L’IMPOSTURE FÉMINISTE DE NADIA YASSINE

L’imposture féministe de Nadia Yassine

13.12.2015 La rédaction

Parfaitement bilingue, experte en communication, Nadia Yassine, s’est toujours paré, en Occident, avec un certain succès, des atours plus présentables du féminisme et de la modernité. Son projet politique est beaucoup moins glamour: l’instauration, au Maroc, d’une république islamique basée sur la charia.

C’est sa marque de fabrique : le féminisme, islamique s’entend ! C’est aussi sa carte de visite pour séduire l’Occident. « Moderniser l’islam en le féminisant » reste le leitmotiv de la pasionaria du mouvement islamiste marocain. En réalité, il s’agit bien plus d’islamiser le féminisme ! Le livre référence de son père, cheikh Yassine, auquel elle voue une véritable admiration, ne trompe d’ailleurs aucun lecteur sur le projet politique. Le titre ? « Islamiser la modernité » (et non moderniser l’islam). La femme occidentale y est présentée comme détournée de « son cours naturel » (la maternité) pour n’être réduite qu’à être une « poupée maquillée » « jetée en pâture à l’homme, objet consentant de désir ». Une conséquence du « postulat bestial », entendez le postulat darwinien qui fait de nous «  des singes évolués traversant cette vie sans destin et sans signification » et contre lequel père et fille s’insurgent.

C’est un peu une constante des modèles totalitaires : la femme n’a pas d’existence en dehors de la famille et la maternité fait la femme. Nadia Yassine aime répéter qu’elle a été la première à déclarer que le Code de statut personnel (ou Moudawana, régissant le droit de la famille au Maroc) n’était pas sacré, et donc réformable. De même, elle aime établir un lien entre le patriarcat et la monarchie héréditaire marocaine, une « néo-patriarchie », convaincue qu’en s’attaquant à l’un, on atteint également l’autre. Pourtant, elle juge « normal » que son mouvement soit dominé par des hommes, « c’est une loi de la nature. Les hommes dirigent toujours les grandes organisations. Mais il y a beaucoup de femmes à la base » rétorque-t-elle à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel en juillet 2007. Elle affirme souhaiter la libération de la femme musulmane. Reste qu’en plein débat sur le Code de la famille, elle a choisi son camp. Alors que le 12 mars 2000 les féministes défilent à Rabat, elle, manifeste aux côtés des islamistes à Casablanca «pour le respect des valeurs musulmanes» et «contre les élites occidentalisées». Elle freinera des quatre fers les réformes du Code de la Famille « pour des raisons politiques » dit-elle, et non religieuses : « C’est bien d’avoir plus de liberté, mais dans la pratique ? Comment une femme peut-elle user de son divorce par exemple, si elle n’a ensuite aucun travail et termine à la rue ? » (Der Spielgel, 3/07/2007). « Nous nous sommes également opposés à la réforme parce qu’elle a émergé après la conférence de Pékin (1), imposée à nous par le monde extérieur. Notre société peut être en difficulté, mais nous devons trouver nos propres remèdes (Monde diplomatique, 2/04/2004). Une fois le texte entré en vigueur en 2004, Nadia Yassine saluera pourtant le nouveau Code de la Famille: « Le discours du roi s’inspire d’une relecture intelligente des textes sacrés. C’est un retour aux sources de la religion » dit-elle. Rédigé de façon un peu schizophrénique, entre la charia et la Déclaration des Droits de l’Homme, le nouveau texte n’a effectivement pas le caractère révolutionnaire que beaucoup ont voulu lui donner. Il est resté un compromis, encore timide, et qui attend toujours aujourd’hui sa version 2. On ne touchera pas de front à la polygamie (rendue toutefois plus difficile), ni au mariage précoce, encore moins à l’épineuse question de l’héritage, même pas mise sur le tapis en commission royale consultative… Pour Nadia Yassine, la charia est d’ailleurs « une source de droit, d’organisation de la société, de liberté ». Même si elle regrette qu’on la réduise à une liste de châtiments corporels et qu’elle aime évoquer l’ijtihâd (2), elle y voit la loi elle-même.

Sous le vernis de la modernité, un autre âge

Son discours a toujours le vernis séduisant de la modernité. Elle parle « féminisme », « droits de l’Homme », « démocratie »… Mais une démocratie sans droits de l’Homme, des droits de l’Homme sans sa dimension universaliste… Des mots creux. « Nous croyons qu’il nous faut un parlement qui prenne des décisions démocratiques, même si elles sont sévères, contre une certaine minorité qui demeure accrochée à la corruption et à la débauche » déclare-t-elle ainsi dans un hebdo marocain. Mais quel sort « sévère » réserve-t-elle à ces minorités ?
Interrogée à Paris devant des lecteurs du Monde sur la question du mariage précoce, elle répond : « Je n’aimerais pas voir ma fille mariée à 14 ans, mais de là à prendre ma réalité pour celle de tous les Marocains… ». Le viol institutionnalisé de mineures n’émeut donc pas notre « féministe » qui s’oppose à une loi sur le sujet. En 2014, le mariage précoce concernait encore 102.197 jeunes filles mineures, parmi lesquelles beaucoup encore de 14 ans et moins. La part des mariages en dessous de l’âge légal a presque doublé en une décennie, passant de 7% en 2004 à près de 12% en 2013.

Nadia Yassine se méfie de l’étiquette « féministe ». Elle ne l’accepte qu’en précisant chaque fois qu’il s’agit d’un féminisme lié à la sphère culturelle musulmane. « Vous pouvez m’appelez féministe si vous voulez. Mais je parle d’une culture différente, islamique » (Der Spielgel, 3/07/2007). « Si c’est pour défendre la cause des femmes, alors je me considère comme féministe. Mais je ne défends pas le féminisme à la Simone de Beauvoir, un féminisme occidental » (Le Journal des Alternatives, Canada, 25/09/2008). « Promouvoir un féminisme à l’occidental revient à se tromper d’histoire et de repères » dit-elle encore lors du congrès sur le féminisme islamique organisé a Barcelone en octobre 2005. Nadia Yassine affiche d’ailleurs un profond mépris à l’égard des féministes laïques, qu’elle appelle « matérialistes », notamment les féministes marocaines « [Elles]ne constituent qu’une partie d’une petite élite, vivant dans une bulle intellectuelle et imitant l’Occident » au contraire des islamistes qui « représentent les gens » (Der Spielgel, 3/07/2007). Finalement, du féminisme en Occident, elle ne retient que les âneries essentialistes des militant(e)s différentialistes : « Je pense qu’effectivement il y a une prédisposition des femmes au dialogue et à une compréhension plus humaine de nos différences » dit-elle par exemple dans la revue italienne Volontari per lo sviluppo (Volontaires pour le Développement) en avril 2007. Il ne semble pourtant pas que la féminisation du Parlement avec l’arrivée massive des femmes islamistes du PJD ait beaucoup fait avancer la cause des femmes…

Si elle est contre la parité, les quotas, ce n’est donc pas parce qu’elle rejette l’essentialisme de genre, mais « parce qu’il ne faut pas imiter l’Occident » et par respect à l’ordre naturel assurant la suprématie masculine. Détourné des principes universalistes, sexiste, à la fois religieux et identitaire, le féminisme de Nadia Yassine, a assurément tout de l’imposture.

Yann Barte

(1) : 4ème Conférence mondiale sur les femmes: Lutte pour l’égalité, le développement et la paix
Beijing, 4-15 septembre 1995.

(2) : Effort de réflexion et interprétation des textes fondateurs de l’islam.

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LE MEETING DES “NI CHARLIE NI PARIS” APPELLE À SANCTIONNER LA GAUCHE

Le meeting des “ni Charlie ni Paris” appelle à sanctionner la gauche

12.12.2015 Carla Parisi

Après le massacre de Charlie Hebdo, les intégristes et leurs amis avaient attendu un mois pour se réunir contre l' »islamophobie » plutôt que contre l’intégrisme. Certains blessés sortaient à peine du coma.

Après les attentats de St Denis et de Paris,  les intégristes et leurs amis se sont retrouvés… à Saint-Denis, pour expliquer qu’ils n’étaient ni Charlie ni Paris. Et qu’au fond les vraies victimes ce n’était pas les 130 êtres humains morts le 13 novembre ni les 350 blessés, dont certains ne sont pas encore sortis de l’hôpital, mais eux… Les victimes d' »islamophobie ».

Qui étaient à la tribune  de ce meeting, dont l’annonce a été relayée par « Ensemble« , le courant de Clémentine Autain, sur son site ?

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Salma Yaqoob

Salma Yaqoob est un des relais britanniques de Tariq Ramadan. En 2004, c’est elle qui, au FSE de Londres, parvient à inscrire Tariq Ramadan sur huit tables-rondes. Ce dernier ayant le don de double discours et non d’ubiquité, il a fait faux bond à plusieurs d’entre elles.

Salma Yaqoob a été l’une des représentantes du parti Respect (jusqu’en 2012) et porte-parole de la Mosquée de Birmingham. Elle a soutenu Jeremy Corbyn durant sa campagne.

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Par ailleurs, elle a écrit une nouvelle où elle imagine que la Grande-Bretagne deviendra une république islamique et Salman Rushdie quittera le pays effrayé. Quant aux attentats de Londres, ils seraient simplement une réaction aux attaques américaines.

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Lors de ce meeting, Salma Yaqoob, a expliqué que lorsque le Sun publie un sondage disant que 1/5 musulmans soutient Daesh, c ‘est une attaque contre les musulmans !

Les puissances impérialistes seraient « comme des parents qui nieraient leur responsabilité de leur enfants incontrôlables, qui se rassurent dans la vengeance ».

L’ »islamophobie », dit-elle encore, est « créée par les élites comme arme de distraction massive en temps de guerre, une population terrorisée pose moins de questions à ses dirigeants », et « cela provoque un retrait de la vie politique des musulmans ».

Alain Gresh

Autre participant, Alain Gresh, vieux compagnon de route de Tariq Ramadan. A ce meeting, il a expliqué que la LDH était la seule « à s’occuper de l’islamophobie ».  Ou que lorsque « Valls déclare la guerre à Daesh (…) St denis en paie le prix ». Sic.

Tariq Ramadan

Tariq Ramadan a poursuivi  à la tribune en congratulant Alain Gresh qui a « très bien présenté le lien avec la politique étrangère et les attentats ».

Il a ajouté qu’on ne « doit pas interdire ni criminaliser le salafisme ni les lectures littéralistes, car en plus on traite avec les Rois de ces lectures à l’international » et qu' »il faut discuter de la lecture religieuse » mais ne pas faire l’amalgame « entre lecture littéraliste et attentats ».

D’après Tariq Ramadan, les attentats du 13 novembre sont « un prétexte pour déclarer la guerre à la Syrie », guerre qui aurait été « préparée par la France bien avant ».

Mais bien sûr, « des forces pro-israéliennes et sionistes en France ne veulent pas de son discours et provoquent des déstabilisations ». Et de rajouter, qu' »on connaît les sources d’islamophobie, on sait d’où ça vient… Elles sont liées à des associations pro-sionistes mais on a pas le droit de le dire ».

Tariq Ramadan a ensuite évoqué le cas de l’imam Kattabi, assigné à résidence. Seul imam proche des Frères musulmans à être inquiété, il a tout de même expliqué soutenir les jihadistes (qu’il appelle « moudjahidines ») où qu’ils se trouvent. L’imam a également déclaré : « de nos jours, notre société et l’éducation incitent à la fornication ». Il a lancé des campagne de haine contre Mohamed Sifaoui et aurait, selon le Fisc, un petit problème de mémoire avec ses  déclarations.

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Tariq Ramadan en appelle aux militants dans la salle : après avoir créé des associations contre l’islamophobie, il faut maintenant « passer à la deuxième étape », et « être beaucoup plus offensif en France et à l’international ».

Et de terminer par une diatribe contre la laïcité. « Arrêtez avec cette laïcité a toutes les sauces !! Il y en a marre !!! Unité de la république, laïcité, viande hallal, foulard, journée de la laïcité… c’est quel désordre ça ? On est où ? C’est de la distraction !!! »

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Marwan Muhammad

Prenant la suite, l’ancien patron du CCIF, devenu conseiller OSCE et donc diplomate, a dédié la soirée à Caroline Fourest et Eugénie Bastié. Il a plaisanté en disant avoir déclaré vivre chez Caroline Fourest pour qu’elle soit perquisitionnée… Ce qui est effectivement assez drôle puisqu’il y a certainement plus de documents à charge contre Marwan Muhammad au domicile de Caroline Fourest que chez lui.

Et de poursuivre : « Valls a une fracture du cerveau car il ne veut pas comprendre les excuses sociologiques des terroristes ». Ou encore : « On nous a vendu la république, alors maintenant on en veut pour notre argent ».

Sihame Assbague

Toujours à la tribune, Sihame Assbague a appelé à ne pas voter pour la gauche: « Pas de justice, pas de voix »

Un moment surprenant a eu lieu. Au moment de partir, Tariq Ramadan n’a pas pris la peine de saluer Houria Bouteldja. Très peinée, la leader du PIR s’en est émue auprès de Sihame Assbague. Houria Bouteldja serait-elle devenue si repoussoir qu’elle ne lui est plus d’aucune utilité ou est-ce plus personnel ?

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La responsabilité de la Mairie de Saint Denis

La Mairie de St Denis avait déjà été mise en cause dans le meeting contre les #JesuisCharlie organisé après les attentats de janvier. Presque 200 personnes, les mêmes réseaux, se sont réunies ce 11 décembre dans la salle prêtée par la même Mairie de St Denis. Elle a d’ailleurs été remerciée à la tribune par Sihame Assbague pour la salle et le local. Quel local !?

Un élu y est également intervenu. Il s’agit de Madjid Messaoudene, élu de gauche connu pour ses diatribes contre la gauche, les laïques (surtout arabes) et son soutien à Tariq Ramadan.

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A la tribune, il a expliqué que Saint Denis a été touchée trois fois. Le 13 nov, le 18 nov (avec une intervention policière « qui a choqué les habitants »), puis avec les « attaques à l’encontre de St denis »… Il parle des perquisitions ! Pour Madjid Messaoudene, un attentat faisant 130 morts est donc visiblement équivalent à une action anti-terroriste pour prévenir un autre attentat.

Depuis de nombreuses années, des citoyens de Seine Saint Denis alertent contre la politique de communautarisme venant de la mairie. (voir ici le documentaire de Caroline Fourest sur la laïcité qui leur donne la parole).

C’est le cas de Fewzi Benhabib, universitaire algérien menacé de mort dans son pays et qui a choisi la France, il y a plus de 20 ans, à cause des islamistes. Après les attentats de Saint Denis, il a écrit une tribune dans laquelle il remet les pendules à l’heure (voir ici). La ville de Saint Denis n’a plus rien a voir avec ce qu’elle était quand il est arrivé, et « la patrie des droits de l’homme regarde ailleurs ». Et y décrit un salon de coiffure réservé aux femmes qui s’appelle « Mixte Coiffure« . Pourquoi mixte? Parce qu’au fond du salon, il y a une salle spéciale pour les femmes voilées.

Plusieurs protestations ont eu lieu contre ce meeting de la honte

• La pétition du mouvement REVE.

Et de nombreux tweets…

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• Un article de Causeur.

• Un article du Figaro.

• Des questions concernant le soutien d’Ensemble de Clémentine Autain qui ont été balayée pour « islamophobie ».

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Fiammetta Venner, Carla Parisi

LA « RÉPUBLIQUE » DE LA FILLE DU CHEIKH

La « République » de la fille du cheikh

08.12.2015 La rédaction

Bête noire du régime marocain, Nadia Yassine, a longtemps enflammé les débats au royaume. Porte-parole officieuse du mouvement islamiste Al Adl Wal Ihsane, la fille du fondateur du mouvement, cheikh Yassine (1928-2012), n’a jamais eu qu’un rêve : abattre la monarchie. Harcelée par le pouvoir, contestée au sein même de son mouvement, Nadia Yassine s’est mise, ces dernières années, en retrait de la vie politique.

« Atteinte à la monarchie » ou à « la sacralité ». C’est le motif chaque fois avancé par le régime pour intimider les opposants encombrants, journalistes trop critiques, chercheurs, rappeurs ou militants de droits de l’Homme importuns… Nadia Yassine n’a bien sûr pas fait exception. C’est même ce procès en 2005 qui lui vaut ses heures de gloire. Un procès ridicule dont le Makhzen (1) ne parvient plus depuis à se débarrasser, le reportant sans cesse depuis dix ans. Nadia Yassine encourt alors jusqu’à cinq ans de prison et 100.000 dirhams d’amende (plus de 9000 euros) pour avoir déclaré à l’hebdomadaire Al Ousbouya Al Jadida que « la monarchie est inadaptée au Maroc et [que] le régime ne tardera pas à s’écrouler ».

Contrairement aux islamistes du PJD (Parti Justice et Développement) actuellement au pouvoir sous le gouvernement d’Abdelilah Benkirane, les adlistes ne reconnaissent pas le statut religieux du roi de Commandeur des Croyants, ni même la monarchie héréditaire comme principe intrinsèque à l’islam. Il n’en faut pas moins bien sûr pour faire de ce mouvement, très ancré dans la société marocaine, l’ennemi à abattre. Longtemps totalement interdit, aujourd’hui encore empêché de se constituer en parti politique, Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance), bien qu’illégal, reste cependant toléré.
Pour rien au monde, Nadia Yassine n’aurait raté ce procès de 2005, terrible bourde stratégique du Palais, qui allait souligner, à l’international, le caractère anti-démocratique de la monarchie de Mohammed VI. Le Département d’État américain lui-même s’exprimera pour défendre la liberté d’expression de Mme Yassine. La fille du cheikh reçoit même le soutien inattendu du cousin du roi Moulay Hicham. « Le Prince Rouge vire au vert », titre alors la presse.

Ce jour-là, je couvre l’événement. Un grand moment de spectacle ! Des centaines de militants islamistes se sont amassés à l’extérieur du tribunal de Rabat. Des dizaines d’avocats, empêchés d’entrer, brandissent leur robe, tandis que des journalistes, bloqués derrière des grilles, agitent leur carte carte de presse…

A l’intérieur, les femmes voilées de la Section féminine d’Al Adl Wal Ihsane s’activent, repérant les journalistes présents. Alors que l’une d’elle me glisse la carte de visite du mouvement avec adresse et site Web, une autre me propose ses services gracieux de traduction simultanée du procès qui se déroule en arabe classique. Assurément, le ministère de la Communication marocain a beaucoup à apprendre du premier mouvement islamiste du pays !

La sortie du tribunal, plus théâtrale encore, dévoile la personnalité habile de la fille du cheikh. A un mètre de moi, Nadia Yassine plonge ses mains dans son sac et en sort un énorme sparadrap marqué d’une croix rouge qu’elle se colle sur la bouche. La militante islamiste avance, tête dressée, vers le haut des marches du tribunal et triomphe devant les photographes agglutinés derrière la grille. La photo fera le tour du monde. Grâce au Makhzen, Nadia Yassine gagne alors ce jour-là une renommée internationale. Elle sait ce que le Palais n’a pas encore compris : le pouvoir des médias.

Grande comédienne, Nadia Yassine sait émouvoir, pleurer sur la misère dans les bidonvilles du royaume devant les caméras, dénoncer, la larme à l’œil, l’injustice sociale. Totalement bilingue (elle a fait sa scolarité dans les établissements français de Rabat et de Marrakech), elle aime apparaître comme une authentique militante féministe en Occident. [Voir l’article «Nadia Yassin : L’imposture féministe »]. Elle intervient partout dans les médias occidentaux, américains [Voir l’article « Nadia Yassine : Bienvenue chez le Grand Satan! »], canadiens, espagnols, français, allemands, italiens, belges… Nadia Yassine excelle dans cet exercice d’interview hors du royaume. Elle donne aussi son avis, souvent contradictoire, sur les débats qui animent le pays qui l’accueille. Ainsi, à propos du message qu’elle adresserait aux jeunes françaises portant le voile, elle cite en référence le célèbre théologien Al-Qaradawi, aujourd’hui recherché par Interpol pour incitation au meurtre, violence, vol : « On devrait écouter le docteur Youssef Qaradawi, imminent savant de l’Islam, qui dit qu’il y a des priorités dans l’Islam, et la science est une priorité par rapport au voile (…) Je leur dis c’est votre droit, luttez pour vos droits et revendiquez la laïcité à la Jules Ferry (…) Je trouve que c’est aberrant, que la République au lieu d’aider ces jeunes filles, de les laisser aller à l’école pour qu’elles développent un esprit de revendication, les laisse retourner à leur foyers pour en faire des intégristes réelles cette fois-ci » (Radio Orient, sept. 2003).

« La charia ? Si c’est le choix du peuple, oui »

La presse marocaine, plus avertie de l’animal politique, est beaucoup plus déroutante pour notre militante, habituée au ton souvent assez complaisant des médias occidentaux. Elle souligne aussi l’imprécision du projet politique, raille les prophéties toujours contredites du gourou de la secte adliste… Sur les fameux rêves du cheikh par exemple, longtemps objet de plaisanteries dans le royaume, elle se défend : «  Il s’agit d’une centaine de « rouaâs» faites par nos frères et sœurs. Je traduirais «rouaâs» plutôt comme rêves prémonitoires (…). Notre culture islamique nous fait prendre très au sérieux ces rêves pour la simple raison que la prise en considération de cette dimension est recommandée par le Prophète lui-même » (Le Journal Hebdomadaire, 15/01/2006).  « Si nos visions font peur au régime et inquiètent nos adversaires, pour nous elles sont des messages de Dieu (…), un lien ininterrompu entre le ciel et la terre » (Assahifa, 26/12/2006). Alors, monarchie, république, khilafa islamique ? Nadia Yassine botte toujours en touche : « ce sont les Marocains qui choisiront » lance-t-elle désinvolte. « Et une constitution basé sur la loi islamique, la charia ? » L’interroge l’hebdomadaire allemand Der Spiegel en juillet 2007. « Si c’est le choix démocratique du peuple, alors oui » répond-t-elle.

Lorsque les questions deviennent trop précises, Nadia Yassine rappelle que sa démarche est spirituelle, avant d’être politique, mais peu de questions la gênent réellement. Ses réponses sont quelquefois aussi énigmatiques qu’inquiétantes, comme à propos de l’interdiction éventuelles des bars, qu’elle qualifie de « lieux de débauche », ou des plages mixtes : « On ne brusquera absolument rien. Il ne s’agit pas d’interdire, il s’agit de convaincre. On prendra le temps qu’il faudra pour cela (…) Mon père dit toujours que nous faisons nos classes et si la révolution iranienne a marqué nos esprits comme beaucoup d’esprits en ces temps-là et pas forcément islamistes, nous en tirons aussi des leçons très édifiantes ». 

Brouilles et brouillard chez les adlistes

Fin 2011, la fille du cheikh se dit fatiguée de la politique, des accusations à son encontre de « double discours ». Elle préfère désormais répondre aux « questions d’ordre philosophique ». Mais où est donc passée Nadia Yassine ? S’interroge la presse marocaine en 2011 qui constate son retrait médiatique, voire son retrait de la vie politique. Fatiguée du harcèlement , des rumeurs à son encontre ? En juin 2011, en plein Printemps arabe, des photos supposées « compromettantes » circulent sur Internet : Nadia Yassine aurait une relation extraconjugale. L’histoire fait sourire les Marocains habitués aux méthodes de basse police du royaume (à chacun un crime adapté : scandale sexuel pour les islamistes, trafic de drogue pour les jeunes du Mouvement du 20 Février…). Mais on ignore de quelle manière elle a ou non affecté Nadia Yassine. Omniprésente durant des années dans les médias internationaux, elle s’est faite depuis beaucoup plus discrète, jusqu’à quasiment disparaître.

En décembre 2012, elle ne fera qu’une brève apparition à la mort de son père. L’enterrement rassemble alors plus de cent mille sympathisants. Le mouvement lui-même se montre plus discret depuis l’arrivée des islamistes du PJD au pouvoir en novembre 2011 et son retrait quelques semaines plus tard des manifestations du 20-Février (mouvement contestataire issu du Printemps arabe).

Si l’attitude d’Al Adl Wal Ihsane (AWI) semble quelquefois ambiguë à l’égard de ses frères du PJD, celle de Nadia Yassine reste beaucoup plus sévère. Elle, n’attend rien de l’expérience PJD, islamistes institutionnalisés « à la solde du pouvoir », et l’exprime sans ambages. En 2008 déjà, elle irritait les péjidistes déclarant que les résultats obtenus par le parti faisaient l’objet d’  « entente préalable avec le ministère de l’Intérieur ». « Tout le monde sait que les élections législatives de septembre 2007 ont été falsifiées » s’exclame-t-elle en mars 2008, sur les ondes de la BBC. De quoi fortement titiller les barbes péjidistes. Des militants du parti avaient alors interpellé la Jamaâ pour faire taire cette « grande gueule ». Nadia Yassine ne croit pas plus à l’alternance islamiste PJD qu’elle n’a cru hier à l’alternance socialiste d’Abderrahman el-Youssoufi (2), « paillasson du Makhzen » (sic). Pour elle «  le régime cherche toujours du sang nouveau qui prolongerait sa durée de vie » analysait-elle déjà le 18 décembre 2006 dans le magazine marocain Al Michaal. Ces alternances illusoires, sans pouvoir réel, permettraient donc de faire durer un peu plus un régime dont les jours sont comptés. Aussi comme beaucoup d’observateurs de la vie politique marocaine, Nadia Yassine avait prévu la victoire du PJD aux élections suivantes « avec la bénédiction de l’Etat ». Par ses prises de position radicales, Nadia Yassine agace souvent autant les partisans PJD qu’une partie de son organisation. Ainsi, par exemple, lorsqu’en en 2005, elle déclarait sur la BBC « les musulmans ont infligé une terrible injustice aux femmes au nom de l’islam ».

En 2013, Abdellah Chibani, mari de Nadia Yassine, intègre la direction du mouvement, le Conseil d’Achoura (sorte de bureau politique, composé de 15 membres). Mais Nadia Yassine reste toujours absente des médias.

Ces tensions et querelles incessantes au sein du mouvement expliqueraient-elles son retrait aujourd’hui de la vie politique ? Certains disent que Nadia Yassine aurait demandé à être dispensée de ses responsabilités au sein de la Jamaâ, notamment des instances féminines; voire qu’elle aurait totalement quitté le mouvement, ce que Fathallah Arsalane, porte-parole de AWI, n’a jamais ni infirmé ni confirmé. Pour Omar Iherchane, membre du Secrétariat Général du Cercle Politique, il ne s’agit que d’un « retrait médiatique ». Nadia Yassine rejette en effet toute demande d’interview et refuse de répondre aux questions afférentes à sa place actuelle au sein de l’organisation. Mais beaucoup doutent de la voir quitter totalement le mouvement fondé par son père.

Une participation exclue

Dans son fonctionnement, ses mécanismes de désignation, son projet, le mouvement reste opaque, comme à l’époque de sa clandestinité. Toutes ces interrogations nourrissent les spéculations sur un différend existant entre Nadia Yassine et Fathallah Arsalane. Dans son rapport rédigé pour le compte de l’influent think-tank WINEP (The Washington Institute for Near East Policy) (3), l’analyste Vish Sakthivel explique que les personnalités féminines seraient moins valorisées aujourd’hui que sous l’ère Yassine. Elle fait état aussi d’importantes tensions internes depuis la mort de son leader historique, à l’image des oppositions entre Arsalane et Yassine. Des tensions atténuées par la nomination en décembre 2012 de Mohammed Abbadi comme secrétaire général, mais qui semblent avoir durablement miné le moral des troupes, le fonctionnement interne, la stature publique du mouvement et même les adhésions féminines (40% des adhérents seraient des femmes). Le mouvement a toutefois survécu à la mort de son leader. Mais questionné par l’arrivée au pouvoir des islamistes du PJD, il doit faire face aujourd’hui au départ de ses militants les plus impatients, certains de plus en plus tentés par un islamisme participationniste. Sur ce point, Nadia Yassine n’a jamais transigé. Rien de possible avec une constitution émanant « non pas de la souveraineté populaire mais d’une commande régalienne », un Parlement « expression même de la confiscation du pouvoir législatif par le pouvoir exécutif », « une majorité préfabriquée », « des lois qui se font ailleurs… ». Pour Nadia Yassine, une participation au pouvoir relèverait tout simplement de la « bouffonnerie ».

Yann Barte

(1) : Terme populaire pour désigner le pouvoir royal et ses élites.
(2) : 1er ministre du 14 mars 1998 au 6 novembre 2002
(3) : Rapport de WINEP « Al-Adl wal-Ihsan, Inside Morocco’s Challenge »:
https://www.washingtoninstitute.org/uploads/Documents/pubs/PolicyFocus135_Sakthivel_v2.pdf

BASSIMA HAKKAOUI

Bassima Hakkaoui

06.12.2015 La rédaction

Bassima Hakkaoui nait en octobre 1960.

Elle est diplômée en psychologie sociale.

Bassima Hakkaoui est députée du Parti de la justice et du développement (PJD) depuis 2002.

Elle est présidente de l’organisation des femmes de la Justice et du développement.

Au Parlement, Bassima Hakkaoui critique la présence de Shakira au festival Mawazine, jugée «suggestive et érotique» et demande l’annulation du festival.Elle s’oppose à la réforme de la Moudawana.

En 2011, elle répond au site Maghress *.

« Est-ce qu’un jour votre mari s’est plaint de vos occupations au sein du parti ainsi que de votre travail associatif?
Ecoutez, mon mari est un homme cultivé et très compréhensif vis-a-vis de mon travail en tant que membre du PJD et mon travail dans le champ associatif. Il se peut que je sois négligente, mais cela n’a aucun impact sur ma vie privée. À la maison, je suis une épouse qui accomplit parfaitement ses devoirs conjugaux. »

Depuis le 3 janvier 2012, elle est ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social et sera l’unique femme du gouvernement Benkirane I. En mars, Amina Filali est violée puis mariée à son violeur. Elle se suicidera. La ministre refuse de modifier la loi et déclarera :

« Parfois, le mariage de la jeune fille à son violeur ne lui porte pas un réel préjudice ».

L’opinion publique marocaine est scandalisée. Lors d’une conférence de presse à l’Hotel Royal Mansour avec le violeur, elle expliquera que le discours d’Amina « manquait de crédibilité » (17 mars 2012).  Un an plus tard, Bassima Hakkaoui prétendra qu’elle n’a jamais soutenu le mariage de la jeune fille à son violeur . Ce qui ne l’empêchera pas d’égratigner les associations féministes « portent atteinte à l’image du Maroc à l’étranger par leur mauvais usage des cas de viols des enfants et le mariage de mineurs »*.

Au delà de ce drame, Bassima Hakkaoui est la  ministre qui focalise le plus de critiques. Selon l’Economiste*, premier quotidien économique du Maroc, « ses projets se heurtent à l’opposition du tissu associatif, censé travailler avec elle la main dans la main ».  Pour plusieurs ONG, le projet de Bassima Hakkaoui reflète «l’idéologie conservatrice de son parti» et se contente de multiplier les annonces. Dans Tel Quel *Fouzia Assouli, présidente de la Ligue démocratique des droits des femmes, rappelle et déplore « la propension de la ministre à exclure la société civile lorsqu’il s’agit delaborer des programmes ou des projets de loi en faveur des femmes ». Une propension dont on voit les conséquences sur plusieurs projets qui ont été abandonnés ou vidés de leur substance. (égalité homme-femme, aide aux handicapés, protection sociale…) Ou encore lorsqu’elle nie, sur Al jazira, le problème des enfants des rues au Maroc : “ce sont les matchs de foot qui attirent ces enfants, qui restent coincés dans la ville faute de moyens pour rentrer chez eux”.*

PJD – PARTI DE LA JUSTICE ET DU DÉVELOPPEMENT (MAROC)

PJD – Parti de la Justice et du développement (Maroc)

05.12.2015 La rédaction

Le Parti de la justice et du développement existe depuis 1998, mais sa structure existe sous un autre nom depuis le milieu des années 60.

L’ancêtre du Parti de la justice et du développement a été créé avant 1967 par Abdelkrim El Khatib : le Mouvement populaire démocratique constitutionnel. Pendant longtemps ses activités ne sont pas connues, mais le parti se veut la vitrine respectable du Mouvement Unité et Réforme, un conglomérat d’individus ayant plus ou moins abandonné la lutte armée de la Chabiba Islamiya.

PJDPICT

Abdelkrim El Khatib, fondateur du groupe est Frère musulman et fait référence à Hassan Al Banna mais il est aussi proche du palais. Ses membres ne sont pas inquiétés. Pourtant, comme le rappelle Mohamed Louizi,  au lendemain de son décès en 2008, le bureau de la guidance-suprême de la confrérie en Egypte s’est empressé celui rendre un hommage appuyé. Le guide-suprême de l’époque, Mohamed Mahdi Akef, déplora la mort du fondateur de la branche des « frères » au Royaume Alaouite.

Le Parti de la justice et du développement naît en réalité de la protestation des militants du Mouvement populaire démocratique constitutionnel.

Aux élections législatives de 1997, le Mouvement populaire démocratique constitutionnel obtient neuf sièges. Protestant contre les fraudes électorales, les militants du Mouvement refusent de participer au gouvernement et changent de nom. C’est la naissance du  « Parti de la justice et du développement » qui se place d’emblée comme un parti d’opposition. Le PJD se présente ainsi : « parti politique national qui œuvre, à partir de la référence islamique, dans le cadre de la royauté constitutionnelle établie sur la commanderie des croyants ».

Le changement de titre ne diminue aucunement les liens idéologiques avec la maison mère égyptienne. Benabdellah El Ouggouti cofondateur de la MPCD en 1967, est très clair avec les nouveaux députés :

« Chers frères, vous êtes les héritiers du mouvement salafiste qui est né du mouvement nationaliste qu’avait fondé les fouqahas (juristes musulmans) dans toutes les régions du Maroc […]. Ce qui était espéré derrière la bataille de la libération du pays, c’était l’établissement d’un état islamique. Néanmoins, la graine que le colonisateur avait laissée derrière lui – en parlant peut-être des forces de gauche – avait empêché cette construction. Aujourd’hui, nous avons une nouvelle chance devant nous pour réessayer, à nouveau, la concrétisation de ce rêve, à travers l’engagement politique de nombreux fils du mouvement du renouveau islamique, que vous êtes. Vous êtes désormais à l’intérieur du ring politique. Une équipe parmi vous a réussi à se faire une place au Parlement. La responsabilité s’est élargie devant vous, je vous souhaite le succès dans ce que vous entreprenez »

Le Parti de la justice et du développement devient le premier parti d’opposition aux élections législatives de 2002, le  (42 sièges).

Dans les discours des intellectuels du Parti comme Mohamed Yatim et Saâdeddine El Othmani commence à émerger le fait que l’état islamique n’est pas forcément le but de l’action politique.

Lors des élections législatives de 2007, le parti arrive en seconde place avec 46 sièges.

L’attentat du 28 avril 2011 à Marrakech met en évidence l’existence de cellules terroristes organisées sur le territoire. Dans les médias, les militants du Parti de la justice et du développement apparaissent comme les partisans du juste milieu. D’autant que depuis les attentats de 2003, le parti a arrondi son discours et cherché à gagner en respectabilité

En novembre 2011, le Parti de la justice et du développement gagne les élections législatives. Il obtient outre 11 portefeuilles sur 31.

  • Abdel-Ilah Benkiran, chef du gouvernement.
  • Saâdeddine El Othmani, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.
  • El Mostafa Ramid, ministre de la Justice et des Libertés.
  • Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres.
  • Abdelaziz Rabbah, ministre de l’Équipement et du Transport.
  • Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement.
  • Abdelkader Amara, ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies.
  • Bassima Hakkaoui, ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.
  • El Habib Choubani, ministre chargé des Relations avec le parlement et la société civile.
  • Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé des Affaires générales et de la Gouvernance.
  • Idriss Azami Al Idrissi, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé du Budget.

Le 10 octobre 2013, le gouvernement Benkiran II est nommé suite au départ de l’Istiqlal de la Coalition.

La plupart des ministres PJD le restent, hormis Saâdeddine El Othmani, ministre des affaires étrangères .

Depuis la destitution de Mohamed Morsi en Egypte, les militants du parti insistent qu’ils sont plus Marocains que  Frères musulmans afin d’éviter d’être pris pour des membres de l’organisation. Lors d’une réunion, le 15 novembre avec les membres de la jeunesse du PJD, le premier ministre Abdelilah Benkirane insiste pour que l’idéologie des Frères musulmans soit rejetée et «d’établir une barrière entre la méthodologie des Frères musulmans et celle du PJD et du Mouvement Unicité et réforme (MUR)». (Tel Quel, 17 novembre 2015 *)

Voir notamment:

Mohamed LouiziPourquoi j’ai quitté les Frères musulmans, Michalon. (à paraître en janvier 2016)

Cet article est également disponible en العربية et English.

L’ÉGYPTIEN AL SISSI MENACÉ DE TURBULENCES

L’Égyptien Al Sissi menacé de turbulences

30.11.2015 Antoine Sfeir

Pour Antoine Sfeir, analyste du monde arabe, le maréchal Al-Sissi a bénéficié jusque-là d’une période de grâce auprès d’une population qui attend aujourd’hui des résultats sur le terrain.
Les faits – Les enquêteurs qui mènent les investigations sur l’accident d’un Airbus russe le 31 octobre dernier dans le Sinaï sont «sûrs à 90%» qu’un bruit enregistré par les boîtes noires de l’appareil correspond à l’explosion d’une bombe, selon un membre du comité d’enquête cité par l’agence Reuters. Jusque-là, les Egyptiens estimaient qu’il était trop tôt pour en tirer des conclusions, alors que la thèse d’un attentat à la bombe est évoquée depuis plusieurs jours par les services secrets américains et britanniques.

Comment expliquez-vous les réticences du Caire à admettre qu’une bombe a sans doute été à l’origine du crash d’un avion russe dans le Sinaï ? 

Parce que si c’est un attentat, c’est une catastrophe pour l’Egypte ! Le tourisme est une des quatre mamelles du pays avec le pétrole, l’argent des expatriés et le canal de Suez. Cela représente une manne d’une dizaine de milliards de dollars par an. Le secteur était déjà tombé au plus bas, proche de zéro. Seuls résistaient les côtes de la Mer Rouge et Charm el-Cheikh où affluaient encore les touristes israéliens, britanniques, allemands et russes. Et si aujourd’hui cette source se tarit, ce sera une perte sèche pour l’Egypte.

Pourquoi l’Egypte semble-t-elle avoir du mal à contrôler la situation dans le Sinaï ?

Le Sinaï représente un problème pour Le Caire car il était prévu jusque-là dans les accords de paix conclus en 1979 avec Israël, que la région soit démilitarisée avec l’interdiction de la présence d’armes lourdes. Il semble que les Israéliens aient donné leur accord, il y a quelque temps, pour que l’armée égyptienne investisse ce territoire, devenu une zone de non-droit échappant à toute autorité de l’Etat, avec ses bédouins rackettant les Ethiopiens, les Erythréens et trempant dans tous les trafics possibles et inimaginables… Maintenant, cette reprise en main n’a commencé que depuis peu et elle se fait dans les pires conditions avec cette attaque contre les touristes.

Quel est l’intérêt de l’Etat islamique à s’attaquer à l’Egypte et existe-t-il un lien avec les Frères musulmans chassés du pouvoir en juillet 2013 par l’armée ?

L’Egypte est une cible toute désignée. N’oublions pas que c’est le plus grand et le plus peuplé des pays arabes et tout le défi de l’armée égyptienne est d’empêcher l’Etat islamique de s’installer dans le Sinaï. Et notamment que les Frères musulmans, fortement réprimés dans l’ensemble du pays, n’y trouvent refuge pour s’y regrouper. On estime aujourd’hui leur nombre entre 200 et 250 déjà installés. Ils chercheraient à être adoubés par l’Etat islamique car ils n’ont pas les moyens militaires et financiers de ce dernier. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, ils ont recours à des attentats. Si la piste de la présence d’une bombe dans l’avion russe est définitivement avérée, il n’a pas dû être très difficile pour eux de bénéficier de la complicité d’un petit employé de l’aéroport, d’un personnel au sol, que cela soit un bagagiste ou autre.

N’était-il pas possible d’imaginer de nouvelles attaques contre Charm el-Cheikh, déjà cible d’une série d’attentats meurtriers par le passé ?

Si. Le problème c’est que l’ancien président Morsi avait commencé à démanteler les services de renseignement égyptiens. Il a fallu que le maréchal al-Sissi reprenne tout à zéro pour reconstituer les fameux Moukhabarat. Ces derniers sont par ailleurs fortement mobilisés, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans les grandes villes d’Egypte et ils ont délaissé, semble-t-il, certains lieux touristiques comme Charm el-Cheikh.

La situation dans le reste du pays est-elle stabilisée ?

Il y a beaucoup moins d’attentats dans les grandes villes et ceux qui ont eu lieu ces derniers temps avaient pour cibles les commissariats ou les casernes. Le travail a été fait. Maintenant, il ne reste plus qu’à reconquérir le Sinaï. Jusque-là, le maréchal Sissi a bénéficié d’une période de grâce mais la population attend aujourd’hui des résultats sur le terrain. Ce qui n’est pas encore le cas. Si la piste d’un attentat est avérée, la période promet d’être difficile pour le Président égyptien. Maintenant, ce n’est pas la première crise que connaît ce pays et il est toujours là.

Le Caire se plaint du manque de coopération de certains pays dans la lutte contre le terrorisme. Le régime du président al-Sissi demeure-t-il toujours marginalisé depuis le coup d’état militaire de juillet 2013 contre le président islamiste Morsi ?

Si les Etats-Unis ont commencé à changer d’attitude, l’Egypte continue d’être boudée par l’Union européenne et les pays occidentaux en général. La France a longtemps considéré le Président Sissi comme un putschiste jusqu’au jour où il a acheté des Rafales. D’un seul coup, il est devenu plus fréquentable ! Il y a un fantasme occidental qui est de vouloir parler d’instauration de la démocratie dans cette région. Elle s’applique difficilement qu’on le veuille ou non à une population issue d’une civilisation clanique, tribale et familiale et qui a besoin d’un chef. L’Egypte reste « fidèle » aux régimes militaires que cela soit avec à sa tête Nasser, Sadate, Moubarak et Sissi aujourd’hui.

Pourquoi la Russie serait-elle visée par un éventuel attentat ?

La Russie a investi dans toute la région. S’autoproclamant le défenseur des chrétiens en Orient, annonce qui a été chaleureusement accueillie par les communautés concernées, Vladimir Poutine a lancé une véritable offensive diplomatique. Pas seulement en Syrie ! Il place ses pions partout. Il reçoit Bachar al-Assad mais parle aussi avec Benjamin Netanyahou. La Russie est en train de jouer le rôle d’une grande puissance au Moyen-Orient.

Antoine Sfeir

Tribune publiée dans L’Opinion, 08/11/15

« L’OPÉRATION MARTYRE RÉJOUIT ALLAH ! »

“L’opération martyre réjouit Allah !”

25.11.2015 Fiammetta Venner

Le Conseil européen de la Fatwa et la recherche a été officiellement inauguré à Londres les 29 et 30 mars 1997. Un recueil de ses Fatwas a été préfacé par Tariq Ramadan et publié par l’UOIF. Youssef Al Qaradhawi l’a dirigé. On pouvait y trouver  Rached Ghannouchi, Fayçal Mawlawi, Abdoullah Ibn Youssouf al-Joudai, Ahmed al-Rawi, Mustafa Ceric ou Youssouf Ibram.  

Il nous a semblé important de revenir sur les distinctions opérées en 2003 par le Conseil (dominé par la Confrérie) entre les différentes formes de terrorisme. Celles qui seraient légitimes et celles qui le seraient moins.

Le 28 juillet 2003, le Conseil européen pour la Fatwa, réuni à Stockholm pour sa 11ème session, a émis un avis qui commence par distinguer plusieurs formes de terrorisme : « le terrorisme colonialiste, le terrorisme d’État, le terrorisme international, le terrorisme politique, le terrorisme permis par la loi islamique, celui qui ne l’est pas, et les opérations martyres ».

Bien entendu, cette nouvelle catégorisation sert à refuser de classer les « opération martyres » parmi les actions terroristes : « Les opérations martyres perpétrées par les factions palestiniennes pour résister à l’occupation sioniste n’entrent en aucun cas dans le cadre du terrorisme interdit, même s’ils se trouvent des civils parmi les victimes ».

Cela pour plusieurs raisons que nous reproduisons au maximum dans leur intégralité. Les coupures ne sont là que pour faciliter la lecture et ne modifient en rien le fond :

«  En premier lieu, vu la nature colonialiste et raciste de la société israélienne qui a naturellement tendance à l’occupation et [l’usurpation], [on peut dire qu’il] s’agit bien là d’une société militaire. Tous ceux qui ont passé le cap de l’enfance, les femmes comme les hommes, sont incorporés à l’armée. Chaque Israélien est un soldat de l’armée, soit par son statut, soit parce qu’en tant que soldat de réserve, il peut être appelé à n’importe quel moment à la guerre. C’est là un fait qui n’a pas besoin d’être prouvé. Les soi-disant ‘civils’ sont des ‘soldats’ de l’armée des fils de Sion ».

« Deuxièmement, la société israélienne possède une caractéristique unique qui la différencie des autres sociétés : c’est une ‘société d’envahisseurs’ non originaires de la région, venus de Russie, d’Amérique, d’Europe ou de pays d’Orient pour occuper la Palestine et s’y implanter. (…) Les victimes de l’invasion ont le droit de lutter contre les envahisseurs par tous les moyens dont ils disposent afin de les chasser de leurs habitations et de les renvoyer chez eux. (…) Ceci entre dans le cadre du djihad par nécessité, selon l’appellation des guides religieux, et non du djihad par choix. (…) La mort d’enfants innocents au cours de ce djihad n’est pas préméditée, mais résulte des impératifs de la guerre. (…) Même avec le temps, des soi-disant ‘civils’ [israéliens] ne cessent pas d’être des envahisseurs, des oppresseurs malfaisants et tyranniques ».

« Troisièmement (…), la loi islamique précise que le sang et la propriété des personnes du Dar al-Harb ne sont pas protégés. En luttant contre les musulmans, ces personnes perdent le droit à la protection de leur sang et de leur propriété ».

« Quatrièmement, les guides religieux musulmans, ou du moins la plupart d’entre eux, ont établi qu’il est permis de tuer des musulmans si l’armée ennemie se cache derrière eux, se servant d’eux comme boucliers humains, les plaçant au front afin que le feu, les flèches et les lances des musulmans les atteignent en premier. Les instances religieuses ont permis de tuer ces musulmans innocents forcés de se tenir au front de l’armée ennemie (…) car autrement l’armée envahirait le pays, anéantirait sa descendance et ses récoltes. Il n’y a d’autre alternative que de sacrifier certains [de ces musulmans] pour défendre la communauté [musulmane] dans son ensemble. Ainsi, s’il est permis de tuer des musulmans innocents pour protéger la communauté dans son ensemble, il est à plus forte raison permis de tuer des non-musulmans pour libérer la terre musulmane de ses occupants et oppresseurs ».

« Cinquièmement , dans la guerre moderne, toute la société, toutes ses classes et tous ses groupes ethniques sont mobilisés, afin de fournir le carburant matériel et humain nécessaires à la victoire de l’État. Chaque citoyen doit se charger d’une fonction. Tout le front domestique — professions libérales, travailleurs et industriels — se tient derrière l’armée combattante, sans nécessairement porter les armes. C’est pourquoi les spécialistes affirment que l’entité sioniste forme en réalité une armée ».

« Sixièmement, il existe deux types de Fatwas : les Fatwas à appliquer en situation de calme ou le choix est permis, et les Fatwas à appliquer en situation de détresse et de nécessité. Il est permis à un musulman, en cas de nécessité extrême, de faire ce qui lui est interdit en temps de choix. (…) Ainsi, l’un des guides religieux a adopté la règle qui veut que : ‘la nécessité autorise les interdits’. Nos frères en Palestine sont, sans l’ombre d’un doute, dans l’extrême nécessité de ces opérations martyres visant à repousser les usurpateurs ennemis et à semer l’horreur dans leur cœur afin qu’ils s’en aillent, qu’ils retournent d’où ils viennent. (…) Quelle arme peut atteindre l’ennemi, l’empêcher de dormir, lui ôter le sentiment de sécurité et de stabilité, si ce n’est celle de ces bombes humaines — un jeune homme ou une jeune femme qui se fait sauter au milieu de l’ennemi ? Voilà une arme que l’ennemi ne possédera jamais, même si les États-Unis lui accordent des milliards et les armes les plus puissantes, car c’est là une arme unique, qu’Allah a placée entre les seules mains des croyants. C’est une forme de justice divine sur terre. (…) C’est l’arme avec laquelle les faibles miséreux affrontent le puissant tyran. (…) Ceux qui s’opposent aux opérations martyres et les qualifient de suicides commettent une grande erreur. Le but de l’auteur d’une opération martyre n’a rien à voir avec le but de celui qui se suicide. Quiconque considère ces deux âmes s’aperçoit de l’immense différence qui existe entre elles. [L’auteur du] suicide se tue pour se tuer, parce qu’il a échoué dans les affaires, en amour, son examen, ou quelque chose de cet ordre. Il était trop faible pour affronter la situation et a choisi de fuir la vie pour la mort. Contrairement à lui, l’auteur d’un attentat suicide ne pense pas à lui-même. Il se sacrifie pour un but supérieur, face auquel tous les sacrifices deviennent insignifiants. Il se vend à Allah en échange du Paradis. Allah a dit: ‘Allah a acheté leurs âmes et leurs biens aux croyants parce qu’ils hériteront le Paradis’. Alors que [l’auteur du] suicide meurt pour fuir le monde, celui qui exécute une opération martyre meurt en allant de l’avant et en attaquant. Contrairement au suicide, qui a pour seul objectif d’échapper au conflit, l’opération martyre a un but précis, qui est de réjouir Allah ».

On comprend que cette Fatwa figure en bonne place sur le site Internet du Hamas, mais a-t-elle bien sa place dans un Conseil prétendant représenter l’islam d’Europe ?

Non seulement, un tel Conseil radicalise les musulmans européens mais il n’a aucune chance de modérer les autres musulmans puisque ses avis ne concernent que les Européens. Sert-il au moins à lutter contre les amalgames « islam = barbarie » ? C’est la question posée en 2002 par Martine Gozlan à Fouad Alaoui : « Ce conseil de la Fatwa afin d’éviter les amalgames entre la barbarie et l’islam a-t-il condamné des pratiques comme la lapidation, la flagellation, l’amputation ? » La réponse d’Alaoui est clairement décevante : « Ce n’est pas son rôle. Ce Conseil ne s’exprime que sur les pratiques de l’islam en Europe. Il ne rentre pas dans les affaires de tel ou tel pays »[1]. Un peu plus loin, il dira même qu’« il n’est pas de l’intérêt d’une instance musulmane de se positionner contre tel ou tel État ».

[1] Propos recueillis par Martine Gozlan, Marianne, 7 au 13 janvier 2002.

Texte en partie issu du livre de Fiammetta Venner, Opa Sur l’Islam de France, Calmann Levy.

DES PARTISANS DE DAESH À BRUXELLES

Des partisans de DAESH à Bruxelles

18.11.2015 La rédaction

Des observateurs ont été surpris par la présence de terroristes dans la capitale de l’Union Européenne. Pourtant ceux-ci n’agissent pas en cachette.

Dans ces images tournées il y a quelques mois, des sympathisants de Daesh prêtent allégeance au Calife au cœur de Bruxelles.

Le reportage est en arabe mais les jeunes intégristes s’expriment en français.

Et sur Facebook :

CABALES CONTRE MUSULMANS NON AGRÉÉS

Cabales contre musulmans non agréés

18.11.2015 La rédaction

Depuis les attentats de janvier et de novembre, plusieurs figures arabes et/ou musulmanes sont prises en chasse.

Twitter et Facebook sont le théâtre d’attaques virulentes de pro-intégristes ne supportant pas la présence dans le paysage médiatique de personnalités musulmanes se mobilisant contre l’intégrisme.La campagne vise à les disqualifier en lançant des procès d’intention, afin de faire pression sur les chaînes de télévision, de radio et sur la presse écrite et d’obtenir leur remplacement par d’autres invités amis.

Leurs cibles sont notamment : Mohamed Sifaoui, Dounia Bouzar, Abdennour Bidar, Hassen Chalghoumi, Rachid Benzine, Malek Chebel, Kamel Daoud, Latifa Ibn Zyaten, Tareq Oubrou, Fadela Amara, Malek Boutih.
Aux uns, on reproche de ne pas parler suffisamment bien français, de « faire honte » aux musulmans et d’être nés hors de France. Les intégristes français et leurs amis cherchent à délégitimer les expériences d’algériens, de syriens, de pakistanais, d’iraniens victimes dans leur chair des intégristes.
Aux autres, on reproche d’avoir dénoncé depuis des années les aveuglements de la classe politique française face à l’avancée des discours incitant à la haine.

Cette liste a longtemps tourné dans les milieux pro-intégristes. Ce qui vient de changer, c’est qu’aujourd’hui, outre la campagne violente sur les réseaux sociaux, le harcèlement judiciaire, se sont ajoutées une pétition et une liste d’experts agréés par les agresseurs. Au delà de la campagne de diffamation, certains membres de cette liste vivent sous protection, d’autres ont été victimes d’agression.
Ces personnes sont accusées de traîtrise, et qualifiées de « menteurs » ou de « faussaires ». Si ces cabales online peuvent paraître anecdotiques car elles sont l’œuvre de petits groupes identifiés, leur nombre de followers ou de likes élevé leur assure une bonne couverture.

La liste des cibles à éliminer des plateaux de télévision s’est enrichie avec des personnalités qui ont longtemps été ambigües avec les intégristes. Les personnes visées ne forment pas un bloc idéologique homogène, mais leur mise à l’index, ensemble, par les intégristes pose un problème pour la liberté d’expression. On constate avec tristesse que les campagnes sont parfois relayées au delà des cercles pro-intégristes, par racisme, haine de soi, envie de se mettre en valeur ou simple volonté de nuire.

Parmi les lanceurs de mises à l’index, plusieurs noms reviennent.

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Nabil Ennasri, est souvent présenté sur les plateaux comme un « spécialiste du Moyen Orient ». Il est aussi responsable du site « Observatoire du Qatar » et a écrit un livre préfacé par Pascal Boniface. Nabil Ennasri est intervenu à Havre du savoir ainsi qu’au lycée Averroès. N’hésitant pas à faire le signe de la Rabia, il est coutumier des campagnes de diffamation.

Ses consignes sont immédiatement suivies.

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Autre déclencheur de campagne, Fateh Kimouche, ou Al-Kanz.

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Al Kanz n’hésite pas à interpeller directement journalistes et politiques pour leur demander des comptes.

Ici il interpelle Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, pour qu’il ne prenne pas en compte les analyses de Mohamed Sifaoui.

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Les consignes d’Al Kanz sont ensuite relayées pour faire pression sur les télévisions, les radios, le CSA ou les administrations.

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Al Kanz n’hésite pas a mobiliser ses troupes dès qu’un journaliste pose des questions qui dérangent. Le 18 novembre, il rameute ses lecteurs contre le journaliste Thomas Sotto parce qu’il osé demander si l’imam de Brest, auteur de diatribes violentes et fleuries, serait expulsé.

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Al Kanz apporte son soutien aux salafistes Abou Anas et Abou Houdeyfa, mais également de façon plus surprenante à Marwan Muhammad, conseiller à l’OCSE et ancien porte-parole du CCIF.

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Marwan Muhammad, qui rappelle à l’occasion qu’il bénéficie du statut de diplomate, relaie les campagnes de diffamation et publie sur les réseaux sociaux une liste des experts corrects à ses yeux souvent issus du monde salafiste et frèriste.

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Fiammetta Venner et Carla Parisi.

L’AFP MET LES TERRORISTES ENTRE GUILLEMETS

L’AFP met les terroristes entre guillemets

15.11.2015 La rédaction

Pour l’AFP, qui a publié une dépêche sur les attentats qui ont visé Paris,  le terme terroriste doit s’employer entre guillemets. Cette dépêche a été reprise sans correction par plusieurs organismes de presse. Le terme terroriste a même été remplacé dans la version anglaise par militant.

Depuis les années 90, les militants, avocats et intellectuels qui défendent les partisans de l’islam politique font pression pour que le terme terroriste soit employé entre guillemets. Comme si on doutait que le fait de tirer sur des êtres humains attablés à une terrasse ou à un concert, une attaque planifiée et revendiquée, relève d’un acte terroriste.

L’AFP n’est pas le seul organisme a avoir cédé à cette injonction. Des administrations publiques américaines ont déjà fait cela par le passé.

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afp
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