PORTER UN HIJAB POUR LUTTER CONTRE LE MACHISME DE DONALD TRUMP ?

Porter un Hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

Porter un Hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

27.01.2017Fiammetta Venner

C’était une belle marche. Une marche essentielle, alors que le nouveau président des Etats-Unis s’apprête à supprimer les subventions au Planning familial.

C’était surtout censé être une Marche Féministe… Sauf quand certains ont essayé de convertir cette belle Résistance dans une opportunité de légitimer l’oppression des femmes, de banaliser le voile comme un symbole de résistance, amalgamant musulmans et islamistes.

La Amplifier Fondation a proposé aux manifestants de diffuser une image de femme en hijab pendant la marche avec pour slogan: « Nous le peuple ». Un bus repeint avec cette affiche les distribuait d’ailleurs pendant la manifestation.De nombreux musulmans libéraux se sont sentis très mal à l’aise. En effet la présence de cette affiche excluait de fait le combat des femmes musulmanes ne portant pas le voile. Mona Eltahawy, écrivain égyptien-américain d’ailleurs exprimé son malaise.

« Je suis une musulmane égypto-américaine qui a combattu pendant 8 ans pour arrêter de porter le hijab »

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D’autres ont été très choqués par l’invitation faite par la Marche des Femmes à CAIR. CAIR est une organisation très controversée et qui a été placée sur la listes des organisations terroristes par les Emirats Arabes Unis. CAIR défend l’islam politique et n’hésite pas à recourir à des campagnes de diffamation contre ceux qui questionneraient leurs méthodes. Zahra Billoo, directrice exécutive de CAIR San Francisco a pris la parole lors de la Marche des Femmes sur Washington, dans la capitale du pays. Elle a expliqué sans la moindre honte que les Noirs assassinés par la Police, les homosexuels harcelés ou les enquêtes du FBI sur les « musulmans » relevaient du même processus.

Zahra Billoo n’était pas la seul oratrice problématique. Linda Sarsour, directrice de l’Association arabe américaine de New York (AAANY) était également présente. Membre des organisatrices de la Marche des femmes, Linda Sarsour estime que des enfants musulmans sont « exécutés » aux Etats-Unis et la CIA est derrière un terroriste islamiste: « Underwear bomber était le #CIA tout le long. Pourquoi le savais-je déjà? »

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Elle a plusieurs fois défendu le régime de la Charia sur les réseaux sociaux :

Dans un autre tweet, elle exprime le désir de retirer le vagin d’une opposante politique. Ayaan Hirsi Ali, exisée, victime d’une fatwa et opposante de longue date aux islamistes.

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Rien de très surprenant puisque la famille de Linda Sarsour est liée au Hamas.

Autre élément de la tragique naïveté d’une certaine gauche américaine, certaines militantes ont suggéré que des marcheuses portent le voile, comme si c’était un jeu.

Beaucoup de féministes musulmanes ont réagi en disant que cette vidéo leur retournait le coeur.

Il faut espérer que la gauche américaine se réveillera rapidement. L’exotisme n’empêchera pas de résister à Trump, il aidera juste les fanatiques… Et Donald Trump.

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JEREMY CORBYN POSSÈDE DES BUREAUX À LA MOSQUÉE DE FINSBURY !

Jeremy Corbyn possède des bureaux à la mosquée de Finsbury !

14.09.2015 Fiammetta Venner

Jeremy Corbyn, le nouveau patron du Labour britannique, a des liens anciens et solides avec les partisans de l’islam politique rétrograde dont les Frères musulmans.

L’homme possède même des bureaux à la mosquée de Finsbury park, connue au milieu des année 90 pour être un lieu de diffusion du djihadisme. Depuis, la mosquée est passée sous la coupe des Frères musulmans. Un des responsable de la mosquée est Muhammad Sawalha, a commandant du Hamas. Selon la BBC, Sawalha a organisé plusieurs opérations depuis Londres.

Rien de cela ne gène Jeremy Corbyn, qui n’hésite pas à recevoir ses administrés dans la mosquée.

Nous avons parlé à plusieurs d’entre eux qui nous ont confirmé avoir été reçus au sein de la mosquée dans des bureaux alloués à Jeremy Corbyn.

Sur une de ses pages, la mosquée de Finsbury parle d’une des facettes de l’activité de Corbyn.

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Nous avons surligné en bleu le passage.

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(nous avons grossi la taille et c’est nous qui avons surligné NDR)

Le site de la mosquée de Finsbury dispose d’une page intitulée « About us ». Cela signifie « à propos de nous ». C’est en général sous cette mention que l’on met les éléments qui concernent les gens qui font partie du site.

Dans cette rubrique, dans le paragraphe « services and facilities » on peut lire la phrase suivante :

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(nous avons grossi la taille et c’est nous qui avons surligné NDR)

L’activité de Jeremy Corbyn fait partie des bonus offerts par la mosquée un peu comme la piscine ou un terrain de foot. Jeremy Corbyn y entrepose ses affaires et y reçoit. Il y a des bureaux.

Jeremy Corbyn délivre même parfois des discours dans la Mosquée comme ce 31 juillet 2015.

Dans cette vidéo, le leader des travaillistes anglais présente la mosquée de Finsbury comme un « endroit fantastique ». Qu’il est venu la soutenir depuis sa première ouverture  ! On ose espérer qu’il s’agit au moins depuis la reprise en main par les Frères…

Toujours dans le même discours, Jeremy Corbyn décrit la Mosquée de Finsbury comme un lieu d' »inclusion » où chacun se sent le bienvenu. Ce n’est pas l’avis des musulmans progressistes.

Jeremy Corbyn a choisi son camp : celui des musulmans intégristes. Et son amitié est utile. Lorsque HSBC a décidé de geler les fonds de l’organisation gérant la Mosquée de Finsbury, en raison de ses liens avec le terrorisme, Jeremy Corbyn est monté au créneau pour soutenir ce « lieu merveilleux »*. Il est vrai qu’il soutient aussi l’association CAGE qui se bat pour soutenir les victimes de l’anti-terrorisme plutôt que celles du terrorisme.

Modifications après publication

Plusieurs captures d’écran ont été rajoutées suite à la campagne du site web ASI

Il nous avait semblé qu’à l’ère d’internet appuyer sur un lien hypertexte était suffisant mais visiblement c’est compliqué pour certains. 

Nous avons donc ajouté ces éléments. Ils ne sont pas difficiles à trouver, ils sont sur le site de la Mosquée de Finsbury. 

Ultime remarque, Jeremy Corbyn a plusieurs bureaux. Tous ne sont pas à la mosquée de Finsbury Park ! 

OLIVIER FAURE (PS) A REÇU DES LEADERS DES FM

Olivier Faure (PS) a reçu des leaders des FM

06.09.2015 Fiammetta Venner

CODE Egypte, un mouvement visant à réhabiliter le message de Sayyid Qotb vient de publier une photo impliquant un député français.

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On y voit notamment

Olivier Faure, député et porte parole du Parti socialiste.

Dr Dardiri, présenté comme député du parlement égyptien en exil mais surtout lobbyiste de la Confrérie

– Dr Mostafa Ibrahim

Islam Awad, ancien des Jeunes musulmans de France, activiste français de la Rabia et jeune politique.

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Ce article est également disponible en العربية.

L’INSTANCE DE DIALOGUE

L’Instance de dialogue

15.06.2015 Fiammetta Venner

Presque tous les ministres de l’Intérieur ont été pris de la même fièvre. Ils se réveillent un matin, réalisent que l’organisation de l’Islam en France est une catastrophe, remettent en cause leurs prédécesseurs, et refont les mêmes erreurs.

Chacun d’eux s’est heurté aux mêmes trois écueils :

  • la main-mise de l’Algérie et du Maroc qui veulent par ce biais contrôler ceux qu’ils estiment être leurs ressortissants.
  • l’influence des Frères musulmans qui se disent hors Etat, qui revendiquent un « islam du juste milieu » tout en véhiculant un discours politique radical considéré comme terroriste par plusieurs pays.
  • l’impossibilité d’entendre la société civile ni religieuse, ni intégriste qui représente pourtant la quasi totalité de l’implication des Français par ailleurs musulmans.

Nous avons eu le Conseil de réflexion sur l’islam de France de Pierre Joxe, la Consultation de  Jean-Pierre Chevènement, le Conseil français du culte musulman de Nicolas Sarkozy, voici maintenant l’Instance de dialogue de Bernard Cazeneuve.

Les trois mêmes écueils sont présents dans ce projet qui a été fait à la main du CFCM et de l’UOIF. Quelques personnalités extérieures figurent bien mais ne sont pas représentatives de la société civile non religieuse représentant pourtant la quasi totalité de l’implication des Français par ailleurs musulmans.

120 personnes et associations se retrouveront au Ministère de l’Intérieur ce 15 juin 2015.

Europe 1 a interrogé le ministère de l’Intérieur sur l’absence d’un thème lors de cette rencontre : la radicalisation. « Nous avons estimé que ce serait un mauvais message adressé aux Français et à la communauté musulmane que de le mettre à l’ordre du jour de la première réunion de l’instance », indique la Place Beauvau, qui veut éviter toute « stigmatisation ».

Au programme :

  • «La sécurité des lieux de cultes, la lutte contre les actes antimusulmans et l’image de l’islam»
  • «La construction et la gestion des lieux de cultes».
  • «La formation et le statut des aumôniers et des cadres religieux»
  • Les «pratiques rituelles»

Officiellement, les seuls critères de la participation à la réunion sont : « L’adhésion au principe de laïcité » et le « respect des lois et des valeurs de la République ». Si tel était le cas, plusieurs participants ne devraient pas être présents.

On pense notamment au happening d’une des jeunes pousses des Frères musulmans, Anas Saghrouni, le président d’Etudiants musulmans de France qui a empêché l’Imam Hassen Chalgoumi de s’exprimer devant les caméras.

Voir ici.

En voyant son attitude on comprend mieux pourquoi il est impossible pour des musulmans laïcs de débattre avec des Frères musulmans.

UOIF : 200 ASSOCIATIONS FANTÔMES

UOIF : 200 associations fantômes

06.06.2015 Fiammetta Venner

Que représente l’Union des organisations islamiques de France ? Médias et politiques s’accordent pour expliquer que l’UOIF est la première représentante des musulmans français et leur accordent une place en fonction de cette a priori. Mais dans la réalité de combien de militants peut-elle se revendiquer ? C’est ce que nous avons voulu savoir.
L’Union des organisations islamiques de France compterait plus de 200 associations. Le conditionnel est de mise car ce chiffre, repris par tous les observateurs, vient de l’Union elle-même et n’a jamais été vérifié. Sur son site internet, l’UOIF diffuse une liste de 59 noms et déclare : « Pour une liste plus complète, nous contacter ». À plusieurs reprises, j’ai demandé à l’UOIF la liste des associations en question. On a fini par me répondre que cette liste était confidentielle. J’ai donc limité ma première enquête à cette liste qui, au fond représente sans doute bien l’UOIF puisqu’elle a décidé d’en faire sa vitrine[1]. Pour la plupart, de toutes petites structures, pensées sur le même mode, afin de représenter l’Union dans une région. Mais encore ? La législation française permet à tout citoyen de demander en préfecture les statuts d’une association légalement déclarée. Ce que j’ai fait pour chacune d’elle. Sur les 59 associations : 12 ne sont répertoriées nulle part, ni en préfecture, ni même dans l’annuaire. Sur les 47 associations restantes, seule une dizaine semble avoir une réalité autre que spectrale.

La plupart des statuts de ces associations satellites sont construits sur la même base. Le statut de membre se perd sous certaines conditions, ce qui est fréquent, mais les motifs possibles d’exclusion restent assez originaux : quasiment toutes s’autorisent la possibilité d’exclure un membre pour apostasie. Pour l’Association des musulmans de Picardie, par exemple : « la qualité de membre se perd par la radiation prononcée par le Conseil d’administration pour défaut d’application de l’Islam et des présents statuts ». L’association Islam sans frontières considère que pour être membre, il faut : « être musulman pratiquant ». On perd son statut de membre en cas de « reniement de valeurs auxquelles se rattache le musulman ». On n’en saura pas plus sur la manière dont l’apostasie est prononcée. En cas de dissolution de l’association, la plupart des statuts prévoient que « les biens mobiliers et immobiliers de l’association seront automatiquement cédés au profit de l’UOIF ». Une autre particularité frappe à la lecture de ces documents : aucune femme n’est présente dans les bureaux des associations (c’est-a-dire au niveau décisionnel). Un autre exclut même qu’une femme puisse être membre. Dans son article 9, elle déclare « toute personne du sexe féminin est exclue de l’association quelque soit son âge ». La formulation est amusante. Le « quel que soit son âge » est rédigé sur le mode d’une formulation non discriminatoire… dans la discrimination. Le fait de parler d’« exclusion » est également amusant. Car pour être exclue, il faut d’abord avoir eu le droit d’intégrer l’association !

D’autres associations, celles où militent des convertis ou des membres de niveau d’études plus élevé, sont dotées de statuts plus élaborés, feignant davantage le respect des principes républicains. C’est par exemple le cas de l’Association des musulmans de Picardie. Le président et le secrétaire sont tous deux enseignants. Le trésorier, Pascal Vanlanduyt, est un converti. L’article 2 des statuts de l’association de l’AMP déclare vouloir « organiser périodiquement des colloques de dialogue interreligieux, des conférences et des débats permettant une meilleure compréhension de l’islam loin de tout fanatisme et extrémisme dénués de fondements. D’établir et d’améliorer les relations avec le monde associatif, (…) de défendre l’islam et les musulmans contre les répercussions de l’amalgame fait entre cette religion de tolérance et l’extrémisme ». À noter, le très joli « loin de tout fanatisme et extrémisme dénués de fondements ». À ne pas confondre avec le fanatisme qui s’appuie sur des « fondements », comme le fanatisme fondamentaliste par exemple…

Plus sérieusement, de nombreuses associations déclarées sont à la limite de la légalité. En effet, selon la loi de 1901, une association doit organiser chaque année une assemblée générale et un compte-rendu, même partiel, doit être envoyé en préfecture. Or presque aucune organisation satellite de l’UOIF n’a rempli cette obligation. Certaines associations revendiquées par l’UOIF n’ont même pas été déclarées en préfecture. C’est le cas, par exemple, de l’Association de l’éducation et l’enseignement d’Ahlluin, ou encore de l’Association socioculturelle et éducative de Thuir. Inconnues au bataillon. Notons cependant que si la loi de 1901 est très souple, elle a le mérite de permettre en échange un certain contrôle : il va de la responsabilité des préfectures de veiller à l’application de la loi et au refus de l’incitation à la haine. La radiation pour « manquements aux principes sacrés de l’islam » — ce qui revient à traiter un membre d’apostat et donc à le désigner à un châtiment qui doit être la mort selon la loi musulmane — pourrait rentrer dans ce cadre. Il en est de même pour des associations n’ayant pas procédé à des élections depuis près de dix ans, alors que ses statuts en imposent une par an[1].

Voilà qui nous amène à la question du nombre : si l’UOIF a gonflé le nombre de ses associations satellites, elle peut tout aussi bien exagérer le nombre de ses sympathisants. Nous le verrons plus bas, son Congrès annuel du Bourget — qui sert de point de ralliement à tous ses adhérents mais aussi à ses sympathisants et même aux curieux — ne réunit pas 60 000 personnes mais plus probablement 10 000. Ce dernier chiffre est incontestablement une estimation large du réseau que représente réellement l’Union des organisations islamiques de France. Ses forces vives, elles, se concentrent autour d’une dizaine d’associations ayant une véritable existence, dont deux mosquées : celle de Lille et celle de Bordeaux.

[1] D’autres associations proches de l’UOIF ont joué à contourner la légalité. C’est le cas de l’Union des jeunes musulmans (UJM), l’association de Lyon sous la houlette de Tariq Ramadan, qui a créé une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée. Ce qui, comme son nom l’indique, est réservé à des individus et non à des personnes morales, donc aux associations. Mieux, l’UJM peut désormais s’appeler SODELIM mais continuer à percevoir des subventions en tant qu’UJM.

[1] Association culturelle éducative et sportive La Madrassa, A.S.C.C.M.T, Association musulmane Foi et unicité de Sarcelles, Association cultuelle musulmane vietnamienne, Association des Français musulmans de Villiers le Bel, Association éducation culturelle enfants Africains, A.I.A.E.L.A, Association musulmane africaine en France, Association de coopération islamique de la communauté africaine, Association islamique et culturelle du Calvados, Association culturelle musulmane de Saint-Nazaire et sa région, Association musulmane de Sully/Loire, Association culturelle islamique, Association islam sans frontières, Association islamique d’Alençon et sa Région, Association socio-culturelle des musulmans de Haute-Normandie, Association islamique de l’Ouest de la France, Communauté musulmane du Loiret, Ligue islamique du Nord, Association de la mosquée et du Centre islamique de Reims, Association des musulmans de Lorraine, Association islamique clémence, Association des musulmans de Picardie, Association islamique de l’Est de la France, Association cultuelle islamique de Laon, Association des musulmans en Alsace, Association de la solidarité islamique des Ardennes, Association culturelle Islamique de Dole et sa Région, Association islamique, Association solidarité musulmane, Association de l’éducation et l’énseignement, Centre culturel et mosquée des musulmans de Tourcoing, Croissant de l’Islam, Association « ASSALAM », Association espoir, La jeunesse musulmane de France en Bourgogne, Centre culturel islamique de Franche-Comté, Association soleil pour la culture et l’éducation de la jeunesse, Association de la fraternité islamique, Centre islamique, Association musulmane de Saint Chamond, Association action espoir, Association islamique culturelle de la Haute-Loire, Association socioculturelle et éducative de Thuir, Association pour la promotion culturelle des familles d’Orange, Association culturelle islamique, Association d’orientation islamique, Association culturelle les amis du Maghreb, Association des musulmans des Alpes Maritimes, A.C.E.P., Association des musulmans de Libourne, Association des musulmans de la Gironde, Association activités recherches culture et sport, Association des musulmans de Limoges pour la Fraternité, Association des musulmans de la Charente, Association culturelle islamique de la Charente-Maritime, Association des musulmans de la Réole, Association mosquée de Pau

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LE LYCÉE AVERROÈS

Le lycée Averroès

06.06.2015 Fiammetta Venner

Le lycée Averroès se veut l’emblème de l’école privée musulmane. Créé en 2003, il devient lycée sous contrat en 2008. C’est le deuxième établissement musulman sous contrat en France, et le premier proche de l’UOIF

Sur les plaquettes distribuées en 2010, le lycée justifie son existence du fait de la loi interdisant les signes religieux à l’école publique. En réalité, le lycée existe depuis 2003, soit un an avant son vote… Après trois refus d’agrément de l’Education Nationale. Son concepteur, Amar Lasfar, est membre de l’UOIF et imam de la mosquée de Lille-Sud.

Dès 1987, il organise des groupes de soutien scolaire. Une activité qu’il déléguera plus tard au jeune Hassan Iquioussen, un prédicateur connu pour ses propos intégristes. Amar Lasfar est souvent présenté comme le référent à Lille pour les adolescentes voilées. En 1990, il défend une élève voilée au lycée Sévigné à Tourcoing. En 1994, il soutient 15 élèves voilées du Lycée Faidherbe à Lille. Mais Amar Lasfar est aussi un homme d’affaires. Selon Infogreffe, il possède deux sociétés. La première, Salam Tours, est une agence de voyage généraliste dont le chiffre d’affaire se monte à 535 563 € en 2009, avec un bénéfice de 39 000 €. Il a compté jusqu’à 12 employés grâce à des succursales à Lyon et à Caen. Amar Lasfar possède aussi une société de location de logements, qui gère son patrimoine immobilier. Toute son énergie d’entrepreneur est mise au service de la construction du Lycée. D’abord hébergé dans la mosquée, il est prévu que l’établissement déménage ailleurs. Une promesse verbale, faite il y a 2 ans.

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Des enseignants-prédicateurs 

Au lycée Averroès, les enseignants sont bien souvent… des prédicateurs. Hassan Iquioussen fait partie des personnalités qui y donnent des cours d’éthique. Disciple de Cheikh Abdelhamid Kichk, l’idole des Frères musulmans égyptiens, il est très porté sur les formation politique des jeunes militants. Dans certaines de ses cassettes, il met en garde contre ce qu’il appelle l’« intégration par le jambon ». Rien n’est plus détestable à ses yeux que ces Français d’origine maghrébine souhaitant s’intégrer au point de ne plus respecter les interdits de l’islam, comme le fait de ne pas manger de porc. Il compare d’ailleurs ceux qui souhaitent s’intégrer à des prostitués :

«Il y a un frère, il fait beaucoup de politique. Ben vous savez, il mange du jambon, il boit du vin. Il a tout fait. Et là, après 20 ans. 20 ans d’intégration jambon, vous savez ce qu’il a dit. Il l’a dit avec amertume. Il regrette. Il dit : ‘Regarde Hassan. J’ai tout fait, j’ai tout fait pour qu’ils m’acceptent. Tout ? Ça veut dire quoi tout. Ça veut dire, tout ce qui faisait ma personne, mon charme, je l’ai sacrifié. Je me suis prostitué culturellement, intellectuellement, culinairement, vestimentairement. J’ai tout renié. J’ai tout avalé. Et malgré ça, ils m’ont quand même dit : ‘vous n’avez pas votre place en France’’ ».

Iquioussen fait partie de ces prédicateurs qui ont traumatisé les relations homme-femme au sein des quartiers populaires, à force de mettre en garde contre la mixité en dehors du cercle familial : « Une mixité sans limite est haram puissance dix ». Autrement dit, c’est un péché puissance dix. Iquioussen prévient :

« nous sommes responsables devant Dieu avant d’être responsables devant les autres humains et Dieu va nous questionner sur notre comportement. (…) On sera questionné sur le positif et sur le négatif. Et c’est ça qui fait de vous un citoyen extraordinaire ». Or un citoyen « extraordinaire », c’est-a-dire islamiste, ne doit pas aller en boîte de nuit, ni au café, ni même réviser avec des filles : « Ce que font nos jeunes aujourd’hui… ils vont vers le contact. Tu les trouves dans les cafés, dans les boîtes de nuit…. ils vont à la chasse… beaucoup de jeunes vont à l’école pour ça… tout est fait pour attirer l’attention… c’est mauvais, c’est dangereux… aujourd’hui il y a des jeunes qui contournent les interdits islamiques »

Dans une cassette audio sur « La Palestine, histoire d’une injustice », diffusée par les Éditions Tawhid (également éditrice des cassettes de Tariq Ramadan), Iquioussen se répand pendant plus d’une heure sur la vilenie et l’ingratitude constitutives des Juifs depuis l’Antiquité : « Il y a eu beaucoup de prophètes chez les enfants d’Israël car ils oublient souvent. Ce sont des ingrats, un peuple qui a besoin d’être rappelé à l’ordre vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Qu’importe que l’Islam, par la voix du chroniqueur musulman Tabari, chiffre lui même à 1, 2 millions le nombre de prophètes (dont Moïse), Iquioussen n’est visiblement pas là pour faire un cours d’histoire sur les religions… Il explique notamment qu’Abraham, Moïse et David « étaient des musulmans »… et ce plusieurs siècles avant la naissance de Mahomet ! Il poursuit en expliquant que les Juifs ont provoqué Nabuchodonosor et les Romains par leur arrogance. « La théorie des Juifs dit qu’ils sont le Peuple élu et que Dieu a créé les êtres humains pour les servir comme des moutons, des esclaves ». Mais le meilleur est à venir. La tradition musulmane raconte qu’une juive de la communauté de Médine a tenté d’empoisonner Mahomet (lequel cherche alors à convertir la communauté juive en question). Dieu le protège et le sauve. Et Iquioussen commente : « La femme s’est-elle convertie ? Non. Voyez l’entêtement. Retenez ça parce que vous allez comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Les Juifs n’ont cessé, depuis ce temps, de comploter contre l’islam et les musulmans ». Le prédicateur impute tous les malheurs du monde, en particulier ceux des musulmans, aux Juifs. La scission entre sunnites et chiites serait due « à un Juif yéménite converti pour détruire l’islam de l’intérieur ». La fin du califat, l’âge d’or imaginaire des fondamentalistes, à Mustapha Kemal… décrit comme « un Juif converti hypocritement à l’islam, toujours pour détruire l’islam et les musulmans de l’intérieur ». Ici la paranoïa rejoint le goût de la métaphore : les expressions être « juif » ou « vendu aux Juifs » servent à désigner les traîtres de la communauté musulmane. Ce qui l’amène à évoquer Nasser. Le leader de la cause arabe est qualifié de « traître des traîtres, l’ennemi de la Palestine et de la cause arabe, un suppôt de l’Occident ». Arafat, qui incarne la résistance laïque au détriment des islamistes, en prend aussi largement pour son grade. Le sionisme est d’ailleurs l’occasion de marteler que les Juifs n’ont pas le droit de se plaindre de la Seconde Guerre mondiale puisqu’ils sont directement responsables… de la Shoah. Laquelle ne serait qu’un complot entre les Juifs et Hitler pour justifier l’occupation de la Palestine.

« Les textes aujourd’hui le prouvent. Les sionistes ont été de connivence avec Hitler. Il fallait pousser les Juifs d’Allemagne, de France… à quitter l’Europe pour la Palestine. Pour les obliger, il fallait leur faire du mal ». Heureusement, « le Hamas, avec sa branche armée, fait du bon boulot ».

Dévoilée par Cécilia Gabizon dans Le Figaro du 28 octobre 2004, l’affaire porte un coup à la volonté de l’UOIF de paraître respectable. Iquioussen est prié de se faire discret. Pas au lycée Averroès. Amar Lasfar indique : «c’est une affaire close, car M. Iquioussen a présenté ses excuses et s’est expliqué sur ce dérapage. Il a d’ailleurs enseigné après cela au Lycée Averroès car c’est quelqu’un qui maîtrise bien son sujet ».

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Iquioussen a été chargé les premières années de délivrer le cours Ethique musulmane. Par faute de temps, en 2006, il a démissionné. Il a été remplacé par Fatiha Ajbli. Diplômée d’un DEA de sociologie sur les « convertis », elle est intervenue au congrès de l’UOIF sur le statut de la femme. De 2003 à 2005, elle faisait partie des personnalités qualifiée au CFCM, poussée par l’UOIF. Lors de la crise des otages français en Irak, le 28 août 2004, elle déclare — toute de rose voilée — : « Je refuse que mon foulard soit tâché de sang !» Les images feront le tour du monde. Lors de l’attaque israélienne sur Gaza, elle a publié un poème sur Oumma.com. Fatiha Ajbli est aujourd’hui chargée des cours d’éthique au Lycée Averroès.

D’autres prédicateurs, non moins problématiques, passent par le lycée Averroès pour une conférence occasionnelle. Hani Ramadan, par exemple, est venu faire un cours. Il est le rédacteur de plusieurs brochures de la collection Islam, le saviez-vous ?, des prospectus édités par l’UOIF pour être distribués au Congrès du Bourget et servir de corpus théorique aux militants de base. L’une d’elles, Le Sens de la soumission, insiste sur le fait qu’un bon musulman est totalement soumis à Dieu. L’autre, Islam et démocratie, explique que l’islam est incompatible avec la démocratie telle que l’entendent les occidentaux[1]. Hani Ramadan est hanté par l’idée d’être contaminé par la décadence de l’Occident :

« N’observons-nous pas aujourd’hui encore en effet, que dans nos sociétés modernes, malgré le progrès des sciences et le confort matériel, nous sommes envahis par toutes sortes de maux qui traduisent une dérive constante vers l’adoration du Taghut sous tous ses aspects ? Ne serait-ce qu’au niveau d’une sexualité débridée qui s’exprime dans les relations hors mariage, dans la prostitution, l’homosexualité, le harcèlement, le viol, la pédophilie, l’inceste ? »[2]

Le spectre de la libération des moeurs fait partie de ses obsessions. Dans ses interviews, le directeur du Centre islamique de Genève ne perd jamais une occasion de rappeler qu’en islam « l’homosexualité est une impasse, aussi bien du point de vue de la loi révélée que de la logique : on n’ouvre pas une porte avec deux clés »[3]. En 1998, il a publié un livre, la Femme en Islam, dans lequel il défend le droit à la polygamie comme le meilleur moyen de lutter contre le risque d’adultère et manifeste sa haine vis-a-vis des laïques souhaitant interdire le voile à l’école :

« Le voile, en Islam, est le signe de la soumission de la croyance aux commandements divins. Pourquoi donc vouloir empêcher une jeune lycéenne d’exprimer sa conviction ? La contraindre à se dévoiler, n’est-ce pas refaire le geste de l’inquisition impitoyable et des bourreaux communistes ? (…) Contre les extrémistes laïcs, l’islam restera en tous les cas une école de sagesse et de tolérance : ‘Pas de contrainte en religion’, dit le Coran. Leçon que les tortionnaires laïcs ne nous ont pas apprise ! »[4]

Hani Ramadan a été congédié de l’Éducation nationale suisse qu’après avoir publié une tribune dans le journal Le Monde, dans laquelle il justifie la lapidation comme « une punition, mais aussi une forme de purification » et le sida comme un châtiment divin :

« Qui a créé le virus du sida ? Observez que la personne qui respecte strictement les commandements divins est à l’abri de cette infection, qui ne peut atteindre, à moins d’une erreur de transfusion sanguine, un individu qui n’entretient aucun rapport extraconjugal, qui n’a pas de pratique homosexuelle et qui évite la consommation de drogue ». Moralité : « Les musulmans sont convaincus de la nécessité, en tout temps et tout lieu, de revenir à la loi divine »[5].

Autre intervenant, Cheikh Mohamed Hassan. En septembre 2010, il est venu parler aux élèves d’éthique musulmane. Le contenu du cours est confidentiel. Mais quand on écoute les prêches de Cheikh Mohamed Hassan il y a de quoi s’interroger. Il explique par exemple que « la grippe porcine » ou « le sida » ne sont que les conséquences des choix des infidèles.

«La communauté internationale n’est infectée que parce qu’elle s’est égarée de la voix d’Allah et du prophète. »[6]

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Un lycée « inspiré de l’orthodoxie musulmane » 

Dans ses propres brochures, le ton est donné :

« Le caractère propre du lycée Averroès est circonscrit à un ensemble de valeurs et de comportements inspirés de l’orthodoxie musulmane. »

La mosquée Al Imane est la mosquée de référence du lycée. On y trouve des liens vers l’UOIF et vers le site de Tariq Ramadan. On ne peut pas être plus clair. Ce qui fait dire au groupe d’experts réunis par le PS en vue de rédiger une brochure sur les « inquiétantes ruptures de Nicolas Sarkozy » que le Lycée Averroès est le « premier lycée privé musulman fondamentaliste ». La citation exacte est : «Le projet sarkozyste réjouira l’UOIF dont le représentant lillois, Amar Lasfar, a créé le premier lycée privé musulman fondamentaliste, le lycée Averroès. Après avoir soutenu les jeunes filles voilées dans les collèges et lycées publics, cette organisation a désormais l’ambition de créer des établissements islamistes pour les accueillir.» Interrogé par 20 minutes, Amar Lasfar fulmine « On ne va pas se laisser faire (…) En période préélectorale, les politiques se permettent les coups les plus bas, poursuit-il. L’islam devient un enjeu électoraliste. » Martine Aubry, qui connaît bien Amar Lasfar en tant que maire de Lille (elle s’est rendue aux meetings de la Ligue islamique du Nord qu’il dirige), refuse de s’exprimer publiquement. Au journal local de France 3, la présentatrice dira tout de même qu’elle désapprouve le qualificatif donné par le rapport national du PS. Bernard Roman, cité par Marianne, déclare : «Je ne vois pas sur quoi on se base. Je connais la mosquée de Lille Sud et je n’ai pas le sentiment qu’elle soit noyautée par des Islamistes. Alors quels indices pour le lycée Averroes ? C’est un peu osé». Il s’agit de Gilles Pargneaux, premier secrétaire fédéral du Nord qui s’exprime publiquement. Il parle de « maladresse » et appelle à « dissocier l’enseignement donné [à Averroès] et les positions de l’UOIF qui, elles, sont incompatibles avec l’esprit laïque ».

Difficile à suivre. Amar Lasfar est le représentant de l’UOIF. Certains enseignants du lycée sont à l’UOIF. On y diffuse « un ensemble de valeurs et de comportements inspirés de l’orthodoxie musulmane ». Mais il ne faut pas amalgamer le lycée avec l’UOIF[7]!

Visiblement, certains élus du Nord ne demandent qu’à jouer sur les mots… Il est vrai que les créateurs de l’école, affiliés à l’UOIF, font tout pour montrer un visage tolérant. Les photos des élèves montrent des jeunes filles voilées et d’autres pas. Dans sa plaquette, le lycée explique son existence par la volonté de permettre à « leurs enfants de vivre harmonieusement leur double identité : française et musulmane » Filles et garçons sont séparés pour les moments de détente. Il existe un réfectoire pour les filles, un autre pour les garçons. Pour le reste, le lycée est un succès. En 2008, il obtient 100% au bac. L’occasion pour la préfecture et la mairie de Lille d’adresser un message de félicitation au directeur qui a, comme de nombreux directeurs d’établisssements privés, choisi de ne présenter que ceux qui réussiraient… Makhlouf Mamèche, directeur adjoint le dit avec délicatesse. « Ce qui fait notre fierté, c’est le suivi de tous nos élèves jusqu’à leur réussite. » Des louanges que reproduiront les sites islamistes.

Sur l’un d’entre eux, safirnews, un commentaire est plus désabusé. « Mr Makhlouf présente un discours erroné et faux, concernant le recrutement des élèves; il n’est pas dans la même vision que son directeur, en l’occurrence monsieur El hassan O. En 2007, j’étais reçu par ce dernier, suite à une démarche de mes enfants (jumeaux), qui souhaitaient vivement intégrer le lycée Averroès, ils avaient tout juste la moyenne ce qu’il les a pénalisé » et «cette moyenne ne permet pas à un élève d’intégrer cette structure », selon Mr E.O, directeur du lycée… »

Qu’importe. Suite aux « impressionnants » résultats, HEC proposera immédiatement un partenariat. Le 16 Juin 2008, le lycée devient sous contrat et donc doit accepter des enseignants de l’éducation nationale. Problème, à partir de là, les enseignants seront des professeurs titulaires recrutés et payés par l’Etat. Amar Lasfar rappelle tout de même qu’il faudra rester dans la ligne : « Aujourd’hui, nos enseignants vont être recrutés par l’Education Nationale. Le rectorat va nous envoyer une liste d’enseignants titulaires. Il s’agira pour le directeur de l’Etablissement de veiller à ce que cette nouvelle donne n’affecte pas le lycée ».

Fiammetta Venner

[1] Prospectus édités par l’UOIF et distribués au Congrès du Bourget en 2003.

[2] Hani Ramadan, Aspects du monothéisme musulman, Tawhid, Lyon, 1998, p. 98.

[3] « L’impasse de l’homosexualité », interview réalisée par Yann Gessler pour Le Nouvelliste

du 25 janvier 2003.

[4] Hani Ramadan, La Femme en Islam, Lyon, Tawhid, 2000.

[5] « La Charia incomprise », publié par Le Monde le 10 septembre 2002.

[6] 1 http://fr.truveo.com/video-detail/cheikh-mohammed-hassan-la-grippe-porcineah1n1/

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[7] Comprenant le problème de logique, le politicien tentera de minimiser : «il s’agit

d’une maladresse car le lycée privé a eu les autorisations de l’Education Nationale. Il conviendra de vérifier si son fonctionnement est conforme à la séparation de l’église et de l’Etat et à la laïcité et à ce moment là, les autorités prendront leur décision sur la signature ou non d’un contrat d’association. Mais il s’agit, je le répète, d’une maladresse rédactionnelle. »

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L’UOIF, LES FRÈRES ET LA FAMILLE RAMADAN

L’UOIF, les Frères et la famille Ramadan

29.04.2015 Fiammetta Venner

Non seulement l’UOIF s’inspire des Frères musulmans, mais elle travaille en réseau, presque exclusivement, avec des islamistes formés par les Frères : Ghanouchi, Mawlawi et Qaradhawi. Des références auxquelles il faut ajouter la famille Ramadan et le Centre islamique de Genève, avec qui l’UOIF collabore de façon très étroite. Le Centre islamique de Genève est l’un des QG européens des Frères musulmans.

Il a été fondé en 1961, grâce à l’argent saoudien, pour islamiser le Vieux continent et fédérer contre « le matérialisme athée » à l’initiative de Saïd Ramadan, chef en exil de la branche internationale des Frères musulmans. Surnommé le « petit Banna » parce qu’il était le disciple favori de Hassan al-Banna, Saïd Ramadan a épousé la fille préférée de Banna, Wafa et ils ont rêvé ensemble de voir triompher l’islam totalitaire de Banna depuis l’Europe. Le Vieux continent est même devenu un enjeu en soi à la génération suivante, lorsque les enfants de Saïd Ramadan et Wafa al-Banna furent en âge de prendre la relève. Tous sont administrateurs du Centre islamique de Genève et les deux plus jeunes fils nés en Suisse, Hani et Tariq Ramadan, ont tout particulièrement repris le flambeau depuis la mort du père, en 1995.

Le directeur officiel du Centre, Hani Ramadan, fait partie des conférenciers les plus sollicités par les différentes associations de l’UOIF. Il a même rédigé plusieurs brochures de la collection Islam, le saviez-vous ?, des prospectus édités par l’UOIF pour être distribués au Congrès du Bourget et servir de corpus théorique aux militants de base. L’une d’elles, Le Sens de la soumission, insiste sur le fait qu’un bon musulman est totalement soumis à Dieu. L’autre, Islam et démocratie, explique que l’islam est incompatible avec la démocratie telle que l’entendent les occidentaux[1]. On imagine aisément l’influence exercée par le directeur du Centre islamique de Genève, digne successeur du petit et du grand Banna, sur les militants de l’Union. Comme son grand-père, Hani Ramadan est hanté par l’idée d’être contaminé par la décadence de l’Occident : « N’observons-nous pas aujourd’hui encore en effet, que dans nos sociétés modernes, malgré le progrès des sciences et le confort matériel, nous sommes envahis par toutes sortes de maux qui traduisent une dérive constante vers l’adoration du Taghut sous tous ses aspects ? Ne serait-ce qu’au niveau d’une sexualité débridée qui s’exprime dans les relations hors mariage, dans la prostitution, l’homosexualité, le harcèlement, le viol, la pédophilie, l’inceste ? »[2]. Le spectre de la libération des mœurs fait partie de ses obsessions. Dans ses interviews, le directeur du Centre islamique de Genève ne perd jamais une occasion de rappeler qu’en islam « l’homosexualité est une impasse, aussi bien du point de vue de la loi révélée que de la logique : on n’ouvre pas une porte avec deux clés »[3]. En 1998, il a publié un livre, la Femme en Islam, dans lequel il défend le droit à la polygamie comme le meilleur moyen de lutter contre le risque d’adultère et manifeste sa haine vis-a-vis des laïques souhaitant interdire le voile à l’école : « Le voile, en Islam, est le signe de la soumission de la croyance aux commandements divins. Pourquoi donc vouloir empêcher une jeune lycéenne d’exprimer sa conviction ? La contraindre à se dévoiler, n’est-ce pas refaire le geste de l’inquisition impitoyable et des bourreaux communistes ? (…) Contre les extrémistes laïcs, l’islam restera en tous les cas une école de sagesse et de tolérance : ‘Pas de contrainte en religion’, dit le Coran. Leçon que les tortionnaires laïcs ne nous ont pas apprise ! »[4] Ce livre a fait scandale en Suisse. Mais Hani Ramadan n’a été congédié de l’Éducation nationale suisse qu’après avoir publié une tribune dans le journal Le Monde, dans laquelle il justifie la lapidation comme « une punition, mais aussi une forme de purification » et le sida comme un châtiment divin : « Qui a créé le virus du sida ? Observez que la personne qui respecte strictement les commandements divins est à l’abri de cette infection, qui ne peut atteindre, à moins d’une erreur de transfusion sanguine, un individu qui n’entretient aucun rapport extraconjugal, qui n’a pas de pratique homosexuelle et qui évite la consommation de drogue ». Moralité : « Les musulmans sont convaincus de la nécessité, en tout temps et tout lieu, de revenir à la loi divine »[5].

Voilà, en quelques phrases, la pensée de l’un des théoriciens islamistes servant de modèle aux fidèles de l’UOIF. Intervenant souvent à ses côtés, son frère, Tariq Ramadan[6], est un modèle pour tous les jeunes de l’Union depuis 1992, date à laquelle il est intervenu pour la première fois au Congrès annuel du Bourget, puis a répondu à toutes les invitations des associations satellites de l’UOIF. Cette année-là au Bourget, le jeune prédicateur est attendu comme le Messie par tous les participants. Il revient tout juste d’une formation rapide sur les questions islamiques en Égypte, mais le public a beaucoup entendu parler de lui grâce à sa parenté avec Hassan al-Banna et Hani Ramadan. Il tombe immédiatement sous le charme. Depuis, Tariq Ramadan a exercé une influence décisive sur la stratégie et la rhétorique de l’UOIF — qui sort de l’enfermement séparatiste pour devenir plus politique, et donc plus efficace, à son contact. En 2003, nous y reviendrons, les cadres de l’UOIF vont se brouiller avec Tariq Ramadan au sujet du CFCM, mais le prédicateur n’a jamais cessé d’être admiré et invité par les associations satellites de l’UOIF. D’ailleurs, lorsque France 2 programme un Envoyé spécial critique sur le prédicateur en novembre 2004, l’UOIF monte aussitôt au créneau pour prendre sa défense et demander à la chaîne de déprogrammer ce documentaire. Preuve que les liens ne sont pas si distendus que cela. Entre Frères, la division ne peut jamais durer vraiment longtemps, même si les stratégies à court terme peuvent diverger ponctuellement. Même si la moindre dispute sur la forme est souvent interprétée, hâtivement, comme une guerre sur le fond démontrant l’indépendance de pensée de l’UOIF vis-a-vis des Frères musulmans. C’est ce que l’Union aimerait faire croire.

Fouad Alaoui, son secrétaire général, tient à prouver son indépendance : « Nous n’éprouvons pas le besoin d’appartenir à une école de pensée extérieure. Nous nous considérons comme une école de l’islam de France ». Pourtant, lorsqu’on le pousse dans ses retranchements, il confesse volontiers être en contact régulier avec le Syrien al-Houweidi, l’un des ambassadeurs officiels de la confrérie[7]. Autant dire que la fin de la tutelle formelle vis-a-vis des Frères musulmans en tant qu’organisation n’a rien d’une rupture idéologique et tout d’une émancipation, visant en priorité l’efficacité sur le plan national. Mais cette indépendance formelle et ce recentrage n’annoncent pas pour autant une modification idéologique. L’UOIF reste une organisation ayant pour modèle la pensée et la méthode de Hassan al-Banna, prenant pour références des prédicateurs formés par les Frères musulmans, travaillant en réseau avec les Frères musulmans et, plus que tout, défendant le même islam que celui des Frères musulmans.

Fiammetta Venner

Repris de  OPA sur l’islam de France : Les ambitions de l’UOIF

[1] Prospectus édités par l’UOIF et distribués au Congrès du Bourget en 2003.

[2] Hani Ramadan, Aspects du monothéisme musulman, Tawhid, Lyon, 1998, p. 98.

[3] « L’impasse de l’homosexualité », interview réalisée par Yann Gessler pour Le Nouvelliste du 25 janvier 2003.

[4] Hani Ramadan, La Femme en Islam, Lyon, Tawhid, 2000.

[5] « La Charia incomprise », publié par Le Monde le 10 septembre 2002.

[6] Malgré l’influence décisive exercée par Tariq Ramadan sur l’UOIF, je ne développerai pas plus ici sur le personnage. Son parcours et son discours ont été parfaitement décryptés dans : Caroline Fourest, Frère Tariq, Paris, Grasset, 2004, 425 p.

[7] Xavier Ternisien , Le Monde, 13 décembre 2002.

ORIGINES DE L’UNION DES ORGANISATIONS ISLAMIQUES DE FRANCE

Origines de l’Union des organisations islamiques de France

24.04.2015 Fiammetta Venner

L’Union des organisations islamiques de France est née en 1983, à l’initiative de deux étudiants étrangers venus faire leurs études en France : Zouhair Mahmood et Abdallah Ben Mansour. À cette époque déjà, les mouvements islamistes — notamment les Frères musulmans — sont étroitement surveillés au Maghreb et au Machrek où ils ont fait échouer la modernisation de l’islam, et rêvent de renverser les régimes en place pour mieux instaurer des régimes politiques guidés par la Charia. Leur seule chance d’y parvenir et de gagner l’épreuve de force passe par l’internationalisation du mouvement. Leurs théoriciens envoient donc leurs futurs cadres faire leurs études en Occident, où ils peuvent profiter de la liberté d’expression et du contexte démocratique pour se radicaliser et recruter avant de revenir, plus forts que jamais, poursuivre la lutte dans leurs pays d’origine. L’Europe et la France sont donc considérées comme des bases arrières, où il faut multiplier les associations d’encadrement pour étudiants musulmans étrangers, notamment grâce au soutien financier des Saoudiens qui voient dans cette internationale islamiste un moyen de lutter contre le communisme et le nationalisme arabe. L’une des principales organisations de ce type s’appelle l’Association des étudiants islamiques en France (AEIF). Elle servira notamment de cadre associatif à un étudiant soudanais venu faire ses études en France, Hassan al-Tourabi, qui deviendra l’éminence grise d’un régime prônant le rétablissement de la Charia au Soudan. Les théologiens de référence de l’AEIF sont des Frères musulmans syriens, comme Issam al Attar ou Saïd Ramadan al-Boutih. Ses prêches influencent le co-fondateur de l’Union, Zouhair Mahmood, mais celui-ci n’est pas d’accord sur tout. Ce jeune étudiant irakien venu faire des études en France dans les années soixante-dix/quatre vingt se souvient des questions qui l’habitent alors, lui et ses amis :

« Nous nous demandions s’il était licite de vivre en Occident et de s’y installer. Beaucoup de savants des pays d’origine nous expliquaient que ce n’était pas licite. (…) Je me souviens de Cheikh Saïd Boutih-Ramadan qui pensait que ce n’était pas licite »[1].

Lui et son ami, Abdallah Ben Mansour, ne sont pas entièrement de cet avis. À l’image d’autres théoriciens des Frères musulmans, plutôt maghrébins ou égyptiens, ils estiment que la France peut représenter davantage qu’une zone de transit. Il existe un formidable potentiel politique inexploité chez les jeunes musulmans de France, à condition de réussir leur islamisation. De cette réflexion naît une association qui devient un peu la rivale de l’AEIF, et en même temps une structure assez proche : l’Union des organisations islamiques en France. En réalité, la rivalité consiste surtout à se disputer un public au prétexte de cette option stratégique qui divise les Frères musulmans du Moyen-Orient et ceux du Maghreb : l’Europe est-elle une simple base arrière ou un enjeu en soi ? Pour le reste, les cadres de l’UOIF partagent les valeurs islamistes radicales prônées par les Frères musulmans.

Abdallah Ben Mansour, l’autre fondateur de l’UOIF, est un étudiant tunisien proche du Mouvement de tendance islamique, le futur parti Ennahda de Ghanouchi, soit la branche tunisienne des Frères. Ghanouchi n’est autre que le principal opposant islamiste au régime tunisien. Formé par les Frères musulmans en Égypte et en Syrie, où il a fait ses études, il revendique un mouvement d’islamisation à la tunisienne inspirée par les Frères :

« avec les Frères musulmans, qui reste la plus importante organisation islamique dans le monde arabe, il n’y a pas de rupture, mais une évolution »[2].

L’ « émir » comme les partisans de Ghanouchi l’appellent, comme tous les Frères musulmans, est connu pour son double langage. Il peut afficher un discours tout à fait démocrate lorsqu’il s’agit de dénoncer l’autoritarisme du régime tunisien pour mieux revendiquer sa part de pouvoir au nom du pluralisme démocratique : « La légitimité de l’État ne repose que sur le choix du peuple ». Aucun penseur musulman, dit-il, « ne prétend que l’autorité du gouvernement soit l’incarnation divine ».

Il oublie de préciser que tous les penseurs musulmans dont il s’inspire insistent sur la souveraineté absolue de Dieu « qui ne peut être déléguée »[3]. Un double discours confirmé par des militants de son propre mouvement : « Dans ses discours aux journalistes, aux diplomates, Ghanouchi donne une image moderniste, démocrate, pluraliste ; à nous il parle de chasser les envahisseurs américains et leurs alliés (les régimes en place), (…) de sauver la sainte kaaba et la tombe du Noble Prophète des ordures des ennemis des Arabes et de l’islam »[4]. Voilà donc l’homme qui sert de modèle aux co-fondateurs de l’UOIF. Non seulement il leur sert de modèle, mais il continue de les guider : en exil à Londres, Ghanouchi participe au Conseil européen de la Fatwa chargé d’édicter les avis religieux guidant l’UOIF. Nous y reviendrons. En co-fondant l’UOIF, Ben Mansour a en tête de réussir en France l’islamisation voulue par son mouvement en Tunisie. Il aurait pu devenir français grâce à son épouse, qui est de nationalité française, mais sa demande de naturalisation a toujours été rejetée par les autorités. En effet, le gouvernement peut s’opposer par décret, pour indignité ou défaut d’assimilation, à l’acquisition de la nationalité française par le conjoint étranger. Ben Mansour porte l’affaire au Conseil d’État qui rejette sa requête rappelant que : « M. Ben Mansour était en 1995 l’un des principaux dirigeants d’une fédération à laquelle étaient affiliés plusieurs mouvements extrémistes prônant le rejet des valeurs essentielles de la société française »[6]. Non pas que Ben Mansour soit un terroriste, mais il est incontestablement porteur de l’idéologie et de la stratégie des Frères musulmans, dont il s’inspire pour animer l’Union des organisations islamiques en France. Celle-ci opère bientôt un changement de stratégie et devient l’Union des organisations islamiques de France pour mieux signifier qu’elle souhaite désormais compter comme une association française à part entière. Cette stratégie visant l’institutionnalisation va porter ses fruits. Moins de dix ans plus tard, Ben Mansour accueillera en personne le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, au Congrès 2003 de l’UOIF. Ainsi, cet homme que les autorités françaises ne veulent pour rien au monde naturaliser français peut se targuer d’être à la tête d’une organisation qui reçoit le ministre de l’intérieur en « ami ». Et pourtant, il n’a ni changé, ni rien perdu de sa radicalité. Son modèle, ainsi que celui de son organisation, reste les Frères musulmans. Même si l’UOIF affirme ne plus être sous la tutelle de la confrérie depuis 1991 — de façon structurelle —, son modèle, son islam, ses méthodes et ses objectifs continuent d’être inspirés par les Frères musulmans.

Fiammetta Venner

Une première version de ce texte a été publiée dans

OPA sur l’islam de France : Les ambitions de l’UOIF

[1] Entretien avec Zouhair Mahmood, 23 novembre 2004. Saïd Ramadan Al Boutih (à ne pas confondre avec la famille de Tariq Ramadan) est néanmoins une référence pour de nombreux jeunes de l’UOIF.

[2] Antoine Sfeir, Les réseaux d’Allah. Les filières islamistes en France et en Europe, Plon, Paris, 2001, p. 25. 1ere édition 1997.

[3] Antoine Sfeir, op. cit., p. 50.

[4] Antoine Sfeir, op. cit., p. 51.

[4] Extrait de la décision du Conseil d’État, 7 juin 1999, n° 178449, Ben Mansour.

FRÈRE MUSULMAN, C’EST AVANT TOUT UNE ÉCOLE DE PENSÉE

Frère musulman, c’est avant tout une école de pensée

07.04.2015 Fiammetta Venner

L’UOIF proteste à chaque fois qu’un observateur rappelle leur proximité idéologique avec la matrice égyptienne. Lorsque l’on demande à Fouad Alaoui quels sont ses liens avec les Frères musulmans, il répond : « C’est un mouvement parmi d’autres. Nous le respectons, dans le sens où il a prôné un renouveau et une lecture moderniste de l’islam. Mais notre démarche en France se situe au-delà. Nous n’avons aucun lien organique avec les Frères musulmans ». C’est une ruse assez courante chez des militants formés par les Frères. Ils feignent de confondre l’appellation Frères musulmans en tant qu’« organisation formelle » et l’appellation Frères musulmans désignant l’école de pensée fondée depuis l’Égypte par Hassan al-Banna[1], afin de se disculper de tout procès en islamisme au motif qu’ils ne sont pas « organiquement » reliés à la confrérie des Frères musulmans. Une confrérie aux trois quarts secrète, sans aucun lien organique avec la plupart de ses membres, et dont la nocivité réside moins dans sa structure que dans les idées qu’elle véhicule.

Ce culte de l’informel est même typique des Frères dont l’origine remonte à 1928, lorsque six garçons enthousiasmés par les prêches d’Hassan al-Banna viennent le trouver pour mettre en application ses précieux conseils : « Nous avons entendu, nous avons pris conscience et nous avons été touchés, mais nous ne savons pas quel est le chemin concret qui nous ramènera vers la splendeur de l’Islam. (…) Comment nous appellerons-nous ? Afin d’être officiellement reconnus, serons-nous une association ou un club, une confrérie ou un syndicat ? ». La réponse que leur fait al-Banna est essentielle pour comprendre ce que sont les Frères musulmans : « Rien de tout cela, laissons de côté les apparences et les officialités. Que le principe et la priorité de notre mission soient la pensée, la morale et l’action. Nous sommes des Frères au service de l’Islam nous sommes donc les ‘Frères musulmans’ ». Tout est dit dans cette phrase. Les Frères musulmans ne sont pas un mouvement, ni même une confrérie au sens formel du terme, mais une école de pensée. Les islamistes savent remarquablement jouer de ce flou pour troubler les observateurs occidentaux, qui s’évertuent à chercher des liens organiques entre des associations alors qu’il s’agit d’une idéologie dont on peut se revendiquer ou, au contraire, nier tout lien formel, selon les besoins et le contexte. D’une certaine manière, on pourrait comparer le fait d’être Frère musulman avec son ennemi ontologique : le fait d’être marxiste. On peut être marxiste sans avoir sa carte du parti communiste. En revanche, on ne peut pas être marxiste sans croire à la lutte des classes. C’est un peu la même chose avec les Frères musulmans. On peut être Frère sans être relié organiquement avec la confrérie égyptienne, simplement en adhérant à la pensée et à la méthode de Hassan al-Banna. Or, c’est bien le cas de tous les cadres de l’UOIF, même s’ils prétendent vouloir adapter l’idéologie des Frères musulmans au contexte français : « la pensée des Frères musulmans s’est internationalisée, elle n’est pas restée en Égypte. C’est une pensée qui est partagée par l’UOIF mais elle doit être réactualisée en tenant compte de la France »[2], explique Fouad Alaoui. C’est aussi une ruse très fréquente chez les Frères musulmans, qui prétendent savoir faire le tri entre les buts et les moyens prônés par Hassan al-Banna en fonction de leur époque et de leur environnement. Ce qui peut troubler ceux qui ne connaissent pas en détail l’idéologie des Frères. Car elle demande justement de savoir s’adapter à son milieu, à son époque et à son contexte, non pas pour se modérer mais pour être plus efficace. Or la recherche de cette efficacité est terrifiante lorsqu’on connaît les objectifs d’Hassan al-Banna, unanimement partagés par les Frères musulmans, quelles que soient leurs divergences sur les moyens d’y parvenir. Car l’homme que l’ensemble des prédicateurs de l’Union présente comme le « plus grand réformiste de ce siècle »[3] n’était en rien un modèle et son islam n’était en rien « moderniste ». La pensée et la méthode d’Hassan al-Banna ne visaient pas à moderniser l’islam mais à instaurer un régime fondé sur un islam fondamentaliste et intégriste. Ce qui fait toute la différence. Et rien dans son programme, purement fascisant, ne peut être l’objet d’un tri. C’est d’ailleurs dans les années 30, alors que l’Occident connaît sa crise totalitaire, qu’Hassan al-Banna imagine en miroir un islam totalitaire. Les programmes des Frères font régulièrement référence à l’Allemagne nazie, et plusieurs économistes de la confrérie se sont inspirés du programme fasciste italien[4]. Dans leur programme en sept points, les Frères musulmans prévoient notamment de rassembler en une seule et grande patrie sous la bannière de l’islam tout « empan de terre où il y a un musulman qui prononce ‘Il n’y a pas de divinité si ce n’est Dieu lui-même’ », car « Si le Reich allemand s’impose comme protecteur de tous ceux dont le sang allemand coule dans les veines, et bien la foi musulmane s’impose à chaque musulman ayant la capacité de se considérer comme protecteur de toute personne ayant été imprégnée de l’apprentissage coranique ». Jean-Marie Le Pen — qui a récemment déclenché un scandale pour avoir regretté que la Gestapo n’ait multiplié les exécutions sommaires — n’aurait pas dit mieux[5]. Et pourtant, les Frères musulmans continuent d’apparaître aux yeux d’une certaine extrême gauche comme un « mouvement de libération », simplement parce que les Frères ont contribué — avec d’autres — aux manifestations de soutien au putsch des Généraux égyptiens ayant mis fin à la colonisation anglaise. C’est en tout cas la vision défendue par le petit-fils de Hassan al-Banna, Tariq Ramadan, qui voue une admiration sans borne à son grand-père, qu’il présente comme le « plus grand réformiste de ce siècle ». Dans sa thèse apologétique sur Hassan al-Banna, Tariq Ramadan décrit son grand-père comme un réformateur se distinguant des autres par sa capacité à transformer le fondamentalisme musulman en dynamique politique et sociale. On retrouve très exactement la même thèse à l’UOIF : « Ce qui a distingué l’imam Hassan el Banna que l’on place à juste titre et avec tout le mérite dans la lignée des grands penseurs et réformateurs, (…) c’est qu’il a su greffer cette dimension organisationnelle à la dimension spirituelle et à la dimension intellectuelle »[6]. Cette présentation angélique oublie toutefois de préciser, auprès des interlocuteurs non-initiés à l’histoire politique de l’islam, que la réforme prônée par Banna n’était pas moderniste mais fondamentaliste. De même que les Frères ont participé à la libération de l’Égypte pour mieux demander, dès le lendemain, l’instauration d’une théocratie — au sens où la loi devait se fonder sur la Charia et non sur l’intérêt commun. Dès 1954, des émissaires des Frères ont formulé cette exigence auprès de Nasser, qui raconte : « J’ai rencontré le Guide suprême des Frères qui m’a submergé de demandes. La première chose qu’il a demandée était que le gouvernement proclame le port du voile pour les femmes. Il a fait ensuite d’autres demandes, telles que la fermeture des cinémas et des théâtres, et d’autres choses encore pour rendre la vie sombre et sinistre. Il était, bien entendu, impossible de faire une chose pareille »[7]. Cette demande n’est pas surprenante. Dans leur programme visant à établir une société islamique idéale, les Frères musulmans sont très clairs. Le mouvement se fixe pour objectif de « réformer les lois pour qu’elles se conforment à la législation islamique, notamment les infractions et les sentences pénales », en diffusant « l’esprit islamique dans les instances du gouvernement afin que les citoyens se sentent tous appelés à appliquer les préceptes de l’islam ». En attendant, sur le terrain, les Frères disent vouloir « initier le peuple au respect des mœurs et rendre publiques les prescriptions relatives à la loi ». Ce qui passe par « montrer de la fermeté dans l’application des sanctions pénales relatives aux mœurs ». Cet objectif, au cœur du programme, occupe plusieurs propositions. Il s’agit de « supprimer la prostitution », de « considérer la fornication, quelles que soient ses conditions, comme étant un crime grave qui nécessite une sanction légale », de « lutter contre toutes les sortes d’exhibitions et d’ostentations et appeler fermement les femmes, particulièrement les enseignantes, les lycéennes et les étudiantes, les médecins, (…) à un comportement respectueux », mais aussi d’« interdire la mixité entre étudiants et étudiantes », de « considérer tout contact mixte en tête à tête comme un crime susceptible d’être sanctionné » et de « fermer les dancings, les lieux libertins et interdire la danse et tout contact gestuel entre un homme et une femme ». Et encore, il ne s’agit que d’un extrait. Un programme qui n’a rien d’étonnant quand on connaît l’obsession de Hassan al-Banna pour la pudeur et les bonnes mœurs.

Né dans un petit village égyptien, Hassan al-Banna vient d’une famille très rigoriste. Son seul apprentissage consiste à connaître le Coran par cœur. À l’âge de 12 ans, il prend la tête d’une Association de la bonne conduite morale, une ligue de vertu destinée à faire régner la discipline et respecter les bonnes mœurs au sein de son école. Un coup d’essai puisqu’il devient quelques années plus tard le fondateur d’un Groupe pour la prévention des actes illicites invitant les Égyptiens à dénoncer les actes immoraux de leurs concitoyens[8]. Banna est moins traumatisé par la colonisation que par la libéralisation des mœurs que les missionnaires chrétiens tentent d’insuffler à son pays. Plus tard, il choisit de ne pas étudier à Al Azhar, la prestigieuse université théologique égyptienne, mais de devenir plutôt enseignant, pour pouvoir être plus proche du peuple et exercer sa propagande auprès de la jeunesse. Dès qu’il a un instant, il prêche devant les cafés, lieux d’émulation politique de l’époque, où il s’oppose inlassablement à la décadence occidentale, et affirme la nécessité de revenir à un islam fondamentaliste pour retrouver la force conquérante de l’islam. Il combat notamment de toutes ses forces un certain Abdelraziq, référence de tous les musulmans modernistes, qui vient de publier un livre montrant que Mahomet n’a jamais souhaité qu’un gouvernement lui succède et qu’il est donc tout à fait possible de séparer le religieux du politique en islam[9].

Voilà donc qui est l’homme à l’origine d’un mouvement que l’UOIF présente comme prônant « une lecture moderniste de l’islam ». Preuve que l’Union n’a aucun scrupule quand il s’agit de désamorcer les critiques. Hassan al-Banna n’en avait pas non plus. Pour lui, tous les procès en intégrisme adressés aux Frères musulmans étaient l’œuvre d’un complot : « Le judaïsme mondial, et le communisme international ainsi que les puissances colonialistes et les tenants de l’athéisme et du laxisme moral, tous étaient, dès le premier jour, de ceux qui voyaient dans les Frères et leur message un obstacle important »[10]. Cinquante ans plus tard, on retrouve ce même réflexe à l’UOIF. Dans l’une de ses brochures, Critères pour une organisation musulmane, l’Union rend non seulement hommage à Hassan al-Banna, mais elle traite d’‘hérétiques’ ceux qui s’avisent de critiquer les théoriciens les plus radicaux de l’islam fondamentaliste : « Aujourd’hui il y a des gens qui trouvent du plaisir en dénigrant Ibn Taymiyya, Mohamed Ibn Abdelwahab, Sayyid Qotb, Youssef al-Qaradhawi ou Fayçal Mawlawi. À quoi sert de détruire la mémoire musulmane ? À quoi sert de détruire ces références musulmanes ? À moins que ça soit la politique de la terre brûlée pratiquée par des gens haineux, ignorants ou hérétiques ? »[11].

Cette brochure a été rédigé par Moshen Ngazou, responsable de l’éducation à l’UOIF et délégué de la région Sud, à partir d’une conférence donnée lors de la rencontre annuelle du Bourget le 3 mai 1998. Elle est inquiétante à plus d’un titre. Elle prouve non seulement que l’UOIF adhère à la pensée des Frères musulmans, mais qu’elle s’inspire des plus radicaux. En effet, à côté de Hassan al-Banna, elle cite en modèle des théoriciens que bien des Frères égyptiens n’osent plus aujourd’hui évoquer de peur d’être désavoués. Ibn Taymiyya, par exemple, est le penseur médiéval auquel se réfèrent tous les extrémistes prônant le djihad contre les chrétiens. Ils s’appuient sur ses avis religieux (Fatwas), émises en pleine guerre contre les croisés, pour justifier des meurtres comme celui des moines Tibéhirine commis par le GIA en Algérie. Mohamed Ibn Abdelwahab, l’autre référence citée, n’est autre que le fondateur du wahhabisme[12], cette doctrine fondamentaliste extrêmement stricte propagée et mise en application par l’Arabie Saoudite. Sayyid Qotb, quant à lui, est le plus infréquentable des Frères musulmans. Numéro deux de l’organisation après la mort de Hassan al-Banna, il a été emprisonné par Nasser, comme l’ensemble des cadres du mouvement soupçonnés de vouloir renverser le régime. Il sert de référence à tous ceux qui prévoient de recourir à la violence contre les gouvernements en place… ces derniers entravant leur projet de réislamisation radicale. De son vivant, Hassan al-Banna avait prévu que la conquête du pouvoir serait semée d’embûches : « Tous les gouvernements se placeront face à vous, et chacun d’eux tentera de limiter votre action en vous mettant les bâtons dans les roues. Les usurpateurs s’opposeront par tous les moyens à votre développement et chercheront à éteindre la lumière de votre appel. (…) Vous entrerez alors, il n’y a aucun doute à cela, dans le cycle de l’expérience et de l’épreuve. Vous serez arrêtés et emprisonnés, vous serez déportés et torturés ». En cas de besoin, si c’est le dernier recours possible, le fondateur des Frères musulmans encourage ses Frères à se soulever et à user de la violence : « les Frères musulmans n’useront de la force dans l’action qu’en dernier recours, quand il n’y aura pas d’autres issues, et quand ils seront persuadés qu’ils ont parachevé la réalisation de la foi et de l’union. Et s’ils doivent employer la force, ils seront dignes et sincères, ils avertiront au préalable puis ils attendront, puis seulement ils s’avanceront avec noblesse et fierté en supportant avec confiance et calme toutes les conséquences de cette décision ». Or c’est bien en situation de dernier recours que se sentent placés les disciples de Banna lorsque ceux-ci ne parviennent plus à gagner du terrain mais sont au contraire arrêtés et emprisonnés. C’est donc en suivant fidèlement les préceptes de son maître que Sayyid Qotb écrit un petit manifeste, Signes de piste, par lequel il appelle clairement à renverser Nasser l’« apostat » depuis sa cellule : « les gouvernants actuels des musulmans sont en état d’apostasie. Ils se sont nourris à la table de l’impérialisme, celui des croisés, celui des communistes ou celui des sionistes, (…) l’apostat doit être tué, même s’il n’est pas en état de mener la guerre »[13]. Face à la « jahiliyya », le mot qu’utilise le Coran pour décrire le monde polythéiste et barbare préislamique, il explique que « l’instauration de l’État islamique est une obligation », or « si l’État ne peut être instauré que par la guerre, celle-ci est pour nous un devoir ». Qotb sera pendu le 26 août 1966, devenant le deuxième martyr du mouvement des Frères. Depuis, de nombreux crimes ont été commis en son nom — notamment celui du président algérien Boudiaf et celui d’Anouar al-Sadate[14], le successeur de Nasser. Ben Laden lui-même, ainsi qu’Aymen al-Zawahiri (le cerveau des attentats du World Trade Center, issu des Frères musulmans) citent régulièrement Qotb pour justifier leur djihad contre les « croisés », qu’ils soient sionistes, Américains ou simplement occidentaux. Sa seule évocation peut valoir d’être arrêté et torturé dans les régimes en guerre contre les islamistes. Voilà pourquoi un certain nombre de Frères musulmans égyptiens disent avoir pris leurs distances avec l’option djihadiste de Qotb. Les Frères exilés dans des démocraties n’ont pas les mêmes contraintes. Ghanouchi, ainsi que l’UOIF, lui rendent hommage. Pourquoi s’en étonner, l’UOIF s’inspire des théoriciens les plus radicaux qui soient chez les Frères musulmans. Mieux, elle cite comme étant l’une de ses références Fayçal Mawlawi, un théoricien du djihad armé, passé aux travaux pratiques. Membre des Frères, ce Cheikh islamiste libanais a créé la Jama’a islamiyya, organisation liée aux Frères musulmans, où il a longtemps reçu les fonds du banquier suisse nazi Genoud pour son action contre Israël. La référence est encombrante. Et pourtant, l’UOIF l’assume, même si Fouad Alaoui explique : « Notre référence religieuse a longtemps été le Cheikh libanais Fayçal Mawlawi. Il a cessé de l’être quand il est devenu le numéro un de la Jama’a islamiyya au Liban. Nous avons désormais notre propre référence, qui est Ahmed Jaballah, le directeur de notre Institut de formation de Saint-Denis ». Reconnaître que Mawlawi a été le maître à penser de l’UOIF est en soi très grave. Qui plus est, Alaoui ment lorsqu’il dit que le chef de l’organisation terroriste libanaise n’est plus leur référence. Mawlawi n’apparaît effectivement plus dans les textes officiels à partir du moment où son organisation libanaise commence à revendiquer des attentats (ce qui nuirait à son image officielle), mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle ait rompu tout lien avec lui. Il est toujours numéro deux du Conseil européen de la Fatwa fondé à Londres par l’UOIF, et il intervient toujours à l’Institut de l’UOIF. En fait, Fouad Alaoui joue sur les mots : Mawlawi n’est tout simplement plus la référence exclusive de l’Union. En effet, nous venons de le voir, elle s’inspire de tous les théoriciens islamistes les plus extrémistes, sans sectarisme. Et elle continue d’être sous la tutelle théologique de Youssef al-Qaradhawi, un pur produit des Frères musulmans qui dirige son Conseil européen de la Fatwa.

Fiammetta Venner

Repris de  OPA sur l’islam de France : Les ambitions de l’UOIF

[1] Pour plus de détails sur la biographie de Hassan al-Banna on se référera à la première partie du travail de Caroline Fourest : Frère Tariq. Discours, stratégie et méthode de Tariq Ramadan, Grasset, 2004. Pour une biographie plus apologétique, on préférera : Ushama Thameem, Hassan al-Banna, vision and mission, Percetakan Zafar sdn. Bhd, Kuala Lumpur, 1995.

[2] Cité par Samir Amghar, « L’UOIF et l’enjeu d’une représentation nationale », Eurorient, n°12, 2002.

[3] C’est ainsi que le présente Tariq Ramadan dans sa thèse sur Hassan al-Banna, Aux sources du renouveau musulman, 1ère édition chez Tawhid, rééditée en septembre 1998 par Bayard/Centurion.

[4] Sayyid Qotb et Mohamed Ghazali, deux des théoriciens de la réforme économique des Frères. Auteur de L’Islam et les questions économiques, Ghazali préconise un « régime économique semblable à celui qui a existé dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste ». Cité par Richard Labévière, Les dollars de la terreur, Grasset, Paris, 1999, p. 134.

[5] Dans une entretien à Rivarol paru le 7 janvier 2005 ; Jean-Marie Le Pen déclare : « l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine » en France. « Si les Allemands avaient multiplié les exécutions massives dans tous les coins comme l’affirme la vulgate, il n’y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques ».

[6] Critères pour une organisation musulmane, brochure de l’UOIF diffusée lors des congrès de l’organisation.

[7] Déclaration du 15 janvier 1954 citée par un historien d’Hassan al-Banna, Thameem Ushama, dans Hassan al-Banna, vision & mission, op..cit., p. 95.

[8] Qu’on me permette ici une note typographique concernant l’usage de la particule « al » en arabe. En français, la particule « de » précédant un nom n’apparaît que lorsque l’on met le prénom avant (Dominique de Villepin) ou si le nom n’est composé que d’une seule syllabe (de Gaulle). De même que l’on dit « Villepin était formidable à l’ONU » et non pas « de Villepin était formidable à l’ONU », on dira donc « Hassan al-Banna était un prédicateur intégriste » ou encore que « Comme la plupart des Frères musulmans, Banna n’avait jamais fait detudes de théologie ». En revanche, on écrira Al Jazira ou Al Ahram car il ne s’agit pas de noms de personne.

[9] Abdelraziq, L’islam et les fondements du pouvoir.

[10] Hassan al-Banna, Al-qawl al-fasl (Dernière parole), 1948, et Al-Bayân (Déclaration), 1948, deux opuscules posthumes cités dans R. Sa’îd, Hassan…, p. 149. Commenté dans Olivier Carré, Michel Seurat, Les frères musulmans, L’Harmattan, 2001, 1ère édition, Gallimard 1983, p. 32.

[11] Nous avons opté pour une uniformisation des noms sur la base des premiers articles publiés par les auteurs. « Qaradhawi » est écrit de multiples façons, y compris dans les tracts et ouvrages de l’UOIF.

[12] Majoritairement pratiqué en Arabie saoudite, le wahhabisme est une doctrine mi-politique, mi-religieuse. Née au XVIIe siècle de l’alliance d’un chef de tribu et d’un religieux, elle cimente l’État saoudien. Longtemps endémique à la péninsule arabique, elle est parvenue à séduire au-delà, grâce au financement dus au pétrole.

[13] Le livre de Qotb, ainsi que son contexte, sont très bien étudiés par Gilles Kepel, Le Prophète et le Pharaon, Seuil, Paris, 1993.

[14]Les assassins de ces deux hommes se revendiquent de Qotb. Sadate avait pourtant fait la trêve avec les Frères musulmans et libéré la plupart d’entre eux mais il avait le tort de vouloir rétablir des relations diplomatiques avec Israël. L’un de ses meurtriers, un ingénieur islamiste, a signé un livre dans lequel il appelle à l’exécution de l’« apostat de l’islam, nourri aux tables du sionisme et de l’impérialisme ». Cité par Gilles KepelLe Prophète et le Pharaon, op.cit.