DERRIERE LE VOILE CHIC D’ATTIKA TRABELSI ET DE LALLAB

DERRIERE LE VOILE CHIC D'ATTIKA TRABELSI ET DE LALLAB

DERRIERE LE VOILE CHIC D’ATTIKA TRABELSI ET DE LALLAB

18.01.2017Mohamed Louizi

Lors de l’ « Emission politique » de France 2 du jeudi 5 janvier 2017, présentée par le duo Pujadas et Salamé, l’on a proposé à l’ex-premier ministre socialiste et actuel candidat aux « Primaires citoyennes », de débattre avec une jeune femme voilée, Attika Trabelsi. Le journaliste Karim Rissouli la présenta en ces termes: « Attika Trabelsi, vous êtes jeune diplômée de l’Ecole Normale Supérieure. Vous êtes entrepreneure. Vous avez créé une entreprise en ligne de l’artisanat marocain, et vous êtes également engagée au sein de l’association Lallab dont le but est, je cite : « montrer la pluralité des femmes musulmanes ». Vous vous dites musulmane et féministe … ». Fin de citation.

S’en est suivi une séquence larmoyante à dessein, où la jeune femme, se disant humiliée à l’écoute des propos de Manuel Valls – « Marianne a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple ! Elle n’est pas voilée, parce qu’elle est libre ! » – a plutôt cherché à émouvoir, en endossant l’habit de l’éternelle victime, au lieu d’engager une réflexion digne, responsable, dépassionnée et débarrassée de toute victimisation mesquine, face à un potentiel candidat aux prochaines élections présidentielles, sur le principe même de la laïcité et les dangers réels qui menacent la République : l’islamisme, ses agents agitateurs et ses voiles, en tête du peloton.

En effet, la laïcité demeure méthodiquement fragilisée, systématiquement attaquée par le réseau islamiste, de concert avec une certaine gauche clientéliste, multiculturaliste et néo-internationaliste, substituant le « prolétaire » d’hier par la femme « voilée » d’aujourd’hui.

Après tout, Attika Trabelsi est parfaitement dans son droit de défendre mordicus son bout de tissu sacré, dissimulant son cuir chevelu au nom du Ciel. Cependant, France 2 est-elle en droit de faire le jeu de l’islamisme et de banaliser, de la sorte, son discours victimaire et ses étendards identitaires ? Est-elle en droit de lui offrir une tribune libre, devant presque deux millions de téléspectateurs [1], ce soir-là ?

Car Attika Trabelsi est loin d’être uniquement une jeune normalienne comme présentée par France 2. Elle n’a pas passé le concours de Normale Sup mais a fait un master en géopolitique à l’ENS [2]. Sur les réseaux sociaux elle n’hésite d’ailleurs pas à entretenir l’ambiguïté. Quoiqu’il en soit, elle fait de ce titre universitaire un argument de liberté.

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Loin d’incarner et de représenter cette citoyenne lambda, triée arbitrairement sur le volet, lors d’un casting ordinaire, elle est une vraie militante d’un réseau islamiste. Elle fait de son voile un label identitaire revendiqué et revendicatif. Elle n’est pas simplement « engagée au sein de l’association Lallab » dixit Karim Rissouli, mais elle occupe le poste stratégique de trésorière de cette très jeune association, citée furtivement, et une seule fois, dans cette émission. Attika Trabelsi est venue,  en porte-voix, défendre une vision idéologique de Lallab [3]. C’est-à-dire, au nom du pluriel, cette association, riche en voiles de toutes formes, tente de légitimer et de banaliser l’uniformisation islamiste des corps féminins et d’interdire, par la même, la mise en cause nécessaire de toute la construction théologique et jurisprudentielle sous-jacentes des revendications islamistes identitaires moyenâgeuses, qui s’en réclament.

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L’on s’étonne parfois de voir une très jeune association, créée depuis seulement quelques mois, inconnue du grand public, invitée à défendre sa cause à la télé lors d’un créneau magistral, alors que de nombreuses associations, très anciennes, très actives aussi, n’arrivent même pas à faire parler de leurs activités, ne serait-ce que dans un journal local !

Mais qui se cache derrière Lallab ?

Officiellement, cette association (et média numérique aussi) est cofondée par deux jeunes femmes non-voilées : Sarah Zouak et Justine Devillaine [4]. Toutes les deux ont passé par la case IRIS Sup’, dirigée par un certain … Pascal Boniface. Celui-là même qui, le 1 juin 2016, a consacré son « édito » au parcours de … Sarah Zouak, son ex-étudiante [5].

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Il lui a offert cette tribune pour qu’elle puisse expliquer le sens d’un documentaire intitulé « Women Sensetour in muslim countries »[6], qu’elle a co-réalisé, présentant les portraits de 25 femmes musulmanes, issues de cinq pays : le Maroc, la Turquie, l’Indonésie, l’Iran et la Tunisie … pour s’en servir, médiatiquement et politiquement, ici en France !

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« Alors à ces personnes qui ne cessent de se cacher derrière le vivre-ensemble, l’égalité et la justice, je pose une simple question : quel modèle de société souhaitez-vous ? Une société française qui accepte seulement les personnes capables de s’intégrer et de s’assimiler quel qu’en soit le coût, ou une société qui accepte toutes les personnes avec leurs différences et multiples identités ? » [7] avait conclu, Sarah Zouak, son échange avec son professeur Pascal Boniface. Et ce sont très exactement ces mêmes éléments de langage qu’a exprimés Attika Trabelsi face à … Manuel Valls !

Dans un autre entretien, accordé au site « Clique », le 12 octobre 2016, la franco-marocaine Sarah Zouak – inspirée des travaux de la sociologue franco-irakienne Zahra Ali [8] – a déclaré :

« j’en ai marre de Manuel Valls et sa « Marianne au sein nu » » [9] !

Le journaliste Karim Rissouli a choisi exactement ce propos de Manuel Valls pour permettre, à la trésorière de Lallab de faire son numéro de femme voilée victime, sur le plateau de France 2. De la même façon comment comprendre que ce soient imposées en un temps record les icônes de Lallab, à l’image de Zouak et Trabelsi, comme interlocutrices médiatiques supposées être représentatives des femmes musulmanes !

Je dis bien « un temps record », car Sarah Zouak n’a que 27 ans, fraîchement diplômée de l’IRIS de Pascal Boniface, mais qui cumule déjà des prix, des trophées et des titres honorifiques – comme ceux accordés à Soufiane Iquioussen – pour son seul et unique « œuvre », sur les femmes musulmanes dans les cinq pays précités. En juin 2016, elle a remporté le « Prix Coexister 2016 », dans la catégorie « Femme française émergeante », de l’association Coexister, qui demeure très proche des Frères musulmans de l’UOIF. Et c’est bien un certain Jean Louis Bianco, le président de l’Observatoire de la Laïcité, qui s’est chargé de le lui remettre en personne. En octobre 2016, elle a remporté le prix « Déclics Jeunes » de la Fondation de France ainsi qu’une bourse, versée par la même fondation philanthrope, pour « finaliser mon rêve », dit-elle !

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A Lallab, les partisans de la banalisation de l’intégrisme se bousculent. On peut y voir Samuel Grzybowski, fondateur de l’association Coexister et qui trouve intéressantes les thèses de Hassan El Banna.

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Ou encore Hanane Karimi qui tenta sur un plateau de France télévision d’humilier publiquement David Thomson qui s’inquiétait du retour des jihadistes de Syrie. (Ici)

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Lallab est donc l’expression d’une nouvelle mutation « pokislamiste », remplaçant les structures vieillissantes des Frères musulmans, en ces temps durs, par de nouvelles jeunes structures 3G, soignant attentivement leurs apparences, pour faire passer les mêmes messages idéologiques, voire plus, dans une ambiance bon enfant, là où les vieilles structures reconnaissables de loin, n’avaient que peu ou pas d’influence. Toutefois, c’est grâce aux circuits islamistes (et islamogauchistes) que Lallab prêche librement sa parole.

En effet, du 13 octobre au 27 novembre 2016, Lallab a présenté le premier épisode de son « documentaire » dans presque 14 villes françaises. Pour cela, le réseau frériste local d’EMF (Etudiants musulmans de France), à Lille comme à Montpellier, a été efficace. A Paris, c’est l’institut IREMMO, présidé par Jean-Paul Chagnollaud, qui a projeté le film de Sarah Zouak [10]. Ce même IREMMO a invité ce mardi 10 janvier 2017, l’un des membres de son conseil scientifique, François Burgat pour ne pas le nommer, à présenter son dernier essai : « Comprendre l’islam politique » [11] !

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A Grenoble, Sarah Zouak remercie particulièrement une professeure de français, prénommée Delphine, d’avoir mis plus de 300 élèves collégiens, âgés de 11 à 15 ans, devant la projection de son « documentaire », dans le cadre d’un atelier de « sensibilisation sur le féminisme mais surtout pour lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes » écrit-elle le 21 novembre 2016 sur sa page Facebook. Un autre message du 23 décembre 2016 annonce que Lallab compte investir le champ scolaire par l’animation d’autres ateliers en 2017. Le Ministère de l’Education Nationale appréciera !

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Lallab se sont aussi des liens à l’international : le 4 novembre 2016, Sarah Zouak – qui n’est pas journaliste ! – publia sur son profil, une photo d’elle en Alexandrie en Egypte, au milieu d’autres femmes voilées, ou pas, présentées comme étant des femmes journalistes, venant « de Palestine, de Jordanie, d’Egypte, du Liban et du Maroc » pour participer, dit-elle, au séminaire « Defying threats and hate speech against female journalists from the MENA région »[12], organisé par l’Institut suédois d’Alexandrie que préside le social-démocrate Peter Weiderud, depuis avril 2015 [13].

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Ce même Peter Weiderud, qui par le passé a animé des conférences dont l’invité principal était Tariq Ramadan, a déclaré le 17 septembre 2016, dans la presse égyptienne, en réaction à « l’affaire du burkini », survenue l’été dernier au lendemain des attentats de Nice, que « la France n’a pas le droit d’interdire le burkini sur ses plages car il s’agit là d’une liberté individuelle » avant de fustiger ce qu’il a considéré comme étant une « islamophobie claire de l’Etat français » [14] !

Mais Lallab est aussi une filiation européenne au réseau ENAR [15] – le CCIF à l’échelle européenne – demeurant noyauté par des islamistes et leurs standards victimaires, et qui est financé, entre autres, par la Commission Européenne et par l’OSF (Open Society Foundation) de Georges Soros !

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Le 26 mai 2016, lit-on sur la page Facebook de Lallab, Sarah Zouak a participé à un symposium organisé par le réseau ENAR sous le thème : « Muslim women : forgotten women ? Understanding the gender dimension of islamophobia » [16]. Parmi les intervenants annoncés l’on trouve, entre autre, Malika Hamidi, directrice générale de l’EMN (European muslim network) que préside Tariq Ramadan, ainsi que le franco-égyptien Marwan Muhammad, directeur exécutif du CCIF. Dans le post de Sarah Zouak, elle a écrit, je cite : « une journée entière consacrée à l’étude de cette double oppression dont sont victimes les femmes musulmanes en Europe : le sexisme et le racisme. On a terriblement hâte de rencontrer des expert.e.s de toute l’Europe sur le sujet … » !

Par conséquent, il est clair que la puissance médiatique surprenante de cette très jeune association s’explique en partie par ses liens locaux, nationaux, européens et internationaux. Sur le site de Lallab, presque rien n’est dissimulé. Il suffit juste de lire et d’analyser. Les partenaires public-privés, financiers, stratégiques et médiatiques de cette association y sont affichés. En plus de la Fondation de France, il y la ville d’Ivry sur Seine, dont le maire est le communiste Philippe Bouyssou (PCF). L’on trouve aussi le Conseil Général du Val de Marne : le seul département français présidé par un communiste, Christian Favier (PCF) ! Attika Trabelsi qui se présente comme une victime de la France est donc membre d’une association ultra subventionnée par de l’argent public

Parmi les partenaires, il y a aussi le site SaphirNews dont la proximité idéologique avec les Frères musulmans n’est plus à prouver. Lallab peut compter aussi sur « l’armée numérique » des islamistes, amplifiant ses annonces sur les réseaux sociaux, à l’image de la page du World Hijab Day France, promouvant l’organisation de la « journée du voile », comme celle organisée l’année dernière à Sciences-Po Paris !

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Malgré tous ces éléments factuels, Lallab est loin de livrer tous ses secrets. Des indices, à recouper et creuser encore, démontreraient des proximités révélatrices avec la RMGE (Réseau des Musulmans des Grandes Ecoles), directement influencé par le CCIF, par l’UOIF et surtout par Tariq Ramadan et son projet « d’islamisation par le haut ».

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Le fait que Karim Rissouli présenta la « sœur » Attika Trabelsi d’abord comme une normalienne, n’est pas dénué de sens. Quelques noms figurant parmi les cadres et bénévoles de Lallab, sont aussi très actifs au sein du RMGE comme par exemple la chroniqueuse Maïssa Leroy, la fondatrice de « l’atelier des p’tits mouslims » (l’atelier des petits musulmans), faisant l’apologie du « voile islamiste » au milieu d’enfants en bas-âges.

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La même Maïssa Leroy a publié sur sa page FB une image de la carte de l’Europe « en position – dit-elle – de prosternation pour le Seigneur de l’univers » ! Un rêve islamiste.

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Enfin, Lallab est aussi un média qui vulgarise les standards islamistes, concernant la justification « religieuse » du voile. En témoigne cette tribune destinée aux filles voilées, publiée conjointement avec le site SaphirNews. Elle s’intitule : « Ma réponse aux 14 arguments les plus courants contre le voile » (à lire ici et ici). A la question n° 13, que l’on pourrait opposer aux filles voilées, je cite : « Ce n’est pas écrit textuellement dans le Coran [le voile, ndlr] », Lallab dicte aux filles voilées les éléments de réponse suivante :

« Ok, je veux bien discuter d’interprétation religieuse, mais il vaut peut-être mieux qu’on parte avec les mêmes bases. Quand je discute avec quelqu’un qui a une foi différente de la mienne, j’ai l’humilité de reconnaître que cette personne a très probablement plus de connaissances que moi dans ce domaine». De mon côté, je me réserve le droit de ne pas donner beaucoup de poids aux arguments « religieux » de quelqu’un qui, loin de présenter les années d’étude et la maîtrise de l’arabe coranique nécessaires pour émettre des avis religieux, n’a même pas des connaissances de base. Parmi celles-ci, le fait que les musulmans s’appuient sur deux sources principales, le Coran ET la Sunna (la vie et les paroles rapportées du Prophète Muhammad). Si tu ne sais même pas ça, tu peux servir ton exégèse bidon sur les plateaux télé, mais moi je ne vais pas apprendre la physique quantique avec un élève de CM2. »

Fin de citation.

Qui a dit que les femmes voilées de Lallab étaient libres et insoumises ? Cette réponse démontre le contraire : le voile est bel et bien le symbole de leur soumission assumée au clergé sunnite, émettant des avis religieux moyenâgeux, sur la base de la soi-disant connaissance de … l’arabe coranique et de ladite sunna du Prophète.

Pour que l’on apprécie mon propos à sa juste valeur, je fais partie de ces citoyens musulmans qui considèrent que le voile dit islamique n’a d’islamique que le nom. Cela étant dit, ma position ne traduit aucun rejet des femmes voilées, quelles qu’elles soient. Penser que le voile n’est pas islamique fait partie, que l’on veuille ou pas, de ce débat réformiste vital qui, n’en déplaise aux islamistes, traverse l’islam, ses textes et ses représentations. Lutter contre la xénophobie, d’où qu’elle s’exprime, ne doit pas interdire le débat sur l’islamisme et sur ses étendards et autres marqueurs identitaires fragilisant le pacte social et sociétal.

Enfin, l’on n’aura que l’islamisme que l’on soutient médiatiquement. France 2, comme d’autres médias français, devront se rendre compte qu’ils jouent avec le feu, en faisant passer pour victimes de la laïcité et de la République, des activistes islamistes, femmes et hommes, foncièrement hostiles à la laïcité et depuis toujours. De la promotion des Iquioussen à la promotion de Lallab, France 2 se rend coupable de connivence flagrante avec l’islamisme et son réseau. Ceux qui paient la redevance devront peut-être exiger plus de professionnalisme de la part de la télé du service publique et de ses chroniqueurs. Pour finir, j’aime bien cette belle phrase, écrite sur le fronton du blog de mon ami tunisien Salah Horchani, je cite : « qui tolère l’islamisme, récolte le terrorisme » [17] … à méditer !

Mohamed Louizi

[1] https://www.youtube.com/watch?v=KU_7KfvyGi4

[2] http://www.liberation.fr/…/pres-de-2-millions-de-telespect…/

[3] Voir son profil ici : https://www.linkedin.com/in/attikatrabelsi

[4] Lire la présentation ici : http://www.lallab.org/association/

[5] Lire l’interview ici : http://www.iris-france.org/77029-women-sensetour-in-muslim…/

[6] Ici le site officiel : https://womensensetour.com/

[7] Lire ici : http://www.iris-france.org/77029-women-sensetour-in-muslim…/

[8] Lire ici : http://www.la-croix.com/…/Sarah-Zouak-feministe-et-musulman…

[9] http://www.clique.tv/es-sarah-zouak-visage-dun-feminisme/

[10] http://iremmo.org/rencontres/archives-activites/projections/

[11] http://iremmo.org/…/francois-burgat-comprendre-lislam-poli…/

[12] https://www.facebook.com/AssoLallab/photos/a.941745922611112.1073741828.934802616638776/1087273588058344/?type=3&theater

[13] Voir son profil ici : https://www.linkedin.com/in/peter-weiderud-bb2aa327

[14] Lire en arabe ici : http://www.innfrad.com/News/19/361188/ المعهد-السويدى-بالإسكندرية-لا-يحق-لفرنسا-منع-المسلمين-من-ارتداء

[15] Voir ici : http://www.enar-eu.org/

[16] Télécharger le programme en PDF ici : http://www.enar-eu.org/…/pdf/agenda_symposium_draft_25-04-5…

[17] A consulter ici : https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani

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EnquêteNews

POUR LA CORDOBA FOUNDATION LA RADICALISATION ISLAMISTE N’EXISTE PAS

Pour la Cordoba Foundation la radicalisation islamiste n'existe pas

Pour la Cordoba Foundation la radicalisation islamiste n’existe pas

11.10.2016 Carla Parisi

« Circulez, y’a rien à voir » aurait dû être le sous titre du rapport publié par la Cordoba Foundation. La Fondation  a été créée en Grande Bretagne par Anas Al Tikriti est le fils du leader officiel des Frères musulmans en Irak. En 2009, David Cameron a dénoncé la Fondation Cordoba, comme étant un faux nez des Frères musulmans en Grande Bretagne. Raison pour laquelle elle apparaît sur une liste publiée par le gouvernement des Émirats arabes unis d’organisations musulmanes soutenant le terrorisme.

Malgré ce lourd contexte, Anas Al Tikriti  et la Cordoba Foundation sont régulièrement sollicités pour délivrer leurs analyses. Dernier rapport en en date, les mythes de la menaces djihadistes à l’Ouest et la radicalisation islamique ». L’auteur : Alain Gabon est professeur au Wesleyan College (Wesleyenne), institution de la grande bourgeoise wasp américaine.

En introduction, le Dr Abdullah Faliq, responsable du Forum islamique européen explique sur un ton alarmiste que des gouvernements européens ont actuellement « commencé à confisquer et interdire la littérature islamique », à « confondre les pratiques religieuses conservatives avec de l’extrémisme », à « surveiller les mosquées, madrasas et centres de jeunesse (avec le pouvoir de les fermer) », et à « cibler les leaders de la communauté et les organisations islamiques mainstream ». Les « attaques islamophobes » envers les musulmans seraient le fruit d’une « menace surévaluée du djihadisme ». Et finalement, les djihadistes utiliseraient seulement « des slogans anti-autorité (pour un monde meilleur) », dans une « culture rebelle qui peut se retrouver dans presque toutes les communautés ».

A sa suite, Anas Al Tikriti, rend hommage à l’ancien maire de Londres, Ken Livingston, pour son comportement qu’il juge exemplaire après les attentats qui ont frappé la capitale britannique en 2005. Néanmoins, il reconnaît que des attaques racistes touchent Londres, comme les autres capitales mondiales. Il en profite pour fustiger le gouvernement actuel, moins accommodant envers les demandes communautaristes, dont la stratégie de lutte contre le djihadisme conduirait à des pratiques dignes de « l’Inquisition » et du « McCarthysme ». Plusieurs centaines d’enfants, d’après le lobbyiste, auraient été arrachés à leurs parents « sous le prétexte de radicalisation ». Et Anas Al Tikriti de déplorer « la criminalisation de chaque suggestion autour de la responsabilité de la politique étrangère britannique  et de ses interventions étrangères dans l’augmentation du terrorisme ».

Dans son étude, Alain Gabon veut démonter 3 réalités qu’il décrit comme mythes :

  • la plupart des terroristes sont des musulmans islamistes ou djihadistes
  • le terrorisme en général, et sa variété djihadiste en particulier, constitue une grande menace pour la vie humaine dans ces sociétés
  • il existe une radicalisation alarmante d’une partie significative des populations musulmanes européennes.

Ces trois « mythes » seraient propagés et renforcés par les discours politiques, médiatiques et académiques, dans un contexte quasi « orwellien ». En France, ces mythes auraient pour résultat l’interdiction des « voiles et niqab dans l’espace public » ainsi que « la surveillance des mosquées », et donc une « islamo-paranoïa ». Alain Gabon oublie bien sur de préciser que le voile n’est pas interdit dans la rue,  et que la loi contre les signes religieux à l ‘école date de 2004, bien avant les attaques terroristes de Toulouse, de janvier 2015 ou de novembre 2015 à Paris.

En juillet 2016, juste après l’attaque terroriste de Nice, Alain Gabon n’avait pas hésité à publier un article dans Middle East Eye, expliquant que  le tueur n’était « ni un islamiste, ni un djihadiste, ni même un « terroriste » ». En mettant bien entendu le terme mot terroriste entre guillemets.

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Pour minimiser les attaques terroristes islamiques, Alain Gabon explique que seuls 6% des attentats sont perpétrés par des djihadistes sur le sol américain. Le reste serait du à des groupes « latinos, chrétiens, juifs, d’extrême-gauche, écologistes, suprématistes blancs, anti-gouvernement, anti-avortement, souverainistes ou sécessionnistes ». Les attentats islamistes seraient les seuls que la presse couvrirait, alors que le nombre de victimes serait « statistiquement négligeables », et dûs  à des « loups solitaires ». En France, on entend parfois le chiffre de 1% du terrorisme qui serait djihadistes. Si le nombre d’attaques djihadistes est inférieur au nombre d’attaques des séparatistes régionaux par exemple, les attentats djihadistes sont de loin bien plus meurtriers : 245 morts en France depuis 2012. De plus, l’ampleur mondiale du terrorisme islamique, ses réseaux, son budget est incomparable à des groupuscules séparatistes ou anarchistes locaux. Cela n’empêche pas Alain Gabon de blâmer en priorité « l’hystérie et la quasi-apocalyptique rhétorique » autour du djihadisme.

Alain Gabon liste 6 raisons à ce qu’il nomme l’ « hystérie collective » :

  • le choc traumatique du 11 septembre 2001 puis du 13 novembre 2015 couplé à une « absence de distance rationnelle et à une absence de mise en perspective » : en effet, dans les attentats sur le sol européen, il n’y aurait « rien de ressemblant au 11 septembre avant (…) ni après ». Rien à voir, laisser passer. Alain Gabon prend même le pari que rien de similaire au 13 novembre ne se produira de nouveau. En effet, si l’on parle de projeter à nouveau deux avions sur les tours jumelles qui n’existent plus, ou de lancer le même commando dans les mêmes bars et salle de concerts parisiens, il y a peu de chance que cela se reproduise. En revanche, on ne compte plus le nombre d’attentats déjoués en Europe depuis 2 ans. Sans oublier les autres attentats en Irak, en Indonésie, au Bangladesh…
  • le rôle des médias et des politiciens qui « cultivent et nourrissent la mémoire du 11 septembre, de Charlie Hebdo et du 13 novembre ». Les « commémorationnisme » et les hommages aux victimes participeraient donc à ce qu’il décrit comme de l’hystérie… sous forme d’ « auto-asphyxie ».
  • la « mauvaise image rapportée par les médias de » : la Révolution Iranienne, de l’Irak, de la Syrie ou du Yemen…et le fait de présenter certains conflits comme des « divisions chiite-sunnites comme si l’Islam était la cause ».
  • les « calculs électoraux » des gouvernements occidentaux qui veulent « garder les populations focalisées sur la menace djihadiste (…) tout en autorisant des régimes despotiques comme Assad ou Al-Sissi en Egypte, dont le régime de terreur est encore pire que Daesh (…) et en justifiant des interventions militaires néocoloniales ». Cela permettrait à ces gouvernements de « supprimer toute dissidence » dans leur pays par la mise en place d’ « états d’urgence » et de regagner en « popularité » grâce au statut de chef de guerre. «La liste des bénéfices s’allonge », et Daesh serait même « utile ». Alain Gabon n’est pas loin de la vision complotiste du false flag, qu’il induit sans le nommer.
  • l’ « obsession vis-à-vis du terrorisme islamique pour ne pas parler des violences domestiques ou par armes à feu (…) pour retrouver les anciens stéréotyes racistes et islamophobes anti-arabes et anti-musulmans ».
  • le « traitement politique et médiatique qui souligne systématiquement le terrorisme de musulmans en ignorant ou en minimisant les autres formes de terreur, surtout si elles concernent des blancs, chrétiens, de droite ». L’auteur blâme la mobilisation en soutien à Charlie Hebdo, comparée à celle de Charleston ou Dylann Roof tua neuf afro-américains dans une église.

De plus, Alain Gabon prend le parti de définir Bachar al-Assad et Saddam Hussein comme des tyrans laïcs . Il oublie que ces deux personnages n’ont pas tué leur peuple au nom de la laïcité, que la Syrie et l’Irak n’étaient pas laïcs au sens propre, et qu’il n’a jamais existé de mouvement laïque terroriste appelant à soutenir ces criminels. Le général al-Sissi est également épinglé pour avoir massacré « 1000 civils sans défense supporter de Morsi ». Le fait que ces régimes ne soient pas taxés de terroristes prouveraient que nous ne sommes pas loin du « négationniste révisionnisme » au service d’ « objectifs de politique étrangère des Etats-Unis ».

Dans son rapport Alain Gabon affirme que croire que « le terrorisme est une menace majeure pour la vie humaine dans les sociétés occidentales est une grosse erreur ». Il s’agirait même de la  « plus petite cause de mortalité, violente ou non violente, de toutes »…. En la comparant à des accidents domestiques ou de la route, donc par définition, non prévisibles ! Il rajoute même, avec cynisme, qu’un cancer est « bien plus long et plus douloureux qu’une mort rapide ».

Alain Gabon parle de « mythe de la radicalisation islamique », qui induirait que de nombreux jeunes hommes musulmans « se radicaliseraient ».  Il considère que la notion de radicalité ou d’extrémisme est arbitraire, et qu’elle ne veut rien dire. Il rejette l’idée selon laquelle des comportements « salafistes », comme refuser de serrer la main à une femme, mèneraient au djihadisme. Alain Gabon ne propose cependant pas d’autre qualification pour désigner cette « radicalité ». Il pointe du doigt Manuel Valls pour avoir déclaré que « la France doit combattre le djihadisme, mais également le conservatisme et le fondamentalisme » dont « les Frères musulmans et les salafistes (…) et en particulier l’UOIF ». Manuel Valls irait même « plus loin » en faisant appel à la société civile, ou en proposant une ligne téléphonique contre le djihadisme ou en mettant en ligne des vidéos comme antidote à la propagande de Daesh. Les signes de radicalisations décrits seraient « paternalistes ». Alain Gabon dénonce également la fermeture de trois mosquées salafistes, qui serait « injustifiée ».

Finalement, selon Alain Gabon le djihadisme serait un « minuscule phénomène »,  et ce serait avant tout le médias et les gouvernements, qui travaillent à convaincre et à apeurer les populations.

Carla Parisi

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HAVRE DE SAVOIR

Havre de Savoir

05.08.2015 La rédaction

Havre de Savoir est un site internet qui relaie la prose des Frères musulmans en français. Dans sa présentation, Havre du Savoir explique :

« Havre de Savoir est une association qui a pour but de présenter l’Islam à travers une compréhension saine et authentique. Elle se donne pour objectif également de promouvoir ses valeurs éthiques et morales. »

De nombreuses organisations de la mouvance des Frères musulmans prétendent représenter la voie officielle et « authentique » de l’islam, alors qu’il s’agit en réalité de délivrer un message politique. Moncef Zenati, membre du bureau de l’UOIF et chargé de « l’enseignement et de la présentation de l’Islam » est l’auteur de la plupart des textes et vidéos du site. Les autres principaux intervenants sont Hassan Iquioussen ou Hani Ramadan. Un Club de lecture de l’organisation est organisé au Havre. Y ont été invités Christophe Oberlin, Nabil Ennasri ou encore Médine pour son livre avec Pascal Boniface.

L’organisation se félicite de la « réussite » des islamistes turcs et n’hésite pas à déclarer que la Turquie est le seul pays « où l’islam et la démocratie ont réussi là où aucun pays musulman n’a réussi ».

Par le biais de Havre de Savoir, de jeunes français apprendront à se méfier des Chiites, Zaydites, Alaouites et Yazidis, à « comprendre pourquoi ils ne sont pas conformes à la voie du Prophète ». En d’autres termes pourquoi ils sont l’ennemi. Rappelons qu’en Syrie, sous la loi de l’Etat islamique, les Yazidis sont réduits en esclavage et exterminés.

Le 12 février 2015, Havre de Savoir appelait ses lecteurs à participer au Gala caritatif de l’association Syrians & Friends Paris. Y intervenaient notamment :

• Hussem AYLOUCH, président du CAIR de Los Angeles pour expliquer comment résister au « discours médiatique véhiculé après des événements comme le 11 septembre ou Charlie hebdo« .

Abderrahman HADJOUDJE, producteur de la trilogie Californian Muslims.

• Mustafa NASSAR ADALIL, Université Al AZHAR, nous rappellera la définition du leadership en islam en référence aux prophètes et aux compagnons.

Plusieurs personnalités et associations étaient annoncées notamment : « JMF, AAVS, UOSSM, Baraka city, Nabil Ennasri, Deen de confiance, Ahmed Jaballah, Ummawork, Umma’Nite, Deen Factor« 

Hassan Al Banna est régulièrement cité comme un guide incontournable, comme on peut le voir sur cette capture d’écran. L’organisation se réclame non seulement du fondateur des Frères musulmans mais aussi de Sayyid Qutb qui jusqu’à peu était renié par la Confrérie qui avait du mal à présenter sous un jour positif son apologie de la violence.

Hassan Al Banna Ikwan whoswho Havre du savoir

En juillet 2015, l’organisation illustre son profil Facebook avec une symbolique de la Rabaa.

108 000 personnes suivent le profil Facebook de Havre du Savoir. 108 000 personnes qui ont pu lire qu’il fallait se méfier des médias et des politiques français. Moncef Zenati a en effet déclaré lors de la condamnation à mort de Mohamed Morsi :

« Pas un mot dans le journal de 20h de France2. La France pays qui a vu naître les droits de l’homme, le pays défenseur de la démocratie n’est même pas capable de dénoncer une telle injustice. La France des valeurs républicaines est en train de tourner le dos à ses valeurs. Quand je pense que Manuel Valls ne s’est pas empêché de rappeler aux musulmans de France sa phobie des Frères Musulmans qu’il qualifie de mouvement inquiétant. Les opprimés sont inquiétants, alors que leur bourreau est accueilli à l’Elysée avec les honneurs. écœurant!!! »

Ce que Moncef Zenati oublie de dire c’est que :

• comme de nombreux autres leaders des Frères musulmans, il a été invité par le gouvernement de Manuel Valls à parler de l’Islam de France.

• plusieurs intellectuels, journalistes et militants ont déclaré leur opposition à la peine de mort pour des raisons politiques. Y compris parmi nos éditorialistes, qui ne sont pourtant pas connus pour être tendres avec la Confrérie.

Mais le dire impliquerait d’éviter de radicaliser les lecteurs de Havre du savoir, de leur donner le sens de la nuance, ce qui n’est visiblement pas le but de l’organisation.

Havre du savoir jouit d’une très bonne réputation en France. Le rappeur Médine n’a pas hésité à déclarer lutter contre l’islamophobie, au sein de l’association Havre De Savoir.

Ce article est également disponible en العربية et en English.