Hani Ramadan a été expulsé de France vers la Suisse en avril 2017, voyant ainsi ses nombreuses conférences prévues sur le sol français être annulées les unes après les autres. L’Union Française des Consommateurs Musulmans (UFCM) s’organise pour tenter de faire entendre sa voix à tous prix en France : le 14 octobre 2017 elle met en place une conférence avec retransmission en direct d’Hani Ramadan à la gloire de son grand-père, fondateur des Frères musulmans : « Hassan al-Banna, sa vie et sa pensée ». Les bénéfices sont reversés… aux frais de justice.
L’UFCM, créée en 2011, se présente sur son site web comme une organisation de promotion de consommation « éthique », avec quelques références altermondialistes, anticapitalistes, qui côtoient une rhétorique religieuse : « Le Créateur, qui a doté l’être humain d’aptitudes exceptionnelles, l’a également responsabilisé. Il doit ainsi s’opposer à tout ce qui pourrait pervertir et voiler les signes de la présence du Très-Haut. Et ces signes sont tout aussi présents dans notre propre être et dans les Textes révélés que dans le monde qu’Il a créé. »
Son bureau se compose de Samy Debah, fondateur du CCIF, ainsi que d’Abdessamad Habib, aux côtés de Zouhair Amri, Nabil Ennasri, Fateh Kimouche aka Al Kanz et Yamin Makri.
Sur les réseaux sociaux, l’UFCM poste essentiellement des vidéos de Tariq Ramadan (parfois en conférence conjointe avec Yamin Makri), des vidéos de l’imam Mohamed Minta, des appels au boycott d’Israël par le mouvement BDS, des manifestations pro-palestiniennes aux mots d’ordre douteux, ainsi que des conseils sur le marché du Halal via notamment le site Al-Kanz de Fateh Kimouche.
Une conférence avec le professeur Oberlin est organisée par l’UFCM en novembre 2015. Christophe Oberlin est un militant bien connu des milieux « antisionistes », il est un compagnon de route de Dieudonné (en 2016 il participe à son émission en ligne) et d’Alain Soral (il apparait de très nombreuses fois sur son site Egalité et Réconciliation, notamment par le biais d’interview).
On trouve aussi sur la page Facebook de l’UFCM des propositions de stages dans une « ferme agrobiologique musulmane », l’ilot des Combes, promue également par Pierre Rabhi via son association Le Mouvement Colibris. Des stages de survie en milieu naturel sont également proposés.
Ou quand l’UFCM réussit à réunir l’idéologie dure des Frères musulmans, avec un anticapitalisme soft, un écologisme tendance confusionniste, et un antisionisme douteux…
Aujourd’hui, samedi 14 octobre 2017, se tient la 6ème rencontre annuelle des musulmans du Havre. Cette rencontre est organisée par la très active association Havre de Savoir, qui relaie la prose des Frères musulmans en France. Récemment, nous avions épinglé Havre de Savoir pour avoir désigné les Yezidis comme des « adorateurs de Satan« , qualificatif utilisé par les djihadistes pour justifier leur exécution.
A la 6ème rencontre annuelle, nous retrouvons :
Ismahane Bouzidi, enseignante à l’IESH de Paris, dont l’écrasante majorité des responsables, et fondateur (Ahmed Jaballah) sont des cadres de l’UOIF.
Youssef Cherraj, imam à la mosquée Essalam du Havre
Sofiane Meziani, enseignant au Lycée musulman Averroès de Lille développé par l’UOIF. Sofiane Meziani fait ouvertement l’éloge du fondateur des Frères musulmans (« L’Histoire a tranché en faveur de Hassan al-Banna »). Après le massacre de Charlie Hebdo, il publie une tribune pour affirmer que les premières victimes de l’attentat sont les musulmans, et accuse le journal satirique de cultiver « l’abject ».
Mohamed Minta, imam malien et enseignant au lycée al-Kindi de Décines, dont le président Nazir Hakim était à l’époque de sa fondation vice-président de l’UOIF.
Le colloque anti-« islamophobie d’état, intitulé « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité ? » qui devait se tenir à l’université Lyon 2 le 14 octobre 2017 a t-il été annulé définitivement ou repoussé ?
Ce colloque était mis en place par la chaire “Egalité, inégalités, Discriminations” en partenariat avec l’Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité (ISERL).
La polémique autour du colloque a enflé sur les réseaux sociaux après l’annonce de ses participants, et notamment lorsque des militants laïques ont découvert qu’il y serait lu un texte préparé par Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la Laïcité. Aux côtés de quelques universitaires tels que François Burgat et Djaouida Sehili, ou d’avocat comme Gilles Devers, on retrouvait de nombreux militants associatifs habituels.
Pour n’en citer que quelques uns, nous retrouvons Khalid El Khadiri, trésorier de Participation et Spiritualité Musulmane (PSM), qui se réjouissait de sa participation à l’université d’Alliance Vita sous le thème « musulmans et chrétiens pour la défense de la vie ». PSM se fait le relai sur son site internet de Tariq Ramadan et du parti islamiste marocain Al Adl Wal Ihsane. Ismahane Chouder, membre de PSM et du Collectif Féministe pour l’Egalité est aussi présente.
Abdelaziz Chaambi, président de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) et cofondateur des Indigènes de la République, était également annoncé. Il y a quelques années, il comparait le Hamas à Jean Moulin, tout en soutenant le Hezbollah. Lors de l’affaire Salman Rushdie, il avait appelé à l’interdiction de son « livre qui insulte l’Islam« . Opposé au mariage pour tous, qu’il compare à l’inceste et à la pédophilie, il avait appelé à se rendre à la Manif Pour Tous. Aux dernières élections législatives françaises, il soutient des candidats du parti islamiste turc PEJ. Jamila Farah, responsable CRI, candidate PEJ aux élections, est également présente.
Souhail Chichah, connu pour avoir appelé à la « lapidation » de Caroline Fourest avant d’avoir saboté sa conférence à l’Université Libre de Bruxelles en organisant une « Burqa Pride », obligeant les organisateurs à annuler la conférence, devait être présent. Il a reçu une « Quenelle d’Or » de Dieudonné, avant de se brouiller avec lui, mais a toujours le soutien du PIR.
Et bien sur, le CCIF n’était pas en reste avec la présence de Yasser Louati, son ancien porte-parole, ainsi que Lila Charef, directrice exécutive du CCIF. Lorsque le CCIF a appris l’annulation du colloque, il a déposé référé-liberté pour obtenir la suspension de la décision de l’Université Lyon 2 « au motif qu’elle portait une atteinte grave et manifestement illégale à sa liberté d’expression et sa liberté de réunion ». Le juge des référés a rejeté la demande du CCIF le 9 octobre 2017.
Ce mercredi 12 octobre 2017, la présidente de l’Université Lyon 2, Nathalie Dompnier, s’est exprimée pour préciser les causes de l’annulation décidée par l’équipe de la Présidence de l’Université. Elle a reconnu que la Présidence avait du reprendre la main sur le colloque car le cadre universitaire impliquant une démarche scientifique n’était pas respecté : »un colloque universitaire suppose un certain cadre. On s’est d’abord posé la question d’amender le programme dans le sens d’un colloque de recherche. Mais c’était trop tard. On a préféré annulé ».
S’agissant des intervenants, sans rentrer dans les détails, la présidente a rappelé qu' »ils doivent être sélectionnés après un appel à communication, comme dans tout colloque ». Au delà du profil de ces militants associatifs, leur nombre important ici, et le fait qu’ils soient issus de la même nébuleuse semble être problématique. Nathalie Dompnier précise : « le colloque était porté en partie par des associations, sous la responsabilité de l’université. Ce n’est pas possible ».
Enfin, même si Nathalie Dompnier ne se prononce pas spécifiquement sur certains propos problématiques qu’ont pu tenir ces militants, elle s’interroge sur l’utilisation du terme « islamophobie » : « il faudra reposer la question de l’utilisation du terme d’« islamophobie ». Dans une démarche scientifique, il faut toujours se poser la question des catégories que l’on emploie ».
Ni annulé définitivement, ni repoussé officiellement, ce colloque aura démontré qu’il existe une volonté de la part des soutiens de l’islamisme d’investir le terrain universitaire, mais aussi une importante vigilance laïque sur le sujet.
La Commission Européenne a mis en place un Système de Transparence Financière qui permet à n’importe quel citoyen de savoir quels budgets ont été attribués à quels projets. Le bilan 2016 a ainsi été mis en ligne récemment sur son site internet.
On y apprend que l’Islamic Human Rights Commission (IHRC) fait partie d’un projet européen financé à hauteur de… 584 739 €. Intitulé « Countering Islamophobia Throught The Development Of Best Practice In The Use Of Counter-Narratives In EU Member States » (Contrer l’islamophobie à travers le développement de bonnes pratiques de contre-discours dans les pays membres de l’UE), il a pour bénéficiaires l’IHRC en collaboration avec cinq universités européennes (Leeds, Liège, Coimbra, Charles, et l’American College of Greece). Le but revendiqué est de collecter les discours « islamophobes » dominants dans plusieurs pays de l’UE et de comparer les contre-discours anti-« islamophobie » de ces pays pour identifier les « meilleures » pratiques. Le projet a débuté en janvier 2017 et s’achèvera en décembre 2018.
Qu’est ce que l’IHRC ?
L’IHRC est une organisation créée à Londres en 1997. Dans sa propre description, elle revendique « s’inspirer des injonctions coraniques qui obligent les croyants à se lancer en défense des opprimés », et cite la sourate 4 :75 du Coran.
En Angleterre, l’IHRC organise chaque année à Londres les al-Quds Day, instaurées en 1979 par l’ayatollah Khomeini. Ces journées, créées officiellement pour dénoncer le contrôle d‘une partie de Jérusalem par Israël, sont en réalité en Europe les plus importants ralliements des partisans du gouvernement iranien et du Hezbollah. Sur son site web, l’IHRC ne cache pas l’omniprésence de drapeaux du Hezbollah et des cris de ralliements « we are all Hezbollah », aux côtés des appels au boycott d’Israël. L’aile militaire du Hezbollah est pourtant considérée comme terroriste en Grande-Bretagne. En 2017, l’IHRC rassurait même directement sur son site web les participants en affirmant qu’il est possible de s’y rendre avec un drapeau du Hezbollah.
Ici, Massoud Shadjareh, président de l’IHRC, avec une écharpe du Hezbollah en 2002 :
Massoud Shadjareh n’hésite pas à rappeler son attachement à l’ayatollah.
Et Jeremy Corbyn, actuel leader du Parti Travailliste anglais, à l’al-Quds Day 2012 :
Depuis 2003, l’IHRC organise également les Annual Islamophobia Awards. En 2015, seulement deux mois après les attentats de Charlie Hebdo où douze personnes ont été massacrées, le journal satirique a reçu le prix de l’ « islamophobe de l’année ». Ayaan Hirsi Ali a déjà reçu ce prix de l’IHRC, tandis que l’académicien Richard Dawkins et l’ex islamiste repenti Maajid Nawaz ont été nominé.
En ce qui concerne la France l’IHRC a tout de même une favorite : Houria Bouteldja. Patronne du Parti des Indigènes de la République elle reçoit en 2014 le prix de la lutte contre l’islamophobie.
A la mort du Cheikh aveugle Omar Abdel Rahmane, chef spirituel de la Gamaa al-Islamiya, en février 2017, l’IHRC publie une lettre de condoléances intitulée « Le monde a perdu un homme de principes et de foi inébranlable ». Depuis plusieurs années, elle menait une campagne pour obtenir la libération du terroriste emprisonné depuis 1995 pour son rôle d’inspirateur dans les attentats du World Trade Center en 1993 et pour d’autres projets d’attentats à New York ou contre Hosni Moubarak.
En 2006, l’IHRC avait également exprimé des propos plus qu’ambigus à propos d’un autre islamiste, Abou Hamza al-Masri, figure historique du Londonistan qui a soutenu le GIA algérien puis al-Qaïda. Après sa condamnation, l’IHRC publie un communiqué de presse où elle se dit « attristée » du verdict, et se plaint d’un deux poids deux mesures entre la condamnation du terroriste et la relaxe d’un leader d’extrême-qui avait affirmé que le « Coran autorise le viol des non-musulmans ». En 2014, l’IHRC publiera un nouveau communiqué de presse en faveur d’Abou Hamza al-Masri pour s’opposer à son extradition au Etats-Unis où il sera également condamné.
En 2015, l’organisation pourtant plus favorable au Hezbollah affiche un soutien sans réserve au trésorier des Frères musulmans condamné pour incitation au meurtre : Khairat Al-Shater.
Récemment, le directeur de l’IHRC Nazim Ali a déclaré à propos de l’incendie de la Grenfell Tower de Londres :
« As we know in Grenfell, many innocents were murdered by Theresa May’s cronies, many of which are supporters of Zionist ideology », « It is the Zionists who give money to the Tory party, to kill people in high rise blocks…. Careful, careful, careful of those rabbis who belong to the Board of Deputies, who have got blood on their hands ».
(« Comme nous le savons à Grenfell, beaucoup d’innocents ont été assassinés par les amis de Theresa May, dont beaucoup sont des supporters de l’idéologie sioniste », « Ce sont les sionistes qui ont donné de l’argent au Parti Conservateur, pour tuer des gens dans ces immeubles… attention, attention, à ces rabbins qui appartiennent aux Conseils d’Administration, qui ont du sang sur les mains ».)
La Commission Européenne a tout de même accepté de collaborer avec l’IRHC pour un projet contre l’ « islamophobie » à hauteur de 584 739 €. On se demande bien quels coupables d’ « islamophobie » l’organe d’influence khomeiniste, pro-Hezbollah, anti- contre terrorisme, aux propos antisémites, anti-Charlie,… va accuser. Peut-être n’était-il tout simplement pas nécessaire de la part de la Commission Européenne d’introduire l’IHRC dans une instance aussi respectable et importante ?
Les 8 et 9 juillet 2017 s’est tenue à Londres, au prestigieux Centre Queen Elizabeth II, la Palestine Expo (ou Palexpo) 2017. L’association Friends of al-Aqsa (FOA) en est l’organisatrice. Parmi les soutiens affichés sur le site web de l’événement se trouvent la puissante National Union of Students (NUS) et la National Union of Teachers (NUT).
Plusieurs associations contre l’antisémitisme ont dénoncé cet évènement, notamment à cause de la venue d’Ibrahim Bham. Ce prédicateur sud-africain a déjà comparé Juifs et Chrétiens à des adorateurs de Satan. Il a aussi cité Goebbels pour assimiler les Juifs à des puces.
La FOA est dirigée par Ismail Patel, qui est également porte-parole de l’association British Muslim Associative (BMA). La BMA est dirigée par Mohammed Sawalha, ancien chef militaire du Hamas, reconverti en défenseur du Hamas au Royaume-Uni et en organisateur de flottilles pour Gaza au profit du Hamas. Ce n’est pas le seul lien entre la FOA et le Hamas. Une rencontre officielle a eu lieu entre Ismail Patel (à droite) et Ismail Haniyeh (à gauche), leader du Hamas.
En 2009, lors d’une manifestation pro-palestinienne, Ismail Patel déclare :
« Hamas is no terrorist organisation. The reason they hate Hamas is because they refuse to be subjugated, occupied by the Israeli state, and we salute Hamas for standing up to Israel » (Le Hamas n’est pas une organisation terroriste. La raison pour laquelle ils détestent le Hamas est parce qu’ils (les militants du Hamas) refusent d’être soumis, occupés par l’état israélien, et nous saluons le Hamas qui fait face à Israël »).
La FOA a également été épinglée pour avoir partagé des articles du négationniste Paul Eisen et de Gilad Atzmon. En 2015, la FOA fait un chèque de 10 000 livres pour Jeremy Corbyn.
C’est donc à la Palexpo 2017 organisée par la FOA que s’est rendu en conférencier vedette le célèbre prédicateur Tariq Ramadan. Il a commencé son intervention par remercier chaleureusement la FOA, en appelant les musulmans à prendre exemple de cette organisation pour exprimer leur point de vue.
Selon lui, les musulmans parlent de la Palestine de façon trop émotive, pas assez factuelle, pas assez politique. Il critique ensuite les personnes qui réduisent le conflit israélo-palestinien à un conflit de religion… c’est à dire selon lui les « personnes islamophobes », les « sionistes », mais jamais le Hamas, alors que son caractère religieux est inscrit dans sa Charte. Il est également habile de la part de Tariq Ramadan de conseiller à ses troupes de ne pas parler de religions dans ce conflit, afin d’éviter les diatribes antisémites qui ont caricaturé tant de supporters ou de militants du Hamas.
Il insiste sur la fait que selon lui c’est un conflit international, avec avant tout « une réalité économique connectée avec des corporations transnationales ici et là-bas, donc le soutien que nous avons de lobbys et de sionistes n’est pas politique, mais concerne l’argent, le business ! Le système néolibéral a les mêmes corporations qui soutiennent la sécurité en Israël et dans notre pays ! Des israéliens entraînent des britanniques ! ». Dans le même registre, Tariq Ramadan avait déjà affirmé de façon conspirationniste que l’insécurité dans les affaires de bavures policières était favorisée dans un objectif financier bénéficiant aux sociétés de sécurités. Ici, il s’agirait plus précisément de « corporations internationales israéliennes ».
Il fait le parallèle entre la condition des Palestiniens et le « féminisme intersectionnel » : il y a plusieurs facteurs à prendre en compte (international, sécuritaire, et économique avec les corporations).
Tariq Ramadan fustige la comparaison qui est faite entre les attaques en Israël et celles en Angleterre. Il ne s’agirait pas de terrorisme dans le premier cas… : « comme si al-Qaïda était comme le Hamas ou la résistance palestinienne, en disant que ce sont tous les terroristes ! Ce qu’on dit est qu’on condamne le terrorisme, mais qu’il y a une résistance légitime au terrorisme d’état ». Il dénonce « Cette façon de jouer avec le mot terroriste : hier tu étais un terroriste, aujourd’hui tu es un combattant de la liberté ! Comme ils ont fait avec Mandela ! ».
En décembre 2014, sur le plateau de LCI, Tariq Ramadan avait déjà affirmé que le Hamas n’est pas un mouvement terroriste, en le comparant au parti sud-africain de Nelson Mandela, l’ANC. Il avait également condamné le meurtre d’innocents, tout en louant la « résistance » du Hamas… qui passe pourtant bien par le meurtre d’innocents. Tariq Ramadan avait également minoré avec un sens aigu de l’euphémisme leur objectif de destruction de l’état d’Israël : le Hamas ne le désirerait « plus de la même façon ».
A la Palexpo, Tariq Ramadan appelle enfin à être plus « puissant » pour défendre la Palestine, en ayant notamment « plus d’intellectuels et de paroles académiques », de façon à avoir beaucoup plus de présence médiatique. Il décrit les médias mainstream comme frileux et trop susceptibles de l’accuser d’antisémitisme « alors qu’il ne le serait jamais ».
Pour conclure, il affirme que « la campagne BDS est notre dignité » : « si vous achetez chez eux, c’est que quelque chose manque dans votre humanité ! ».
Carla Parisi
Rappel : le Hamas se définit comme un mouvement puisant ses principes dans le Coran, et se battant au nom de l’Islam, avec pour objectif de détruire Israël. Sa charte a de nombreuses références et propos antisémites, et cite notamment Les Protocoles des Sages de Sion. Ses combattant ont pris pour cible aussi bien les militaires que les civils israéliens, à l’aide de roquettes mais aussi d’attentats suicides. Le Hamas est classé comme terroriste aux Etats-Unis, en Union Européenne, au Canada, au Japon, en Egypte,… et est banni en Jordanie.News
Tariq Ramadan republie en mai 2017 sur son site internet et sur les réseaux sociaux son analyse de la « Situation de la femme en Islam », issue de son livre Islam, le Face à Face des Civilisations (éditions Tawhid), publié en il y a presque 20 ans. Une occasion de revenir via ce texte sur la vision particulière de Tariq Ramadan conçernant les femmes[1].
Dans son ouvrage, Tariq Ramadan oppose les modes de vie, les valeurs occidentales, à un « nous », qui représente tantôt « les musulmans » dans leur globalité, tantôt les musulmans vivant en Europe. L’Islam, religion, est systématiquement posée face à l’Occident, simple zone géographique[2].
Tariq Ramadan décide que la libération des femmes dans le monde musulman, si elle existe, ne « sera pas le modèle de libération qui a eu cours en Occident ». Il parle de « société occidentale permissive », « trop moderne », de « dislocation du tissu social », de « crise profonde des valeurs », du « doute généralisé, au cœur du confort, quant au sens de la vie et à la réalité des repères ». Il propose, non sans ironie, d’introduire sa vision de l’Islam à l’Occident pour l’aider à « relativiser la fatalité du modèle et de la pensée uniques qui entraîne le monde vers plus d’égoïsme, plus d’individualisme, plus de finance… et un grand vide de sens et d’espoir ». Cette vision catastrophée du monde Occidental matérialiste et décadent n’est pas sans rappeler celle des ultraconservateurs évangélistes américains.
Pour Tariq Ramadan, l’origine de cette dépravation vient d’un renversement des priorités : « la vitesse » a pris le pas sur « le sens » en Occident, alors que « la civilisation de l’Islam ne peut se reconnaître dans cet étranger renversement des priorités ; par essence, elle mesurera l’évolution des sociétés à l’aune de leur fidélité aux valeurs fondamentales ». En ressort une image de pureté et d’authenticité associée à la « civilisation de l’Islam », en opposition à une image de décadence occidentale.
Cependant, Tariq Ramadan ne souhaite pas abandonner l’idée de « modernité » à l’Occident. Il opère à un véritable renversement de sens. Selon lui, les musulmanes qui, à condition de ne « rien renier de leur fidélité à l’Islam », veulent « participer à la construction d’une société nouvelle» sont « « modernes » sans être « occidentales » ». Il s’agit finalement pour les femmes de se comporter selon les principes islamiques fondamentalistes de Tariq Ramadan, sans toucher aux valeurs occidentales, pour créer une « nouvelle » société, et être qualifiée de « modernes ». Il se désole que l’Occident soit « sourd » à cette « modernité » islamiste, qui ne laisse pas le choix aux femmes musulmanes et qui leur interdit l’accès à la sécularisation et à la libéralisation des mœurs !
Les médias occidentaux sont plusieurs fois pointés du doigt par Tariq Ramadan. Ils feraient leur « Une » sur « la situation de la femme dans la société islamique ». Ils « rapportent, avec force publicité, les propos de femmes d’Algérie, d’Egypte, ou du Bangladesh, qui, opposées à l’ « obscurantisme islamique », pensent « comme ici » », ce qui serait la seule « qualité » de leurs discours. Sont directement visées Wassyla Tamzani, Mona Eltahawi, ou encore Taslima Nasreen. Tariq Ramadan caricature volontiers : « qui parle la « langue occidentale » est progressiste », pour essayer de discréditer les femmes qui tenteraient de s’affranchir du dogme religieux.
Penser la modernité via l’exemple de l’Occident, de la sécularisation, serait au final un « impérialisme culturel », une « dictature de la pensée ». Tariq Ramadan va jusqu’à accuser l’Occident de « relativisme culturel » dans la mesure où il accepterait plus facilement les coutumes islamiques dépassées, que sa vision de l’Islam ! Une ironie alors que Tariq Ramadan lui-même fait preuve de relativisme culturel en ne considérant les femmes musulmanes ou supposées comme telles qu’à travers le prisme d’une culture et d’une société islamique. Ou lorsque l’on sait que le relativisme culturel est le propre de ses partisans médiatiques, qui accueillent ses propos avec enthousiasme, ce qu’ils ne feraient jamais avec un fondamentaliste chrétien. Au final, Tariq Ramadan parle d’ « agression » et de « violence réelle subies » par les cultures non-occidentales à cause de ce « relativisme culturel », en mettant bien sur sous silence celles que subissent les femmes souhaitant sortir du cadre qu’il leur appose.
Pour Tariq Ramadan explique que le voile est une « obligation islamique », un « impératif » alors que le Coran ne fait jamais référence au voilement des cheveux. Le voile exprime pour lui « la volonté de la présence morale et exigeante sur le plan de l’activité sociale » ainsi que la manière de montrer aux hommes qu’elle « est un être devant Dieu qui impose le respect de son intimité avant toute inclinaison à la séduction par ses apparences ». Pudique, discrète, respectueuse, exigeante, avec un sens de la morale, la femme voilée pour Tariq Ramadan s’oppose aux autres femmes, éternelles séductrices.
Cependant, il n’est pas un partisan du voilement des femmes par la force. Il dénonce d’ailleurs les parents qui « imposent à leur enfant de s’en vêtir sans qu’elle n’en comprenne le sens ». Le problème n’est pas le voilement des femmes, ni vraiment l’acte de violence en lui-même, mais le risque de rébellion que l’utilisation de la force implique : « pour certaines femmes, il s’agissait soit d’obéir aveuglément dans la discrimination, soit de se révolter dans la transgression ». Il faut donc faire en sorte que les femmes portent le voile, sans utilisation de la violence pour désamorcer tout sentiment d’obligation, de discrimination, et tout risque de refus, qu’il nomme transgression.
Refusant également l’obligation du voile sans explication donnée à la femme, il trahit sa pensée en comparant le voile à une sanction : « c’est commettre la même réduction que celle qui consiste à appliquer immédiatement un arsenal de sanctions sur le plan social sans avoir entrepris de réformes profondes ». Ainsi, il admet que le voile porte en lui un caractère répressif envers les femmes musulmanes.
Tariq Ramadan n’oblige pas non plus les femmes à se voiler de façon immédiate et précipitée. Il se réfère aux premières musulmanes qui auraient porté un voile quinze ans après la révélation. A ce titre, porter le voile est considéré comme un « cheminement volontaire et désiré », une « maturation », un « processus à long terme », qui peut prendre plusieurs années, mais dont l’issue est certaine. Alors que les femmes musulmanes n’auraient pas le choix devant cet « impératif », il présente subtilement par la suite le port du voile comme « un choix de conscience ».
Enfin, Tariq Ramadan n’est pas non plus un partisan des traditions, plus culturelles que religieuses, qui oppriment les femmes. Il appelle à « abstraire l’essence du message de l’Islam des accidents de sa lecture campagnarde, traditionnelle ou bédouine ». Ces traditions, comme par exemple l’excision, ne sont en effet pas des prescriptions coraniques. Elles ont généralement rejetées par les Frères musulmans, parce qu’elles ne sont pas islamiques, parce qu’elles effraient, et parce que les rejeter permet de se placer en pratiquants du juste milieu.
Tariq Ramadan évoque les femmes musulmanes qui « au nom de l’Islam, demandent leur juste statut, leur libération ». Il décide que le statut et la libération des femmes passera uniquement par la religion, et par le refus « de façon déterminée » du modèle occidental. Sous couvert d’anticolonialisme, la sécularisation, la libération sexuelle, les droits des femmes, sont rejetées par reductio ad occidentum. Il va jusqu’à présenter les revendications des femmes uniquement par une demande de plus d’Islam : « on rencontre des musulmanes qui exigent des sociétés où elles vivent avec une fidélité, un respect, une application réelle des principes de l’Islam ». Parlant à leur place, il affirme : « elles sont persuadées que plus d’Islam, c’est plus de droits et plus de libertés ».
Pour accepter le voile, Tariq Ramadan recommande vivement la scolarisation et l’éducation religieuse des femmes : « elles ont le droit fondamental de savoir et c’est de là que naît la responsabilité devant Dieu et la société », « la formation religieuse des femmes sera fonction de l’instruction de base ». Puisque le voile qui couvre les cheveux n’est pas évoqué dans le Coran, on devine qu’il s’agit de leur faire lire ses propres écrits, ou ceux qui considèrent le voile comme un impératif. Sous couvert d’équité entre les hommes et les femmes, qui devraient tous deux savoir lire et écrire pour ensuite étudier l’Islam, les femmes doivent apprendre qu’il est une obligation de se voiler.
Tout comme pour les chrétiens intégristes, Tariq Ramadan ne parle jamais d’égalité homme-femme. Il parle d’ « égalité devant Dieu » et de « complémentarité sociale ». Et ça change tout. L’égalité devant Dieu est inscrite dans le Coran, et ne justifie rien d’autre que l’égalité de traitement par Allah. La complémentarité sociale est quant à elle l’antithèse de l’égalité homme-femme : il ne s’agit ni plus ni moins que de développer les stéréotypes féminins et masculins pour justifier de soi-disant aptitudes et responsabilités différentes en fonction du sexe.
Tariq Ramadan désigne d’ailleurs la priorité de « la musulmane » : « la priorité familiale ». Il assume la « hiérarchisation » dans les activités des femmes, avec la famille en premier, puis se fait encore passer pour un juste milieu en rejetant la famille comme seule activité possible pour les femmes. Il leur reconnaît le droit de « gérer leurs affaires, de travailler, de s’organiser, d’élire ou d’être élues sans que cela ne contrevienne à l’éthique islamique ni à l’ordre des priorités », donc dans un cadre bien défini. Tariq Ramadan parle à plusieurs reprises de « rôle social », « d’activité sociale », et de la « vie sociale » des femmes, en usant des stéréotypes de genre autour du rôle social, d’aide, de solidarité dont sont assignées les femmes dans la société. Notons également les expressions utilisées comme « la musulmane », « la femme en Islam », « l’identité musulmane », qui nient toute diversité et essentialisent les femmes autour d’une femme figée, uniforme et stéréotypée.
Au final, la libération des femmes, c’est « dans et par l’Islam », et en s’opposant aux « sociétés actuelles [qui] bafouent » les droits des femmes. Tariq Ramadan s’inquiète de la « quotidienne trahison » des musulmans. On pourrait rajouter que c’est également « plus » d’Islam. Avoir des droits, oui, mais dans un cadre strict, sans habitudes culturelles non islamiques, en portant le voile, « sans jamais oublier Dieu », et avec « application de la shari’a ».
Une inscription dans la plus pure pensée des Frères musulmans
Beaucoup de musulmans interprètent le verset du Coran « pas de contrainte en religion » comme un appel à pratiquer un culte plus spirituel que fait d’interdits et d’obligations. Tariq Ramadan a une toute autre explication : il affirme qu’il appelle à un « espace éminemment exigeant » pour l’enseignement religieux et la formation des musulmans et surtout des musulmanes. « Pas de contrainte en religion », si ce n’est celui d’apprendre les textes des intellectuels musulmans pro-voile, le plus souvent salafistes ou Frères musulmans, et de progressivement se couvrir les cheveux.
Tariq Ramadan appelle plusieurs fois dans son article à « réformer en profondeur ». On croit souvent que réforme rime avec modernité. Il n’en est rien. Il s’agit ici de réformer, vers plus d’Islam dans la société, vers un mélange du religieux et du politique, vers un Islam non plus traditionnel mais fondamentaliste. Le terme « réforme » est typique du vocabulaire des Frères musulmans pour embellir leur image. De nombreux partis politiques et associations en Somalie, en Mauritanie, au Koweit… issus de la Confrérie portent dans leur nom le mot « réforme », tandis que la quasi-totalité des partis politiques de la Confrérie à l’international appellent dans leur programme à la « réforme ».
Dans son ouvrage, Caroline Fourest rappelle l’activisme forcené de Tariq Ramadan contre la mixité à la piscine. Elle rappelle ainsi ce qui le met en colère dans une conférence sur les « Grands péchés » tenue à la Réunion : « Aujourd’hui, les piscines, à l’Ile de la Réunion, ne sont pas islamiques ! Certains hommes y vont quand même en disant ‘mais moi je protège ce que je dois protéger’ mais qu’est-ce que tu regardes à la piscine : tu peux pas y aller parce que ton regard est posé sur des choses que tu ne dois pas voir ! Parce que tu vas là-bas et forcément ça t’attire ! Donc il faut développer des lieux où c’est sain, où l’on aura des piscines tout en respectant nos principes éthiques ».[3] De même qu’il encourage très clairement les jeunes filles à ne pas participer à toutes les activités sportives : « Il n’est pas permis au femmes de faire du sport dans des conditions qui dévoile leurs corps aux hommes ».[4]
Une autre caractéristique de Tariq Ramadan et des Frères musulmans est la vision à long terme, sans précipitation. C’est par exemple ce qu’il préconise pour le port du voile : le porter, mais après une éducation religieuse qui amène à ce cheminement. De façon plus générale, Tariq Ramadan sait que réformer en profondeur nécessite du temps, les deux étant liés : « c’est s’engager à changer les choses de façon conséquente et sur le long terme ». Il conseille aux musulmans de faire preuve de patience pour être efficace : « cette patience dans l’action, qui est la très exacte définition du mot arabe sabr, doit d’armer de cette conviction qu’il est plus juste de s’approcher lentement d’un modèle que d’en maquiller précipitamment la forme ».
Dans les références de son article, Tariq Ramadan fait référence à trois « savants »… tous issus de la Confrérie des Frères musulmans. Il cite l’égyptien Abd al-Halîm Abû Chuqqa et son « excellent travail de recherche et de synthèse ». Abu Chuqqa a eu comme professeur Muhammad al-Ghazali, et comme source d’inspiration reconnue Yusuf al-Qaradawi. Ces deux derniers ont d’ailleurs, comme le rappelle Tariq Ramadan, préfacé ses six volumes sur les femmes. Al-Ghazali, ardent combattant de la séparation du religieux et du politique en Egypte, a longtemps écrit dans le journal des Frères musulmans. Il avoue de lui-même que dans son apprentissage : « Celui qui me marqua le plus, c’est le martyr, l’Imam Hasan Al-Bannâ ». Il ne tarit pas de commentaires élogieux à l’égard du fondateur des Frères musulmans : « Il n’y avait pas une seule minute, je dirais même une seule seconde, qui s’écoulerait sans qu’il ne serve l’islam ». Al-Qaradawi est quant à lui le célèbre leader spirituel de la Confrérie, ayant justifié les attentats-suicide et la mise à mort des homosexuels, adepte des propos sexistes, antisémites ou encore négationnistes.
Voici un aperçu, à partir d’un texte de Tariq Ramadan, de sa vision totalitaire des droits des femmes. L’Occident est caricaturé, dépeint comme décadent, pour mieux fustiger les libertés que les femmes y ont acquis. En parallèle, l’Islam et ses dogmes sont assimilés à la vraie liberté. Ce discours est destiné aux musulmanes, à son entourage, mais cherche aussi à séduire des anti-colonialistes dans les milieux de gauche. Quant au voile, il est présenté comme une obligation pour les femmes. Dans une rhétorique qui présente toujours le pire pour se présenter comme modéré, Tariq Ramadan infuse une pensée sexiste et figée dans le temps comme dans les possibilités d’évolution pour les femmes. Sa souplesse dans les modalités due à sa vision au long terme ne doit pas masquer sa rigidité sur les obligations sexistes envers les femmes (voile, rôle familial ou encore social). Son texte est au final un cas d’école de la pensée frèriste , qu’il s’agisse du fond, de la forme ou de ses références !
L’Association des Bleuets, à Marseille, regroupe deux structures. Une mosquée et l’Institut Malik Ibn Anas de Marseille. L’Association des Bleuets travaille en partenariat avec le CCIF. Ce partenariat figure même dans les objets de l’association. On peut y lire que l’Association des Bleuets lutte contre « l’islamophobie en partenariat avec le CCIF ». C’est donc une des structures où le CCIF peut pleinement dispenser son projet de société.
A partir de 2013, une permanence du CCIF se tient d’ailleurs dans les locaux de l’Association des Bleuets.
Le 29 mai 2016, le directeur du CCIF, Marwan Muhammad se rend à l’Association des Bleuets pour participer à une conférence pour « planter les graines de demain » :
En août 2016, une campagne de recrutement est organisée conjointement par l’association des Bleuets et par le CCIF à Marseille. Le but est d’y développer le pôle « anti-islamophobie » Dans un message du 9 août 2016, l’Association des Bleuets explique qu’elle a « besoin de bénévoles investis et disponibles pour cette année scolaire 2016/2017. » Notamment pour « réaliser des testing », et « mener des actions en justice ».
On retrouve autour de l’association des Bleuets les mêmes personnalités radicales qui gravitent autour du CCIF. Les conférences de Nader Abou Anas (invité vedette du dîner du CCIF) y sont relayées, l’imam Abdelfattah Rahhaoui (soutenu par une campagne du CCIF contre la fermeture de son école) vient y donner des conférences.
L’association des Bleuets tient régulièrement sur sa page Facebook des propos anti-chrétiens, anti-juifs, anti- «mécréants ». Certains sont des hadiths considérés comme non fiables par les théologiens, mais qu’importe, l’Association des Bleuets s’en sert pour distiller son refus d’une vie en commun.
Les mécréants selon l’association des Bleuets sont les personnes qui suivent les enseignements du Nouveau Testament, les chrétiens en somme.
« Sont mécréants ceux qui disent : «Allah, c’est le Messie, fils de Marie ! »
La Page Facebook de l’association explique que le but des non-musulmans est de les convertir.
» les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion. »
Ou encore : « Aujourd’hui, les mécréants désespèrent (de vous détourner) de votre religion : ne les craignez donc pas et craignez-Moi.«
Un autre post rappelle au croyants qu’ils doivent éviter de faire alliance avec les chrétiens et les juifs.
« Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs ».
Le 24 décembre 2016, quelques jours après l’attentat de Berlin, l’association des Bleuets franchit un pas de plus et appelle ouvertement sur sa page Facebook à combattre les mécréants à l’aide du Coran.
« N’obéis donc pas aux mécréants et combats-les avec le Coran. »
Le 14 octobre 2020, les Bleuets protestent contre la perquisition faite à Barakacity.
Le 18 décembre 2016 a eu lieu à la Bourse du Travail de Saint Denis la « Conférence Internationale contre l’islamophobie ».
Le discours général concernait la stratégie d’alliance entre associations, syndicats et partis politiques à l’approche des présidentielles en 2017, ainsi que des consignes de vote plus ou moins déguisées. Certains candidats, comme Manuel Valls, ont fait l’objet d’un bashing particulièrement virulent de la part des conférenciers.
Philippe Marlière, militant du mouvement Ensemble ! du Front de Gauche participait à la table ronde animée par Houria Bouteldja du Parti des Indigènes de la République : « l’islamophobie au cœur de la campagne présidentielle ». Il a affirmé que « s’il y a un communautarisme en France, il s’agit du néo-républicanisme laïciste, au cœur du champ politique actuel ». Un vocabulaire tout droit sorti de la droite cléricale du début du 20ème siècle. Pour lui, « l’islamophobie est un écran de fumée politique utilisé pour masquer l’échec patent [de nos politiques] sur les questions politiques et sociales ». Cette rhétorique complotiste, partagée par le CCIF, consistant à faire croire que le gouvernement français fomente et met en place des polémiques autour de l’Islam est contredite par les faits. S’il est indéniable qu’une certaine partie de la droite ou l’extrême-droite veut centrer leur campagne de 2017 autour de questions « identitaires » et souhaiteraient un retour des « valeurs chrétiennes », les récentes polémiques autour de l’Islam n’ont rien à voir et sont pas le fruit d’un complot du gouvernement. L’affaire du burkini d’août 2016, citée lors de la conférence, a d’abord explosé sur les réseaux sociaux, avant que quelques maires de droite ne souhaitent légiférer et que le gouvernement ne s’exprime. Philippe Marlière a ensuite directement plaidé pour « la mise en place d’accommodements » à la laïcité, qui différeraient en fonction des personnes, « comme pour les prestations sociales ».
Stéphane Lavignotte, pasteur protestant de Saint Denis, est intervenu lors d’une table ronde au nom du « christianisme social ». Il s’est dit militant au sein d’ « un mouvement du Front de Gauche » (qui est en réalité Ensemble! comme Philippe Marlière) et espère également que Philippe Poutou et Yannick Jadot auront assez de signatures pour se présenter en 2017. Il se plaint de ne pas assez entendre Tariq Ramadan s’exprimer en France et ajoute :
« il y en a assez de la diabolisation des intellectuels qui font du bien à la France comme Ramadan ! ».
Un lobbying en faveur du prédicateur intégriste controversé qu’il poursuit depuis plusieurs années. Stéphane Lavignotte, s’est aussi se dit « fier d’avoir témoigné en faveur d’Houria Bouteldja » lors de son dernier procès.
Ismahane Chouder a été la troisième intervenante. Représentante de l’association Participation et Spiritualité Musulmane (PSM), déjà épinglée pour ses liens avec le parti islamiste marocain Al Adl Wal Ihsane et le Cheikh Abdessalam Yassine, elle est également présidente du Collectif Féministe Pour l’Egalité. Fait étonnant, il se trouve dans la salle quelques porte-parole ou militantes d’associations LGBT visiblement fascinées qui n’hésitent pas à applaudir Ismahane Chouder, alors que Participation et Spiritualité Musulmane avait rejoint La Manif Pour Tous dès ses debuts… Ismahane Chouder a listé lors de la conférence « quatre figures emblématiques de l’Islam lorsque l’on parle des musulmans » qui seraient : les terroristes, les radicalisés, les réfugiés et les controverses (voile, halal, prières de rue). Evoquer ces sujets de société, qui peuvent interpeller chaque français en tant que citoyen serait donc… islamophobe. Ismahane Chouder a notamment affirmé que lorsque l’on dit « il faut lutter contre les djihadistes », cela veut dire lutter contre… les « musulmans ». Elle charge alors Manuel Valls, François Hollande ou encore Laurence Rossignol.
Olivier Besancenot a envoyé un message qu’Omar Slaouti (membre du Collectif Ali Ziri et tête de liste du NPA) lit au public. Il a dit « regretter de ne pas être présent à cette initiative essentielle » et parle d’un « imprévu personnel ». Olivier Besancenot affirme également de façon conspirationniste qu’ « avec l’islamophobie, la classe dirigeante a trouvé comment diviser la classe ouvrière, en instrumentalisant de manière sordide les attentats, et une situation internationale dont elle est largement responsable ». Pour Omar Slaouti, il est légitime de s’opposer aux institutions comme les « institutions européennes » : les jeunes « se méfient de manière rationnelle aux institutions, ce qui explique le Brexit ». Pour lui, cela « se traduit sous le gouvernement Valls (…) par l’utilisation de leviers pour centrer le discours autour de l’islamophobie, de la haine de l’autre (…) et pour pouvoir mener des guerres à l’extérieur ». L’état d’urgence est présenté comme « une arme de destruction massive pour les musulmans ».
La dernière table ronde s’intitulait « face à la répression de l’antiracisme politique et du mouvement social, quelles perspectives ? ». Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac, a félicité Houria Bouteldja pour son « excellent bouquin » à propos de son dernier ouvrage Les Blancs, les Juifs et Nous. Ce livre a pourtant été largement critiqué pour ses injonctions sexistes envers les femmes ou les sœurs d’ « indigènes » : « Il faudra deviner dans la virilité testostéronée du mâle indigène, la part qui résiste à la domination blanche » , pour l’essentialisation « virile et macho » des « indigènes », pour ses propos anti-féministes et identitaires : « j’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à mon quartier, à l’islam, à l’Algérie » ou pour ses éloges à l’homophobie de l’ancien président iranien : « Ahmadinejad, mon héros ». Verveine Angeli (syndicaliste) et Pierre Tartakowski (président de la Ligue des Droits de l’Homme) appellent à un rapprochement et à une convergence des luttes entre le syndicat Solidaire, les associations LDH, Attac, CCIF et les autres associations présentes au meeting (PIR, PSM, ALCIR, camp décolonial…). Marwan Muhammad du CCIF appelle le public et les organisations à venir « remplir » les tribunaux pour faire pression sur la justice lorsque le CCIF y est présent.
Sihame Assbague a affirmé elle-aussi que l’état d’urgence cible « les musulmans et les quartiers populaires ». Elle a appellé le public à « refuser le barrage républicain » lors des élections en 2017. Selon elle, l’élection de Donald Trump est due à « la suprématie blanche qui craint le déclin blanc », ce qui expliquerait également le succès de François Fillon à la primaire des Républicains, ou encore le fait que « Manuel Valls puisse vouloir se présenter avec tant d’entrain »…La preuve : ses combats sont « criminalisés », comme la marche de la dignité ou le camp décolonial qui ont été « attaqués de toutes parts », ou la page Facebook du Parti des Indigènes de la République qui est parfois « bloquée par le pouvoir et les organisations antiracistes traditionnelles ». Elle appelle les organisations de gauche à la rejoindre en donnant les conditions pour une alliance : « arrêter de critiquer le terme d’islamophobie », d’ « espérer le dévoilement des musulmanes grâce à l’éducation », d’ « incriminer les mecs des quartiers populaires », de « refuser le terme de racisme d’état », et de parler de « division et à la racialiation des luttes ».
Finalement, les conférenciers de salle de conférence de la Bourse du Travail de Saint Denis auront certainement réussi en une journée à faire passer à un public d’à peine 300 personnes leurs appels à ne pas voter pour certains candidats. Il paraît que c’est cela, la « lutte contre l’islamophobie » et l’ « antiracisme politique ».
Carla Parisi
Programme de la journée du 18 décembre :
9h30 : accueil Mot de bienvenue de la mairie
10h : L’islamophobie depuis les attentats Lila Charef (CCIF), M. Gomès (victime de l’Etat d’urgence), Stéphane Lavignotte (Pasteur), Mathieu Lopes (Survie), Alain Gresh (Orient XXI)
11h30 : De la politique de guerre au rejet des migrants Houssam El Assimi (collectif La chapelle Debout), Geneviève Garrigos (ancienne présidente d’Amnesty International), Jean Courtaudière (prêtre à St Denis et membre du service national des relations avec les Musulmans auprès de la conférence des Evêques de France), Christine Delphy (collectif anti-guerre), Karine Parrot (Gisti), Stathis Kouvélakis (universitaire)
Débat avec la salle
14h30 : L’islamophobie au coeur de la campagne présidentielle Ismahane Chouder (CFPE, PSM), Omar Slaouti (membre du collectif Ali Ziri), Amina Damerdji (doctorante), Philippe Marlière (universitaire)
16h00 : Face à la répression de l’antiracisme politique et du mouvement social : quelles perspectives ? Marwan Muhammad (CCIF), Sihame Assebague (Contre-attaques et camp décolonial), Said Bouamama (FUIQP), Verveine Angéli (syndicaliste Solidaires), Meriem Belhadj (Alcir), Thomas Coutrot (militant altermondialiste), Pierre Tartakowsky (LDH)
Débat avec la salle
18h30 : Conclusion : Omar Slaouti, Amal Bentounsi (UNPA)
Signataires de l’appel de la conférence :
AFD International,
ATTAC
Association des Marcheurs de 1983
Association Marocaine des Droits Humains section Paris/IDF (AMDH-Paris/IDF)
Association de Lutte Contre l’Islamophobie et les Racismes, Paris 20 ème (ALCIR)
Association des Travailleurs Maghrébins (ATMF)
Association Femmes Plurielles
Association Dell’Arte (Toulouse)
Association Radio Droit de Cité
Autre Maroc
Bruxelles Panthères
CAPJPO-EuroPalestine
Cedetim
Centre d’études postcoloniales de Lyon
Collectif des féministes pour l’Egalité (CFPE)
Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF)
Collectif des Enseignant.es pour l’Abrogation de Loi de 2004 (CEAL)
Collectif des Musulmans de France (CMF)
Collectif “Ni guerres ni état de guerre”
Contre-Attaque(s)
Convergence Citoyenne Ivryenne (CCI)
Coordination nationale Pas sans Nous
Droit à la différence
Ensemble!
Europe solidaire sans frontières (ESSF)
Fondation Frantz Fanon
Français & Musulmans
Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)
Front Antiraciste Alsacien
Identité Plurielle
Les Indivisibles
International Jewish Antizionist Network (IJAN)
Le 93 au coeur de la République
Mouvement du christianisme social,
MRAP de Saint Denis
NPA
Participation et Spiritualité Musulmane (PSM)
Parti des Indigènes de la République (PIR)
Politique et Islam
Reprenons l’Initiative contre les politiques de racialisation (RI)
Réseau pour une gauche décoloniale
Union Juive Française pour la Paix (UJFP)
Signatures individuelles
Verveine Angeli, syndicaliste
Marie-Hélène Bacqué, professeure des universités
Mounia Benaili, conseillère municipale PG à Juvisy
Boualem Benkhelouf, Maire Adjoint à Aubervilliers
Nadia Ben Moussa, conseiller municipal de Villeneuve St Georges
Mohamed Ben Yakhlef, conseiller municipal de Villeneuve St Georges
Amal Bentounsi (UNPA)
Adda Bekkouche, militant altermondialiste
Olivier Besancenot, NPA
Judith Bernard, enseignante, metteur en scène
Myriam Bouregba, actrice du dialogue islamo chrétien
Antoine Boulangé, enseignant, syndicaliste
Alima Boumediene Thiery, avocate
Marie-Hélène Bourcier, maître de conférences à l’Université Lille 3
Félicien Breton, activiste décolonial
François Brun, NPA
Omar Cheriguene, conseiller municipal de Villeneuve St Georges
Fethi Chouder, Adjoint à la Maire d’Aubervilliers, en charge de la Jeunesse
Françoise Clément, militante altermondialiste
Annick Coupé, militante syndicaliste et associative
Pierre cours-salies, sociologue, membre d’Ensemble !
Thomas Coutrot, économiste, militant associatif
Christine Delphy, féministe
Didier Epsztajn, bloggeur
Éric Hazan, éditeur
Hanane Karimi, doctorante en sociologie, féministe
Pierre Khalfa, militant associatif
Stefan Kipfer, professeur
Stathis Kouvélakis, universitaire
Léopold Lambert, rédacteur en chef de The Funambulist
André Landrain, militant antiraciste, soutien des migrants
Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire
Marie-Thérèse Lenoir, militantes anti-raciste et soutien aux migrants
L’organisation CAIR (Council on American-Islamic Relations), une des plus grandes association frèristes américaines, crée depuis des années des antennes locales dans plusieurs états américains. Ils aspirent à être les seuls représentants des musulmans américains. Au risque de faire en sorte que le grand public confonde « musulmans » et « islamistes » comme on a pu le constater lors de la dernière campagne électorale.
Le quartier général de CAIR est situé à Washington. Nous allons nous intéresser aux dirigeants de l’une des dernières antennes créées, CAIR-Massachusetts (CAIR-MA), instaurée en juin 2015, et dont le siège est basé près de Boston dans une école théologique.
John Robbins est le directeur de CAIR-MA. En parallèle, John Robbins officie à l’Islamic Society of Boston Cultural Center (ISBCC) où il organise des séances de lectures islamiques et des rencontres avec des auteurs d’ouvrage sur la pratique de l’Islam aux Etats-Unis.
CAIR-Massachusetts organise également de nombreux événements dans les locaux de l’ISBCC. Les deux entités partagent locaux et personnel. Le 16 octobre, CAIR-Massachusetts y invitait les musulmans à venir s’y enregistrer pour recenser les électeurs musulmans pour l’élection présidentielle. CAIR-Massachusetts propose aussi régulièrement des conférences pour l’orientation des étudiants musulmans ou autour de sujets de société.
L’Islamic Society of Boston dépend de la Muslim American Society (MAS), qui a été fondée par et pour les Frères musulmans, comme en témoigne son ancien secrétaire général Shaker Elsayed : « Ikhwan members founded MAS », littéralement : « des membres de la confrérie ont fondé la MAS ». Abdulrahman Alamoudi a aussi reconnu l’appartenance frériste lors de son procès. Youssef al-Qaradawi , leader spirituel des frères musulmans, a également été listé parmi les curateurs de la mosquée de l’ISB.
L’Islamic Society of Boston (ISB, qui comprend l’ISBCC et une mosquée) a été fondée en 1981 par des associations étudiantes musulmanes, dont MSA-MIT (voir plus bas) et par Abdulrahman Alamoudi qui en a été le premier président. Ce dernier est connu de l’administration américaine depuis les années 1990 pour apologie de groupes terroristes. En 1996, Abdulrahman Alamoudi appelait le Président Clinton à libérer le Cheikh Omar Abdel Rahmane, pourtant reconnu coupable dans l’attentat du World Trade Center de 1993. En 2000, il appelait ouvertement à soutenir le Hamas et le Hezbollah. Cela n’empêcha pas le président Bush de l’inviter à la Maison Blanche pour commémorer les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Il purge actuellement une peine de prison de 23 ans depuis 2004 pour sa participation à un complot de Kadhafi visant à éliminer via Al-Qaïda le Prince Abdallah d’Arabie Saoudite. Il a avoué avoir financé Al-Qaïda et le Jihad Palestinien Armé.
De nombreux prêcheurs de haine ont été invités par l’ISB.
En octobre 2015, Hussain Kamani, qui affirme que « l’homme doit assouvir ses besoins sexuels avec sa femme (…) ou avec une esclave qui lui appartient » et que « celui qui commet l’adultère doit être lapidé à mort », appelle les musulmans de l’ISB à « ne pas ressembler aux juifs » et à « battre leurs enfants » si ceux-ci ne prient pas.
Un autre invité de l’ISB, Abdul Nasir Jangda, légitime également l’esclavage : « l’esclavage dans l’Islam et vraiment différent et supérieur, moralement et spirituellement, à l’atroce et obscène esclavage transatlantique » et affirme le « droit divin d’un homme d’avoir ses désirs physiques satisfaits ».
En 2016, l’ISB recrute un imam-associé, Abdul Malik Merchant, qui considère le voile pour les femmes comme une obligation si elle ne veut pas être « kufr » (apostat) et qui affirme que l’homosexualité est un choix et que la Charia combat les hommes efféminés. Le New York Post rapporte que la librairie de l’ISB contient des livres de Sayyid Qutb, Frère musulman pionnier du djihadisme moderne.
Souhait Webb, alors imam de l’ISB, diffuse même en 2012 un programme pour les jeunes intitulé Young Muslim qui comporte l’étude de textes de Mawdudi, Hassan al-Banna ou encore Sayyid Qutb.
L’ISB a refusé de participer au programme d’Obama contre la radicalisation de 2015 intitulé « Countering Violent Extremism » alors que Boston faisait partie des trois villes pilotes au niveau national. Boston avait été choisie pour son fort taux de djihadistes d’al-Qaïda ou de l’Etat Islamique originaires ou ayant vécu dans la ville. Le directeur de l’ISB, Yusufi Vali, se défend en disant que ce programme « stigmatise les musulmans ».
L’ISB a été mis sous les projecteurs par la presse et le FBI en 2013 après les attentats du marathon de Boston lorsqu’il a été révélé que les deux terroristes, les frères Tsarnaev, avaient fréquenté la mosquée de l’ISB depuis 2009.
Tahirah Amatul-Wadud est membre du Conseil d’Administration de CAIR-MA et… de la Commission du gouvernement du Massachusetts pour les femmes. Elle a aussi été invitée à la Maison Blanche en 2015 au Bureau des partenariats confessionnels. CAIR a été listé comme terroriste par les Emirats Arabes Unis, mais l’administration Obama a systématiquement soutenu l’organisation.
Le 14 novembre 2015, elle participait en tant qu’intervenante à la Conférence Annuelle contre l’Islamophobie organisée par l’association Muslims Of America. Cette organisation a été fondée en 1980 par le Cheikh Mubarak Ali Gilani. Le Département d’Etat Américain a décrit le Cheikh Gilani comme en lien direct avec l’organisation Jamaat ul-Fuqra. Décrite comme une terroriste et comme « une secte qui veut purifier l’Islam par la violence » dans un rapport du Département d’Etat de 1999, interdite au Pakistan, plusieurs de ses membres ont été condamnés pour meurtre ou tentative de meurtre aux Etats-Unis et au Canada.
Tahirah Amatul-Wadud partage sur sa page Facebook des articles du Cheikh Gilani, comme l’article complotiste « Extreme Wahhabism is the Brainchild of British Intelligence Agency » qui affirme que les « services secrets britanniques » ont créé l’Etat Islamique, que le 11 septembre n’est pas le fait de Ben Laden mais d’ « insiders », que la tour 7 du World Trade Center s’est effondrée par « démolition contrôlée », que « Hitler et les juifs avaient une animosité mutuelle », qu’ « Hitler n’était pas un ennemi de l’Amérique », et que « les chiites ne sont pas des musulmans ».
L’association Muslims Of America a été épinglée plusieurs fois par l’Anti Defamation League pour des propos antisémites (« les juifs sont un exemple de Satan humains »), homophobes (« il existe des agents de Satan (…) immoraux (…) l’homosexualité en est un parfait exemple »), antichrétiens (« les chrétiens (…) croient en la suprématie et au pouvoir de Satan »),
Tahirah Amatul-Wadud est par ailleurs l’avocate du Cheikh Gilani.
Troisième dirigeant de CAIR, Nadeem Mazen est également membre du Conseil d’Administration de CAIR-MA… ainsi que conseiller de la ville de Cambridge.
Il a été dans les années 2000 président de l’association d’étudiants MSA-MIT (Muslim Students Association – Massachusetts Institute of Technology), alors que l’imam de l’association était Suheil Laher, un ancien dirigeant de l’organisation de charité islamique CARE international soupçonnée d’avoir levé des fonds pour des djihadistes en Bosnie, en Afghanistan et en Tchétchénie. Il ne faut pas confondre Care International fondé par Abdullah Azzam, qui n’existe plus, et Care International, une ONG fondée en 1945 aux Etats-Unis dans l’optique du plan Marshall avant de se diversifier. Suheil Laher a promu sur son site web le djihadiste Abdullah Azzam, mentor d’Oussama Ben Laden. Le journal allemand Spiegel décrit la MSA-MIT comme un repaire d’ « islamistes engagés ».
Nadeem Mazen a créé en 2014 MassMuslims, un site web et une page Facebook qui proposent des conférences avec des prédicateurs intégristes comme Omar Suleiman (pour qui l’homosexualité est « une maladie » et « un péché répugnant et honteux « ) ou Yasir Qadhi (pour qui la Shoah est une « propagande fausse »).
Nadeem Mazen a apparaît en 2014 dans une vidéo produite par le gouvernement américain créée pour « décrire » les musulmans américains. Il a par ailleurs annoncé son opposition au programme d’Obama « Countering Violent Extremism » créé pour lutter contre la radicalisation. Il considère que la lutte anti-terroriste du gouvernement Obama « cible les musulmans ».
Dalia Mogahed est une universitaire américaine née en Égypte en 1974. A la fois directrice de son entreprise de conseil spécialisée dans le Moyen-Orient, Mogahed Consulting, et directrice de recherche à l’Institute for Social Policy and Understanding, elle a été recrutée en 2009 par l’administration Obama comme conseillère au Bureau des partenariats confessionnels de la Maison Blanche. Elle a auparavant travaillé en tant que directrice exécutive du centre d’études musulmanes Gallup. Mogahed a également été invitée à témoigner devant la Commission des relations étrangères du Sénat des États-Unis sur l’engagement des États-Unis auprès des communautés musulmanes et elle siège au Conseil consultatif sur la sécurité intérieure du Département des États-Unis. Elle a ainsi rejoint Madeleine Albright et Dennis Ross comme une voix de premier plan dans le projet d’engagement entre les États-Unis et les musulmans. Elle est la première conseillère voilée de la Maison Blanche.
Le magazine Arabian Business l’a désignée comme la femme arabe la plus influente dans le monde, et le Centre Royal d’Etudes Stratégiques Islamiques a inclus Mogahed dans la liste des 500 musulmans les plus influents dans le monde. Elle a également été récompensée par le prix de l’Entrepreneur social arabe de l’année par l’organisation indienne Ashoka.
Dans son rôle en tant que scientifique Gallup, Mogahed a souvent été invitée comme commentateur dans les médias et les forums internationaux. Ses analyses ont été publiées dans le Wall Street Journal, le magazine Foreign Policy, le Harvard International Review, et de nombreuses autres revues académiques et populaires. Son auditoire comprenait des chefs d’État, des parlementaires du monde entier et des leaders religieux de toutes les confessions.
Elle se fait vraiment connaître en 2007 dans le milieu universitaire aux Etats-Unis en écrivant avec le compagnon de route des Frères musulmans américains John Esposito : Who Speaks for Islam?: What a Billion Muslims Really Think. Elle y expose sa propre vision de la Charia, qu’elle décrit comme universelle : « une boussole [morale] reflétant des principes valables à toute époque, qui ne peut être changée » et de la loi islamique qui en découle : « une carte qui doit se conformer à cette boussole ».
Lorsque le Président Obama la recrute deux ans plus tard, de nombreux universitaires, comme la spécialiste du Moyen-Orient Elham Manea, s’inquiètent : « ces lois [de la Charia] perpétuent les discriminations envers les femmes dans la famille ». Elle conclue : « Obama ne veut pas ressembler à l’ancien président Bush qui avait des vues unidimensionnelles, et il adopte alors des vues opposées, mais elles aussi unidimensionnelles ».
Sur la chaîne Al-Arabiya, elle décrit sa mission dans l’administration Obama : « mon travail est d’étudier les musulmans, la façon dont ils pensent et leurs idées ». Dalia Mogahed n’a jamais peur de façonner une « communauté musulmane », de parler en son nom, ni de prêter à tous les musulmans les mêmes traits, quitte à les essentialiser et à faire perdurer les stéréotypes. Sa nomination s’inscrit par ailleurs dans la politique du gouvernement Obama de faire émerger des leaders communautaires. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Al-Arabiya rapporte que Dalia Mogahed se donne également pour mission de chercher à « réduire le nombre d’avortements ».
Le site Islam Online, créé par le leader spirituel des Frères musulmans Youssef Al-Qaradawi ayant légitimé les attentats-suicides, parle de Dalia Mogahed comme d’une « success story aux Etats-Unis ». Interviewée sur ce site internet en avril 2009, elle affirme que le djihadisme n’a rien à voir avec l’Islam : « beaucoup ont dit que les terroristes ont détourné l’Islam. Je ne suis pas d’accord. Je pense que l’Islam est sans danger, et est prospère dans les vies des musulmans de tous les pays ».
En octobre 2009, elle est invitée au dîner annuel de l’association frèriste CAIR (pointée du doigt par le FBI car soupçonnée de liens avec le Hamas, et classée terroriste aux Emirats Arabes Unis). Elle semble avoir annulé sa participation lorsqu’il a été rendu public qu’elle partagerait son dîner avec l’imam Siraj Wahhaj, ancien partisan de Nation Of Islam, défenseur du Cheikh Omar Abdel-Rahman et de la lapidation, il considère « Allah comme supérieur à la démocratie », et est cité comme « unindicted co-conspirator » dans l’attentat du World Trade Center en 2003. Elle a toutefois participé au dîner annuel de CAIR en 2015, et est annoncée à celui du 17 décembre 2016. CAIR publie des articles élogieux sur Dalia Mogahed sur son site web, et n’hésite pas à la féliciter pour son rôle auprès du président Obama.
Toujours en octobre 2009, elle donne une interview à la chaîne anglaise Muslima Dilemna, qui appartient au parti politique Hizb ut-Tahrir (ou parti de la libération islamique). Ce parti milite ouvertement pour la mise en place d’un Califat mondial régi par la Charia. Face à deux militantes de Hizb ut-Tahrir qui défendent la Charia comme source de législation et qui affirment que la femme ne doit pas avoir de position de leadership, elle n’émet aucune contradiction, et affirme : « je pense que la raison pour laquelle tant de femmes soutiennent la Charia est parce qu’elles en ont une compréhension très différente de la perception occidentale. La majorité des femmes dans le monde associent la justice entre les sexes, la justice pour les femmes, avec la Charia ». Dalia Mogahed en profite pour dire à ses interlocutrices que son rôle est de « transmettre au Président et aux autres représentants officiels ce que les musulmans veulent ».
En 2010, elle décrit le mouvement Gülen comme un « mouvement inspirant pour les musulmans ».
En 2012, elle s’adresse sur Twitter aux soutiens de Bachar al-Assad en leur disant qu’il n’a pas de légitimité car « il ne peut pas assurer la stabilité, la protection des minorités, ni la résistance à Israël ».
En 2014, elle est l’invitée d’honneur du dîner du CCIF, aux cotés de Marwan Muhammad, Rokhaya Diallo, Houria Bouteldja, Rachid Abou Houdeyfa, Nader Abou Anas, Ahmed Jaballah, ou encore Nabil Ennasri.
Outre CAIR, Dalia Mogahed a également été intervenante pour d’autres associations reliées aux Frères musulmans :
Islamic Circle of North America, ICNA, (congrès de 2015)
Muslim American Society, MAS, (congrès de 2016)
Islamic Society of North America – Muslim Student Association, ISNA-MSA (annoncée au congrès de 2016 aux cotés de Tariq Ramadan)
Muslim Public Affairs Council, MPAC, (congrès de 2016)