattah Rahhaoui publie une vidéo sur son compte Youtube, visionnée plus de 15 000 fois, intitulée « IL ETAIT UNE FOIS EN FRANCE, JUIFS ET MUSULMANS… POURQUOI LES JUIFS SONT SI PUISSANTS ET LES MUSULMANS SI IMPUISSANTS? LA RÉPONSE VOUS ÉTONNERA… »

Cette vidéo est toujours disponible sur Dailymotion : https://www.dailymotion.com/video/x1a2vm0

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Il liste alors une série de personnalités juives ou supposées juives, dans les domaines scientifique et financier, et compare le nombre de prix Nobel reçus par des juifs et par des musulmans. Un extrait de Dieudonné sur le plateau de Thierry Ardisson alors qu’il vient d’être condamné pour son sketch antisémite est également diffusé, avec la question qui revient incessamment : pourquoi les juifs sont si puissants ? Rahhaoui donne sa réponse : les musulmans ont besoin d’être éduqués. La suite de sa vidéo est alors… un appel au don pour la construction de son école Al-Badr, avec des images de fillettes voilées.

Abdelfattah Rahhaoui est aussi  à l’affiche d’une conférence d’Egalité et Réconciliation le 26 avril 2015, aux cotés d’Alain Soral et de Jacob Cohen sur le thème : Juifs, chrétiens et musulmans, comment aller vers la réconciliation nationale ? Il annonce finalement qu’il ne pourra pas s’y rendre quelques jours avant.

Soutien de l’association salafiste Sanâbil

Abdelfattah Rahhaoui n’hésitera pas à apporter son soutien à l’association salafiste Sanâbil, dont le président est assigné à résidence à partir du 17 novembre 2015, en ces termes : « pourquoi le musulman en France aujourd’hui prend la place du juif d’hier ? Soutien à notre cher frère Bilal. A partager s’il vous plaît pour dénoncer l’injustice ».

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Sanâbil est une association créée en 2007 et présidée par Antho (Bilal) Bonamba, qui se présente comme une association de soutien moral, spirituel et financier aux détenus musulmans. Bilal Bonamba a étudié à l’Institut Qordoba du Caire, un Institut contraint de fermer en 2005 et nommé dans les rapports du renseignement français. Lorsque Fabien Clain, l’un des principaux bourreaux français de Daesh, était emprisonné en 2009, il communiquait avec « son ami »Bilal  Bonamba. Lorsque Mehdi Nemmouche, terroriste du musée juif de Bruxelles, était emprisonné en 2011, c’est à Sanâbil qu’il s’était adressé pour obtenir des textes religieux à propos de la taille de sa barbe et du voile intégral.  Bilal Bonamba rend également visite en prison à Sabri Essid, demi-frère de Mohamed Merah, emprisonné en 2009 pour quatre ans pour avoir tenté de rejoindre le djihad en Irak en 2006. A sa sortie de prison, Bilal Bonamba l’interviewe et poste une longue vidéo où il déclare « Notre frère Sabri a vécu l’épreuve de la prison. (…) Une pensée pour tous nos frères et nos sœurs emprisonnés en France et dans le monde. Tous nos savants derrière les barreaux… » Depuis, Sabri Essid a rejoint Daesh et apparaît dans ses vidéos de propagande, couteau à la main. L’association Sanâbil apparaît également dans le dossier des attentats de janvier 2015 : Amédy Coulibaly, sa compagne Hayat Boumedienne, ainsi que le djihadiste Mohamed Belhoucine et sa compagne se retrouvent notamment à l’automne 2014 lors d’un pique-nique organisé par l’association, alors que Mohamed Belhoucine avait déjà été condamné pour son rôle dans une filière djihadiste vers la région afghano-pakistanaise.

 La page Facebook de Sanâbil propose de faire la connaissance de « Wali » : « Connaissez-vous Wali ? Sans doute que non, c’est un de nos frères détenu depuis 1995 aux USA et à qui il reste encore neuf années à passer derrière les barreaux. L’un de ses fils est malentendant et n’a pu suivre une scolarité pour cause de paperasse administrative, une de ses filles est muette, et il a une grande de seize ans, Maryam. (…) On espère que ses messages vous pousseront à vous souvenir de nos frères sous les verrous et ne pas oublier d’invoquer Allah pour qu’Il les aide, et pourquoi pas, leur apporter votre soutien, Sanâbil en est un moyen. ». Sanâbil oublie de préciser que « Wali » s’appelle en réalité Wali Khan Amin Shah, est emprisonné pour terrorisme pour avoir participé à l’attentat manqué de Bojinka en 1995 qui devait faire exploser 11 avions de lignes, lancer un avion sur le siège de la CIA et tuer le pape Jean Paul II.

Bonamba est selon les services antiterroristes comme un « théologien et figure emblématique du salafisme en Ile-de-France, impliqué dans une filière d’acheminement vers la Syrie et mis en cause dans plusieurs affaires d’association de malfaiteurs, financement du terrorisme et apologie du terrorisme ».

Ce qui n’empêche pas Abdelfattah Rahhaoui d’apporter total soutien à Sanâbil, ni le CCIF d’appeler ouvertement à soutenir Abdelfattah Rahhaoui.

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