Du 19 au 22 avril a eu lieu au parc des expositions du Bourget la 36ème « Rencontre Annuelle des Musulmans de France » (RAMF) organisée par l’ex-UOIF, désormais rebaptisée Musulmans de France (MF). La RAMF 2019 a reçu peu d’écho médiatique, à l’image de son déclin progressif, comme décrit dans le journal Libération qui note un « public très clairsemé » pour une rencontre « peu reluisante ». Les déboires judiciaires de son ancienne tête d’affiche Tariq Ramadan n’y sont certainement pas étrangers.
On aurait en revanche pu observer un nouvel élan à la RAMF avec la participation de Marwan Muhammad et de sa structure « L.E.S. Musulmans » créée en partenariat avec le CCIF pour peser sur l’organisation de l’Islam de France. Le pari est visiblement loin d’être gagné, Libération relevant que Marwan Muhammad « peinait à mobiliser l’assistance dans la grande salle conférence sur son thème favori de l’inclusion des musulmans dans la société française ».
Marwan Muhammad a voulu cependant marquer le coup. Profitant d’une intervention d’Hakim el Karoui, auteur du rapport largement débattu « un Islam français est possible » pour l’Institut Montaigne, il a violemment pris à partie son interlocuteur avant de poster la vidéo sur les réseaux sociaux. Hakim el Karoui avait précédemment accusé le CCIF de véhiculer un message victimaire. Marwan Muhammad lui avait reproché de « piétiner la dignité des musulmans pour cautionner l’agenda des élites dont les intérêts convergent avec les siens ». Lors de la RAMF 2019, Marwan Muhammad est donc intervenu face au consultant proche d’Emmanuel Macron pour affirmer avec véhémence que lutter contre l’islamisme et le terrorisme comme Hakim el Karoui n’est pas un besoin des musulmans présents. Après avoir pris à partie l’auditoire, rallié à son bord, Marwan Muhammad a cité le CCIF, le secours islamique, le CBSP et Musulmans de France comme seules organisations représentatives à ses yeux, contrairement à l’Association Musulmane pour l’Islam de France (AMIF), nouvellement créée par Hakim el Karoui. Sur la vidéo, on aperçoit Amar Lasfar, président de Musulmans de France, applaudir les propos de Marwan Muhammad.
L’on pourrait se demander ce qu’espérait Hakim el Karoui en se rendant au salon vedette des Frères musulmans français. Simplement présenter l’AMIF ? Tenter de rallier à son projet d’AMIF les plus « modérés » des Frères ? Pacifier le débat avec les cadres de Musulmans de France pour éviter une mise en concurrence des associations ?
Hakim el Karoui prétend connaître les méthodes d’infiltration des Frères musulmans dans la société. De fait, il a longtemps fermé les yeux sur la stratégie frériste notamment au sein de l’Institut des cultures d’Islam. Il a par la suite déclaré que les Frères musulmans étaient un « danger » pour les musulmans eux-mêmes. Mais en parallèle, il a créé en 2019 l’AMIF avec Tareq Oubrou, cadre historique de l’UOIF jusqu’en 2018, et Mohamed Bajrafil, (ancien ?) protégé de Tariq Ramadan qui affirmait en 2016 : » Voir apparaître aujourd’hui une relève de la qualité de mes jeunes frères Mohamed Bajrafil et Marwan Muhammad (..) est juste apaisant, réconfortant et énergisant ». Un autre signataire de l’appel pour la réorganisation de l’Islam de France avec Hakim el Karoui, et pré supposé à la commission Théologie et formation des imams de l’AMIF est… Abdelghani Benali, enseignant à l’IESH, antenne à Saint-Denis du centre de formation de l’UOIF de Chateau-Chinon.
Hani Ramadan a été expulsé de France vers la Suisse en avril 2017, voyant ainsi ses nombreuses conférences prévues sur le sol français être annulées les unes après les autres. L’Union Française des Consommateurs Musulmans (UFCM) s’organise pour tenter de faire entendre sa voix à tous prix en France : le 14 octobre 2017 elle met en place une conférence avec retransmission en direct d’Hani Ramadan à la gloire de son grand-père, fondateur des Frères musulmans : « Hassan al-Banna, sa vie et sa pensée ». Les bénéfices sont reversés… aux frais de justice.
L’UFCM, créée en 2011, se présente sur son site web comme une organisation de promotion de consommation « éthique », avec quelques références altermondialistes, anticapitalistes, qui côtoient une rhétorique religieuse : « Le Créateur, qui a doté l’être humain d’aptitudes exceptionnelles, l’a également responsabilisé. Il doit ainsi s’opposer à tout ce qui pourrait pervertir et voiler les signes de la présence du Très-Haut. Et ces signes sont tout aussi présents dans notre propre être et dans les Textes révélés que dans le monde qu’Il a créé. »
Son bureau se compose de Samy Debah, fondateur du CCIF, ainsi que d’Abdessamad Habib, aux côtés de Zouhair Amri, Nabil Ennasri, Fateh Kimouche aka Al Kanz et Yamin Makri.
Sur les réseaux sociaux, l’UFCM poste essentiellement des vidéos de Tariq Ramadan (parfois en conférence conjointe avec Yamin Makri), des vidéos de l’imam Mohamed Minta, des appels au boycott d’Israël par le mouvement BDS, des manifestations pro-palestiniennes aux mots d’ordre douteux, ainsi que des conseils sur le marché du Halal via notamment le site Al-Kanz de Fateh Kimouche.
Une conférence avec le professeur Oberlin est organisée par l’UFCM en novembre 2015. Christophe Oberlin est un militant bien connu des milieux « antisionistes », il est un compagnon de route de Dieudonné (en 2016 il participe à son émission en ligne) et d’Alain Soral (il apparait de très nombreuses fois sur son site Egalité et Réconciliation, notamment par le biais d’interview).
On trouve aussi sur la page Facebook de l’UFCM des propositions de stages dans une « ferme agrobiologique musulmane », l’ilot des Combes, promue également par Pierre Rabhi via son association Le Mouvement Colibris. Des stages de survie en milieu naturel sont également proposés.
Ou quand l’UFCM réussit à réunir l’idéologie dure des Frères musulmans, avec un anticapitalisme soft, un écologisme tendance confusionniste, et un antisionisme douteux…
Le 19 mars 2017 a lieu la Marche pour la « Justice et la Dignité » à Paris, entre Nation et République. L’appel pour la Marche est publié sur Médiapart, et relayé notamment sur le site internet, page Facebook et compte Twitter des Indigènes de la République, du NPA, de Tariq Ramadan, d’Ensemble ! du Front de Gauche ou encore de Rokhaya Diallo.
L’appel pour la Marche décrit la France comme (unique) responsable des attentats qu’elle subit :
« Les attentats terribles que nous avons connus en 2015 et en 2016 sont venus renforcer l’arsenal sécuritaire alors qu’ils sont la conséquence directe de la politique guerrière que la France et ses alliés mènent à l’étranger. L’État Français, qui pèse toujours de tout son poids sur les peuples qu’il domine comme en Afrique, prolonge cette politique au Proche-Orient tout comme il entérine l’occupation de la Palestine. Sa « lutte contre le terrorisme » ressemble surtout à une agression permanente contre des peuples innocents ».
Alors qu’il devrait être question de dénoncer, à raison, les violences policières qui existent, cet appel évoque le terrorisme sans nommer les commanditaires, ni Daesh, ni al-Qaïda, et sans un mot pour les victimes. Il est question d’accabler « la politique guerrière » de la France et l’ « agression permanente contre des peuples innocents » pour expliquer les attentats, sans plus de précision. Une fine analyse politique du djihadisme international !
Tariq Ramadan a mis en ligne une vidéo pour promouvoir cette marche. Il y dénonce une « politique d’Etat de la gauche et de la droite » comme étant « le vrai problème ». Il pointe du doigt l’ « ethnicisation » de la solution des pouvoirs publics :
« Comme on a pas réussi, ou on entretient d’ailleurs, parce que la politique de sécurité donne parfois l’impression d’être une politique entretenue d’insécurité, on va déplacer le problème sur un problème culturel et idéologique (…) on ethnicise, on islamise la question, puisqu’on a pas véritablement travaillé sur ce qui devait être une vraie politique sociale, et donc on va instrumentaliser jusqu’à la laïcité (…) et on va faire un clivage entre eux et nous ».
Dommage que Tariq Ramadan ne dénonce pas l’ethnicisation et le communautarisme à outrance d’un des principaux organisateurs, le Parti des Indigènes de la République !
Il dénonce ensuite une mystérieuse opération financière :
« L’entretien de toute cette politique, qui fait de l’argent (…) l’insécurité, ça produit de l’argent ! Sur la question de la police, des prisons et de la privatisation des prisons et des multinationales comme G4S qui interviennent en France et qui font de l’argent, malheureusement il faut se rendre compte qu’il y a un volet économique à cet entretien de l’insécurité ! ».
Il sous-entend que l’Etat organise l’insécurité, par exemple à propos des jeunes policiers peu formés :
« Quel est l’Etat qui les envoie dans cette situation là, et pourquoi est-ce que ceci est entretenu ? »
Tariq Ramadan assume encore une fois sa logique conspirationniste. Les politiques sociales et sécuritaires en banlieue sont certainement critiquables. Sauf qu’ici, un follower peu informé sur la situation aura retenu que les violences policières sont le fruit d’une volonté d’ « ethnicisation » de la banlieue par un mystérieux « on », ainsi qu’une manipulation à but financier de ces conflits, organisée par l’État français !
Le Parti des Indigènes de la République appelle les manifestants à rejoindre sa banderole « « L’antiracisme colonial est mort! Vive l’antiracisme politique! » ». Tout autre organisation antiraciste est disqualifiée d’office par le PIR qui désigne comme coloniales. Le site Quartiers Libres donne un détail amusant :
« Vendredi 10 mars Houria Bouteldja du PIR a rencontré un cadre et élu « racisé » du PS ancien de la Marche de 1983 pour lui demander de financer « Paroles D’honneur » la nouvelle chaîne TV du PIR … Il n’y a donc plus de « Serment de Gaza » quand il faut s’assurer des passages dans les médias ? On est bien loin de l’autonomie politique et financière revendiquée, de l’Honneur dans la parole et de la sincérité politique. Discours publics, pratiques réelles ».
NB : Le « serment de Gaza » fait suite à l’intervention des fonctionnaires de police lors de la manifestation interdite en soutien à Gaza à Paris fin juillet 2014, alors que plusieurs précédentes manifestations pro-palestiniennes ont dégénéré avec des slogans antisémites (« mort aux juifs ») et que des incidents ont éclaté près de la synagogue de la Roquette. Le PIR a alors engagé une campagne anti-PS, le jugeant responsable de l’interdiction de la manifestation et de l’intervention policière.
Le PIR, qui désigne à tour de bras le PS comme un ennemi politique, qui a promis en 2014 que le « PS paiera » pour son « présent colonial » demanderait à ce même parti des financements…
Avec la même hypocrisie, Houria Bouteldja se félicite de la participation du Parti Communiste et du Parti de Gauche à la Marche et évoque « une victoire éclatante » pour l’agenda du PIR, alors que plusieurs voix critiquent cette association avec des partis politiques tant critiqués d’habitude :
« Quand le PG ou le PC sont devant et qu’ils nous imposent leur agenda, ils récupèrent. Ok. Quand ils sont derrière, ce qui sera la cas le 19. Ils récupèrent encore comment ? je sais pas ».
Autre participant et signataire de l’appel : l’Islamic Human Rights Commission (IHRC). Cette ONG basée à Londres est une puissante association de lobbying pro-khomeiniste en Europe et à l’ONU. En 2015, elle remet le prix de l’ « islamophobe de l’année » à Charb et Charlie Hebdo, quelques semaines après l’attentat.
L’IHRC est également célèbre pour ses campagnes pour demander la libération du Cheikh Omar Abdel Rahman, leader spirituel de l’organisation terroriste Al-Jama’a al-Islamiyya, et emprisonné pour sa participation à l’attentat du World Trade Center de 1993 et pour d’autres projets d’attentats notamment au siège des Nations Unies. Elle désigne le Cheikh comme un « prisonnier pour sa foi ».
Lors de sa mort en février 2017, l’IHRC publie un communiqué de presse où elle se désole de sa disparition : « le monde a perdu un homme de principe et de foi inébranlable ». L’IHRC lui rend un hommage personnel et politique :
« Sa mort fait de lui un martyr, et plus qu’une inspiration pour les personnes qui continuent de résister à l’autocratie étrangère et à l’impérialisme dans le monde arabe ».
Le déroulé de la Marche
Les familles de personnes tuées par la police tiennent la banderole de tête, suivies du Parti des Indigènes de la République (avec notamment Houria Bouteldja), de Sihame Assbague, du Front Uni des Immigrations et Quartiers Populaires de Saïd Bouamama, de la Brigade Anti Négrophobie, et de collectifs pro-palestiniens qui appellent au « boycott d’Israël, état assassin » et à la « séparation du CRIF et de l’état » sur leurs pancartes… Les slogans collectifs mêlent hommage aux victimes de violences policières, « Israël casse toi ! », « libérez George Abdallah ! »ou encore « je suis bamboula » par Saïd Bouamama, ce qui a pour effet de provoquer une dispute avec les collectifs afro-féministes. Ces dernières ont entre autres pour slogan « blanchité = gros clapet ».
La très grande partie du cortège se compose de divers syndicats (Solidaires, CGT,..) et de partis politiques (Ensemble!, NPA, Alternative libertaire, PC…). Act-Up et l’Inter-LBGT qui avaient appelé à manifester, malgré les protestations de militants LGBT qui refusent de marcher derrière le PIR, ne forment par contre qu’un petit cortège d’une quinzaine de personnes.
Le Black Bloc, qui ferme la marche, est en nombre le plus grand collectif présent. Des heurts éclatent à la fin de la marche, avec des fumigènes à proximité du Bataclan, des jets de cocktail Molotov contre la police, et des vitrines cassées place de la République.
Assa Traoré, la soeur d’Adama Traoré, avait annoncé qu’elle ne signerait pas l’appel et qu’elle ne participerait pas à la Marche. Dans Le Monde, elle dit ne pas se reconnaître dans cette Marche qui ne s’est pas adressée directement à la banlieue et qui préfère faire venir des manifestants de toute la France pour grossir ses rangs. D’autres militants n’ont pas fait le déplacement, reprochant la mainmise du PIR sur cette manifestation, comme le rapporte Le Monde : « certaines organisations, comme le PIR, instumentalisent cette marche afin de devenir porte-parole des quartiers populaires. Alors qu’ils n’y mettent jamais les pieds ! ». C’est un euphémisme de dire que la lutte contre les violences policières mérite en effet moins de relents racialistes à la sauce indigène, moins d’obsessions anti-CRIF, anti-israéliennes, moins de signataires islamistes, moins de récupérations politiques, et plus de sincérité !
Des organisations signataires de l’appel de la Marche :
Action-antifasciste Paris-Banlieue (AFA) – Association OUTrans – Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes (ALCIR 20eme) – BDS France – Brigade Anti Négrophobie (BAN) – CAPJPO-EuroPalestine – CGT-Culture – Collectif enseignant pour l’abrogation de la loi de 2004 (CEAL) – Collectif Ni Guerres ni état de guerre – Coordination des Groupes Anarchistes (CGA)– Femmes en lutte 93 – Fondation Frantz Fanon – FUIQP – Les Indivisibles – Islamic Human Right Commission (IHRC) – Marche des Femmes pour la Dignité (MAFED) – Mwasi – Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) – Nuit debout Rennes – Osons causer – Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) – Parti pirate – Parti des Indigènes de la République (PIR) – Podemos (Espagne) – Pride de nuit – Le Seum collectif – Solidaires étudiants (université Paris 3) – Le Strass – SUD (Collectivités Territoriales 93) – Syndicat de la Magistrature – Unef – Union des Démocrates Musulmans de France (UDMF) – Union Juive Française pour la Paix (UJFP) – Urgence Notre Police Assassine (UNPA).
Les personnalités signataires de l’appel de la Marche :
Hamé, du groupe La Rumeur (artiste) – Kery James (artiste) – Youssoupha (artiste) – N.O.S (PNL) – Opal Tometi (co-fondatrice de Black Lives Matter et Executive Director of Black Alliance for Just Immigration-BAJI) – Eli Domota (LKP) – Medine (artiste) – Boubacar Boris Diop (écrivain) – Oumar Diaw (comédien) – Juliette Fievet (chroniqueuse et animatrice de télé/radio) – Melha Bedia (comédienne et humoriste) – Grand corps malade (chanteur et réalisateur) – Cut Killer (DJ international) – Samy Naceri (acteur) – Kiddam and the People (groupe de rap) -Youkoff (Artiste) – Tunisiano – Omar Barghouti (human rights defender, Palestine) – Sidi Watcho (artistes) – Mokobé (artiste) – Samia Orosemane (humoriste) – Lilian Thuram (personnalité sportive) – CaliSamy Amara (humoriste) – Yazid Amghar (boxeur professionnel, champion de France) – Sihame Assbague (militante antiraciste) – Djamel Atallah (marcheur de 83) – Boualam Azahoum (miliant, Lyon) – Ludivine Bantigny (historienne) – Elsa Bardeaux (maire adjointe de Villeneuve Saint Georges à la jeunesse et de la vie des quartiers) – Hakim Beddar (membre fondateur du MIB et organisateur de l’arrivée de la marche de 83) – Benaili Mounia (Conseillère Municipale PG Juvisy sur Orge) – Ben Amar Youssef (adjoint au maire Allones 72) – Mohamed Benkhelouf (maire adjoint à Aubervilliers) – Mohamed Ben Yakhlef, Insaf Chebaane, Omar Cheriguene (conseillers municipaux de Vileneuve Saint Georgges) – Judith Bernard (metteur en scène) – Olivier Besancenot (NPA) – Djamel Blanchard (co-président de PAS SANS NOUS) – Félix Boggio Éwanjé-Épée (revue Période) – Ahmed Boubeker (sociologue) – Rachid Bouchareb (réalisateur) – Alima Boumediene Thiery (avocate) – Youssef Boussoumah (membre fondateur de la CCIPPP, missions civiles en Palestine et PIR) – Houria Bouteldja (PIR) – Pierre Cours-Salies (Sociologue, professeur émérite Paris 8, Membre d’Ensemble !) – Gerty Dambury (écrivaine) – Christine Delphy (Féministe) – Rokhaya Diallo (auteure et réalisatrice) – Eva Doumbia (artiste) – Mireille Fanon Mendès-France (Fondation Frantz Fanon et experte ONU) – Patrick Farbiaz (Sortir du colonialisme) – François Gèze (Editeur) – Alain Gresh (journaliste) – Nacira Guénif-Souilamas (sociologue) – Hadj Chikh Haouaria (conseillère départementale 13) – Sadri Khiari (dessinateur) – Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire) – Franco Lollia (BAN) – Frédéric Lordon (économiste) – Stella Magliani-Belkacem (La fabrique éditions) – Noël Mamère – Philippe Marlière (universitaire) – Madjid Messaouden (élu St Denis 93) – René Monzat (militant antiraciste) – Tariq Ramadan (professeur d’études islamiques et de philosophie et président de l’European Muslim Network) – Fabrice Riceputi (historien) – Océane Rosemarie (comédienne) – Philippe Poutou (Porte-parole du NPA) – Saadane Sadgui (Co-fondateur des JALB et du MIB) – Catherine Samary (Militante altermondialiste) – Maximilien Sanchez (conseiller municipal délégué à la jeunesse de Gentilly) – Anzoumane Sissoko (porte-parole de la CISPM) – Omar Slaouti (membre du collectif Ali Ziri), Hanifa Taguelmint (militante) – Odile Tobner (auteure de « Du racisme français) – Enzo Traverso (universitaire) – Miguel Urban (député Podemos au parlement européen) – Françoise Vergès (politologue) – Marie-Christine Vergiat (Députée européenne, Front de Gauche) – Michaël Wamen (CGT Goodyear Amiens, condamné à 12 mois de prison avec sursis pour avoir défendu son emploi) – Catherine Wihtol de Wenden (universitaire) – Louisa Yousfi (Paroles d’honneur)
D’autres soutiens de la Marche :
ATTAC – DAL – Ensemble! –SNPES PJJ de la FSU -UNEF – Union Syndicale Solidaires – Syndicat National Unitaire des Assistants Sociaux (SNUASFP FSU) – Révolution Permanente – UD CGT de Paris – FERC-CGT – CGT TEFP (travail-emploi-formation professionnelle) – Association des Communistes Unitaires
Depuis presque un an, Tariq Ramadan resserre ses liens avec l’association CAGE, plusieurs fois épinglée pour ses positions islamistes et pro-djihad, par la presse et Ikhwan Info. Analyse d’un partenariat qui perdure :
Le 18 juin 2016, l’association CAGE organise une conférence avec Tariq Ramadan pour célébrer la rupture du jeûne. Et surtout pour sceller le rapprochement entre le prédicateur suisse et l’association britannique.
La vidéo de cette conférence est visible sur le site internet de Tariq Ramadan. (ICI) Il y « remercie » CAGE et appelle le public à la « soutenir ». Pour Tariq Ramadan, CAGE fait un travail « essentiel », se bat pour la « liberté d’expression », et surtout contre « Prevent », le programme anti-radicalisation du gouvernement anglais. Tariq Ramadan affirme que « face aux injustices, on demande aux musulmans d’être silencieux pour être acceptés ». Or selon lui, « l’Islam c’est ne pas être silencieux face aux gouvernements corrompus ». Il fait alors l’éloge de CAGE… Doit-on en conclure que pour être un bon musulman, il faut soutenir CAGE ? C’est en tous cas ce que sous-entend habilement Tariq Ramadan. La vidéo s’intitule d’ailleurs The Story of Dawud, et fait un parallèle entre CAGE (David) se battant contre les « corrompus », contre les « géants » (Goliath).
L’année précédente, en 2015, l’invité d’honneur de CAGE pour la rupture du jeûne n’était autre qu’Abu Qatada. Rédacteur et support idéologique du journal du GIA, Usrat-al-Ansar, dans les années 90, puis figure incontournable du Londonistan, surnommé « l’ambassadeur de Ben Laden en Europe », avant d’être expulsé en Jordanie en 2013, il est l’auteur de plusieurs fatwas autorisant le meurtres d’apostats, de juifs, ou encore d’américains. Il avait déclaré juste après les attentats du 11 septembre 2001 qu’il ne s’agissait que d’une « réponse aux politiques injustes de l’Amérique ». Après avoir appelé à la création d’un état islamique, il est désormais plus proche des rangs djihadistes du Front al-Nosra, et participe au magasine pro-al-Qaida, Al-Risalah. Tariq Ramadan ne semble visiblement pas embarrassé de prendre le flambeau après Abu Qatada pour l’Iftar 2016 de CAGE.
Le 5 décembre 2016, Tariq Ramadan apparaît dans une vidéo postée par CAGE, où il appelle à soutenir l’association : « soutenez le travail de CAGE, soutenez le financièrement, aucun gouvernement ne paiera jamais car c’est exactement ce qu’ils ne veulent pas voir (…) c’est notre devoir, du côté des opprimés (…) donnez votre argent, autant que vous le pouvez ».
Le 29 janvier 2017, Tariq Ramadan participe au colloque de CAGE intitulé Emergency Live Appeal, littéralement Appel d’Urgence en Direct. Il s’agit encore une fois de récolter des fonds pour CAGE, qui se dit en situation financière « précaire ». Sont également annoncés présents Adnan Siddiqui, directeur de CAGE, Moazzam Begg, directeur adjoint de CAGE, Asim Qureshi, directeur de recherche de CAGE, Ibtihal Bsis, avocate et représentante d’Hizb ut-Tahrir, Majid Freeman, qui se présente comme travailleur social, ainsi que Suliman Gani, imam à Tooting.
Adnan Siddiqui appelle à désobéir aux lois anglaises en matière de lutte anti-terroristes : « nous devons nous sentir assez surs de nous pour défier les lois. Ils n’aiment pas les gens comme nous qui leur disent ». Adnan Siddiqui s’était fait connaître du grand public en Angleterre en 2014 après avoir affirmé que l’attentat suicide d’un djihadiste anglais contre une prison d’Alep pour libérer des prisonniers, et qui avait tué des dizaines de personnes, était « un prix qu’il valait la peine de payer ».
Asim Qureshi est à la table ronde contre le programme anti-radicalisation Prevent avec Ibtihal Bsis. Asim Qureshi avait provoqué un tollé en 2015 après avoir décritJihadi John, de son vrai nom Mohammed Emwazi, bourreau de l’Etat Islamique, de « très beau jeune homme », « extrêmement gentil, doux, la personne la plus humble que je connaisse », après avoir été un certain temps en contact avec lui. Pour Asim Qureshi, sa radicalisation est due aux autorités britanniques. Dans un précédent colloque organisé par Hizb ut-Tahrir en 2006, il y déclarait à propos de la Palestine, de la Tchétchénie, de l’Irak, du Kashmir et de l’Afghanistan : « nous savons qu’il incombe à chacun d’entre nous de soutenir le djihad de nos frères et sœurs dans ces pays lorsqu’ils font face à l’oppression de l’Occident ».
Ibtihal Bsis représente le parti Hizb ut-Tahrir. Ce parti appelle au rejet de la démocratie considérée comme impie, à la mise en place d’un califat mondial, à la destruction d’Israël et à l’instauration de la Charia sans aucune autre forme de jugement. N’incitant pas directement à la lutte armée (bien qu’il glorifie le djihad) il n’est pas considéré comme terroriste par les Etats-Unis, à la différence de plusieurs pays d’Asie comme la Chine ou la Russie.
Majid Freeman confesse faire appel à CAGE pour pouvoir effectuer des allers-retours en Syrie avec son œuvre de charité : « quand je pars de Syrie pour mon travail de charité j’appelle CAGE pour des conseils légaux et idem lorsque j’y repars ». Majid Freeman a déjà été épinglé pour avoir fait l’éloge de membres d’al-Qaïda, du Front al-Nosra ou encore pour avoir justifié des crimes de l’Etat Islamique.
Suliman Gani rend hommage à CAGE qui « sécurise la liberté des prisonniers ». Suliman Gani est connu pour avoir mené une campagne de boycott contre les magasins ahmadis à Londres : « Puisque les Qadianis (injure pour désigner les ahmadis) sont habituellement trompeurs quant à leur religion, il y avait un risque potentiel que les musulmans se voient proposer de la viande qui n’était pas nécessairement halal ». Il a également travaillé trois ans pour le Ministère de la Santé en tant qu’aumônier musulman à l’hôpital de Tooting, tout en s’opposant aux transfusions sanguines et à l’avortement. Il considère l’homosexualité comme « non-naturelle » et les femmes comme « asservies » aux hommes.
Tariq Ramadan et Moazzam Begg concluent la conférence. Tariq Ramadan insiste sur le rôle de CAGE dans la « défense de la liberté d’expression ». On comprend mieux pourquoi il n’a pas défendu celle de Charlie Hebdo : peut-être était-il trop occupé à défendre celle des pro-djihad ? Tariq Ramadan réitère alors des les compliments et autres appels au don pour CAGE… sans jamais apporter aucune contradiction à aucun des autres participants, bien au contraire.
Lors de l’ « Emission politique » de France 2 du jeudi 5 janvier 2017, présentée par le duo Pujadas et Salamé, l’on a proposé à l’ex-premier ministre socialiste et actuel candidat aux « Primaires citoyennes », de débattre avec une jeune femme voilée, Attika Trabelsi. Le journaliste Karim Rissouli la présenta en ces termes: « Attika Trabelsi, vous êtes jeune diplômée de l’Ecole Normale Supérieure. Vous êtes entrepreneure. Vous avez créé une entreprise en ligne de l’artisanat marocain, et vous êtes également engagée au sein de l’association Lallab dont le but est, je cite : « montrer la pluralité des femmes musulmanes ». Vous vous dites musulmane et féministe … ». Fin de citation.
S’en est suivi une séquence larmoyante à dessein, où la jeune femme, se disant humiliée à l’écoute des propos de Manuel Valls – « Marianne a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple ! Elle n’est pas voilée, parce qu’elle est libre ! » – a plutôt cherché à émouvoir, en endossant l’habit de l’éternelle victime, au lieu d’engager une réflexion digne, responsable, dépassionnée et débarrassée de toute victimisation mesquine, face à un potentiel candidat aux prochaines élections présidentielles, sur le principe même de la laïcité et les dangers réels qui menacent la République : l’islamisme, ses agents agitateurs et ses voiles, en tête du peloton.
En effet, la laïcité demeure méthodiquement fragilisée, systématiquement attaquée par le réseau islamiste, de concert avec une certaine gauche clientéliste, multiculturaliste et néo-internationaliste, substituant le « prolétaire » d’hier par la femme « voilée » d’aujourd’hui.
Après tout, Attika Trabelsi est parfaitement dans son droit de défendre mordicus son bout de tissu sacré, dissimulant son cuir chevelu au nom du Ciel. Cependant, France 2 est-elle en droit de faire le jeu de l’islamisme et de banaliser, de la sorte, son discours victimaire et ses étendards identitaires ? Est-elle en droit de lui offrir une tribune libre, devant presque deux millions de téléspectateurs [1], ce soir-là ?
Car Attika Trabelsi est loin d’être uniquement une jeune normalienne comme présentée par France 2. Elle n’a pas passé le concours de Normale Sup mais a fait un master en géopolitique à l’ENS [2]. Sur les réseaux sociaux elle n’hésite d’ailleurs pas à entretenir l’ambiguïté. Quoiqu’il en soit, elle fait de ce titre universitaire un argument de liberté.
Loin d’incarner et de représenter cette citoyenne lambda, triée arbitrairement sur le volet, lors d’un casting ordinaire, elle est une vraie militante d’un réseau islamiste. Elle fait de son voile un label identitaire revendiqué et revendicatif. Elle n’est pas simplement « engagée au sein de l’association Lallab » dixit Karim Rissouli, mais elle occupe le poste stratégique de trésorière de cette très jeune association, citée furtivement, et une seule fois, dans cette émission. Attika Trabelsi est venue, en porte-voix, défendre une vision idéologique de Lallab [3]. C’est-à-dire, au nom du pluriel, cette association, riche en voiles de toutes formes, tente de légitimer et de banaliser l’uniformisation islamiste des corps féminins et d’interdire, par la même, la mise en cause nécessaire de toute la construction théologique et jurisprudentielle sous-jacentes des revendications islamistes identitaires moyenâgeuses, qui s’en réclament.
L’on s’étonne parfois de voir une très jeune association, créée depuis seulement quelques mois, inconnue du grand public, invitée à défendre sa cause à la télé lors d’un créneau magistral, alors que de nombreuses associations, très anciennes, très actives aussi, n’arrivent même pas à faire parler de leurs activités, ne serait-ce que dans un journal local !
Mais qui se cache derrière Lallab ?
Officiellement, cette association (et média numérique aussi) est cofondée par deux jeunes femmes non-voilées : Sarah Zouak et Justine Devillaine [4]. Toutes les deux ont passé par la case IRIS Sup’, dirigée par un certain … Pascal Boniface. Celui-là même qui, le 1 juin 2016, a consacré son « édito » au parcours de … Sarah Zouak, son ex-étudiante [5].
Il lui a offert cette tribune pour qu’elle puisse expliquer le sens d’un documentaire intitulé « Women Sensetour in muslim countries »[6], qu’elle a co-réalisé, présentant les portraits de 25 femmes musulmanes, issues de cinq pays : le Maroc, la Turquie, l’Indonésie, l’Iran et la Tunisie … pour s’en servir, médiatiquement et politiquement, ici en France !
« Alors à ces personnes qui ne cessent de se cacher derrière le vivre-ensemble, l’égalité et la justice, je pose une simple question : quel modèle de société souhaitez-vous ? Une société française qui accepte seulement les personnes capables de s’intégrer et de s’assimiler quel qu’en soit le coût, ou une société qui accepte toutes les personnes avec leurs différences et multiples identités ? » [7] avait conclu, Sarah Zouak, son échange avec son professeur Pascal Boniface. Et ce sont très exactement ces mêmes éléments de langage qu’a exprimés Attika Trabelsi face à … Manuel Valls !
Dans un autre entretien, accordé au site « Clique », le 12 octobre 2016, la franco-marocaine Sarah Zouak – inspirée des travaux de la sociologue franco-irakienne Zahra Ali [8] – a déclaré :
« j’en ai marre de Manuel Valls et sa « Marianne au sein nu » » [9] !
Le journaliste Karim Rissouli a choisi exactement ce propos de Manuel Valls pour permettre, à la trésorière de Lallab de faire son numéro de femme voilée victime, sur le plateau de France 2. De la même façon comment comprendre que ce soient imposées en un temps record les icônes de Lallab, à l’image de Zouak et Trabelsi, comme interlocutrices médiatiques supposées être représentatives des femmes musulmanes !
Je dis bien « un temps record », car Sarah Zouak n’a que 27 ans, fraîchement diplômée de l’IRIS de Pascal Boniface, mais qui cumule déjà des prix, des trophées et des titres honorifiques – comme ceux accordés à Soufiane Iquioussen – pour son seul et unique « œuvre », sur les femmes musulmanes dans les cinq pays précités. En juin 2016, elle a remporté le « Prix Coexister 2016 », dans la catégorie « Femme française émergeante », de l’association Coexister, qui demeure très proche des Frères musulmans de l’UOIF. Et c’est bien un certain Jean Louis Bianco, le président de l’Observatoire de la Laïcité, qui s’est chargé de le lui remettre en personne. En octobre 2016, elle a remporté le prix « Déclics Jeunes » de la Fondation de France ainsi qu’une bourse, versée par la même fondation philanthrope, pour « finaliser mon rêve », dit-elle !
A Lallab, les partisans de la banalisation de l’intégrisme se bousculent. On peut y voir Samuel Grzybowski, fondateur de l’association Coexister et qui trouve intéressantes les thèses de Hassan El Banna.
Ou encore Hanane Karimi qui tenta sur un plateau de France télévision d’humilier publiquement David Thomson qui s’inquiétait du retour des jihadistes de Syrie. (Ici)
Lallab est donc l’expression d’une nouvelle mutation « pokislamiste », remplaçant les structures vieillissantes des Frères musulmans, en ces temps durs, par de nouvelles jeunes structures 3G, soignant attentivement leurs apparences, pour faire passer les mêmes messages idéologiques, voire plus, dans une ambiance bon enfant, là où les vieilles structures reconnaissables de loin, n’avaient que peu ou pas d’influence. Toutefois, c’est grâce aux circuits islamistes (et islamogauchistes) que Lallab prêche librement sa parole.
En effet, du 13 octobre au 27 novembre 2016, Lallab a présenté le premier épisode de son « documentaire » dans presque 14 villes françaises. Pour cela, le réseau frériste local d’EMF (Etudiants musulmans de France), à Lille comme à Montpellier, a été efficace. A Paris, c’est l’institut IREMMO, présidé par Jean-Paul Chagnollaud, qui a projeté le film de Sarah Zouak [10]. Ce même IREMMO a invité ce mardi 10 janvier 2017, l’un des membres de son conseil scientifique, François Burgat pour ne pas le nommer, à présenter son dernier essai : « Comprendre l’islam politique » [11] !
A Grenoble, Sarah Zouak remercie particulièrement une professeure de français, prénommée Delphine, d’avoir mis plus de 300 élèves collégiens, âgés de 11 à 15 ans, devant la projection de son « documentaire », dans le cadre d’un atelier de « sensibilisation sur le féminisme mais surtout pour lutter contre les préjugés sur les femmes musulmanes » écrit-elle le 21 novembre 2016 sur sa page Facebook. Un autre message du 23 décembre 2016 annonce que Lallab compte investir le champ scolaire par l’animation d’autres ateliers en 2017. Le Ministère de l’Education Nationale appréciera !
Lallab se sont aussi des liens à l’international : le 4 novembre 2016, Sarah Zouak – qui n’est pas journaliste ! – publia sur son profil, une photo d’elle en Alexandrie en Egypte, au milieu d’autres femmes voilées, ou pas, présentées comme étant des femmes journalistes, venant « de Palestine, de Jordanie, d’Egypte, du Liban et du Maroc » pour participer, dit-elle, au séminaire « Defying threats and hate speech against female journalists from the MENA région »[12], organisé par l’Institut suédois d’Alexandrie que préside le social-démocrate Peter Weiderud, depuis avril 2015 [13].
Ce même Peter Weiderud, qui par le passé a animé des conférences dont l’invité principal était Tariq Ramadan, a déclaré le 17 septembre 2016, dans la presse égyptienne, en réaction à « l’affaire du burkini », survenue l’été dernier au lendemain des attentats de Nice, que « la France n’a pas le droit d’interdire le burkini sur ses plages car il s’agit là d’une liberté individuelle » avant de fustiger ce qu’il a considéré comme étant une « islamophobie claire de l’Etat français » [14] !
Mais Lallab est aussi une filiation européenne au réseau ENAR [15] – le CCIF à l’échelle européenne – demeurant noyauté par des islamistes et leurs standards victimaires, et qui est financé, entre autres, par la Commission Européenne et par l’OSF (Open Society Foundation) de Georges Soros !
Le 26 mai 2016, lit-on sur la page Facebook de Lallab, Sarah Zouak a participé à un symposium organisé par le réseau ENAR sous le thème : « Muslim women : forgotten women ? Understanding the gender dimension of islamophobia » [16]. Parmi les intervenants annoncés l’on trouve, entre autre, Malika Hamidi, directrice générale de l’EMN (European muslim network) que préside Tariq Ramadan, ainsi que le franco-égyptien Marwan Muhammad, directeur exécutif du CCIF. Dans le post de Sarah Zouak, elle a écrit, je cite : « une journée entière consacrée à l’étude de cette double oppression dont sont victimes les femmes musulmanes en Europe : le sexisme et le racisme. On a terriblement hâte de rencontrer des expert.e.s de toute l’Europe sur le sujet … » !
Par conséquent, il est clair que la puissance médiatique surprenante de cette très jeune association s’explique en partie par ses liens locaux, nationaux, européens et internationaux. Sur le site de Lallab, presque rien n’est dissimulé. Il suffit juste de lire et d’analyser. Les partenaires public-privés, financiers, stratégiques et médiatiques de cette association y sont affichés. En plus de la Fondation de France, il y la ville d’Ivry sur Seine, dont le maire est le communiste Philippe Bouyssou (PCF). L’on trouve aussi le Conseil Général du Val de Marne : le seul département français présidé par un communiste, Christian Favier (PCF) ! Attika Trabelsi qui se présente comme une victime de la France est donc membre d’une association ultra subventionnée par de l’argent public
Parmi les partenaires, il y a aussi le site SaphirNews dont la proximité idéologique avec les Frères musulmans n’est plus à prouver. Lallab peut compter aussi sur « l’armée numérique » des islamistes, amplifiant ses annonces sur les réseaux sociaux, à l’image de la page du World Hijab Day France, promouvant l’organisation de la « journée du voile », comme celle organisée l’année dernière à Sciences-Po Paris !
Malgré tous ces éléments factuels, Lallab est loin de livrer tous ses secrets. Des indices, à recouper et creuser encore, démontreraient des proximités révélatrices avec la RMGE (Réseau des Musulmans des Grandes Ecoles), directement influencé par le CCIF, par l’UOIF et surtout par Tariq Ramadan et son projet « d’islamisation par le haut ».
Le fait que Karim Rissouli présenta la « sœur » Attika Trabelsi d’abord comme une normalienne, n’est pas dénué de sens. Quelques noms figurant parmi les cadres et bénévoles de Lallab, sont aussi très actifs au sein du RMGE comme par exemple la chroniqueuse Maïssa Leroy, la fondatrice de « l’atelier des p’tits mouslims » (l’atelier des petits musulmans), faisant l’apologie du « voile islamiste » au milieu d’enfants en bas-âges.
La même Maïssa Leroy a publié sur sa page FB une image de la carte de l’Europe « en position – dit-elle – de prosternation pour le Seigneur de l’univers » ! Un rêve islamiste.
Enfin, Lallab est aussi un média qui vulgarise les standards islamistes, concernant la justification « religieuse » du voile. En témoigne cette tribune destinée aux filles voilées, publiée conjointement avec le site SaphirNews. Elle s’intitule : « Ma réponse aux 14 arguments les plus courants contre le voile » (à lire ici et ici). A la question n° 13, que l’on pourrait opposer aux filles voilées, je cite : « Ce n’est pas écrit textuellement dans le Coran [le voile, ndlr] », Lallab dicte aux filles voilées les éléments de réponse suivante :
« Ok, je veux bien discuter d’interprétation religieuse, mais il vaut peut-être mieux qu’on parte avec les mêmes bases. Quand je discute avec quelqu’un qui a une foi différente de la mienne, j’ai l’humilité de reconnaître que cette personne a très probablement plus de connaissances que moi dans ce domaine». De mon côté, je me réserve le droit de ne pas donner beaucoup de poids aux arguments « religieux » de quelqu’un qui, loin de présenter les années d’étude et la maîtrise de l’arabe coranique nécessaires pour émettre des avis religieux, n’a même pas des connaissances de base. Parmi celles-ci, le fait que les musulmans s’appuient sur deux sources principales, le Coran ET la Sunna (la vie et les paroles rapportées du Prophète Muhammad). Si tu ne sais même pas ça, tu peux servir ton exégèse bidon sur les plateaux télé, mais moi je ne vais pas apprendre la physique quantique avec un élève de CM2. »
Fin de citation.
Qui a dit que les femmes voilées de Lallab étaient libres et insoumises ? Cette réponse démontre le contraire : le voile est bel et bien le symbole de leur soumission assumée au clergé sunnite, émettant des avis religieux moyenâgeux, sur la base de la soi-disant connaissance de … l’arabe coranique et de ladite sunna du Prophète.
Pour que l’on apprécie mon propos à sa juste valeur, je fais partie de ces citoyens musulmans qui considèrent que le voile dit islamique n’a d’islamique que le nom. Cela étant dit, ma position ne traduit aucun rejet des femmes voilées, quelles qu’elles soient. Penser que le voile n’est pas islamique fait partie, que l’on veuille ou pas, de ce débat réformiste vital qui, n’en déplaise aux islamistes, traverse l’islam, ses textes et ses représentations. Lutter contre la xénophobie, d’où qu’elle s’exprime, ne doit pas interdire le débat sur l’islamisme et sur ses étendards et autres marqueurs identitaires fragilisant le pacte social et sociétal.
Enfin, l’on n’aura que l’islamisme que l’on soutient médiatiquement. France 2, comme d’autres médias français, devront se rendre compte qu’ils jouent avec le feu, en faisant passer pour victimes de la laïcité et de la République, des activistes islamistes, femmes et hommes, foncièrement hostiles à la laïcité et depuis toujours. De la promotion des Iquioussen à la promotion de Lallab, France 2 se rend coupable de connivence flagrante avec l’islamisme et son réseau. Ceux qui paient la redevance devront peut-être exiger plus de professionnalisme de la part de la télé du service publique et de ses chroniqueurs. Pour finir, j’aime bien cette belle phrase, écrite sur le fronton du blog de mon ami tunisien Salah Horchani, je cite : « qui tolère l’islamisme, récolte le terrorisme » [17] … à méditer !
Lundi 31 octobre, ma consoeur Cécile Chambraud, chargée de la rubrique religion et laïcité au Monde, a livré une hagiographie de Marwan Muhammad, actuellement directeur exécutif du CCIF, dans laquelle elle adoube comme porte-voix des musulmans un islamiste patenté. Un exemple de journalisme à ne pas suivre.
Envoyée spéciale à Strasbourg pour un « dîner de gala » sur lequel elle s’attarde longuement, tout à son admiration des formes, C. Chambraud oublie de préciser avec quels fonds l’association invitante a pu dresser « richement » les tables pour « des élégants et des élégantes » venus assister à l’un des séminaires de « défense intellectuelle » dispensés dans tout l’Hexagone par Marwan Muhammad. Défense intellectuelle contre quoi ? Ma consoeur a peut-être oublié de poser la question. Je peux lui fournir la réponse.
Le Collectif contre l’islamophobie en France, par la voix de son directeur exécutif, qui fut aussi son porte-parole, est on ne peut plus clair sur les intentions qui l’animent. Depuis que l’association ADDH existe, c’est-à-dire depuis 2000, fondée par le président Samy Debah, président, donc, du CCIF – le nom et l’objet de l’association ont été changés en 2012, mais le nom CCIF est employé depuis 2003 -, le CCIF n’a eu de cesse de créer de fausses statistiques de l’islamophobie en France, dans le but de faire reconnaître ce concept – diffusé par les Frères musulmans en Europe – et non pas dans celui de défendre les musulmans dans leur ensemble des agressions qu’ils peuvent subir.
Le CCIF n’a jamais pris la défense de femmes musulmanes agressées pour avoir refusé le voilement, ou d’hommes attaqués pour n’avoir pas respecté scrupuleusement le ramadan.
Il prétend, depuis son association communicationnelle avec CoExister, défendre toutes les victimes de racisme ou d’antisémitisme, mais pas un article sur ce thème n’apparaît sur son site, ni sur les pages des réseaux sociaux du CCIF ou de Marwan Muhammad. Peut-être faut-il alos considérer que la présence de ce dernier au « camp décolonial » organisé l’été dernier par la mouvance des « racisés », Indigènes de la République en tête, justifie une telle promotion ?
Pour être « défendu » par le CCIF, il faut être une musulmane portant hijab ou niqab, un musulman orthopraxe, ou rien. Ce pourquoi la stratégie du CCIF a consisté, depuis 2003, lors des premiers débats sur le voilement des mineures qui allait déboucher sur la loi du 15 mars 2004, à affirmer que les femmmes musulmanes sont victimes en France à 80% au moins d’agressions physiques et psychologiques. Ce pourquoi le CCIF, après les tueries de Charlie et de l’Hyper Casher, a concentré ses tirs sur le ministère de l’Éducation nationale, qui se serait livré selon lui à des violences juridiques et policières contre des enfants musulmans. Ce pourquoi le CCIF a bataillé, après les tueries du 13 novembre, contre les perquisitions administratives.
Ma consoeur ignore probablement que le CCIF a frémi à la fin des années 1990, lors de réunions orchestrées sous l’égide de Tariq Ramadan, l’homme qui prône un « moratoire sur la lapidation », qui fut l’invité d’honneur de son premier gala, en 2012, en compagnie de son frère Hani, l’homme pour qui une femme non voilée vaut deux euros.
C. Chambraud dresse un portrait si orienté du propagandiste Muhammad qu’il en est ridicule. Ainsi, l’applaudimètre est au beau fixe. Ainsi, M. Muhammad est rigolo. On croirait lire le compte rendu d’une émission de divertissement. Comment peut-on rester sérieux en apprenant que Monsieur CCIF renverrait à nos compatriotes musulmans une « image restaurée » d’eux-mêmes, lorsque l’image qu’il donne est celle de l’intégrisme ?
Oui, celle de l’intégrisme, car les liens sont établis entre le CCIF et des figures connues du frérisme et du salafisme à la française. Que penser, donc, d’une professionnelle spécialisée en « religion et laïcité » qui méconnaît les idéologie à l’oeuvre dans ces courants de l’islam de France ?
Pour être confortée dans son jugement, ma consoeur interroge… Marwan Mohammed, un sociologue proche… du CCIF, dont le constat qu’il semble faire correspond tout simplement au turn-over médiatique des Frères musulmans : « Il prend peu à peu la place de leadership de l’islamologue Tariq Ramadan ». Outre que Tariq Ramadan n’a d’islamologue que le titre usurpé, oui, Marwan Muhammad (le directeur du CCIF), notamment, est amené à remplacer Tariq Ramadan auprès des médias, un peu grillé, sans doute, par les révélations de Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Assurer la vente du frérisme dans les médias ne signifie pourtant pas représenter les musulmans, sans quoi, n’hésitons pas à affirmer que Robert Ménard représente les Français, ou Civitas les catholiques de France.
Au passage, il est à saluer une remarque objective : les hauts cris de cet été sur l’interdiction du burkini n’auront conduit à rien, sauf à asseoir la notoriété du CCIF et à remplir ses caisses. Sur ce point, je rejoins C. Chambraud : les arrêtés et les discours enflammés ont produit un miracle que le collectif n’attendait sans doute pas.
« On a reproché, écrit-elle aussi, à Marwan Muhammad d’avoir tenu – ce qu’interdit l’article 26 de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat – une réunion à caractère politique dans la mosquée de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), fin août, le lendemain du jour où deux jeunes femmes voilées ont été refoulées du restaurant Le Cénacle. » La réponse de l’intéressé vaut son pesant : « Je n’ai rien dit de différent de ce que je dis depuis six ans, commente-t-il. L’islamophobie n’est pas seulement une question juridique. C’est aussi une question de participation politique. »
Si l’on s’en tient à l’absence de commentaire de C. Chambraud à la suite de cette réponse, peu importe la fin pourvu qu’on ait la liesse. Si Marwan Muhammad déclare que l’islamophobie est aussi une question de « participation politique », alors la politique a droit de cité dans les mosquées !
Quant à la « sphère musulmane militante » à laquelle est affilié le CCIF, il s’agit d’une sphère islamiste, celle du blogueur Al Kanz et de l’association salafiste BarakaCity, tristement célèbre pour avoir honoré de sa présence le Salon de Pontoise en septembre 2015, recueillant le fruit de ventes sans tenir de caisse, selon des témoins sur place, et effaçant du trombinoscope sur son site le visage de ses collaboratrices.
Tenue de donner un tantinet la parole à la contradiction, ma consoeur note que les « détracteurs s’étranglent », considérant que nous serions en quelque sorte des fous furieux avalant leur médisance de travers, alors même que les discours dangereux et les manipulations nocives du CCIF sont attestés et circonstanciés. Mais mieux vaut en effet considérer les laïques qui informent, ou le préfet Clavreul, si malmené dans cet article alors même que son travail de terrain apporte une lumière indispensable sur les réalités en France, et alors même qu’il traite avec autant de sévérité les actes antimusulmans que les autres, comme, au fond, de grands jaloux.
L’État français aussi doit être un grand jaloux, que conspue Marwan Muhammad – tout en déclarant chez Thierry Ardisson que la France n’est pas islamophobe -, rappelant l’existence d’une « islamophobie d’État » dont tous les indicateurs enseignent qu’elle est totalement fantasmée.
Le danger d’un tel discours est tel que même Adballah Zekri, pourtant peu avare de critiques envers l’autorité publique, alerte, et ce, dans des propos rapportés dans ce même article : « En ajoutant aux actes antimusulmans les discriminations, on affole les musulmans et on fait passer tous les Français pour des antimusulmans, assure Abdallah Zekri. Attention de ne pas mettre feu à la baraque ! » Le « feu à la baraque », telle est en effet l’ambition du CCIF. Et si A. Zekhri le dit, c’est que le torchon brûle, en raison même de la propagande du CCIF.
Comment s’expliquer, alors, que ce portrait donne de l’intégriste l’image d’un mec sympa, d’un humaniste ? La manoeuvre est aisée : effacez la zebiba (cette marque au front prouvant votre assiduité aux prières) d’un coup de gomme Photoshop, apprenez à vos lecteurs que votre protégé déteste Zemmour ou Copé, et votre protégé sera considéré comme un défenseur des droits de l’homme. Le tour est joué.
Personnalité montante de l’islam en France depuis la parution de son livre Islam de France, l’an I, l’imam d’Ivry-sur-Seine Mohamed Bajrafil est rapidement devenu la nouvelle coqueluche des médias qui lui ouvrent leurs pages d’entretiens et leurs plateaux télé. (ICI, ICI)
Ancien enfant précoce (il connaît par coeur le Coran depuis l’enfance), multidiplômé, incisif et cabotin, il aime à se flatter d’avoir lu tous les livres et de parler un français châtié et précis, résultat de ses études de linguistique. Très sollicité par ses fidèles sur les réseaux sociaux et lors de ses prêches et conférences, il prône un « islam du juste milieu » et les conseille aussi bien sur leur spiritualité la plus haute que sur la longueur de leurs sourcils : « Il est très déconseillé (…) de modifier le corps (…)… Les raser complètement, non, mais peut-être les disposer de manière à ce que (sic) vous plaisiez à votre époux. »
Ce qui séduit chez ce bel homme policé, c’est aussi son talent pour les punchlines et le patriotisme à toute épreuve qu’il affiche volontiers.
Revendiquant lumineusement son salafisme, qu’il qualifie de vrai salafisme, il œuvre à la réconciliation des divers courants de l’islam dans le giron de la France qui, selon lui, applique la charia mieux que n’importe quel pays au monde, au sens où cette dernière générerait in fine le régime politique le plus sage, le plus tolérant et le plus pacifique.
Ce premier article s’attache aux figures de l’islam contemporain auxquelles il se réfère.
Coutumier depuis 2011 des conférences en duo avec Tariq Ramadan, Mohamed Bajrafil affirmait à la mosquée de Vigneux-sur-Seine que celui-ci est « un penseur musulman respectable » bien qu’il ne soit « pas d’accord avec lui sur deux ou trois choses, ou une centaine de choses ». Une prise de distance respectable et suffisamment floue pour que l’on ne sache rien de ce désaccord. Sauf à entendre une explication donnée quatre ans plus tard à l’UOIF : « L’essentiel c’est que je le porte dans le cœur, mais que je sois divergent avec lui sur le plan des idées, parce que c’est ce qui va nous faire avancer. »
Et pour être certain d’être bien compris, il ajoute : « Si vous voulez que l’on soit intellectuellement siamois, on va rester là et faire du sur-place. »
Mohamed Bajrafil ne fait pas de sur-place, effectivement. Il applique la stratégie développée par Tariq Ramadan : « gagner en visibilité ».
« Le Frère Tariq », comme il le nomme affectueusement, ne peut en effet réaliser seul cette tâche : « Il est devenu porte-drapeau (…), mais il faudrait qu’il y en ait 36 000 comme lui pour faire savoir ce qu’est l’islam », déclare-t-il en 2015.
Pourtant, il parvient à persuader du contraire. Comme l’affirme le site FMMonitor, « d’une façon plus générale, il conspue également les intégristes déguisés, l’UOIF, Tariq Ramadan et certains de ses confrères, ajoutant que les jeunes musulmans ne se reconnaissent pas dans l’UOIF. »
Mais Tariq Ramadan n’est pas le seul Frère à bénéficier des faveurs du jeune prédicateur. L’imam d’Ivry, qui engage à l’amour et au lissage des désaccords mineurs et somme toute tellement humains, rend aussi hommage à Youssef Al Qaradawi à de nombreuses reprises. En 2012, il déclare que « c’est un humaniste convaincu avec lequel on peut être d’accord ou ne pas être d’accord » qui « n’est pas contre le peuple ou la religion judaïque ». Il questionne la véracité de l’antisémitisme de Qaradawi et considère qu’il s’agit d’une erreur négligeable, simplement à la mesure du prédicateur : « S’il l’a dit, c’est une erreur. Mais les erreurs des grands hommes sont grandes. » Selon lui, Qaradawi « est un très grand savant, quelqu’un qui a fait énormément de bien à notre communauté ». Et comme à l’accoutumée, il il prêche le juste milieu (« Il n’est pas prophète, donc on prend de lui des choses et on en contredit d’autres ») et la sagesse (« Mieux vaut une mauvaise action dont émanera une prise de conscience et de la modestie qu’une bonne action dont émanera de l’orgueil. Le prophète lui-même l’a dit dans un haddith. Et c’est ça l’esprit de Qaradawi et ce que je veux retenir de lui »), conseillant de « surtout éviter d’être manichéen ».
Mohamed Bajrafil prétend condamner l’antisémitisme : « Celui qui s’oppose fermement à l’importation en France du conflit israélo-palestinien de quelque bord que ce soit, rappelle également que l’antisémitisme est une hérésie. » Mais s’oppose-t-il à cette importation ?
Au sujet de l’antisémitisme de Qaradawi, il déclare en 2012 : « C’est mal connaître Qaradawi que de dire qu’il est contre les juifs et les chrétiens. Par contre, il a des positions claires sur l’occupation des Territoires palestiniens. (…) Plus de 99% des habitants de la planète trouvent la situation palestinienne inacceptable. »
Un an plus tôt, tandis qu’il s’exprime sur la démocratie, il déclare qu’elle « est bonne quand elle opprime les Palestiniens, mais quand ces derniers veulent jouir de la démocratie on leur dit Non » et précise au sujet d’Israël et du Droit international que « des personnes nous donnent des leçons, mais elles n’existent plus dès lors qu’elles sont applicables par un groupe de personnes bien précis ».
Par ailleurs, les mots clés (tags) sur son compte Dailymotion sont les suivants : « Gaza, droit international, politique, colonisation, indigène, Gandhi, Occident … ».
Enfin, il a participé à la Fondation Kawakibi avec d’autres Frères musulmans, mais l’a quittée après qu’elle a reçu des accusations en sionisme, insulte et soupçon suprêmes.
Que doit-on en déduire ?
L’imam d’Ivry défend et promeut des prédicateurs radicaux violemment antisémites.dnan Ibrahim est imam à la mosquée Shura de Vienne (Autriche). Il tente de se bâtir une réputation de personnalité progressiste, alors qu’il est le disciple de Saïd Ramadan al Boutih, l’un des plus violents Frères musulmans syriens prônant le djihad et la haine d’Israël. Adnan Ibrahim est accusé par Al Hayat TV d’avoir, le 16 septembre 2012, qualifié les Juifs de « nains bâtards » ayant empoisonné le prophète de l’islam et provoqué finalement sa mort des années plus tard, enjoignant à « venger Muhammad ». Dans ce prêche, Adnan Ibrahim maudit les Juifs qui « ne savent que faire vile infamie, meurtre, assassinat et trahison ». (Voir ici et ICI)
Mohamed Bajrafil s’étonne de l’indignation suscitée par ces propos : « Pourquoi se fait-il attaquer autant ? Ce qu’il dit, c’est pas lui qui l’invente. »
Comment, dès lors, interpréter son affirmation selon laquelle « il n’y a pas de verset poussant à tuer dans le Coran » ?
Mohamed Bajrafil fait la promotion, sur son compte Dailymotion, du blog de Tariq Ramadan et de celui de Zakir Naik, un télé-prédicateur conspirationniste et suprémaciste interdit de séjour au Royaume-Uni et au Canada depuis 2010, qui préconise la peine de mort pour les apostats, les musulmans qui renient leur foi et les homosexuels. Il a été accusé par des terroristes notamment de l’attentat de Dakha de les avoir radicalisés, bien qu’il condamne publiquement avec la plus grande fermeté l’État islamique, qu’il juge anti-islamique, et bien qu’aucune preuve n’ait pu être retenue contre lui. Pour lui, seul l’islam peut apporter la paix dans le monde.
Est-ce parce qu’il a « lu Ibn Salah avec lui » qu’il ne renie pas son maître Safwat Hegazy, figure majeure des Frères musulmans d’Égypte, mais que, bien au contraire, il s’en réclame ? Celui-ci fut nommé en 2012 candidat à la présidence de la Jamaa Islamiya, une branche dissidente et armée de la puissante Confrérie, créée en 1970, dont l’ancien président, Omar Abdelramane, est soupçonné d’avoir participé à l’attentat de 1993 contre le World Trade Center. La Jamaa El-Islamiya est également tenue responsable de l’attentat de Louxor en novembre 1997. Considérée comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, la Jamaa El-Islamiya a affirmé renoncer à la terreur en 2003 et s’est convertie à la politique en créant en 2011 le Parti de la Construction et du Développement qui prône l’établissement de la charia.
Quant à Safwat Hegazy, il a été arrêté près de la frontière libyenne par les autorités égyptiennes pour avoir incité à la violence au Caire en 2013. Il tentait de fuir le pays, déguisé en femme sous un niqab.
Comment, dès lors, interpréter son affirmation selon laquelle « en islam, même en temps de guerre, tu n’as pas le droit de tuer quelqu’un sans l’avertir » ?
« Je ne suis pas frériste », assure-t-il. « Je suis universitaire, je n’ai pas une pensée post-it. Il y a des gens parmi les Frères musulmans qui ont des convictions qui ne sont pas différentes de celles que moi je partage. Mais il y en a d’autres, qui ont été exclus, qui ont des positions pas très loin de celles de Daech. »
Invité jeudi 15 septembre 2016 sur France 2, Mohamed Bajrafil a repris le discours prononcé la veille par Amar Lasfar sur Europe 1, selon lequel les terroristes ne fréquentent pas les mosquées. Un discours type des Frères musulmans en France et dans le monde.
Pas frériste, mais favorable à Tariq Ramadan et Nabil Ennasri, qu’il cite comme s’ils étaient des (et comme s’ils étaient les seuls) représentants légitimes des Français musulmans en raison de leur connaissance de la culture occidentale et, surtout, comme s’ils étaient des représentants potentiels que les médias refuseraient d’entendre. Il ironise sur le frérisme : « On nous dit, c’est la franc-maçonnerie ! » Car ces Frères musulmans sont, selon Mohamed Bajrafil, bien plus légitimes que l’imam Chalghoumi, leur bête noire. Ce pourquoi l’imam d’Ivry clame à qui veut l’entendre que l’imam de Drancy n’est pas imam et qu’il n’a pas de mosquée.
Pas frériste, mais présent au congrès de l’UOIF en 2014, en compagnie de Abdallah Benmansour , Tariq Ramadan, Hani Ramadan, Amar Lasfar, Ahmed Jaballah, Nabil Ennasri… Cette même année, il invite dans sa mosquée Nabil Ennasri, Abdallah Benmansour et Mohamed Ashaini.
Mohamed Bajrafil se rendra de nouveau au Bourget en 2015 et en 2016. En 2015, il est aussi présent à la Foire musulmane de Bruxelles, où se trouve également l’Égyptien Omar Abdelkafi, Frère musulman violemment antisémite délivrant par ailleurs des prêches violents contre les femmes non voilées. On retrouve Mohamed Bajrafil en compagnie de Moncef Zenati et Hassan Iquioussen (et Tareq Oubrou) à la première Rencontre annuelle des musulmans de Rouen.
Pas frériste, mais ne dédaignant pas disserter au côté d’Hassan Iquioussen, il défend le « prêcheur des cités » des « dénigrements » dont celui-ci serait victime. Membre de l’UOIF, Iquioussen affiche un antisémitisme et un négationnisme décomplexé. Selon lui, « les sionistes ont été de connivence avec Hitler » car « il fallait pousser les Juifs d’Allemagne, de France à quitter l’Europe pour la Palestine. Pour les obliger, il fallait leur faire du mal ». Il estime que Hamas, la branche palestinienne des Frères musulmans responsable de nombreux attentats et de vagues de terreur dans Gaza même, « fait du bon boulot ».
Pas frériste, mais partie prenante du Conseil théologique des musulmans de France (CFTM), dont l’UOIF a annoncé la création le 5 mai 2015 dans un communiqué de presse. Le CFTM rassemble une cinquantaine de théologiens, imams et prédicateurs gravitant dans la mouvance des Frères musulmans. Le Bureau exécutif se compose de neuf membres, dont Mohamed Bajrafil et quatre professeurs de l’IESH, inclus Ahmed Jaballah. Le CFTM s’inscrit selon celui-ci « dans une vision de modération » et a pour but demettre des avis juridiques (fatawas) sans les imposer sur la citoyenneté, l’enseignement, le ramadan…
Pas frériste, mais ardent défenseur du concept d’islamophobie et du CCIF , dont il loue les mérites et pour lequel il appelle aux dons le 20 janvier 2015, quelques jours seulement après les attentats de Charlie et de l’HyperCasher.
Farida Tahar est une conseillère municipale voilée, du groupe socialiste, élue en octobre 2012, sur la Liste du Bourgmestre, dans la célèbre commune belge : Molenbeek-Saint-Jean [1]. Sur son affiche électorale, sur fond rouge vif, elle afficha un sourire de charme, portant un foulard au couleur pourpre. En plus de son voile, dit islamique, elle multiplie les casquettes et les adhésions aux différentes structures associatives communautaristes et de lutte contre ladite islamophobie. Elle s’engage désormais contre le projet d’inscription du principe de la neutralité [laïcité] de l’Etat dans la constitution belge, et par la même, contre l’interdiction des signes convictionnels dans la fonction publique [2]. Elle dit avoir « peur qu’on arrive à une laïcité extrémiste [à la française, précise-t-elle] » [3]. D’un média à l’autre, elle prône la même approche de la laïcité que les faucons de l’islam politique, en Belgique, en France et partout ailleurs en Europe et dans le monde : Une laïcité au rabais, totalement effacée face aux multiples revendications islamistes. Le présent billet propose de remonter son passé récent pour tenter de percer des secrets d’un engagement citoyen et politique certes, mais avec, en arrière plan, la main invisible de l’islamisme et son réseau hyper actif et hyper structuré. Décryptage.
Parcours universitaire, associatif et professionnel
Farida Tahar est une jeune femme belge d’origine marocaine, née le 20 novembre 1977, diplômée en 1999 de l’ISFSC (Institut Supérieur de Formation Sociale et de Communication) [4]. En 2002, elle obtint une licence en science sociale à l’ULB (Université Libre de Bruxelles)[5]. En 2003, elle fut engagée comme conseillère sociale au CPAS (Centre Public d’Actions Sociales) [6]. Elle est membre du conseil d’administration de la MAIS (Molenbeek Agence Immobilière Sociale) et de la cellule LES (Lutte contre l’Exclusion Sociale) [7].
Farida Tahar est aussi une militante associative très engagée. En juin 2007, elle rejoint, non sans fracas, le MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) [8] – créé en 1966 – lors d’une opération décrite par « L’observatoire citoyen du MRAX », comme étant une opération de noyautage massif, ou de « putsch légal », lorsque Farida Tahar ainsi que 74 autres nouveaux arrivants, dont « l’ex-frère musulman » Mickael Privot, y avaient adhéré massivement une semaine seulement avant la tenue de l’assemblée générale élective [9], en augmentant l’effectif des adhérents de 50% en quelques jours ! Ladite assemblée générale avait reconduit, en son poste de président, pour une nouvelle mandature, le très contesté Radouane Bouhlal, soupçonné par le même observatoire d’être « instrumentalisé par certains milieux proches des Frères Musulmans, adeptes de l’entrisme »[10]. L’on a même parlé de « dérive islamiste et communautariste grave qui se manifeste de plus en plus chez le président du MRAX »[11].
Anne Morelli, directrice du « Centre interdisciplinaire detude des religions et de la laïcité » à l’ULB[12] avait tiré la sonnette d’alarme, en février 2008, au sujet de cette dérive. Dans un courriel adressé à la direction, elle dit, je cite : « Je vous avoue que je me sens de plus en plus détachée de ce Mouvement auquel j’ai tant donné car je ne me sens plus concernée par ses prises de position communautaristes, sa défense systématique de la religion musulmane et ses exagérations continuelles d’une soi-disant « islamophobie » menaçante ». Et de rajouter : « De plus en plus le MRAX apparaît à l’extérieur comme un groupement d’auto-défense utilisé par des musulmans avec quelques hommes liges extérieurs. » [13].
En 2010, Farida Tahar fonda l’association TETE (Toutes Égales au Travail et à l’Ecole) pour défendre le droit des femmes [voilées] à l’enseignement et à l’emploi[14]. Elle est aussi membre de l’ABPM (Association belge des professionnels musulmans) [15]. Depuis 2010, elle a rejoint le think-tank TAYUSH [16], situé à gauche, et a participé en 2014 à la rédaction d’un ouvrage collectif intitulé : Les défis du pluriel : Égalité, diversité, laïcité. Ouvrage publié aux éditions Couleur livres asbl. Farida Tahar y rend compte « des stratégies de jeunes musulmanes visibles qui se posent en actrices de leur vie et s’adressent collectivement à la société, alors que celle-ci continue – selon Farida Tahar – de les stigmatiser et de les considérer comme des victimes à protéger » [17]. Elle est aussi administratrice au CCIB (Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique) [18], adhérant au réseau ENAR (European Network Against Racism)[19] présidé par « l’ex-frère » Mickaël Privot[20].
Le 30 novembre 2013, elle a participé au forum « Quelle Europe voulons-nous en 2020 ? »[21] visant à « favoriser une cohérence dans nos actions communes pour avancer ensemble vers l’Europe que nous souhaitons pour 2020 ». Les « nos » et « nous » désignent « les membres d’European Muslim Network en provenance de toute l’Europe » ainsi qu’ « une vingtaine de membres de la société civile musulmane engagée »[22], tous ou presque ont un lien direct ou indirect avec le réseau européen des Frères Musulmans. L’organisateur de ce forum n’est autre que l’EMN (European Muslim Network), présidé par le « frère » Tariq Ramadan [23] !
En 2014, elle était l’invitée de la 4ème foire musulmane de Belgique, organisée par les Frères Musulmans de la LMB [24] en collaboration avec la société dedition GEDIS, détenue par les Frères Musulmans de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) [25]. Farida Tahar avait débattu avec la professeur Brigitte Marechal, professeur à l’UCL (Université Catholique de Louvain), autour des « Nœuds du dialogue entre musulmans et non-musulmans » [26]. Farida Tahar avait clôturé ce débat en relevant « trois impératifs pour un réel dialogue entre musulmans et non-musulmans : le respect, l’empathie et la volonté » [27]. Elle avait regretté que « malgré quarante ans de reconnaissance de l’islam en Belgique, le culte musulman n’est toujours pas visible dans l’espace public » [28]. Pour avancer, disait-elle : « il faut cesser de culturaliser les questions du vivre ensemble et mettre en application les mesures nécessaires. » [29] Serait-ce cela aussi le sens de son engagement politique ?
Elle est aussi coordinatrice au « Service Social Musulman Le Figuier », actif au sein de la commune de Schaerbeek [30]. « Le figuier » est officiellement arrosé, financé et soutenu par l’administration communale de Schaerbeek ; par la COCOF (Commission Communautaire Française) ; par le FIPI (Fond d’Impulsion à la Politique des Immigrés) et par Actiris (l’Office Régional Bruxellois de l’Emploi) [31] !
Talent d’Achille de Farida ?
Toutefois, sa présentation, sur différents sites, ne laisse apparaître que les éléments de sa formation et qualification universitaire ainsi que de son expérience professionnelle et associative. Mais il y a un élément fondamental qui n’apparaît presque nulle part, si ce n’est sur un site marocain (en langue française) presque inconnu du grand public belge et européen[32]. Il s’agit de sa formation « religieuse », voire idéologique, durant quatre années, de 1999 à 2003, au sein d’un établissement qui flirte sérieusement avec le salafisme et la mouvance des Frères Musulmans. Cet établissement est l’Académie Européenne des Sciences Islamiques et Culturelles de Belgique, connue auparavant sous le nom d’Alkhayria Belgica et qui, depuis juin 2015, à en croire une modification statutaire, se nomme désormais : « Al-Mizan : Académie Islamique de Bruxelles » [33]. Dans la suite de l’article, c’est l’ancienne dénomination sociale qui sera utilisée, à savoir : Alkhayria Belgica.
Cet établissement a été fondé le 24 juin 1995 dans la commune d’Anderlecht à Bruxelles par le tunisien Mohamed El Alouini, sa femme et ses enfants, entre autres [34]. Mohamed El Alouini fut aussi ancien directeur du CICB (Centre Islamique et Culturel de Belgique)[35], domicilié à la célèbre mosquée wahhabite du Parc du Cinquantenaire à Bruxelles qui est financée et gérée depuis 1967 [36], par l’Arabie Saoudite via la Ligue Islamique Mondiale, et inaugurée en présence du roi Fayçal Ibn Abdelaziz, l’ami des Frères Musulmans, qui a financé aussi le principal centre islamique en Europe : Le Centre islamique de Genève en 1961, géré depuis toujours par la famille Ramadan, père et fils [37].
Qui sort le chèque, impose sa loi
Dans l’Iris et le Croissant, Félice Dasseto précise qu’à partir de l’année 2006, Alkhayria Belgica s’est installée dans ses nouveaux locaux [38], au 17-23 de la rue Broyère à Bruxelles, achetés et transformés grâce aux financements des pays du Golfe. Une partie de ce financement a été assurée par les deniers de « The Zayd Bin Sultan Al Nahayan Charitable & Humanitarian Foundation ». Celle-ci laisse apparaître, sur son site arabe, une ligne de financement, en 2008, portant la mention « Travaux de réhabilitation de l’académie islamique à Bruxelles » [39]. Le site wikipédia en communique un montant total de presque un demi-million d’euros[40].
La présence à Abou Dhabi, de 1994 à 2011 et pour raison professionnelle, du chirurgien-pédiatre Souhaïl El Alouini, membre fondateur aussi d’Alkhayria Belgica et fils de Mohamed El Alouini, son premier directeur, avait peut-être facilité ce financement. D’autant plus que le docteur Souheil El Alouini était remarqué du fait qu’il dirigeait un hôpital très connu et a été élu président de la « Société Émirienne de Chirurgie Pédiatrique » [41]. Un rôle plausible qui reste, toutefois, à confirmer.
Cependant, un autre élément aurait joué un rôle facilitateur pour le déblocage des fonds. Il s’agit de la présence d’un frère musulman [42], de renommé internationale, au sein de la direction centrale de la fondation caritative émiratie, depuis sa création en 1992. Ce frère musulman a été nommé à son poste, par décret en 1993, par le cheikh Zayd Bin Sultan en personne [43]. Il a été reconduit au même poste par son successeur, à plusieurs reprises [44], par décret aussi, jusqu’à sa mort en février 2010 [45]. Il s’appelle Ezzedin Ibrahim (1928-2010), d’origine égyptienne, qui fut conseiller culturel du cheikh Zayd Bin Sultan et qui a reçu un prix en 2006 à « Abu Dhabi Awards » [46].
Depuis, les Emirats Arabes Unis, alertés des dangers que représentent l’idéologie et les activités des Frères Musulmans, ce pays a fini par classer la mouvance islamiste, ses personnalités et ses branches locales et internationales sur la liste des organisations terroristes. Et ce, depuis l’année 2014 ! [47]
Alkhayria Belgica ou le déni du « frérisme »
En mars 2015, dans son enquête « Comment les Frères Musulmans ont pris la Belgique en otage », la journaliste Marie-Cécile Royen avait cité Alkhayria Belgica parmi les organisations fréristes belges. Naturellement, elle a dû faire face à des intimidations mais sans se laisser intimider [48]. Ali Oubila, l’actuel président de cet établissement, avait usé de son droit de réponse en ces termes, je cite : « Nous tenons donc au travers de ce droit de réponse à restaurer notre innocence quant à cette soi-disant prise d’otage et à corriger cette allégation quant à notre appartenance frériste par une déclaration de non-appartenance absolue si ce n’est à Dieu » [49] ! Et de rajouter : « En effet, Alkhayria Belgica a la vocation d’être une institution scientifique islamique dont l’indépendance (intellectuelle, idéologique, politique, philosophique, doctrinale…) constitue l’essence même de son identité, une valeur fondamentale et nécessaire dans l’accomplissement de ses objectifs loin de tout esprit d’activisme ou de prosélytisme quelconque » [50].
En janvier 2016, Ikhwan Info, avait publié un article intitulé « Alkhayria Belgica » [51]. Ali Oubila a envoyé aux responsables du site un « droit de réponse » le 21 mars dernier dans lequel il dit, je cite : « Près de 90% de nos intervenants ne sont pas frères musulmans … ». Dans la foulée, le 26 mars, un communiqué officiel est publié sur le site Internet d’Alkhayria Belgica et sur sa page Facebook qui dit, je cite : « L’Académie Islamique de Bruxelles (Alkhayria Belgica) est une institution indépendante, financièrement et scientifiquement. Elle est libre de toute tutelle étatique et de toute appartenance doctrinale, idéologique ou politique. Elle n’est pas dans la propagande, le dogmatisme ou encore le prosélytisme. Elle serait plutôt attachée à des principes déontologiques et académiques comme l’intégrité, la transparence, la rigueur scientifique, l’objectivité, l’ouverture, l’approche descriptive, la critique, la cohérence … » [52]–[53]. La phrase « Elle serait … » usant du conditionnel présent, laisse planer le doute et l’incertitude et suffit, à elle seule, pour justifier les doutes à l’égard de cet établissement !
Cependant, avant d’examiner la véracité, ou pas, de ses propos, il ne serait pas inutile de préciser ce que voudrait dire le terme « frériste » dans mon usage. D’autant plus que moi-même j’étais « frère musulman » [54], et donc connaissant comment les Frères Musulmans et leurs proches tentent à limiter le rapport au « frérisme » à un bulletin d’adhésion, sans tenir compte de comment Hassan Al-Banna définissait sa mouvance comme étant d’abord une « idée ». En effet, dix après la création des Frères Musulmans, Hassan Al-Banna a rappelé cette évidence en 1938, lors du 5ème congrès de sa mouvance. Cette idée, il l’a résumé de son vivant. Les Frères musulmans ne l’ont jamais remise en question, je cite : « l’islam est dogme et adoration, patrie et nationalité, religion et état, spiritualité et action, Coran et épée »[55].
Plus qu’une idée, il s’agit d’une idéologie, au sens d’un système plus au moins ordonné d’idées, caractérisant la vision globale d’un groupe, concernant l’humain et ses relations verticales et horizontales, à partir duquel le passé est invité, le présent est approché et le futur est projeté. Ainsi, être « frériste » ne se limite pas au fait d’avoir un lien organique affiché et établi officiellement avec la guidance suprême égyptienne ou de posséder une sorte de « déclaration d’appartenance »[56]. Dire par exemple : « Nous n’avons pas de liens organiques avec … » n’engage que ceux qui y croient. D’ailleurs, tout est fait pour brouiller les cartes des filiations : Taqiya (dissimulation)[57], double-discours, et j’en passe et des meilleurs !
« Frérisme », quelques repères …
Est « frériste », toute personne, physique ou morale, porteuse presque dans ses gènes de l’idéologie islamiste d’Hassan Al-Banna et des autres idéologues de la mouvance après lui.
Est « frériste », en Belgique, en France ou en Europe, toute personne, physique ou morale, liée directement ou indirectement à des organisations telles que la FOIE (Fédération des Organisations Islamiques en Europe) [58], le CERF (Conseil Européen des Recherches et de la Fatwa) [59], l’UISM (Union Internationale des Savants Musulmans) [60], entre autres.
Est « frériste » aussi, toute personne, physique ou morale, qui, consciemment ou inconsciemment, sert le dessein politique des Frères Musulmans et fait avancer le processus stratégique du Tamkine [61].
Est « frériste » ne sont pas uniquement des personnes physiques issues de la mouvance islamiste en Égypte ou en Syrie. D’ailleurs, la plupart des frères musulmans français et belges sont des maghrébins, notamment des marocains et des tunisiens !
En somme, un « frériste » n’est pas uniquement celui qui s’intègre dans un schéma organisationnel pyramidal ancien et démodé (type spider) mais aussi celui ou celle qui occupe une place, dans un nouveau schéma dit « Etoile de mer à cinq bras » [62], se basant théoriquement et aussi de façon opérationnelle sur l’islamisme comme idéologie d’action et de conquête ; sur un ou plusieurs champions d’identification ; sur des cercles connectés indépendants et interdépendants ; sur des catalyseurs animant ces cercles ; et sur un réseau moderne et puissant drainant beaucoup d’argent, des ressources humaines et techniques et des leviers d’influences politiques et médiatiques.
Force est de constater qu’en France, en Belgique, en Europe et dans le monde entier, lorsque les Frères Musulmans organisent une quelconque activité publique, ils prennent toujours des précautions tactiques pour « noyer le poisson », faire diversion, et ne pas paraître sectaires et isolés. Raison pour laquelle, ils invitent des personnalités « non-fréristes », de gauche, de droite, de l’interreligieux, du monde des médias, des chercheurs à l’université, souvent dont le nom n’est pas à consonance arabe et parfois ce sont des convertis n’affichant pas leur islamité, pour se donner cette image de « fréquentabilité », d’ouverture d’esprit et surtout d’avoir cette caution morale, en cas de reproches qui leur sont souvent adressées, à juste titre. Toutefois, la diffusion des standards idéologiques et doctrinaux de la mouvance a besoin de vrais propagandistes, noyautant le corps de l’administration, parfois sans que les autres membres de la direction ne se doutent de quoique que ce soit, et constituant la partie presque invariable de la liste des intervenants permanents ou occasionnels.
Ossature frériste d’Alkhayriya Belgica
A la lumière de cette approche du « frérisme » opérationnel sur le terrain de la prédication, il est quasi impossible de dédouaner Alkhayria Belgica de la présence de tout lien, direct ou indirect, avec au moins, le réseau frériste européen. Ceci étant dit, ce rapport peut évoluer, dans un sens comme dans l’autre sens, en fonction du ratio des « fréristes » parmi le collège des invités et aussi le collège directionnel. Si l’on n’analyse que l’évolution de la composition du conseil d’administration, presque stable depuis la création, ce conseil ne contient désormais presque aucun des membres fondateurs, qui seraient garants d’une certaine continuité. Souheil El Alouini, le fils de Mohamed El Alouini, a quitté définitivement le CA en juin 2013 [63]. Il est parti s’installer en Tunisie pour poursuivre une carrière politique, d’abord à l’UPL (Union Patriotique Libre) et ensuite à « Nidaa Tounes », en tant que député élu le 26 octobre 2014 [64].
Le seul membre fondateur, présent depuis toujours au sein du conseil d’administration, s’occupant au quotidien de la gestion des affaires courantes de l’établissement est un « frériste ». Il s’appelle Abderazak Sidhom [65]. C’est un peu le seul trait d’union entre l’équipe des fondateurs et la relève.
Sur son profil Facebook [66]–[67], il ne cache pas son admiration pour Hassan Al-Banna. Son adhésion au mouvement islamiste tunisien Ennahda est plus qu’ostensible et ne fait presque aucun doute. Un jour, il regretta amèrement la chute du « frère » Mohamed Morsi et laissa s’exprimer son espérance pour une nouvelle victoire. D’autres jours, il multiplie les éloges à l’égard du président islamiste turc Recep Tayyip Erdogan. Son admiration pour des leaders islamistes tunisiens comme Rached Ghannouchi et Abdelfattah Mourou est sans limites. Il n’hésite pas à diffuser sur son profil un appel à participer à un rassemblement islamiste, organisé par le bureau bruxellois de la mouvance Ennahda. Comme par mimétisme, son « frérisme » assumé l’amène à avouer clairement son refus à reconnaitre l’Etat d’Israël. Irait-il jusqu’à espérer sa disparition comme l’iranien Ahmadinejad ? Ou légitimer le « jihad armé » des frères du Hamas à son encontre ? Simples questions.
Farida Tahar et le tandem Amdouni et Bouzouina
Farida Tahar a certainement connu Abderazak Sidhom durant ces quatre années de formation à Alkhayria Belgica. En plus, à l’époque où elle y suivait ses cours, entre 1999 et 2003, deux autres enseignants étaient présents au sein de l’établissement à cette époque : Hassan Amdouni et Abdelhamid Bouzouina.
Dans son livre : Les Frères Musulmans en Europe, racines et discours, Brigitte Maréchal consacre un paragraphe à ces deux frères en les présentant comme suit : « Le cheikh Hassan Amdouni, un théologien diplômé de la Zeitouna, assure des conférences sur la famille, les relations familiales et le bon comportement. Entre autres, notons encore le cheikh Abdelhamid Bouzouina décédé en 2005 : prêcheur de renom, d’origine algérienne, qui insiste notamment sur la responsabilité d’être musulman, la pratique religieuse au sens large et l’intention qui y est associée » [68].
Sur le site « www.Fatawas.be », dans un compte-rendu d’une journée d’hommage dédiée au frère algérien après sa mort, le rapporteur dit : « Le cheikh Abdelhamid Bouzouina était aimé par tous. Il était aimé par tous, car comme l’a décrit le Dr Hassan Amdouni, son compagnon de route, c’était un homme de cœur et de rassemblement » [69]. Preuve que les deux frères étaient très proches : Une proximité surtout idéologique.
Hassan Amdouni et l’héritage doctrinal d’Hassan Ayyoub
Pour exemples, Hassan Amdouni a collaboré à la traduction en français du livre Tabsith al-Aqa’id al-Islamiyah (تبسيط العقائد الإسلامية) de son auteur, le frère musulman égyptien Hassan Ayyoub (1918 – 2008) [70]. Le livre publié aux éditions Al-Qalam, dans sa version française, est intitulé : La foi musulmane : Dogme et dissidences [71] qui considère le seul dogme « ach’arite » [72] sunnite, comme seule foi authentique. A la fin du livre, dans sa version arabe, son auteur consacra dix-sept pages, pour décrire les différents groupes et tendances dogmatiques qui ont traversé et qui traversent toujours le monde arabo-berbère, depuis plusieurs siècles et qui ne sont pas reconnus par les Frères Musulmans.
Il cita les dissidents, attentistes, qadarites, chiites, zaydites, imamites, etc. Le frère Hassan Ayyoub écrit dans son livre, je traduis : « Le Qadianisme et le Bahaïsme sont les dogmes les plus dangereux pour les nations musulmanes. Qadianistes et bahaïsites sont encore plus mécréants que les juifs, les chrétiens et les zoroastriens » [73]. Il dit encore, je traduis : « Les nosaïrites [alaouites de Syrie dont est issue la famille des Assad, père et fils] sont plus dangereux pour l’islam que les juifs. Ainsi, Ibn Taymiyya avait décrété une fatwa, à son époque, rendant obligatoire [d’un point de vue religieux] le fait de les combattre [par les armes] et de combattre aussi les druzes » [74].
Ce livre du frère Hassan Ayyoub est mentionnée aussi comme référence bibliographique de Tariq Ramadan dans son livre : De l’islam et des musulmans[75]. Pour rédiger son essai, le frère Tariq s’est appuyé sur l’ancienne version traduite et éditée par les éditions Okad en 1991. Cette ancienne traduction portait le titre de : Clarification de la foi musulmane [76]. Elle a été améliorée et rééditée ensuite, avec le concours d’Hassan Amdouni, aux éditions Al-Qalam en 2004, sous le nouveau titre : Foi musulmane : Dogmes et dissidences.
Par ailleurs, Hassan Ayyoub est cité dans le livre : Al-Qaida dans les textes[77], présenté par Gilles Kepel. L’on apprend que lorsque la figure frérojihadiste Abdellah Azzam – un frère musulman palestinien et l’un des principaux repères idéologiques et guides d’Oussama Ben Laden – avait rédigé une fatwa considérant comme « obligation individuelle » le jihad en Afghanistan, il l’avait présentée à de nombreux savants fréristes et wahhabites qui l’ont unanimement approuvée, validée et signée. Parmi ces savants, il y avait un certain Hassan Ayyoub qui était à cette époque professeur à l’université du roi Abdelaziz à Djeddah. Hassan Amdouni a donc participé, par cette traduction, à faire connaître la pensée dogmatique radicale, intolérante et sectaire du frère musulman Hassan Ayyoub auprès de la jeunesse francophone, de la jeunesse belge. Une responsabilité ? Certainement.
Hassan Amdouni a aussi écrit d’autres livres puisant toute la matière première des écrits théologiques et jurisprudentiels des références fréristes connues, notamment au sujet dudit statut de la femme musulmane. Celle-ci se doit, par prescription religieuse dit-il, de se voiler tout le corps, excepté le visage et les mains. Dans son livre : Le Hijab de la femme musulmane : Vêtements et toilette [78], en plus des textes religieux qu’il interprète comme prescripteurs de cette obligation, il a même usé de son talent de dessinateur pour montrer aux femmes ce que devrait être une « mode islamique » conforme au textes « sacrés ». Hassan Amdouni n’a pas attendu à ce qu’on lui demande de faire un dessin. Il l’a déjà fait.
Abdelhamid Bouzouina, persona non grata en France depuis 1994
Quant à Abdelhamid Bouzouina (1954 – 2005), son appartenance à la mouvance frériste ne fait aucun doute. Dès son arrivée d’Algérie pour rejoindre la France, il intégra l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France) et est devenu son secrétaire général [79]. En parallèle, il composa le programme et la méthodologie de l’apprentissage de la langue arabe à l’institut idéologique frériste l’IESH (Institut Européen des Sciences Humaines) à Château-Chinon, créée en 1990, où il enseigna aussi i[80].
Un de ses élèves se souvient de lui, très récemment, en octobre 2014, en ces termes, je cite : «Un grand Hommage et Pensée à mon Professeur d’Arabe, Cheikh Abdelhamid Bouzouina qui nous a quitté en 2005 ! Il fut mon Professeur d’Arabe en 1992, à raison d’environ 20h/semaine à Château Chinon ! Ce Croyant était à lui seul un Livre, sa Modestie, son ouverture, il était un Puits de Science […]. J’ai vécu des moments intimes avec lui, ils sont encore dans mon cœur même 20 ans après ! » [81]. Cet élève n’est autre que l’imam salafiste Mohamed François [82], imam de la mosquée de Joué-Lès-Tours (ICM37 [83]), en Indre et Loire, qui fut citée à la marge de l’affaire Bertrand Nzohabonayo [84], alias Bilâl. Celui qui avait attaqué, le 20 décembre 2014, à l’arme blanche, trois policiers dans un commissariat!
Bernard Godard, Monsieur « islam de France » au Ministère de l’Intérieur de 1997 à 2014[85], valide l’information concernant la formation de l’imam Mohamed François à l’IESH et confirme son côté salafiste, branché sur les ondes du wahhabisme saoudien. Il dit, je cite : « […] l’imam de la mosquée de Joué-Lès-Tours, Mohamed François, en Indre et Loire. De son nom originel François Bordenave, converti en 1989, il a suivi ensuite des cours à l’IESH (Institut Européenne des Sciences Humaines), le centre de formation de l’UOIF à Saint-Léger-du-Fougeret, dans la Nièvre. Infidèle à ces formateurs proches des Frères musulmans, il adopte la voie salafiste avant de s’installer près de Tours. Il est l’illustration d’un stricte rigorisme wahhabite en même temps qu’il ne néglige pas les problèmes de son temps ni de son environnement. Lié à ses imams de la même mouvance, fidèles disciples des oulémas saoudiens, il invite dans sa mosquée le Brestois Abou Houdeyfa … » [86]. Seul bémol, Mohamed François ne serait pas si infidèle que cela pourrait paraître à l’UOIF. Car premièrement, le témoignage qu’il rédigea en octobre 2014 démontre plutôt une fidélité et un grand respect pour son modèle, le frère musulman Abdelhamid Bouzouina. Et deuxièmement, parce qu’aujourd’hui Amar Lasfar, le président de l’UOIF, tente de réhabiliter l’image de l’imam salafiste brestois Abou Houdeyfa et n’éprouve aucune gêne à l’inviter, par l’intermédiaire d’un jeune imam dans une mosquée roubaisienne, à une conférence intitulée : « L’union dans la diversité » [87]–[88]. Ce qui prouve une chose : Frères musulmans et salafistes sont des … frères, certes divers, mais parfaitement unis !
C’est peut-être pour cela qu’en 1994, un arrêté ministériel français expulsa du territoire pour raison de radicalisme islamiste, semble-t-il [89], le frère Abdelhamid Bouzouina, qui s’installa, ensuite, en Belgique, le restant de sa vie et y joua un rôle majeur dans l’organisation officielle du culte musulman. Les liens de ce dernier avec la mouvance sont restés intacts. Le 19 et 20 mai 2001, il participa au premier séminaire européen : « Comment éduque-t-on nos enfants en Europe ? »[90], organisé par le département « Prédication et présentation de l’islam » de la FOIE.
Ce séminaire avait rassemblé à Genève, autour du frère franco-tunisien Mohamed Karmous – le président de la LMS (Ligue des musulmans de Suisse) – d’autres islamistes comme Ahmed Jaballah (UOIF-IESH), entre autres, ainsi que le psychiatre franco-tunisien Ahmed Eleuch, clinicien installé à Seine-Saint-Denis, issu de la mouvance islamiste Ennahda. Ce dernier avait défrayé la chronique en 2009, après son arrestation en Tunisie, à l’époque de Ben Ali, et son inculpation pour « atteinte à la sureté de l’Etat ». Sa défense avait plaidé non coupable et avait nié tout lien du psychiatre avec le mouvement islamiste Ennahda depuis qu’il avait quitté la Tunisie en 1987. Le fait est qu’en mai 2001, il était bel et bien présent à une réunion islamiste, au plus niveau européen, à proximité du Lac Léman !
Lors de ce séminaire, le frère musulman Abdelhamid Bouzouina avait exposé, en langue arabe, sa vision et ses recommandations au sujet des : « Incubateurs éducatifs pour nos enfants en Europe »[91] – famille, mosquée, centre islamique, association, … – et leur rôle facilitateur dans la stratégie du « Tawtine »[92] (Territorialisation) poursuivie par la mouvance islamiste en Europe comme préalable du projet politique « Tamkine ». Les actes, en arabe, de ce premier séminaire révélateur d’une vision « islamisante » de l’Europe et de l’Occident, y compris la contribution d’Abdelhamid Bouzouina, ont été publiés en 2002 par la société dedition MEDIACOM, gérée à l’époque, depuis Amiens en France, par un autre islamiste franco-tunisien, Abdellah Benmansour, qui préside désormais la FOIE, la branche européenne des Frères Musulmans.
Hassan Amdouni et Abdelhamid Bouzouina ont donc influencé la vision et la compréhension de Farida Tahar au point qu’elle s’en souvient aujourd’hui, après plus de dix ans de l’obtention de son diplôme à Alkhayria Belgica. L’on pourrait légitimement se poser la question sur le degré de l’influence des enseignements de cette structure sur ses engagements citoyens et politiques. Alors qu’elle est très combative médiatiquement pour s’opposer aux propositions concernant la laïcité et les signes convictionnels, l’on pourrait se demander si cette farouche opposition est dictée par une idée personnelle des droits humains ou bien par une volonté d’imposer une « Loi d’Allah » comme l’écrit Hassan Amdouni.
Le même Hassan Amdouni diffusa le 22 octobre 2015 une citation sur son profil Facebook, je traduis : « Embrasser la religion sans faire de la politique, c’est ressembler à un prêtre. Faire de la politique sans être dans la religion, c’est ressembler à un laïque. Embrasser la religion et faire de la politique, c’est posséder les clefs du Tamkine ». Une citation attribuée à Ahmed Raïssouni, l’islamiste marocain ancien président du MUR (Mouvement Unicité et Réforme), pressenti pour succéder à Youssef Al-Qaradawi à la tête de l’UISM (Union Internationale des Savants Musulmans). Farida Tahar semble avoir très bien assimilé cette vision politico-religieuse des choses. Son engagement en serait la parfaite synthèse.
Le frérisme, des visages et … un discours !
Peu importe, l’auteur de L’Iris et le Croissant décrit l’enseignement au sein d’Alkhayria Belgica comme étant « très classique et conservateur »[93]. La longue liste des invités de cet établissement depuis l’année 2013/2014 confirme ce constat et montre une tendance à inviter davantage de fréristes que d’autres sensibilités : Un choix. Sur une liste de 33 intervenants, animant 23 séminaires, au moins 18 invités de renommé nationale ou internationale sont fréristes ou assimilés.
Parmi lesquels, l’on cite :
Ahmed Jaballah[94] (UOIF-IESH) ; Moncef Zenati [95], membre du bureau de l’UOIF, chargé de l’enseignement et de la présentation de l’islam et traducteur des 20 principes d’Hassan Al-Banna ; Tariq Oubrou (UOIF) ; Hani Ramadan, le directeur du centre islamique de Genève ; Tariq Ramadan, directeur du CILE qatari et président de l’EMN ; Tahar Mahdi [96], membre de l’UISM présidée par Al-Qaradawi ; Hassan Iquioussen (UOIF) ; Othman Iquioussen [97]–[98], son fils et imam à la mosquée de Raismes ; Mohamed Bajrafil [99]–[100]–[101], qui, tout en niant toute adhésion à la mouvance, il avoue que ses références sont Youssef Al-Qaradawi et Safwat Hijazi, entre autres ; Zakaria Seddik [102]–[103]–[104], ancien professeur à l’IESH et membre de l’UISM ; Shaqeel Seddiq [105]–[106]–[107], formé et diplôme à l’IESH ; Mohamed Ramoussi [108], théologien formé à l’IESH ; Mehmet Saygin [109]–[110], soutenant sans réserve l’AKP et le président islamiste turc Erdogan ; Moataz Al-Khateeb [111], un frère syrien, écrivain et journaliste et qui était le préparateur de 2004 à 2014 de la fameuse émission « La charia et la vie » (الشريعة و الحياة) de Youssef Al-Qaradawi sur la chaîne qatarie Al-Jazeera ; Malika Hamidi [112]–[113], la directrice de l’EMN présidé par Tariq Ramadan ; Abdelhamid Temsamani Chebagouda, universitaire et professeur de religion islamique dans un lycée, qui s’est fait remarqué le vendredi 13 mars 2009 par des propos « révisionnistes » tenus devant des élèves, lorsqu’il a reproché à Henri Kichka, un juif survivant des camps d’Auschwitz, d’avoir « exagéré » et « romancé » son récit. Tamsamani évoqua comme référence Roger Garaudy [114] !
D’autres invités flirtent avec le frérisme, directement ou indirectement, et soutiennent ses acteurs à l’image de : Farid Al-Asri [115]–[116] qui a soutenu par le passé Tariq Ramadan et Yacob Mahi ; Michael Privot [117] qui bien qu’il ait annoncé son départ de la mouvance semble en être toujours proche sur le terrain de l’action associative et de la lutte contre l’islamophobie, etc. Aussi, d’autres invités ne se revendiquent pas fréristes mais partagent avec le frérisme la matrice salafiste doctrinaire à l’image de Yaya Michot [118] (alias Nasredin Lebatelier), celui qui s’est rendu célèbre en 1997 en marge de l’assassinat des moines de Tibéhirine lorsqu’il a exhumé une fatwa d’Ibn Taymiyya (1263 – 1328). Un autre habitué d’Alkhayria Belgica est Mouhamed Balaye Ndiaye [119], qui n’est autre que l’actuel imam du Centre islamique de Bruxelles, au Parc du Cinquantenaire, dont la tendance wahhabite et le financement saoudien ne sont un secret pour personne.
D’autres invités agrémentent un peu le cortège comme le célèbre Adnan Ibrahim ou Idris De Vos ou Eric Geoffroy. Ces deux derniers sont convertis à un islam spirituel et soufi. Leur présence peut être aussi interprétée comme une volonté de la part de l’équipe pédagogique de combler la dimension soufie chez les étudiants d’Alkhayria Belgica. D’autant plus qu’Hassan Al-Banna définissait aussi sa mouvance islamiste comme une « vérité soufie »[120].
Un autre prédicateur yéménite est passé à Alkhayria Belgica, par deux fois, pour délivrer un message prosélyte clair bien que très doux et souriant. Il s’appelle Al-Habib Ali Al-Jifri. Ses critiques occasionnelles du comportement politique des Frères Musulmans n’éclipsent point ses nombreuses convergences doctrinales, idéologiques et salafistes avec la mouvance. Il entretenait un lien particulier avec Mohamed El Alouini qu’il considère comme le père spirituel de l’action islamique en Belgique. Il s’est rendu à Alkhayria Belgica, une première fois en juin 2003. Mohamed El Alouini était alors le président de son conseil d’administration. Le cheikh yéménite a participé le samedi 14 juin à l’attribution des diplômes aux étudiants et aux étudiantes. La formation de Farida Tahar ayant pris fin en 2003. J’ignore si elle a reçu aussi son diplôme de la main droite de ce cheikh yéménite qui a animé ensuite des conférences et débats au sein de cette structure.
Lors de sa conférence du dimanche 15 juin, en présence du frère Mohamed Boulif, alors président de l’EMB (Exécutif des Musulmans de Belgique), il s’est adressé aux étudiants belges présents, en ces termes, je traduis : « La prédication et l’appel à Allah est la seule raison valable pour votre résidence dans ce pays. Sans prédication, il n’y a aucun prétexte qui pourrait motiver votre présence ici » ! Pour ce prédicateur, les étudiants formés se doivent d’accomplir un devoir prosélyte, sans violence certes, mais avec détermination en suivant l’exemple de la prédication dans des pays comme « la Malaisie et l’Indonésie »[121].
En juin 2012, quelque temps avant le décès de Mohamed El Alouini, le prédicateur yéménite lui a rendu visite à l’hôpital et s’est rendu ensuite à Alkhayria Belgica pour animer une nouvelle conférence[122].
Alkhayria Belgica : islams ou islamisme ?
Ainsi, après cette courte analyse, lorsqu’Ali Oubila, l’actuel président d’ Alkhayria Belgica, dit : « Nous tenons donc au travers de ce droit de réponse à restaurer notre innocence quant à cette soi-disant prise d’otage et à corriger cette allégation quant à notre appartenance frériste par une déclaration de non-appartenance absolue si ce n’est à Dieu » ou : « En effet, Alkhayria Belgica a la vocation d’être une institution scientifique islamique dont l’indépendance (intellectuelle, idéologique, politique, philosophique, doctrinale…) constitue l’essence même de son identité, une valeur fondamentale et nécessaire dans l’accomplissement de ses objectifs loin de tout esprit d’activisme ou de prosélytisme quelconque », l’on est forcé de le contredire car tout un faisceau concordant d’indices et de preuves matérielles démontrent, par leur fréquence, leur similitude et leur répétition le caractère établi de l’inscription d’ Alkhayria Belgica dans un schéma idéologique d’un réseau frérosalafiste qui porte un nom depuis 1928 : Les Frères Musulmans.
Farida Tahar, la conseillère communale voilée de Molenbeek-Saint-Jean a appris, dans ce cadre, les rudiments de « la religion » telle qu’elle est interprétée suivant les standards de l’idéologie frérosalafiste. En était-elle consciente ? En était-elle instrumentalisée ? Quoi que l’on puisse supposer, son engagement citoyen et politique et ses combats et revendications ne peuvent être différenciés des combats et revendications des sœurs musulmanes et des frères musulmans, en Belgique, en France, en Europe et dans le monde entier.
L’on pourrait croire qu’elle prendrait plutôt la marocaine Asma Lamrabet comme repère sur le chemin d’un certain engagement féministe. Seul bémol, elle n’est pas sur la même ligne qu’elle au moins sur la signification et la perception du « voile » dit islamique, en tant que signe convictionnel. Alors qu’Asma Lamrabet dit : « Pour les femmes musulmanes d’aujourd’hui le véritable défi c’est de retrouver le souffle libérateur du message spirituel de l’islam. Porter le foulard n’est pas une finalité spirituelle en soi »[123] et : « Le port du hijab n’est pas révélateur de la religion musulmane, et que même la loi religieuse ne lui confère pas cette priorité que lui accorde l’islam politique »[124].
Farida Tahar, elle, se trouve plutôt en phase avec la conception d’un Hassan Al-Banna, ou d’un Hassan Ayyoub, ou d’un Hassan Amdouni, et aussi d’un certain Tariq Ramadan. Ceux-là font du « voile » dit islamique, à l’image des Frères Musulmans d’hier et d’aujourd’hui, l’étendard même d’une stratégie d’islamisation globale, à tous les niveaux, par le haut et par le bas, par étapes et par étages : Dis-moi combien de têtes de fillettes et de femmes tu as réussi à voiler, je te dirais quel pourvoir tu as ici et maintenant et quel pourvoir tu auras demain.
Enfin, au-delà de l’idéologie frérosalafiste et des raisons, diverses et variées, qui ont permis ce communautarisme islamiste de la commune belge de Molenbeek, il serait intéressant de comprendre le fonctionnement de la mécanique de ce rouleau compresseur qu’est l’islam politique, et de décrypter, avec le recul nécessaire, comment il opère, un peu partout en Europe, depuis plusieurs décennies, dans une complémentarité entre les frères et les salafistes, lesdits modérés et les radicaux. Une complémentarité qui réussit grâce aux concours et aux connivences intéressées de certains femmes et hommes politiques et de certains acolytes et relais médiatiques.
En ce sens, l’exemple de l’engagement de Farida Tahar, qui est loin d’être un cas isolé, pourrait servir de repère. D’autres parcours pourraient livrer d’autres secrets avec des particularités insoupçonnables. L’erreur serait de soumettre l’analyse du cas Molenbeek, surtout après les attentats de Paris et de Bruxelles, à la seule grille de lecture jihadiste. Car la matrice doctrinale qui engendre le jihadisme, depuis toujours, est identique à celle qui alimente l’islamisme en général. Le jihadisme ne représente qu’un cas particulier de l’islam politique qui le couvre et le légitime. Celui-ci est à la fois divers et uni. Divers comme le sont les doigts d’une main à cinq ou à quatre doigts. Uni, lorsque les doigts se joignent mutuellement, au « juste milieu », pour former un coup de point, prêt à frapper là où l’on ne s’y attend pas. D’ailleurs, lorsque l’on critique l’islamisme frérosalafiste, ses connivences avec le jihadisme et les textes scripturaires dits « sacrés » qui valident et légitiment ses revendications, certains acteurs bien placés sur l’échiquier associatif et politique, national et européen, crient en une seule voix à l’islamophobie. Farida Tahar en sait quelque chose !
[12] Selon des observateurs, l’ULB elle-même serait victime de cet entrisme de mouvement religieux. Elle aurait commencé à rompre, petit à petit, avec sa tradition du libre examen et de la rationalité, presque à la même vitesse avec laquelle s’opère l’entrisme de mouvement exigeant qui demande que l’on respecte leur opinion.
[33] Selon un acte officiel déposé le 27/08/2015 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge. Acte n° 15127306 (n° d’entreprise : 456.303.044).
[48] Quatre associations (Vigilance musulmane, Empowering Belgian Muslim, l’Association belge des professionnels musulmans-ABPM et Alkhayria Belgica) ont réagi par des demandes de droit de réponse après la publication du dossier : « Comment les frères musulmans ont pris la Belgique en otage » (6 mars 2015) et, surtout, à cause de l’encadré présentant « L’infrastructure FM ». Le Vif/L’Express a publié ces textes en Forum des lecteurs. Des procédures ont été lancées contre l’hebdomadaire et Marie-Cécile Royen. L’ABPM a agi par voie judiciaire (affaire en appel). Trois personnes individuelles (dont Hajib El Hajjaji) et quatre associations (ABPM, Comité contre l’islamophobie en Belgique-CCIB, Empowering Belgian Muslims-EmBem et Vigilance musulmane ont également introduit des plaintes auprès du Conseil de déontologie journalistique. L’avis du CDJ a été rendu le 14 octobre 2015. http://lecdj.be/telechargements/CDJ-15-23-Divers-c-M-C-Royen-LeVif-avis-14-oct-2015.pdf. Cependant, le dossier « Comment les Frères musulmans ont pris la Belgique en otage » a continué à circuler sur Internet après son retrait du site levif.be. Le Vif/L’Express a, depuis lors, publié deux nouvelles enquêtes, sans se laisser intimider : « La frérosphère à Charleroi » (15 janvier 2016) et « Le Qatar investit chez les Frères » (11 mars 2016), auquel la Ligue des musulmans de Belgique a réagi par un communiqué daté du 13 mars dernier : http://lmbonline.be/2016/03/13/communique-la-lmb-identite-financement-freres-musulmans/.
[57] Sur son blog Mediapart « Qui tolère l’islamisme récolte le terrorisme », mon ami, l’universitaire tunisien Salah Horchani donne cette explication du terme « Taqiya » (= تقيّة, en arabe) que je reproduis ici : « Taqiya peut être traduit par « pratique de la dissimulation pour se prémunir» dont un corollaire immédiat est la pratique du double discours. Cette pratique a, principalement, deux utilisations dans les milieux islamiques. La première, qu’on pourrait appeler la Taqiya défensive ou positive et qui fut, historiquement, la plus répandue, a consisté à dissimuler ses convictions religieuses afin deviter les persécutions. Ce fut le cas, par exemple, de groupes minoritaires chiites vivant au sein d’une majorité sunnite ou bien des minorités musulmanes de l’Espagne et du Portugal de la Reconquista, en observant clandestinement leur pratique religieuse tout en se comportant cultuellement, publiquement, comme la majorité. La seconde utilisation, qu’on pourrait appeler la Taqiya offensive ou négative, fut théorisée à l’extrême par Hassan Al-Banna et a retrouvé sa réelle dimension avec la Confrérie des frères musulmans qu’il a fondée et dont le parti islamiste tunisien Ennahdha est la succursale tunisienne. Ainsi, Hassan Al-Banna exige de ses ouailles d’être capables de faire preuve de « patience, de dissimulation et de préservation du secret ». Cette théorisation, qui a mis Machiavel et ses théories échec et mat, a impliqué dans la pensée des frères musulmans plusieurs corollaires parmi lesquels on peut citer : garder secret ce que l’on prépare et dire et montrer le contraire ; pour les besoins de la cause, pour éviter les confrontations directes ou pour gagner en respectabilité, la pratique de la tromperie active est permise et même conseillée, par exemple, participer à des processus électoraux tout en étant, en son for intérieur, de farouches adversaires de la démocratie qu’ils incarnent, puisque le label de l’islamisme est constitué par l’axiome : La Sharia est Constitution et Codes » Source : https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/271015/dis-moi-les-islamistes-comment-les-reconnait
[63] Selon un acte officiel déposé le 22/11/2013 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge. Acte n° 13181734 (n° d’entreprise : 456.303.044), l’assemblée générale du 16 juin 2013 a procédé à la révocation du conseil d’administration de Souheil El Alouini. Toutefois, l’acte officiel déposé le 27/08/2015 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge, n° 15127306, le fait apparaitre à l’article 4.1 comme membre fondateurs parmi une liste contenant 19 noms dont 4 sont issus de la famille El Alouini.
[65] Selon un acte officiel déposé le 27/08/2015 au Greffe du tribunal de commerce francophone de Bruxelles, publié aux annexes du Moniteur Belge, acte n° 15127306 (n° d’entreprise : 456.303.044), Abderrazak Sidhom est un membre fondateur (article 4.1), il a toujours été membre du conseil d’administration, réélu administrateur lors de l’AG du 16 juin 2013.
[70] Lire (ici : http://www.ikhwanwiki.com/index.php?title= حسن_أيوب) sur l’encyclopédie officielle des Frères musulmans (en arabe) une présentation de son parcours de frère parmi les frères. L’on apprend que parmi ses élèves il y a Khaled Mechaal, leader politique du Hamas vivant au Qatar et qui est considéré terroriste par l’union européenne.
[71] Hassan Ayyoub, La foi musulmane : Dogme et dissidences, traduction : Salaheddine Kechrid, Hassan Amdouni, Asmaa Godin, Editions Al-Qalam, 360 pages.
[75] Tariq Ramadan, De l’islam et des musulmans, Presses du Châtelet, 2014, p.219.
[76] Hassan Ayyoub, Clarification de la foi musulmane, traduit par Salaheddine Kechrid, Okad, 1991.
[77] Gilles Kepel et autres, Al-Qaida dans le texte : Ecrits d’Oussama ben Laden, Abdallah Azzam, Ayman al-Zawahiri et Abou Moussab al-Zarqawi, Presses Universitaires de France, 2008, 474 pages.
[78] Hassan Amdouni, Le Hijab de la femme musulmane : Vêtements et toilette, Najah El-Jadida, Casablanca, 2001, 87 pages.
[107] Shaqeel Seddiq a été formé à l’IESH. Son mémoire, soutenu en 2000/2001 avait comme tuteur le « frère » Larbi Bechri (IESH, responsable Dar-Al-Fatwa de l’UOIF …).
[117] Ici son texte d’annonce de son départ des rangs des Frères musulmans. Un texte pour le moins ambigu qui laisse croire que son départ ne serait motivé que pour une histoire de protection de son organisation ENAR des feux des critiques qu’il justifia par ladite islamophobie. Il a écrit : « … Pour couper court à tout amalgame qui nuirait à mon combat personnel pour la justice et l’égalité de toutes et tous – et par voie de conséquence à celui de l’organisation que je dirige – ainsi que par soucis de neutralité, j’ai mis fin à tous mes liens avec la mouvance des Frères Musulmans européens. » S’il n’y avait pas ces critiques et cet enjeux pour ENAR, serait-il encore frère musulman ? Simple question. Lire ici : http://xxiv-35.blogspot.fr/search?q=getting
Voici le programme des rencontres de l’UOIF telles que diffusées par le site de la RAMF en avril 2008.
Jeudi 8 mai 2008 : 16H35 Lecture du Saint Coran – Cheikh Abdellah BASFAR 16H40 Mot de la Directrice de la 25e RAMF – Mme Latifa Aït Taleb 17H00 Exposé introductif du thème de la Rencontre – Hassan SAFOUI (Responsable des programmes) 17H20 L’échange entre générations : mémoire, enrichissement et considération mutuelle – Hassan IQUIOUSSEN 18H00 Pause, prière de l’Asr 18H30 Pour une ambiance coranique dans nos foyers* – Cheikh Abdellah BASFAR 19H15 Le prophète Mohammed, mari, père et grand-père* – Cheikh Omar Abdelkafy 20H00 Soirée artistique – Partie 1 21H15 Pause, Prière Maghreb 21H45 Soirée artistique – Partie 2 23H00 Prière de l’Ichaa et Quiyame (salle de prières)
Vendredi 9 mai 2008 :
10H00 Lecture du Saint Coran 10H10 Se développer intérieurement pour réussir sa vie familiale – Mme Noria ADDOU (lsf) 10H55 Prises de parole 11H10 Le « mariage musulman » en France : lecture théologique et canonique – Cheikh Larabi BECHERI 11H50 Prises de parole 12H10 Les facteurs de la réussite conjugale * – Cheikh Yasser AL MESADDI 12H45 Faire vivre la foi aux jeunes générations : une oeuvre méritoire … – Cheikh Ratib NABULSI 13H30 Pause et Prière du Vendredi 15H00 Lecture du Saint Coran 15H15 Famille et école : pour une dynamique de complémentarité – Mohcen NGAZOU 16H00 Prises de parole (JMF, EMF) 16H15 Se former et échanger pour réussir l’éducation de ses enfants… – Docteur Mamoum MOBAYED 16H50 Prises de parole 17H05 La famille musulmane : des fondements à bâtir et des risques à prévenir…* – Cheikh Mohammed BEN MOUSSA ASHARIF 18H00 Pause et prière de l’Asr 18H05 Le rôle de la famille dans la promotion des relations sociales – Abou Jarra SOLTANI 18H35 Table ronde : questions, réponses, Dar Al Fatwa – Cheikh Abdellah Ben BIYA, Cheikh Ounis GUERGAH, Cheikh Larabi BECHERI, Cheikh Ahmed JABALLAH 19H30 Intervention Abdellah MOTLAK, membre du centre internation (juste milieu)
Samedi 10 mai 2008 : 10H00 Lecture du Saint Coran 10H10 La transmission des valeurs au sein de la famille – Cheikh Tareq OUBROU (lsf) 11H00 Prises de parole 11H15 Ecoles et lycées privés musulmans : état des lieu, et projets 12H05 Etat des lieux des libertés religieuses en France – Comité 15 mars et libertés 12H35 Table ronde : quelle famille pour demain ? 13H20 Pause et prière de Dhor 15H00 Lecture du Saint Coran 15H10 Les enfants, les adolescents et l’impact des écrans « télé, jeux vidéo et internet » – Docteur Serge TISSERON 15H55 A cœur ouvert … – Abdellah BENMANSOUR (lsf) 16H45 Quel avenir pour la représentation de l’Islam en France ? Fouad ALAOUI 17H20 Les devoirs du musulman * – Cheikh Abdallah BEN BIYA 18H00 Pause et prière de l’Asr 18H30 25 ans de Rencontres des Musulmans de France : Hommage, témoignages, perspectives 19H25 La famille : de l’idéal à la réalité ; des étapes, des exigences, un jihad – Tariq RAMADAN 20H20 Soirée artistique – Partie 1 21H15 Pause, Prière Maghrib 21H45 Soirée artistique – Partie 2 23H00 Prière de l’Ichaa, suivie des prières du Quiyame (salle de prières)
Dimanche 11 mai 2008 : 10H00 Lecture du Saint Coran 10H10 Les fondements de la stabilité familiale – Cheikh Ahmed JABALLAH (lsf) 10H55 Prises de parole 11H10 L’enfant : un projet spirituel de la famille – Yacob MAHI (lsf) 12H00 Prises de parole 12H15 La famille musulmane stable : une richesse pour les sociétés européennes – Chakib BEN MAKHLOUF 13H00 Chants 13H20 Pause 15H00 Lecture du Saint Coran 15H10 Le modèle universel de la famille en Islam – Hani RAMADAN (lsf)