QUAND LES FRÈRES MUSULMANS APPELLENT OFFICIELLEMENT AU MEURTRE DE MASSE

Quand les Frères musulmans appellent officiellement au meurtre de masse

31.05.2015 La rédaction

Depuis les années soixante, les Frères musulmans se présentent comme les victimes de régimes totalitaires et affirment qu’ils ne recourent jamais à la violence. Le Tweet ci-dessous émane du porte-parole de la Confrérie des Frères musulmans. Ces propos sont donc officiels. Le porte-parole dit clairement deux choses.

  1. Qu’il faut éradiquer d’Egypte tous les oppresseurs. C’est à dire le gouvernement et les opposants aux Frères musulmans, soit les millions de personnes qui ont manifesté contre le président Morsi.
  2. Qu’il faut appliquer la loi du talion. C’est à dire oeil pour oeil et dent pour dent.

De manière limpide, le porte-parole de la Confrérie des Frères musulmans vient d’appeler à l’élimination de tout opposant politique. Ces propos tenus uniquement en langue arabe n’ont pas étonné ceux qui connaissent bien les Frères musulmans. Eux savent que la Confrérie tient un double discours. Apaisé et diplomate pour les médias. Guerrier pour leurs fidèles. La stratégie du double discours fonctionne très bien. Aujourd’hui en Occident les Frères musulmans sont reçus dans les chancelleries. Ils bénéficient d’une aura dans les médias qui leur permet d’expliquer que les personnes qui les accusent d’être violents sont mal intentionnés ou encore, racistes.

Ce tweet est juste un rappel du réel.

Pendant des années nous avons dû expliquer, répéter… Parfois au risque de nos vies que la Confrérie des Frères musulmans est un mouvement politique autoritaire qui tue les libertés en prétendant les défendre.

Ce tweet, et plus largement ce site, n’ont que cette ambition, confronter les fantasmes à la réalité.

Porte Parole de la Confrérie des Frères musulmans

17 mai 2015

Maudites soient les paroles qui seraient dites à propos de cette position… Maudite soit toute tentative d’expression ou tout communiqué diffusé…Aucune voix ne doit s’élever au dessus de la loi du talion, aucune voix ne s’élève au dessus du sang des martyrs qui a été versé injustement à cause d’assassins auxquels il ne faut opposer que la loi du talion…Ne servirait avec eux qu’une révolution qui enlèverait ces têtes au dessus de ces corps pourris.

A tous les révolutionnaires d’Egypte, à tout révolutionnaire libre avancez vers tous les terrains égyptiens, avancez vers une révolution qui ne laisserait aucun oppresseur sur la terre égyptienne, avancez et révoltez vous, mettez vos linceuls sinon vous vous vêtirez des habits de l’humiliation
Je jure que ne sera pas vaine l’exécution de cette jeunesse pure et innocente et ne sera pas vain son sang…Et la révolution ne se taira pas jusqu’à ce qu’elle écrase tous les injustes… Gloire à la révolution et loi du talion envers les tueurs oppresseurs.

ZAMAN FRANCE ANNONCE LE NOUVEAU GALA DU CCIF

Zaman France annonce le nouveau gala du CCIF

30.05.2015 La rédaction

Dans un article du 4 mai 2015, signé par Fatma Pia Hotait, Zaman annonce le nouveau gala du CCIF. Celui-ci aura lieu, selon le site, le vendredi 29 mai au Pavillon Wagram.

« L’évènement, animé par Yassine Bellattar, comptera parmi ses 350 convives de nombreuses personnalités qui soutiennent la lutte contre l’islamophobie. Rokhaya Dialo et Houria Bouteldja seront présentes. »

Étaient aussi présent au dîner du CCIF :

Zaman est la version française de l’organe du mouvement Hizmet de Fethullah Gülen. Longtemps favorable à l’AKP de Reccep Erdogan, Zaman est devenu une des cibles du régime à partir de 2013.

FONDATION ISLAMIQUE DE LEICESTER

Fondation islamique de Leicester

26.05.2015 La rédaction

La Islamic Foundation de Leicester a été fondée en 1973 dans la banlieue de Londres. La Fondation publie les ouvrages de Mawdudi et de Qutb. Elle a aussi développé un institut : Marksfield Institute of High Education de Leicester. Pensé au départ pour faire en sorte que les étudiants musulmans de passage en Angleterre ne soient pas contaminés et n’oublient pas l’Islam, l’Institut s’est peu à peu transformé en base arrière destinée à promouvoir « l’ordre social islamique au Royaume Uni »[1]. La Islamic Foundation a été le fer de lance à la campagne contre Salman Rushdie. C’est elle qui servit de relai à la campagne lancée depuis le Pakistan par les réseaux Mawdudistes auxquels l’Institut est rattaché. Sur ordre de la Fondation islamique de Madras, elle a envoyé un kit d’action contre le livre jugé « blasphématoire » à la totalité des organisations musulmanes. Selon Gilles Kepel, cette campagne a permis aux Mawdudistes de devenir une force incontournable de la scène anglaise islamiste, connue pour son extrémisme et souvent dépeinte sous le nom de « Londonistan ».

Les références

Mawdudi développe une théorie de l’intégrisme. Il distingue le culte auquel il voue une importance moindre, puisqu’elle diffère selon chaque région. Et l’islam politique dont le but est la conquête.

« L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. (…) Le but de l’islam est d’instaurer un état fondé sur son propre programme et sa propre idéologie. (…) L’objectif du jihad islamique consiste à éliminer les systèmes non-islamiques et à les remplacer par un système islamique de gouvernement. L’islam n’entend pas limiter cette révolution à un seul état ou à quelques pays; le but de l’islam c’est de provoquer une révolution universelle. »

Sayyid Abul Ala Maududi (1903 – 1979)
[Jihad in Islam, Beirut, The Holy Koran Publishing House, pp. 6 et 22

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L’autre grand penseur la Islamic Foundation est Sayyid Qutb. Leader intellectuel des Frères musulmans à la mort de Hassan Al Banna. Pour Qutb, les Etats musulmans sont sortis de l’islam et seraient même retournés à la barbarie anti-islamique. Pour Qotb, il existe en terre d’islam des mécréants à combattre. Ce faisant, il excommunie (takfir) tous les musulmans qui n’adhéreraient pas à l’islam politique qu’il a choisi. Sayyid Qutb va même jusqu’à recommander aux enfants de couper les ponts avec leurs parents si ces derniers ne sont pas de bons musulmans. L’autre apport de Sayyid Qutb à l’intégrisme est la notion de « tyran apostat ». Si le chef de l’état n’est pas un musulman (au sens de Qotb), il doit être éliminé. C’est en suivant cette directive que Youssef Al Qaradhawi a réclamé la mort de Kadhafi, de Assad mais aussi des dirigeants chiites irakiens.

Pour Mawdudi comme pour Qutb, le jihad ne doit pas être défensif mais être utilisé pour libérer les hommes d’un joug anti-islamique.

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Les soutiens

Plusieurs universités ont apporté leur soutien à la Islamic foundation via son institut. C’est notamment le cas de la Newman University de Birmingham qui recommande ses cours sur la finance islamique et prodigue un diplôme commun. Plusieurs fondations offrent des bourses.

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Le prince Charles a même apporté une certaine caution à l’Institut de Leicester.

Dans son livre sur Tariq Ramadan, Caroline Fourest explique que le prédicateur a passé un an sur le campus dont les allées portent les noms de Qotb et Mawdudi. « Il remercie l’Institut pour cet enseignement en introduction de son livre Être musulman européen : « Si ce livre a pu être réalisé, c’est d’abord grâce aux excellentes conditions d’études que l’Islamic Fundation m’a offertes. Je tiens à remercier son président, le Pr Khurshid Ahmad, pour sa confiance, et son directeur, le Dr Manazir Ahsan, pour son accueil. »[2]

Il peut se montrer reconnaissant. Pendant toute cette année passée à l’Institut, il a reçu une bourse de 1000 livres sterling par mois et a été logé gratuitement. Les islamistes pakistanais qui lui ont fait cette offre travaillent depuis longtemps avec le réseau des Frères musulmans, notamment avec la librairie islamiste Tawhid qui sert de QG Lyonnais à Tariq Ramadan. Jusqu’ici la Islamic Fundation fournissait surtout la librairie Tawhid en lui offrant gratuitement des œuvres de propagande signées Qotb ou Mawdudi. Désormais, l’échange se fait dans les deux sens. La Fondation islamique la plus radicale d’Europe a tellement apprécié les œuvres de Tariq Ramadan qu’elle se charge de les faire traduire et diffuser en Angleterre.

[1] Képel Gilles, A l’ouest d’Allah, Paris, Le Seuil, 1994, p. 198

[2] Etre musulman européen, op.cit, p. 11 à 13.

CAGE / CAGE PRISONERS

Cage / Cage Prisoners

25.05.2015 La rédaction

Cage est une organisation qui soutient les victimes de la « guerre contre le terrorisme ».

Son directeur est Moazzem Begg, retenu à Guantanamo puis libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.

En 2010, Cage lance une campagne contre Gita Saghal, responsable femmes d’Amnesty International. La campagne, intitulée « Le problème avec Gita » est reprise par tous les tenants de la gauche pro-islamiste et l’accuse de rouler pour l’Amérique. En cause, ses demandes répétées à Amnesty de clarifier ses liens avec Moazzem Begg qu’elle dénonce comme soutien des talibans. Lasse, elle finit par claquer la porte d’Amnesty International. L’histoire lui donnera raison, puisque Moazzem Begg, a été remis derrière les barreaux en mars 2014 pour avoir financé des groupes terroristes. Il a ensuite été relâché.

Cage a récemment été critiquée pour avoir soutenu Mohamed Emwazi, alias Jihadi John. L’homme soutenu par Cage était décrit par Asim Qureshi directeur de recherche de Cage comme « un beau jeune homme », « extrêmement gentil, doux, la personne la plus humble que je connaisse ».

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Parmi les parrains de l’association : Lauren Booth, la belle-soeur de Tony Blair, convertie à l’islam ou encore Massoud Shajeree de la Human right Commission. Mais aussi la  Rowntree Charitable Trust, un fond quaker non-violent (£305,000). Ou encore la Roddick Foundation. Ces deux dernières fondations disent reconsidérer leur soutien à Cage.

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Le 18 juin 2016, une conférence avec Tariq Ramadan était annoncée.

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MOURAD DHINA

Mourad Dhina

25.05.2015 La rédaction

Mourad Dhina est né le 6 août 1961 à Blida en Algérie. Physicien, il fait sa thèse au MIT.

A partir de 1992 Mourad Dhina apparait plus fréquemment dans les action du Front Islamique du Salut (FIS). En 1993, Mourad Dhina échappe de peu à un coup de filet de la police française. Il travaille au Centre européen de recherche nucléaire (CERN) de Genève mais vit côté français. Il demande alors l’asile à la Suisse. L’asile lui est refusé, mais il a le droit de rester sur le territoire.

De 2002 à 2004, il est même le chef exécutif du FIS.

En octobre 2002, le Conseil fédéral a interdit à Mourad Dhina, chef du Bureau exécutif du FIS, parti aujourd’hui dissous en Algérie, de faire de la propagande depuis le territoire suisse, de justifier, prôner ou soutenir l’usage de la violence. L’homme avait déposé une demande d’asile en 1995, qui lui a été refusée.

Quand les journalistes cherchent à avoir la parole du FIS c’est vers lui qu’ils se dirigent. Le 19 mai 2005, alors qu’il est porte-parole du Conseil de coordination du FIS, Mourad Dhina, tout en assurant que le CCFIS « n’a aucun lien organique avec le GSPC de Hassan Hattab« , déclare à la « Tribune de Genève » que le CCFIS soutient « moralement toute action armée qui vise le régime armé algérien, dans la mesure où elle ne s’attaque pas aux civils ».

Selon plusieurs démocrates, journalistes et historiens algériens, il aurait participé au Front islamique pour le djihad armé (Fida), responsable de l’assassinat de centaines de journalistes, intellectuels, syndicalistes et personnalités politiques algériens. Lui, nie tout soutien à la violence.

En 2007, il co-fonde le mouvement Rachad qui plaide pour un changement pacifiste du régime algérien. Il est recruté par la toute jeune fondation Al Karama qui cherche à défendre auprès du Conseil des droits de l’homme, les victimes des régimes arabes et les victimes de l’antiterrorisme.

Il a été arrêté le 16 janvier 2012 à Orly. Il venait donner sa version du coup d’état de 1992. Il faisait alors l’objet d’un mandat d’arrêt international émis en 2003 par les autorités algériennes et l’accusant d’«avoir commis des actions terroristes à Zurich en Suisse durant les années 1997-1999». Suite à une importante campagne de soutien menée notamment par les Indigènes de la République, et à la défense de Maître Antoine Comte il ne sera pas extradé. Il restera néanmoins six mois à la prison de la santé.

En 2013, la Fondation Al Karama lance un prix pour la défense des droits de l’homme, essentiellement décerné à des militants islamistes et à leurs soutiens. Parmi les bénéficiaires les plus ambigüs, AbulElah Shyea, grand admirateur des terroristes d’Al Qaïda surtout quand ils frappent en Europe.

Quelques jours avant de recevoir son prix, AbulElah Shyea a posté un tweet sur les attentats de Fort Hood et de Boston et s’est réjoui de l’âge des terroristes.

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Dans la même lancée, il a déclaré sur sa page Facebook qu’il y a les «gangs juifs qui contrôlent l’Amérique». Le journal Le Temps a essayé de savoir s’il était opportun de donner le prix Alkarama pour les droits de l’Homme à AbulElah Shyea.

Réponse de Mourad Dhina, porte-parole de la Fondation :

«Nous condamnons ces propos. Mais il est dans une situation psychologique très fragile. Nous nous sommes posé la question de lui retirer le prix, mais nous avons estimé que son combat contre les drones était plus important que ce post.»

ABDERRAHMAN AL NUAIMI

Abderrahman Al Nuaimi

25.05.2015 La rédaction

Ancien professeur d’Histoire à l’Université de Doha (Qatar).

Al Nuaimi a participé à la création d’un certain nombre d’organisations humanitaires et des droits de l’homme, ainsi qu’à des instituts de recherche dans le monde arabe.

En 1998, il est arrêté par les autorités du Qatar pour avoir critiqué la « politique permissive » du Qatar, en matière d’alcool et du droit des femmes. Dans une lettre diffusée dans plusieurs journaux il a alors affirmé : « Ceci mènera à une promiscuité non islamique entre les sexes, les femmes à perdre leur véritable rôle et à se transformer en hommes. » (1)

Il a cofondé Al Karama en 2004. Une fondation régulièrement mise en cause pour ses liens avec Al Qaïda et ses admirateurs

En 2005, il lance la Global Anti-Agression Campaign (GAACavec 300 personnalités islamiques. Leur objectif est de résister à l’agression américaine et israélienne destinée contre les deux mondes arabe et musulman, et « rappeler aux croyants leur devoir de Nosra ou de jihad pour se défendre contre l’agresseur « dans le cadre de la légalité et des moyens efficaces ». (2)

Al Qaradawi fait partie des membres fondateurs de cette campagne ainsi que les Frères Musulmans soudanais, le mouvement salafiste Koweïtien et le président du bureau politique de Hamas, Khaled Mechaal. (3)

Le 18 décembre 2013, le département américain au Trésor à désigné Abd al-Rahman bin ‘Umayr al-Nu’aymi (Nu’aymi), « terroriste global ». Il est accusé de d’avoir apporté un soutien financier à al-Qaida, Asbat al-Ansar, al-Qaida Iraq, and al-Shabaab. Selon le site Algérie Patriotique Jabhat Al-Nosra ferait partie des organisations financées.

Parmi ces organisations terroristes financées par Abdul Rahman Omeir Al-Naimi :

Abderrahman Al Nuaimi aurait, selon l’administration américaine, transféré 600 000 $, en 2013, à Al Qaida via son représentant en Syrie Abu-Khalid al-Suri. Il est l’interlocuteur entre les donateurs dans le Golfe et l’organisation. En 2003 et 2004, il assurait le transport du matériel de propagande entre les groupe d’Al Qaida et la presse en Irak.

Il a aussi remis 250,000 à deux membres des Shebab Mukhtar Robow and Sheikh Hassan Aweys Ali.

Dans le communiqué de l’administration américaine on peut lire :

« Nuaimi est un terroriste financier basé au Qatar qui a fourni du matériel et de l’argent à Al Qaida en Syrie, en Irak, en Somalie et au Yemen depuis plus de 10 ans. (…) Il est (avec Humayqani) au centre d’un réseau de soutien qui finance et soutient le terrorisme ».

En 2014, la Fondation Al Karama est inscrite sur la liste des organisations terroristes par les Émirats Arabes Unis.  Abderrahman Al Nuaimi figure toujours dans l’organigramme de la Fondation en tant que membre fondateur.

  1. Qatar Frees Religion Scholar – AP 08/04/ 2001
  2. La Campagne contre l’agression mondiale – le message de la campagne – http://goo.gl/cG1Pq
  3. 300 personnalités islamiques ont lancé à partir du Qatar « la Campagne contre l’agression mondiale » – Al Bawaba en arabe 24/20/2005 – http://goo.gl/kTce

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AL-BANNAOUN (البناؤون) ET AL-QOTBIYYOUN (القطبيون)

Al-Bannaoun (البناؤون) et Al-Qotbiyyoun (القطبيون)

25.05.2015 Mohamed Louizi

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Deux principaux courants qui sont nés, à l’intérieur même de la confrérie, dès l’assassinat d’Hassan Al-Banna en 1949, qui ont pris forme depuis les années cinquante et qui continuent de coexister, malgré tout, et de rythmer la dynamique interne, avec des oppositions très conflictuelles – justement au sujet du recours systématique à la violence et aussi au sujet du culte secret – avec un rapport de force très déséquilibré, toujours en faveur des tenants d’un discours va-t-en-guerrier, que les cosmétiques langagiers, là-bas comme ici, n’arrivent plus à masquer.

Il s’agit, premièrement, du courant minoritaire, dit Al-Bannaoun (البناؤون), relatif à Al-Banna, un courant plutôt réformiste, modérément jihadiste et rejetant le takfirisme, représenté, dans une certaine mesure, par le deuxième guide-suprême Hassan el-Houdaybi et puis, plus clairement, par le troisième guide Omar el-Tilmisani.

Et deuxièmement, le courant majoritaire, dit Al-Qotbiyyoun (القطبيون), les Qotbistes, une branche dure de la confrérie, acquise à la pensée de Sayyid Qotb, visant le pouvoir politique, à tout prix, et vénérant le Jihad armé et l’usage de la violence, si nécessaire. Les têtes d’affiche de ce courant, tous ou presque, étaient, ou sont toujours, membre de la direction des milices de jeunes paramilitaires de la confrérie, connu sous le nom d’ « al-Tanzim al-Khas » (التنظيم الخاص), que fonda Hassan Al-Banna en 1940.

Depuis 1996, avec l’arrivée du cinquième guide-suprême, Mustafa Machhourle courant réformiste a été affaibli, mis à l’écart, et rendu très minoritaire par les qotbistes. Depuis, ce sont bel et bien les membres du noyau dur de ce courant qui ont poussé Mohamed Morsi à se présenter aux élections présidentielles de 2012, pour atteindre ainsi le but ultime, tracé dans le plan secret du Tamkine, découvert par la police égyptienne en 1992, à la marge de la fameuse « Affaire Salsabîl »,  chez l’un des qotbistes les plus redoutables. Il s’agit de Mohamed Khayrat al-Chater, qui devait être le candidat des « frères » en 2012 et que Mohamed Morsi a du remplacer, pour raison de casier judiciaire non vierge.

Toutefois, le plus qotbiste de tous, c’est l’actuel guide-suprême par intérim, qui a fuit l’Egypte, selon de nombreuses sources concordantes, à l’aube de la chute du régime des « frères », en 2013. Il s’agit de Mahmoud Ezzat, surnommé «L’homme de fer», ou « le chef de fil du courant qotbiste », ou le « Monsieur X des frères » ou bien « Le renard ». Il était le bras droit d’un certain Sayyid Qotb jusqu’à sa pendaison, en 1966.

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© ML

Aujourd’hui, il vit quelque part à Gaza, au Qatar, au Yémen, ou en Turquie. Les informations concernant son lieu de résidence actuel sont contradictoires. Ce qui est sûr et certain, c’est qu’il a fuit quelques part. Ses stratégies qotbistes, ses choix idéologiques et politiques sont, en partie, responsables du chaos égyptien actuel.

Cela ne justifie en aucun cas l’injustice et la barbarie des condamnations à mort des membres et responsables de la confrérie qui n’ont pas fuit leur pays. L’histoire retiendra les responsabilités effectives du régime corrompu en Égypte depuis des décennies, au moins depuis l’ère d’Hosni Moubarak, plongeant l’Egypte dans la misère généralisée. L’histoire retiendra le rôle des militaires dans l’instrumentalisation d’une colère populaire légitime, après un an de gouvernance islamiste inquiétante et très approximative, tâchée de nombreuses fautes incompréhensibles et insoutenables[21]. L’histoire retiendra aussi les responsabilités morales, des uns et des autres.

L’histoire retiendra certainement, enfin, la fuite de l’architecte d’un si très mauvais édifice, qui a fini par s’effondrer, tuant d’abord ses propriétaires. Il court, il court le « renard ». Il est passé par ici. Il repassera par là. Le « renard » est bien caché. Mais Mohamed Morsi, le président élu démocratiquement, puis destitué par un coup d’état militaire sanglant, est en attente d’une énième exécution, opérée par une « machine de la mort », coupant les têtes, en régime forcé, au vu et au su du monde entier.

Qui a énoncé, en premier, le but du Tamkine à tout prix ? Qui est responsable de semer la première graine de la violence dans la tête des « frères », et dès leurs jeunes âges? Qui a entretenu ensuite, cette jeune plante maudite ? Qui a continué à arroser cet arbre lugubre?

Mohamed Louizi

Hassan Al-Banna et la jeunesse (1/4)

L’EPÎTRE AUX JEUNES TOUJOURS ESSENTIEL SUR HAVRE DU SAVOIR ET CBSP-FRANCE

L’Epître aux jeunes toujours essentiel sur Havre du Savoir et  CBSP-France

25.05.2015 Mohamed Louizi

Force est de constater, effectivement, que le discours de Hassan Al Banna, prononcé, il y a presque quatre-vingts ans, dans une Égypte de l’époque, administré sous protectorat britannique, trouve toujours une résonance particulièrement intense, aujourd’hui même en France.

Sur le site « Havre du Savoir », géré par le « frère » Moncef Zenati, membre du bureau exécutif de l’UOIF et chargé de l’enseignement et de la présentation de l’islam, une traduction d’un extrait[19] sélectionné de cette épître, est disponible en accès libre. Cet extrait n’est qu’une annonce, un avant-goût. Pour plus d’informations à son sujet, il faudrait se rapprocher des « frères » chargés de la présentation de l’islam d’Hassan Al-Banna, dans chaque ville. Je ne ferais jamais ici le reproche à un « frère » de rendre publique un texte du fondateur de la confrérie, dont il fait parti, sur un site dédié à la vulgarisation de sa pensée, bien au contraire. Encore faudrait-il que cette affiliation idéologique et organique incontestable soit simplement assumée ! Je pourrais tout de même me demander pourquoi se limiter à traduire uniquement à un tout petit paragraphe, habillement choisi, d’un très long texte de dix pages, très explicite ? Pourquoi les visées stratégiques et les étapes, par exemple, n’ont pas été traduites ?

Par ailleurs, et c’est là où le constat est troublant et de nombreuses interrogations deviennent légitimes, c’est lorsque le directeur du « Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens » (CBSP-France), « frère musulman » à son tour, et membre très actif de l’UOIF, publie le 5 septembre 2014 sur son mur Facebook, un enregistrement sonore en arabe, diffusé par la chaine qatari Al-Jazeera, de l’introduction de cette épître d’Hassan Al-Banna, adressée à la jeunesse. Lorsque l’un de ses amis francophones lui demanda gentiment une « petite traduction ». Le directeur CBSP-France répondait qu’Hassan Al-Banna voulait insister sur le rôle de la jeunesse. Le directeur de cet organisme, officiellement à caractère caritatif, résumait le propos de son défunt guide-suprême en synthétisant à sa façon, je cite : « Tout simplement les jeunes, les jeunes, les jeunes, sont le ciment de toute civilisation, de toute renaissance, etc. ». Néanmoins, quel est le rapport entre le CBSP-France et Hassan Al-Banna ? Entre le CBSP-France et la jeunesse musulmane ? Entre l’humanitaire, l’idéologique et l’apologétique ?

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 © ML

Le 14 février, après avoir partagé la photo du président turque Erdogan, faisant le signe de ralliement aux « Frères Musulmans » d’Égypte, avec ladite « main de Rabia »  – ou les quatre doigts du Tamkine – le même responsable du CBSP-France, posta un mot et un lien.

Dans son mot, il disait : « Soutenons le lycée musulman Averroès de Lille » et le lien est celui de la pétition : « Avec Averroès »[20]. Le 17 février, il republia ce même message et ce même lien de soutien au lycée lillois. Le 18 février, il publia un article du site saphirnews en faveur du lycée. Toujours le 18 février, il publia à nouveau son message de soutien et le lien vers la pétition, et ainsi de suite ! Des choses restent très confuses dans ma tête, je ne comprends pas le lien entre le CBSP-France ; l’épître d’Hassan Al-Banna adressée aux jeunes, il y a quatre-vingts ans ; la main du Tamkine d’Erdogan et le soutien répétitif au « Lycée Averroès ». Y’aurait-t-il déjà un lien, direct ou indirect, entre une association caritative, pour l’aide aux palestiniens, et un lycée privé musulman sous contrat d’association avec l’Etat ? Y’aurait-il là un quelconque conflit d’intérêts ? Un débordement de l’idéologique sur l’humanitaire ? Ou une simple bienfaisance et solidarité avec les jeunes de la « bande » du lycée Averroès ? Comprendra qui voudra, me dit-on. Moi, j’ai ma petite idée.

Mohamed Louizi

Hassan al-Banna et la jeunesse 1/4

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HASSAN AL-BANNA : À L’ORIGINE D’UNE OBSESSION

Hassan Al-Banna : à l’origine d’une obsession

25.05.2015 Mohamed Louizi

Hassan Al-Banna (1906 – 1949) était professeur des écoles primaires durant presque dix-neuf ans. En parallèle avec ses fonctions dans l’enseignement, il commença sa prédication et fonda la confrérie des « Frères Musulmans » en 1928. Il quitta le chemin des écoles en 1946. L’éducation des enfants et des jeunes le préoccupait singulièrement. Cette préoccupation était excessivement manifeste chez ses « frères » contemporains. Elle l’est toujours chez ses successeurs, en Égypte, dans les pays arabes et en Occident.  S’adresser à ces tranches d’âge, à travers les parents, les instituteurs, mais aussi de manière directe, lors de rassemblements ou durant les colonies de vacances, cela représentait l’une de ses priorités capitales. Il considérait, durant toute sa vie, la jeunesse, y compris la très jeune jeunesse, comme étant l’avenir de son mouvement et de son projet islamiste.

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© ML

En effet, dans ses différentes épîtres, nombreux sont les passages dans lesquelles il abordait, longuement, la question de l’éducation de la jeunesse selon les préceptes religieux islamiques, et surtout suivant les fondamentaux de sa vision idéologique et de sa doctrine politique. Il y a même une épitre, de presque dix pages, professée vers la fin des années trente du siècle dernier, dédiée expressément à la jeunesse. Celle-ci commence ainsi :

«   Ô jeunes ! Une idée ne peut connaître le succès que si l’on y croit fortement ; que si l’on fait preuve de loyauté à son égard ; que si l’enthousiasme s’amplifie pour elle et que si l’on fait preuve d’aptitude  à se sacrifier et à œuvrer pour la concrétiser. D’ailleurs, ces quatre éléments fondamentaux, à savoir : la conviction, la loyauté, l’enthousiasme et l’action sont des qualités qui sont presque spécifiques aux jeunes. Car la base de la conviction, c’est le cœur intelligent. La base de la loyauté, c’est l’esprit sain. La base de l’enthousiasme, c’est le sentiment fort. Et la base de l’action, c’est l’ardente détermination. Toutes ces qualités ne se trouvent que chez les jeunes. C’est pour cette raison que les jeunes ont toujours été, par le passé comme aujourd’hui, dans chaque nation, le pilier central de son renouveau. Et dans chaque renouveau, ils étaient le secret de sa force. Et pour toute idée, ils sont les porteurs de son étendard. Dieu dit : « C’étaient des jeunes gens [les gens de la caverne] qui croyaient en leur Seigneur et que Nous avons fortifiés dans la bonne voie »[1] (La caverne) »[2].

Dans cette même lettre historique, Hassan Al-Banna expliqua à cette jeunesse ses devoirs et obligations, pour sauver la nation musulmane des dérives et des échecs. Il exposa, en des termes clairs, l’essentiel de sa vision stratégique lointaine, ainsi que les missions que cette jeunesse devait accomplir, pour atteindre les buts politiques recherchés par la confrérie.

2-_eleve_egypte.png Affaire Salsabil dans Associations

© ML

Ici, il rappela l’un de ses crédos essentiels, je traduis : « Nous croyons fermement qu’il n’y a qu’une seule et unique idée qui est capable de sauver ce monde tourmenté, d’orienter l’humanité perdue et de guider les gens vers le droit chemin. Une idée qui mérite que l’on y sacrifie nos vies, notre argent et tout ce que l’on possède, que ce soit des choses dérisoires ou bien très chères, pour la proclamer et l’annoncer aux gens, afin de les entraîner à l’embrasser. Cette idée est l’islam »[3].

Un peu plus bas, il dit : « Nous allons faire le Jihad pour concrétiser notre idée. Nous allons lutter pour sa cause durant toute notre vie. Nous allons appeler tout le monde à y adhérer. Nous allons tout sacrifier pour elle. Deux choix nous sont offerts, ou bien nous vivront dignes grâce à cette idée, ou bien nous mourrons dignes pour sa cause. Notre devise sera toujours : Allah est notre ultime but ; le Messager est notre exemple et guide ; le Coran est notre constitution ; le Jihad est notre voie ; mourir dans le sentier d’Allah est notre plus grand espoir »[4].

[1] Coran, 18, 13.

[2] Hassan Al BannaÉpîtres de l’imam martyr Hassan Al-Banna(en arabe), Dãr Al-Hadarah Al-Islamiyyah, p. 173.

[3] Hassan Al BannaIbid. p. 175.

[4] Hassan Al BannaIbid. p. 176.

ISLAMIC RELIEF

Islamic Relief

25.05.2015 La rédaction

Islamic Relief  est la plus grosse organisation humanitaire islamique. Son budget de 2013 est établi à 126 millions $ et elle est présente dans 30 pays.

Dès 2001, les activités de l’ONG posent question. On apprend en effet que l’ONG a accepté un chèque de Ben Laden de 50 000 $ et a accepté près de 60 000 $ d’autres groupes d’Al Qaida. L’organisation commence à avoir de sérieux soucis dans les pays ou elle intervient. Mais elle a toujours pu compter sur le Prince Charles pour légitimer son action. Le prince Charles vient régulièrement faire des interventions en faveur de l’organisation. En 20012004,  2009,

A Gaza, Islamic Relief est essentiellement composée de membres du Hamas.

A l’origine Islamic Relief a été cofondée en 1984 par Ihsan Shbib et Hany Al Banna, aussi mécène de Muslim Aid. Hany Al Banna a exprimé dans le magazine Emel son admiration pour Hassan Al Banna, le fondateur des Frères musulmans mais aussi pour Sayyid Qutb, l’homme qui revendiquait l’élimination des « tyrans apostats ». Un homme qu’il considère comme un visionnaire. Le nom de l’organisation est soufflé par Yusuf Islam, l’ancien chanteur converti. Un des administrateurs de Islamic Relief est Abdel Wahab Noorwali est aussi membre de WAMY considéré comme une organisation de financement d’Al Qaida. Mohamed Ashmawey devient le CEO de Islamic Relief en 2012. Il était auparavant directeur de Islamic Relief USA. En 2013, le directeur de Islamic Relief était ovationné à Davos.

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Parmi les administrateurs de Islamic Relief, on remarque Ibrahim El Zayat. Frère musulman allemand, il a été le représentant européen de la World Assembly of Muslim Youth impliquée à plusieurs reprises dans le financement d’Al Qaïda. Ibrahim El Zayat a co-fondé la Fédération des Organisations Islamiques en Europe, paravent des Frères musulmans. Il est aussi dans le Conseil d’administration de l’Institut Européen des Sciences Humaines (IESH) de Chateau-Chinon.En 2013, Islamic Relief a reçu de nombreuses subventions et dons. Parmi les plus intéressant :• Commission européenne : 2,3 millions $• Secours Islamique France : 2,1 millions $• Nations Unies : 6 millions $• Bahrain Royal Charity Organisation : 4,5 millions $
• Islamic Cultural Centre Panama  : 2,7 millions $• Islamic Development Bank : 6,7 millions $• Qatar Charity : 276 000 $• World Assembly of Muslim Youth : 55 000 $ Les Emirats Arabes Unis ont inscrit Islamic Relief  sur la liste des organisations terroristes.

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