ZAMAN FRANCE ANNONCE LE NOUVEAU GALA DU CCIF

Zaman France annonce le nouveau gala du CCIF

30.05.2015 La rédaction

Dans un article du 4 mai 2015, signé par Fatma Pia Hotait, Zaman annonce le nouveau gala du CCIF. Celui-ci aura lieu, selon le site, le vendredi 29 mai au Pavillon Wagram.

« L’évènement, animé par Yassine Bellattar, comptera parmi ses 350 convives de nombreuses personnalités qui soutiennent la lutte contre l’islamophobie. Rokhaya Dialo et Houria Bouteldja seront présentes. »

Étaient aussi présent au dîner du CCIF :

Zaman est la version française de l’organe du mouvement Hizmet de Fethullah Gülen. Longtemps favorable à l’AKP de Reccep Erdogan, Zaman est devenu une des cibles du régime à partir de 2013.

AMEDY COULIBALY, CHÉRIF KOUACHI ET L’UOIF

Amedy Coulibaly, Chérif Kouachi et l’UOIF

21.04.2015 La rédaction

L’hebdomadaire Marianne a publié les conversations entre Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi. Les deux hommes ont été l’objet d’une surveillance policière en 2010.

Les policiers, (…) interceptent également, par hasard, les conversations autour de la Rencontre annuelle des musulmans de France, au Bourget, en Seine Saint-Denis. « Hayat dit qu’elle n’ira pas au Bourget car c’est organisé par l’UOIF (Union des Organisations Islamistes de France) et que c’est des partisans de Sarkosy. Cela aura lieu le 2, 3, 4 et 5 (avril 2010) Amedy va y aller, il dit qu’il voulait y aller depuis des années, depuis qu’il était en prison. » Ca tombe bien, Chérif Kouachi, raconte, au téléphone, précisément être, le 3 avril 2010 au Bourget, et avoir « besoin de trois badges. » Amedy Coulibaly y est-il allé avec lui ?

Source : Marianne, 21 avril 2015

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CHRISTIAN ESTROSI : 3000 EUROS POUR LES JEUNES FRÈRES MUSULMANS DE NICE

Christian Estrosi : 3000 euros pour les Jeunes frères musulmans de Nice

05.04.2015 La rédaction

Selon Nice-Matin, Christian Estrosi a fait voter une subvention de 3000 euros pour l’association Jeunes Musulmans de France (JMF), la branche jeune de l’UOIF.

L’UOIF a été inscrite par les Emirats Arabes Unis sur la liste des organisations terroristes.

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LA VILLE DE GENÈVE A FINANCÉ UNE ONG ACCUSÉE DE LIENS AVEC AL-QAIDA

La Ville de Genève a financé une ONG accusée de liens avec Al-Qaida

14.10.2014 La rédaction

La municipalité et le Département fédéral des affaires étrangères ont versé près de 245 000 francs à la fondation genevoise Alkarama. Son ancien président est accusé par les Etats-Unis de soutenir le terrorisme, il figure également sur la liste de l’ONU des personnes sanctionnées pour ses liens avec Al-Qaida

La décision américaine a eu des répercussions jusqu’en Suisse. Le 18 décembre 2013, le Département américain du Trésor décidait de geler les avoirs d’Abdul Rahman Omeir al-Naimi (à g.). Le Qatari est alors accusé par Washington d’avoir transféré, la même année, près de 600 000 dollars à Al-Qaida via l’un de ses représentants en Syrie. Cet homme – un professeur d’histoire à l’Université de Doha comme il l’affirme sur son compte Twitter – aurait supervisé le transfert de 2 millions de dollars au réseau terroriste, mais en Irak cette fois-ci, tout comme il aurait fourni du support matériel aux insurgés irakiens. Toujours selon les autorités américaines, il aurait également transmis de l’argent sous couvert d’activité de charité à Al-Qaida au Yémen ainsi que 250 000 dollars au groupe terroriste Al-Shabaab en Somalie.

Autre particularité que celle d’être mis à l’index par les Etats-Unis, l’individu était également président du conseil de Fondation Alkarama (LT du 21.12.2013) – une organisation non gouvernementale sise à Genève –, laquelle «défend les victimes de violations des droits humains dans le monde arabe». A l’époque où l’affaire avait éclaté, un élément était encore inconnu: celui de l’origine du financement de l’un des projets que l’ONG avait engagé en Egypte en 2013. Le Temps a appris que le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et la Ville de Genève se sont engagés à hauteur de 245 000 francs dans ce projet (respectivement 195 500 francs pour le DFAE, 50 000 pour la ville). Lequel visait à «garantir l’ouverture d’enquêtes sur les violations du passé et la traduction en justice des responsables» ainsi qu’à «renforcer le système de protection des droits de l’homme».

Contacté, le directeur de l’ONG Mourad Dhina (à dr.) conteste toujours les accusations américaines. «Les informations sur lesquelles ils se basent proviennent probablement d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, deux pays que nous mettons régulièrement en cause. Par ailleurs, notre travail d’enquête sur les frappes de drones au Yémen n’est pas du goût des Etats-Unis. Quant à Abdul Rahman Omeir al-Naimi, il a demandé à être entendu par la justice américaine. Elle n’a jamais répondu à cette demande.» Le directeur assure que sa «fondation a pu confirmer avec les autorités américaines qu’elle n’était en rien concernée par ces accusations».

En janvier 2012, Mourad Dhina avait été menacé d’extradition vers l’Algérie, pour des motifs liés à des activités terroristes entre 1997 et 1999. Arrêté en France, il avait été ensuite relâché, le Tribunal de Paris rejetant la requête en ce sens de la justice algérienne.

Le projet égyptien, lui, a été suspendu «en été 2013 en raison des développements en Egypte et du fait qu’il était devenu impossible de travailler sur le terrain aussi bien pour Alkarama que toutes les autres ONG étrangères», affirme Mourad Dhina.

Sur les 50 000 francs versés par la Ville de Genève, cette dernière n’a récupéré que 13 140 francs, fait savoir Gérard Perroulaz, administrateur de la Délégation Genève Ville solidaire (DGVS). Un montant qui correspond aux fonds non utilisés par la fondation. Questionnée sur la volonté de récupérer la somme manquante (36 860 francs) au vu de l’accusation portée par le Département du Trésor, la ville botte en touche. «A ce stade nous suivons la politique de la Confédération, si elle venait à changer, la nôtre s’adapterait», fait savoir la conseillère personnelle de la magistrate chargée des finances, la socialiste Sandrine Salerno. Enfin, sur la procédure de contrôle de l’attribution de la subvention, Gérard Perroulaz concède que «pour chaque projet politiquement sensible, l’expertise et les recommandations du DFAE ont été suivies». Autrement dit, la DGVS n’a pas les moyens techniques et humains pour s’assurer de la respectabilité des organismes auxquels elle octroie une subvention.

Depuis le 18 décembre 2013, la situation d’Abdul Rahman Omeir al-Naimi a changé, puisque ce dernier a pu retrouver son nom, le 24 septembre 2014, sur la liste de l’ONU des personnes sanctionnées pour ses liens avec Al-Qaida.

Contacté, le DFAE n’a pas été en mesure de répondre à nos questions.

Olivier Francey

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LA TURQUIE PRÊTE À ACCUEILLIR DES DIRIGEANTS DES FRÈRES MUSULMANS

La Turquie prête à accueillir des dirigeants des Frères musulmans

16.09.2014 La rédaction

La Turquie s’est dite prête à accueillir au moins sept dirigeants des Frères musulmans devenus persona non grata au Qatar, a annoncé lundi 16 septembre le chef de l’Etat turc Recep Tayyip Erdogan.

« S’ils expriment le souhait de venir en Turquie, nous étudierons leur demande », a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan aux journalistes qui l’accompagnaient à son retour lundi d’une visite officielle dans l’émirat du Qatar. Ses propos n’ont guère surpris, puisque la Turquie, qui abrite depuis le massacre de Hama en 1982 les responsables des Frères musulmans syriens, a noué avec les responsables des autres pays faisant leur printemps arabe des liens très étroits ces dernières années. Ils ont été souvent invités en Turquie et ils seraient même en ce moment en train de s’organiser en une sorte de fédération mondiale, qui devrait avoir son siège officieux à Istanbul.

Les malheurs des Frères musulmans égyptiens, depuis le renversement par l’armée égyptienne du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, ont d’ailleurs suscité la colère du même Erdogan, alors qu’il était Premier ministre, ainsi qu’une vague de sympathie parmi les islamistes turcs, proches de l’AKP au pouvoir. Leur signe de ralliement, la main aux quatre doigts tendus ou « Rabia », est d’ailleurs régulièrement brandi par les ministres du gouvernement.

Aucune demande de résidence n’a été pour l’instant adressée aux autorités turques de la part des intéressés, mais il ne fait guère de doute qu’elle recevrait une réponse favorable. Ce qui ne manque pas d’inquiéter ceux qui trouvent que la Turquie devient de plus en plus un repaire pour les mouvements islamistes de la région, simples politiques ou militants armés.

Source RFI

CAGE CONVOQUE LE CONGRÈS DE LA HAINE

CAGE convoque le Congrès de la haine

03.09.2014 La rédaction

A partir de ce samedi 6 septembre et jusqu’au 20 septembre, CAGE (anciennement connu sous le nom de Cageprisoners), le groupe de soutien djihadiste dirigé par le terroriste notoire, Moazzam Begg, sera en tournée auprès des pires apologistes de la terreur et des prédicateurs de haine au Royaume-Uni dans le cadre d’une série de conférences intitulées: « Est-il criminel de se soucier d’autrui? ». La série qui se terminera par une conférence intitulée: « La Syrie, Gaza et la criminalisation de l’Islam » au Waterlily à Londres, discutera de questions telles que « La criminalisation islamophobe des défenseurs des combats en Syrie », selon le site web de CAGE. Au cours de ces conférences, plusieurs islamistes bien connus par Stand for Peace prendront la parole aux côtés de quatre hauts cadres de Hizb ut-Tahrir  (Abdul Wahid, Reza Pankhurst, Jamal Harwood et Taji Mustafa). Il s’agira notamment de:

Suliman Gani

Suliman Gani est un aumônier musulman ayant des liens avec le Hizb ut-Tahrir. Il utilise le terme péjoratif « Qadiani » pour désigner les musulmans de la secte Ahmadiyya, et considère que les femmes sont inférieures aux hommes. Il est aussi un fervent partisan d’Aafia Siddiqui, terroriste condamnée décrite par le directeur du FBI, Robert S. Mueller, comme « agent et facilitateur d’Al-Qaïda. »

Haitham Al-Haddad

Haitham Al-Haddad est un prédicateur de haine de premier plan qui décrit les juifs comme « les ennemis de Dieu et les descendants des singes et des porcs » et fait souvent référence à l’œuvre antisémite des Protocoles des Sages de Sion. Al-Haddad refuse que des enquêtes soient menées en cas de violence conjugale. Il soutient également « qu’il ne saurait y avoir » de coexistence pacifique entre les peuples de différentes religions, que la mutilation génitale féminine est légitime selon la « sunnah », et que les attentats suicides « sont permis ». Al-Haddad a également fait valoir que le tsunami japonais était une punition divine infligée au Japon pour « son manque de soumission à Allah », et a exhorté les musulmans à « se battre contre le monde entier jusqu’à ce qu’ils établissent la loi d’Allah. » Tout système de droit autre que la charia est, selon lui, « non-valable. »

Adnan Rashid

Adnan Rashid est un islamiste et théoricien du complot auto-proclamé qui croit que le président égyptien et les religieux saoudiens sont des « agents israéliens » qui cherchent à saper l’islam. A l’instar de Suliman Gani, Rashid est un admirateur de Aafia Siddiqui, la considère comme une « sœur » et suggère même qu’elle devrait recevoir le prix Nobel de la paix. Il a également fait valoir que le viol est le « prix » à payer par les femmes qui revendiquent « la liberté de travailler dans des bureaux mixtes ou de fréquenter des universités mixtes. »

Uthman Lateef 

Détenteur d’une maîtrise en « Études sur les croisades » de l’Université de Damas, Uthman Lateef prône la destruction violente du monde non-musulman. Il a parlé sur la même plateforme que le chef décédé d’Al-Qaïda, Anwar Al-Awlaki, et affirme que l’anti-Christ sera un Juif qui dirigera 70.000 soldats juifs et tentera de détruire tous les musulmans. Il a également décrit Muhammad Hamid, le terroriste condamné, comme « notre cher frère. »

Wasim Kempson

Wasim Kempson est le président de HHUGS, un groupe de soutien djihadiste qui compte parmi ses dirigeants le terroriste notoire, Moazzam Begg. Kempson a désigné Shaker Aamer, reconnu par Begg comme « recruteur » d’Al-Qaïda, sous le nom de « notre cher frère ». Il a défendu Aafia Siddiqui, terroriste condamnée décrite par le directeur du FBI, Robert S. Mueller, comme « agent et facilitateur d’Al-Qaïda. »

Ismail Patel

Ismail Patel est le porte-parole de la British Muslim Initiative laquelle comprend, entre autres, le commandant Mohammad Sawalha, fugitif du Hamas. Patel lui-même a fait l’éloge du Hamas en ces termes: « Le Hamas n’est pas une organisation terroriste … Nous saluons le Hamas, mouvement de résistance à Israël. » Dans son livre, « L’islam: le choix de la femme intelligente », il appelle à l’assassinat des adultères. Patel a également exprimé son soutien au négationniste français, Roger Garaudy, et au financier antisémite du Hamas, Salah Raed.

Ibrahim Hewitt 

Ibrahim Hewitt est l’administrateur d’Interpal, organisme de bienfaisance britannique désigné comme organisation terroriste par les Etats-Unis. Au sujet de ce qu’il appelle le « contrôle des médias par les Sionistes et [autres] théories du complot », Hewitt demande: « Peut-il y avoir de fumée sans feu? » « Les Juifs, affirme-t-il, ne peuvent se voir confier la sainteté et la sécurité de [cette] Terre Sainte. » Il parle également de « soi-disant Holocauste ». Dans une brochure intitulée: « Que dit l’islam? « , Hewitt préconise la peine de mort pour les apostats et les adultères, et exige que les homosexuels souffrent de « peines sévères » pour leur « péché grave ».

Anas Al-Tikriti

Anas Al-Tikriti est un membre éminent des Frères musulmans et dirige la Fondation Cordoba, décrite par le Premier ministre britannique David Cameron comme « un front politique pour les Frères musulmans. » Dans le cadre d’entretiens divers, il aurait défendu l’assassinat de soldats américains et britanniques par les insurgés irakiens, et évoque le Hamas en des termes flatteurs.

Asim Qureshi

Asim Qureshi est un activiste lié au Hizb ut-Tahrir ayant appelé les musulmans britanniques à suivre « l’exemple de nos frères et sœurs qui luttent en Tchétchénie, en Irak, en Palestine, au Cachemire, et en Afghanistan. » Il a exprimé son soutien au Hezbollah, et décrit le Hamas et la Brigade Al-Aqsa comme des organisations « formidables ». Selon lui « les attentats suicides ne devraient pas être désignés comme tels, mais plutôt comme des opérations de martyres ».

Abdullah Al-Andalusi 

Abdullah Al-Andalusi a présenté ses « opinions politiques » sur sa page Facebook sous le titre de « Califat – islamique ». Il estime que « la démocratie … ne fonctionne pas. Elle ne représente pas le peuple, et ne saurait jamais le représenter. Elle est basée sur des intérêts où personne n’est heureux, et personne ne trouve son compte. Elle suppose la guerre avec autrui. » A la démocratie, Al-Andalusi préfère la loi de la charia. Andalusi est un partisan de Moazzam Begg, l’activiste jihadiste récemment arrêté suite à des accusations de terrorisme après son retour de Syrie.

Fahad Ansari

Fahad Ansari est un activiste ayant décrit Anwar Al-Awlaki, le commandant d’Al-Qaïda tué par un drone américain, comme « une source d’inspiration ». Dans un article sur la mort d’un libyen terroriste d’Al-Qaïda, Ansari a écrit: « Sa mort pourra néanmoins servir de terreau fertile pour faire revivre l’esprit du jihad parmi les musulmans de Grande-Bretagne. » Il a également écrit au Guardian afin se plaindre du rapport « sensationnaliste » paru dans ce journal concernant les Afghans britanniques qui rejoignent les talibans « comme s’il était surprenant que des citoyens afghans vivant à l’étranger retournent dans leur patrie pour libérer leur pays d’une armée d’occupation ». A propos du 11 septembre, Ansari a déclaré: « On ne peut pas s’empêcher de se réjouir, car pour une fois, le chasseur est devenu la proie … Il est difficile de réprimer le sentiment que justice a été faite. »

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LES FRÈRES MUSULMANS REPRÉSENTENT LA DERNIÈRE IDÉOLOGIE TOTALITAIRE DU XXE SIÈCLE

Les Frères musulmans représentent la dernière idéologie totalitaire du XXe siècle

30.04.2014 Michaël Prazan

Auteur d’un excellent documentaire sur les Frères musulmans, le Français Michaël Prazan livre sa vision de la confrérie. Il y voit une idéologie totalitaire élaborée par des individus souvent coupés de la réalité et au discours parfois contradictoire.

Al-ahram hebdo : Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser votre documentaire La Confrérie : Enquête sur les Frères musulmans ?

Michaël Prazan : Au retour d’un tournage d’un autre documentaire, j’étais de passage en Egypte. Le film, L’Histoire du terrorisme, se déroulait en trois épisodes, sur trois phases différentes, de 1945 jusqu’à aujourd’hui. Il couvrait un certain nombre d’organisations à travers le monde avec un chapitre sur les Frères musulmans. Il s’agissait d’étudier les relations entre les Frères musulmans et certains groupes djihadistes comme Al-Qaëda.

A cette occasion, j’avais rencontré l’ancien guide suprême, Mohamad Mahdi Akef, qui m’a fait venir chez lui. J’ai aussi rencontré Mahmoud Al-Zahar, un dirigeant du Hamas. Ce qui m’avait frappé c’est que tous deux avaient des personnalités différentes, mais adoptaient le même discours, comme s’ils étaient formatés de la même manière.

Akef n’a jamais voyagé et n’a jamais fait connaissance du monde occidental. Il naviguait plutôt en interne. J’ai voulu comprendre cette dimension un peu sectaire qui isole les Frères musulmans du monde. Ce qui fait qu’ils ont une perception différente du monde, qui est fausse, paranoïaque et défensive. A l’époque, Akef était très loin d’imaginer qu’une révolution aurait lieu ou qu’un jour, les Frères musulmans allaient prendre le pouvoir. C’est un homme qui n’a pas l’habitude de la langue du bois et qui n’a pas l’habitude de parler à des Occidentaux et, du coup, il disait certaines choses assez franchement. Il était par exemple incapable de condamner Bin Laden ou Al-Qaëda.

D’ailleurs, la concomitance des dates fait que j’étais présent au Caire quelques mois à peine avant le soulèvement de la révolution. Les Frères musulmans étaient la force la plus structurée. Pour moi, ça ne faisait aucun doute qu’ils allaient réussir un jour à prendre le pouvoir. Au moment où la révolution a eu lieu, j’étais à Paris. J’avais dit à mon producteur qu’un film sur les Frères musulmans, qui sont très méconnus en Europe, et notamment en France, serait très important en terme d’information. Et c’est comme ça que l’enquête a commencé.

— Comment avez-vous procédé pour tourner votre documentaire ?

— J’avais déjà commencé à m’intéresser aux Frères musulmans et à lire les textes fondateurs, comme les écrits de Hassan Al-Banna ou de Sayed Qotb. Puis, j’ai consulté un certain nombre de spécialistes qui me semblaient irréprochables et fiables, mais qui ne sont peut-être pas les plus connus dans le contexte français.

Il y avait beaucoup de travail à faire avant de venir ici, en Egypte. La préparation du film a duré presque 8 mois pour accumuler des connaissances et pour contact avec les Frères. J’ai voulu être en contact avec eux et qu’ils s’adressaient directement à moi, pour m’expliquer quelle est l’histoire de leur mouvement, quelle est son idéologie, quels sont les buts qu’ils ont fixés … Je savais qu’ils n’allaient pas me dire tout, et qu’il y aurait certaines zones d’ombre, mais c’était mon travail d’éclaircir ces zones. En parallèle, on a fait une recherche d’archives où certaines déclarations disent à peu près le contraire de ce qu’ils m’ont dit. Lorsqu’ils s’adressent à leur public, le discours est tout à fait différent.

— Vos documentaires sont-ils toujours liés à la politique ? 

— Pas nécessairement. Ils sont principalement historiques. J’essaie de faire la généalogie du monde d’aujourd’hui. Je prends un phénomène d’aujourd’hui et je remonte loin dans le passé. J’essaie de comprendre comment l’Histoire détermine des phénomènes qu’on observe dans le monde dans lequel nous vivons. C’est un peu ça qui guide un certain nombre de mes projets, films et écrits.

— Le film documentaire a été rapidement suivi par un livre, Frères musulmans : Enquête sur la dernière idéologie totalitaire. Pourquoi ce besoin de compléter ?

— Quand on fait un documentaire de 2 heures, c’est très difficile d’arriver à être à la fois pédagogique et à tenir le public en haleine, surtout qu’il s’agit d’une histoire étrangère avec des interlocuteurs qui ne sont pas français. Évidemment, on ne peut pas tout dire dans le film, mais c’est la règle du jeu. L’exercice du documentaire est un exercice de synthèses de simplification et un jeu avec l’image, qui est parfois beaucoup plus puissante que les mots.

Après le film, qui s’arrête sur la campagne de Morsi pour la présidentielle, j’étais épuisé par le travail et les rencontres que j’avais faits avec les Frères musulmans. Mais un ami, Pascal Brutenaire, qui travaille aux Editions Grasset, m’a convaincu qu’un livre serait tout aussi important. C’était l’occasion d’aller plus loin, d’évoquer plus de détails. J’avais le temps pour le faire et je me suis arrêté après la chute des Frères musulmans.

— Le titre donné au livre est plus intrigant que celui donné au film …

— Au moment de la réalisation du film, je ne connaissais pas encore la fin de l’histoire. Je ne savais pas que le régime des Frères musulmans allait durer aussi peu. C’était une surprise. Dès le pré-générique du film, je pose cette question : est-ce que les Frères musulmans sont la dernière idéologie totalitaire du XXsiècle ? Dans le livre, j’y réponds d’une manière un peu plus claire et affirmative. Je montre que les Frères musulmans ne représentent pas l’islam, que c’est une idéologie tout à fait particulière qui a beaucoup à avoir avec le fascisme, le communisme. Et ce sont deux origines qu’ils revendiquent aussi, d’une certaine manière.

Qu’est-ce que c’est qu’une idéologie totalitaire ? C’est un système de pensée rigide, c’est aussi l’idée que cette idéologie incarne le meilleur des mondes et que, si on ne fait pas partie de ce meilleur des mondes, on ne fait pas partie de la société. C’est une vision très autoritaire du pouvoir et de l’Etat.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire le programme en 50 points écrit par Hassan Al-Banna et remarquer les mots comme « sanctionner, punir … », tout un lexique répressif. Les Frères musulmans ont une idéologie qui a pour vocation un monde globalisé. L’idée d’un calife mondial et d’une société islamique mondialement globalisée : c’est cela le but suprême à atteindre.

— Lors de la diffusion du film, quelle a été la réaction du public ? 

— Le documentaire a été diffusé sur France 3 en 2013, puis 2 fois en 2014. Cela témoigne du courage de la chaîne à le faire. Les Frères musulmans sont partout en Europe, et notamment en France. J’avais des appréhensions, mais j’ai eu de bonnes critiques de la presse, notamment de journaux et de magazines d’influence comme Télérama. Le film révèle beaucoup de choses sur les Frères musulmans.

— Y aura-t-il une deuxième partie qui complétera le documentaire ? 

— L’idée est toujours possible. Il faut juste attendre et voir comment évoluent les situations, non seulement égyptienne, mais aussi tunisienne et marocaine, et ce qui va se passer en Europe. Je sais que certains dirigeants de la confrérie vont trouver refuge en Grande-Bretagne et ailleurs.

Entretien réalisé par May Sélim

pour Al Ahram

AMAR LASFAR S’EXPRIME SUR RFI

Amar Lasfar s’exprime sur RFI

20.04.2014 La rédaction

A l’occasion de la 31e Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF), son président est interviewé sur RFI. Extraits de certaines de ses déclarations.

« Vous vous êtes exprimé hier, et vous avez demandé à votre auditoire de « résister au bouleversement du modèle familial » . De quoi parliez-vous précisément ? 

Dans notre conception, nous les musulmans de France – et d’ailleurs nous la partageons avec nos amis catholiques et israélites de France aussi -, nous optons pour le modèle traditionnel de la famille, avec un papa, une maman et des enfants. Sûrement, d’autres ne partagent pas notre modèle, mais c’est un modèle universel, humain. La famille a toujours été définie comme ça.

D’autres définitions aujourd’hui sont défendues, soutenues par d’autres composantes de la société, que nous respectons bien sûr. Mais nous voulons dire, au nom de cette liberté qui permet aux autres de présenter des modèles voulant se substituer aux modèles traditionnels, que nous voulons contribuer et dire que non, nous la conception que nous soutenons de la famille, c’est celle-là : un papa, une maman, un époux, une épouse dans un cadre légal qui s’appelle le mariage, et des enfants issus de l’amour de ce couple. « 

« Quel est votre rapport personnel, et plus généralement celui de l’Union des organisations islamiques de France, avec les Frères musulmans ? Y a-t-il un lien idéologique voire financier, ou pas du tout ? 

Vous savez, côté financier, nous, on a un seul soutien qui est la communauté musulmane de France.

Au niveau de l’idéologie ? 

La pensée des Frères musulmans n’a pas un lieu donné. Elle se trouve partout dans le monde, et au niveau de la pensée qui se trouve dans les livres que l’on partage aujourd’hui, le mouvement de réformes auquel nous appartenons, nous musulmans de France, parce que nous voulons réformer de l’intérieur notre culte et notre pratique. Ce n’est pas la propriété exclusive de telle ou telle société. »

« Concernant l’islamophobie, moi ça fait trente-quatre ans que je suis ici en France. J’ai accepté de lier mon destin à mon pays que j’aime, qui est la France. Je ne vois pas d’islamophobie rampante dans notre pays. Elle se trouve dans la tête d’un certain nombre de personnes, notamment influentes, mais ce n’est pas une caractéristique, ce n’est pas quelque chose de généralisé au sein de la société française, qui reste encore une société très, très ouverte et très accueillante. »

Source : RFI

Contrairement à ce que soutient Amar Lasfar, les Frères musulmans français dépendent de dotations qui ne viennent pas des musulmans de France.