TARIQ RAMADAN AU SÉNÉGAL

Tariq Ramadan au Sénégal

16.08.2016Carla Parisi

Tariq Ramadan est intervenu au Colloque International des Musulmans de l’Espace Francophone (CIMF) du Sénégal en 2013. Comme il le fait régulièrement depuis les années 90.

Voici une partie du discours de Tariq Ramadan au CIMEF :

« Si je viens au CIMEF et si j’y participe, et continue à faire tous ces voyages et à venir ici, c’est pour entendre des voix divergentes, pour entendre des voix différentes pour que nous établissions notre unité non pas dans l’uniformité mais dans l’esprit critique.

Et j’aimerais dire une chose, c’est que quand on voit ce qui est en train de se passer dans le monde majoritairement musulman, quand à l’heure où je vous parle, on voit ce qui est en train de se passer au Moyen-Orient, quand on voit ce qui se passe ici dans la région, et vous avez parlé du Mali, mais on peut parler de ce qui se passe à l’intérieur du Sénégal, on peut parler de ce qui se passe dans toute la sous région, comprendre aujourd’hui que nous ouvrons des espaces où on dialogue, où on est pour l’esprit critique, où on est pour le respect des opinions divergentes, c’est l’un des plus grands jihad de la pensée musulmane contemporaine. C’est en fait un jihad du dialogue, de la diversité et du respect mutuel. Pourquoi ? Parce que ce qui est en train de se passer sous nos yeux, c’est une formidable pression interne et externe pour nous pousser à la division, à la déstabilisation, et au conflit interne […]

Dire aujourd’hui que nous avons besoin d’un dialogue interne, c’est la plus grande résistance à ce que nous sommes en train de faire de nous-mêmes et dont nous sommes les premiers responsables. Les musulmanes et les musulmans sont les premiers responsables de leurs propres divisions, et de leur incapacité à s’écouter, à s’entendre et à dialoguer. Ce n’est pas l’Occident ; l’Occident n’est fort que de nos faiblesses. Il nous divise que parce que nous sommes divisables et il nous colonise que parce que nous sommes colonisables. »

Tariq Ramadan a souvent profité de ses voyages en Afrique et notamment au Sénégal pour y exprimer ses positions parmi les plus rétrogrades, notamment à propos des femmes comme la décrypté Caroline Fourest dans son livre Frère Tariq et que nous reprenons ici. Il a produit trois cassettes enregistrées lors de conférences au Sénégal dès 1998, intitulées « La femme musulmane. Réalités et espoir », « Islam et laïcité, compréhension et dialogue » ainsi que « le renouveau islamique ».

Dans ces cassettes, toujours disponibles, Tariq Ramadan affirme l’obligation islamiste de se voiler pour les femmes : « ce qui est demandé, c’est le port de ce qui couvre les cheveux et qui fait en sorte qu’on ne voit pas les apparences du corps », alors que le Coran ne parle que de se couvrir la poitrine.

Il enchaîne : « le voile est une obligation mais il ne peut faire l’objet d’une contrainte. C’est un acte de foi ».

Il dit respecter les femmes qui font le « cheminement » vers le voile, entendez le chemin tout tracé jusqu’au port définitif du voile. Son explication est toute trouvée : « s’il est demandé à la femme de porter le voile, c’est parce que le plus faible d’entre les deux, ce n’est pas la femme (…) c’est l’homme et que le regard de l’homme sur la femme est beaucoup plus fragile qu’en sens inverse, ce voile est une protection pour le plus faible d’entre les deux ».

Plutôt que de lutter contre le viol en éduquant les hommes, présentés comme incapables de retenir des pulsions sexuelles innées que n’auraient pas les femmes… Tariq Ramadan préfère voiler les femmes, par un tour de passe-passe qui vante une soi-disant force féminine pour les inviter à se montrer plus soumises.

Tariq Ramadan raille également le féminisme, occidental à ses yeux : « nous n’allons pas rentrer dans la logique qui s’est produite dans les pays européens où les femmes sont devenues féministes contre les hommes, et il y en a même qui ne voulaient plus saluer un homme parce que c’était l’ennemi, nous n’avons pas du tout cette logique ».

Personne ne saura de qui Tariq Ramadan veut bien parler, et son discours complètement mensonger pourrait faire rire si la manipulation façon « choc des civilisations » n’était pas si grave. Il décrit une société occidentale décadente : « quand nous voyons ce qui est en train de se passer dans le monde et vous en avez des exemples par télévision interposée, par la presse, où toute pudeur est oubliée… quand la pudeur est oubliée, c’est fais ce qu’il te plaît, et quand tu fais ce qu’il te plait, il n’y a ni valeur, ni limite, ni sens, il y a permissivité totale ».

Tariq Ramadan assure aussi la promotion du « féminisme islamique », en précisant : « cela ne veut surtout pas dire que pour une femme libérée, il faut forcément ressembler au modèle de libération de l’Occident (…) nous devons apporter un nouveau modèle de présence féminine, dans son être et non pas dans son apparence, dans son intelligence, et non pas dans sa séduction ». Il met en garde : « dans notre société, on voit se développer des discours féministes qui sont des discours empruntés à l’extérieur de notre référence, vous voyez des jeunes femmes qui sont extrêmement négligentes avec elles-mêmes dans leur foi et vis-a-vis de Dieu », et conclut : « Malheur à ceux qui tiennent un discours de libération et qui s’enferment dans l’oubli de Dieu ! ».

Tariq Ramadan, toujours devant son auditoire sénégalais, vante l’exemple du Pakistan, où « la mobilisation des femmes a dépassé la mobilisation des hommes (…) les responsables vous disent elles ont pris les choses en main, elles sont intelligemment formées, religieusement orientées ». Pour le prédicateur, une femme active est donc acceptable… si elle suit le cadre religieux qui lui est imposé. Il cite également l’exemple de son grand-père, fondateur des Frères musulmans : « je viens d’une famille où mon grand-père, chaque fois qu’il faisait une école pour les hommes, il en faisait une pour les femmes (…) ça l’obnubilait, vous ne faîtes pas une société islamique avec la moitié de la population ».

Au Sénégal, Tariq Ramadan utilise la même rhétorique que l’extrême-droite chrétienne à propos de la famille : « pas de libération de la femme au dépens de la famille ! ». Tariq Ramadan parle de lui-même comme d’un « résistant »  et  affirme « nous voulons propager l’expression de la famille dite traditionnelle », « ce qui nous intéresse, c’est un papa, une maman, et des enfants qui trouvent cet équilibre là ». Il martèle une conception patriarcale : « une des choses sur lesquelles nous tiendrons, même aujourd’hui dans nos sociétés contemporaines où tous les repères sont mis en cause, c’est qu’il y a dans l’Islam, effectivement, cette notion d’un homme responsable de son foyer sur le plan financier, responsable de son foyer sur le plan de l’orientation ».

Carla Parisi

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