LE TAMKINE CHEZ LES FRÈRES MUSULMANS

Le Tamkine chez les Frères Musulmans

29.04.2015 Mohamed Louizi

Dans la littérature contemporaine des « Frères Musulmans », le Tamkine représente la finalité tant désirée par les « frères » et l’édifice politique que construisent obstinément leurs bras depuis bien longtemps. C’est le but ultime visé par toute action frériste plaidant la cause de l’islam pour que cette religion – telle qu’elle est comprise par les frères – domine toutes les autres religions et pour que sa Charia puisse gouverner l’humanité entière. Pour atteindre cette ultime finalité, les « Frères Musulmans » s’y acheminent progressivement à travers quatre étapes successives : Premièrement, « Présentation  et propagation de l’islam ». Deuxièmement, « Choix et sélection des individus ». Troisièmement, « Affrontement des faiblesses structurelles et corrections des imperfections constatées ». Quatrièmement, « le Tamkine » ou la domination politique globale.

Chez les « frères », le Tamkine rime avec le triomphe, l’autonomisation, la domination, la suprématie, la victoire et la possession, sans partage, du pouvoir politique, pour qu’enfin l’islam sunnite, asharite, salafiste, du haut de sa « grandeur », domine les cœurs et organise la société, selon les lois de Dieu et dans le strict respect de la tradition (sunna) du prophète Mohammad !

Ainsi, le mot Tamkine n’est pas un simple vocable qui serait neutre. En effet, dans la littérature des « Frères Musulmans », d’ici comme d’ailleurs, ce terme en particulier, renvoie sémantiquement à toute une construction idéologique, fondée sur des textes « sacrés », et à une planification stratégique – comme celle découverte en Egypte en 1992, dans l’affaire « Salsabîl » – conçue dans un but ultime d’atteindre le cœur même du pouvoir politique et de tous ses annexes, non pas en usant, comme avant, de la brutalité contre-productive des armes et de la violence, pour renverser l’existant et s’assoir à sa place, mais plutôt en prenant le temps, petit-petit, à marcher à petite allure sur un autre chemin « proactif », d’apparence démocratique et pacifique, certes long, mais avec une vision stratégique globale sur le long terme ; un cap bien défini ; un but clairement identifié ; des objectifs pour chaque étape ; des moyens évolutifs ; des ressources humaines renouvelées et formées ; des ressources matérielles et techniques modernisées ; des alliances pragmatiques avec diverses sphères et acteurs de la société ; des établissements structurés et embellis ; des centres spécialisés ; des sources de financements stabilisées, diversifiées et internationalisées ; des réseaux d’influence étendus et mis à jour selon les couleurs politiques de la saison ; des tableaux de bords de supervision systématiques ; des indicateurs de références mesurant les écarts à rattraper et les dynamiques à encourager ; des grilles d’évaluation périodiquement mise à jour et améliorées, etc.

La marche continue. Les marcheurs chantent en chœur : « Allah est notre ultime but ; le Messager est notre exemple et guide ; le Coran est notre constitution ; le Jihad est notre voie ; mourir dans le sentier d’Allah est notre plus grand espoir ». Ainsi, la marche avance suivant les pas de ses premiers initiateurs des années 1928. Elle gagne chaque jour quelques mètre-carré musulmans, ici et ailleurs.

Seule une lecture, dans sa langue arabe d’origine, de l’intégralité du livre d’Ali Sallabi, jamais traduit à aucune autre langue à ma connaissance, permettra d’apporter plus amples d’éclairage sur un sujet grave qui concerne notre futur proche et collectif.

Majoritairement, les musulmans n’adhèrent pas à cette vision de domination, que portent ces islamistes ultra-minoritaires mais chevronnés, que ce soit par la violence des armes ou par une sorte de « violence douce ». Cependant, il n’est pas difficile de constater que l’histoire des communautés, musulmanes entre autres, n’a jamais été écrite par la majorité mais plutôt par une toute petite minorité très active et extrêmement « proactive » – au sens d’Alain Paul Martin dans son livre « La gestion proactive », publié en 1983, l’année de la création de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF).

ORIGINES DE L’UNION DES ORGANISATIONS ISLAMIQUES DE FRANCE

Origines de l’Union des organisations islamiques de France

24.04.2015 Fiammetta Venner

L’Union des organisations islamiques de France est née en 1983, à l’initiative de deux étudiants étrangers venus faire leurs études en France : Zouhair Mahmood et Abdallah Ben Mansour. À cette époque déjà, les mouvements islamistes — notamment les Frères musulmans — sont étroitement surveillés au Maghreb et au Machrek où ils ont fait échouer la modernisation de l’islam, et rêvent de renverser les régimes en place pour mieux instaurer des régimes politiques guidés par la Charia. Leur seule chance d’y parvenir et de gagner l’épreuve de force passe par l’internationalisation du mouvement. Leurs théoriciens envoient donc leurs futurs cadres faire leurs études en Occident, où ils peuvent profiter de la liberté d’expression et du contexte démocratique pour se radicaliser et recruter avant de revenir, plus forts que jamais, poursuivre la lutte dans leurs pays d’origine. L’Europe et la France sont donc considérées comme des bases arrières, où il faut multiplier les associations d’encadrement pour étudiants musulmans étrangers, notamment grâce au soutien financier des Saoudiens qui voient dans cette internationale islamiste un moyen de lutter contre le communisme et le nationalisme arabe. L’une des principales organisations de ce type s’appelle l’Association des étudiants islamiques en France (AEIF). Elle servira notamment de cadre associatif à un étudiant soudanais venu faire ses études en France, Hassan al-Tourabi, qui deviendra l’éminence grise d’un régime prônant le rétablissement de la Charia au Soudan. Les théologiens de référence de l’AEIF sont des Frères musulmans syriens, comme Issam al Attar ou Saïd Ramadan al-Boutih. Ses prêches influencent le co-fondateur de l’Union, Zouhair Mahmood, mais celui-ci n’est pas d’accord sur tout. Ce jeune étudiant irakien venu faire des études en France dans les années soixante-dix/quatre vingt se souvient des questions qui l’habitent alors, lui et ses amis :

« Nous nous demandions s’il était licite de vivre en Occident et de s’y installer. Beaucoup de savants des pays d’origine nous expliquaient que ce n’était pas licite. (…) Je me souviens de Cheikh Saïd Boutih-Ramadan qui pensait que ce n’était pas licite »[1].

Lui et son ami, Abdallah Ben Mansour, ne sont pas entièrement de cet avis. À l’image d’autres théoriciens des Frères musulmans, plutôt maghrébins ou égyptiens, ils estiment que la France peut représenter davantage qu’une zone de transit. Il existe un formidable potentiel politique inexploité chez les jeunes musulmans de France, à condition de réussir leur islamisation. De cette réflexion naît une association qui devient un peu la rivale de l’AEIF, et en même temps une structure assez proche : l’Union des organisations islamiques en France. En réalité, la rivalité consiste surtout à se disputer un public au prétexte de cette option stratégique qui divise les Frères musulmans du Moyen-Orient et ceux du Maghreb : l’Europe est-elle une simple base arrière ou un enjeu en soi ? Pour le reste, les cadres de l’UOIF partagent les valeurs islamistes radicales prônées par les Frères musulmans.

Abdallah Ben Mansour, l’autre fondateur de l’UOIF, est un étudiant tunisien proche du Mouvement de tendance islamique, le futur parti Ennahda de Ghanouchi, soit la branche tunisienne des Frères. Ghanouchi n’est autre que le principal opposant islamiste au régime tunisien. Formé par les Frères musulmans en Égypte et en Syrie, où il a fait ses études, il revendique un mouvement d’islamisation à la tunisienne inspirée par les Frères :

« avec les Frères musulmans, qui reste la plus importante organisation islamique dans le monde arabe, il n’y a pas de rupture, mais une évolution »[2].

L’ « émir » comme les partisans de Ghanouchi l’appellent, comme tous les Frères musulmans, est connu pour son double langage. Il peut afficher un discours tout à fait démocrate lorsqu’il s’agit de dénoncer l’autoritarisme du régime tunisien pour mieux revendiquer sa part de pouvoir au nom du pluralisme démocratique : « La légitimité de l’État ne repose que sur le choix du peuple ». Aucun penseur musulman, dit-il, « ne prétend que l’autorité du gouvernement soit l’incarnation divine ».

Il oublie de préciser que tous les penseurs musulmans dont il s’inspire insistent sur la souveraineté absolue de Dieu « qui ne peut être déléguée »[3]. Un double discours confirmé par des militants de son propre mouvement : « Dans ses discours aux journalistes, aux diplomates, Ghanouchi donne une image moderniste, démocrate, pluraliste ; à nous il parle de chasser les envahisseurs américains et leurs alliés (les régimes en place), (…) de sauver la sainte kaaba et la tombe du Noble Prophète des ordures des ennemis des Arabes et de l’islam »[4]. Voilà donc l’homme qui sert de modèle aux co-fondateurs de l’UOIF. Non seulement il leur sert de modèle, mais il continue de les guider : en exil à Londres, Ghanouchi participe au Conseil européen de la Fatwa chargé d’édicter les avis religieux guidant l’UOIF. Nous y reviendrons. En co-fondant l’UOIF, Ben Mansour a en tête de réussir en France l’islamisation voulue par son mouvement en Tunisie. Il aurait pu devenir français grâce à son épouse, qui est de nationalité française, mais sa demande de naturalisation a toujours été rejetée par les autorités. En effet, le gouvernement peut s’opposer par décret, pour indignité ou défaut d’assimilation, à l’acquisition de la nationalité française par le conjoint étranger. Ben Mansour porte l’affaire au Conseil d’État qui rejette sa requête rappelant que : « M. Ben Mansour était en 1995 l’un des principaux dirigeants d’une fédération à laquelle étaient affiliés plusieurs mouvements extrémistes prônant le rejet des valeurs essentielles de la société française »[6]. Non pas que Ben Mansour soit un terroriste, mais il est incontestablement porteur de l’idéologie et de la stratégie des Frères musulmans, dont il s’inspire pour animer l’Union des organisations islamiques en France. Celle-ci opère bientôt un changement de stratégie et devient l’Union des organisations islamiques de France pour mieux signifier qu’elle souhaite désormais compter comme une association française à part entière. Cette stratégie visant l’institutionnalisation va porter ses fruits. Moins de dix ans plus tard, Ben Mansour accueillera en personne le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, au Congrès 2003 de l’UOIF. Ainsi, cet homme que les autorités françaises ne veulent pour rien au monde naturaliser français peut se targuer d’être à la tête d’une organisation qui reçoit le ministre de l’intérieur en « ami ». Et pourtant, il n’a ni changé, ni rien perdu de sa radicalité. Son modèle, ainsi que celui de son organisation, reste les Frères musulmans. Même si l’UOIF affirme ne plus être sous la tutelle de la confrérie depuis 1991 — de façon structurelle —, son modèle, son islam, ses méthodes et ses objectifs continuent d’être inspirés par les Frères musulmans.

Fiammetta Venner

Une première version de ce texte a été publiée dans

OPA sur l’islam de France : Les ambitions de l’UOIF

[1] Entretien avec Zouhair Mahmood, 23 novembre 2004. Saïd Ramadan Al Boutih (à ne pas confondre avec la famille de Tariq Ramadan) est néanmoins une référence pour de nombreux jeunes de l’UOIF.

[2] Antoine Sfeir, Les réseaux d’Allah. Les filières islamistes en France et en Europe, Plon, Paris, 2001, p. 25. 1ere édition 1997.

[3] Antoine Sfeir, op. cit., p. 50.

[4] Antoine Sfeir, op. cit., p. 51.

[4] Extrait de la décision du Conseil d’État, 7 juin 1999, n° 178449, Ben Mansour.

FRÈRE MUSULMAN, C’EST AVANT TOUT UNE ÉCOLE DE PENSÉE

Frère musulman, c’est avant tout une école de pensée

07.04.2015 Fiammetta Venner

L’UOIF proteste à chaque fois qu’un observateur rappelle leur proximité idéologique avec la matrice égyptienne. Lorsque l’on demande à Fouad Alaoui quels sont ses liens avec les Frères musulmans, il répond : « C’est un mouvement parmi d’autres. Nous le respectons, dans le sens où il a prôné un renouveau et une lecture moderniste de l’islam. Mais notre démarche en France se situe au-delà. Nous n’avons aucun lien organique avec les Frères musulmans ». C’est une ruse assez courante chez des militants formés par les Frères. Ils feignent de confondre l’appellation Frères musulmans en tant qu’« organisation formelle » et l’appellation Frères musulmans désignant l’école de pensée fondée depuis l’Égypte par Hassan al-Banna[1], afin de se disculper de tout procès en islamisme au motif qu’ils ne sont pas « organiquement » reliés à la confrérie des Frères musulmans. Une confrérie aux trois quarts secrète, sans aucun lien organique avec la plupart de ses membres, et dont la nocivité réside moins dans sa structure que dans les idées qu’elle véhicule.

Ce culte de l’informel est même typique des Frères dont l’origine remonte à 1928, lorsque six garçons enthousiasmés par les prêches d’Hassan al-Banna viennent le trouver pour mettre en application ses précieux conseils : « Nous avons entendu, nous avons pris conscience et nous avons été touchés, mais nous ne savons pas quel est le chemin concret qui nous ramènera vers la splendeur de l’Islam. (…) Comment nous appellerons-nous ? Afin d’être officiellement reconnus, serons-nous une association ou un club, une confrérie ou un syndicat ? ». La réponse que leur fait al-Banna est essentielle pour comprendre ce que sont les Frères musulmans : « Rien de tout cela, laissons de côté les apparences et les officialités. Que le principe et la priorité de notre mission soient la pensée, la morale et l’action. Nous sommes des Frères au service de l’Islam nous sommes donc les ‘Frères musulmans’ ». Tout est dit dans cette phrase. Les Frères musulmans ne sont pas un mouvement, ni même une confrérie au sens formel du terme, mais une école de pensée. Les islamistes savent remarquablement jouer de ce flou pour troubler les observateurs occidentaux, qui s’évertuent à chercher des liens organiques entre des associations alors qu’il s’agit d’une idéologie dont on peut se revendiquer ou, au contraire, nier tout lien formel, selon les besoins et le contexte. D’une certaine manière, on pourrait comparer le fait d’être Frère musulman avec son ennemi ontologique : le fait d’être marxiste. On peut être marxiste sans avoir sa carte du parti communiste. En revanche, on ne peut pas être marxiste sans croire à la lutte des classes. C’est un peu la même chose avec les Frères musulmans. On peut être Frère sans être relié organiquement avec la confrérie égyptienne, simplement en adhérant à la pensée et à la méthode de Hassan al-Banna. Or, c’est bien le cas de tous les cadres de l’UOIF, même s’ils prétendent vouloir adapter l’idéologie des Frères musulmans au contexte français : « la pensée des Frères musulmans s’est internationalisée, elle n’est pas restée en Égypte. C’est une pensée qui est partagée par l’UOIF mais elle doit être réactualisée en tenant compte de la France »[2], explique Fouad Alaoui. C’est aussi une ruse très fréquente chez les Frères musulmans, qui prétendent savoir faire le tri entre les buts et les moyens prônés par Hassan al-Banna en fonction de leur époque et de leur environnement. Ce qui peut troubler ceux qui ne connaissent pas en détail l’idéologie des Frères. Car elle demande justement de savoir s’adapter à son milieu, à son époque et à son contexte, non pas pour se modérer mais pour être plus efficace. Or la recherche de cette efficacité est terrifiante lorsqu’on connaît les objectifs d’Hassan al-Banna, unanimement partagés par les Frères musulmans, quelles que soient leurs divergences sur les moyens d’y parvenir. Car l’homme que l’ensemble des prédicateurs de l’Union présente comme le « plus grand réformiste de ce siècle »[3] n’était en rien un modèle et son islam n’était en rien « moderniste ». La pensée et la méthode d’Hassan al-Banna ne visaient pas à moderniser l’islam mais à instaurer un régime fondé sur un islam fondamentaliste et intégriste. Ce qui fait toute la différence. Et rien dans son programme, purement fascisant, ne peut être l’objet d’un tri. C’est d’ailleurs dans les années 30, alors que l’Occident connaît sa crise totalitaire, qu’Hassan al-Banna imagine en miroir un islam totalitaire. Les programmes des Frères font régulièrement référence à l’Allemagne nazie, et plusieurs économistes de la confrérie se sont inspirés du programme fasciste italien[4]. Dans leur programme en sept points, les Frères musulmans prévoient notamment de rassembler en une seule et grande patrie sous la bannière de l’islam tout « empan de terre où il y a un musulman qui prononce ‘Il n’y a pas de divinité si ce n’est Dieu lui-même’ », car « Si le Reich allemand s’impose comme protecteur de tous ceux dont le sang allemand coule dans les veines, et bien la foi musulmane s’impose à chaque musulman ayant la capacité de se considérer comme protecteur de toute personne ayant été imprégnée de l’apprentissage coranique ». Jean-Marie Le Pen — qui a récemment déclenché un scandale pour avoir regretté que la Gestapo n’ait multiplié les exécutions sommaires — n’aurait pas dit mieux[5]. Et pourtant, les Frères musulmans continuent d’apparaître aux yeux d’une certaine extrême gauche comme un « mouvement de libération », simplement parce que les Frères ont contribué — avec d’autres — aux manifestations de soutien au putsch des Généraux égyptiens ayant mis fin à la colonisation anglaise. C’est en tout cas la vision défendue par le petit-fils de Hassan al-Banna, Tariq Ramadan, qui voue une admiration sans borne à son grand-père, qu’il présente comme le « plus grand réformiste de ce siècle ». Dans sa thèse apologétique sur Hassan al-Banna, Tariq Ramadan décrit son grand-père comme un réformateur se distinguant des autres par sa capacité à transformer le fondamentalisme musulman en dynamique politique et sociale. On retrouve très exactement la même thèse à l’UOIF : « Ce qui a distingué l’imam Hassan el Banna que l’on place à juste titre et avec tout le mérite dans la lignée des grands penseurs et réformateurs, (…) c’est qu’il a su greffer cette dimension organisationnelle à la dimension spirituelle et à la dimension intellectuelle »[6]. Cette présentation angélique oublie toutefois de préciser, auprès des interlocuteurs non-initiés à l’histoire politique de l’islam, que la réforme prônée par Banna n’était pas moderniste mais fondamentaliste. De même que les Frères ont participé à la libération de l’Égypte pour mieux demander, dès le lendemain, l’instauration d’une théocratie — au sens où la loi devait se fonder sur la Charia et non sur l’intérêt commun. Dès 1954, des émissaires des Frères ont formulé cette exigence auprès de Nasser, qui raconte : « J’ai rencontré le Guide suprême des Frères qui m’a submergé de demandes. La première chose qu’il a demandée était que le gouvernement proclame le port du voile pour les femmes. Il a fait ensuite d’autres demandes, telles que la fermeture des cinémas et des théâtres, et d’autres choses encore pour rendre la vie sombre et sinistre. Il était, bien entendu, impossible de faire une chose pareille »[7]. Cette demande n’est pas surprenante. Dans leur programme visant à établir une société islamique idéale, les Frères musulmans sont très clairs. Le mouvement se fixe pour objectif de « réformer les lois pour qu’elles se conforment à la législation islamique, notamment les infractions et les sentences pénales », en diffusant « l’esprit islamique dans les instances du gouvernement afin que les citoyens se sentent tous appelés à appliquer les préceptes de l’islam ». En attendant, sur le terrain, les Frères disent vouloir « initier le peuple au respect des mœurs et rendre publiques les prescriptions relatives à la loi ». Ce qui passe par « montrer de la fermeté dans l’application des sanctions pénales relatives aux mœurs ». Cet objectif, au cœur du programme, occupe plusieurs propositions. Il s’agit de « supprimer la prostitution », de « considérer la fornication, quelles que soient ses conditions, comme étant un crime grave qui nécessite une sanction légale », de « lutter contre toutes les sortes d’exhibitions et d’ostentations et appeler fermement les femmes, particulièrement les enseignantes, les lycéennes et les étudiantes, les médecins, (…) à un comportement respectueux », mais aussi d’« interdire la mixité entre étudiants et étudiantes », de « considérer tout contact mixte en tête à tête comme un crime susceptible d’être sanctionné » et de « fermer les dancings, les lieux libertins et interdire la danse et tout contact gestuel entre un homme et une femme ». Et encore, il ne s’agit que d’un extrait. Un programme qui n’a rien d’étonnant quand on connaît l’obsession de Hassan al-Banna pour la pudeur et les bonnes mœurs.

Né dans un petit village égyptien, Hassan al-Banna vient d’une famille très rigoriste. Son seul apprentissage consiste à connaître le Coran par cœur. À l’âge de 12 ans, il prend la tête d’une Association de la bonne conduite morale, une ligue de vertu destinée à faire régner la discipline et respecter les bonnes mœurs au sein de son école. Un coup d’essai puisqu’il devient quelques années plus tard le fondateur d’un Groupe pour la prévention des actes illicites invitant les Égyptiens à dénoncer les actes immoraux de leurs concitoyens[8]. Banna est moins traumatisé par la colonisation que par la libéralisation des mœurs que les missionnaires chrétiens tentent d’insuffler à son pays. Plus tard, il choisit de ne pas étudier à Al Azhar, la prestigieuse université théologique égyptienne, mais de devenir plutôt enseignant, pour pouvoir être plus proche du peuple et exercer sa propagande auprès de la jeunesse. Dès qu’il a un instant, il prêche devant les cafés, lieux d’émulation politique de l’époque, où il s’oppose inlassablement à la décadence occidentale, et affirme la nécessité de revenir à un islam fondamentaliste pour retrouver la force conquérante de l’islam. Il combat notamment de toutes ses forces un certain Abdelraziq, référence de tous les musulmans modernistes, qui vient de publier un livre montrant que Mahomet n’a jamais souhaité qu’un gouvernement lui succède et qu’il est donc tout à fait possible de séparer le religieux du politique en islam[9].

Voilà donc qui est l’homme à l’origine d’un mouvement que l’UOIF présente comme prônant « une lecture moderniste de l’islam ». Preuve que l’Union n’a aucun scrupule quand il s’agit de désamorcer les critiques. Hassan al-Banna n’en avait pas non plus. Pour lui, tous les procès en intégrisme adressés aux Frères musulmans étaient l’œuvre d’un complot : « Le judaïsme mondial, et le communisme international ainsi que les puissances colonialistes et les tenants de l’athéisme et du laxisme moral, tous étaient, dès le premier jour, de ceux qui voyaient dans les Frères et leur message un obstacle important »[10]. Cinquante ans plus tard, on retrouve ce même réflexe à l’UOIF. Dans l’une de ses brochures, Critères pour une organisation musulmane, l’Union rend non seulement hommage à Hassan al-Banna, mais elle traite d’‘hérétiques’ ceux qui s’avisent de critiquer les théoriciens les plus radicaux de l’islam fondamentaliste : « Aujourd’hui il y a des gens qui trouvent du plaisir en dénigrant Ibn Taymiyya, Mohamed Ibn Abdelwahab, Sayyid Qotb, Youssef al-Qaradhawi ou Fayçal Mawlawi. À quoi sert de détruire la mémoire musulmane ? À quoi sert de détruire ces références musulmanes ? À moins que ça soit la politique de la terre brûlée pratiquée par des gens haineux, ignorants ou hérétiques ? »[11].

Cette brochure a été rédigé par Moshen Ngazou, responsable de l’éducation à l’UOIF et délégué de la région Sud, à partir d’une conférence donnée lors de la rencontre annuelle du Bourget le 3 mai 1998. Elle est inquiétante à plus d’un titre. Elle prouve non seulement que l’UOIF adhère à la pensée des Frères musulmans, mais qu’elle s’inspire des plus radicaux. En effet, à côté de Hassan al-Banna, elle cite en modèle des théoriciens que bien des Frères égyptiens n’osent plus aujourd’hui évoquer de peur d’être désavoués. Ibn Taymiyya, par exemple, est le penseur médiéval auquel se réfèrent tous les extrémistes prônant le djihad contre les chrétiens. Ils s’appuient sur ses avis religieux (Fatwas), émises en pleine guerre contre les croisés, pour justifier des meurtres comme celui des moines Tibéhirine commis par le GIA en Algérie. Mohamed Ibn Abdelwahab, l’autre référence citée, n’est autre que le fondateur du wahhabisme[12], cette doctrine fondamentaliste extrêmement stricte propagée et mise en application par l’Arabie Saoudite. Sayyid Qotb, quant à lui, est le plus infréquentable des Frères musulmans. Numéro deux de l’organisation après la mort de Hassan al-Banna, il a été emprisonné par Nasser, comme l’ensemble des cadres du mouvement soupçonnés de vouloir renverser le régime. Il sert de référence à tous ceux qui prévoient de recourir à la violence contre les gouvernements en place… ces derniers entravant leur projet de réislamisation radicale. De son vivant, Hassan al-Banna avait prévu que la conquête du pouvoir serait semée d’embûches : « Tous les gouvernements se placeront face à vous, et chacun d’eux tentera de limiter votre action en vous mettant les bâtons dans les roues. Les usurpateurs s’opposeront par tous les moyens à votre développement et chercheront à éteindre la lumière de votre appel. (…) Vous entrerez alors, il n’y a aucun doute à cela, dans le cycle de l’expérience et de l’épreuve. Vous serez arrêtés et emprisonnés, vous serez déportés et torturés ». En cas de besoin, si c’est le dernier recours possible, le fondateur des Frères musulmans encourage ses Frères à se soulever et à user de la violence : « les Frères musulmans n’useront de la force dans l’action qu’en dernier recours, quand il n’y aura pas d’autres issues, et quand ils seront persuadés qu’ils ont parachevé la réalisation de la foi et de l’union. Et s’ils doivent employer la force, ils seront dignes et sincères, ils avertiront au préalable puis ils attendront, puis seulement ils s’avanceront avec noblesse et fierté en supportant avec confiance et calme toutes les conséquences de cette décision ». Or c’est bien en situation de dernier recours que se sentent placés les disciples de Banna lorsque ceux-ci ne parviennent plus à gagner du terrain mais sont au contraire arrêtés et emprisonnés. C’est donc en suivant fidèlement les préceptes de son maître que Sayyid Qotb écrit un petit manifeste, Signes de piste, par lequel il appelle clairement à renverser Nasser l’« apostat » depuis sa cellule : « les gouvernants actuels des musulmans sont en état d’apostasie. Ils se sont nourris à la table de l’impérialisme, celui des croisés, celui des communistes ou celui des sionistes, (…) l’apostat doit être tué, même s’il n’est pas en état de mener la guerre »[13]. Face à la « jahiliyya », le mot qu’utilise le Coran pour décrire le monde polythéiste et barbare préislamique, il explique que « l’instauration de l’État islamique est une obligation », or « si l’État ne peut être instauré que par la guerre, celle-ci est pour nous un devoir ». Qotb sera pendu le 26 août 1966, devenant le deuxième martyr du mouvement des Frères. Depuis, de nombreux crimes ont été commis en son nom — notamment celui du président algérien Boudiaf et celui d’Anouar al-Sadate[14], le successeur de Nasser. Ben Laden lui-même, ainsi qu’Aymen al-Zawahiri (le cerveau des attentats du World Trade Center, issu des Frères musulmans) citent régulièrement Qotb pour justifier leur djihad contre les « croisés », qu’ils soient sionistes, Américains ou simplement occidentaux. Sa seule évocation peut valoir d’être arrêté et torturé dans les régimes en guerre contre les islamistes. Voilà pourquoi un certain nombre de Frères musulmans égyptiens disent avoir pris leurs distances avec l’option djihadiste de Qotb. Les Frères exilés dans des démocraties n’ont pas les mêmes contraintes. Ghanouchi, ainsi que l’UOIF, lui rendent hommage. Pourquoi s’en étonner, l’UOIF s’inspire des théoriciens les plus radicaux qui soient chez les Frères musulmans. Mieux, elle cite comme étant l’une de ses références Fayçal Mawlawi, un théoricien du djihad armé, passé aux travaux pratiques. Membre des Frères, ce Cheikh islamiste libanais a créé la Jama’a islamiyya, organisation liée aux Frères musulmans, où il a longtemps reçu les fonds du banquier suisse nazi Genoud pour son action contre Israël. La référence est encombrante. Et pourtant, l’UOIF l’assume, même si Fouad Alaoui explique : « Notre référence religieuse a longtemps été le Cheikh libanais Fayçal Mawlawi. Il a cessé de l’être quand il est devenu le numéro un de la Jama’a islamiyya au Liban. Nous avons désormais notre propre référence, qui est Ahmed Jaballah, le directeur de notre Institut de formation de Saint-Denis ». Reconnaître que Mawlawi a été le maître à penser de l’UOIF est en soi très grave. Qui plus est, Alaoui ment lorsqu’il dit que le chef de l’organisation terroriste libanaise n’est plus leur référence. Mawlawi n’apparaît effectivement plus dans les textes officiels à partir du moment où son organisation libanaise commence à revendiquer des attentats (ce qui nuirait à son image officielle), mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle ait rompu tout lien avec lui. Il est toujours numéro deux du Conseil européen de la Fatwa fondé à Londres par l’UOIF, et il intervient toujours à l’Institut de l’UOIF. En fait, Fouad Alaoui joue sur les mots : Mawlawi n’est tout simplement plus la référence exclusive de l’Union. En effet, nous venons de le voir, elle s’inspire de tous les théoriciens islamistes les plus extrémistes, sans sectarisme. Et elle continue d’être sous la tutelle théologique de Youssef al-Qaradhawi, un pur produit des Frères musulmans qui dirige son Conseil européen de la Fatwa.

Fiammetta Venner

Repris de  OPA sur l’islam de France : Les ambitions de l’UOIF

[1] Pour plus de détails sur la biographie de Hassan al-Banna on se référera à la première partie du travail de Caroline Fourest : Frère Tariq. Discours, stratégie et méthode de Tariq Ramadan, Grasset, 2004. Pour une biographie plus apologétique, on préférera : Ushama Thameem, Hassan al-Banna, vision and mission, Percetakan Zafar sdn. Bhd, Kuala Lumpur, 1995.

[2] Cité par Samir Amghar, « L’UOIF et l’enjeu d’une représentation nationale », Eurorient, n°12, 2002.

[3] C’est ainsi que le présente Tariq Ramadan dans sa thèse sur Hassan al-Banna, Aux sources du renouveau musulman, 1ère édition chez Tawhid, rééditée en septembre 1998 par Bayard/Centurion.

[4] Sayyid Qotb et Mohamed Ghazali, deux des théoriciens de la réforme économique des Frères. Auteur de L’Islam et les questions économiques, Ghazali préconise un « régime économique semblable à celui qui a existé dans l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste ». Cité par Richard Labévière, Les dollars de la terreur, Grasset, Paris, 1999, p. 134.

[5] Dans une entretien à Rivarol paru le 7 janvier 2005 ; Jean-Marie Le Pen déclare : « l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine » en France. « Si les Allemands avaient multiplié les exécutions massives dans tous les coins comme l’affirme la vulgate, il n’y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques ».

[6] Critères pour une organisation musulmane, brochure de l’UOIF diffusée lors des congrès de l’organisation.

[7] Déclaration du 15 janvier 1954 citée par un historien d’Hassan al-Banna, Thameem Ushama, dans Hassan al-Banna, vision & mission, op..cit., p. 95.

[8] Qu’on me permette ici une note typographique concernant l’usage de la particule « al » en arabe. En français, la particule « de » précédant un nom n’apparaît que lorsque l’on met le prénom avant (Dominique de Villepin) ou si le nom n’est composé que d’une seule syllabe (de Gaulle). De même que l’on dit « Villepin était formidable à l’ONU » et non pas « de Villepin était formidable à l’ONU », on dira donc « Hassan al-Banna était un prédicateur intégriste » ou encore que « Comme la plupart des Frères musulmans, Banna n’avait jamais fait detudes de théologie ». En revanche, on écrira Al Jazira ou Al Ahram car il ne s’agit pas de noms de personne.

[9] Abdelraziq, L’islam et les fondements du pouvoir.

[10] Hassan al-Banna, Al-qawl al-fasl (Dernière parole), 1948, et Al-Bayân (Déclaration), 1948, deux opuscules posthumes cités dans R. Sa’îd, Hassan…, p. 149. Commenté dans Olivier Carré, Michel Seurat, Les frères musulmans, L’Harmattan, 2001, 1ère édition, Gallimard 1983, p. 32.

[11] Nous avons opté pour une uniformisation des noms sur la base des premiers articles publiés par les auteurs. « Qaradhawi » est écrit de multiples façons, y compris dans les tracts et ouvrages de l’UOIF.

[12] Majoritairement pratiqué en Arabie saoudite, le wahhabisme est une doctrine mi-politique, mi-religieuse. Née au XVIIe siècle de l’alliance d’un chef de tribu et d’un religieux, elle cimente l’État saoudien. Longtemps endémique à la péninsule arabique, elle est parvenue à séduire au-delà, grâce au financement dus au pétrole.

[13] Le livre de Qotb, ainsi que son contexte, sont très bien étudiés par Gilles Kepel, Le Prophète et le Pharaon, Seuil, Paris, 1993.

[14]Les assassins de ces deux hommes se revendiquent de Qotb. Sadate avait pourtant fait la trêve avec les Frères musulmans et libéré la plupart d’entre eux mais il avait le tort de vouloir rétablir des relations diplomatiques avec Israël. L’un de ses meurtriers, un ingénieur islamiste, a signé un livre dans lequel il appelle à l’exécution de l’« apostat de l’islam, nourri aux tables du sionisme et de l’impérialisme ». Cité par Gilles KepelLe Prophète et le Pharaon, op.cit.

LA MAIN DU TAMKINE DES « FRÈRES MUSULMANS »

La main du Tamkine des « Frères Musulmans »

07.04.2015 Mohamed Louizi

Une signification de la « Main du Tamkine« , dite « R4BIA » (يد رابعة)  :

Etape 1 : Présentation de l’islam.

Etape 2 : Sélection des futurs « Frères musulmans« 

Etape 3 : Affrontement et spécialisation

Etape 4 : Domination et Tamkine

… Et enfin, la « main du Tamkine » du Directeur du « Collège Averroès » et Président de la « Fédération Nationale de l’Enseignement privé Musulman » (FNEM) de l’UOIF :

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HILMI AL-QA’OUD : « LA PLUPART DES MUSULMANS VEULENT UN CALIFAT ISLAMIQUE »

Hilmi Al-Qa’oud : “La plupart des musulmans veulent un califat islamique”

06.04.2015 La rédaction

Les Frères musulmans ne reconnaissent pas le califat proclamé par Baghdadi, mais ils ont leur propre projet d’établissement d’un califat transnational gouverné par la charia.

Dans un article publié le 24 novembre 2014 sur le site des Frères musulmans (FM), le chroniqueur Hilmi Al-Qa’oud, maître de conférence à l’Université de Tanta en Égypte, salue la notion de califat islamique et accuse les régimes arabes – notamment le régime égyptien – de «diaboliser» ce concept depuis la proclamation d’un califat de l’État islamique en juin 2014.

Il reproche aux régimes de mener une campagne, par le biais de leurs prédicateurs et éducateurs, visant à présenter le califat comme un péché et l’incarnation du meurtre, de la tyrannie et de l’arriération. Selon lui, l’objectif de cette campagne est de servir l’Occident et les juifs, tout en maintenant les musulmans faibles et divisés.

Al-Qa’oud souligne que l’Occident a aussi une sorte de califat – la «croisée impérialiste» que serait Union européenne – que personne ne condamne ni ne dénigre. Il ajoute que la plupart des musulmans aspirent à la création de leur propre califat à grande échelle, qui les protégerait du «complot juif et croisé». Il déplore le fait qu’il soit actuellement impossible d’établir un tel califat, en raison de l’opposition des régimes. Il s’abstient de condamner l’EI, affirmant même que, selon certains rapports, celui-ci promeut la justice sociale et serait bien accueilli par les populations.

Notons que les FM se sont jusqu’à présent abstenus d’adopter une position officielle sur l’Etat islamique ; en revanche, ils se sont élevés très fermement contre la coalition internationale formée pour combattre cette organisation. Dans un communiqué, les FM déclarent que l’expression «guerre contre le terrorisme» se réfère en réalité à la guerre contre l’islam et les musulmans, et que le seul terrorisme qui mérite d’être combattu en Egypte est celui du régime Al-Sissi contre les FM.

Selon l’article paru le site web des FM, le véritable objectif de la coalition internationale est le contrôle impérialiste et la division de l’ensemble de la région, de sorte qu’aucun pays ne conserve son intégrité territoriale, à l’exception de «l’entité sioniste».

D’autres articles des médias égyptiens évoquent une affiliation entre les FM et l’EI. Selon l’un d’eux, les partisans des FM agitaient des drapeaux de l’EI à une manifestation du 21 novembre 2014 contre le régime. En outre, le régime égyptien associe l’organisation terroriste Ansar Bait Al-Maqdis, basée au Sinaï, à l’EI, qu’elle a récemment rejoint.

Lire l’article dans son intégralité en anglais
Source : MEMRI-FR, 5 décembre 2014

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PRIX ALKARAMA POUR LES DÉFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME

Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l’homme

04.04.2015 La rédaction

Le Prix Alkarama est décerné chaque année à une personne ou une organisation qui a, selon l’organisation, « contribué de manière significative à la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde arabe ».

La cérémonie de remise des prix a lieu à Genève à l’occasion de la Journée des droits de l’homme (10 Décembre).

Parmi les anciens lauréats figurent

Shireen Issawi Éminente avocate et Défenseure des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés (2014)

En l’absence de Shireen toujours détenue en Israël Le Prix sera remis à ses parents Layla et Tarek Issawi Par Ruth-Gaby Vermot-Mangold ancienne membre du Conseil National Suisse et Présidente de Femmes de Paix Autour du Monde parmi les intervenants confirmés figurent : Dr Norman Finkelstein Politologue et écrivain américain Haneen Zoabi première femme arabe israélienne élue à la Knesset Dr Richard Falk ancien Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés depuis 1967 Maître de Cérémonie : Guy Mettan Directeur exécutif du Club Suisse de la Presse Député du Grand Conseil de Genève

Abdulelah Haider Shaye (Yémen, 2013),

Quelques jours avant la cérémonie il a publié un post sur sa page Facebook faisant l’apologie du terrorisme et mettant en cause les «gangs juifs qui contrôlent l’Amérique».

Saud Al Hashimi & Dr Mohamed Al Roken (Arabie Saoudite & Émirats Arabes Unis, 2012),

Aida Seif Al Dawla et Saïd bin Zair (Égypte et Arabie Saoudite, 2011),

Haithem Al Maleh (Syrie, 2010),

Ali Yahia Abdennour (Algérie, 2009). Avocat qui a notamment défendu Ali Belhajj.

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AVERROÈS : UN LYCÉE «DEMI-ÉCRÉMÉ»?

Averroès : un lycée « demi-écrémé » ?

01.04.2015 Mohamed Louizi

Depuis le 30 mars dernier, différents palmarès 2015 des lycées publics et privés sont disponibles. A partir de données statistiques fournies par le Ministère de l’Education Nationale, de nombreux quotidiens, hebdomadaires et journaux numériques ont établi des classements de ces établissements scolaires, en tenant compte de divers critères. Ces palmarès, et selon les critères de classement adoptés, arrivent à des conclusions relativement différentes. Pour ne citer que l’exemple du « Lycée Averroès », celui-ci occupe le 15ème rang dans le classement national du journal « Le Parisien », le 116ème rang dans celui du journal  « Le Point » et le 373ème rang dans le classement établi par « L’Express ». Les données brutes du ministère sont exploitées différemment d’un journal à l’autre. Ce qui explique, en partie, ces dissemblances relatives.

En 2014, le « Lycée Averroès » avait présenté 86 élèves aux examens du baccalauréat, toutes séries confondues (L, ES, S, STMG). 97% des candidats présents aux examens ont obtenu leur diplôme. Avec un tel taux de réussite, l’on est tenté de considérer cet établissement comme étant un lycée d’excellence. D’ailleurs, c’est bien l’argument de « l’excellence » qui a été le plus souvent utilisé par ses responsables pour discréditer les propos de Soufiane Zitouni, suite à sa deuxième tribune dans Libération. La direction, tout comme certains notables de l’UOIF et certains soutiens aussi, ont brandi cet argument pour alimenter l’idée de l’existence d’un « complot islamophobe » contre une expérience « musulmane » qui réussit. Mais qu’en est-il vraiment de « l’excellence » averroessienne ?

Suite à la publication de mon livre-témoignage, un ex-président de l’ « Association des Parents d’Elèves », qui a exercé ses fonctions pendant deux années au sein du « lycée Averroès », m’a contacté pour me féliciter et pour m’apporter son propre témoignage circonstancié et argumenté, validant, de part son expérience et son regard de l’intérieur, l’ensemble des thèses que j’ai développées dans mon livre-témoignage.

Ainsi, les thèses concernant l’instrumentalisation des élèves, et de certains professeurs aussi, dans un projet d’islamisation visant le fameux Tamkine, selon l’idéologie des « Frères Musulmans », et utilisant la « question palestinienne », en particulier, comme outil privilégié de renforcement du sentiment identitaire d’appartenance communautariste et d’endoctrinement idéologique précoce, financé hélas par l’argent du contribuable, toutes ces thèses sont validées sans l’ombre d’une hésitation.

Au cours de nos discussions, l’argument de « l’excellence » a été évoqué aussi. Cet ex-président m’a expliqué qu’au sein du « Lycée Averroès », il y a bel et bien une véritable première sélection, sur dossier, avant l’inscription. Ce que font de nombreux établissements privés. Mais il y a surtout une deuxième véritable sélection, quelques mois seulement avant les examens du baccalauréat, opérée parmi les élèves déjà scolarisés au sein de l’établissement pour ne présenter, sous les couleurs du « Lycée Averroès » que les élèves brillants ou très au-dessus de la moyenne. Ainsi, les dirigeants se débarrasseraient, sans état d’âme, des élèves considérés comme « déchets » !

En effet, cet ex-président de l’association des parents d’élèves, rapporte que le « Lycée Averroès » organise en début d’année des examens blancs. Après la correction des copies, certains élèves, qui n’ont pas eu des moyennes générales satisfaisantes, se voient convoqués par la direction de l’établissement. Lors de cet entretien, le directeur, ou son adjoint, expliquerait à l’élève qu’il ne pourrait pas faire  parti de la liste des candidats au baccalauréat du « Lycée Averroès ». Ensuite, le directeur, ou son adjoint, proposerait à l’élève de signer un papier – préparé préalablement par la direction – signifiant sa démission « volontaire » et sa sortie définitive des effectifs de l’établissement. On lui proposerait de s’inscrire dans un autre établissement ou de passer les examens en « candidat libre ». On lui suggérerait également un accompagnement éducatif pour mieux préparer ses examens. Cela permettrait à cet établissement de se débarrasser de certains élèves, à faibles moyennes générales, et de ne présenter aux examens nationaux que ceux qui ont la capacité de décrocher le bac sans difficulté, et d’assurer, surtout, un taux de réussite au baccalauréat avoisinant les 100 % !

Cet ex-président atteste que sa propre fille – inscrite, il y a quelques années, en série ES – était victime de cette procédure d’exclusion, voire de discrimination par la note aux examens blancs. Elle avait très mal vécu cette démission forcée et cette expulsion inhumaine à peine voilée, à l’aube du baccalauréat. Il y aurait, selon ses dires, une cinquantaine d’élèves, dans le même cas, qui, depuis la création du « Lycée Averroès » en 2003, se sont vus encouragés, par la direction, à démissionner, juste avant les examens du baccalauréat. Par ce procédé étonnant, la direction assurerait, à juste temps, un « demi-écrémage » parfait qui garantirait une apparente « excellence », mais à quel prix humain ?

Cet ex-président m’a expliqué que ce procédé a très bien servi et fonctionné durant, au moins, les cinq premières années de cet établissement. Et c’est, principalement, grâce à cette politique d’ « écrémage » systématique, qu’il aurait su affiché, habilement, d’excellents taux de réussite au baccalauréat, à la veille de la signature de son contrat d’association avec l’Etat. Serait-on désormais, en droit, de demander que toute la lumière soit faite autour de cette question ? Peut-on réclamer une enquête académique examinant les cas d’élèves qui au départ – et durant les années de seconde et de première – étaient scolarisés au sein de cet établissement mais qui se sont inscrits au baccalauréat comme « candidats libres » ? Si cette pratique inhumaine s’avère fréquemment utilisée, que reste-t-il de l’argument de ladite « excellence » ? Que sont devenus ces élèves poussés à la démission ? Comment ont-ils vécu cette séparation ? Quels impacts aurait eu cette discrimination sur leurs parcours ultérieurs ?

Michel Soussan, conseiller pédagogique de la direction du « Collège-Lycée Averroès », conseiller municipal au sein du groupe UMP d’opposition à Martine Aubry à la Mairie de Lille et rédacteur des statuts de la « Fédération Nationale des Etablissements Scolaires Musulmans » – domicilié au « Lycée Averroès » et présidé par un « frère musulman » Makhlouf Mamèche – avait justement écrit en 2010, sur son blog, un article intitulé « La violence à l’Ecole » dans lequel il dit, je cite : « Les jeunes ont à apprendre de la société les repères et les valeurs pour grandir, se structurer et se construire ».

L’on est pressé de savoir si Michel Soussan, de part son poids et son importance magistrale au sein de cet établissement, avait eu connaissance, ou pas, de ce procédé discriminatoire ? Si ce procédé est toujours adopté, sacrifiant l’honneur de certains élèves sur l’autel des chiffres de « l’excellence », quel repère et quelle valeur leurs apprend-t-on alors ? Cela ne peut-il pas être considéré comme une vraie violence produisant des dégâts insondables ? Que penserait l’Inspection Académique de cette pratique ?

J’ai vraiment du mal à croire que les choses se passeraient de cette façon, surtout lorsque les responsables ne jurent que par « l’éthique musulmane ». J’ai du mal à admettre qu’il y aurait au moins une cinquantaine d’élèves, filles et garçons, à qui l’on aurait demandé de signer un papier pour être « licencié » et lâché dans la nature, après des mois et des années de scolarité et des milliers d’euros payés par les familles. J’ai du mal à croire qu’un élève, qui serait jugé faible scolairement, puisse être mis à part et exclu sur la base du seul critère de sa note dans un examen blanc. J’ai du mal à croire que l’on pourrait sacrifier une part de la jeunesse, juste pour figurer parmi les premiers établissements dans des palmarès publiés à titre indicatif mais sans aucune autre valeur. J’ai envie de ne pas croire mon interlocuteur mais, hélas, force est de constater que pour atteindre le Tamkine, l’on peut se sacrifier soi-même, ou sacrifier d’autres, pourvue que la marche avance.

La République se doit de protéger ses enfants contre l’infamie. La République, sera-t-elle au rendez-vous ce vendredi 3 avril ?

Annexes :

Ci-après :

1- Un tableau récapitulatif de l’évolution des effectifs du « Lycée Averroès » selon les promotions, de l’année 2007/2008 à 2013/2014 ;

2- Un graphique représentatif de cette évolution ;

3- Quelques constats et interrogations.

Les chiffres sont issus des données statistiques du site du Ministère de l’Education Nationale.

Quelques constats et interrogations :

1- Toutes promotions confondues, le nombre d’élèves présentés aux examens du bac est toujours inférieur aux effectifs à la rentrée en classe de seconde.

2- Toutes promotions confondues, le nombre d’élèves présentés aux examens du bac est toujours inférieur aux effectifs à la rentrée en classe de première.

3- Promo A : Sur 45 élèves inscrits en seconde (en 2007), seulement 30 élèves sont présents, trois ans plus tard (en 2010), aux examens du baccalauréat. 15 élèves – c.à.d. 33 % – manquent à l’appel. Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage ? En somme, cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ?

4- Promo B : Sur 56 élèves inscrits en seconde (en 2008), seulement 34 élèves sont présents, trois ans plus tard (en 2011), aux examens du baccalauréat. 22 élèves – presque 40 % – manquent à l’appel. Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage ? En somme, cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ?

5- Promo E : Sur 118 élèves inscrits en seconde (en 2011), seulement 86 élèves sont présents, trois ans plus tard (en 2014), aux examens du baccalauréat. 32 élèves – presque 40 % – manquent à l’appel. Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage ? Cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ?

6- Promo D : Sur 100 élèves inscrits en première (en 2011), seulement 55 élèves sont présents, deux ans plus tard (en 2013), aux examens du baccalauréat. 45 élèves – c.à.d. 45 % – manquent à l’appel ! Pourquoi ? S’agit-il de redoublements ? De réorientations ? D’abandons ? Ou d’écrémage intensif ? Cela reflète-t-il une quelconque « excellence » ? Bizarrement, c’est en 2013 que cet établissement a été placé en tête de plusieurs palmarès, à l’échèle nationale.

Ces chiffres bruts, bien qu’ils renseignent, objectivement, sur l’évolution des effectifs, par promotion, depuis 2007/2008 jusqu’à 2013/2014, suscitent plutôt des interrogations quant à cette « excellence » fanfaronnée et peuvent éventuellement accréditer, en l’absence d’explications tangibles et argumentées, la thèse d’un « écrémage », plus ou moins, intensif depuis, au moins, la signature du contrat d’association avec l’Etat. Chacun tirera ses conclusions.

Mohamed Louizi

COLLÈGE-LYCÉE AVERROÈS DE L’UOIF : L’ARBRE QUI CACHE LE DÉSERT !

Collège-Lycée Averroès de l’UOIF : L’arbre qui cache le désert !

18.03.2015 Mohamed Louizi

Les islamistes des «Frères Musulmans » – dont je faisais parti durant une quinzaine d’années de ma vie – ne semblent pas être prêts à assumer leur part de responsabilité, dans le maintien et la consolidation de la très fragile « unité nationale », promise depuis les attentats de Paris, les 7, 8 et 9 janvier dernier. Comme d’habitude, ils préfèrent continuer à prendre en otage l’islam et les musulmans, citoyens français ou résidents.

En excellents illusionnistes de l’art de l’amalgame, ils ont réussi, jusqu’à présent, à convaincre des fidèles et autres citoyens, que toute critique, fondée, de leur idéologie islamiste anachronique, théologico-politique et expansionniste serait un dénigrement de « la » religion musulmane et une injure faite aux « musulmans ». Ainsi, il faut le reconnaître, ils ont réussi à installer dans de nombreuses têtes que l’idéologie d’Hassan Al Banna et l’islam originel prêché au temps du Prophète Mohammad seraient une même chose ; que « frère musulman » et « musulman » sont deux entités égales ; que l’entité politique UOIF et la communauté des musulmans de France se confondraient presque parfaitement. Ils ont même inventé, ou adopté, le terme « islamophobie », une arme juridique redoutable, pour faire peur et faire taire les critiques les plus justes, et les plus indispensables surtout pour le salut de toute la France. L’on peut même se poser cette question, avec Pascal Boniface en particulier : Est-il permis de critiquer l’islamisme et les « Frères Musulmans » ?

En effet, l’affaire du « Collège-Lycée Averroès », qui continue à nourrir et à passionner le débat national depuis le 6 février 2015, démontre un aspect de cette illusion grossière qu’opèrent éperdument les islamistes de l’UOIF. Aux interrogations légitimes et critiques nécessaires, exprimées par Soufiane Zitouni – ex-professeur de philosophie dans cet établissement – publiées dans une tribune dans le journal Libération, ils ont préféré à nouveau prendre en otage des élèves, des parents d’élèves, des professeurs et toute une part de la communauté et de ses lieux de culte. Même certains intellectuels respectables, par ailleurs, prêtent secours à l’UOIF et lui servent de caution morale, très utile politiquement, en ces temps où les limites entre l’intelligence et l’idiotie deviennent de plus en plus confuses.

Ces islamistes ont préféré le déni et les mensonges. Ils ont intenté des procès à l’encontre de ce professeur audacieux et ont encouragé d’autres personnes à l’attaquer, au moins, sur le terrain judiciaire. L’illusion réussit même au sein des services académiques de l’Etat qui ont presque blanchi, je ne sais sur quel critère, l’établissement des reproches justement formulés par Soufiane Zitouni. D’un plateau à l’autre, d’un microphone à l’autre, ces islamistes refusent le débat de fond et se complaisent dans leur statut préféré, de pseudo-victimes d’un supposé « complot » et d’une ambiance marquée par la montée de tous les extrémismes et les racismes. Jamais, ils ne se posent la question principale quant à leur responsabilité historique dans ce qui se passe, depuis maintenant quelques années, ici en France et partout dans le Monde. Jamais aucune remise en question de leur idéologie. Jamais aucune autocritique de ce qu’ils pensent et de ce qu’ils font. L’enfer, c’est – toujours – les autres, comme le disait Sartre ?

Témoin de cette attitude islamiste misérable ; témoin aussi de cet amalgame grossier entretenu mais illusoire ; et soucieux que la Justice de la République ne puisse condamner un innocent pour diffamation, comme l’espère l’UOIF, sans l’examen de toutes les preuves matérielles existantes, j’ai décidé de prendre ma plume et mon clavier en vue de donner de l’épaisseur et de la matière à ce que ce professeur courageux a su dénoncer, en prenant d’immenses risques.

L’UOIF d’Amar Lasfar, qui est aussi président de « l’association Averroès » s’occupant de cet établissement privé, a choisi le terrain judiciaire, entre autres, pour attaquer un homme, un professeur. L’UOIF a même imposé un calendrier pour, soi-disant, tourner rapidement la page de cet incident. Le professeur Soufiane Zitouni devra comparaître devant le Tribunal de Police de Lille le vendredi 3 avril prochain. Curieusement, cette date correspond à la date d’ouverture du 32ème congrès de l’UOIF, baptisée injustement « Rencontre Annuelle des Musulmans de France » (RAMF) à Paris-le-Bourget. Une simple coïncidence ? Peut-être.

Tout laisse à croire qu’en cas de condamnation de Soufiane Zitouni, le 3 avril, la RAMF de l’UOIF se transformerait en une fête, où l’islamisme le plus perfide s’érigerait en héros de la République après avoir su, habilement, se mettre dans la peau de la victime. Le professeur, quant à lui, sera considéré définitivement, au moins, comme un « traitre » et la suite pourrait être dramatique, car lorsque la frénésie islamiste et communautariste monte, l’on est plus à l’abri des attaques les plus folles et les plus dangereuses aussi. Le Tribunal devrait, par précaution peut-être et dans la mesure du possible, reporter ce jugement, au moins d’une ou de deux semaines, cela éviterait toute exploitation islamiste de cette affaire judiciaire : simple requête citoyenne.

Je suis conscient que ce témoignage intervient dans un contexte national marqué par l’approche des deux tours des élections départementales, les 22 et 29 mars prochain. Le risque que son propos soit instrumentalisé politiquement est plus que vraisemblable. Cependant, c’est bien l’UOIF du « Collège-Lycée Averroès » qui a choisi la procédure d’urgence et, indirectement,  fixé la date du procès au vendredi 3 avril, au lendemain des élections. Les citoyens, comme bien d’autres responsables de la chose publique, sont en droit de connaître le fond du sujet et d’examiner des éléments de preuves bien avant le procès. D’où l’impératif de le publier aujourd’hui nonobstant le contexte politique. L’UOIF assumera seule les conséquences de toute probable utilisation de son propos à toute fin électoraliste. La politique du déni systématique amène parfois vers l’imprévisible. Que serait donc la politique sans cette part de l’imprévisible ?

Personnellement, j’aurais aimé avoir plus de temps. La date du 3 avril voulue par l’UOIF, m’a imposé un rythme de travail infernal pour rédiger ce long témoignage citoyen indispensable et rassembler et analyser ses éléments de preuves. Par conséquent, les quelques cinq cents heures de travail, sans relâche, sur ce dossier, durant quatre semaines, en se déchargeant, momentanément, de mes obligations professionnelles, ne m’ont pas suffi pour l’argumenter davantage ou pour corriger ses erreurs d’orthographe, entre autres. Il n’a été relu par personne car j’ai voulu qu’il soit le plus naturel possible. Je le sais, j’ai pris un vrai risque. La relecture, par une tierce personne, pouvait induire naturellement la disparition de certains passages ou l’adoucissement d’autres formulations. Peut-être j’aurais dû faire ce choix. Mais je ne l’ai pas fait. Je ne me suis pas autocensuré. Je le jure. C’est le propre même d’un témoignage, non ? Il s’agit, par conséquent, d’un témoignage sincère et à l’état brut. Prière d’en tenir compte et de m’en excuser, le cas échéant !

Par ailleurs, après avoir lu le texte « Droit de réponse du lycée Averroès », dans Libération du vendredi 13 mars 2015, j’ai constaté que les « otages » et les islamistes de l’UOIF se posent conjointement toujours en victimes, d’un côté, et de l’autre côté, en garants des valeurs de la République contre l’obscurantisme, écrivent-ils. En conclusion de cette tribune, ils ont choisi cette sagesse d’Averroès : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence … voilà l’équation » !

Ce « témoignage citoyen d’intérêt public » s’inscrit dans la droite ligne de cette sagesse du philosophe andalou. Il tente de dissiper les épaisses et obscures couches de nuages entourant l’UOIF, et favorisant l’ignorance de ce qu’est réellement et idéologiquement cette entité politico-religieuse, agissante à travers de nombreuses institutions, et s’entourant de nombreux établissements pour assurer la marche vers son cap visé, et permettre la réalisation du rêve de domination par l’idéologie d’Hassan Al-Banna demain, ici et ailleurs. Le « Collège-Lycée Averroès » n’est qu’un établissement parmi d’autres. Ses élèves ne seraient qu’une réserve en ressources humaines à éduquer et à former pour assurer la relève d’une organisation, somme toute, vieillissante.

Enfin, j’espère que ce témoignage puisse ramener le lecteur de la supposé état d’ignorance à l’état d’une relative connaissance. Dès lors, l’équation d’Averroès sera reformulée autrement au moins lors du procès du 3 avril. Je l’espère vraiment !

Bonne lecture !

Ce livre-témoignage sera édité très prochainement.

Liens vers les vidéos utilisées pour argumenter les propos de mon témoignage citoyen:

1- Vidéo Youssef Al-Qaradawi lançant sa fatwa pour ordonner l’assassinat de Kadhafi :

2- Vidéo Amar Lasfar devant le public de l’institut Al-Imane, il y explique vers la fin la pyramide du Tamkine à sa façon :

3- Spot publicitaire « Institut Al-Qods » :

4- Vidéo Rachid Laamarti, administrateur UOIF, expliquant les raisons de s’associer à la « Manif pour tous » :

5- Vidéo Rachid Laamarti, candidat aux élections européennes :

6- Vidéo cheikh Omar Abdelkafi, sommité « frère musulman » satellitaire devant des élèves du « Collège-Lycée Averroès » pendant un cours de « Sciences physiques » :

7- Vidéo du même cheikh Omar Abdelkafi expliquant sur une chaine arabe que les filles/femmes non voilées seront suspendues par les cheveux, méritent les supplices de la tombe …

8- L’intégralité de la vidéo (arabe) de discussion entre les deux « frères » : Wadjdi Ghoneim et Abdelfattah Mourou. Les propos que j’ai traduits se situent au milieu de cet échange :

9- Vidéo du cheikh saoudien qui atteste que la Terre est immobile :

10- Vidéo du débat « Le Coran, la Bible et théorie de l’évolution » organisé entre autres par le site Oumma.com :

1ère partie :

2ème partie :

11- Vidéo de la conférence du représentant d’Harun Yahya au sujet de l’effondrement de la théorie de Darwin à la mosquée de l’UOIF :

1ère partie : 

2ème partie : 

12- Prêche du vendredi 29/08/2014 de M. Mohamed Karrat (enseignant au « Collège-Lycée Averroès ») à la mosquée de Villeneuve d’Ascq : « Victoire de Gaza », à écouter de bout en bout !

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Autres documents et éléments matériels à consulter et examiner :

1- Document secret du « Tamkine » découvert en 1992 par la police égyptienne dans le bureau de Mohamed Khayrat Al-Chater :

document Attamkine Egypte

2- Livre/Thèse au sujet du « Tamkine » d’ Ali Sallabi :

فقه النصر و التمكين محمد الصلابي

3- Rapport moral AGE de la Ligue Islamique du Nord 2005 :

1- LIN Compte rendu général AGE = Amar Lasfar

4- Plaquette de promotion – en arabe – du « Collège-Lycée Averroès » auprès de riches donateurs des pays du Golf, du Moyen-Orient, etc. On y découvre les vraies raisons de la création de cet établissement :

 1- Plaquette publicitaire Lycée Averroès (en arabe)

5- Programme de formation à l’idéologie des « Frères Musulmans » au sein de « l’Institut Al-Qods » à Lille et à Villeneuve d’Ascq :

 3- Institut ALQODs Programme des etudes 2014-2015

6- Fatwa du président de l’association des « Imams de France », Ahmed Miktar (CIV Villeneuve d’Ascq), à l’encontre du penseur syrien musulman Khales Jalabi:

 1- Texte complet de la fatwa inédite d’Ahmed Miktar en arabe

7- Texte intégral du prêche du vendredi 29/08/2014 du professeur Mohamed Karrat (professeur de Mathématiques au « Collège-Lycée Averroès ») au sujet de « La victoire de Gaza » :

 1- Prêche #Victoire de Gaza# 29-08-2014

8- Données statistiques concernant de la fréquence d’utilisation de 47 mots clefs dans le prêche « La victoire de Gaza » :

 2- Statistiques de quelques mots sectionnés et étudiés

9- Document secret des « Frères Musulmans » rendu public par la presse arabe concernant la stratégie d’islamisation et de domination du monde par la confrérie d’Hassan Al-Banna :

 6- Journal al-Watane document frères musulmans Tamkine (en arabe)

10- Le lien organique entre la Fédération des Organisations Islamiques d’Europe (FOIE) et les « Frères Musulmans » :

 7- Relation organique FOIE et Frères Musulmans

Mohamed Louizi

COMMENT LES FRÈRES MUSULMANS ONT PRIS LA BELGIQUE EN OTAGE

Comment les Frères musulmans ont pris la Belgique en otage

06.03.2015 La rédaction

Une enquête de Marie-Cecile Royen (Le Vif Belgique)

Depuis des décennies, les Frères musulmans tentent de séduire les partis politiques. Aujourd’hui, ils font offre de service pour lutter contre la radicalisation. L’histoire du pompier pyromane ?

Dans le courant des années 1990, les Frères ont été priés, en interne, de se raser la barbe pour ne pas être pris pour des « barbus ». Ils cultivent à merveille l’art de se couler dans le paysage, de s’adapter au « contexte ». Le mot « contexte » est d’ailleurs un de leurs éléments de langage, avec « islamophobie », « citoyenneté » et maintenant « co-inclusion ». Une référence à l’auteur de ce néologisme, le sociologue Felice Dassetto (UCL), auteur de  L’Iris et le Croissant (Presses universitaires de Louvain, 2011) ?

Quand on est Frère (un peu ou beaucoup), mieux vaut ne pas s’exprimer trop clairement sur les questions qui fâchent ( la violence en politique, l’égalité entre musulmans et non-musulmans, la liberté d’apostasier, le statut de la femme…) et renvoyer au « contexte ». Car, à l’état brut, le programme Frère a de quoi faire frémir. La confrérie égyptienne a été, en effet, la matrice de l’islam politique qui, dans sa version djihadiste, a mis le feu aux quatre coins de la planète. Dans son logo, les deux sabres croisés sous le Coran sont accompagnés du début de la sourate 8, verset 60 (le Butin): « Tenez prêt contre eux (les incroyants) ce que vous pouvez de forces et de chevaux pour effrayer l’ennemi de Dieu et votre ennemi et d’autres que vous ne connaissez pas mais que Dieu connaît. Ce que vous dépensez dans le sentier de Dieu vous sera rendu et vous ne serez pas lésés. » En arabe, le mot « effrayer » a la même racine que le mot « terroriste ». Quand ils veulent, les FM ne sont pas des tendres.

Apparus dans les années 1980 comme étudiants ou réfugiés politiques fuyant les pays où ils voulaient s’imposer, les Frères musulmans ont bâti, en Belgique, une infrastructure permanente et suscité la création de moult associations. Ils ont surtout exercé un lobbying permanent auprès des pouvoirs publics pour devenir les porte-parole officiels de la communauté musulmane. Un rapport du comité de contrôle des services de renseignement (comité R) le notait déjà en 2001, puis en 2007, relevant un autre aspect de leur stratégie : « Susciter ou entretenir les tensions dès qu’ils considèrent qu’un musulman ou une association islamique est victime des valeurs occidentales. Ainsi de la question du port du voile islamique dans les écoles publiques… »

Historiquement, et pour des raisons différentes, certains démocrate-chrétiens et certains laïques ont succombé aux sirènes FM, enchantés par leur discours si policé et si engagé. Et c’est le parti Ecolo qui, en ce moment, paraît le plus sensible à l’idéologie diffuse de la confrérie en Europe. La fascination « frériste » pour le monde politique a cependant des limites. Les partis politiques utilisent le ressort communautaire pour capter les voix des électeurs, mais ils ne renvoient pas toujours l’ascenseur. Selon les musulmans conscientisés de la nouvelle génération, les plus belles opportunités, aujourd’hui, ne se trouvent pas dans l’associatif ou la politique mais bien dans l’économie. Une activité qui procure des revenus pouvant ensuite être réinvestis dans le secteur religieux au sens large. Rien ne se perd.