Hani Ramadan a été expulsé de France vers la Suisse en avril 2017, voyant ainsi ses nombreuses conférences prévues sur le sol français être annulées les unes après les autres. L’Union Française des Consommateurs Musulmans (UFCM) s’organise pour tenter de faire entendre sa voix à tous prix en France : le 14 octobre 2017 elle met en place une conférence avec retransmission en direct d’Hani Ramadan à la gloire de son grand-père, fondateur des Frères musulmans : « Hassan al-Banna, sa vie et sa pensée ». Les bénéfices sont reversés… aux frais de justice.
L’UFCM, créée en 2011, se présente sur son site web comme une organisation de promotion de consommation « éthique », avec quelques références altermondialistes, anticapitalistes, qui côtoient une rhétorique religieuse : « Le Créateur, qui a doté l’être humain d’aptitudes exceptionnelles, l’a également responsabilisé. Il doit ainsi s’opposer à tout ce qui pourrait pervertir et voiler les signes de la présence du Très-Haut. Et ces signes sont tout aussi présents dans notre propre être et dans les Textes révélés que dans le monde qu’Il a créé. »
Son bureau se compose de Samy Debah, fondateur du CCIF, ainsi que d’Abdessamad Habib, aux côtés de Zouhair Amri, Nabil Ennasri, Fateh Kimouche aka Al Kanz et Yamin Makri.
Sur les réseaux sociaux, l’UFCM poste essentiellement des vidéos de Tariq Ramadan (parfois en conférence conjointe avec Yamin Makri), des vidéos de l’imam Mohamed Minta, des appels au boycott d’Israël par le mouvement BDS, des manifestations pro-palestiniennes aux mots d’ordre douteux, ainsi que des conseils sur le marché du Halal via notamment le site Al-Kanz de Fateh Kimouche.
Une conférence avec le professeur Oberlin est organisée par l’UFCM en novembre 2015. Christophe Oberlin est un militant bien connu des milieux « antisionistes », il est un compagnon de route de Dieudonné (en 2016 il participe à son émission en ligne) et d’Alain Soral (il apparait de très nombreuses fois sur son site Egalité et Réconciliation, notamment par le biais d’interview).
On trouve aussi sur la page Facebook de l’UFCM des propositions de stages dans une « ferme agrobiologique musulmane », l’ilot des Combes, promue également par Pierre Rabhi via son association Le Mouvement Colibris. Des stages de survie en milieu naturel sont également proposés.
Ou quand l’UFCM réussit à réunir l’idéologie dure des Frères musulmans, avec un anticapitalisme soft, un écologisme tendance confusionniste, et un antisionisme douteux…
Lundi 31 octobre, ma consoeur Cécile Chambraud, chargée de la rubrique religion et laïcité au Monde, a livré une hagiographie de Marwan Muhammad, actuellement directeur exécutif du CCIF, dans laquelle elle adoube comme porte-voix des musulmans un islamiste patenté. Un exemple de journalisme à ne pas suivre.
Envoyée spéciale à Strasbourg pour un « dîner de gala » sur lequel elle s’attarde longuement, tout à son admiration des formes, C. Chambraud oublie de préciser avec quels fonds l’association invitante a pu dresser « richement » les tables pour « des élégants et des élégantes » venus assister à l’un des séminaires de « défense intellectuelle » dispensés dans tout l’Hexagone par Marwan Muhammad. Défense intellectuelle contre quoi ? Ma consoeur a peut-être oublié de poser la question. Je peux lui fournir la réponse.
Le Collectif contre l’islamophobie en France, par la voix de son directeur exécutif, qui fut aussi son porte-parole, est on ne peut plus clair sur les intentions qui l’animent. Depuis que l’association ADDH existe, c’est-à-dire depuis 2000, fondée par le président Samy Debah, président, donc, du CCIF – le nom et l’objet de l’association ont été changés en 2012, mais le nom CCIF est employé depuis 2003 -, le CCIF n’a eu de cesse de créer de fausses statistiques de l’islamophobie en France, dans le but de faire reconnaître ce concept – diffusé par les Frères musulmans en Europe – et non pas dans celui de défendre les musulmans dans leur ensemble des agressions qu’ils peuvent subir.
Le CCIF n’a jamais pris la défense de femmes musulmanes agressées pour avoir refusé le voilement, ou d’hommes attaqués pour n’avoir pas respecté scrupuleusement le ramadan.
Il prétend, depuis son association communicationnelle avec CoExister, défendre toutes les victimes de racisme ou d’antisémitisme, mais pas un article sur ce thème n’apparaît sur son site, ni sur les pages des réseaux sociaux du CCIF ou de Marwan Muhammad. Peut-être faut-il alos considérer que la présence de ce dernier au « camp décolonial » organisé l’été dernier par la mouvance des « racisés », Indigènes de la République en tête, justifie une telle promotion ?
Pour être « défendu » par le CCIF, il faut être une musulmane portant hijab ou niqab, un musulman orthopraxe, ou rien. Ce pourquoi la stratégie du CCIF a consisté, depuis 2003, lors des premiers débats sur le voilement des mineures qui allait déboucher sur la loi du 15 mars 2004, à affirmer que les femmmes musulmanes sont victimes en France à 80% au moins d’agressions physiques et psychologiques. Ce pourquoi le CCIF, après les tueries de Charlie et de l’Hyper Casher, a concentré ses tirs sur le ministère de l’Éducation nationale, qui se serait livré selon lui à des violences juridiques et policières contre des enfants musulmans. Ce pourquoi le CCIF a bataillé, après les tueries du 13 novembre, contre les perquisitions administratives.
Ma consoeur ignore probablement que le CCIF a frémi à la fin des années 1990, lors de réunions orchestrées sous l’égide de Tariq Ramadan, l’homme qui prône un « moratoire sur la lapidation », qui fut l’invité d’honneur de son premier gala, en 2012, en compagnie de son frère Hani, l’homme pour qui une femme non voilée vaut deux euros.
C. Chambraud dresse un portrait si orienté du propagandiste Muhammad qu’il en est ridicule. Ainsi, l’applaudimètre est au beau fixe. Ainsi, M. Muhammad est rigolo. On croirait lire le compte rendu d’une émission de divertissement. Comment peut-on rester sérieux en apprenant que Monsieur CCIF renverrait à nos compatriotes musulmans une « image restaurée » d’eux-mêmes, lorsque l’image qu’il donne est celle de l’intégrisme ?
Oui, celle de l’intégrisme, car les liens sont établis entre le CCIF et des figures connues du frérisme et du salafisme à la française. Que penser, donc, d’une professionnelle spécialisée en « religion et laïcité » qui méconnaît les idéologie à l’oeuvre dans ces courants de l’islam de France ?
Pour être confortée dans son jugement, ma consoeur interroge… Marwan Mohammed, un sociologue proche… du CCIF, dont le constat qu’il semble faire correspond tout simplement au turn-over médiatique des Frères musulmans : « Il prend peu à peu la place de leadership de l’islamologue Tariq Ramadan ». Outre que Tariq Ramadan n’a d’islamologue que le titre usurpé, oui, Marwan Muhammad (le directeur du CCIF), notamment, est amené à remplacer Tariq Ramadan auprès des médias, un peu grillé, sans doute, par les révélations de Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Assurer la vente du frérisme dans les médias ne signifie pourtant pas représenter les musulmans, sans quoi, n’hésitons pas à affirmer que Robert Ménard représente les Français, ou Civitas les catholiques de France.
Au passage, il est à saluer une remarque objective : les hauts cris de cet été sur l’interdiction du burkini n’auront conduit à rien, sauf à asseoir la notoriété du CCIF et à remplir ses caisses. Sur ce point, je rejoins C. Chambraud : les arrêtés et les discours enflammés ont produit un miracle que le collectif n’attendait sans doute pas.
« On a reproché, écrit-elle aussi, à Marwan Muhammad d’avoir tenu – ce qu’interdit l’article 26 de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat – une réunion à caractère politique dans la mosquée de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), fin août, le lendemain du jour où deux jeunes femmes voilées ont été refoulées du restaurant Le Cénacle. » La réponse de l’intéressé vaut son pesant : « Je n’ai rien dit de différent de ce que je dis depuis six ans, commente-t-il. L’islamophobie n’est pas seulement une question juridique. C’est aussi une question de participation politique. »
Si l’on s’en tient à l’absence de commentaire de C. Chambraud à la suite de cette réponse, peu importe la fin pourvu qu’on ait la liesse. Si Marwan Muhammad déclare que l’islamophobie est aussi une question de « participation politique », alors la politique a droit de cité dans les mosquées !
Quant à la « sphère musulmane militante » à laquelle est affilié le CCIF, il s’agit d’une sphère islamiste, celle du blogueur Al Kanz et de l’association salafiste BarakaCity, tristement célèbre pour avoir honoré de sa présence le Salon de Pontoise en septembre 2015, recueillant le fruit de ventes sans tenir de caisse, selon des témoins sur place, et effaçant du trombinoscope sur son site le visage de ses collaboratrices.
Tenue de donner un tantinet la parole à la contradiction, ma consoeur note que les « détracteurs s’étranglent », considérant que nous serions en quelque sorte des fous furieux avalant leur médisance de travers, alors même que les discours dangereux et les manipulations nocives du CCIF sont attestés et circonstanciés. Mais mieux vaut en effet considérer les laïques qui informent, ou le préfet Clavreul, si malmené dans cet article alors même que son travail de terrain apporte une lumière indispensable sur les réalités en France, et alors même qu’il traite avec autant de sévérité les actes antimusulmans que les autres, comme, au fond, de grands jaloux.
L’État français aussi doit être un grand jaloux, que conspue Marwan Muhammad – tout en déclarant chez Thierry Ardisson que la France n’est pas islamophobe -, rappelant l’existence d’une « islamophobie d’État » dont tous les indicateurs enseignent qu’elle est totalement fantasmée.
Le danger d’un tel discours est tel que même Adballah Zekri, pourtant peu avare de critiques envers l’autorité publique, alerte, et ce, dans des propos rapportés dans ce même article : « En ajoutant aux actes antimusulmans les discriminations, on affole les musulmans et on fait passer tous les Français pour des antimusulmans, assure Abdallah Zekri. Attention de ne pas mettre feu à la baraque ! » Le « feu à la baraque », telle est en effet l’ambition du CCIF. Et si A. Zekhri le dit, c’est que le torchon brûle, en raison même de la propagande du CCIF.
Comment s’expliquer, alors, que ce portrait donne de l’intégriste l’image d’un mec sympa, d’un humaniste ? La manoeuvre est aisée : effacez la zebiba (cette marque au front prouvant votre assiduité aux prières) d’un coup de gomme Photoshop, apprenez à vos lecteurs que votre protégé déteste Zemmour ou Copé, et votre protégé sera considéré comme un défenseur des droits de l’homme. Le tour est joué.