81.1% des adhérents du CCIE (ex-CCIF) votent Mélenchon

Le CCIE, ex-CCIF (dissout avant de réapparaître en Belgique) vient de publier le résultat de son sondage en interne concernant les élections présidentielles. Ainsi, 81.1% des adhérents du CCIE annoncent voter pour Jean-Luc Mélenchon. Ces résultats prévisibles s’inscrivent dans la lignée des associations « décoloniales », plus ou moins proches de l’Islam politique, qui se sont rapprochées de LFI et qui soutiennent son candidat.

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Lille, le football et l’AK

Le club de football de Lille, le LOSC (Lille Olympique Sporting Club) vient tout juste d’être sacré champion de France 2020-2021 en Ligue 1 après une saison remarquable. Alors qu’il était gravement endetté en 2017, le club a fait le pari d’emprunter plus de 220 millions d’euros auprès de fonds d’investissements américains. Ces opérations financières lui ont permis de construire une équipe compétitive avec le recrutement de plusieurs joueurs internationaux et notamment turcs, que l’on a pu apercevoir à la télévision le 23 mai 2021 lors du dernier match de Ligue 1 portant le drapeau turc sur leurs épaules. En 2018, Zeki Celik est ainsi recruté alors qu’il jouait au club Istanbulspor avant que Yusuf Yacizi ne le rejoigne en 2019 en quittant pour sa part le club Trabzonspor. En 2020 est recruté au LOSC un de leur coéquipier vedette en équipe nationale turque, Burak Yilmaz, en provenance du club de Besiktas. Puissant attaquant, il est rapidement surnommé au LOSC le « Roi Burak » et marque 16 buts en une année. Deux autres joueurs turcs, plus jeunes, intègrent également le club de réserve en 2020 pour un total de 5 joueurs turcs au LOSC. Dans un entretien au journal L’Equipe, Burak Yilmaz conseille même au LOSC le recrutement de deux nouveaux joueurs turcs, Dorukhan Tokoz et Abdülkadir Ömür. On estime en moyenne à environ 300-500 le nombre de supporters franco-turcs du LOSC dans le stade de Lille (hors période Covid-19), dans une région qui comporte une importante communauté turque d’environ 15 000 individus. Preuves de la dynamique du club, de nombreux groupes de supporters turcs du LOSC sont créés sur les réseaux sociaux et des séances de dédicaces sont également organisées avec les supporters turcs du club lillois.

Les réussites sportives et financières ne doivent cependant pas masquer un aspect plus politique. Interrogé par de nombreux médias nationaux et locaux sur ces footballeurs turcs, Ibrahim Alci, présenté comme un simple président d’une association franco-turque du Nord, se félicite : « On ne se rend pas compte à quel point le LOSC est suivi en Turquie. C’est lunaire. Quand Yusuf Yazici marque trois buts à Milan, il marque l’histoire de LOSC mais pas seulement. Toute la Turquie regarde le LOSC ». Ce qui pourrait paraître comme un enthousiasmant signe de rapprochement entre la Turquie et la France prend une tournure différente lorsque l’on sait que Ibrahim Alci est le président du… CCMTF. Le CCMTF (comité de coordination des musulmans turcs de France) est la branche française du DITIB, qui est lui-même organisé et financé par la direction des affaires religieuses du gouvernement turc d’Erdogan. Le DITIB, qui se définit lui-même comme une organisation politique, suit la ligne islamo-nationaliste du parti d’Erdogan et a récemment rejeté la charte des imams de France. Dans une logique de prise en main de la diaspora turque en France, Ibrahim Alci est décrit par la presse comme un proche de Burak Yilmaz depuis son arrivée au LOSC. Il reconnaît même avoir été directement sollicité : « j’ai été appelé par le consulat turc pour les aider à s’adapter à la vie en France ».

(Ibrahim Alci avec les joueurs turcs sur le terrain pour fêter la victoire en Ligue 1)

A 35 ans, l’attaquant vedette Burak Yilmaz est à la fois le plus expérimenté et le plus connu des nouvelles recrues. Ses prouesses sportives éclipsent pourtant une importante part d’ombre dévoilée depuis 2016 mais peu connue du grand public.

En juin 2016, sa femme, Istem Yilmaz, porte plainte pour des faits de violences conjugales et dévoile la proximité de son mari avec le président turc : « Le jour de notre mariage, le président, Recep Tayyip Erdogan, l’a appelé et lui a dit qu’il souhaitait que l’on ait trois enfants. Lui [Burak], a répondu qu’il en voulait quatre. Mais quand j’étais enceinte pour la deuxième fois, il ne voulait pas de l’enfant. Il m’a alors frappée ». Elle évoque également des scènes d’humiliation et de violences psychiques. Burak Yilmaz joue à l’époque dans un club chinois pour sa première expérience à l’étranger. Il reçoit la visite du président turc à l’occasion d’une visite officielle à Pékin. D’après le journal SoFoot, Erdogan lui aurait alors permis d’écourter son engagement en Chine suite à ses déboires familiaux. Par la suite, le président lui conseille même… le port de la barbe de 3 semaines : « le président m’a dit que ce nouveau style m’allait très bien et qu’il ne fallait surtout pas que je rase cette barbe ».

En juillet 2016, après la mystérieuse tentative de coup d’état en Turquie, Burak Yilmaz tweete en soutien à Ergodan : « dans la lutte pour la démocratie de mon beau pays, mon cher président, NOUS VOUS AIMONS, NOUS SOMMES AVEC VOUS JUSQU’A LA FIN ». Profitant de la tentative de coup d’état, Erdogan lance rapidement un référendum visant l’approbation de sa réforme constitutionnelle pour renforcer ses pouvoirs de façon drastique et affaiblir l’opposition. Yilmaz Burak fait alors partie des rares sportifs qui soutiennent l’initiative et poste une vidéo où il déclare qu’il votera de façon favorable. Après la victoire du « oui » s’ensuit une purge à grande échelle avec le limogeage et la suspension de plus de 140 000 personnes (notamment des fonctionnaires) et l’arrestation de plus de 50 000 personnes (dont de nombreux journalistes). La Fédération Turque de Football licencie alors 94 joueurs, cadres et arbitres. Certains joueurs turcs considérés comme des opposants au Président vivent toujours en exil aux Etats-Unis, comme Hakan Sükür. Ce footballeur star des années 2000 a quitté la Turquie où il risquait 4 ans ans de prison pour « insulte » au président et fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis la tentative de coup d’état de 2016. Son père, resté sur place, est incarcéré.

L’engagement politique ostentatoire de Burak Yilmaz dépasse les frontières le 14 juillet 2019 au Stade de France. Alors qu’il joue pour la sélection turque, il esquisse un salut militaire (aux côtés de plusieurs footballeurs turcs dont le joueur du LOSC Yusuf Yazici) pour soutenir l’offensive de la Turquie via des bombardements massifs contre les kurdes alliés des Occidentaux dans le Nord-Est de la Syrie. Au total, 10 joueurs turcs sont par la suite réprimandés par l’UEFA pour ce salut militaire.

Bien que plus jeune et moins médiatisé, Yusuf Yazici semble s’inscrire depuis ce salut militaire dans la logique pro-Erdogan de Burak Yilmaz. Le président du CCMTF, Ibrahim Alci, les décrit avec Zeki Celik comme un trio inséparable à Lille : « ils se côtoient au quotidien […] c’est une véritable famille ». Fin 2020, Yusuf Yazici pose aux côtés du président Erdogan qui vient l’accueillir à son arrivée avec son épouse à l’aéroport d’Istanbul. Il lui offre alors son maillot devant la presse turque, désormais largement ralliée au parti au pouvoir depuis les purges de 2016.

Le pari de recruter des joueurs turcs, performants même si affiliés à Erdogan, semble gagnant du côté du LOSC. En témoignent la victoire en championnat de Ligue 1, le beau spectacle donné aux supporters lillois et les retombées économiques pour le club en ventes de maillots et d’accessoires. Le club de Lille, moins connu que ses concurrents parisien ou marseillais à l’étranger, bénéficie également d’un coup de projecteur international et plus spécifiquement en Turquie où les matchs du LOSC retransmis sur BeIN Sport Turkey ont battu cette saison des records d’audience. Alors que les clubs turcs sont surendettés depuis la crise du Covid-19, il est nécessaire pour la plupart d’entre eux de se séparer de très bons joueurs. Ces footballeurs turcs, moins chers sur le marché que les stars internationales du ballon rond, ont assuré une bonne rentabilité et une bonne publicité au club lillois, dont le budget est 4 fois moins élevé que le Paris-Saint-Germain qui finit 2ème de la Ligue 1.

La stratégie de Soft Power turc initiée par Erdogan via le football semble elle aussi fonctionner. Elle lui permet de s’afficher régulièrement dans les médias en compagnie de joueurs populaires et appréciés de la jeunesse européenne. Sur place, ils sont gardés à l’œil par des d’organisations pro-AKP comme la DITIB. Dans des périodes de crises politiques, ces joueurs lui offrent leur soutien sur les réseaux sociaux lors des événements de 2016, sur les terrains via un salut militaire en 2019, ou encore grâce à des photographies quasi-officielles, parfois même en période électorale (comme le joueur turc Mesut Özil en 2018 lors de la campagne présidentielle turque où il pose avec Erdogan, avant de le choisir comme témoin de mariage en 2019). En Turquie, des proches du parti présidentiel, l’AKP, ont racheté en 2014 le petit club de football de Basaksehir, situé dans les quartiers conservateurs d’Istanbul. Depuis, le président du club n’est autre que le mari de la nièce d’Erdogan. Après une intense période d’investissements par des proches du président (le principal actionnaire, Medipol, est le détenu par le ministre de la santé), le Basaksehir finit par remporter le championnat turc en 2020. Il est cependant raillé par les supporters des autres clubs de la capitale turque, qui moquent son côté artificiel et ses liens avec l’AKP en le surnommant… le « FC Erdogan ». A quand la reconnaissance des « footballeurs de l’AKP » ?

L’association islamiste CAIR face à de multiples accusations de harcèlement sexuel

Hassan Shibly était jusqu’à la mi-avril 2021 l’influent directeur exécutif de l’association islamiste américaine CAIR, dans son antenne en Floride. CAIR peut être considérée comme l’équivalent du CCIF en France, avec une dimension religieuse légèrement plus assumée. Hassan Shibly, par ailleurs avocat, a œuvré dans CAIR pour promouvoir un agenda politique proche des Frères musulmans en se présentant comme un défenseur des libertés civiles.

Hassan Shibly en compagnie d’Ilhan Omar, membre du Congrès Américain

Il a néanmoins du ce mois-ci se résoudre à démissionner de son poste. En effet, dans une vidéo récemment postée en ligne, sa femme Imane Sadrati appelle le public à l’aide. Elle évoque une relation abusive, faite de violences (gifles, bras tordu, bousculades…) et de harcèlement. Imane Sadrati affirme en parallèle vivre dans une détresse financière depuis que Hassan Shibly lui a coupé l’accès aux finances du couple alors qu’elle s’occupe de leurs trois enfants.

Dans la foulée, un grand nombre de femmes a brisé le silence en apportant elles aussi leur témoignage sur Hassan Shibly. Elles déclarent avoir vécu des « abus émotionnels » et avoir été victime de « mauvaise conduite à connotation sexuelle » de sa part. Aslam Abdullah, un dignitaire musulman californien reconnaît avoir recueilli le témoignage de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles au sein de CAIR national ou dans ses branches. Il rapporte que ces femmes savent par avance que s’il y a investigation interne, cela ne sera pas mené de façon « juste ». L’association texane de femmes musulmanes FACE affirme elle aussi depuis janvier enquêter sur Hassan Shibly suite à de nombreux témoignages.

Le service de radio national américain NPR, de sensibilité politique de gauche libérale, a enquêté et a retrouvé 6 de ces accusatrices qui maintiennent leurs accusations. NPR a également retrouvé et examiné des documents internes de CAIR sur Shibly ainsi que des échanges de mails et de communications sur les réseaux sociaux. Hassan Shibly y est dépeint comme un homme qui utilise sa position pour « séduire » les femmes et intimider toute voix qui serait ultérieurement critique. Les cadres nationaux de CAIR en sont informés dès 2016. Un système d’ « impunité » et de « culture du silence » se met en place, selon les mots du NPR.

D’autres témoignages sont édifiants. Laila Abdelaziz, qui a travaillé avec Shibly dans l’antenne de CAIR Florida, décrit des scènes de harcèlement sexuel. Elle évoque également des photos de femmes prises sans leur consentement. Elle démissionne en 2016, après avoir averti les leaders nationaux de CAIR. D’autres anciennes employées de CAIR à Washington confirment que peu, sinon rien, n’était fait pour répondre à ces problématiques de harcèlement sexuel.

Interrogé par le NPR, Shibly nie les faits et accuse son ex-femme de vouloir « profiter du système légal pour tirer des avantages du divorce ». Il affirme avoir uniquement contracté des « mariages religieux » avec d’autres femmes quand il a senti que son mariage avec Imane Sadrati était « fini ». L’antenne de CAIR en Floride tente elle-aussi d’étouffer l’affaire en présentant la démission de Shibly comme faisant partie d’un plan normal de succession de dirigeants.

Mais une brèche est ouverte et la loi du silence est en train de se briser. Deux plaintes ont été déposées contre l’antenne de CAIR en Californie. Elles évoquent des discriminations en raison du genre (tenue vestimentaire modeste imposée aux femmes) et de la religion (contre la minorité chiite). D’anciens membres du bureau national de CAIR parlent enfin et évoquent des différences de salaire significatives entre les hommes et les femmes, ainsi que des carrières de femmes mises entre parenthèse pour privilégier les hommes.

Suite à la vidéo postée par Imane Sadrati, une autre femme a réagi en écrivant son témoignage sur Facebook. Les faits rapportés sont édifiants. Kyla McRoberts raconte que lorsqu’elle s’est convertie à l’Islam, elle a été approchée par Shibly. Nous sommes en 2016. Il lui a alors proposé un « mariage secret » sans que sa femme n’en soit informée. Elle rapporte qu’une nuit, Shibly lui a coupé sa queue de cheval car elle avait postée des photos d’elle sans son hijab. McRoberts rapporte également que Shibly la forçait a avoir des relations sexuelles, car en tant que femme elle ne pouvait pas refuser. McRoberts a finalement supprimé son témoignage, après avoir dit-elle reçu de l’argent de Shibly pour effacer ces traces.

Le 14 janvier 2021, un compte Instagram a été ouvert pour permettre de recueillir des témoignages de violences sexuelles au sein de CAIR. Il s’agit de « CAIR Victims Forum ».

NB : Fin 2020, CAIR utilisait tous ses moyens de communication pour soutenir le CCIF visé en France par une procédure de dissolution. Marwan Muhammad se réjouissait même de la proposition de CAIR de faire migrer le CCIF dans leurs locaux.

Zarah Billoo, représentante de CAIR en Californie

Pour lire l’enquête du NPR : https://www.npr.org/2021/04/15/984572867/muslim-civil-rights-leader-accused-of-harassment-misconduct

Qui est Sameera Fazili, la « femme voilée du point-presse » de la Maison-Blanche ?

Le 25 février 2021, le point presse de la Maison-Blanche a été tenu par une nouvelle recrue de l’administration Biden, Sameera Fazili. Sa prestation a été largement commentée. A gauche, certains se félicitent de l’ « inclusivité » de la nouvelle équipe gouvernementale américaine. D’autres, féministes, critiquent son port du voile islamique, symbole de l’impudeur des cheveux féminins. A l’extrême-droite, de nombreux twittos ont profité de l’occasion pour propager des messages racistes.

Au delà des commentateurs habituels, il est instructif de s’intéresser aux réactions de CAIR, l’organisation islamiste américaine directement liée aux Frères musulmans, accusée de terrorisme par les Emirats Arabes Unis. Dès le 14 janvier 2021, CAIR Georgia, l’antenne de CAIR en Géorgie, se félicitait du choix de Jo Biden d’intégrer dans son équipe la « sœur Sameera Fazili » de notre « propre communauté d’Atlanta ». Le 25 février, CAIR National multiplie logiquement les tweets pour congratuler leur « sœur en hijab » à la Maison-Blanche, et… par le biais de son directeur exécutif, critiquer la France par la même occasion.

Portée aux nues par une organisation islamiste comme CAIR, qui est exactement Sameera Fazili ?

Avocate de formation, elle s’est spécialisée dans l’activisme pour les libertés religieuses et les droits humains. Après un parcours plutôt brillant depuis des études de droit à Yale en 1996 et un passage à Harvard en 2000 en sciences sociales, elle trouve un poste au Trésor américain. Recrutée un temps par l’administration Obama, elle devient ensuite directrice de développement à la Federal Reserve Bank of Atlanta, avant d’être promue directrice adjointe du Conseil Economique National (NEC) sous l’administration Biden.

Originaire du Cachemire en Inde, elle s’est investie en parallèle au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), lors de missions en Palestine, au Cachemire et au Pakistan. En 2019, Sameera Fazili devient une des organisatrices des manifestations de l’association américaine Stand With Kashmir, en partenariat avec CAIR.

Stand With Kashmir (SWK) n’est pas qu’une organisation pro-Cachemire qui s’oppose à sa militarisation par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi. Son site internet et son comptes Twitter présentent des sympathies assumées avec des islamistes radicaux.

En mai 2020, SWK partage sur ses réseaux sociaux les appels à la violence armée de Riyaz Naikoo ainsi que les ruines de la maison où il a été tué par l’armée indienne, sans aucun aute commentaire. En effet, Riyaz Naikoo était le commandant du groupe islamiste armé Hizb-ul-Mujahideen, dont l’objectif est l’inclusion du Cachemire dans le territoire du Pakistan, responsable de nombreux attentats en Inde et reconnu terroriste par l’UE et les USA.

SWK, via sa campagne en ligne ReleaseKashmiriPrisoners, demande la libération d’Asiya Andrabi, présentée comme une simple activiste. Mariée à un membre fondateur de Hizb-ul-Mujahideen, elle est à la tête du plus grand réseau de femmes djihadistes au Cachemire. Dans la même lignée, SWK demande également la libération de Yasin Malik, Ataf Ahmad Shah, Peer Saifullah, ou encore Aftab Hilali Shah.

Sameera Fazili n’a à note connaissance jamais apporté d’explications concernant son soutien troublant à CAIR et à Stand With Kashmir.

Qui est Sameera Fazili, la « femme voilée du point-presse » de la Maison-Blanche ?

Le 25 février 2021, le point presse de la Maison-Blanche a été tenu par une nouvelle recrue de l’administration Biden, Sameera Fazili. Sa prestation a été largement commentée. A gauche, certains se félicitent de l’ « inclusivité » de la nouvelle équipe gouvernementale américaine. D’autres, féministes, critiquent son port du voile islamique, symbole de l’impudeur des cheveux féminins. A l’extrême-droite, de nombreux twittos ont profité de l’occasion pour propager des messages racistes.

Au delà des commentateurs habituels, il est instructif de s’intéresser aux réactions de CAIR, l’organisation islamiste américaine directement liée aux Frères musulmans, accusée de terrorisme par les Emirats Arabes Unis. Dès le 14 janvier 2021, CAIR Georgia, l’antenne de CAIR en Géorgie, se félicitait du choix de Jo Biden d’intégrer dans son équipe la « sœur Sameera Fazili » de notre « propre communauté d’Atlanta ». Le 25 février, CAIR National multiplie logiquement les tweets pour congratuler leur « sœur en hijab » à la Maison-Blanche, et… par le biais de son directeur exécutif, critiquer la France par la même occasion.

Portée aux nues par une organisation islamiste comme CAIR, qui est exactement Sameera Fazili ?

Avocate de formation, elle s’est spécialisée dans l’activisme pour les libertés religieuses et les droits humains. Après un parcours plutôt brillant depuis des études de droit à Yale en 1996 et un passage à Harvard en 2000 en sciences sociales, elle trouve un poste au Trésor américain. Recrutée un temps par l’administration Obama, elle devient ensuite directrice de développement à la Federal Reserve Bank of Atlanta, avant d’être promue directrice adjointe du Conseil Economique National (NEC) sous l’administration Biden.

Originaire du Cachemire en Inde, elle s’est investie en parallèle au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), lors de missions en Palestine, au Cachemire et au Pakistan. En 2019, Sameera Fazili devient une des organisatrices des manifestations de l’association américaine Stand With Kashmir, en partenariat avec CAIR.

Stand With Kashmir (SWK) n’est pas qu’une organisation pro-Cachemire qui s’oppose à sa militarisation par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi. Son site internet et son comptes Twitter présentent des sympathies assumées avec des islamistes radicaux.

En mai 2020, SWK partage sur ses réseaux sociaux les appels à la violence armée de Riyaz Naikoo ainsi que les ruines de la maison où il a été tué par l’armée indienne, sans aucun aute commentaire. En effet, Riyaz Naikoo était le commandant du groupe islamiste armé Hizb-ul-Mujahideen, dont l’objectif est l’inclusion du Cachemire dans le territoire du Pakistan, responsable de nombreux attentats en Inde et reconnu terroriste par l’UE et les USA.

SWK, via sa campagne en ligne ReleaseKashmiriPrisoners, demande la libération d’Asiya Andrabi, présentée comme une simple activiste. Mariée à un membre fondateur de Hizb-ul-Mujahideen, elle est à la tête du plus grand réseau de femmes djihadistes au Cachemire. Dans la même lignée, SWK demande également la libération de Yasin Malik, Ataf Ahmad Shah, Peer Saifullah, ou encore Aftab Hilali Shah.

Sameera Fazili n’a à note connaissance jamais apporté d’explications concernant son soutien troublant à CAIR et à Stand With Kashmir.

CCIF et CIMG : un partenariat politico-religieux pro-Erdogan

Le point commun entre toutes ces affiches ? Elles mettent à l’honneur la participation du CCIF, organisation désormais bien connue, et le CIMG, association turque aussi confidentielle que dynamique.

CIMG, pour Confédération Islamique Milli Gorus, ou « vision nationale » dans sa traduction française. Son président en France, Fatih Sarikir, a obtenu en janvier 2020 le siège de secrétaire génral du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman). Une place stratégique pour ce défenseur d’un islamisme à la turc, façon AKP.

La CIMG est installée en Europe depuis le début des années 70. En France, elle regroupe 71 mosquées, avec pour projet phare la construction de la grande mosquée de Strasbourg dans le quartier de la Meinau pour un budget de 32 millions d’euros.

Milli Gorus s’est rapidement développée par la diaspora islamiste turque en Allemagne, après sa fondation en 1969 par l’ancien premier ministre turc Necmettin Erbakan. C’était à l’origine en Turquie une formation politique (le Milli Nizam Partisi) fondée par le même homme, et pensée pour prôner un retour aux valeurs de l’Empire Ottoman et de l’Islam tout en défendant le développement économique. Ce parti rejettait les réformes kémalistes, notamment la laïcité, mais défendait en parallèle le modèle capitaliste. Renommé Milli Selamet Partisi (Parti du Salut National) en Turquie en 1973, il compte en 1976 dans ses adhérents le jeune Recep Tayyip Erdogan.

Erbakan s’est progressivement maginalisé dans la vie politique turque au fil des années 80 et 90. Après avoir fustigé une Europe « chrétienne et maçonnique », vilipendé l’influence « sioniste » sous la forme d’une « pieuvre » qui fabrique « le chaos » en Turquie et propagé trop bruyamment au goût des militaires une vision islamisée de la société turque, il est condamné en 1997 pour incitation à la haine raciale et religieuse. C’est à cette période qu’émerge Recep Tayyip Erdogan comme chef de file des partisans d’un islam politique en Turquie. Erdogan rendra par la suite de nombreux hommages à son mentor Erbakan, qui l’a propulsé sur le devant de la scène.

La CIMG a une histoire politico-religieuse ultra-conservatrice ancrée dans le rejet de l’Occident et de toute forme de laïcité. Elle s’incarne aujourd’hui en Turquie sous les traits de l’AKP, le parti d’Erdogan, et plus largement dans le courant de pensée des Frères musulmans, comme l’ancien président égyptien Mohamed Morsi. Son militantisme islamiste est indissociable de l’incarnation politique, sociale et religieuse.

Le CIMG s’est naturellement rapproché du CCIF depuis plusieurs années. Les deux organisations « soeurs » partagent des stands pour recueillir des adhésions mais aussi la tribune autour de conférences contre l' »islamophobie »… où parfois les femmes sont autorisées à avoir quelques « places disponibles ».

Recep Tayyip Erdogan en guest-star à Brooklyn

Recep Tayyip Erdogan en guest-star à Brooklyn

30.07.2019 Ramzi Abbas

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est cette année l’invité vedette de l’organisation américaine TASC (Turkish American Steering Committee). TASC se donne pour mission d' »amplifier une voix unifiée turque aux Etats-Unis », en relayant sur son site internet et sur les réseaux sociaux un discours très orienté en faveur de l’AKP, et à la gloire du président Erdogan. Les médias qu’elle conseille et relaie sur son site internet sont dirigés par des proches de ce dernier, où bien souvent des journalistes ont été purgés (Anadolu Agency, l’agence gouvernementale, TRT World, Aksam Daily Newspaper, Hurriyet Daily News ainsi que Daily Sabah). L’organisation TASC organise le 22 septembre à Brooklyn une conférence intitulée « Uniting the Ummah, stronger together » (Unir la Oumma, plus forts ensemble) profitant de la visite d’Erdogan à l’assemblée annuelle des Nations Unies pour le promouvoir au public turcophone américain. Outre le président islamiste turc, sont également invités :

Siraj Wahhaj. Imam de la mosquée al-Taqwa de Brooklyn, leader de la MANA (Muslim Alliance in North America) et ancien vice-président de la très frèriste ISNA (Islamic Society of North America). Il a été formé par la Nation of Islam, coutumière des déclarations antisémites, complotistes et homophobes, qui l’a converti à un Islam orthodoxe. Fervent supporter de la Charia, Siraj Wahhaj défend les châtiments corporels, y compris la lapidation, et considère que « l’Islam est meilleur que la démocratie ». En août 2018, trois de ses enfants ont été accusés par la police de terrorisme et de crime après la découverte d’un camp d’entrainement djihadiste au Nouveau-Mexique.

Abdullah Hakim Quick, imam américano-canadien officiant dans la région de Toronto, qui soutient la peine de mort pour les homosexuels : « dans l’Islam, l’homosexualité est punie par la mort et il est impossible de changer l’Islam », déclare t’il en 2016 à propos d’El-Farouk Khaki, imam gay de Toronto. Dans plusieurs de ses prêches diffusées sur Youtube, il pourfend un complot démoniaque qui voudrait mettre en place un « Nouvel Ordre Mondial ».

Oussama Jamal, secrétaire général de l’USCMO (Conseil des organisations musulmanes américaines), qui comprend plusieurs entités représentatives des Frères musulmans, y compris la MAS (Muslim American Society), CAIR (Concil of American Islamic Relations), ou encore l’ICNA (Islamic Circle of North America).

Fait notable, trois autres invités vedettes, également proches de l’idéologie des Frères musulmans, ont indiqué sur les réseaux sociaux avoir finalement décliné l’invitation à cette conférence sensée « unir l’Oumma« , malgré leur nom inscrit sur l’affiche :
Dalia Mougahed, très complaisante avec l’application de la Charia comme décrit dans ce précédent article d’Ikhwan Info,
Yasir Qadhi, qui a tenu par le passé des propos négationnistes sur la Shoah, récemment épinglé par le Times pour ses propos tenus en 2017 : « tuer les homosexuels et lapider les personnes adultères fait partie de notre religion »
Omar Suleiman

Le journal turcophone Ahval, dont le directeur de publication a fui le régime, a interrogé Lorenzo Vidino, directeur du Centre Universitaire George Washington pour la sécurité Nationale à ce sujet. Ce dernier conclue également que les invités qui ont renoncé à l’invitation sont proches des Frères musulmans. Concernant les annulations des personnalités aux Etats-Unis Dalia Mougahed, Yasir Qadhi et Omar Suleiman, il avance l’explication d’une Turquie (non arabe) devenue encombrante à cause de son influence grandissante dans le milieu islamiste, accompagnée d’une mauvaise réputation due à ses attaques contre les droits de l’Homme. Les atteintes aux libertés opérées par Erdogan deviendraient-elles trop récurrentes, trop encombrantes ? Son idéologie islamiste deviendrait-elle trop « visible » ?

Mort de Mohamed Morsi : les réactions

Mort de Mohamed Morsi : les réactions

25.06.2019 Fiammetta Venner

Mort de Mohamed Morsi : les réactions

La mort de Mohamed Morsi a endeuillé au niveau international comme français de nombreux soutiens directs ou compagnons de route de l’ancien président égyptien représentant des Frères musulmans.

En voici une liste non exhaustive :

Le clan Ramadan s’est exprimé par les voix de Tariq Ramadan, de sa fille Maryam Ramadan et de son frère Hani Ramadan :

Pour finir, de nombreux militants français se revendiquant de gauche, souvent proches de la mouvance indigéniste, ont rejoint la tristesse de militants… salafistes :



Les conférenciers de la 33e RAMF de l’UOIF

L’UOIF organise depuis 33 ans une rencontre annuelle. En 2015, les invités se sont exprimés devant des Rabia, symbole du soutien aux Frères musulmans. L’organisation est sur la liste des organisations terroristes des EAU comme la plupart des organisations des Frères musulmans. L’UOIF qui a longtemps bénéficié d’une bienveillance politique et médiatique qui semble s’écorner peu à peu. Lors de son rassemblement de Lille, l’UOIF avait du décommander plusieurs prédicateurs de haine*.

L’UOIF diffuse par bribes les noms de ces conférenciers, nous mettrons donc cet article à jour dans les heures qui viennent.

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Parmi les intervenants : 

• Omar Abdelkaffy. Ce prédicateur égyptien expliquait le 18 janvier 2015 que les attaques de Paris étaient la suite du 11 septembre et ne concernait pas les musulmans. « Cette pièce de théâtre, dans laquelle les musulmans sont confinés ad nauseam dans le monde entier, est la suite de la comédie du 11 septembre. Le premier acte s’est déroulé à New York, et la suite a lieu à Paris. » (…) « Mes frères bien aimés, c’est nous qui avons enseigné la miséricorde au monde. Notre prophète Mohammad est le prophète de miséricorde. Très bientôt vous vous apercevrez que les attentats de Paris étaient une comédie, dans laquelle nous n’avons joué aucun rôle. » La notion de la miséricorde selon Omar AbdelKafi est assez floue, mais pleine de promesse comme cette vidéo titrée : « Le judaïsme, le sionisme et la maçonnerie« . Omar AbdelKafy a déclaré qu’il n’était pas Frère musulman mais qu’il les appréciait. Il fait cependant partie de l’Union des savants musulmans de Youssef Al Qaradhawi, ce qui contredit la première moitié de la phrase précédente. Comme d’autres membres plus récents de l’Union des savants musulmans, Omar AbdelKafi fait un usage peu conforme des hadiths, ce qui a amené le journal Al Chourouq à s’interroger sur les motivations du prédicateur. Pendant la présidence de Mohamed Morsi, Omar Abdelkafi a travaillé avec Mohamed Khaled (commission pour le retour des bonnes moeurs). En mai 2012, Omar Abdelkafi est intervenu à la Grande Mosquée de Lyon. Il prêche aussi la Mosquée Qatar Education City.

• Issam Al-Bachir discutera de  « Radicalisation : des concepts à corriger ». Partisan d’un loi internationale contre le blasphème de toutes les religions, Issam Al-Bachir n’hésite pas à pousser ses ouailles à un discours plus guerrier. Le cheikh a signé en février 2012 avec nombre de Frères musulmans un appel à rejoindre la lutte armée des révolutionnaires islamistes en Syrie. La même année, sa venue en Belgique avait suscité des débats mais Issam Al-Bachir avait reçu le soutien de Tariq Ramadan. Tariq Ramadan avait même qualifié le cheikh Al-Bachir de « représentant de la voie médiane » et fustigé : « L’ignorance des journalistes »

• Abdallah Ben Mansour. Cofondateur de l’UOIF, proche d’Ennahda, il est désormais président de la FOIE (Fédération des organisations islamiques d’Europe). En 1999, le Conseil d’Etat a rejeté sa demande de naturalisation, bien que on épouse était française.  « M. Ben Mansour était en 1995 l’un des principaux dirigeants d’une fédération à laquelle étaient affiliés plusieurs mouvements extrémistes prônant le rejet des valeurs essentielles de la société française » ( Extrait de la décision du Conseil d’État, 7 juin 1999, n° 178449, Ben Mansour.) Mais moins de dix ans plus tard, ce sera Abdallah Ben Mansour qui accueillera Nicolas Sarkozy au Bourget, donnant le tempo des sifflets et des applaudissements. Partisan du voile islamique, Abdallah Ben Mansour expliquera au sujet du voile : « On interdit aujourd’hui aux femmes musulmanes de porter le voile, comme on forçait naguère les juifs à porter l´étoile jaune ». Pour plus de détails sur ses discours lire le portrait qu’Isabelle Kersimon lui consacre. 

• Mohamed Ghamgui (Iesh de Paris) : « la citoyenneté et l’histoire musulmane ». Il a été correspondant en France d’une émission de la chaîne Iqraa.

• Hassan Iquioussen. Dans une cassette,  « Palestine, histoire d’une injustice »,  Hassan Iquioussen comparait le Hamas à Jean Moulin et que «Les Juifs ne cesseront de comploter contre l’islam». Des juifs décrits comme «ingrats» et«avares» et qui «ont toujours méprisé les êtres humains». Mis à l’écart pendant quelques mois (en 2004) suite à la révélation du contenu de cette cassette par Cecilia Gabizon (Le Figaro), Hassan Iquioussen est rapidement redevenu une valeur sûre de l’UOIF. La cassette, elle, est devenu un collector, elle n’est plus diffusée. Les magnetos à cassette non plus. En revanche, on la trouve facilement en mp3. Pour lire le décryptage.

• Père Michel Lelong. Très vieux compagnon de route, il expliquait déjà en 1995 dans les colonnes du Monde que les islamistes algériens étaient des interlocuteurs dignes de confiance.

• Mahinur Ozdemir, femme politique belge controversée. En mai 2015 elle a été exclue de son parti (CDH) pour avoir refusé de reconnaître le génocide arménien.

•  Sayida Ounissi, députée d’Ennahda en Tunisie, elle n’hésite pas à propos du statut des femmes, à parler de « mythologie bourguibiste » et de « l’instrumentalisation benaliste ».

• Tariq Ramadan (désormais présenté comme « théologien ») et Ahmed Jaballah discuteront de « Comment être bien ensemble? »

• Nisrine Zaibi, élue du Parti Socialiste a été vice-présidente de la région Bourgogne. Elle est aujourd’hui membre de la Commission finances. Elle a relayé le meeting du 6 mars 2015 contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire, moins de deux mois après les massacres de Charlie Hebdo. En avril 2015, dans un tweet elle notait que BFM et Itélé parlaient du FN et que M6 parlait des banlieue et en déduisait : « Ces chaînes sont des succursales du FN ».

• Moncef Zenati, prédicateur de Havre du Savoir a traduit plusieurs textes de Hassan Al Banna.

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