L’association islamiste CAIR face à de multiples accusations de harcèlement sexuel

Hassan Shibly était jusqu’à la mi-avril 2021 l’influent directeur exécutif de l’association islamiste américaine CAIR, dans son antenne en Floride. CAIR peut être considérée comme l’équivalent du CCIF en France, avec une dimension religieuse légèrement plus assumée. Hassan Shibly, par ailleurs avocat, a œuvré dans CAIR pour promouvoir un agenda politique proche des Frères musulmans en se présentant comme un défenseur des libertés civiles.

Hassan Shibly en compagnie d’Ilhan Omar, membre du Congrès Américain

Il a néanmoins du ce mois-ci se résoudre à démissionner de son poste. En effet, dans une vidéo récemment postée en ligne, sa femme Imane Sadrati appelle le public à l’aide. Elle évoque une relation abusive, faite de violences (gifles, bras tordu, bousculades…) et de harcèlement. Imane Sadrati affirme en parallèle vivre dans une détresse financière depuis que Hassan Shibly lui a coupé l’accès aux finances du couple alors qu’elle s’occupe de leurs trois enfants.

Dans la foulée, un grand nombre de femmes a brisé le silence en apportant elles aussi leur témoignage sur Hassan Shibly. Elles déclarent avoir vécu des « abus émotionnels » et avoir été victime de « mauvaise conduite à connotation sexuelle » de sa part. Aslam Abdullah, un dignitaire musulman californien reconnaît avoir recueilli le témoignage de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles au sein de CAIR national ou dans ses branches. Il rapporte que ces femmes savent par avance que s’il y a investigation interne, cela ne sera pas mené de façon « juste ». L’association texane de femmes musulmanes FACE affirme elle aussi depuis janvier enquêter sur Hassan Shibly suite à de nombreux témoignages.

Le service de radio national américain NPR, de sensibilité politique de gauche libérale, a enquêté et a retrouvé 6 de ces accusatrices qui maintiennent leurs accusations. NPR a également retrouvé et examiné des documents internes de CAIR sur Shibly ainsi que des échanges de mails et de communications sur les réseaux sociaux. Hassan Shibly y est dépeint comme un homme qui utilise sa position pour « séduire » les femmes et intimider toute voix qui serait ultérieurement critique. Les cadres nationaux de CAIR en sont informés dès 2016. Un système d’ « impunité » et de « culture du silence » se met en place, selon les mots du NPR.

D’autres témoignages sont édifiants. Laila Abdelaziz, qui a travaillé avec Shibly dans l’antenne de CAIR Florida, décrit des scènes de harcèlement sexuel. Elle évoque également des photos de femmes prises sans leur consentement. Elle démissionne en 2016, après avoir averti les leaders nationaux de CAIR. D’autres anciennes employées de CAIR à Washington confirment que peu, sinon rien, n’était fait pour répondre à ces problématiques de harcèlement sexuel.

Interrogé par le NPR, Shibly nie les faits et accuse son ex-femme de vouloir « profiter du système légal pour tirer des avantages du divorce ». Il affirme avoir uniquement contracté des « mariages religieux » avec d’autres femmes quand il a senti que son mariage avec Imane Sadrati était « fini ». L’antenne de CAIR en Floride tente elle-aussi d’étouffer l’affaire en présentant la démission de Shibly comme faisant partie d’un plan normal de succession de dirigeants.

Mais une brèche est ouverte et la loi du silence est en train de se briser. Deux plaintes ont été déposées contre l’antenne de CAIR en Californie. Elles évoquent des discriminations en raison du genre (tenue vestimentaire modeste imposée aux femmes) et de la religion (contre la minorité chiite). D’anciens membres du bureau national de CAIR parlent enfin et évoquent des différences de salaire significatives entre les hommes et les femmes, ainsi que des carrières de femmes mises entre parenthèse pour privilégier les hommes.

Suite à la vidéo postée par Imane Sadrati, une autre femme a réagi en écrivant son témoignage sur Facebook. Les faits rapportés sont édifiants. Kyla McRoberts raconte que lorsqu’elle s’est convertie à l’Islam, elle a été approchée par Shibly. Nous sommes en 2016. Il lui a alors proposé un « mariage secret » sans que sa femme n’en soit informée. Elle rapporte qu’une nuit, Shibly lui a coupé sa queue de cheval car elle avait postée des photos d’elle sans son hijab. McRoberts rapporte également que Shibly la forçait a avoir des relations sexuelles, car en tant que femme elle ne pouvait pas refuser. McRoberts a finalement supprimé son témoignage, après avoir dit-elle reçu de l’argent de Shibly pour effacer ces traces.

Le 14 janvier 2021, un compte Instagram a été ouvert pour permettre de recueillir des témoignages de violences sexuelles au sein de CAIR. Il s’agit de « CAIR Victims Forum ».

NB : Fin 2020, CAIR utilisait tous ses moyens de communication pour soutenir le CCIF visé en France par une procédure de dissolution. Marwan Muhammad se réjouissait même de la proposition de CAIR de faire migrer le CCIF dans leurs locaux.

Zarah Billoo, représentante de CAIR en Californie

Pour lire l’enquête du NPR : https://www.npr.org/2021/04/15/984572867/muslim-civil-rights-leader-accused-of-harassment-misconduct

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Qui est Sameera Fazili, la « femme voilée du point-presse » de la Maison-Blanche ?

Le 25 février 2021, le point presse de la Maison-Blanche a été tenu par une nouvelle recrue de l’administration Biden, Sameera Fazili. Sa prestation a été largement commentée. A gauche, certains se félicitent de l’ « inclusivité » de la nouvelle équipe gouvernementale américaine. D’autres, féministes, critiquent son port du voile islamique, symbole de l’impudeur des cheveux féminins. A l’extrême-droite, de nombreux twittos ont profité de l’occasion pour propager des messages racistes.

Au delà des commentateurs habituels, il est instructif de s’intéresser aux réactions de CAIR, l’organisation islamiste américaine directement liée aux Frères musulmans, accusée de terrorisme par les Emirats Arabes Unis. Dès le 14 janvier 2021, CAIR Georgia, l’antenne de CAIR en Géorgie, se félicitait du choix de Jo Biden d’intégrer dans son équipe la « sœur Sameera Fazili » de notre « propre communauté d’Atlanta ». Le 25 février, CAIR National multiplie logiquement les tweets pour congratuler leur « sœur en hijab » à la Maison-Blanche, et… par le biais de son directeur exécutif, critiquer la France par la même occasion.

Portée aux nues par une organisation islamiste comme CAIR, qui est exactement Sameera Fazili ?

Avocate de formation, elle s’est spécialisée dans l’activisme pour les libertés religieuses et les droits humains. Après un parcours plutôt brillant depuis des études de droit à Yale en 1996 et un passage à Harvard en 2000 en sciences sociales, elle trouve un poste au Trésor américain. Recrutée un temps par l’administration Obama, elle devient ensuite directrice de développement à la Federal Reserve Bank of Atlanta, avant d’être promue directrice adjointe du Conseil Economique National (NEC) sous l’administration Biden.

Originaire du Cachemire en Inde, elle s’est investie en parallèle au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), lors de missions en Palestine, au Cachemire et au Pakistan. En 2019, Sameera Fazili devient une des organisatrices des manifestations de l’association américaine Stand With Kashmir, en partenariat avec CAIR.

Stand With Kashmir (SWK) n’est pas qu’une organisation pro-Cachemire qui s’oppose à sa militarisation par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi. Son site internet et son comptes Twitter présentent des sympathies assumées avec des islamistes radicaux.

En mai 2020, SWK partage sur ses réseaux sociaux les appels à la violence armée de Riyaz Naikoo ainsi que les ruines de la maison où il a été tué par l’armée indienne, sans aucun aute commentaire. En effet, Riyaz Naikoo était le commandant du groupe islamiste armé Hizb-ul-Mujahideen, dont l’objectif est l’inclusion du Cachemire dans le territoire du Pakistan, responsable de nombreux attentats en Inde et reconnu terroriste par l’UE et les USA.

SWK, via sa campagne en ligne ReleaseKashmiriPrisoners, demande la libération d’Asiya Andrabi, présentée comme une simple activiste. Mariée à un membre fondateur de Hizb-ul-Mujahideen, elle est à la tête du plus grand réseau de femmes djihadistes au Cachemire. Dans la même lignée, SWK demande également la libération de Yasin Malik, Ataf Ahmad Shah, Peer Saifullah, ou encore Aftab Hilali Shah.

Sameera Fazili n’a à note connaissance jamais apporté d’explications concernant son soutien troublant à CAIR et à Stand With Kashmir.

Qui est Sameera Fazili, la « femme voilée du point-presse » de la Maison-Blanche ?

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Au delà des commentateurs habituels, il est instructif de s’intéresser aux réactions de CAIR, l’organisation islamiste américaine directement liée aux Frères musulmans, accusée de terrorisme par les Emirats Arabes Unis. Dès le 14 janvier 2021, CAIR Georgia, l’antenne de CAIR en Géorgie, se félicitait du choix de Jo Biden d’intégrer dans son équipe la « sœur Sameera Fazili » de notre « propre communauté d’Atlanta ». Le 25 février, CAIR National multiplie logiquement les tweets pour congratuler leur « sœur en hijab » à la Maison-Blanche, et… par le biais de son directeur exécutif, critiquer la France par la même occasion.

Portée aux nues par une organisation islamiste comme CAIR, qui est exactement Sameera Fazili ?

Avocate de formation, elle s’est spécialisée dans l’activisme pour les libertés religieuses et les droits humains. Après un parcours plutôt brillant depuis des études de droit à Yale en 1996 et un passage à Harvard en 2000 en sciences sociales, elle trouve un poste au Trésor américain. Recrutée un temps par l’administration Obama, elle devient ensuite directrice de développement à la Federal Reserve Bank of Atlanta, avant d’être promue directrice adjointe du Conseil Economique National (NEC) sous l’administration Biden.

Originaire du Cachemire en Inde, elle s’est investie en parallèle au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), lors de missions en Palestine, au Cachemire et au Pakistan. En 2019, Sameera Fazili devient une des organisatrices des manifestations de l’association américaine Stand With Kashmir, en partenariat avec CAIR.

Stand With Kashmir (SWK) n’est pas qu’une organisation pro-Cachemire qui s’oppose à sa militarisation par le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi. Son site internet et son comptes Twitter présentent des sympathies assumées avec des islamistes radicaux.

En mai 2020, SWK partage sur ses réseaux sociaux les appels à la violence armée de Riyaz Naikoo ainsi que les ruines de la maison où il a été tué par l’armée indienne, sans aucun aute commentaire. En effet, Riyaz Naikoo était le commandant du groupe islamiste armé Hizb-ul-Mujahideen, dont l’objectif est l’inclusion du Cachemire dans le territoire du Pakistan, responsable de nombreux attentats en Inde et reconnu terroriste par l’UE et les USA.

SWK, via sa campagne en ligne ReleaseKashmiriPrisoners, demande la libération d’Asiya Andrabi, présentée comme une simple activiste. Mariée à un membre fondateur de Hizb-ul-Mujahideen, elle est à la tête du plus grand réseau de femmes djihadistes au Cachemire. Dans la même lignée, SWK demande également la libération de Yasin Malik, Ataf Ahmad Shah, Peer Saifullah, ou encore Aftab Hilali Shah.

Sameera Fazili n’a à note connaissance jamais apporté d’explications concernant son soutien troublant à CAIR et à Stand With Kashmir.

DES FRÈRES MUSULMANS POUR LUTTER CONTRE L’ANTISÉMITISME ?

Des Frères musulmans pour lutter contre l'antisémitisme ?

Des Frères musulmans pour lutter contre l’antisémitisme ?

09.03.2017Carla Parisi

Le 26 février 2017, plus de 500 pierres tombales d’un cimetière juif de Philadelphie (Pennsylvanie) ont été brisées ou renversées. La semaine d’avant, 200 tombes juives étaient profanées dans le cimetière de Saint Louis (Missouri). Des graffitis nazis ont également été retrouvé sur la synagogue de Chicago. Les associations juives américaines ainsi que les associations luttant contre l’antisémitisme tirent la sonnette d’alarme : depuis l’investiture de Donald Trump, les actes antisémites ont tendance à augmenter en fréquence et en intensité. La presse européenne a également fait écho d’augmentation de ces actes de vandalisme et de haine aux Etats-Unis.

Dans un contexte de tensions agitées par Trump contre les minorités, dont le « Muslim Ban » est un exemple, les mains se tendent entre les « communautés » juives et musulmanes américaines. Après l’incendie criminel d’une mosquée du Texas le 28 janvier 2017, les responsables de la synagogue voisine avaient par exemple laissé les clés de leur lieu de culte aux responsables musulmans pour qu’il puisse accueillir leurs fidèles. Le 5 février 2017, de nombreuses associations juives américaines ont défilé à New York contre le Muslim Ban, rassemblant près de 10 000 personnes.. De nombreux imams de New York se sont positionnés contre l’antisémitisme et ont appelé à la solidarité entre juifs et musulmans. Un Marine musulman a proposé son aide pour surveiller des lieux de culte juifs.

Ces initiatives de rapprochements et de solidarité entre responsables juifs et musulmans sont presque inédites dans ce pays où les « communautés », façonnées par le community organizing du système américain, n’ont pas vraiment pour habitude de se mêler.

Néanmoins, il convient de s’interroger sur certaines initiatives, aussi efficaces qu’étonnantes, émanant d’organisations et de personnalités liées aux Frères musulmans peu connues pour leur lutte contre l’antisémitisme.

Suite à la profanation du cimetière de Saint-Louis, Linda Sarsour a lancé une campagne de crowdfunding pour reconstruire les pierres tombales juives : 60 000 dollars ont été récoltés. Ikhwan Info a le mois dernier dénoncé l’OPA de Linda Sarsour sur le féminisme américain lors de la Marche des Femmes contre Donald Trump (ICI). Elle est en effet l’auteure de nombreux tweets appelant à « arracher le vagin » d’Ayaan Hirsi Ali (pourtant déjà excisée, réfugiée et opposante aux islamistes) ou encore défendant la charia comme une voie « raisonnable » et qui « fait beaucoup de sens ».

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Linda Sarsour ne s’était jamais particulièrement investie dans la lutte contre l’antisémitisme. Pourquoi avoir attendu cette période tendue pour les Frères musulmans américains, où le gouvernement pointe du doigt leur rôle dans la radicalisation, pour agir ? Pourquoi avoir attendu que le scandale éclate avec la mise en lumière de ses tweets extrémistes, pour s’intéresser à l’antisémitisme ? Même s’il n’est jamais trop tard, le timing de cette opération peut sembler quelque peu opportuniste lorsque l’on connaît ses autres engagements.

Linda Sarsour considère qu’ »il n’y a rien de plus effrayant que le sionisme ». Elle est une militante du mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanction) contre l’état israélien, qui a tendance à confondre boycott de marchandises et boycott de personnalités israëliennes, voire tout simplement de confession juive et considérées comme « sionistes ». Omar Barghouti, cofondateur du BDS, est engagé contre la solution de deux états (Israël et Palestine) et milite pour la création d’un seul état où les juifs seraient minoritaires. Linda Sarsour partage ce point de vue. Cette opinion est sur l’échiquier politique palestinien vivement soutenue par la branche armée des Frères musulmans, le Hamas, qui dirige actuellement la bande de Gaza, et dont la Charte et les leaders sont célèbres pour leurs propos antisémites.

Linda Sarsour est proche du PCRF (Palestine Children’s Relief Fund), et appelle même aux dons pour cette association. Le PCRF a été sous le feu des projecteurs aux Etats-Unis pour ses liens financiers avec THLF (The Holy Land Foundation). Les fondateurs de The Holy Land Foundation ont été condamnés à des sentences de 15 à 65 ans de prison pour avoir utilisé l’argent de leur organisation pour financer le Hamas et notamment des activités terroristes. Un don de 50 000 dollars du The Holy Land Foundation a été effectué vers le PRCF alors que le The Holy Land Foundation était déjà  désignée comme organisation terroriste par le gouvernement américain. Le département du Trésor américain a désigné The Holy Land Foundation comme terroriste le 4 décembre 2001 (via Executive Order 13224). Après enquête approfondie, le département du Trésor a revu sa définition en « organisation terroriste internationale » et l’Union européenne a gelé ses avoirs.

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Linda Sarsour a également participé également à des manifestations avec l’association Al-Awda, qui milite également pour une solution à un état, et donc à mots couverts, pour la destruction de l’état d’Israël.

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Le co-fondateur d’Al-Awda, Abbas Hamideh, encourage les juifs à quitter Israël et à retourner « en Europe, au Maroc, ou de la où il viennent ». Il décrit le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, comme « l’homme le plus honorable sur terre », un « leader puissant et honorable de la résistance ». En janvier 2016, elle intervient à la tribune lors de la marche organisée par Al-Awda à Washington en soutien à la Palestine.

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Linda Sarsour, après avoir été coorganisatrice de la première marche des femmes, est annoncée pour la grande manifestation pour les droits des femmes du 8 mars 2017. Le B’nai B’rith, qui n’avait pas encore réagi, comme la plupart des grandes organisations juives, sort de son silence et s’indigne de la présence, aux côtés de Linda Sarsour, de Rasmea Odeh. Cette dernière a purgé une peine de prison de 10 ans après avoir organisé un attentat en 1969 à Jérusalem qui a coûté la vie à deux étudiants israéliens.

« Donc, nous sommes en 2017, et une terroriste condamnée qui a tué deux personnes (…) devient une figure du féminisme contemporain », « et alors que l’agenda politique de Linda Sarsour gagne en crédit depuis janvier, sans parler de son audience de millions de personnes, maintenant, une autre activiste anti-Israël, anti-sioniste, antisémite, va disposer d’une plateforme pour distiller son idéologie radicale ».

La comptabilité des multiples engagements de Linda Sarsour continue de poser question. Mener la fronde féministe aux États-Unis tout en soutenant la charia ? Lutter contre l’antisémitisme tout en participant à des manifestations avec des pro-Hezbollah, pro-Hamas ou pro-terrorisme ?

Un autre organisme soulève les mêmes questionnement quant à sa sincérité. L’association CAIR a, par le biais de son directeur Nihad Awad, déclaré le 21 février 2017 offrir 5 000 dollars à quiconque aurait une information sur la personne qui menace de faire exploser des centres communautaires juifs, après plusieurs alertes téléphoniques inquiétantes.

CAIR a été classée comme terroriste par les Émirats Arabes Unis pour ses liens avec la confrérie des Frères musulmans.

Nihad Awad a refusé de condamner sur Al-Jazeera aucune organisation œuvrant pour la libération de la Palestine, signifiant ainsi qu’il ne condamne pas le Hamas. Lors du procès contre le The Holy Land Foundation (évoquée ci-dessus), des liens financiers et humains entre THLF et CAIR ont été mis en lumière par le FBI. (Voir ici)

Nihad Awad partage également la tribune au Qatar avec le leader spirituel des Frères musulmans, le Cheikh Youssef Qaradawi. Il le désigne comme un « savant proéminent ». Qaradawi est célèbre pour ses avis religieux ayant ouvertement légitimé les attentats-suicides, notamment en Israël. Sur Al-Jazeera, il affirme en 2009 que « tout au long de l’histoire, Allah a imposé [aux juifs] des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. […] C’était un châtiment divin. Si Allah veut, la prochaine fois, ce sera par la main des croyants ».

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Voici donc un bref aperçu des différentes prises de positions de Linda Sarsour et de CAIR. Sont ils sincèrement les nouveaux fers de lance contre l’antisémitisme aux États-Unis ?

Carla ParisiNews

PORTER UN HIJAB POUR LUTTER CONTRE LE MACHISME DE DONALD TRUMP ?

Porter un Hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

Porter un Hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

27.01.2017Fiammetta Venner

C’était une belle marche. Une marche essentielle, alors que le nouveau président des Etats-Unis s’apprête à supprimer les subventions au Planning familial.

C’était surtout censé être une Marche Féministe… Sauf quand certains ont essayé de convertir cette belle Résistance dans une opportunité de légitimer l’oppression des femmes, de banaliser le voile comme un symbole de résistance, amalgamant musulmans et islamistes.

La Amplifier Fondation a proposé aux manifestants de diffuser une image de femme en hijab pendant la marche avec pour slogan: « Nous le peuple ». Un bus repeint avec cette affiche les distribuait d’ailleurs pendant la manifestation.De nombreux musulmans libéraux se sont sentis très mal à l’aise. En effet la présence de cette affiche excluait de fait le combat des femmes musulmanes ne portant pas le voile. Mona Eltahawy, écrivain égyptien-américain d’ailleurs exprimé son malaise.

« Je suis une musulmane égypto-américaine qui a combattu pendant 8 ans pour arrêter de porter le hijab »

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D’autres ont été très choqués par l’invitation faite par la Marche des Femmes à CAIR. CAIR est une organisation très controversée et qui a été placée sur la listes des organisations terroristes par les Emirats Arabes Unis. CAIR défend l’islam politique et n’hésite pas à recourir à des campagnes de diffamation contre ceux qui questionneraient leurs méthodes. Zahra Billoo, directrice exécutive de CAIR San Francisco a pris la parole lors de la Marche des Femmes sur Washington, dans la capitale du pays. Elle a expliqué sans la moindre honte que les Noirs assassinés par la Police, les homosexuels harcelés ou les enquêtes du FBI sur les « musulmans » relevaient du même processus.

Zahra Billoo n’était pas la seul oratrice problématique. Linda Sarsour, directrice de l’Association arabe américaine de New York (AAANY) était également présente. Membre des organisatrices de la Marche des femmes, Linda Sarsour estime que des enfants musulmans sont « exécutés » aux Etats-Unis et la CIA est derrière un terroriste islamiste: « Underwear bomber était le #CIA tout le long. Pourquoi le savais-je déjà? »

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Elle a plusieurs fois défendu le régime de la Charia sur les réseaux sociaux :

Dans un autre tweet, elle exprime le désir de retirer le vagin d’une opposante politique. Ayaan Hirsi Ali, exisée, victime d’une fatwa et opposante de longue date aux islamistes.

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Rien de très surprenant puisque la famille de Linda Sarsour est liée au Hamas.

Autre élément de la tragique naïveté d’une certaine gauche américaine, certaines militantes ont suggéré que des marcheuses portent le voile, comme si c’était un jeu.

Beaucoup de féministes musulmanes ont réagi en disant que cette vidéo leur retournait le coeur.

Il faut espérer que la gauche américaine se réveillera rapidement. L’exotisme n’empêchera pas de résister à Trump, il aidera juste les fanatiques… Et Donald Trump.

CAIR MASSACHUSETTS OÙ COMMENT DIFFUSER LA HAINE DE MANIÈRE POLICÉE

CAIR Massachusetts où comment diffuser la haine de manière policée

CAIR Massachusetts où comment diffuser la haine de manière policée

13.12.2016

L’organisation CAIR (Council on American-Islamic Relations), une des plus grandes association frèristes américaines, crée depuis des années des antennes locales dans plusieurs états américains. Ils aspirent à être les seuls représentants des musulmans américains. Au risque de faire en sorte que le grand public confonde « musulmans » et « islamistes » comme on a pu le constater lors de la dernière campagne électorale.

Le quartier général de CAIR est situé à Washington. Nous allons nous intéresser aux dirigeants de l’une des dernières antennes créées, CAIR-Massachusetts (CAIR-MA), instaurée en juin 2015, et dont le siège est basé près de Boston dans une école théologique.

John Robbins est le directeur de CAIR-MA. En parallèle, John Robbins officie à l’Islamic Society of Boston Cultural Center (ISBCC) où il organise des séances de lectures islamiques et des rencontres avec des auteurs d’ouvrage sur la pratique de l’Islam aux Etats-Unis.

CAIR-Massachusetts organise également de nombreux événements dans les locaux de l’ISBCC. Les deux entités partagent locaux et personnel. Le 16 octobre, CAIR-Massachusetts y invitait les musulmans à venir s’y enregistrer pour recenser les électeurs musulmans pour l’élection présidentielle. CAIR-Massachusetts   propose aussi régulièrement des conférences pour l’orientation des étudiants musulmans ou autour de sujets de société.

L’Islamic Society of Boston dépend de la Muslim American Society (MAS), qui a été fondée par et pour les Frères musulmans, comme en témoigne son ancien secrétaire général Shaker Elsayed : « Ikhwan members founded MAS », littéralement : « des membres de la confrérie ont fondé la MAS ». Abdulrahman Alamoudi a aussi reconnu l’appartenance frériste lors de son procès. Youssef al-Qaradawi , leader spirituel des frères musulmans, a également été listé parmi les curateurs de la mosquée de l’ISB.

L’Islamic Society of Boston (ISB, qui comprend l’ISBCC et une mosquée) a été fondée en 1981 par des associations étudiantes musulmanes, dont MSA-MIT (voir plus bas) et par Abdulrahman Alamoudi qui en a été le premier président. Ce dernier est connu de l’administration américaine depuis les années 1990 pour apologie de groupes terroristes. En 1996, Abdulrahman Alamoudi appelait le Président Clinton à libérer le Cheikh Omar Abdel Rahmane, pourtant reconnu coupable dans l’attentat du World Trade Center de 1993. En 2000, il appelait ouvertement à soutenir le Hamas et le Hezbollah. Cela n’empêcha pas le président Bush de l’inviter à la Maison Blanche pour commémorer les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Il purge actuellement une peine de prison de 23 ans depuis 2004 pour sa participation à un complot de Kadhafi visant à éliminer via Al-Qaïda le Prince Abdallah d’Arabie Saoudite. Il a avoué avoir financé Al-Qaïda et le Jihad Palestinien Armé.

De nombreux prêcheurs de haine ont été invités par l’ISB.

En octobre 2015, Hussain Kamani, qui affirme que « l’homme doit assouvir ses besoins sexuels avec sa femme (…) ou avec une esclave qui lui appartient » et que « celui qui commet l’adultère doit être lapidé à mort », appelle les musulmans de l’ISB à « ne pas ressembler aux juifs » et à « battre leurs enfants » si ceux-ci ne prient pas.

Un autre invité de l’ISB, Abdul Nasir Jangda, légitime également l’esclavage : « l’esclavage dans l’Islam et vraiment différent et supérieur, moralement et spirituellement, à l’atroce et obscène esclavage transatlantique » et affirme le « droit divin d’un homme d’avoir ses désirs physiques satisfaits ».

En 2016, l’ISB recrute un imam-associé, Abdul Malik Merchant, qui considère le voile pour les femmes comme une obligation si elle ne veut pas être « kufr » (apostat) et qui affirme que l’homosexualité est un choix et que la Charia combat les hommes efféminés. Le New York Post rapporte que la librairie de l’ISB contient des livres de Sayyid Qutb, Frère musulman pionnier du djihadisme moderne.

Souhait Webb, alors imam de l’ISB, diffuse même en 2012 un programme pour les jeunes intitulé Young Muslim qui comporte l’étude de textes de Mawdudi, Hassan al-Banna ou encore Sayyid Qutb.

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L’ISB a refusé de participer au programme d’Obama contre la radicalisation de 2015 intitulé « Countering Violent Extremism » alors que Boston faisait partie des trois villes pilotes au niveau national. Boston avait été choisie pour son fort taux de djihadistes d’al-Qaïda ou de l’Etat Islamique originaires ou ayant vécu dans la ville. Le directeur de l’ISB, Yusufi Vali, se défend en disant que ce programme « stigmatise les musulmans ».

L’ISB a été mis sous les projecteurs par la presse et le FBI en 2013 après les attentats du marathon de Boston lorsqu’il a été révélé que les deux terroristes, les frères Tsarnaev, avaient fréquenté la mosquée de l’ISB depuis 2009.

Tahirah Amatul-Wadud est membre du Conseil d’Administration de CAIR-MA et… de la Commission du gouvernement du Massachusetts pour les femmes. Elle a aussi été invitée à la Maison Blanche en 2015 au Bureau des partenariats confessionnels. CAIR a été listé comme terroriste par les Emirats Arabes Unis, mais l’administration Obama a systématiquement soutenu l’organisation.

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Le 14 novembre 2015, elle participait en tant qu’intervenante à la Conférence Annuelle contre l’Islamophobie organisée par l’association Muslims Of America. Cette organisation a été fondée en 1980 par le Cheikh Mubarak Ali Gilani. Le Département d’Etat Américain a décrit le Cheikh Gilani comme en lien direct avec l’organisation Jamaat ul-Fuqra. Décrite comme une terroriste et comme « une secte qui veut purifier l’Islam par la violence » dans un rapport du Département d’Etat de 1999, interdite au Pakistan, plusieurs de ses membres ont été condamnés pour meurtre ou tentative de meurtre aux Etats-Unis et au Canada.

Tahirah Amatul-Wadud partage sur sa page Facebook des articles du Cheikh Gilani, comme l’article complotiste « Extreme Wahhabism is the Brainchild of British Intelligence Agency » qui affirme que les « services secrets britanniques » ont créé l’Etat Islamique, que le 11 septembre n’est pas le fait de Ben Laden mais d’ « insiders », que la tour 7 du World Trade Center s’est effondrée par « démolition contrôlée », que « Hitler et les juifs avaient une animosité mutuelle », qu’ « Hitler n’était pas un ennemi de l’Amérique », et que « les chiites ne sont pas des musulmans ».

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L’association Muslims Of America a été épinglée plusieurs fois par l’Anti Defamation League pour des propos antisémites (« les juifs sont un exemple de Satan humains »), homophobes (« il existe des agents de Satan (…) immoraux (…) l’homosexualité en est un parfait exemple »), antichrétiens (« les chrétiens (…) croient en la suprématie et au pouvoir de Satan »),

Tahirah Amatul-Wadud est par ailleurs l’avocate du Cheikh Gilani.

Troisième dirigeant de CAIR, Nadeem Mazen est également membre du Conseil d’Administration de CAIR-MA… ainsi que conseiller de la ville de Cambridge.

Il a été dans les années 2000 président de l’association d’étudiants MSA-MIT (Muslim Students Association – Massachusetts Institute of Technology), alors que l’imam de l’association était Suheil Laher, un ancien dirigeant de l’organisation de charité islamique CARE international soupçonnée d’avoir levé des fonds pour des djihadistes en Bosnie, en Afghanistan et en Tchétchénie. Il ne faut pas confondre Care International fondé par Abdullah Azzam, qui n’existe plus, et Care International, une ONG fondée en 1945 aux Etats-Unis dans l’optique du plan Marshall avant de se diversifier.  Suheil Laher a promu sur son site web le djihadiste Abdullah Azzam, mentor d’Oussama Ben Laden. Le journal allemand Spiegel décrit la MSA-MIT comme un repaire d’ « islamistes engagés ».

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Nadeem Mazen a créé en 2014 MassMuslims, un site web et une page Facebook qui proposent des conférences avec des prédicateurs intégristes comme Omar Suleiman (pour qui l’homosexualité est « une maladie » et « un péché répugnant et honteux « ) ou Yasir Qadhi (pour qui la Shoah est une « propagande fausse »).

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Nadeem Mazen a apparaît en 2014 dans une vidéo produite par le gouvernement américain créée pour « décrire » les musulmans américains. Il a par ailleurs annoncé son opposition au programme d’Obama « Countering Violent Extremism » créé pour lutter contre la radicalisation. Il considère que la lutte anti-terroriste du gouvernement Obama « cible les musulmans ».

Enquête, News

DALIA MOGAHED, CONSEILLÈRE D’OBAMA

DALIA MOGAHED, CONSEILLÈRE D’OBAMA

Dalia Mogahed, conseillère d'Obama

Dalia Mogahed, conseillère d’Obama

01.12.2016 Carla Parisi

Dalia Mogahed est une universitaire américaine née en Égypte en 1974. A la fois directrice de son entreprise de conseil spécialisée dans le Moyen-Orient, Mogahed Consulting, et directrice de recherche à l’Institute for Social Policy and Understanding, elle a été recrutée en 2009 par l’administration Obama comme conseillère au Bureau des partenariats confessionnels de la Maison Blanche. Elle a auparavant travaillé en tant que directrice exécutive du centre d’études musulmanes Gallup. Mogahed a également été invitée à témoigner devant la Commission des relations étrangères du Sénat des États-Unis sur l’engagement des États-Unis auprès des communautés musulmanes et elle siège au Conseil consultatif sur la sécurité intérieure du Département des États-Unis. Elle a ainsi rejoint Madeleine Albright et Dennis Ross comme une voix de premier plan dans le projet d’engagement entre les États-Unis et les musulmans. Elle est la première conseillère voilée de la Maison Blanche.

Le magazine Arabian Business l’a désignée comme la femme arabe la plus influente dans le monde, et le Centre Royal d’Etudes Stratégiques Islamiques a inclus Mogahed dans la liste des 500 musulmans les plus influents dans le monde. Elle a également été récompensée par le prix de l’Entrepreneur social arabe de l’année par l’organisation indienne Ashoka.

Dans son rôle en tant que scientifique Gallup, Mogahed a souvent été invitée comme commentateur dans les médias et les forums internationaux. Ses analyses ont été publiées dans le Wall Street Journal, le magazine Foreign Policy, le Harvard International Review, et de nombreuses autres revues académiques et populaires. Son auditoire comprenait des chefs d’État, des parlementaires du monde entier et des leaders religieux de toutes les confessions.

Elle se fait vraiment connaître en 2007 dans le milieu universitaire aux Etats-Unis en écrivant avec le compagnon de route des Frères musulmans américains John Esposito : Who Speaks for Islam?: What a Billion Muslims Really Think. Elle y expose sa propre vision de la Charia, qu’elle décrit comme universelle : « une boussole [morale] reflétant des principes valables à toute époque, qui ne peut être changée » et de la loi islamique qui en découle : « une carte qui doit se conformer à cette boussole ».

Lorsque le Président Obama la recrute deux ans plus tard, de nombreux universitaires, comme la spécialiste du Moyen-Orient Elham Manea, s’inquiètent : « ces lois [de la Charia] perpétuent les discriminations envers les femmes dans la famille ». Elle conclue : « Obama ne veut pas ressembler à l’ancien président Bush qui avait des vues unidimensionnelles, et il adopte alors des vues opposées, mais elles aussi unidimensionnelles ».

Sur la chaîne Al-Arabiya, elle décrit sa mission dans l’administration Obama : « mon travail est d’étudier les musulmans, la façon dont ils pensent et leurs idées ». Dalia Mogahed n’a jamais peur de façonner une « communauté musulmane », de parler en son nom, ni de prêter à tous les musulmans les mêmes traits, quitte à les essentialiser et à faire perdurer les stéréotypes. Sa nomination s’inscrit par ailleurs dans la politique du gouvernement Obama de faire émerger des leaders communautaires. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Al-Arabiya rapporte que Dalia Mogahed se donne également pour mission de chercher à « réduire le nombre d’avortements ».

Le site Islam Online, créé par le leader spirituel des Frères musulmans Youssef Al-Qaradawi ayant légitimé les attentats-suicides, parle de Dalia Mogahed comme d’une « success story aux Etats-Unis ». Interviewée sur ce site internet en avril 2009, elle affirme que le djihadisme n’a rien à voir avec l’Islam : « beaucoup ont dit que les terroristes ont détourné l’Islam. Je ne suis pas d’accord. Je pense que l’Islam est sans danger, et est prospère dans les vies des musulmans de tous les pays ».

En octobre 2009, elle est invitée au dîner annuel de l’association frèriste CAIR (pointée du doigt par le FBI car soupçonnée de liens avec le Hamas, et classée terroriste aux Emirats Arabes Unis). Elle semble avoir annulé sa participation lorsqu’il a été rendu public qu’elle partagerait son dîner avec l’imam Siraj Wahhaj, ancien partisan de Nation Of Islam, défenseur du Cheikh Omar Abdel-Rahman et de la lapidation, il considère « Allah comme supérieur à la démocratie », et est cité comme « unindicted co-conspirator » dans l’attentat du World Trade Center en 2003. Elle a toutefois participé au dîner annuel de CAIR en 2015, et est annoncée à celui du 17 décembre 2016. CAIR publie des articles élogieux sur Dalia Mogahed sur son site web, et n’hésite pas à la féliciter pour son rôle auprès du président Obama.

Toujours en octobre 2009, elle donne une interview à la chaîne anglaise Muslima Dilemna, qui appartient au parti politique Hizb ut-Tahrir (ou parti de la libération islamique). Ce parti milite ouvertement pour la mise en place d’un Califat mondial régi par la Charia. Face à deux militantes de Hizb ut-Tahrir qui défendent la Charia comme source de législation et qui affirment que la femme ne doit pas avoir de position de leadership, elle n’émet aucune contradiction, et affirme : « je pense que la raison pour laquelle tant de femmes soutiennent la Charia est parce qu’elles en ont une compréhension très différente de la perception occidentale. La majorité des femmes dans le monde associent la justice entre les sexes, la justice pour les femmes, avec la Charia ». Dalia Mogahed en profite pour dire à ses interlocutrices que son rôle est de « transmettre au Président et aux autres représentants officiels ce que les musulmans veulent ».

En 2010, elle décrit le mouvement Gülen comme un « mouvement inspirant pour les musulmans ».

En 2012, elle s’adresse sur Twitter aux soutiens de Bachar al-Assad en leur disant qu’il n’a pas de légitimité car « il ne peut pas assurer la stabilité, la protection des minorités, ni la résistance à Israël ».

En 2014, elle est l’invitée d’honneur du dîner du CCIF, aux cotés de Marwan Muhammad, Rokhaya Diallo, Houria Bouteldja, Rachid Abou Houdeyfa, Nader Abou Anas, Ahmed Jaballah, ou encore Nabil Ennasri.

Outre CAIR, Dalia Mogahed a également été intervenante pour d’autres associations reliées aux Frères musulmans :

  • Islamic Circle of North America, ICNA, (congrès de 2015)
  • Muslim American Society, MAS, (congrès de 2016)
  • Islamic Society of North America – Muslim Student Association, ISNA-MSA (annoncée au congrès de 2016 aux cotés de Tariq Ramadan)
  • Muslim Public Affairs Council, MPAC, (congrès de 2016)

Ce article est également disponible en English.

CONFÉRENCE EUROPÉO-TURQUE SUR L' »ISLAMOPHOBIE » À SARAJEVO

Conférence européo-turque sur l’”islamophobie” à Sarajevo

06.07.2016Carla Parisi

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Un « Premier Sommet Européen sur l’Islamophobie » a eu lieu à Sarajevo du 24 au 26 juin 2016. Malgré le titre « conférence européenne », la rencontre était surtout une l’initiative du think-tank turc SETA (Fondation pour la recherche politique, économique et sociale).

Seta est un think tank gravitant autour de l’AKP. La SETA, a été mise en place sous la tutelle du Ministère des Affaires Etrangères, qui finance les projets de recherche et les nominations. Appelés « Instituts de Recherche Stratégique » (stratejik düşünce kuruluşu), ces think-tank font le relais entre l’AKP de Recep Tayyip Erdogan et le milieu universitaire, en circuit quasi-fermé. Le Monde diplomatique s’était félicité en 2010 de la présence d’un tel maillage du milieu intellectuel et politique et avait même osé un titre : « Les think tanks turcs, agents du changement ». Tout un programme.

Gilles Kepel a qualifié la SETA de « boîte à idées d’Ahmet Davutoglu ». Universitaire, ancien premier ministre, ancien ministre des Affaires Etrangères turc, ancien patron de l’AKP il est considéré comme le penseur de la « profondeur stratégique » de la Turquie post-kémaliste de l’AKP ».

La SETA possède une antenne à Washington. La Seta y fait du lobbying, invite des militants de l’association controversée CAIR. Ou même Dalia Mogahed. Un lobbying qui a du succès puisque les responsables de cette Fondation sont invités sur des chaines internationales sans que soit systématiquement rappellé pour qui il font du lobbying. Sur France 24, le 7 octobre 2014 Kadir Ustun était invité à parler de Kobane ! La SETA a conservé son implantation au Caire. Elle considère le maréchal Al-Sissi comme illégitime, et fait l’éloge de l’ancien président Morsi.

La SETA a présenté au Parlement Européen en mai dernier un rapport sur l’ « Islamophobie en Europe » portant sur l’année 2015. Le rapport de 600 pages a été rédigé par Farid Hafez, chercheur de l’université de Salzbourg, et Enes Bayrakli, responsable de département à l’université germano-turque d’Istanbul. Plusieurs rédacteurs se sont chargés des parties nationales. Des « universitaires extraordinaires » selon les mots du Think Tank. On noter Olivier Esteves, Agrégé d’Anglais, qui a rédigé la partie consacrée à la France.

La partie anglaise a elle été rédigée par Arzu Merali. Elle est une des contributrice de l’ Islamic Human Rights Commission, la maison mère pro-khomeiniste qui a diffusé le terme confus en Grande Bretagne. En 2015, Islamic Human Rights Commission a trouvé pertinent de remette à Charlie Hebdo le prix de l’islamophobe de l’année.

Une cinquantaine de personnalités politiques, n’ont pas du tout été gênés de participer à un forum organisé par un think tank de L’AKP. Parmi eux Bernard Kouchner, José Luis Zapatero, Jack Straw et Mustapha Chérif ancien ministre algérien de l’Enseignement supérieur.

Que nous dit ce rapport ?

Au delà d’un paragraphe sur la montée du Front National et le danger qu’il représente, ou sur les quelques odieux cas de racisme décrit, le reste du rapport est édifiant.

Le rapport reprend tout d’abord les chiffres peu fiables du CCIF concernant les cas d’ « islamophobie » en France. Plusieurs observateurs ont à de nombreuses reprises signalé les erreurs, les approximations et les affabulations des chiffres du CCIF. Comme l’histoire tragique d’un musulman assassiné. Un crime islamophobe d’après le CCIF qui oubliera tout simplement que cet homme assassiné est certes musulman mais qu’il est assassiné par un autre musulman dans une affaire de règlement de comptes et de stupéfiants. (Pour en savoir plus voir IciIciIci, et Ici.)

La partie française du rapport met en accusation ceux qui ceux qui refusent d’utiliser le terme « islamophobie » pour décrire le racisme anti-musulmans : Manuel Valls, Caroline Fourest ou encore… Charb.

S’ensuivent des interviews de personnalités membres ou proches des Frères musulmans : des membres d’Etudiants Musulmans de France, du CCIF, du lycée musulman Averroès de Lille…

La laïcité est plusieurs fois décrédibilisée : « la laïcité sert souvent à légitimer une respectable forme d’hostilité anti-musulmans ».

Le journal Charlie Hebdo est à nouveau pointé du doigt, avec la même rhétorique qui a conduit au pire : les assassinats de Charb, Cabu, Bernard Maris… ont « provoqué des conditions difficiles pour les musulmans pour exprimer à la fois leur détestation des attaques mortelles ainsi que leur distance critique envers Charlie Hebdo qui a largement flatté et attisé des préjudices islamophobes dans la société française et européenne ».

Le slogan « Je suis Charlie » fait également partie du rapport contre l’ « islamophobie ». Emmannuel Todd aurait même eu le tord de le renforcer…

Plusieurs livres sont qualifiés d’ « islamophobes », avec au coté d’Eric Zemmour, les ouvrages d’Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq ou Isabelle Kersimon. Au contraire, le livre d’Edwy Plenel, Pour Les Musulmans, est salué.

Le rapport est également critique envers le CFCM et Anouar Kbibech qui a déclaré au gouvernement que le CFCM allait « certifier les imams pour qu’ils ne donnent que des sermons de paix, et non-radicaux ».

La conclusion est attendue : finalement, les « voies de la radicalisation » sont les « prisons surpeuplées, le faible niveau académique, les discrimination dans le monde du travail, ou comme le dit Olivier Roy, un environnement où la seule cause romantique est le djihad »… mais au lieu de ça le gouvernement fait du seul problème « l’Islam, via les imams radicaux, les mosquées qui ont des choses à cacher, ou les musulmans médiatiques qui ont du mal à embrasser la laïcité ». Jamais l’idéologie islamiste, la propagande religieuse, ne sont mis en cause : « le manque de causes politiques et le déclin de la foi expliquent que François ou Marie embrassent le djihadisme ».

La conférence de Sarajevo a donc été l’occasion de reprendre les éléments de langage anti-laïcs de ce rapport.

Yasser Louati, porte-parole du CCIF pour l’année 2015, a pris la parole pour démontrer via un tableau la « Guerre institutionnelle de la France envers ses citoyens de confession musulmane ». Une hallucinante liste dans laquelle on trouve mêlé des lois qui viennent de l’état et qui concernent juifs, chrétiens et musulmans comme visant uniquement les musulmans. Ou des affaires provoquées par une revendication communautaire. Ou même un débat.

Nu besoin de décrire la mauvaise foi de cette liste, mêlant Charte de la laïcité, crèche privée, voile intégral… et dont les effets législatifs concernent toutes les religions.

Devant un auditoire international, le ton est volontairement catastrophé :

− « voici ce qui est en train d’arriver aux français de confession musulmane au XXIème siècle, une série de mesures prises pas les institutions, l’État lui-même, pour rendre acceptable le fait de toucher a la constitution pour cibler les musulmans ».

− « on a transformé la laïcité pour en faire un outil de stigmatisation et de ciblage des musulmans, en appliquant l’obligation de neutralité religieuse aux citoyens,(…) c’est comme si on vous disait par exemple : vous avez votre liberté d’expression, très bien, mais à la maison »

− « une série d’abus ciblant spécifiquement les jeunes filles de confession musulmane »

− « nous venons de recevoir un nouveau projet de loi pour contrôler de manière plus sévère l’émergence d’écoles privées ». A noter que Yasser Louati rejoint ici le seul parti politique vent debout à s’opposer au projet de loi, qui est le Parti Chrétien Démocrate de Christine Boutin.

− « ce qui est en train de se passer, c’est ce que j’appelle une Résistance des français de confession musulmane »

Yasser Louati présente ensuite, selon ses termes, « plusieurs histoire (de réussite) qui ont fait la Une en France » :

− « Wahiba », une jeune entrepreneuse, a qui un chef d’entreprise aurait dit: « avec ce bout de tissu sur ta tête, nous ne t’embaucherons pas, nous embaucherons des LBGT, des transsexuels, tout autre être humain, mais pas toi ».

− En recherchant sur Internet, il s’agirait de Wahiba Khallouki, qui a tweeté en réponse à une journaliste d’Orient XXI, Warda Mohamed : « Le recruteur d’une célèbre agence m’a dit de me réorienter parce qu’un transsexuel avait plus de chances que moi ».

− « Al Kanz : célèbre bloguer, un des plus influents de twitter, avant gardiste qui donne le la, quand il tape quelque chose, tout le monde suit ».

− Ah bon. Intéressant, pour un blogeur salafiste.

− « Le Lycée Averroès, premier lycée confessionnel musulman de France, meilleur de France, meilleures notes au bacs chaque année scolaire ».

− Yasser Louati oublie que le Lycée Averroès a quitté le top 100 depuis plusieurs années, et qu’il est classé 258ème en 2016.

− « Les coalitions pour faire face à l ‘état d’urgence en France »,

− où « la communauté musulmane a été traitée par le gouvernement comme l’ennemi intime », comme « lorsque Valls dit plusieurs mois avant le 13 novembre : ‘nous menons une guerre contre un ennemi invisible, un ennemi interne’. L’état d’urgence décrété après le 13 novembre est un projet qui avait déjà été écrit quelques mois avant même les attaques de novembre 2015 ». Preuve irréfutable, bien que complotiste, pour Yasser Louati.

− La suite est explicite : « la coalition a gagné, notre victoire majeure a été d’harceler les membres du parlement, harceler les médias, travailler avec la CNCDH ». Yasser Louati avoue que c’est « première victoire, d’une convergence d’associations non musulmanes et musulmanes travaillant ensemble ». Le CCIF tente depuis plusieurs mois d’associer la lutte contre l’ « islamophobie » à des luttes sociales, sous couvert de « convergence de lutte », comme lors de sa présence à Nuit Debout contre la Loi Travail.

− Yasser Louati affirme enfin : « Le gouvernement français a dit : nous allons nous retirer de la Convention Européenne des droits de l’homme ». Il déforme une fois de plus la réalité. L’article 15 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme prévoit de déroger à certains droits en cas de danger public menaçant la vie de la nation, la France a donc fait une demande officielle au vu des attaques terroristes, tel que le prévoit le droit, sans se retirer de la Convention.

Yasser Louati dit rapporter les paroles d’une rédaction d’un journal majeur : « nous avons des ordres clairs, ne pas critiquer l’état d’urgence en France ».

Il compare la France aux pires régimes dictatoriaux sanguinaires : « le guide du ministère des affaires étrangères, 10 Idées Reçues sur la France, l’Islam et les musulmans, ça m’a rappelé la propagande de l’ère soviétique ou de l’Afrique du Sud pendant l’apartheid »

Pour l’ancien porte-parole du CCIF, la France « fabrique l’ennemi interne », comme en 2003 « pour faire passer lois régimes de retraites », ou actuellement pour « faire passer l’état d’urgence ». Les musulmans seraient donc « le baromètre de la démocratie et de l’état de droit dans les « démocraties » occidentales ».

Il conclue sur son plan d’action :

− 1) faire parler les victimes

− 2) faire du lobbying (UN, EU, Conseil européen, OSCE, association non musulmanes, réseaux sociaux, médias)… pour « ridiculisez votre pays face à l’opinion internationale »

− 3) éduquer (fonctionnaires, journalistes, événement public…) et investir les médias.

Le mot de la fin revient à Haroon Moghul : « les efforts contre l’islamophobie sont essentiels pour les efforts contre l’extrémisme. » Au moins tout le monde est prévenu.

Carla Parisi

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