CCIF et CIMG : un partenariat politico-religieux pro-Erdogan

Le point commun entre toutes ces affiches ? Elles mettent à l’honneur la participation du CCIF, organisation désormais bien connue, et le CIMG, association turque aussi confidentielle que dynamique.

CIMG, pour Confédération Islamique Milli Gorus, ou « vision nationale » dans sa traduction française. Son président en France, Fatih Sarikir, a obtenu en janvier 2020 le siège de secrétaire génral du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman). Une place stratégique pour ce défenseur d’un islamisme à la turc, façon AKP.

La CIMG est installée en Europe depuis le début des années 70. En France, elle regroupe 71 mosquées, avec pour projet phare la construction de la grande mosquée de Strasbourg dans le quartier de la Meinau pour un budget de 32 millions d’euros.

Milli Gorus s’est rapidement développée par la diaspora islamiste turque en Allemagne, après sa fondation en 1969 par l’ancien premier ministre turc Necmettin Erbakan. C’était à l’origine en Turquie une formation politique (le Milli Nizam Partisi) fondée par le même homme, et pensée pour prôner un retour aux valeurs de l’Empire Ottoman et de l’Islam tout en défendant le développement économique. Ce parti rejettait les réformes kémalistes, notamment la laïcité, mais défendait en parallèle le modèle capitaliste. Renommé Milli Selamet Partisi (Parti du Salut National) en Turquie en 1973, il compte en 1976 dans ses adhérents le jeune Recep Tayyip Erdogan.

Erbakan s’est progressivement maginalisé dans la vie politique turque au fil des années 80 et 90. Après avoir fustigé une Europe « chrétienne et maçonnique », vilipendé l’influence « sioniste » sous la forme d’une « pieuvre » qui fabrique « le chaos » en Turquie et propagé trop bruyamment au goût des militaires une vision islamisée de la société turque, il est condamné en 1997 pour incitation à la haine raciale et religieuse. C’est à cette période qu’émerge Recep Tayyip Erdogan comme chef de file des partisans d’un islam politique en Turquie. Erdogan rendra par la suite de nombreux hommages à son mentor Erbakan, qui l’a propulsé sur le devant de la scène.

La CIMG a une histoire politico-religieuse ultra-conservatrice ancrée dans le rejet de l’Occident et de toute forme de laïcité. Elle s’incarne aujourd’hui en Turquie sous les traits de l’AKP, le parti d’Erdogan, et plus largement dans le courant de pensée des Frères musulmans, comme l’ancien président égyptien Mohamed Morsi. Son militantisme islamiste est indissociable de l’incarnation politique, sociale et religieuse.

Le CIMG s’est naturellement rapproché du CCIF depuis plusieurs années. Les deux organisations « soeurs » partagent des stands pour recueillir des adhésions mais aussi la tribune autour de conférences contre l' »islamophobie »… où parfois les femmes sont autorisées à avoir quelques « places disponibles ».

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